Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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jeudi 30 mai 2019

« Le pouvoir tend à corrompre, le pouvoir absolu corrompt absolument…

… Les grands hommes sont presque toujours des hommes mauvais. »  

(John Emerich Edward Dalberg-Acton)

sauf les Saints !


Eugène III, modèle de hiérarque

Eugène III,  certes pape (mais peu après le schisme), fut de ceux-là. Fils spirituel de Bernard de Clairvaux, moine cistercien (comme le fut Père Placide de bienheureuse mémoire avant son entrée dans l'Orthodoxie ) qui s'appelait Frère Bernard et qui après avoir quitté Clairvaux était devenu abbé du monastère de St Anastase près de Rome, fut élu Pape le 27 février 1145. Dès qu'il connut cette élection Saint Bernard de Clairvaux écrivit tant au nouvel élu qu'aux cardinaux de la Curie. Il laissa à la fois s'exprimer sa joie dans sa lettre à son fils spirituel, mais également ses craintes auprès  de lui comme auprès de la Curie romaine.  Cependant, portant le cilice, couchant sur une pauvre paillasse, le nouveau Pape Eugène, malgré son nouvel état, continua de vivre comme le moine Frère Bernard qu'il était auparavant. En butte à divers complots qui voulaient restreindre ses prérogatives, il fut obligé de s'exiler deux fois. 

De
      Bernard de Clairvaux 

Lettre CCXXXVII (adressée à la Curie romaine)

« À tous les Seigneurs et Révérends Pères faisant partie de la cour romaine, celui qu’il n’est que l’enfant de leur sainteté. 

Ô vous qui avez fait cela, que Dieu vous pardonne ! Un homme était enseveli, et vous l’avez rappelé parmi les hommes ; un homme a fui le tracas des affaires et le bruit du monde, et voici que, de nouveau, vous l’avez empêtré dans les affaires et mêlé au monde. Vous avez pris cet homme au dernier rang pour le placer au premier, et voici que son dernier état présente plus de danger pour lui que son état antérieur. Cet homme était crucifié au monde et voici que, par vous, il renaît au monde ; cet homme avait choisi d’être compté pour rien dans la maison de son Dieu, et c’est lui précisément dont vous avez fait choix pour lui donner pouvoir sur toutes choses. Pourquoi avoir troublé la résolution de cet humble ? Pourquoi avoir contrarié la volonté de cet homme pauvre, de cet homme misérable, et dont le cœur est plein de componction ? Sa carrière était heureuse. Quelle idée avez-vous eu de lui barrer la route, de détourner ses voies, d’embarrasser sa marche ? Plutôt que de monter de Jéricho, ne semble-t-il pas qu’il descendait de Jérusalem pour être ainsi tombé parmi les voleurs ? Il avait eu la force de s’arracher à ces mains cruelles et diaboliques que sont les séductions de la chair, les vanités du monde ; pourtant il n’a pas évité vos propres mains ! A-t-il donc quitté Pise pour recevoir Rome ? A-t-il donc résigné les fonctions de vidame dans une seule église afin de réclamer pouvoir surtout de l’Église ?

Pour quelle raison, dans quel dessein, après la mort du pape, vous êtes-vous soudain jeté sur un homme de la terre, vous êtes-vous saisi de lui dans sa retraite, et, ayant arraché de ses mains la hache, la pioche ou le hoyau, l’avez-vous traîné dans un palais élevé dans la chaire pontificale, revêtu de pourpre et de lin, l’avez-vous enfin armé du glaive pour châtier les nations et corriger les peuples, pour enchaîner leurs rois et leurs puissants dans des menottes de fer ? Ainsi il n’y avait parmi vous aucun homme sage et expérimenté à qui ces tâches-là eussent mieux convenu ? N’est-ce pas dérision, à moins que ce ne soit miracle ? 

