Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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lundi 27 janvier 2025

UNE IMAGE VAUT MILLE MOTS (rappel)




extrait : […] Il est important de souligner que les signataires de l'appel appartiennent à des monastères relevant de la juridiction du Phanar et de l'Église de Grèce - les Églises mêmes qui ont reconnu "l'église" orthodoxe d'Ukraine [schismatique créée par Constantinople]. De plus, les cinq higoumènes athonites qui ont signé la lettre, ainsi que les frères de leurs monastères, commémorent le patriarche Bartholomée à chaque Divine Liturgie et ne cherchent pas la confrontation avec lui. On peut dire la même chose de ces monastères situés en Grèce.[…]

jeudi 11 avril 2019

LA FONCTION SPÉCIFIQUE DE L’ÉGLISE DE ROUMANIE À L’INTÉRIEUR DE L’UNITÉ ORTHODOXE [1]

LA ROUMANIE, PATRONNE DE L’ORTHODOXIE


La propagation de l’hésychasme vers les terres slaves et roumaines au XIVe siècle fut surtout le résultat des relations que ces pays orthodoxes entretenaient avec les centres de rayonnement hésychaste, à savoir le Mont Athos et la Bulgarie. Aux siècles suivants, les pays roumains diversifièrent leurs relations avec les pays de tradition orthodoxe, embrassant tout l’Orient orthodoxe, du fait notamment de sa soumission aux Turcs. De façon constante jusqu’à la deuxième moitié du XIXe siècle, les princes roumains, de par la générosité de leur soutien matériel des orthodoxes sous domination musulmane, s’avérèrent les successeurs tant des basileis byzantins que des tsars serbes et bulgares. Au-delà de l’aspect matériel de ces relations, on devrait voir une « véritable interaction grâce à laquelle l’Église et les pays roumains prennent conscience de leur place et affirment leur fonction spécifique à l’intérieur de l’unité orthodoxe». C’est grâce à la protection matérielle accordée par les voïévodes roumains à tout l’Orient orthodoxe que les échanges spirituels les plus variés ont pu se nouer et se développer entre les Églises et les monastères valaques et moldaves et les Églises, monastères et lieux saints, en particulier l’Athos, Jérusalem et le Sinaï.

Après la chute de la ville impériale de Constantinople en 1453, l’espoir des patriarches œcuméniques se dirigea vers les pays roumains, seuls restés libres dans leur proximité immédiate. C’est ainsi qu’aux XVIe et au XVIIe siècles, presque tous les patriarches œcuméniques, accompagnés de prélats et de moines, firent des voyages, parfois des mois durant, en Valachie et en Moldavie, en quête de subsides ou même, pour certains d’entre eux, pour y demeurer, ayant perdu leur trône. Ainsi, le premier patriarche après la chute de Constantinople à résider en Valachie (1486-1488 et 1496-1498), comme métropolite de l’Église de Valachie, fut saint Niphon II (11 août). Moine du Mont Athos, hésychaste renommé, maître et père spirituel de Neagœ Basarab, futur voïévode de Valachie, Niphon fut déposé deux fois comme patriarche de Constantinople avant d’être invité par le voïvode de Valachie, Radu le Grand, de prendre la direction de l’Église de Valachie. Là, il réorganisa la vie ecclésiastique du pays, créant deux nouveaux diocèses, avant de se retirer à la Sainte Montagne, où il mourut en 1508. Il fut canonisé en 1517 sur l’insistance de Neagœ Basarab, l’un des princes roumains les plus généreux envers tout l’Orient chrétien.


En 1641, le voïévode moldave Vasile Lupu, «protecteur de toute l’Église œcuménique et successeur très digne des basileis byzantins», paya toutes les dettes du patriarcat (une somme très importante) et institua une commission spéciale pour gérer ses affaires financières. Par sa grande générosité et son autorité, Vasile Lupu exerça un fort ascendant sur toute l’Orthodoxie soumise aux Turcs.

Parmi les patriarches les plus connus de Constantinople qui firent de longs séjours dans les pays roumains, mentionnons Cyrille Lukaris, Athanase Patellaros, Parthène IV (mort à Bucarest après 1688) et Denys IV, hiérarque érudit, qui oignit comme voïévode de Valachie Constantin Brancoveanu. Reconnaissant le rôle exceptionnel que la Valachie joua pour la sauvegarde des peuples orthodoxes soumis par les Turcs, le patriarche Sophrone octroya en 1776 au métropolite de Valachie Grégoire II et à ses successeurs le titre honorifique de locum tenens du siège de Césarée de Cappadoce. Les liens tissés avec «1’Église-mère» de Jérusalem par les pèlerinages de fidèles et de moines roumains au Saint Sépulcre datent de temps immémoriaux. La vie érémitique aux déserts de la Palestine servit même de modèle pour le monachisme roumain primitif. Plus tard, des liens formels se nouèrent entre la Valachie et le patriarcat de Jérusalem, au temps du voïévode Neagœ Basarab (1512-1521), qui fit de grands dons à l’église de Sion et aux églises environnantes. Les «princes de Valachie» contribuèrent à la restauration du monastère de Saint-Sabbas à Jérusalem au début du XVIe siècle. Les XVIIe et XVIIIe siècles virent se multiplier les voyages et les séjours des patriarches de Jérusalem dans les pays roumains. Ainsi le patriarche Théophane (1607-1644) fit quatre voyages en Moldavie, et chaque fois il reçut, soit des monastères, soit des terres dédiés au Saint Sépulcre, soit même, en 1632, de la part du prince Vasile Lupu, le paiement de toutes les dettes de son patriarcat. C’est la raison pour laquelle un de ses successeurs, le patriarche Dosithée (1669-1707), disait que «depuis la chute de Constantinople, aucun basileus ou seigneur n’a fait un plus grand bien au siège patriarcal de Jérusalem» que ce prince roumain. Quant à l’érudit patriarche Dosithée, qui exerça son ministère pendant presque quarante ans, on pourrait dire que « sa véritable résidence était à Bucarest et à Jassy, et nullement à Jérusalem», qu’« il fit des pays roumains un deuxième siège du patriarcat de Jérusalem». À l’exemple de leurs précurseurs, tous les autres patriarches de Jérusalem des XVIIe et XVIIIe siècles visitèrent les pays roumains et entretinrent avec eux des rapports étroits.

