Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
Affichage des articles dont le libellé est Catholicisme. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Catholicisme. Afficher tous les articles

mercredi 11 juin 2025

L’ATTRACTION DU CATHOLICISME CHEZ LES JEUNES OCCIDENTAUX❗️… DES COMMENTAIRES PEUT-ÊTRE ❓

MODE OU TENDANCE DURABLE?

C’est une tendance qui intrigue les sociologues: en France, en Angleterre, aux Etats-Unis, même en Allemagne, le nombre de baptêmes augmente chez les jeunes adultes – et même un peu au-delà. Ce n’est qu’un frémissement diront certains, blasés. Mais lorsque l’on s’interroge sur les facteurs profonds déjà discernables on voit des motifs qui sont loin d’être anecdotiques. Nous poursuivons la réflexion amorcée il y a quelques semaines par Solène Tadié dans un entretien qu’elle avait accordé au Courrier des Stratèges. Une analyse approfondie du cas américain nous plonge dans un phénomène de société paradoxal.




Le constat a été fait pour la France: on a assisté en 2025 à une augmentation du nombre de baptêmes chez les (jeunes) adultes.

Ainsi, en 2025, plus de 10 000 adultes vont être baptisés à Pâques, et 7 400 adolescents (11-17 ans). Au total, c’est plus de 17 800 catéchumènes qui seront baptisés en France au cours de l’année 2025. C’est une hausse de 45% par rapport à 2024 pour les adultes. La CEF relève que « ces résultats, dépassant encore les chiffres record collectés l’an dernier, sont les plus élevés jamais enregistrés depuis la création de cette enquête par la CEF il y a plus de vingt ans. »

La CEF note également qu’une part majoritaire des catéchumènes sont des jeunes (15-25 ans). Une tendance déjà observée ces dernières années et qui se confirme en 2025 : chez les nouveaux baptisés adultes, la part des 18-25 ans représente aujourd’hui 42% des catéchumènes, et a dépassé la tranche des 26-40 ans, qui représentait jusqu’à présent le cœur de cible historique des catéchumènes adultes. Le nombre de catéchumènes adolescents a par ailleurs fortement augmenté, avec une hausse de 33% pour les diocèses dont les chiffres sont disponibles pour les années 2024 et 2025.

En Allemagne, il faut retrancher un ou deux zéros mais les observateurs notent néanmoins une petite poussée:

À Pâques 2025, plus de 400 adultes devraient être baptisés en Allemagne et rejoindre ainsi l’Église catholique. Selon un sondage de l’agence de presse catholique KNA, les évêchés allemands s’attendent à au moins 430 baptêmes d’adultes dans les prochains jours.

La plupart des baptêmes d’adultes devraient avoir lieu dans l’archidiocèse de Berlin : selon un porte-parole, on y attend 146 baptisés. En outre, 34 personnes d’autres confessions seront accueillies ou réintégreront l’Église catholique. Avec 52 candidats au baptême, le diocèse de Dresde-Meissen prévoit le deuxième plus grand nombre à l’échelle nationale, suivi du diocèse de Münster avec 41 baptêmes.

A la recherche d’explications

Un article paru dans The Free Press confirme le constat pour le monde anglo-américain:
Au début de l’année, The Pillar a fait état d’une forte augmentation du nombre de catholiques en devenir qui se sont inscrits pour rejoindre l’Église à Pâques. Le diocèse de Lansing, dans le Michigan, a signalé une hausse de 30 % par rapport à l’année précédente, avec 633 convertis, ce qui est le chiffre le plus élevé depuis plus de dix ans. Le père Ryan Kaup, du centre catholique de l’université du Nebraska-Lincoln, a baptisé à lui seul 20 étudiants – « le nombre le plus élevé que nous ayons jamais eu » – et a donné les rites d’initiation à 50 autres personnes issues d’autres confessions chrétiennes qui rejoignaient l’Église.

Et maintenant, bien sûr, nous avons un pape américain, Léon XIV,dont les dirigeants de l’Église espèrent qu’il stimulera l’essor du catholicisme dans le pays.

Les États-Unis ne sont pas les seuls concernés. Le boom catholique touche également la France, qui a enregistré une augmentation de 45 % du nombre de baptêmes d’adultes cette année, et l’Angleterre, où, en raison d’une hausse de la fréquentation des messes, les catholiques sont en voie de dépasser les anglicans pour la première fois depuis la naissance de l’Église d’Angleterre.

