Si quelqu'un, en effet, veut aimer la vie et voir des jours heureux, qu'il préserve sa langue du mal et ses lèvres des paroles trompeuses, qu'il se détourne du mal et fasse le bien, qu'il recherche la paix et la poursuive. 1 Pierre 3:10-11 Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
Affichage des articles dont le libellé est Royaume des cieux. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Royaume des cieux. Afficher tous les articles

lundi 9 décembre 2024

INTERPRÉTATION ORTHODOXE DE L'APOCALYPSE [20] (suite)

Le Christ est venu dans un monde perdu dans l'incrédulité et a initié une phase sans précédent de l'expérience humaine en "chassant" le "prince de ce monde" et en lui refusant ainsi l'exercice total de ses pouvoirs maléfiques.  

« Maintenant a lieu le jugement de ce monde,dit Jésus, alors qu'il se préparait à aller à la Croix. Maintenant, le prince de ce monde sera jeté dehors » (Jean 12:31).  

Après la Résurrection du Christ, l'influence de Satan sur la terre a été considérablement réduite. Il ne pouvait plus agir ouvertement, comme un homme fort contrôlant sa propre maison, mais seulement de manière secrète, mystérieuse et sournoise. Pour la première fois depuis Adam et Ève, le chemin entre l'homme et Dieu a été restauré. « Les chrétiens orthodoxes qui ont expérimenté la vie de grâce dans l'Église peuvent bien comprendre ce que les protestants ne peuvent pas, écrit le théologien orthodoxe contemporain Père Michel Pomazansky, que les “mille ans“ (toute la période) du règne du Christ avec ses saints et le pouvoir limité du diable sont maintenant. »  

Le Saint-Esprit, opérant à travers l'Église, a été donné pour attirer les gens vers la Vérité salvatrice du Christ.  

En conséquence, le Christianisme a prospéré même face à de grandes persécutions, et l'Évangile s'est répandu sur la terre. « Avec la venue du Fils de Dieu incarné sur la terre, écrit l'archevêque Avèrky, et en particulier à partir du moment de sa rédemption de l'humanité par sa mort sur la Croix, Satan a été lié, le paganisme a été renversé, et il est venu sur terre le règne millénaire du Christ... l'établissement sur terre de l'Église du Christ. »  

Le mariage du Christ avec son Église a ainsi été préparé, et toutes les personnes, "mauvaises et bonnes," comme le rapporte Matthieu, ont été invitées au festin. Le Seigneur a décrit cela dans une parabole révélatrice :  

« Le royaume des cieux est semblable à un roi qui fit des noces pour son fils. Il envoya ses serviteurs appeler ceux qui étaient invités aux noces ; mais ils ne voulurent pas venir. Il envoya encore d'autres serviteurs, en disant : « Dites aux invités : Voici, j'ai préparé mon festin, mes bœufs et mes bêtes grasses sont tués, tout est prêt ; venez aux noces. Mais, sans en tenir compte, ils s'en allèrent, celui-ci à son champ, celui-là à son commerce ; et les autres se saisirent des serviteurs, les outragèrent et les tuèrent. Le roi fut irrité ; il envoya ses troupes, fit périr ces meurtriers et brûla leur ville. Alors il dit à ses serviteurs : « Les noces sont prêtes, mais les invités n'en étaient pas dignes. Allez donc dans les carrefours, et appelez aux noces tous ceux que vous trouverez. » Ces serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, mauvais et bons, et la salle des noces fut pleine de convives.  

Le roi entra pour voir les convives, et il aperçut là un homme qui n'avait pas revêtu un habit de noces. Il lui dit : « Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir un habit de noces ? » Cet homme resta muet. Alors le roi dit aux serviteurs : « Liez-lui les pieds et les mains, et jetez-le dans les ténèbres du dehors : c'est là qu'il y aura des pleurs et des grincements de dents » (Matthieu 22:2-13).  