[…] Mais cependant, puisque le fait est accompli, et, comme beaucoup le prétendent, accompli par la volonté de Dieu, c’est à vous qu’il appartient, mes très chers frères, d’entretenir avec sollicitude, par votre zèle ardent et votre  obéissance fidèle, l’œuvre qui de toute évidence, a été élaborée par vos mains. S’il est donc en votre pouvoir de consoler ; s’il est donc en vous quelque vertu de charité dans le Christ ; s’il est en vous quelques sentiments de piété ; s’il y a un peu de compassion dans vos entrailles, tenez-vous auprès de lui, assistez-le dans la tâche à laquelle il a été appelé à travers vous par le Seigneur. Conseillez-lui tout ce qui est vrai, tout ce qui est honnête, tout ce qui est juste, tout ce qui est saint, tout ce qui peut le faire aimer, tout ce qui peut servir sa renommée ; suggérez-lui toutes ces choses, persuadez-le de leur prix, poursuivez vous-même leur mise en œuvre, et le Dieu de la paix sera avec vous.»

samedi 13 avril 2019

L'"obéissance" chez nos contemporains


sur le Blog La Lorgnette Orthodoxe 
une belle interview de Geronda Gabriel de Karyes
dans l'article Histoires athonites


"[…] On ne peut pas comparer les gens d’aujourd’hui à ceux d’il y a cinquante ans. Les hommes et les femmes d’aujourd’hui sont faits d’une pâte complètement différente. Ils sont complètement immergés dans l’internet et ils ont fait tant d’expériences dans leur vie. Bien souvent, ils ont essayé les narcotiques, l’alcool et la luxure. La plupart d’entre eux n’obéissaient pas à leurs parents et trouvaient cela normal. Si on force un novice pareil à s’intégrer au cadre habituel, il ne pourra pas le supporter. Ces gens malades au plus profond de leur âme, on ne peut les attirer dans la vie monastique que très progressivement. Souvent, cela prend de nombreuses années avant qu’ils n’accèdent à la véritable obéissance. […]
LIRE L'ARTICLE INTÉGRAL ICI 

mercredi 10 octobre 2018

Moïse l'Athonite: "Le scandale" de la non-unité de la sainte Montagne de l'Athos [1]


Le moine Moïse (Αιωνία η μνήμη !) avait accordé une interview à Emilios Poligenis de l’agence de presse ecclésiastique «Romfea.gr» au sujet de questions relatives à la Sainte Montagne, au professeur Christos Giannaras, à l’affaire de Vatopedi et de l’higoumène Efrem, à la crise financière et au Patriarche ayant célébré une liturgie au monastère de la Panagia de Soumela.

EP: Père Moïse, c’est un grand plaisir d’être avec vous aujourd’hui, dans le jardin de notre Toute Sainte gardé par Dieu. Vous êtes moine depuis plus de 35 ans ; s’il vous plait parlez-nous de la Sainte Montagne de l’Athos d’hier et d’aujourd’hui.

Geronda Moïse : Cher M. Poligenis, je suis moi aussi ravi de faire votre connaissance et de vous recevoir en tant que visiteur de notre humble cellule. J’apprécie votre amour sincère pour l’Église et l’impartialité de l’agence de presse ”Romfea.gr”, que vous dirigez avec succès depuis trois ans. Le Saint Mont Athos est véritablement gardé par Dieu, protégé par la Mère de Dieu; c'est un incubateur de saints et le jardin parfumé de Notre Dame en plus d'être parcouru par des saints. Ce mois-ci, nous scandons avec ferveur la Paraklisis tous les jours en son nom et nous attendons avec ferveur la Fête si solennelle de sa dormition et de son ascension au ciel.
Notre-Dame est la femme la plus aimée de tous les moines de la Montagne sacrée. Nous avons soixante icônes produisant des miracles, les Katholica, les Kyriaka, les chapelles, Protaton, la ceinture sacrée de la Vierge Marie. Toutes parlent d'elle dans un endroit inaccessible aux femmes.
Cela fait 36 ​​ans que j'ai franchi la porte du saint monastère de Simonopetra et  25 ans que je réside dans la cellule de Saint Jean Chrysostome au Saint Skite de St Panteleimon de Koutloumousi. Ces 36 années se sont écoulées pour moi comme 36 jours ! Je ne pense pas vraiment que l’ Athos ait changé du tout pendant ce temps. L'ordre monastique se poursuit depuis plus de mille ans. Ceci est crucial pour la vie des moines, qui consacrent plusieurs heures par jour à la Divine Liturgie. La prière est leur travail principal et cela parfume leur vie.

