Si quelqu'un, en effet, veut aimer la vie et voir des jours heureux, qu'il préserve sa langue du mal et ses lèvres des paroles trompeuses, qu'il se détourne du mal et fasse le bien, qu'il recherche la paix et la poursuive. 1 Pierre 3:10-11 Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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dimanche 7 avril 2024

L'utilisation politique des canons (ecclésiastiques) n'est “que“ cela : non canonique.


À la suite de l'agression financée par les États-Unis de Constantinople contre l'Église russe en Ukraine, commencée en décembre 2018, la crise entre les Églises orthodoxes locales se poursuit. L'Église russe est en rupture de communion avec Constantinople et plusieurs Églises grecques, ou des parties d'entre elles, et tout cela pour des raisons purement politiques. De plus, cette division ukrainienne entre Moscou, 70% du monde orthodoxe, et Constantinople, l'un des plus petits mais aussi le plus prestigieux des patriarcats du monde orthodoxe, qui a suivi la division en Estonie il y a trente ans, s'est maintenant également étendue à la Lituanie.

Pendant ce temps, Moscou et sa branche schismatique et sectaire incontrôlable ROCOR, qui n'a toujours pas été appelée à rendre des comptes pour avoir rompu la communion avec la branche ouest-européenne de Moscou, encore une fois pour des raisons politiques, tentent de s'imposer. Le marais n'a pas été drainé. Tout cela signifie "imposer" leur autorité compromise contre certains de leurs pasteurs les plus âgés en utilisant les canons politiquement! Le résultat est que tous leurs pasteurs non canoniquement "défroqués", ceux qui ont de l'intégrité et des principes, sont emmenés dans d'autres patriarcats, notamment à Constantinople.  L'utilisation politique des canons n'est que cela – non canonique. Ceux qui font cela se soumettent à une punition canonique et spirituelle.

En conséquence de tout cela, la situation en Afrique est épouvantable, avec l'Église divisée en deux et le Patriarcat d'Alexandrie qui "défroque" les Africains pauvres. Les pauvres orthodoxes africains, privés de tout, sont devenus des pions politiques entre Moscou et Alexandrie. Il y a encore une paix difficile entre les patriarcats de Jérusalem et d'Antioche. Maintenant, il y a des tensions entre les patriarcats de Moscou et de Bucarest au sujet de la juridiction canonique des Églises orthodoxes en Moldavie, Moscou ayant à nouveau "défroqué" de nombreux membres du clergé pour des raisons purement politiques, comme également en Lituanie et en Russie. L'Église roumaine les accepte tous, ignorant l'abus des canons, tout comme Moscou ignore le même abus en Afrique et ailleurs.

Tous ces arguments et divisions concernent le territoire. Cela a longtemps été le cas dans la diaspora d'Europe occidentale, des Amériques et d'Australie. Tout ce qui s'est passé, c'est que d'autres territoires, l'Ukraine, l'Afrique et les pays baltes, ont été ajoutés à la liste contestée de la diaspora. Car là où il y a des Églises sur un territoire, il y a des revenus. En d'autres termes, toutes ces histoires sordides concernent de l'argent sordide. Et l'argent, c'est le pouvoir. Tout comme Judas a vendu Christ pour de l'argent et du pouvoir, alors maintenant ils font de même. Les gens simples, les familles, le clergé et les moines, sont tous trahis par ceux qui sont censés être des guides spirituels!! Que faut-il faire?

Le 17 mars 2024, deux lettres de Sa Béatitude l'archevêque Anastase d'Albanie ont été publiées. Celles-ci ont été écrites au Patriarche Théodore d'Alexandrie concernant l'activité de l'Exarchat africain de l'Église orthodoxe russe sur le territoire canonique du Patriarcat d'Alexandrie. La première lettre date du 7 février 2023, la seconde du 14 mars 2024. En véritable archipasteur, l'archevêque Anastasios prend une position de médiateur, offrant à la fois soutien et critique si nécessaire. Il s'est toujours opposé à l'ingérence de Constantinople dans l'Église ukrainienne canonique et à la création d'un groupe de gangsters appelé "Église orthodoxe d'Ukraine".

L'Archevêque Anastasios a également écrit aux hiérarques persécutés de l'Église orthodoxe ukrainienne, les assurant de son soutien dans la prière contre les gangsters de Constantinople. Cependant, il a également déclaré au patriarche Cyrille de Moscou qu'il ne soutenait pas la décision du Synode russe de rompre la communion avec Constantinople. En février 2023, l'archevêque Anastasios a déclaré clairement ‘" L'incursion du Patriarcat de Moscou en Afrique (faite pour se venger de ce que Constantinople avait fait en Ukraine) était clairement une action anti-canonique inacceptable, sapant l'unité et le travail missionnaire de l'Église orthodoxe. Ce que vous décrivez en détail confirme qu'un schisme clair se déroule au sein de l'orthodoxie".