 

Il est notable que, dans cette parabole, une seule personne, parmi tous ceux qui sont venus, a reçu le reproche du Seigneur pour ne pas avoir porté un habit de noces. Puisque dans la culture de Jésus les habits de noces étaient fournis par l'hôte, ne pas en porter montre un manque de respect et une impolitesse délibérée. Cela suggère fortement que l'intrus était Satan, et confirme davantage que le malin a été emprisonné pendant les jours de la formation de l'Église, car le roi a ordonné à ses serviteurs de « le lier pieds et mains, de l'emporter et de le jeter dans les ténèbres extérieures. »  (À suivre)

 

 

 

mercredi 9 octobre 2019

"Oui, mon frère bien-aimé, crois et sois persuadé qu’il en est ainsi et que telle est notre foi" par Syméon le Nouveau Théologien

La vie éternelle est déjà commencée

Tu as donc appris, mon ami, que le Royaume des Cieux est intérieur à toi, si tu le veux, et que tous les biens éternels sont dans tes mains. Empresse-toi donc de voir, de saisir et d’obtenir en toi les biens tenus en réserve et prends garde en t'imaginant les posséder de ne pas être privé de tout; gémis, prosterne-toi; comme l’aveugle autrefois (Lc 18, 35 s.), dis maintenant, toi aussi : 

« Aie pitié de moi, Fils de Dieu, et ouvre-moi les yeux de l'âme, afin que je voie la lumière du monde que Tu es, Dieu, et que je devienne moi aussi fils du jour divin. Envoie le consolateur, ô Clément, sur moi aussi, afin qu’Il m’enseigne Lui-même ce qui Te concerne et ce qui est Tien, ô Dieu de l'univers. Reste, comme Tu l’as dit, en moi aussi, afin que je devienne à mon tour digne de rester en Toi et que sciemment j’entre alors en Toi et que sciemment je Te possède en moi. Daigne, ô invisible, prendre forme en moi, afin qu’en voyant Ta beauté inaccessible, je porte Ton image, ô céleste, et que j’oublie toutes les choses visibles. Donne-moi la gloire que T’a donnée, ô Miséricordieux, le Père, afin que, semblable à Toi comme tous Tes serviteurs, je devienne dieu selon la grâce et que je sois avec toi continuellement, maintenant et toujours et pour les siècles sans fin. »

Oui, mon frère bien-aimé, crois et sois persuadé qu’il en est ainsi et que telle est notre foi. C’est en cela que consiste  – crois-le, frère – de renaître de renaître, d’être rénové et de vivre dans le Christ. Nous étions morts et nous revenons à la vie; corruptibles, et nous passons à l'incorruptibilité; mortels, et nous sommes transportés dans l'immortalité; terrestres, et nous devenons célestes; charnels nés de la chair, et nous devenons spirituels, engendrés et créés à nouveau par l'Esprit-Saint.

Voilà donc ce qu’est la nouvelle création dans le Christ.

Voilà ce qui s’accomplit et se réalise chaque jour chez les fidèles et les élus véritables. Ils communient à tous ces biens partiellement tant qu’ils sont dans le corps, et ils le font de manière consciente. De plus, ils espèrent aussi les recevoir en héritage après la mort, en toute plénitude et certitude. En effet, si l’on nous enseigne sans cesse que nous mangeons et buvons le Christ, que nous Le revêtons, que nous Le voyons et qu’en retour Il nous voit : si, encore, nous savons que nous Le possédons en nous et que nous, de notre côté, nous demeurons en lui, en sorte qu’il est en nous à demeure et que nous sommes de notre côté à demeure en Lui : si, en outre, nous devenons ses enfants et Lui notre père, s’Il est la lumière qui brille dans les ténèbres et si nous disons que nous Le voyons selon la parole : «Le peuple assis dans les ténèbres a vu une grande lumière» (Is 9, 1), alors, s’il nous arrivait de dire que cela ne se produit nullement en nous, ou que cela se produit bien, mais de manière mystérieuse et insensible, sans que nous en sachions rien, en quoi sommes-nous différents de cadavres?

Oh non! ne nous laissons pas aller nous-mêmes à l’incrédulité jusqu’à descendre dans un abîme de perdition; et même si jusqu’ici vous n’avez pas eu l’espoir d’acquérir de pareils biens et que, pour cela, vous n’avez rien demandé, à présent du moins, après avoir tout d’abord cru à la réalité de ces biens et à leur conformité avec les divines Écritures, soyez pleinement assurés que dès ici-bas, consciemment, nous est donné à nous, les fidèles, le sceau du Saint-Esprit. Ayant cru, courez alors pour atteindre le but; luttez, mais non en battant l'air; de plus, «demandez et on vous donnera, frappez et l’on vous ouvrira » (Mt 7, 7), soit ici-bas, soit dans le siècle à venir.

Syméon Le Nouveau Théologien
Éthique 5

samedi 5 octobre 2019

COMMENT LUTTER CONTRE LES MAUVAISES PENSÉES par Père IUSTIN du monastère d'Oaşa



« Q- Comment lutter contre les pensées qui nous assaillent ?