Pourquoi tant d’adultes dans un Occident autrefois sécularisé cherchent-ils à se faire baptiser dans l’Église catholique ? Je rapporte depuis un certain temps déjà la montée de la religiosité et j’ai entendu de nombreuses théories : les Américains modernes sont en manque de beauté, de sens, de but et de communauté. L’Église de Rome offre toutes ces choses, mais d’autres religions aussi. Alors pourquoi le catholicisme ?

Le Nouveau « génie du Christianisme

On se rappelle qu’au début du XIXème siècle l’écrivain français Chateaubriand avait frappé les esprits en insistant sur « la beauté du christianisme » – on sortait d’une décennie de persécutions religieuses par les révolutionnaires français, qui avaient culminé dans ce que Gracchus Baboeuf lui-même avait qualifié, dès l’époque, de populicide vendéen!


Eh bien, lisons The Free Press un peu plus de deux siècles plus tard, à propos des Etats-Unis:
« À une époque d’instabilité, les gens sont attirés par les traditions anciennes ; à une époque où tout est question de thérapie, les exigences strictes de la doctrine catholique ont quelque chose d’attrayant », m’a expliqué Dan Hitchens, ancien rédacteur en chef du Catholic Herald. « Le catholicisme possède également un héritage visuel et esthétique qui s’est bien traduit dans la culture en ligne. Les catholiques se sont révélés étonnamment doués pour utiliser Internet afin d’évangéliser. »

Pour en savoir plus, j’ai retrouvé quelques-uns des milliers d’adultes américains qui ont été baptisés à Pâques dernier et j’ai discuté avec ceux qui n’avaient pas été élevés dans la religion catholique afin de comprendre pourquoi cette religion les attirait. La plupart d’entre eux étaient âgés d’une vingtaine d’années, ce qui est logique : le boom catholique est particulièrement notable parmi la génération Z. Une étude réalisée en 2023 par l’université de Harvard a révélé que le pourcentage de membres de la génération Z se déclarant catholiques est passé de 15 % à 21 % entre 2022 et 2023.

« À une époque d’instabilité, les gens sont attirés par les traditions anciennes ; à une époque où la thérapie est à l’honneur, les exigences strictes de la doctrine catholique ont quelque chose d’attrayant », explique Dan Hitchens. (Nic Antaya pour The Free Press)

Comme tous les convertis, toutes les personnes à qui j’ai parlé avaient des raisons très personnelles de rejoindre l’Église catholique, mais elles étaient toutes d’accord sur un point : cette religion répondait mieux que toute autre à leur aspiration à la transcendance.

Jane, 22 ans, qui préfère être appelée par son deuxième prénom, a grandi dans le nord de la Virginie (puis en Arkansas) sans religion. Mais elle dit avoir « toujours aimé les éléments esthétiques du catholicisme ».

Les représentations de la religion dans les vieux films, comme la scène du baptême dans Le Parrain, l’avaient intriguée lorsqu’elle était enfant, puis, à l’adolescence, elle « aimait l’architecture et les vitraux » des vieilles églises, « ainsi que la richesse des détails et le symbolisme ».

À l’ère de l’efficacité et de la technologie, il est facile d’oublier que les êtres humains ont besoin de beauté et d’émerveillement. Le 14 mai, s’adressant aux dirigeants des Églises chrétiennes orientales, le nouveau pape a évoqué le « grand besoin de retrouver le sens du mystère » dans la messe catholique, qui engage « la personne humaine dans sa totalité […] et suscite un sentiment d’émerveillement ».

Pour de nombreux nouveaux catholiques, cela signifie les « odeurs et les cloches » du traditionalisme, qui permettent aux fidèles de ressentir la vérité supérieure de la religion à travers leurs sens, plutôt que de simplement la saisir sur le plan intellectuel. Pour Jane, une œuvre d’art saisissante ou un beau morceau de musique « montre à quel point Dieu est présent dans nos vies pour nous inspirer ».