Il en va de même des patriarches d’Alexandrie et d’Antioche : pendant de longs siècles ils entretinrent des relations étroites avec les pays roumains et y effectuèrent de fréquents voyages. Le fameux patriarche d’Alexandrie, Cyrille Lukaris, qui séjourna plusieurs années en Valachie et en Moldavie, fut très attaché au peuple roumain et s’intéressa au sort des Roumains de Transylvanie opprimés par les calvinistes. Il répondit, en 1629, au prince Gabriel Bethlen, qui demandait son appui pour la conversion des Roumains au calvinisme, que son projet ne réussirait pas en raison des «liens de sang et de sentiments qui unissent tous les Roumains»; quant à lui, «le consentement reconnu ou tacite à cette action serait de notre part un péché que tous les supplices du monde ne pourraient racheter». L’un des patriarches d’Antioche les plus célèbres au XVIIe siècle, Macaire III Zaim, entreprit un long voyage dans les pays roumains ainsi qu’en Russie, entre 1652 et 1659. En Valachie, où régnait Matthieu Basarab, et en Moldavie, Basile Lupu, le patriarche fut accueilli partout avec les plus grands honneurs et reçut des dons importants pour son Église. Un autre patriarche d’Antioche, Sylvestre le Chypriote (1724-1766), séjourna cinq ans dans les pays roumains. Les rapports des pays roumains avec la Sainte Montagne représentent le chapitre le plus important dans l’histoire des relations de ces pays avec l’Orient orthodoxe. Pendant cinq siècles, la république monastique de l’Athos jouit des plus grandes faveurs de la part des voïévodes et des hiérarques valaques et moldaves. Ainsi à peine saurait-on trouver sur l’Athos, à partir du XIVe siècle et jusqu’au XIXe siècle, un coin de terre ou une époque qui ne porte pas les marques de la générosité fervente des Roumains.

Gravure de Moschos Georgios (1906 - 1990)
Suite à la reconstruction du monastère athonite de Koutloumousiou au XIVe siècle aux frais des voïévodes valaques et à l’installation dans cette laure des premiers moines roumains, les égards des voïévodes valaques envers Koutloumousiou ne cessèrent pas: le monastère fut considéré, pendant cinq siècles, comme «la grande Laure de la Valachie». Parmi les autres monastères athonites qui bénéficièrent d’une faveur particulière de la part des princes roumains figure la Grande Laure de saint Athanase, reconstruite par le prince Neagœ Basarab, qui lui accorda également une aide annuelle, et Matthieu Basarab y bâtit l’église de saint Michel le Confesseur. 

Neagœ Basarab

Neagœ Basarab rénova aussi le monastère de Dionysiou entre 1512 et 1515. Et après la canonisation en 1517 de son père spirituel, le patriarche Niphon II, qui vécut ses dernières années à Dionysiou, Neagœ y fit construire une chapelle sous le vocable de saint Niphon. En 1534, un incendie ayant détruit cette église, elle fut reconstruite aux frais de Pierre Rares de Moldavie. Le monastère de Dochiariou fut entièrement rebâti aux frais du prince Alexandre Lâpusneanu (1552-1568). Neagœ Basarab rebâtit partiellement le monastère de Vatopédi, et y fit construire une église sous la protection de la Mère de Dieu. Les monastères de Grigoriou et de Zographou comptent Étienne le Grand parmi leurs fondateurs, et Simonos Petra, Michel le Brave. L’église du monastère de Saint Pantéléimon fut rebâtie entre 1812 et 1819 aux frais de Scarlat Calimachi, prince de Moldavie. Outre ces quelques exemples d’églises et de monastères athonites construits ou reconstruits par les voïévodes roumains, il faut mentionner les innombrables dons en argent, en icônes et en objets de culte, à toutes les communautés de la Sainte Montagne.


Parallèlement à ces dons, l’assistance roumaine au Mont Athos revêt, à partir du XVIe siècle, une forme typique, celle des «monastères dédiés». Ainsi des dizaines de monastères, skites ou églises roumains, avec leurs propriétés, furent-ils soustraits à l’autorité de l’évêque local et mis sous la protection des monastères athonites. Cette situation, qui devait durer jusqu’à la deuxième moitié du XIXe siècle, favorisa les relations spirituelles avec la Sainte Montagne. En effet, une telle situation attira en Roumanie «de nombreux moines étrangers, facilitant les échanges de livres et de manuscrits, orientant les influences spirituelles, iconographiques et artistiques, maintenant vivants l’unité de la tradition spirituelle et le lien entre les Églises». Ces échanges sont toujours allés dans les deux sens. Comme le constata l’historien Porfiri Uspenski: «Aucun autre peuple n’a fait autant de bien à l’Athos que les Roumains».

La générosité des princes roumains se manifesta également envers les monastères des Météores, de Janina, du Péloponnèse, de Halki, Paros, Rhodes et même de Chypre.

UN PRINCE HÉSYCHASTE: NEAGŒ BASARAB



La littérature patristique et d’inspiration hésychaste arrivée en Roumanie par le biais des relations multiples avec le Mont Athos, avec les anciens centres de culture orthodoxe, ainsi qu’avec la Russie, trouvera dans les monastères roumains le milieu idéal pour une vigoureuse éclosion. À partir du XVe siècle, les grands monastères deviennent de véritables écoles de copistes, où les documents patristiques en slavon (langue officielle et de culture jusqu’au XVIIIe siècle) seront multipliés et répandus non seulement à travers le monachisme roumain, mais souvent au-delà du Danube, dans le monde bulgare et serbe.