P. Justin  —     Le Père Théophile disait : le plus simple c’est de les remplacer : remplacer une mauvaise pensée par une bonne pensée. Quand tu parles avec quelqu’un qui te provoque, change de sujet. Il te pose une autre question. Toi ça ne t’intéresse pas, tu changes de sujet. Il faut changer le sujet au niveau de la tête, de l’esprit. Si tu as une mauvaise pensée, change de sujet.

Après il  y a une autre lutte, une lutte de fond : la prière du cœur. Tu as ainsi une pensée constante adressée au Christ. Et cette pensée répétée te protège contre les mauvaise pensées. C’est une autre méthode.

Après tu peux aussi prier pour ces choses. Par exemple j’étais en train de faire la prothèse et j’ai été envahi par les soucis, des tas de problèmes qu’il fallait résoudre et qui me dérangeaient. Qu’est-ce que je pouvais faire ? J’ai arrêté comme quand quelqu’un vient te voir et ne te laisse pas faire ce que es en train de faire. Tu t’arrêtes et tu parles avec la personne et tu lui demandes pourquoi elle est venue, quel problème elle a etc.
J’ai arrêté la prothèse et je me suis tourné vers ce souci qui me troublait et j’ai prié pour ce problème-là : si quelqu’un commet telle erreur faut-il faire telle ou telle chose… J’ai prié jusqu’à ce que je me sente libéré de cela. Le mauvais, voyant que les mauvaises pensées se transformaient en prière, est devenu impuissant à m’inspirer de mauvaises pensées. De temps à autre même, j’essayais de me rappeler une mauvaise pensée mais il ne venait rien, même si je demandais de recevoir cette pensée, parce que les mauvaise pensées avaient été transformées en prière. Moi j’attendais que les mauvaises pensées reviennent pour les retransformer en prière. Ça c’est une troisième technique.

Une quatrième façon c’est de changer sa vie. Les pensées qu’on a ont un rapport avec notre vie, avec nos péchés ; et c’est du matin au soir qu’il faut s’efforcer d’avoir une bonne vie, une vie propre, plus pure.  Tu verras que le soir ta prière aussi deviendra plus pure. Le soir tu te réunis, tu rencontres ta vie. Père Théophile disait que la prière est le miroir du cœur. Et si tu ne sais pas quel est ton état spirituel, prie et l’état que tu vas ressentir pendant  la prière, c’est ce que tu as dans le cœur. En fonction des images qui te viennent pendant la prière, tu vois ton état spirituel. Si tu as du matin au soir un contenu positif de ta vie, le soir quand tu vas à la prière tu rencontres ce contenu positif.
Il faut toujours s’entraîner à mettre la bonne pensée. Derrière n’importe quelle réalité, il y a quelque chose de bon. Il y a un dicton populaire qui dit : « En tout mal il y a un bien » (en français on dit « À quelque chose malheur est bon ») Il faut partout, chercher le bien dans toutes les situations. Dans toute situation même si elle est mauvaise trouve une bonne chose.
Si quelqu’un t’insulte dans la rue où est le bon là-dedans ?
—        Tu peux te retourner vers toi et tu peux faire une prière en disant « c’est pour mes péchés que cela arrive . Quels péchés ? Qu’est-ce que j’ai fait comme péchés ? Je vais réfléchir. J’ai fait ça, j’ai fait ça… et je ne me suis pas repenti pour cela et la personne qui m’a fait du mal elle l’a fait pour mes péchés. Et ce sont mes péchés qui ont attiré ces injures ou ces offenses. » Et de cette façon on commence à se convertir et à s’unir avec Dieu. Voici ce que tu as gagné à partir d’une insulte. Tu as mis la bonne pensée. Ça c’est très important. Et par lui tu parviens au bien des personnes au bien des choses par la bonne pensée. Mettre la bonne pensée devant chaque homme, devant chaque personne. La bonne pensée est une porte du bien. Il faut faire cela tout le temps, il faut garder les yeux toujours tournés vers le Christ. Et le Christ étant bon , vous ne pouvez donc qu’avoir de bonnes pensées derrière tout ce qui nous entoure. 
Regardez, vous avez remercié Dieu parce que vous êtes venus ici, vous avez mis une bonne parole parce que vous êtes venus ici. Vous êtes venus de loin, cet endroit est beau, vous mettez de bonnes pensées grâce à cet endroit et que vous avez eu quelque chose en plus. Sinon le mauvais arrive de lui-même qui pousse toujours à penser à mal : « Regarde ce qu’il a fait celui-là, il a critiqué telle personne… » Mets une bonne pensée et ne perds pas ton temps. Mettre une bonne pensée ça aide à devenir bon. Et ça a un rapport avec l’humilité qui entretient un rapport avec la réalité. C’est un réel signe de puissance. »
P. Iustin Miron
(transcription d'un extrait d'un entretien spirituel avec P. Iustin
enregistré à Porquerolles en sept. 2019)

jeudi 3 octobre 2019

Il ne faut pas avoir peur, même si les diables te troublent. Il faut considérer ça comme un bon signe.