Dans le même temps, l'Archevêque a déclaré au Patriarche Théodore: "Notre longue expérience ecclésiale et notre engagement théologique confirment que la tactique des représailles, aussi justifiée qu'elle puisse paraître, ne résout pas les problèmes; au contraire, la prolongation du conflit approfondit les blessures. Ce qu'il faut, c'est la thérapie de réconciliation et de résolution". Comme l'archipasteur l'a fait à plusieurs reprises depuis 2018, il appelle à nouveau à un Synode panorthodoxe pour résoudre les problèmes en Ukraine et en Afrique.

Sa lettre de mars de cette année reprend les mêmes points ‘ " Nous ne sommes clairement pas d'accord avec la démonstration de puissance de la part du Patriarcat de Moscou, en particulier dans le domaine sensible de la mission en Afrique. Nous considérons clairement que de telles méthodes sont inacceptables et condamnables. De même, nous ne sommes pas d'accord avec l'adoption d'une mentalité et de méthodes de réaction similaires – avec les dépositions des hiérarques et la création d'un climat de tension entre les Églises orthodoxes dans les médias. Le 16 février 2024, le Synode d'Alexandrie a décidé qu'il "défroquait" l'évêque Konstantin de Zaraisk, le deuxième Exarque africain de l'Église russe. Le Synode avait déjà décidé de "défroquer" le premier Exarque, le métropolite Léonide de Klin, en novembre 2022 en plus de deux prêtres russes en février 2022. (Metr Leonid a depuis été défroqué par Moscou lui-même, comme tant de ses évêques récents, mais c'est une autre histoire...).

Les actions unilatérales n'offrent rien à l'unité de l'Église, dit l'Archevêque. ‘Les problèmes qui se sont posés ces dernières années, en raison de la fin de la communion eucharistique entre les patriarcats orthodoxes, ne peuvent être résolus par des décisions et des annonces unilatérales". Encore une fois, il appelle à un Concile de toute l'Église orthodoxe. De cette manière, Sa Béatitude résume les opinions de centaines d'évêques orthodoxes politiquement libres, en Albanie, Roumanie, Antioche, Serbie, Bulgarie, Pologne, Géorgie et dans d'autres Églises locales, et en fait les opinions de la grande majorité des membres de l'Église et du clergé.

Assez, c'est assez. Qu'ils arrêtent de faire des choses pour des raisons politiques et nationalistes, qu'ils fassent ce qu'ils font pour des raisons ecclésiastiques. Dans les territoires contestés, des politiciens éclairés permettent aux gens de choisir eux-mêmes à quel pays ils veulent appartenir. C'est ce qu'on appelle l'autodétermination. Pourquoi ne pas appliquer le même principe aux territoires qui sont en litige entre Églises, comme la Moldavie? De telles questions peuvent être débattues dans un Conseil libre. La voie Royale interorthodoxe, c'est-à-dire la voie conciliaire et catholique est la seule voie. C'est la voie multilatérale et multipolaire, et non unilatérale et unipolaire.

Après la fin de la guerre par procuration des États-Unis en Ukraine avec l'inévitable victoire russe, la situation de l'Église là-Bas devra être résolue par l'octroi de l'autocéphalie à l'Église orthodoxe ukrainienne. Son futur territoire sera défini par le prochain accord de paix entre Moscou et Kiev. L'État russe a gagné la guerre là – bas, mais cela signifie seulement que l'Église russe devra être magnanime dans la victoire et faire ce qui aurait dû être fait il y a plus de trente ans: accorder à l'Église de la Nouvelle Ukraine l'autocéphalie-une indépendance totale. Sinon, leurs églises en Ukraine seront vides et en faillite.

La désoviétisation, c'est-à-dire la décentralisation, de l'Église russe est inévitable. Cela ne concerne pas seulement l'Ukraine, mais ailleurs, dans les républiques nées de l'URSS qui se sont effondrées en 1991 non pas à cause d'une victoire mythique de l'Occident, mais à cause de son économie défectueuse. Alors que la nouvelle génération qui a grandi après l'effondrement de l'URSS arrive à l'épiscopat russe, tout va changer et le cauchemar centralisateur à l'ancienne prendra fin de toute façon. L'Église russe, comme l'Église de Constantinople, devra revenir au courant dominant, la Voie Royale. Ensuite, le schisme de Constantinople peut également être résolu et les schismatiques, qu'ils soient russes ou grecs, appelés à rendre des comptes. Tout cela confirme que chaque division dans l'Église est toujours causée par la politique, par ce monde. Il n'y a rien de spirituel dans tout cela. C'est sordide.

source le 2 avril 2024, 
par Père Andrew.