Cependant les Roumains ne se sont pas bornés à copier les manuscrits patristiques arrivés dans leur pays; il existe, du XVe au XVIIe siècle, une littérature originale, écrite sur le sol roumain par des moines et des laïcs. Le chef-d’œuvre littéraire et théologique de cette époque, Les enseignements de Neagœ Basarab à son fils Théodose, représente une «synthèse magistrale de la culture médiévale roumaine et la première création de valeur universelle de cette littérature». Bien que les sources historiques concernant la personne de voïévode de Valachie Neagœ Basarab (1481-1521) soient assez pauvres, sa personnalité est clairement mise en lumière par ses œuvres exceptionnelles. L’histoire et la culture médiévales roumaines montrent Neagœ comme «un bienfaiteur hors pair de l’Orthodoxie, aussi bien en Valachie et dans les autres pays roumains que dans tout l’Orient et le monde slave du sud», le plus grand bâtisseur d’églises et de monastères du XVIe siècle, «ami des lettres» et «homme de culture». La Roumanie lui doit un nombre impressionnant – vu la brièveté de son règne – d’œuvres d’architecture. Pour le Mont Athos, il est le «grand bienfaiteur de toute la Sainte Montagne», et les églises de Constantinople, du Sinaï, de Jérusalem et de Serbie le comptent parmi leurs «fondateurs». Neagœ Basarab a légué à la postérité deux monuments des plus remarquables: le célèbre monastère de Curtea de Argei, et un ouvrage savant, les Enseignements à l’intention de son fils Théodose: une «cathédrale de pierre» et une «cathédrale littéraire», qui se reflètent réciproquement. Pour la majestueuse et élégante église de Curtea de Argei (dont une fresque représente le fondateur dans toute la magnificence d’un basileus byzantin), ses contemporains le louaient à l’égal d’un nouveau Justinien, comparant son église à Sainte-Sophie de Constantinople. Par ses Enseignements, il prit aux yeux de la postérité la stature d’un «patriarche des voïévodes roumains», d’un législateur qui codifia les conceptions politiques et religieuses de son temps et la conduite d’un prince chrétien. Neagœ Basarab fut profondément influencé dès sa jeunesse par la spiritualité monastique; d’ailleurs, toute son époque était dominée par la spiritualité hésychaste. Le futur voïévode avait effectué dans ses jeunes années de longs séjours parmi les moines de Bistrita, foyer de culture monastique, semblable en importance à celui de Neamts en Moldavie. L’ex-patriarche de Constantinople, saint Niphon, hésychaste connu, fut son pédagogue et son père spirituel. Que Neagœ Basarab ait essayé lui-même de réaliser le type d’un monarque hésychaste n’est pas surprenant: à l’époque, boyards, mères, épouses et filles de voïévodes quittaient leur famille pour revêtir l’habit monastique. Despina, la femme de Neagœ Basarab prit elle aussi le voile monacal après la mort du voïévode en 1521.

Les Enseignements s’inscrivent dans la ligne de la spiritualité de saint Nicolas Cabasilas, une spiritualité hésychaste «adaptée» à des laïcs. Neagœ Basarab croit donc à la possibilité pour chacun d’atteindre la perfection chrétienne sans quitter le monde et sans se retirer dans la solitude, tout en exerçant ses propres fonctions, depuis le voïévode jusqu’au plus humble de ses sujets. Au terme d’une vie pourtant courte, déjà affaibli par la maladie et voyant sa mort proche, le pieux voïévode voulut laisser à son fils et à la postérité un guide de conduite, qui soit comme un testament reflétant l’expérience de sa propre vie, au cours de laquelle il s’est efforcé «non seulement de gouverner son royaume, mais aussi d’aimer le Seigneur de toute son âme par des bonnes œuvres». Si la première partie de son livre est adressée spécialement à Théodose et à ceux qui lui succéderont à la tête de l’état, leur présentant les grandes lignes de sa conception de la monarchie de droit divin, dans la deuxième partie les thèmes se multiplient, et en sa qualité d’«oint de Dieu», le voïévode s’adresse à tous, mû par un grand amour. Ce qui l’intéresse le plus, c’est que chacun vive selon la volonté de Dieu, en conformité avec ses commandements qui conduisent à la perfection personnelle et au salut éternel.

Œuvre au contenu essentiellement spirituel et moral, les Enseignements fondent leur argumentation sur une théologie biblique et patristique dans la ligne la plus fidèle à la tradition orthodoxe; l’auteur puise abondamment dans l’Ancien Testament, dans les Évangiles et les Pères de l’Église. Certaines sentences de l’auteur, témoignant d’une haute expérience spirituelle, mériteraient d’être insérées dans une collection philocalique.


Extrait d'un article paru dans la revue «LUMIERE DU THABOR» n° 27

... Suite du document dans un prochain post...

mercredi 10 octobre 2018

Moïse l'Athonite: "Le scandale" de la non-unité de la sainte Montagne de l'Athos [1]


Le moine Moïse (Αιωνία η μνήμη !) avait accordé une interview à Emilios Poligenis de l’agence de presse ecclésiastique «Romfea.gr» au sujet de questions relatives à la Sainte Montagne, au professeur Christos Giannaras, à l’affaire de Vatopedi et de l’higoumène Efrem, à la crise financière et au Patriarche ayant célébré une liturgie au monastère de la Panagia de Soumela.

EP: Père Moïse, c’est un grand plaisir d’être avec vous aujourd’hui, dans le jardin de notre Toute Sainte gardé par Dieu. Vous êtes moine depuis plus de 35 ans ; s’il vous plait parlez-nous de la Sainte Montagne de l’Athos d’hier et d’aujourd’hui.