LES EFFETS THÉRAPEUTIQUES DE LA PRIÈRE
par Père IUSTIN  du monastère d'Oaşa


Q. Est-ce qu’il faut une bénédiction pour lire le psautier ? Est-ce que c’est vrai qu’on peut avoir ensuite des tentations ou des épreuves sans cette bénédiction ? 

P. Justin  — Non. Il y a des malédictions dans certains psaumes mais si tu ne veux pas maudire qui que ce soit, cela n’est pas un problème.
Chaque action a un corps et un esprit. L’esprit de l’action c’est l’objectif de l’action. Alors le fait de lire, de prononcer, c’est le corps de l’action, et l’esprit, l’âme de cette action, c’est la raison pour quoi je lis, le but. Est-ce que c’est pour faire du mal à quelqu’un ? Pour maudire quelqu’un, pour que le diable l’emporte ? Non. Je lis avec de bonnes pensées et pour que tout aille bien. 
Tu peux avoir des soucis, tu peux avoir des difficultés, mais dans tout ce que tu fais spirituellement il peut y avoir des choses qui te déroutent. Tu as l’impression que ça ne va pas bien. De la même façon que quand tu fais certains régimes diététiques, pour améliorer ta santé, que tu commences  à avoir un traitement naturaliste sur la nourriture, tu peux être malade le temps de détoxifier le corps. Là c’est pareil, quand tu lis le psautier, il y a des choses qui s’en vont et c’est pour ça que tu as l’impression que tu as des tentations, des épreuves, des difficultés dans ta vie. Il ne faut pas avoir peur. C’est à ce moment-là qu’il faut continuer. Il ne faut pas s’arrêter parce que si tu t’arrêtes à ce moment-là la guérison s’interrompt.
Le Père Théophile disait la prière du cœur quand il était  à Timișoara et il est arrivé à un niveau tel que quand il disait la prière il avait l’impression qu’il flottait dans l’air et qu’il ne touchait plus le sol. Et à partir de là il avait de grandes tentations de grandes épreuves. Il ne savait plus. Il a dit « Ma chance c’est que je n’ai pas fait le rapport entre la prière et les épreuves et les tentations, parce que je ne savais pas qu’il y avait un rapport, parce que sinon j’aurais arrêté de faire la prière. » Il a prié et il a prié et du coup il s’est purifié. Et nous quand on commence à prier, au plus profond de chacun d’entre nous, il reste de la saleté. Il faut la laisser partir et continuer la prière. Il faut laisser tout ça sortir.

Dans le Patericon il y a une parole d’un disciple qui demande à son Abba :  
—        Abba quand je veux faire mes prières, il me vient beaucoup de pensées, qu’est-ce que je dois faire ? 
—        Fais ta prière a  répondu l’Abba
—        Mais si je continue il me vient d’autres pensées, qu’est-ce qu'il va m’arriver ? Qu’est-ce que je dois faire ? 
—        Fais la prière
—        Mais si je continue il m’en vient encore et encore… Qu’est-ce que je dois faire ? 
—        Fais ta prière

Là c’est pareil. 
—Tu as commencé à réciter le psautier et tu demandes — Qu’est-ce que je dois faire ? Il me vient telle chose et telles choses — Continue à lire !  — Oui mais après, j’ai des épreuves, des tentations… —  Continue à lire ! et encore et encore ! Et c’est tout !

Beaucoup considèrent  que le psautier c’est comme un antibiotique spirituel très fort et que tu ne dois pas le prendre comme ça sans ordonnance, mais ce n’est pas comme ça. Il y a bien sûr certains offices d’exorcisme qu’on peut faire en tant que prêtre et que n’importe qui ne doit pas faire. Mais ça c’est autre chose, le psautier ne rentre pas dans cette catégorie-là.