Le fait que certaines routes ont été construites et que certaines voitures apparaissent, cela n’a qu’une importance mineure. Mais d'un autre côté, il faut être très attentif au respect du lieu et de l'environnement. Certains anciens passages ont été détruits et ce fut un erreur.

Les progrès techniques doivent être utilisés correctement et avec mesure. Je ne pense pas que remplacer la lampe à huile par une lampe électrique supprime la tradition. Certaines personnes ne viennent à la Montagne Sainte qu'une seule fois dans leur vie, ayant une idée romantique à ce sujet et pensent que c'est un musée pétrifié sans vie, sans mouvement et sans évolution. Ils deviennent des critiques sévères et ils ne font que critiquer et ne sont pas avares de prescriptions. Cependant, s'ils doivent se déplacer, ils exigent un véhicule décent, ils sont dérangés par la poussière et ils demandent à être logés confortablement, comme s'ils séjournaient dans un hôtel. Je crois que si la Montagne Sainte a été modifiée, ce n’est que de l'extérieur et non de l'intérieur. D’importants travaux de restauration ont été entrepris au cours des dernières années et ont été indispensables au maintien du legs millénaire de la vie monastique, fondé sur des règles antiques et sacrées préservant la constitution monastique, une vie de dévotion et de quiétude.

EP  : Peut-on encore trouver sur la Sainte Montagne des personnes de la stature spirituelle des Anciens Païssios, Porphyrios, Joseph et autres?

Moine Moïse : J'ai reçu un appel téléphonique un soir d'une certaine femme. «Père Moïse, m’a-t-elle dit, maintenant que Geronda Païssios est décédé, qui le remplacera ?», J'ai répondu : «C'est votre père spirituel.
— Est-ce-que vous le connaissez?"
— Non
— Alors pourquoi dîtes-vous ça?
— Écoutez, madame, la sainteté n'est pas transférable, mais réalisable. Si la personne ne lutte pas avec patience, la sainteté ne peut être transmise.
— Je vous remercie. »

Elle n'a probablement pas aimé ma réponse. Les gens d’aujourd’hui cherchent en permanence des solutions rapides et faciles. Le «fast food» de la vie laïque a été transposé à la vie spirituelle. Même les dévots ne veulent pas patienter et encore moins s'épuiser. Ils veulent des solutions immédiates à leurs problèmes. C’est pourquoi ils recherchent des Anciens  pour résoudre leurs problèmes immédiatement. Ils ne veulent pas persévérer dans la prière, s'humilier pour faire preuve de patience.

S'ils ne peuvent pas trouver de tels Anciens, ils les créent. La pire chose à faire est de croire que vous êtes un saint. Le plus gros problème aujourd'hui est la sainteté factice. Que le Seigneur nous sauve de ces faux saints ! Sur la Sainte Montagne, il y a un dicton qui dit: «Il est facile de se leurrer. La chose difficile est d'être sauvé de l'illusion ».

Le bienheureux et vertueux Geronda Païssios disait: « Celui qui croit être en bonne santé est le pire de tous car il n'ira jamais chez le médecin.» 
à suivre…


Πατερ Μωυσε, πρέσβευε Χριστώ τω Θεώ, σωθήναι τας ψυχας ήμών

mercredi 2 août 2017

L'esprit mondain dans le monachisme




  •  Père, beaucoup de gens nous disent: ici, vous vivez comme au paradis.

Priez pour ne pas perdre l'autre ciel. J'aurais préféré voir les laïques impressionnés par votre progrès spirituel, sans que vous en soyez conscientes vous-même et sans en faire un objectif - cela étant atteint de soi-même, naturellement, intérieurement. Essayez de ne pas vous perdre dans des choses inutiles afin que vous ne perdiez pas le Christ. Essayez autant que possible d’obtenir une conscience monastique. Vivez spirituellement comme de vraies moniales et n'oubliez pas le Christ de sorte qu'il se souvienne aussi de vous. Mon but n'est pas de vous inquiéter, mais de vous aider, de vous soutenir, essayez de discerner l'esprit mondain - lorsque cela imprègne le monachisme, cela dérange le Christ lui-même - et débarrassez vous en comme d’un esprit étranger.