Geronda Moïse : Cher M. Poligenis, je suis moi aussi ravi de faire votre connaissance et de vous recevoir en tant que visiteur de notre humble cellule. J’apprécie votre amour sincère pour l’Église et l’impartialité de l’agence de presse ”Romfea.gr”, que vous dirigez avec succès depuis trois ans. Le Saint Mont Athos est véritablement gardé par Dieu, protégé par la Mère de Dieu; c'est un incubateur de saints et le jardin parfumé de Notre Dame en plus d'être parcouru par des saints. Ce mois-ci, nous scandons avec ferveur la Paraklisis tous les jours en son nom et nous attendons avec ferveur la Fête si solennelle de sa dormition et de son ascension au ciel.
Notre-Dame est la femme la plus aimée de tous les moines de la Montagne sacrée. Nous avons soixante icônes produisant des miracles, les Katholica, les Kyriaka, les chapelles, Protaton, la ceinture sacrée de la Vierge Marie. Toutes parlent d'elle dans un endroit inaccessible aux femmes.
Cela fait 36 ​​ans que j'ai franchi la porte du saint monastère de Simonopetra et  25 ans que je réside dans la cellule de Saint Jean Chrysostome au Saint Skite de St Panteleimon de Koutloumousi. Ces 36 années se sont écoulées pour moi comme 36 jours ! Je ne pense pas vraiment que l’ Athos ait changé du tout pendant ce temps. L'ordre monastique se poursuit depuis plus de mille ans. Ceci est crucial pour la vie des moines, qui consacrent plusieurs heures par jour à la Divine Liturgie. La prière est leur travail principal et cela parfume leur vie.

Le fait que certaines routes ont été construites et que certaines voitures apparaissent, cela n’a qu’une importance mineure. Mais d'un autre côté, il faut être très attentif au respect du lieu et de l'environnement. Certains anciens passages ont été détruits et ce fut un erreur.

Les progrès techniques doivent être utilisés correctement et avec mesure. Je ne pense pas que remplacer la lampe à huile par une lampe électrique supprime la tradition. Certaines personnes ne viennent à la Montagne Sainte qu'une seule fois dans leur vie, ayant une idée romantique à ce sujet et pensent que c'est un musée pétrifié sans vie, sans mouvement et sans évolution. Ils deviennent des critiques sévères et ils ne font que critiquer et ne sont pas avares de prescriptions. Cependant, s'ils doivent se déplacer, ils exigent un véhicule décent, ils sont dérangés par la poussière et ils demandent à être logés confortablement, comme s'ils séjournaient dans un hôtel. Je crois que si la Montagne Sainte a été modifiée, ce n’est que de l'extérieur et non de l'intérieur. D’importants travaux de restauration ont été entrepris au cours des dernières années et ont été indispensables au maintien du legs millénaire de la vie monastique, fondé sur des règles antiques et sacrées préservant la constitution monastique, une vie de dévotion et de quiétude.

EP  : Peut-on encore trouver sur la Sainte Montagne des personnes de la stature spirituelle des Anciens Païssios, Porphyrios, Joseph et autres?

Moine Moïse : J'ai reçu un appel téléphonique un soir d'une certaine femme. «Père Moïse, m’a-t-elle dit, maintenant que Geronda Païssios est décédé, qui le remplacera ?», J'ai répondu : «C'est votre père spirituel.
— Est-ce-que vous le connaissez?"
— Non
— Alors pourquoi dîtes-vous ça?
— Écoutez, madame, la sainteté n'est pas transférable, mais réalisable. Si la personne ne lutte pas avec patience, la sainteté ne peut être transmise.
— Je vous remercie. »

Elle n'a probablement pas aimé ma réponse. Les gens d’aujourd’hui cherchent en permanence des solutions rapides et faciles. Le «fast food» de la vie laïque a été transposé à la vie spirituelle. Même les dévots ne veulent pas patienter et encore moins s'épuiser. Ils veulent des solutions immédiates à leurs problèmes. C’est pourquoi ils recherchent des Anciens  pour résoudre leurs problèmes immédiatement. Ils ne veulent pas persévérer dans la prière, s'humilier pour faire preuve de patience.

S'ils ne peuvent pas trouver de tels Anciens, ils les créent. La pire chose à faire est de croire que vous êtes un saint. Le plus gros problème aujourd'hui est la sainteté factice. Que le Seigneur nous sauve de ces faux saints ! Sur la Sainte Montagne, il y a un dicton qui dit: «Il est facile de se leurrer. La chose difficile est d'être sauvé de l'illusion ».

Le bienheureux et vertueux Geronda Païssios disait: « Celui qui croit être en bonne santé est le pire de tous car il n'ira jamais chez le médecin.» 
à suivre…


Πατερ Μωυσε, πρέσβευε Χριστώ τω Θεώ, σωθήναι τας ψυχας ήμών

dimanche 12 novembre 2017

Fabian da Costa, « Le Mont Athos. Une expérience spirituelle »

Recension par Jean-Claude Larchet
Fabian da Costa, « Le Mont Athos. Une expérience spirituelle »


Fabian da Costa, Le Mont Athos. Une expérience spirituelle,
 Éditions Dervy, Paris, 2017, 351 p., nombreuses photos en couleur.