 

jeudi 11 avril 2019

LA FONCTION SPÉCIFIQUE DE L’ÉGLISE DE ROUMANIE À L’INTÉRIEUR DE L’UNITÉ ORTHODOXE [1]

LA ROUMANIE, PATRONNE DE L’ORTHODOXIE


La propagation de l’hésychasme vers les terres slaves et roumaines au XIVe siècle fut surtout le résultat des relations que ces pays orthodoxes entretenaient avec les centres de rayonnement hésychaste, à savoir le Mont Athos et la Bulgarie. Aux siècles suivants, les pays roumains diversifièrent leurs relations avec les pays de tradition orthodoxe, embrassant tout l’Orient orthodoxe, du fait notamment de sa soumission aux Turcs. De façon constante jusqu’à la deuxième moitié du XIXe siècle, les princes roumains, de par la générosité de leur soutien matériel des orthodoxes sous domination musulmane, s’avérèrent les successeurs tant des basileis byzantins que des tsars serbes et bulgares. Au-delà de l’aspect matériel de ces relations, on devrait voir une « véritable interaction grâce à laquelle l’Église et les pays roumains prennent conscience de leur place et affirment leur fonction spécifique à l’intérieur de l’unité orthodoxe». C’est grâce à la protection matérielle accordée par les voïévodes roumains à tout l’Orient orthodoxe que les échanges spirituels les plus variés ont pu se nouer et se développer entre les Églises et les monastères valaques et moldaves et les Églises, monastères et lieux saints, en particulier l’Athos, Jérusalem et le Sinaï.

Après la chute de la ville impériale de Constantinople en 1453, l’espoir des patriarches œcuméniques se dirigea vers les pays roumains, seuls restés libres dans leur proximité immédiate. C’est ainsi qu’aux XVIe et au XVIIe siècles, presque tous les patriarches œcuméniques, accompagnés de prélats et de moines, firent des voyages, parfois des mois durant, en Valachie et en Moldavie, en quête de subsides ou même, pour certains d’entre eux, pour y demeurer, ayant perdu leur trône. Ainsi, le premier patriarche après la chute de Constantinople à résider en Valachie (1486-1488 et 1496-1498), comme métropolite de l’Église de Valachie, fut saint Niphon II (11 août). Moine du Mont Athos, hésychaste renommé, maître et père spirituel de Neagœ Basarab, futur voïévode de Valachie, Niphon fut déposé deux fois comme patriarche de Constantinople avant d’être invité par le voïvode de Valachie, Radu le Grand, de prendre la direction de l’Église de Valachie. Là, il réorganisa la vie ecclésiastique du pays, créant deux nouveaux diocèses, avant de se retirer à la Sainte Montagne, où il mourut en 1508. Il fut canonisé en 1517 sur l’insistance de Neagœ Basarab, l’un des princes roumains les plus généreux envers tout l’Orient chrétien.


En 1641, le voïévode moldave Vasile Lupu, «protecteur de toute l’Église œcuménique et successeur très digne des basileis byzantins», paya toutes les dettes du patriarcat (une somme très importante) et institua une commission spéciale pour gérer ses affaires financières. Par sa grande générosité et son autorité, Vasile Lupu exerça un fort ascendant sur toute l’Orthodoxie soumise aux Turcs.