 Malheureusement, l'esprit mondain s'est glissé dans de nombreux monastères parce que certains pères spirituels de notre époque conduisent le monachisme dans un chemin mondain et ne guident pas les âmes dans l'esprit patristique de la Grâce. Je vois qu’un esprit anti-patristique prévaut aujourd'hui dans les monastères. Ils ne reçoivent pas le bien, le patristique, ils ne vivent pas de manière patristique, mais nivellent les hauteurs spirituelles au nom de l'obéissance, de la suppression de la volonté propre et de leurs désirs profanes qu'ils cultivent. De cette façon, ils ne progressent pas, parce qu'ils ont fait leur la tentation, l'esprit profane. Nous n'avons pas le droit d'expliquer les commandements de Dieu comme cela nous plaît, et nous n'avons pas le droit de présenter le monachisme selon notre bon vouloir. Il y a autre chose lorsque nous confessons nos faiblesses et demandons humblement la miséricorde de Dieu.

Le plus grave, à mon avis, est le fait que certains considèrent cet esprit profane comme une sorte de progrès. Alors qu'ils devraient le percevoir comme une chute et le cracher au dehors afin qu'ils puissent se purifier spirituellement et laisser le Saint-Esprit entrer rapidement. Le Saint-Esprit est celui qui sanctifie, annonce et soutient les âmes.

 Certains disent : Nous devons montrer notre civilisation. Quelle civilisation montrons-nous ? La profane ? Nous, les moines, devons montrer notre civilisation spirituelle, notre progrès spirituel. Mais où est notre progrès spirituel ? Nous ne devrions pas dépasser les laïcs dans le développement de ce qui est profane. Ce progrès mondain tourmente les laïcs et il ne le ferait pas encore plus pour les moines ? Nous devrions tellement progresser spirituellement que les laïcs aient envie d’en faire autant eux-mêmes. Si nous faisons ce que fait un laïc spirituel, cela ne nous aide pas non plus, parce que c’est l'exemple d'un laïc spirituel que nous avons. Le moine n'a pas pour objectif de faire preuve d’une évolution mondaine. C'est contradictoire avec le monachisme. Le moine qui pense de manière mondaine montre à l'évidence qu'il n'a pas trouvé le bon chemin. Bien qu'il ait commencé par se diriger vers le Christ, son âme se dirige maintenant vers le monde. L'évolution mondaine lorsqu'elle est considérée comme un progrès conduit le monachisme à la corruption spirituelle.

 Combien de choses se perdent dans le monachisme pour s’être perdues dans le monde : l'honnêteté, le respect sont en recul. C'est pourquoi ça me fait mal et j'ai l'impression d'étouffer. J'ai envie de partir dans les montagnes. Quelqu'un qui n'a jamais vécu quelque chose de plus élevé n'est pas tellement contrarié par la vie spirituelle qu'il vit à sa manière. Mais pour un autre qui est forcé de vivre de cette façon, savez-vous ce qu'il y a de tourment ?

 Si le Christ m'avait jugé digne de vivre monastiquement comme je l'avais souhaité et que j'étais mort jeune, j'aurais considéré que je serais mort en première ligne. Il est préférable de mourir maintenant, de se confesser, de faire un sacrifice, plutôt que de blasphémer les Saints Pères.

 Ne pensons-nous pas un peu aux Saints Pères que nous lisons tout le temps, où ils vivaient et comment ils vivaient ? Dieu a dit que les renards avaient des tanières, alors que le Fils de l'homme n'avait aucun endroit où poser sa tête. Terrible ! Et voyez comment certains ont essayé d'imiter le Christ dans les grottes. Ils ont ressenti la joie du Christ parce qu'ils l'ont suivi en tout. Tout leur désir était là. Les saints pères ont fait du désert un délice spirituel, mais aujourd'hui c’est une fête profane que nous faisons. L'église du Christ va dans le désert pour trouver le salut et nous faisons du désert une fête profane si bien que les gens sont induits en erreur et n’en tirent aucun profit et n’en conservent rien. C'est le grand danger que je vois dans ces temps difficiles que nous vivons. Et bien que pour cette raison, nous devrions vivre maintenant avec plus d’austérité pour bénéficier des énergies divines, malheureusement, nous changeons à cause de l'esprit mondain et nous nous affaiblissons. En ce sens, nous recherchons l'esprit et il ne reste que la charogne.