Au fur et à mesure que tu pries, que tu lis, tu comprends mieux, tu t’élèves et même si tu as des tentations, des épreuves, même si les diables te troublent. Il faut considérer ça comme un bon signe. Il faut être inquiet justement s’il ne se passe rien. Ça veut dire que tu es superficiel et que tu ne fais pas la prière vraiment.
P. Iustin Miron
(transcription d'un extrait d'un entretien spirituel avec P. Iustin
enregistré à Porquerolles en sept. 2019)

mardi 1 octobre 2019

OSER FAIRE PLUS dans la vie spirituelle, par P. Iustin Miron du monastère d'Oaşa


"Nous avons des offices dans une paroisse, chez nous aussi au monastère, et la présence aux offices est obligatoire, et vous aussi il faut assister aux offices de votre paroisse et du début, même à l’Orthros, même pendant la semaine, pas seulement le Dimanche à la Liturgie. Si vous voyez quelqu’un faire ces efforts-là, vous pouvez le traiter d’extrémiste mais pourtant, ça, c’est juste le minimum, ce n’est pas le maximum. Aller à tous les offices pendant la semaine c’est comme savoir la table de multiplication. Il faut faire des investissements plus forts d’un point de vie spirituel. Si tu veux gagner, d’un point de vue spirituel, il faut investir. 
 J’ai une expérience à raconter : Je suis allé changer ma carte d’identité. Il y avait beaucoup de monde. Il y avait la queue. J’en avais pour une heure. J’allais perdre une heure de ma vie. Ce n’était pas possible. Que faire ? J’ai commencé la prière du cœur… Même maintenant je ne peux oublier cette heure et j’ai même envie de retourner là-bas pour recommencer à faire la queue pendant une heure. Qu’est-ce qu’elle m’a réchauffé cette prière ! C’était extraordinaire ! Cette heure j’aurais pu la perdre, j’aurais pu penser à autre chose. Donc on peut faire beaucoup spirituellement du matin jusqu’au soir. On peut faire beaucoup de choses. Il en est de même pour nous quand nous sommes dans les bouchons de la circulation.

Au monastère, on confesse parfois des paysans. Ils nous donnent des leçons. Ils se réveillent la nuit. Ils font l’office de minuit, ils savent les acathistes par cœur. Ils vont sur la colline pour travailler et lisent l’acathiste appris par cœur. Et nous qui sommes moines on trouve que ce sont des extraterrestres ces paysans-là. 

Comment parvenir à savoir tout ça par cœur ? Ça, c’est de l’exercice. Le sportif qui ne s’entraîne plus, il est fini. Sa vie de sportif est finie. Pareillement, Je ne suis pas un fidèle croyant si je ne fais pas mes prières, mes métanies.  Si tu les fais, tu vas voir comment tu te débrouilles dans ta vie et que tout fonctionne bien. Il faut oser plus dans la vie spirituelle. On est trop timide. Allez ! fais plus parce que c’est possible. Si on investit plus, on obtient plus. Et il faut absolument le faire parce que la vie spirituelle donne un sens une valeur à tout ce qui se passe autour de nous. Si tu es spirituel tu comprends, mais si tu ne l’es pas tu ne comprends pas. L’homme qui n’est pas spirituel peut être savant, il peut être ce qu’il veut, il n’a pas compris. Seulement celui qui est spirituel peut comprendre. Si tu ne vas pas à l’église et que tu n’as pas le Christ dans ton cœur, tu n’as rien compris. 
C’est pour ça qu’un philosophe roumain disait qu’il préférait la vieille femme dont les pieds sentent mauvais et qui vénère l’icône, car elle est plus sage que n’importe quel scientifique qui ne croit pas en Dieu. Parce qu’elle a compris l’essentiel. La vraie compréhension, la vraie sagesse, vient de la grâce, dans la grâce. On comprend le rôle et le sens des choses, la création.  Et pour se connecter du matin au soir à Dieu par la vie spirituelle, il faut avoir du courage. Quand tu viens du travail, avant même de te déshabiller lis un cathisme et tu verras comment tu te libères de tout ton stress et de tous tes problèmes… de même quand tu fais le ménage dans ta maison…"
P. Iustin Miron
(transcription d'un extrait d'un entretien spirituel avec P. Iustin
enregistré à Porquerolles en sept. 2019)

samedi 28 septembre 2019

GARDER LES YEUX TOURNÉS VERS LE CHRIST par P. Iustin Miron du monastère d'Oaşa


« Cherchez d’abord le Royaume des Cieux et tout le reste vous sera accordé par surcroît » (Matthieu 6, 33)