Parmi les patriarches les plus connus de Constantinople qui firent de longs séjours dans les pays roumains, mentionnons Cyrille Lukaris, Athanase Patellaros, Parthène IV (mort à Bucarest après 1688) et Denys IV, hiérarque érudit, qui oignit comme voïévode de Valachie Constantin Brancoveanu. Reconnaissant le rôle exceptionnel que la Valachie joua pour la sauvegarde des peuples orthodoxes soumis par les Turcs, le patriarche Sophrone octroya en 1776 au métropolite de Valachie Grégoire II et à ses successeurs le titre honorifique de locum tenens du siège de Césarée de Cappadoce. Les liens tissés avec «1’Église-mère» de Jérusalem par les pèlerinages de fidèles et de moines roumains au Saint Sépulcre datent de temps immémoriaux. La vie érémitique aux déserts de la Palestine servit même de modèle pour le monachisme roumain primitif. Plus tard, des liens formels se nouèrent entre la Valachie et le patriarcat de Jérusalem, au temps du voïévode Neagœ Basarab (1512-1521), qui fit de grands dons à l’église de Sion et aux églises environnantes. Les «princes de Valachie» contribuèrent à la restauration du monastère de Saint-Sabbas à Jérusalem au début du XVIe siècle. Les XVIIe et XVIIIe siècles virent se multiplier les voyages et les séjours des patriarches de Jérusalem dans les pays roumains. Ainsi le patriarche Théophane (1607-1644) fit quatre voyages en Moldavie, et chaque fois il reçut, soit des monastères, soit des terres dédiés au Saint Sépulcre, soit même, en 1632, de la part du prince Vasile Lupu, le paiement de toutes les dettes de son patriarcat. C’est la raison pour laquelle un de ses successeurs, le patriarche Dosithée (1669-1707), disait que «depuis la chute de Constantinople, aucun basileus ou seigneur n’a fait un plus grand bien au siège patriarcal de Jérusalem» que ce prince roumain. Quant à l’érudit patriarche Dosithée, qui exerça son ministère pendant presque quarante ans, on pourrait dire que « sa véritable résidence était à Bucarest et à Jassy, et nullement à Jérusalem», qu’« il fit des pays roumains un deuxième siège du patriarcat de Jérusalem». À l’exemple de leurs précurseurs, tous les autres patriarches de Jérusalem des XVIIe et XVIIIe siècles visitèrent les pays roumains et entretinrent avec eux des rapports étroits.

Il en va de même des patriarches d’Alexandrie et d’Antioche : pendant de longs siècles ils entretinrent des relations étroites avec les pays roumains et y effectuèrent de fréquents voyages. Le fameux patriarche d’Alexandrie, Cyrille Lukaris, qui séjourna plusieurs années en Valachie et en Moldavie, fut très attaché au peuple roumain et s’intéressa au sort des Roumains de Transylvanie opprimés par les calvinistes. Il répondit, en 1629, au prince Gabriel Bethlen, qui demandait son appui pour la conversion des Roumains au calvinisme, que son projet ne réussirait pas en raison des «liens de sang et de sentiments qui unissent tous les Roumains»; quant à lui, «le consentement reconnu ou tacite à cette action serait de notre part un péché que tous les supplices du monde ne pourraient racheter». L’un des patriarches d’Antioche les plus célèbres au XVIIe siècle, Macaire III Zaim, entreprit un long voyage dans les pays roumains ainsi qu’en Russie, entre 1652 et 1659. En Valachie, où régnait Matthieu Basarab, et en Moldavie, Basile Lupu, le patriarche fut accueilli partout avec les plus grands honneurs et reçut des dons importants pour son Église. Un autre patriarche d’Antioche, Sylvestre le Chypriote (1724-1766), séjourna cinq ans dans les pays roumains. Les rapports des pays roumains avec la Sainte Montagne représentent le chapitre le plus important dans l’histoire des relations de ces pays avec l’Orient orthodoxe. Pendant cinq siècles, la république monastique de l’Athos jouit des plus grandes faveurs de la part des voïévodes et des hiérarques valaques et moldaves. Ainsi à peine saurait-on trouver sur l’Athos, à partir du XIVe siècle et jusqu’au XIXe siècle, un coin de terre ou une époque qui ne porte pas les marques de la générosité fervente des Roumains.

Gravure de Moschos Georgios (1906 - 1990)
Suite à la reconstruction du monastère athonite de Koutloumousiou au XIVe siècle aux frais des voïévodes valaques et à l’installation dans cette laure des premiers moines roumains, les égards des voïévodes valaques envers Koutloumousiou ne cessèrent pas: le monastère fut considéré, pendant cinq siècles, comme «la grande Laure de la Valachie». Parmi les autres monastères athonites qui bénéficièrent d’une faveur particulière de la part des princes roumains figure la Grande Laure de saint Athanase, reconstruite par le prince Neagœ Basarab, qui lui accorda également une aide annuelle, et Matthieu Basarab y bâtit l’église de saint Michel le Confesseur. 