Veillée pascale à l’église Saint-Joseph (Jeffrey Bruno pour The Free Press)

Elle a découvert la messe lorsqu’elle était étudiante en musique à Penn State, où elle a étudié et adoré les arrangements de la messe de Requiem de Mozart et Verdi. Elle a ensuite découvert le chant grégorien, auquel elle s’est identifiée sur le plan spirituel. « C’était juste le fait d’entendre à quel point c’était simple et dépouillé. »

De nos jours, il n’est pas rare que l’esthétique suscite un intérêt pour le divin. Mgr Robert Barron, personnalité catholique très populaire dans les médias, a déclaré que dans le monde individualiste et matérialiste de l’Amérique moderne, où parler de moralité est dépassé et où la théologie est ennuyeuse, « la meilleure façon d’évangéliser » est de commencer par ce qui est beau dans le catholicisme. Ensuite, on passe à ce qui est bon, puis à ce qui est vrai. En d’autres termes, pour beaucoup de gens, il est plus efficace de commencer par séduire leurs yeux ou leurs oreilles plutôt que leur cœur ou leur esprit.

Mais finalement, Jane a trouvé réconfort dans le catholicisme. Vers la fin de ses études de premier cycle, elle était anxieuse à propos de ses candidatures à des études supérieures et se souvient avoir été mystérieusement attirée par la diffusion en direct de la messe à la cathédrale Saint-Patrick de New York. Elle m’a dit qu’elle ne pouvait pas expliquer d’où venait ce sentiment. « J’étais allée à Saint-Patrick une fois, il y a cinq ans, et je n’avais jamais consulté leur site web. Je n’avais jamais regardé la messe auparavant », a-t-elle déclaré. « Mais je suis allée sur Google et j’ai cherché. »

Est-ce ainsi que se manifeste l’intervention divine à l’ère d’Internet ?

Jane a regardé toute la messe et m’a dit : « J’ai immédiatement ressenti une sensation de paix. »

Très vite, elle a commencé à se rendre à la chapelle du campus pour prier. Se demandant si elle serait un jour admise en troisième cycle, elle a dit à Dieu : « Montre-moi ce que je dois faire. » Quatre heures plus tard, elle apprenait qu’elle avait été acceptée à l’université de New York. « Je me suis dit : « Mes prières ont été exaucées » ».

Jane a été baptisée huit mois plus tard, le dimanche de Pâques dernier, à l’église Saint-Joseph de Manhattan.

Un facteur strictement américain? Les hommes jeunes reviennent vers le catholicisme

Non moins intéressante est cette observation concernant les Etats-Unis:
Si le boom catholique américain est porté par les jeunes, il l’est particulièrement par les jeunes hommes, qui sont aujourd’hui plus religieux que les jeunes femmes. Le père Charles Gallagher, curé de l’église Immaculate Conception à Washington, m’a confié que sur les sept nouveaux catholiques qu’il a baptisés cette année, six étaient des hommes. Il estime que son église est représentative.

Le père Gallagher m’a confié que les jeunes hommes « cherchent des réponses » à des questions telles que « Comment devenir un meilleur leader ? Comment prendre le contrôle de ma vie ? Comment surmonter ma dépendance ? Comment faire pour que les filles acceptent de sortir avec moi quand je leur demande ? »

Souvent, ils commencent par trouver des réponses superficielles sur Internet, où des influenceurs masculins comme Andrew Tate prêchent que l’Amérique moderne a diabolisé les hommes. Mais le père Gallagher m’a dit que même si les jeunes hommes qu’il rencontre peuvent être attirés par certains des arguments de la « manosphère », ils « sentent naturellement que certains de ces influenceurs célèbres sont en quelque sorte de faux prophètes ».

Et lorsqu’ils s’en rendent compte, « ils sont amenés au christianisme. Ils sont amenés au catholicisme ».

De nombreux influenceurs catholiques visent spécifiquement les garçons perdus de la génération Z. Si vous regardez les vidéos de Jordan Peterson sur YouTube, l’algorithme vous proposera probablement des personnalités catholiques plus explicites, comme le père Mike Schmitz, le prêtre charismatique de The Bible in a Year, ou l’évêque Barron de Word on Fire. Ces influenceurs parlent des difficultés auxquelles sont confrontés les jeunes hommes, mais ils parlent aussi d’espoir, de sacrifice et d’un chemin clair vers une vie meilleure.