Fabian da Costa est un photographe professionnel reconnu, membre de l’agence Gamma Rapho, auteur d’une quarantaine de livres (dont les textes sont souvent dus à son épouse Anne) et de très nombreuses expositions. Orthodoxe, il s’intéresse aussi à toutes les formes de spiritualité, et a depuis quelques années plus spécialement concentré son objectif sur celles de l’Inde.
Ce bel ouvrage unit de magnifiques photos qu’il a prises à la Sainte Montagne à des textes de – ou sur des – spirituels athonites contemporains. C’est une reprises du Florilège du Mont Athos paru aux Presses de la Renaissance en 2005, mais avec d’importantes modifications qui lui donnent un tout nouvel aspect.
Les photos ont pour la plupart été reprises, mais sont passées du noir et blanc à la couleur. Quelques photos prises à l’époque mais qui n’avaient pas été intégrées à la première édition sont ajoutées ici. Ces photos témoignent, avec un grand talent artistique, de « moments de vie » monastique et des beautés variées d’une nature majestueuse.
Les textes présentent aussi quelques nouveautés. Précédés d’une préface de Bertrand Vergely intitulée « Photographier l’invisible » (qui souligne la difficulté de rendre perceptible aux yeux le mystère qui s’attache à la Sainte Montagne), inaugurés par un Prologue de Fabien da Costa, ils sont dus à des moines du Mont Athos: l’archimandrite Aimilianos, ancien higoumène de Simonos-Pétra, l’higoumène Basile d’Iviron, le hiéromoine Macaire de Simonos-Pétra, le moine Théotokis, du même monastère, et l’archimandrite Placide Deseille (qui réside en France mais dont le monastère est un métochion(dépendance) du monastère athonite de Simonos-Pétra.
Les trois premiers chapitres rappellent brièvement l’histoire de la Sainte Montagne, expliquent pourquoi elle est appelée « le jardin de la Mère de Dieu », évoquent le renouveau qu’elle a connu depuis les années 60 du siècle dernier, et exposent brièvement les principaux éléments de la vie qu’y mènent les moines.
Le chapitre 4 présente quelques grandes figures athonites du siècle dernier: saint Silouane, l’archimandrite Sophrony, le père Joseph l’Hésychaste, le père Ephrem de Katounakia, le père Porphyre et et saint Païssios.
Dans le chapitre 5, le père Théotokis, moine français de Simonos-Pétra rapporte, au sujet de spirituels moins connus mais qu’il a lui-même rencontrés au début de sa vie monastique lors de ses pèlerinages au Sud de l’Athos, des anecdotes où le pittoresque et l’humour se joignent à la richesse de l’enseignement spirituel.
Le chapitre 5 présente des histoires merveilleuses qui témoignent de l’action visible de la Providence divine envers les habitants la Sainte Montagne d’aujourd’hui comme d’hier.
Le chapitre 6 évoque le pèlerinage que moines et pèlerins font chaque année au sommet de l’Athos, que couronne une chapelle dédiée à la Transfiguration du Seigneur.
Le chapitre 7 reproduit un beau texte du Père Macaire (autrefois paru dans Le Messager orthodoxe) qui décrit les rapports du moine athonite avec la nature dans le cadre de ce que l’on peut appeler une « écologie spirituelle », laquelle implique repentir et ascèse, contemplation et amour.
Dans le chapitre suivant le père Macaire, de nouveau, évoque la lumière que la Sainte Montagne, centre de référence de la spiritualité orthodoxe, apporte au monde.
Le chapitre 10 est un profond exposé de l’archimandrite Aimilianos, ancien higoumène de Simonos-Pétra, sur la Prière de Jésus, qui est depuis toujours un élément essentiel de la vie monastique athonite.
Ce texte est relayé par un article de l’archimandrite Placide Deseille sur la prière personnelle dans les monastères orthodoxes.
Le chapitre 12 reprend un magnifique texte du père Basile (Gondikakis), higoumène d’Iviron, sur l’expérience monastique; ce texte est connu, car il s’agit d’un exposé qui avait été fait dans les années 70 au Congrès de Dijon de la Fraternité orthodoxe, et qui avait été publié par la revue Contacts, mais on le relit toujours avec la même joie, d’autant que le Père Basile y célèbre admirablement, mais sans le nommer, le Père Païssios qui était à cette époque son père spirituel et n’était pas encore connu du grand public.
Le chapitre 13 est une interview de l’archimandrite Élisée, actuel higoumène du monastère de Simonos-Pétra sur la paternité spirituelle, qui joue un rôle essentiel pour les fidèles orthodoxes en général et pour les moines en particulier.
Le dernier chapitre présente brièvement les vingt monastères de l’Athos (qu’une carte en début d’ouvrage permet de situer).
L’ouvrage se conclut par un beau texte d’Anne da Costa qui, restée à Ouranopolis pendant que son époux allait faire les photos, justifie l’avaton(interdiction faite aux femmes de pénétrer sur le territoire de la Sainte Montagne). L’Athos, fait-elle remarquer, ne dit pas non aux femmes ; « il dit oui à l’accueil d’un mystère que l’on peut refuser mais qui a beaucoup à dire si on veut bien l’écouter. Il apprend qu’il est possible de contempler une fleur et de ne pas la cueillir, que certains territoires peuvent se connaître justement par l’absence et le silence. Ne plus se croire le droit de tout voir, de tout savoir, parce que cela existe, et bien davantage encore, parce que c’est impossible – plus profondément aussi respecter la virginité en l’autre et en soi, pour que vienne au monde le Tout Autre, tellement plus important. »
On aura compris que cet ouvrage fort bien édité est aussi riche par ses textes que par ses illustrations. Ils expriment ensemble le caractère profondément vivant, à notre époque, de la spiritualité athonite et la place exceptionnelle qu’occupent ce lieu et cette institution dans le monde contemporain.

Jean-Claude Larchet

L’article Recension: Fabian da Costa, « Le Mont Athos. Une expérience spirituelle » est apparu en premier sur Orthodoxie.com.

mardi 3 janvier 2017

Sur orthodoxie.com : Rôle de l'ATHOS aujourd'hui par JC LARCHET

Jean-Claude Larchet: Le rôle prophétique du Mont-Athos dans le monde contemporain

La conférence de Jean-Claude Larchet « Le rôle prophétique du Mont-Athos dans le monde contemporain », donnée à Moscou le 21 septembre 2016 dans le cadre des célébrations des « Mille ans de la présence russe au Mont-Athos », vient d’être publiée en russe sur le site du Département synodal des monastères et du monachisme de l’Église orthodoxe russe et sur le site du Monastère de Sretenski Pravoslavie.ru, et en anglais sur ce dernier site et sur le site Orthodox Ethos. Nous en donnons ici la version française.