« Si dans tout ce qu’on entreprend, toute démarche, on cherche le Ciel, la Terre vient rapidement à notre rencontre. Tous les problèmes trouvent leur solution si l'on regarde le Ciel. Mais si l’on ne cherche pas le Ciel et que l’on commence à prendre en compte d’autres problèmes, alors là on perd tout.
Tout le reste nous vole, nous prend notre liberté. C'est une sorte de harcèlement. L’Apôtre Paul dit que là où est l’Esprit de Dieu se trouve la liberté. Si ça ne va pas, cela signifie que l'on s'est détourné du Ciel. Si ça ne va pas dans votre vie, retournez-vous vers le Ciel. C’est seulement en se retournant vers le Ciel qu'on retrouve sa liberté, son état naturel, son bonheur. Le reste vient alors sans rechercher les choses terrestres mais en demeurant céleste tout le temps. Les gens peuvent dire « il est dans les nuages » mais plus tu es spirituel plus tu as les pieds sur terre. 

Le père Théophile est un modèle. Il était très équilibré. Il avait les pieds sur terre, au fur et à mesure qu’il montait vers le Ciel il s’approfondissait dans les choses terrestres et il pénétrait la terre et la création d’autant plus qu’il était spirituel. C’est là la clé des clés. Il faut avoir la foi, il faut être fidèle. 

C’est difficile, mais il faut moins regarder les vagues de la tempête. Lorsque le Christ a demandé à Pierre de venir à Lui sur l’eau, il y est allé mais quand il a regardé les vagues, il a chancelé dans la foi , il a eu peur et il a commencé à sombrer. Tant qu’il regardait le Christ il allait au-dessus des vagues, mais quand il a regardé les vagues, il a commencé à sombrer. Et c’est pour ça que St Paul écrit dans l’Épitre aux Hébreux : « Courons avec persévérance dans la carrière qui nous est ouverte, ayant les regards vers le Christ ». Nous courons dans la lutte à laquelle nous sommes confrontés. Indépendamment de la lutte que nous devons mener, si on a les yeux tournés vers le Christ, on a l’infini en nous, on a une puissance illimitée. C’est ce que tu regardes qui te pénètre, c’est ce que tu regardes que tu deviens. Si tu regardes le Christ, il faut être en Christ, il faut être comme le Christ. Mais regarde-le toujours, toujours. Ne te laisse pas emporter. Ne regarde pas à droite et à gauche. Regarde d’une manière appropriée. Si tu regardes la mer tu ne deviens pas mondain. Il y a tellement de beauté naturelle. Tu peux même regarder des films. Il y a des films qui ont beaucoup de valeur, qui sont beaux, mais il faut choisir. Il faut savoir choisir. Si on s’y tient, si on s’efforce, il faut insister davantage sur ce qu’on doit faire du matin jusqu’au soir.»

P. Iustin Miron
(transcription d'un extrait d'un entretien spirituel avec P. Iustin
enregistré à Porquerolles en sept. 2019)

samedi 16 juin 2018

L'enfant au seuil du royaume Père Vladimir Zelinsky

Sur le blog Parlons d'Orthodoxie


Père Vladimir Zelinsky , du patriarcat de Constantinople, Italie
Éditeur : Parole et Silence

Ce livre est parcouru par un appel à se mettre en quête de l'enfant - quête douloureuse comme un accouchement -, de cet enfant qui vit, perdu dans notre moi. Cette quête signifie ascèse, lutte intense pour atteindre la sainteté. Cette conversion se produit dans la remémoration ou la découverte de ce qui vit déjà en l'homme, malgré toutes ses chutes.

Pareille "justification " s'exprime par la chair même des mots bien aiguisés, pétris de tradition orientale, de l'auteur, leur tension vers la découverte du Royaume promis, qui a pris la forme d'un enfant cherchant le sein de sa mère.

Sainteté et amour du monde, ascèse et sensualité, effort de la quête et douceur de l'humanité : l'harmonie entre ces éléments rend l'ouvrage du P. Vladimir Zelinsky véritablement précieux ; c'est un pas décisif vers cette "troisième voie" qu'il reste à découvrir et à parcourir un jour.