Darnell, 21 ans, étudiant à l’université d’Oakland dans le Michigan, qui a été baptisé à Pâques, m’a confié qu’il aimait le fait que le catholicisme « ne vous fait pas honte d’être un homme ». Il pense que les jeunes hommes sont inspirés à devenir catholiques de la même manière qu’ils pourraient s’engager dans l’armée. « C’est cette fraternité entre les frères du Christ, explique-t-il, ainsi que la discipline qui, selon moi, attire tant de jeunes hommes vers le catholicisme. » (…)

Le père Gallagher pense également que l’intensité fait partie de l’attrait. « Les hommes entre 25 et 35 ans veulent quelque chose dans lequel ils peuvent s’investir totalement, m’a-t-il dit, et ils trouvent cela dans le catholicisme. »

Des raisons profondes

J’incite à lire toute l’enquête passionnante publiée par The Free Press. Elle fourmille de raisons de penser qu’il y a plus qu’un engouement passager:
Beaucoup de jeunes nouveaux catholiques à qui j’ai parlé ont dit qu’ils aimaient l’intimité du catholicisme, ainsi que son intensité. Yuichiro, 28 ans, a grandi dans une famille shintoïste et bouddhiste à New York ; ses parents considéraient les traditions religieuses davantage comme une « coutume culturelle » que comme un système de croyances, et dans le shintoïsme et le bouddhisme, dit-il, Dieu était « une figure assez lointaine ».

Baptisé catholique le dimanche de Pâques, Yuichiro m’a confié que ce qu’il aimait dans l’Église, c’était la « proximité radicale » de Jésus-Christ : « Dieu est littéralement né en tant qu’homme, a marché sur cette terre et a connu toutes les épreuves que nous, les humains, avons connues.»

On connaît les observations des sociologues et des anthropologues parlant d’un déclin définitif du christianisme. Or, dans le monde d’après le COVID, le catholicisme attire de nombreuses personnes, surtout jeunes. Jean-Paul II, quand il parlait de « nouvelles évangélisation », Benoît XVI, quand il combattait le relativisme des sociétés occidentales, François quand il faisait appelle à un sens radical de la miséricorde: les trois prédécesseurs de Léon XIV ont parié sur le renouveau du catholicisme contre tous les déclinistes. Auraient-ils eu raison de nager à contre-courant.



jeudi 18 juin 2020

Mémorables et exemplaires pour notre époque : les Graničari, sentinelles de notre liberté


Kraj, en serbo-croate, signifie fin, limite, extrémité. On retrouve ce terme dans Ukraine (Ukrajna), « pays des confins » de la Russie. […] cette Krajina va jouer un rôle à la fois tragique et symbolique dans l'interminable martyre de la Serbie. 

L’idée de Vojna Krajina (« confins militaires ») existait déjà au temps de Mathias Corvin, roi de Hongrie (1440-1490). Mais, au XVII° siècle, la monarchie des Habsbourg va lui donner un nouvel essor. Ainsi, une longue ligne défensive, peuplée de Serbes orthodoxes, va s’étendre, sinueuse, depuis l’Adriatique jusqu’à l’Ukraine. Granica (prononcer Granitsa) signifie « frontière » dans toutes les langues slaves. Les paysans serbes (qualifiés parfois de « Valaques », qui a ici plutôt le sens de « nomades ») vont préférer ce statut de sentinelles, et bénéficier des privilèges accordés aux Graničari   habitants des frontières. 

Ainsi les Serbes de Krajina étaient-ils des hommes libres, alors que les paysans croates restaient des serfs. Ces Serbes frontaliers furent exemptés d’impôts, comme des nobles : cela lésait les seigneurs hongrois et croates. De là cette hargne contre les « schismatiques ». 

Autrichiens et Croates trouvaient excellent que les Serbes risquassent leur vie pour la défense de la Chrétienté. Mais dans les périodes relativement calmes, on contestait, on réclamait : les Serbes devaient être soumis à l’impôt, clamait l'archevêque de Zagreb. 

Cependant, un décret de l'empereur Ferdinand II, en 1630, confirma les privilèges des hommes de la Krajina. Puis, pour mettre un terme aux litiges, les Habsbourg transformèrent les « confins militaires » en fief de la Couronne, où les Serbes libres pouvaient vivre selon leur coutume et — cela est à souligner — selon leur foi orthodoxe. Il y avait donc, dans cette Europe centrale où régnait un catholicisme fanatique et outrancier, une oasis de sérénité religieuse, car l’Église orthodoxe est tolérante, et ne convertit personne par contrainte. 