 Aujourd'hui, il y a des moines qui vivent le monachisme uniquement de façon extérieure. Ils ne fument pas, ils vivent simplement, lisent la Philocalie, et citent les Saints Pères. Comme ceux du monde qui ne disent pas de mensonges, font leur signe de croix, vont à l'église et, lorsqu'ils vieillissent, prennent garde à la morale de leur mode de vie et pensent que c'est tout ce qui se passe dans certains monastères et les laïcs y sont attirés. Quand ils vont à leur rencontre pour les connaître, ils voient qu'ils ne diffèrent pas des laïcs parce qu'ils conservent un esprit profane. S'ils avaient fumé, s'ils avaient lu les journaux, s’ils avaient parlé politique, ils les auraient évités comme étant des laïcs et le monachisme n'aurait pas été endommagé.

 Lorsque le monachisme s'affaiblit spirituellement alors, quel en sera le profit pour le laïc ? L'alcool, si on laisse la bouteille sans bouchon perd sa force. Il ne tue même pas les microbes ni ne nourrit les flammes. Et si vous le mettez dans la lampe, la mèche brûle [et n'éclaire pas]. De la même manière, le moine, s'il n’y prend garde, ne se rend pas compte qu'il exclut la grâce divine et que ce qui lui reste n'est que l’habit. Il est comme l'alcool qui a perdu sa force. Il ne peut plus brûler le diable. La lumière des moines vient des anges et la lumière des laïcs vient des moines. Après cela, il n'y a plus de lumière.

Savez-vous combien de dégâts entraîne la manière profane de penser ? Si la spiritualité qui s’origine dans le monachisme est perdue, il ne reste plus rien. Parce que si le sel est altéré, il ne sera même pas bon comme engrais. Les ordures sont bonnes comme engrais, tandis que le sel ne l'est pas. Si vous le mettez à la racine d'une plante, il la brûlera. Aujourd'hui, nous sommes dans une époque où le monachisme doit briller. Dans cette pourriture, il y a besoin de sel. Si les monastères n'ont pas une manière de penser profane, mais vivent dans un environnement spirituel, alors ce sera leur offrande à la société. Ils n'auront besoin de ni parler ni de faire quelque chose d’autre parce leur propre vie parlera à leur place. C'est ce dont le monde a besoin.

Avez-vous vu jusqu’où sont allés les catholiques ? Je me souviens qu'il y a quelques années quand j'étais au monastère de Stomiu à Konitsa, quelqu'un m'a apporté une feuille de journaux où il était écrit: « Trois cents religieuses ont protesté : pourquoi ne pas aller voir un film au cinéma ? Pourquoi ne pas avoir leurs robes jusqu'aux genoux plutôt que jusqu'à leurs orteils ? J'ai été tellement affecté quand j'ai lu cela que j'ai dit - Pourquoi devenir moniales alors ? Et puis ils ont écrit que toutes les religieuses avaient abandonné leur habit. Mais en vérité avec la manière dont elles pensaient, elles les avaient abandonnés depuis longtemps avant. Une fois j'ai vu une religieuse catholique qui ne différait pas d'une femme laïque. Elle faisait apparemment un travail missionnaire et elle ne différait en rien d’une de ces jeunes filles les plus modernes. Nous ne devons pas permettre cet esprit européen de nous pousser à cet état limite.


  • Père, il me semble difficile de renoncer à la manière générale de penser. 

 Ce n'est pas si difficile, il y faut de la vigilance. Pensez à ce qu’Arsène le Grand a dit : « Pourquoi vous êtes-vous retiré ? » Nous oublions pourquoi nous sommes venus au monastère. Nous commençons tous plus ou moins bien mais nous ne finissons pas bien parce que nous oublions pourquoi nous sommes venus au monastère.