Extrait du livre

Nous avons tous Ses paroles en mémoire :

A cette heure-là, les disciples s'approchèrent de Jésus et lui dirent : « Qui donc est le plus grand dans le Royaume des cieux ? » Il appela à lui un petit enfant, le plaça au milieu d'eux et dit : « En vérité, je vous le dis, si vous ne retournez à l'état des enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume des cieux. Qui donc se fera petit comme ce petit enfant-là, celui-là est le plus grand dans le Royaume des cieux. Quiconque accueille en mon nom un petit enfant tel que lui à cause de mon nom, c'est moi qu'il accueille. » (Mt 18, 1-5)


C'est le Royaume des cieux que le Sauveur annonce, fondamentalement; c'est le but, la source, le mystère que sa prédication dévoile en grand.

L'annonce du Royaume sonnait dans Sa bouche comme la promesse messianique, partagée aux hommes, de la souveraineté de Dieu dans Son histoire, ici et maintenant, donc dans un temps renouvelé, encore inconnu, qui se cache quelque part, tout près, frappe à la porte, appelle, attend sur le seuil.

Ce temps se hâte vers nous en Christ, vivant aujourd'hui et à venir demain ; mais cette proximité stupéfiante avec Lui, dès maintenant, transparaît de la façon la plus claire en ceci : toujours, depuis l'origine, depuis le début de l'être, ce temps appartient au Christ. Le Royaume, comme l'enfance qui est tournée vers lui, est déjà proche, il est à vos portes (Mt 24, 33).

Nous en sommes un jour sortis, ou bien nous n'y sommes pas encore entrés, nous n'avons pas encore notre permis de séjour parce que nous avons accumulé tout un temps adulte, lourd, épais, qui, au fond, nous a toujours été étranger.

Le Royaume des cieux ressemble à notre enfance oubliée, il est toujours loin au bord du chemin, il est plus petit qu'une graine de moutarde, il est au dedans de vous (Lc 17, 21) mais ses graines sont plus faciles à percevoir chez ceux qui sont capables de se faire aussi petits que cette graine de moutarde. Il est dans les enfants d'aujourd'hui, ceux qui nous entourent, comme dans ceux que nous avons été un jour. Parce que ce qui est enfantin est aussi du Royaume, ce qui s'est fait petit est du Christ, et c'est vers ce mystère, dévoilé par Lui, caché en Lui, que Jésus nous appelle à revenir.





Revenir, c'est-à-dire se faire petit, se convertir, mais aussi accueillir l' enfant. Qu'y a-t-il derrière le verbe accueillir ? Jésus ne s'exprimait pas dans notre langue européenne polysémantique, ni non plus dans une langue symbolique, ésotérique ou hiératique. Dans ses paroles il y avait la densité, la corporéité, le concret bibliques - car le Verbe s'est fait chair - en particulier dans les cellules, les muscles et la gutturalité des mots araméens.

Ne faut-il pas accueillir l'enfant comme une chair sacrée, tout juste sortie de Ses mains, comme la divine bonté de la création à nous adressée, l'enfant qui nous dit dans son langage que c'est très bon ? Il faut donner asile au petit enfant dans notre maison, dans notre cœur, dans notre moi adulte. Accueillir l'enfant c'est devenir l'asile du Verbe venu anonymement dans l'enfant, et qui a besoin d'une mère. Et c'est l'Eglise, Corps du Christ, qui devient mystiquement sa mère.

En Eglise c'est dans la prière et l'Eucharistie que nous découvrons Dieu, mais aussi dans le mystère de notre propre personne, qui s'enracine dans son origine invisible. La vie en Eglise est un long cheminement vers soi-même. « Reviens vers toi, dit saint Augustin, car tu t'es égaré, et tu es devenu étranger à toi-même. Retrouve le chemin de ton cœur. »

« Deviens celui que tu es », dit le métropolite Kallistos Ware en écho aux Pères de l'Eglise. Et nous nous demandons à nous-mêmes : qui suis-je ? Qui est chacun de nous dans son être créé ? Est-ce que le propre de la voie orientale n'est pas de chercher son moi véritable, non défiguré par le monde, de le connaître en Dieu, pour ensuite le nettoyer de l'autre moi consumé par les soucis et les passions, celui dans lequel nous vivons aujourd'hui en le prenant pour notre unique demeure ? Pour pouvoir parler de notre moi ancien, il faut se rendre compte qu' un jour il a été créé et est venu au monde grâce au Verbe par qui tout a commencé à exister.