Le rôle prophétique du Mont-Athos dans le monde contemporain
Le monachisme n’est au fond qu’une façon de mener la vie chrétienne avec un engagement total dans le renoncement à ce monde et la consécration de soi à Dieu. Pour cela, le monachisme est partout le même, et chaque monastère, chaque skite ou chaque ermitage constitue un lieu privilégié, un centre de référence pour la vie monastique et pour la vie chrétienne. Pour une grande part, ce qui peut être dit du monachisme peut être dit du Mont-Athos, et ce qui peut être dit du Mont-Athos peut être dit du monachisme.
Pourtant le Mont-Athos est depuis longtemps un lieu fascinant, qui attire l’attention non seulement des Orthodoxes, mais de personnes appartenant à d’autres religions et même de non-croyants. En témoignent le nombre important de livres, d’articles consacrés au Mont-Athos, mais aussi le flux incessant de pélerins et de visiteurs venus du monde entier. Cette fascination n’est pas nouvelle, mais elle est sans aucun doute plus grande à notre époque que par le passé. Il y a à cela plusieurs raisons.
1) La première raison est que le Mont-Athos est une république autonome – et pour cela comme un pays – habité seulement par des moines et entièrement consacré à la vie monastique. Bien que chaque pays orthodoxe ait au moins une région qui regroupe plusieurs monastères, il n’y aucune autre région qui regroupe un nombre aussi important de monastères, de skites et d’ermitages, et qui constitue un pays gouverné par des moines, avec une vraie frontière qui le délimite par rapport aux pays ou régions environnants. C’est une zone protégée non seulement politiquement, administrativement et géographiquement (en étant une péninsule), mais aussi spirituellement, puisque le Mont-Athos est couramment appelé « Le jardin de la Mère de Dieu » et considéré comme un lieu qui lui appartient et où elle est particulièrement présente. Par le fait qu’il est un pays entièrement peuplé de moines, qu’il ne permet pas « la libre circulation des personnes » exigées par les lois européennes, n’accepte pas l’afflux des touristes et n’accepte pas non plus l’entrée des femmes, mais étend la clôture monastique à l’échelon d’un pays, le Mont-Athos est un pays pas comme les autres.
2) Deuxièmement, le Mont-Athos est un témoignage du Royaume déjà présent parmi nous.
C’est le lieu qui abrite les plus nombreuses et importantes reliques du monde orthodoxe. Ces reliques y rendent présents et actifs par leurs miracles presque tous les grands saints chrétiens.
Le Mont-Athos en tant que concentration monastique et lieu particulièrement propice à la sanctification a lui-même produit des milliers de saints, connus ou inconnus. Certains à notre époque ont un rayonnement mondial, comme saint Silouane, Joseph l’Hésychaste et ses disciples, ou saint Païssios. À travers ses nombreux saints du passé et du présent, le Mont-Athos apparaît, selon les paroles du Psalmiste, comme « la montagne fertile », « la montagne féconde », « la montagne où il a plu au Seigneur d’habiter » et où Il « habitera à jamais » (Ps 67, 16-17).
3) Le Mont-Athos est un rappel du paradis perdu et une annonce du Paradis retrouvé.
Ce n’est pas seulement à travers ses saints, mais en tant que lieu béni, institution sacrée que le Mont-Athos témoigne prophétiquement d’un autre monde qui donne son sens au monde actuel. Le Mont-Athos, encore appelé « Montagne Sainte », ou « Jardin de la Vierge », est une image du Paradis, un rappel du Paradis perdu par nos premiers parents, et une préfiguration symbolique du Paradis promis aux justes.
  1. a) Le Mont-Athos offre l’image d’une nature paradisiaque parce que, dans la variété des paysages qui s’échelonnent depuis le niveau de la mer jusqu’aux deux mille mètres où culmine la montagne Athos, ce sont de très nombreuses espèces végétales et animales qui vivent et constituent un microcosme résumant le monde entier. Une autre raison est que cette nature reste inviolée, préservée de l’exploitation économique et de la pollution technique. Sa seule existence dans notre monde moderne a une valeur exemplaire. Elle est un modèle d’écologie spirituelle ; elle témoigne de la sauvegarde de la création qui a été confiée à l’origine par Dieu à l’homme pour qu’il en use pour ses besoins, tout en en faisant un instrument de contemplation et d’action de grâce.
  2. b) L’espace du Mont-Athos témoigne de l’espace paradisiaque, et annonce l’espace du Royaume des cieux. À la différence de l’espace de tous les autres pays (réparti entre sacré et profane, voire même parfois entièrement profane), l’espace du Mont-Athos apparaît totalement sacré, non seulement par la présence d’une multiplicité de monastères, de skites, d’ermitages, d’églises et de chapelles, mais aussi parce qu’il est tout entier sanctifié par les saints qui le parcourent ou l’ont parcouru, l’ont rempli de la voix de leur prière, et l’ont baigné des énergies divines dont ils rayonnaient. Chaque fois que l’on marche sur un sentier du Mont-Athos, on a la certitude de mettre ses pieds sur les traces de saints qui nous y ont précédés. Beaucoup de lieux dans la nature gardent la mémoire d’apparitions du Christ, de la Mère de Dieu ou de saints. Il n’y a pas ici de monastère, de skite, d’ermitage, de chapelle, ni de source ou de fontaine dont la présence ne s’explique par une vision céleste ou par un miracle.
  3. c) Il faut dire quelques mots aussi sur la signification prophétique du temps athonite. L’une des choses qui matériellement frappent le plus le visiteur du Mont-Athos, et dans une certaine mesure le désoriente, c’est le changement d’heure. La plupart des monastères gardent l’heure byzantine, qui ne sert plus de référence que dans cet endroit du monde. Notre heure à nous, les moines l’appellent kosmiki ora : l’heure du monde. L’heure byzantine n’est pas une simple survivance des temps anciens ; elle témoigne d’une autre modalité du temps, d’un temps spirituel, sanctifié parce que entièrement consacré à Dieu, subdivisé et organisé pour répondre à Sa volonté. Symboliquement cela rappelle le temps paradisiaque et annonce le temps du Royaume.
4) Un quatrième point important est que la vie collective telle qu’elle est organisée dans l’ensemble du Mont-Athos et dans chaque monastère, constitue un appel à l’unité de tous les hommes, et un témoignage qu’une telle unité est possible dans le Christ. Dans un monde déchiré par les guerres, les nationalismes, les conflits ethniques, le racisme, ce témoignage et cet appel sont véritablement prophétiques.
Le Mont-Athos dans son ensemble témoigne depuis de nombreux siècles de la bonne entente de communautés d’origines ethniques différentes qui non seulement coexistent pacifiquement, mais vivent harmonieusement dans le lien de la charité.
C’est dans ce lien de la charité que la Sainte Communauté, constituée de représentants des principaux monastères, gouverne le Mont-Athos non selon les principes démocratiques du monde, mais dans l’esprit de la conciliarité (sobornost) chrétienne. Chaque monastère athonite en témoigne pareillement, étant dirigé par un Conseil des Anciens avec à sa tête un higoumène élu par les moines.
5) Comme cinquième point, on peut mentionner le rôle fondamental qu’a joué le Mont-Athos dans l’histoire de l’Orthodoxie et qui se révèle aujourd’hui peut-être plus que jamais d’une importance capitale : celui du maintien de la Tradition et de la défense de la foi orthodoxe. Il s’agit là encore d’un rôle prophétique, car le prophète est traditionnellement quelqu’un qui rappelle les hommes à la fidélité à Dieu et qui est un défenseur de la foi face à tout ce qui peut l’altérer ou la pervertir.
Dans un monde soumis à des changements de plus de plus nombreux et de plus en plus rapides, le Mont-Athos donne l’exemple d’un monde stable, immuable, à l’image du monde divin. Préservé de la soif de changement et du vertige du mouvement qui habitent les hommes vivant dans le monde, à l’abri de la pression sociologique qui porte à se conformer en tout point au mode de vie des sociétés modernes, les moines athonites conservent scrupuleusement les prescriptions canoniques, le typikon liturgique et le mode de vie ascétique que nos Pères se sont transmis de génération en génération.
Le maintien scrupuleux même des plus infimes traditions a été la condition pendant plus d’un millénaire d’une parfaite préservation la Tradition orthodoxe. Les moines athonites ont aussi grandement contribué à préserver la foi orthodoxe dans tous les moments difficiles de l’Histoire où elle était menacée, et le font aujourd’hui encore. Et ils jouissent toujours pour cela d’un prestige particulier et d’une grande autorité.
Le rôle prophétique de vigie et de phare que joue traditionnellement le Mont-Athos dans le monde orthodoxe pour rappeler aux gens quelle est la vraie foi est particulièrement important à notre époque où l’on peut observer un affaiblissement considérable de la conscience dogmatique.
6) Un sixième et dernier point est que le Mont-Athos contribue également, d’une manière fondamentale, à maintenir à la fois inchangée et vivante la spiritualité orthodoxe. Constituée par les moines de Palestine, de Syrie, du Sinaï et du Stoudion de Constantinople, les Pères athonites en sont devenus, à partir du XIIIe siècle, les principaux héritiers et dépositaires. Le Mont-Athos est devenu une référence absolue en matière d’ascétisme et de spiritualité, et a attiré de nombreux moines de tous les pays. Lors de leurs visites ou de leur retour dans leurs pays d’origine, ces moines ont contribué fortement à la diffusion de cette spiritualité. En particulier, le Mont-Athos a toujours été un centre de la pratique de la prière de Jésus et de la spiritualité hésychaste. Et c’est toujours à la Sainte Montagne que cette pratique a, si l’on peut dire, son centre.
Les Pères athonites ont comme tâche de le communiquer aux hommes d’aujourd’hui cet héritage séculaire et comme responsabilité de le transmettre aux générations futures. En cela aussi réside le rôle prophétique et eschatologique du monachisme athonite.
Jean-Claude Larchet