« Le blé et la reconnaissance ne poussent qu'en bonne terre », dit un proverbe allemand. Tout Européen devrait avoir en mémoire la vigilance et le fier courage des gens de la Krajina. Pendant plus de trois siècles, ces soldats-paysans ont assuré la liberté de l’Europe, en la protégeant de la terreur turque. […]

Regardez cette gravure du XVIII‘ siècle, qui représente un guerrier de la Krajina. Sur la tête, il porte le haut bonnet de mouton; entre ses lèvres, il serre une grosse pipe, une vraie « bouffarde » de matelot. Pour le reste, ce Serbe est une panoplie humaine : dans son dos, un fusil à crosse incrustée et ciselée ; à la ceinture, un poignard, un pistolet, une poire à poudre ; accroché à la poitrine, un grand sabre courbe ; cet homme des « confins » a jeté sur ses épaules une grande cape doublée de fourrure. La nuit, en sa maison de semi-nomade, il s’enveloppe dans ce manteau pour dormir à même le sol, sur une natte. Sa femme fait cuire le pain de maïs sous un lit de braises et de cendres. C'est une vie frugale et libre. 

 Ces « Graničari » ont existé pendant des siècles, Serbes hors de Serbie, Serbes de la Serbie la plus vivante, qui ont le devoir de garder la frontière, mais aussi d'entretenir des places fortes, de les cimenter, de construire de nouveaux murs. Ce sont des hommes indépendants, sentinelles de notre liberté. Leur communauté (zadruga) est slave, orthodoxe, différente, refusant de se laisser diluer ou annexer. Mais on a besoin d'eux, de leur valeur. 

Le prosélytisme est vulgaire, parce que c'est une lourde indiscrétion : il est noble de laisser à autrui la libre respiration de son être.

Extrait du livre  La Serbie aux outrages
de Michèle Savary

jeudi 20 juin 2019

Les propositions de projet de restauration de Notre Dame auront été étrangement rapides…

Peu après l'incendie une interprétation de l'origine de l'incendie avait été tentée par un ancien pompier de métier qui s'étonnait sincèrement qu'un tel incendie ait pu se produire "naturellement" il évoquait, avec tout de même quelques preuves, un projet de refonte de ce lieu naguère sacré à des fins d'exploitation commerciale d'un des lieux touristiques les plus visités de France… voir pour confirmer :
sur le site creapills.com

12 propositions sérieuses d’architectes pour la reconstruction de la flèche de Notre-Dame


3 semaines après l’incendie de Notre-Dame de Paris, tous les esprits sont à la reconstruction. Surtout ceux des architectes qui se sont lancés dans un concours de propositions pour présenter leurs idées de reconstruction de la charpente et de la célèbre flèche, inaugurée en 1859 par l’architecte Viollet-le-Duc.
Ce concours international, né à la demande du Premier Ministre, a fait couler beaucoup d’encre sur les réseaux sociaux. Déjà parce que tous les français ne sont pas d’accord avec une reconstruction différente de la flèche de Viollet-le-Duc (et qui souhaitent donc une construction à l’identique) mais aussi parce qu’on a pu voir des propositions totalement décalées, notamment sur Twitter, d’internautes qui usent de leur créativité pour en rire, nous vous en parlions dans cet article.
Mais aujourd’hui, un peu de sérieux. Nous vous dévoilons donc 12 propositions sérieuses d’architectes du monde entier qui ont pris la parole pour proposer leurs idées. Si vous êtes un fervent défenseur de la flèche à l’identique vous risquez sans doute de vous arracher les cheveux, sinon appréciez les créations. 😉

Anthony Séjourné

Le graphiste français Anthony Séjourné imagine une flèche qui projette un faisceau de lumière et transperce les nuages. Pour remplacer la structure, le Français visualise des “spots lumineux, avec une lumière centrale qui traverse le ciel“. La symbolique reste, avec une pointe de modernisme.





Crédits : Anthony Séjourné

Dans le même axe, le studio slovaque Vizum Atelier suggère une tour fine et légère surplombée d’un faisceau lumineux qui s’enfonce dans la brume. “À l’époque gothique, les constructeurs essayaient d’atteindre le ciel. Viollet le Duc l’a également essayé au 19ème siècle et s’en est rapproché. Il est maintenant possible d’y parvenir“, déclare le studio slovaque.