Dieu a dit à notre propos : créons-les, et Il a dit à chacun de nous : sois. Il nous a fait don du nom connu de Lui seul, un nom perpétuel, qui ne sera jamais retranché, comme il est écrit dans le prophète Isaïe (56, 5). « Tu nous as créés pour Toi, dit saint Augustin au début des Confessions, et notre cœur est sans repos tant qu'il ne repose en Toi. » Oui, le cœur à tout moment se révolte en nous, parce qu'il est enivré de lui-même, mais dans son moi d'aujourd'hui il est à l'étroit comme dans une cage et il aspire à avoir de l'espace en Dieu.

Le cœur de l'enfant encore petit est au large là où son être se trouve depuis l'origine - dans Ses mains : Tes mains m'ont fait et affermi (Ps 119, 73) - dans la plénitude de Sa présence gratuite, inépuisable, royale. Les mots du psaume que nous venons de rappeler sont prononcés en chacun de ces tout-petits avant même qu'ils apprennent à parler.




C'est par l'étonnement qu'ils s'expriment.

Le Seigneur nous abrite dans la chair de notre mère et nous fait entrer dans le monde, et nous y entrons par les portes d'une action de grâces émerveillée, mais pas encore pleinement consciente d'elle-même. Par la bouche des tout-petits et des nourrissons tu t'es préparé une louange... (Ps 8, 3).

La louange du tout-petit ne ressemble pas à celle de l'adulte, il s'émerveille non pas comme s'il voyait quelque chose de nouveau qu'il n'aurait encore jamais vu, mais en accueillant ce qui existe comme un tout, dans l'union à ce tout. Il s'étonne de ce qu'il perçoit et absorbe par ses sens, mais il ne rigidifie pas son étonnement spontané par une réflexion. Accueillir l'enfant, cela veut dire répondre à son action de grâces, répondre au Verbe qui l'a appelé à la vie.

S'émerveiller du miracle de la volonté créatrice de Dieu, afin que « grâce à la grandeur et à la beauté des créatures nous finissions par avoir une compréhension convenable de Celui qui nous a créés », comme dit saint Basile le Grand (Les Six Jours de la Création).

S'étonner, cela veut dire sortir de son propre espace intellectuel, s'éloigner de l'image familière de notre monde déchu, de l'image qui s'est formée, qui est apparue et s'est solidifiée dans notre esprit. S'étonner, c'est s'offrir à quelque chose qui se dévoile, c'est participer aux « choses de Dieu ». Quand l'âme dans l'homme vient de s'éveiller, elle cherche à tâtons en elle-même le tu caché des choses et engage la conversation avec elles, comme une créature dialogue avec une autre.


Père Vladimir Zelinsky

lundi 31 décembre 2012

"Il n'est pas d'obstacle dont ne triomphe l'amour divin" Meilleurs voeux pour l'année 2013

"Il n'est pas d'obstacle dont ne triomphe l'amour divin : cet amour, là où il existe, surmonte toutes les difficultés. Ni le fer, ni le feu, ni la pauvreté; ni la maladie, ni la mort, ni aucune autre épreuve ne paraîtra terrible à celui qui est embrasé de cet amour ; il se rira de toutes ces peines, il prendra son vol vers le ciel et ne pensera pas autrement que les habitants du ciel. Ni le firmament, ni la terre, ni les mers ne fixeront ses regards ; une seule chose attirera son attention, la gloire et la beauté de Dieu de telle sorte que les plaisirs et les joies d'ici-bas le trouveront aussi insensible que les afflictions de cette même vie. Aimons de cet amour auquel rien ne saurait être comparé ; aimons ainsi, soit à cause du présent, soit à cause de l'avenir, ou plutôt à cause de cet amour lui-même. A ce compte, nous éviterons les châtiments, de la terre et ceux de l'avenir ; à ce compte, nous prendrons possession du céleste royaume. Après tout, ni l'exemption de la géhenne, ni la possession du royaume du ciel ne sont rien, comparées au bonheur d'être aimé du Christ et de l'aimer. Si un amour partagé nous comble en ce monde de félicité, lorsqu'il s'agira d'un amour réciproque entre Dieu et nous, quelle idée se faire d'une félicité pareille, en quelle langue l'exprimer? L'imagination demeure impuissante, l'expérience seule pourra nous le faire comprendre. Aspirons donc à cette joie spirituelle, à ce bonheur inexprimable, à ces trésors sans fin; pour en faire la douce expérience, renonçons à tout le reste, et faisons naître en nos cœurs cet amour, pour notre satisfaction et pour la gloire de Dieu, à qui il s'adressera. A lui gloire et puissance dans l'unité du Fils unique et du Saint Esprit maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles." (Sur l'Espérance I - St Jean Chrysostome)