Neagœ Basarab

Neagœ Basarab rénova aussi le monastère de Dionysiou entre 1512 et 1515. Et après la canonisation en 1517 de son père spirituel, le patriarche Niphon II, qui vécut ses dernières années à Dionysiou, Neagœ y fit construire une chapelle sous le vocable de saint Niphon. En 1534, un incendie ayant détruit cette église, elle fut reconstruite aux frais de Pierre Rares de Moldavie. Le monastère de Dochiariou fut entièrement rebâti aux frais du prince Alexandre Lâpusneanu (1552-1568). Neagœ Basarab rebâtit partiellement le monastère de Vatopédi, et y fit construire une église sous la protection de la Mère de Dieu. Les monastères de Grigoriou et de Zographou comptent Étienne le Grand parmi leurs fondateurs, et Simonos Petra, Michel le Brave. L’église du monastère de Saint Pantéléimon fut rebâtie entre 1812 et 1819 aux frais de Scarlat Calimachi, prince de Moldavie. Outre ces quelques exemples d’églises et de monastères athonites construits ou reconstruits par les voïévodes roumains, il faut mentionner les innombrables dons en argent, en icônes et en objets de culte, à toutes les communautés de la Sainte Montagne.


Parallèlement à ces dons, l’assistance roumaine au Mont Athos revêt, à partir du XVIe siècle, une forme typique, celle des «monastères dédiés». Ainsi des dizaines de monastères, skites ou églises roumains, avec leurs propriétés, furent-ils soustraits à l’autorité de l’évêque local et mis sous la protection des monastères athonites. Cette situation, qui devait durer jusqu’à la deuxième moitié du XIXe siècle, favorisa les relations spirituelles avec la Sainte Montagne. En effet, une telle situation attira en Roumanie «de nombreux moines étrangers, facilitant les échanges de livres et de manuscrits, orientant les influences spirituelles, iconographiques et artistiques, maintenant vivants l’unité de la tradition spirituelle et le lien entre les Églises». Ces échanges sont toujours allés dans les deux sens. Comme le constata l’historien Porfiri Uspenski: «Aucun autre peuple n’a fait autant de bien à l’Athos que les Roumains».

La générosité des princes roumains se manifesta également envers les monastères des Météores, de Janina, du Péloponnèse, de Halki, Paros, Rhodes et même de Chypre.

UN PRINCE HÉSYCHASTE: NEAGŒ BASARAB



La littérature patristique et d’inspiration hésychaste arrivée en Roumanie par le biais des relations multiples avec le Mont Athos, avec les anciens centres de culture orthodoxe, ainsi qu’avec la Russie, trouvera dans les monastères roumains le milieu idéal pour une vigoureuse éclosion. À partir du XVe siècle, les grands monastères deviennent de véritables écoles de copistes, où les documents patristiques en slavon (langue officielle et de culture jusqu’au XVIIIe siècle) seront multipliés et répandus non seulement à travers le monachisme roumain, mais souvent au-delà du Danube, dans le monde bulgare et serbe.

Cependant les Roumains ne se sont pas bornés à copier les manuscrits patristiques arrivés dans leur pays; il existe, du XVe au XVIIe siècle, une littérature originale, écrite sur le sol roumain par des moines et des laïcs. Le chef-d’œuvre littéraire et théologique de cette époque, Les enseignements de Neagœ Basarab à son fils Théodose, représente une «synthèse magistrale de la culture médiévale roumaine et la première création de valeur universelle de cette littérature». Bien que les sources historiques concernant la personne de voïévode de Valachie Neagœ Basarab (1481-1521) soient assez pauvres, sa personnalité est clairement mise en lumière par ses œuvres exceptionnelles. L’histoire et la culture médiévales roumaines montrent Neagœ comme «un bienfaiteur hors pair de l’Orthodoxie, aussi bien en Valachie et dans les autres pays roumains que dans tout l’Orient et le monde slave du sud», le plus grand bâtisseur d’églises et de monastères du XVIe siècle, «ami des lettres» et «homme de culture». La Roumanie lui doit un nombre impressionnant – vu la brièveté de son règne – d’œuvres d’architecture. Pour le Mont Athos, il est le «grand bienfaiteur de toute la Sainte Montagne», et les églises de Constantinople, du Sinaï, de Jérusalem et de Serbie le comptent parmi leurs «fondateurs». Neagœ Basarab a légué à la postérité deux monuments des plus remarquables: le célèbre monastère de Curtea de Argei, et un ouvrage savant, les Enseignements à l’intention de son fils Théodose: une «cathédrale de pierre» et une «cathédrale littéraire», qui se reflètent réciproquement. Pour la majestueuse et élégante église de Curtea de Argei (dont une fresque représente le fondateur dans toute la magnificence d’un basileus byzantin), ses contemporains le louaient à l’égal d’un nouveau Justinien, comparant son église à Sainte-Sophie de Constantinople. Par ses Enseignements, il prit aux yeux de la postérité la stature d’un «patriarche des voïévodes roumains», d’un législateur qui codifia les conceptions politiques et religieuses de son temps et la conduite d’un prince chrétien. Neagœ Basarab fut profondément influencé dès sa jeunesse par la spiritualité monastique; d’ailleurs, toute son époque était dominée par la spiritualité hésychaste. Le futur voïévode avait effectué dans ses jeunes années de longs séjours parmi les moines de Bistrita, foyer de culture monastique, semblable en importance à celui de Neamts en Moldavie. L’ex-patriarche de Constantinople, saint Niphon, hésychaste connu, fut son pédagogue et son père spirituel. Que Neagœ Basarab ait essayé lui-même de réaliser le type d’un monarque hésychaste n’est pas surprenant: à l’époque, boyards, mères, épouses et filles de voïévodes quittaient leur famille pour revêtir l’habit monastique. Despina, la femme de Neagœ Basarab prit elle aussi le voile monacal après la mort du voïévode en 1521.