  • Père, vous avez dit que l'esprit mondain infiltre le monachisme et que le zèle spirituel se perd. Le véritable esprit du monachisme sera-t-il préservé? 

Il y a une tempête. Mais Dieu ne le permettra pas.

  • Père, je m'interroge : existe-t-il encore des communautés de vie monacale où l’on puisse faire un cheminement spirituel?

 Ce serait le comble que l’on n’en trouve plus ! La Theotokos nous enverrait tous en prison. Il y a des moines qui vivent une vie très spirituelle, très tranquillement.
 Il y a des âmes vertueuses dans n'importe quel monastère, dans n'importe quelle église métropolitaine. Ce sont ceux qui intercèdent auprès de Dieu et grâce à eux, Il nous supporte toujours.


P. Paisie
(traduction de l'anglais par M.M.)

mardi 8 mars 2016

ARCHIMANDRITE GABRIEL BUNGE : différentes interviews [1] La vie monastique





















Qu'est-ce que cela signifie d'être un chrétien?

Qu'est-ce qu'un moine ?  
Est-il possible de réformer la vie monastique? 
Quels sont les livres des saints Pères qu'il faut lire ? 
L'Archimandrite Gabriel Bunge, théologien bien connu et moine-ermite répond en français à ces questions



sur le site 


samedi 10 octobre 2015

De Wall Street au monastère


Un ancien courtier de Wall Street a troqué Manhattan pour un monastère en Bulgarie pour devenir un moine orthodoxe . 



Hristo Mishkov, 32 ans, a eu une carrière réussie en tant que courtier sur le Nasdaq à la Bourse de New York jusqu'à ce qu'il décide de tout abandonner pour revenir à sa Bulgarie natale .

Échanger des costumes sur mesure et des chaussures chères pour un  rason et  des sandales, Frère Nikanor – c’est sous ce nom qu’on le connaît maintenant – croit  que Wall Street et  la City méritent tout ce qu'ils obtiennent avec cette crise du crédit qui mord plus profondément et ce système financier mondial qui s’effondre.


Frère Nikanor conseille à ces anciens collègues de mettre un pot avec de la terre sur leur bureau pour leur rappeler où nous allons tous et ce qui compte dans la vie.



Tandis que les banques occidentales se replient l’une dans l’autre comme des tickets froissés et que les commentateurs décrivent la crise actuelle comme le dernier souffle du capitalisme moderne, Hristo Mishkov, offre quelques vérités.

Son histoire ressemble partiellement à celui de Frère Ty , le personnage moine - magnat de la satire publiée en 1998 « Dieu est mon courtier» par les écrivains américains Christopher Buckley et John Tierney - il a abandonné Wall Street et est devenu moine.
Mais 10 ans plus tard, les similitudes s’arrêtent là : le Bulgare qui a eu une brillante carrière de courtage, n'écrit pas de manuels pour donner des recettes pour s’enrichir. Son objectif est plutôt le bonheur.

Son intérêt pour les marchés financiers a commencé sous le communisme dans les années 1980, quand lui et d’autres enfants ont créé leur propre jeu de stock exchange dans le sous-sol de leur résidence à Sofia.

Il y a cinq ans, après avoir échoué à trouver le bonheur dans la vie qui était la sienne, le chrétien orthodoxe qui enfant ne pratiquait pas a quitté le marché financier de New York pour un monastère bulgare délabré qui servait autrefois de camp de travail communiste .

Conservant un luxe – un téléphone mobile, qui le relie à la fois avec des donateurs potentiels et d’anciens collègues de négociation – il a apporté de la rigueur de son expérience de courtage à sa foi.

Il a contribué à lever des centaines de milliers de levs (dollars) pour reconstruire le monastère - une tâche difficile dans un pays où la charité ne fait pas partie de la mentalité et où la construction de centres commerciaux et de terrains de golf est une priorité.

« Beaucoup de gens ... dans le monde ne réalisent pas qu'ils n'ont pas gagné la nourriture qu'ils mangent, qu'ils prennent sans donner », a déclaré Mishkov . « Mais si quelqu'un consomme plus que ce qu'ils a gagné, cela signifie que quelqu'un d'autre meurt de faim.


