"Médecin, guéris-toi toi-même et ensuite je te laisserai me guérir"


"Le prêtre, en tant que médecin des âmes, doit être libre des infirmités spirituelles (c'est-à-dire des passions), afin de pouvoir guérir les autres ; en tant que pasteur, il doit paître lui-même sur les pâturages herbeux de l'Évangile et des écrits des Saints Pères, afin de savoir où faire paître ses brebis ; il doit être habile à lutter contre les loups mentaux, afin de savoir les éloigner du troupeau du Christ ; il doit être habile et puissant dans la prière et l'abstinence ; il ne doit pas être lié par les désirs et les délices du monde, notamment par la convoitise, l'amour-propre, l'orgueil, l'ambition. Bref, il doit être lui-même une lumière, pour éclairer les autres ; être lui-même le sel spirituel, afin de préserver les autres de la corruption spirituelle ; et doit lui-même être libre de la corruption des passions. Si c'est l'inverse, tout malade spirituel peut dire d'abord : « Médecin, guéris-toi toi-même », et ensuite je te laisserai me guérir. «Hypocrite, ôte d'abord la poutre de ton œil, et alors tu verras clair pour ôter l'éclat de l'œil de ton frère.»."
Saint jean de Kronstadt
extrait de Ma vie en Christ


Commentaires

André B. a dit…
Quelle tristesse, quelle méconnaissance totale de la psychologie, de la faiblesse humaine ....
J'ai lu passablement de textes de st Jean, la plupart sont d'une aridité effroyable et au niveau spirituel c'est encore souvent bien pire.

C'est tentant de mettre la barre tellement haute qu'on ne la vois plus du sol où nous sommes collés. C'est tellement motivant pour nous, médiocres pécheurs, que de nous donner des objectifs impossibles à atteindre.
Alors comme ça, pour être prêtre, le prérequis minimal est la sainteté ?
Rien que ça ! Et ça ne vous choque même pas ?

On m'a toujours enseigné que lorsqu'un prêtre disait une vraie parole spirituelle elle lui était obligatoirement inspirée par le saint Esprit.

Mais ok, je en prends bonne note. Et la prochaine fois que j'irai consulter un médecin je lui demanderai son bilan de santé complet, et si ne serait-ce que sa vue ne soit pas parfaite, je commencerai à chercher jusqu'à ce que j'en trouve un qui soit vraiment, mais alors vraiment parfait (Je prie Dieu pour que ma maladie soit à évolution (très) lente !).

C'est bien joli d'évoluer dans un monde de théories abstraites et de rêves d'idéal, mais on finit toujours pas se casser les dents sur la dure et toute simple réalité.

Oui, saint Jean est un des plus grands Saints du XXème siècle, mais en tous cas pas pour ses écrits.

Ou alors, la toute première chose à préciser c'est que ce texte a été écrit par le Saint à sa propre intention. Ceci afin de l'aider à conserver son humilité, à garder présent à l'esprit objectif qu'il s'était fixé et qu'il essayait d'atteindre. Que c'est ce qu'il exigeait de lui-même et non pas ce qu'il imposait aux autres! Et là ça passe.

Parfois, vous deviez peut être plus attentif à bien préciser le contexte de ce que vous postez sur votre excellent Blog.

André
Maxime le minime a dit…
Cher lecteur,
Merci pour votre commentaire qui mérite un modeste essai de réponse.
Tout d’abord je dirais que oui, vous me permettrez de préférer être soigné par un médecin en bonne santé car je ne tiens pas à “attraper“ une maladie qu’il pourrait me transmettre, mais que, non, je n’irai pas jusqu’à lui demander par courtoisie son bilan de santé. Cependant si j’apprenais qu’il est malade lui-même j’éviterai autant que possible de m’adresser à lui, lui préférant un confrère bien portant. De nos jours où les médecins se font de plus en plus rares il n’est guère aisé d’en trouver même un, bien portant ou non. Et pour filer la métaphore c’est bien ça le problème, il faut donc se contenter apparemment de que l’on a à portée de la main.

Cependant j’ai la conviction que certaines choses ont été un peu oubliées. Une authentique tradition (l’Orthodoxie en est une n’est-ce pas ?) est une transmission de maître à disciple et c’était d’ailleurs comme cela naguère, quand bien souvent les médecins le devenaient de père en fils et constituaient même des familles de médecins. Ainsi en était-il, du moins dans les pays orthodoxes, pour la prêtrise.

On a oublié, sans doute un peu trop vite oublié – et cela mérite d’être rappelé dans ces temps de perdition de l’Église – l’étymologie du mot prêtre. Que signifie le mot πρεσβύτερος ? — Ancien, tout simplement. Comment appelle-t-on un Ancien aujourd’hui ? — Geronda, en grec. Un ancien est un père, un guide, un maître spirituel, un starets en russe. Une personne d’un certain âge donc, ayant une réelle expérience et connaissance spirituelles qu’il peut transmettre à des disciples qui deviennent réellement ceux qu’on appelle communément des fidèles. Et d’ailleurs il arrive que la fidélité ne soit pas forcément de mise quand le père spirituel ne correspond pas aux besoins spirituels du disciple. Ce que font tout simplement les patients quand leur médecin s’avère incompétent à les soigner efficacement n’est-ce pas. Alors oui, faute de vocations les médecins deviennent rares et moins exigeants vis à vis d’eux-mêmes dans l’exercice leur métier, qui est devenu avant tout un gagne-pain comme un autre… certes ils en ont perdu beaucoup de leur prestige ancien.

Au vrai le Seigneur avait choisi de simples pécheurs mais on peut penser malgré tout que ce qu’Il leur demandait n’était pas moins que la sainteté.

On nous a effectivement « toujours enseigné que lorsqu'un prêtre disait une vraie parole spirituelle, elle lui était obligatoirement inspirée par le saint Esprit. » Cela arrive en effet comme il arrive quelquefois qu’un roman, une chanson, un voisin, un facteur, un inconnu, un adversaire, voire un ennemi nous dise “par hasard“ « une vraie parole spirituelle… inspirée par le saint Esprit » qui comme chacun le sait souffle où Il veut. Mais un prêtre ne fait-il pas métier de vivre et de transmettre l’Esprit Saint avant tout ?
Il est bien possible que « ce texte ait été écrit par le Saint à sa propre intention » dîtes-vous et certainement à l’intention de ses confrères. C’est un idéal certes, mais n’est-ce pas un idéal à conserver même si l’on ne l’atteint pas ? C’est une affaire personnelle entre lui et « l’image et la ressemblance » auxquelles il a été créé et « recréé » si l’on peut dire en devenant prêtre. Lourde responsabilité en effet pour laquelle je n’ai pas été appelé et oui, nous avons certainement besoin – plus que jamais – pauvres pécheurs que nous sommes de « saints prêtres »… comme le demandent à Dieu les Catholiques dans leurs prières.