Les Enseignements s’inscrivent dans la ligne de la spiritualité de saint Nicolas Cabasilas, une spiritualité hésychaste «adaptée» à des laïcs. Neagœ Basarab croit donc à la possibilité pour chacun d’atteindre la perfection chrétienne sans quitter le monde et sans se retirer dans la solitude, tout en exerçant ses propres fonctions, depuis le voïévode jusqu’au plus humble de ses sujets. Au terme d’une vie pourtant courte, déjà affaibli par la maladie et voyant sa mort proche, le pieux voïévode voulut laisser à son fils et à la postérité un guide de conduite, qui soit comme un testament reflétant l’expérience de sa propre vie, au cours de laquelle il s’est efforcé «non seulement de gouverner son royaume, mais aussi d’aimer le Seigneur de toute son âme par des bonnes œuvres». Si la première partie de son livre est adressée spécialement à Théodose et à ceux qui lui succéderont à la tête de l’état, leur présentant les grandes lignes de sa conception de la monarchie de droit divin, dans la deuxième partie les thèmes se multiplient, et en sa qualité d’«oint de Dieu», le voïévode s’adresse à tous, mû par un grand amour. Ce qui l’intéresse le plus, c’est que chacun vive selon la volonté de Dieu, en conformité avec ses commandements qui conduisent à la perfection personnelle et au salut éternel.

Œuvre au contenu essentiellement spirituel et moral, les Enseignements fondent leur argumentation sur une théologie biblique et patristique dans la ligne la plus fidèle à la tradition orthodoxe; l’auteur puise abondamment dans l’Ancien Testament, dans les Évangiles et les Pères de l’Église. Certaines sentences de l’auteur, témoignant d’une haute expérience spirituelle, mériteraient d’être insérées dans une collection philocalique.


Extrait d'un article paru dans la revue «LUMIERE DU THABOR» n° 27

... Suite du document dans un prochain post...

samedi 2 mars 2019

Le Dieu occidental est mort et enterré, mais le Dieu vivant et vrai est de retour


PÈRE ANDRÉ PHILLIPS

Notre Dieu est un feu dévorant (Heb. 12, 29)

Je vénère et adore le Dieu vivant et vrai qui a créé toutes choses(St Alban de Verulamium)



Introduction: Les funérailles du Dieu occidental sont terminées

Les funérailles longues de mille ans du dieu occidental sont terminées. Ce qui est clair pour tout le monde. Il est vrai que de très petits groupes de personnes âgées se pressent encore dans les églises qui survivent , vrai que d'autres bâtiments sont remplis avec des foules qui se balancent en frappant joyeusement des mains – qui en réalité, ne fréquentent pas les églises, mais qui sont plutôt amateurs de spectacles de divertissement à l’américaine. Ainsi, les anciens bâtiments d'église sont devenus des clubs de fitness, des restaurants et des centres commerciaux pour le culte et le « bien-être » du corps. On dit aux gens de « se gâter et de prendre soin d'eux », parce que « vous le valez bien », avec des entraîneurs personnels, des coachs de vie, des centres de loisirs, des spas, des bains à remous, des jacuzzis, des salons de beauté, des salons de massage, de la chirurgie esthétique, des restaurants gastronomiques gérés par «chefs célèbres et des gastropubs avec du « bon vin ». Les impuretés physiques de toutes sortes doivent être purgées - devenez végétalien et mangez sans gluten; quant à l'impureté spirituelle, il n'en a jamais été question. Cependant, toutes sortes de superstitions irrationnelles sont disponibles pour le bien-être mental; Pleine conscience, gourous, astrologie, cristaux magiques, feng-shui, étreinte d’un arbre – tout  est bon, à condition que ce soit à la mode. Ainsi, tous les Occidentaux sont devenus des "fashion victims". Mais comment le monde occidental (et occidentalisé) en est venu à tuer son propre dieu?