lundi 6 juin 2016

POUTINE À LA SAINTE MONTAGNE



"My understanding is that Russia has been resurrected as a Christian, morally principally country, perhaps the only one on earth. " Paul Craig Roberts

dimanche 3 avril 2016

L'opposition des moines du Mont Athos à l'œcuménisme par Geronda Placide Deseille



"On reproche souvent aux moines du Mont Athos leur opposition à l’œcuménisme, et on les accuse volontiers de sacrifier la charité à la vérité. Il nous fut aisé de constater, dès notre premier voyage, alors que nous étions encore catholiques romains et que la pensée de devenir orthodoxes nous était tout-à-fait étrangère, combien les moines de l’Athos savent allier une charité très délicate et pleine d’attentions envers les personnes, quelles que soient leurs convictions et leur appartenance religieuse, à l’intransigeance doctrinale. À leurs yeux d’ailleurs, le total respect de la vérité est l’un des premiers devoirs que leur impose la charité envers autrui.
Ils n’ont aucune position doctrinale particulière, et professent simplement la foi de l’Église orthodoxe : « L’Église est une. Cette Église une et vraie, qui garde la continuité de la vie ecclésiale, c’est-à-dire l’unité de la Tradition, est l’Orthodoxie. Admettre que cette Église une et vraie, à l’état pur, n’existe pas sur terre et qu’elle est partiellement contenue dans les différentes ‘branches’, ce serait (...) ne pas avoir foi en l’Église et en son Chef. »
Simplement, les Athonites tiennent à ce que cette conviction s’inscrive dans les faits. Ils ne peuvent approuver des comportements ou des paroles qui sembleraient impliquer une reconnaissance pratique de la théorie des « branches ». L’unité des chrétiens, qui leur tient à cœur autant qu’à quiconque, ne peut se réaliser que par accession des non-orthodoxes à l’intégrité et à la plénitude de la foi apostolique. Elle ne saurait être le fruit de compromis et d’efforts nés d’une aspiration humaine et naturelle à l’unité entre les hommes, qui ferait bon marché du dépôt confié à l’Église. En matière d’œcuménisme comme de vie spirituelle, l’attitude de l’Athos est faite de sobriété et de discernement. Il faut savoir filtrer aussi bien les élans de la sensibilité que les raisonnements de l’esprit, et surtout renoncer à « plaire aux hommes », si l’on veut plaire à Dieu et entrer dans son Royaume."