« Il est juste de voir des gens, qui consomment plus que ce qu'ils méritent, ruinés par une crise financière de temps à autre, et souffrir afin qu'ils puissent devenir plus raisonnables. »


Être un trader a rarement été plus traumatisant : placer des paris sur des décisions politiques avec des milliards de dollars pour sauver des banques qui, par leur éventuelle faillite, pourraient signifier beaucoup plus qu'un mauvais jour pour vous-même ou vos collègues, mais aussi mettre en péril les moyens de subsistance.

Certains ont trouvé du réconfort dans la religion, d'autres dans l’humour, mais quelques-uns s’effondrent. Les enquêtes montrent que les traders déclarent plus de stress et chaque nouvelle faisant part d'un suicide de trader suggère que la pression pourrait bien être trop forte.

« Nous recherchons toujours le bonheur dans le monde extérieur, dans les choses matérielles, qui nous rendent constamment insatisfaits , en colère contre nous-mêmes et le monde » déclare Mishkov , qui dégage un sentiment de tranquillité , d'intelligence et d'humour.

« La cupidité et la marchandisation de nos vies ont atteint le point où les gens ont été transformés en produits - même leur santé peut être échangée comme une action » dit-il.

«Nous avons très rapidement perdu forme humaine, nous sommes devenus des bêtes ... Il n'y a personne sur qui compter à qui l’on puisse dire « Hé ! Voisin ! Viens m'aider.Il viendra peut-être, mais exigera un paiement en retour. » 




Maintenant Frère Nikanor se lève à l'aube pour s’occuper d’un troupeau de buffles du monastère de Tsurnogorski fondé au XIIème siècle, niché entre les collines  à l'ouest de la capitale, Sofia. Le régime communiste qui avait interdit la religion l'avait transformé en un camp de travail, puis en camp de pionniers pour enfants et en ferme d'élevage. Mishkov travaille dur chaque jour à la traite de bufflonnes et à la construction de murs de pierre. Il dit qu'il n'est pas contre les riches, mais ne peut respecter que ceux qui contribuent au bien de la société, comme le fondateur de Microsoft Bill Gates par exemple.



Jeune homme Mishkov a travaillé plus de deux ans pour Karoll, l'un des principaux courtiers de Bulgarie , et il était bon dans son travail, disent d'anciens collègues.
«C’était un homme religieux et un peu ennuyeux parfois », déclare Alexandre Nikolov, directeur des marchés de capitaux internationaux à Karoll. « Quelquefois même il ne se présentait pas au travail en raison de certaines fêtes religieuses. »

Ses collègues ont été surpris quand il a décidé de devenir moine, mais Mishkov estimait que le moment était venu de s'occuper de l'âme des gens.

« Tout le monde peut être un bon courtier, mais cela n’apporte pas beaucoup d'avantages pour le monde, dit Mishkov . La religion peut aider les gens à faire face dans les périodes de stress d'aujourd'hui et leur permettre de trouver des réponses » ajoute-t-il.

Les églises dans le quartier financier de New York signalent une augmentation le mois dernier de la participation aux réunions de midi, avec beaucoup plus de personnes en costume d’hommes d'affaires que d'habitude, quand certaines des plus grandes banques d’investissement du monde se sont effondrées.



Steven Bell, économiste en chef de hedge funds GLC de Londres, a déclaré qu’il est nécessaire que les traders conservent le sens des réalités. 
« Il est très important de juste vous rappeler qu'il existe là dehors un monde réel. Dans n'importe quel travail, mais surtout dans les marchés financiers, vous devez veiller à garder les pieds sur terre. » Voilà ce que Bell a déclaré à Reuters par téléphone.

Mishkov dit que cette crise devrait aussi aider à corriger une tendance mondiale dangereuse à se ruer de façon excessive vers les secteurs de services, par des gens attirés par des salaires élevés et une vie facile.

« Le lait n'est pas produit par les ordinateurs, le pain ne provient pas d'un bon Public Relation d'entreprise. Il est nécessaire de labourer, de semer et de récolter avant. » dit le moine.

(version française par Maxime le minime des articles suivants 1 et 2)