Un peu d'histoire

Après que le monde occidental a refusé et a ensuite perdu la connaissance du vrai Dieu il y a mille ans, il lui a substitué son propre Dieu rationaliste et scolastique. Ce dieu de substitution, représenté par un homme occidental appelé « le Vicaire du Christ », de qui, selon eux, découle toute autorité, a été idolâtré pendant des centaines d'années. Cette idolâtrie est advenue parce qu’il a justifié toutes sortes d'agression occidentale, des massacres en Europe occidentale (sud de l'Italie, Angleterre, Ibérie, Pays de Galles, Sud de la France, Irlande) aux « croisades », des Inquisitions aux génocides impitoyables des « explorateurs » occidentaux (en fait plutôt des pirates et des voleurs et des meurtriers) comme Colomb, De Gama et Cortez. Après quelques siècles l'autorité du Dieu de l’occident inventé par lui-même a été étendu à d'autres, « démocratisé », et ceci a justifié le pillage et la rapine de la planète en dehors de l'Europe occidentale, avec les empires coloniaux, les révolutions violentes en Angleterre, en France et en Russie (y compris ce qu’on appelle la « Révolution industrielle »), les guerres mondiales, l'Holocauste des Slaves (30 millions de morts), la bombe atomique et l'invasion et le génocide en Irak (soi-disant "dictés" à George Bush par le dieu occidental)

La nature de la civilisation occidentale

Ainsi, on peut dire que l'essence de la civilisation occidentale est le culte de soi, le culte de l'homme occidental, qu'il appelle l'humanisme. Après la Réforme ce culte a été, comme nous l'avons dit, progressivement étendu au cours des siècles au nom de « l'égalité », d'un homme occidental à tous les riches hommes occidentaux, puis plus tard des riches hommes occidentaux aux pauvres hommes occidentaux, des hommes occidentaux aux femmes occidentales et, beaucoup plus récemment, des hommes occidentaux à toute personne de toute couleur, race, religion et « orientation sexuelle », à condition qu'ils acceptent le laïcisme inhérent à la « civilisation » occidentale. Par conséquent, aujourd'hui, le monde occidental n'a plus besoin d'un dieu pour se justifier ; il est son propre dieu. Cela a déjà été reconnu très clairement par les intellectuels du XIXe siècle comme Darwin et Nietzsche, qui a ouvertement proclamé que le "dieu occidental » était mort. Aujourd'hui, cela est répété par des intellectuels spirituellement vides comme Dawkins, qui proclame sans cesse que Dieu est un mythe. Et il a raison: le dieu occidental, proclamé il y a 1000 ans, est en effet un mythe, mais ce Dieu-là n’a aucun rapport avec le Dieu vivant et vrai, proclamé par le saint orthodoxe occidental , Alban, martyrisé par les païens occidentaux pour avoir fermement proclamé cela il y a plus de 1700 ans.

La prétentieuse et arrogante proclamation de Dawkins est vraie, mais elle est aussi suicidaire. En effet, depuis que le dieu occidental – rempli  de colère, vengeur, aux préjugés raciaux, partisan, puritain, persécuteur, rancunier, punisseur, militariste et tout simplement mauvais lorsqu’il aime voir les victimes de la mort – est   mort, cela signifie que sa propre civilisation occidentale est morte, ne pouvant servir que de musée. Car ce fut ce dieu à l’esprit répugnant qui est à l'origine de la civilisation occidentale post-chrétienne après 1054. Car avec son soi-disant « athéisme », Dawkins se condamne lui-même et tout ce qu'il représente. Ses « valeurs occidentales » ne sont que l'ultime et le plus logique développement de ce dieu inventé par la  civilisation occidentale, elle-même. Cet athéisme, la croyance en soi, n'a pas permis de progrès, mais seulement un retour à l'ancien paganisme, comme chez les mondialistes Romains, qui croyaient en toutes sortes de dieux, sauf dans le vrai Dieu vivant. Les nouveaux dieux d'aujourd'hui sont tout simplement les anciens dieux païens ranimés. Les « valeurs occidentales » signifient ne croire en rien. Les valeurs chrétiennes proclament la foi en quelque chose, le Dieu vivant. Cependant, il n’est que quelques personnes occidentales pour avoir été capables de sortir du « délire » (c’est le mot de Dawkins) de la bulle d’auto-justification de leur « civilisation » pour comprendre et accepter le Christ.