mercredi 18 février 2015

Une appli pour préparer votre pèlerinage à l'Athos sur votre smartphone ?

Une application orthodoxe pour smartphone réalisée en collaboration avec des moines athonites

Une application orthodoxe pour smartphone réalisée en collaboration avec des moines athonites

Une application gratuite pour smartphone vient d’être créÉe par une société de Thessalonique en collaboration avec des moines athonites.
Elle permet d’obtenir sur son smartphone, selon l’ancien ou le nouveau calendrier, des informations sur les saints du jour,  les fêtes religieuses et les jours de jeûne, ainsi qu’un apophtegme.
L’application a été créée par AST SA, une société basée à Thessalonique, avec l’aide des pères du monastère athonite de Pantocrator.
Cette application est pour le moment en langue grecque. Il est prévu de la développer dans d’autres langues et de faire évoluer son contenu en proposant chaque jour des textes spirituels.
L’application est disponible sur l’App Store pour iOS et Google Play pour les appareils Android.
Source

samedi 2 juin 2012

Le Protaton et les 20 monastères du Mont Athos, gravures sur bois par Georges Moschos


Protaton de Karyes
L'œuvre de George Moschos  (1906-1990) fait de lui l'un des artistes graveurs grecs les plus importants , il a consacré 21 gravures sur bois  au Protaton de Karyes et aux 20 monastères du Mont Athos qui ont été réunies en un album  paru en 1982 à la National Gallery.  Un prix de l'Académie d'Athènes lui a été décerné en 1983  pour cette œuvre.

Saint Monastère de Philotheou

Saint Monastère de la Grande Laure

saint monastère de Vatopédi

Saint monastère d'Iviron

Saint monastère de Hilandar

Saint monastère de Dionysiou

Saint monastère de Koutloumousiou

Saint monastère du Pantocrator

Saint monastère de Xiropotamou

Saint monastère de Zographou

Saint monastère de Dohiariou

Saint monastère de Karakallou

Saint monastère de Simonos Petra

Saint monastère de Saint Paul

Saint monastère de Stavronikita

Saint monastère de Xenophontos

Saint monastère de Grigoriou

Saint monastère d'Esphigmenou

Saint monastère de St Pantaleimon

Saint monastère de Kostamonitou




Georges Moschos (1906-1990)

Né en 1906 à Alexandroupolis.Pendant les guerres des Balkans, la famille a fui à Volos, où son père est mort en 1918. Ils sont retournés en 1919 à Alexandroupolis, où il a terminé l'école primaire et poursuivie ses études à l'école secondaire de Thessalonique.

Georges s'est découvert une vocation artistique, lorsque il a eu accompli son service militaire, il s'est rendu à Athènes pour étudier à l'École des Beaux-Arts. Mais en raison de difficultés financières, il a décidé de s'inscrire à l'Académie de police de la ville de Corfou. Après l'obtention de son diplôme il a obtenu un poste de policier à Athènes, où il a été alors en mesure de satisfaire son grand désir de s'occuper d'art. Après avoir réussi avec succès les tests de  l'École des Beaux-Arts il y est entré en 1928  et de 1931 à 1935, il a étudié dans le laboratoire de peinture et de gravure de Parthenis Kefallinia. Plus tard, il est allé pour parfaire sa formation à Londres et à Paris. Puis il a entamé une carrière de professeur de dessin et de décoration à l'école de Papastratio , un collège de filles à l'est de Thessalonique. Dans le même temps il a commencé la peinture et la gravure. Il a organisé trois expositions en solo, parmi lesquelles celle de 1978 à Alexandroupolis. Il a participé avec son oeuvre à de nombreuses expositions collectives et événements organisés des groupes artistiques aussi bien en Grèce qu'à l'étranger. [...]

L'artiste a reçu de nombreux prix en Grèce comme à l'étranger et ses œuvres ornent de nombreuses galeries collections privées. Georges Moschos a offert de nombreux services à sa ville natale, et en particulier lors de la célébration du centenaire de sa création (1878-1978). C'est lui qui a conçu le symbole d'Alexandroupolis, une combinaison du phare et de la cathédrale de Saint-Nicolas. Pour cette contribution, il a remporté la médaille de la ville. Il est décédé en 1990.
(Version française par Maxime le minime d'après les sources 1 
et l'aimable autorisation de Θεόδωρος Ορδουμποζάνης)

mardi 28 septembre 2010

ORTHODOXIE AFRICAINE

Les moines du Saint monastère d'Osiou Grigoriou de la Sainte Montagne ont fait un magnifique travail ! Gloire à Dieu !

Célébration pascale dans la cathédrale St Georges de Kolwezi qui du diocèse de la province du Katanga sous la juridiction du Patriarcat d'Alexandrie et de toute l'Afrique.

C'est un diocèse orthodoxe très actif , avec ses 105 paroisses, ses 40 prêtres et plus de 2000 jeunes qui fréquentent ses écoles ecclésiastiques, et qui a sa propre station de radio ecclésiastique entre autres choses. 1200 à 1500 personnes sont baptisées en moyenne par an.