Pourquoi? Parce que le repentir est beaucoup trop difficile pour eux ; l’auto-justification est beaucoup plus attrayante. Ainsi, seulement quelques occidentaux (bien que ce soit assez évident pour ceux qui se trouvent en dehors de la civilisation occidentale ethnocentrique) ont jusqu'à présent réalisé que le monde occidental n'a pas enterré le vrai Dieu, mais tout simplement son faux dieu occidental, son idole depuis plus de mille ans. Les Occidentaux, qui, étonnamment, se disent « athées » (ce qui signifie seulement qu'ils ne croient plus dans le mythe occidental de Dieu) doivent être prévenus : Le Dieu véritable n’est pas mort et enterré, mais vivant et agissant et il est de retour. Son retour vient du Saint-Esprit, qui « souffle où il veut » et qui a renoué les inspirés en Occident avec la Civilisation orthodoxe. Cette civilisation est tout à fait différente de la civilisation occidentale laïciste parce qu'elle est  vraiment chrétienne, alors que la civilisation occidentale a cessé de plus en plus de l'être depuis mille ans. Pour trouver une civilisation occidentale qui a été chrétienne, il faut revenir mille ans en arrière, autrement dit, revenir à une époque où il n'y avait pas une chose telle que la « civilisation occidentale », quand l'Europe occidentale était tout simplement une petite, provinciale et peu développée partie de la chrétienté orthodoxe, dont le centre était et est en Orient, près du Christ.

La tentative de détruire la civilisation orthodoxe

L'essence de la civilisation orthodoxe est le vrai Dieu vivant et son orientation est céleste, et non une quelconque auto-idolâtrie occidentale, dont l’orientation est infernale. Au cours des cent dernières années, en particulier (bien que cela ait été manifestement évident depuis 1054 ou 1204), nous avons vu comment la civilisation occidentale a essayé de détruire la civilisation orthodoxe, usurpant l'empereur chrétien, quand il était près de la victoire dans la Grande guerre commencée par l’Occident en 1917 et peu de temps après a soudoyé le Patriarcat de Constantinople en le réduisant en esclavage. Il a même forcé le Patriarcat affaibli, et tous les autres qui étaient si faibles qu'ils le suivirent, à abandonner le calendrier chrétien! Ainsi, les événements schismatiques en Ukraine des dernières semaines, activement et ouvertement soutenus par les ambassadeurs américains et britanniques à Kiev et à Athènes, ne sont que les derniers résultats de la tentative millénaire de la civilisation occidentale de diviser pour régner, et éventuellement , comme ils l’espèrent, détruire et vaincre la civilisation chrétienne. Le centre de cette civilisation chrétienne a, pendant des siècles et à aucun moment plus que maintenant, été l'Église orthodoxe russe. C’est la raison pour quoi nous lui appartenons, la défendant contre tous et confessant sa foi sans hésitation.

Conclusion: L'avenir

Aujourd'hui, l'Église orthodoxe russe est comme toujours soutenue par tous les autres fidèles orthodoxes, en particulier ceux du Patriarcat d'Antioche et les Églises orthodoxes serbe, géorgienne, bulgare, polonaise, tchécoslovaques, par les moines partout et bien d'autres. Aujourd'hui, la bataille est entre deux civilisations diamétralement opposées. D'une part, il y a la civilisation occidentale, qui en fait n'est pas une civilisation du tout parce que, contrairement à toutes les autres civilisations dans l'histoire du monde, elle ne se fonde pas sur la foi en Dieu et l'inspiration spirituelle derrière toute culture. Son objectif a toujours été la conquête de la planète ( « le mondialisme »), justifiée par sa supériorité imaginaire, qui mène directement à la destruction de la planète - l'enfer sur terre. D'autre part, il y a la civilisation chrétienne, dont le centre est sans doute l'Église orthodoxe russe martyrisée, soutenue par tous les autres fidèles orthodoxes. Notre objectif est le paradis sur terre. Il est clair que, bien que ceux qui sont en marge de l'Église orthodoxe puissent être entraînés dans la chute comme ils l'ont été depuis quatre générations, que la balle est passée « au crible comme du froment » (et c’est pour le mieux), l'Église sera victorieuse à la fin. En effet, l'Église ne nous appartient pas, mais elle est au Christ et Il est invincible.

(version française par Maxime le minime de la source)