Crédits : Vizum Atelier

Crédits : Vizum Atelier

Studio Fuksas

Le studio italien Fuksas reste sur le thème de la lumière : il a pensé à une toiture et une flèche reconstituée en verre. La verrière serait illuminée la nuit tandis que le soleil illuminerait la cathédrale en journée.





Crédits : Studio Fuksas

AJ6 Studio

Le cabinet AJ6 Studio, basé à São Paulo, a choisi d’utiliser la technique du vitrail pour reconstruire le toit de Notre-Dame. L’architecte Alexandre Fantozzidévoile l’idée avec plus de détails : “Avec le style gothique, il y a cette notion de connexion entre la Terre et le ciel. À l’intérieur de la cathédrale, la lumière naturelle se multiplie à travers le filtre de la toiture en vitrail. La nuit, l’éclairage intérieur se transforme en une couverture grandiose rétro-éclairée. (…) Pas de nouvelles caractéristiques architecturales, pas d’éléments d’intervention (refonte), pas d’égo, pas d’aspirations artistiques. Seulement un but religieux !





Crédits : Alexandre Fantozzi (AJ6 Studio)

Crédits : Alexandre Fantozzi (AJ6 Studio)

Crédits : Alexandre Fantozzi (AJ6 Studio)

Norman Foster

Le célèbre architecte Norman Foster a lui aussi imaginé un toit en verre afin de baigner de lumière l’intérieur de la cathédrale. La flèche, de forme pyramidale et translucide, est faite en cristal et acier inoxydable. Tout autour, une plateforme permet d’y accueillir des visiteurs.





Crédits : Norman Foster

Miysis

Les Belges du studio 3D Miysis, qui précisent n’être ni menuisiers, ni architectes, ont réalisé un mini-site pour présenter leur suggestion pour la reconstruction de Notre-Dame. Sans bouleverser l’apparence extérieure de la cathédrale, Miysis propose une immense verrière qui reprend le rythme et la position de la charpente originale. À l’intérieur, on retrouve des arbres et de la végétation en hommage au nom de la toiture de Notre-Dame qui était baptisée “La Forêt”. Le flèche quant à elle serait reconstruite à l’original.





Crédits : Miysis

Crédits : Miysis

Crédits : Miysis

Crédits : Miysis

Crédits : Miysis

Cabinet Godart+Roussel

Le cabinet Godart+Roussel adopte un projet tout aussi contemporain en proposant une nouvelle flèche en métal. Le toit et le plancher vitrés sont accessibles au public qui peut profiter de la vue et apprécier l’intérieur de la cathédrale sous un tout nouvel angle. Nous vous en parlions plus en détails dans cet article.





Crédits : Cabinet Godart+Roussel

Crédits : Cabinet Godart+Roussel

Alexandre Chassang

Alexandre Chassang expose une flèche en verre beaucoup plus imposante et moderne. Selon lui, “nous n’allons pas reconstruire par mimétisme du passé. L’architecture doit représenter notre époque.





Crédits : DPLG Alexandre Chassang

Nicolas Abdelkader – Studio NAB

L’idée écolo de l’architecte Nicolas Abdelkader du Studio NAB a fait beaucoup réagir sur les réseaux sociaux. Il voit la construction d’une serre en bois au sommet de Notre-Dame afin d’en faire un lieu d’apprentissage et d’insertion pour les personnes en difficulté. “La serre permettrait à ces gens de se former, de se réinsérer dans la société en travaillant la terre“, indique l’architecte. Il a même pensé à transformer la nouvelle flèche en un rucher, en hommage aux ruches qui ont survécu pendant l’incendie. “Nous pourrions y produire le fameux « nectar des dieux ».”





Crédits : Nicolas Abdelkader (studio NAB)

Crédits : Nicolas Abdelkader (studio NAB)

Crédits : Nicolas Abdelkader (studio NAB)

Marc Carbonare

Professionnel du design Marc Carbonare a imaginé aller encore plus loin en créant une forêt sur le toit de l’édifice. Le public peut même se promener sur l’esplanade qui l’entoure.





Crédits : Marc Carbonare

Alexander Nerovnya

L’architecte russe Alexander Nerovnya propose de combiner une toiture entièrement en verre avec une flèche construite de manière plus traditionnelle. “Quand les gens viendront voir la cathédrale, ils ressentiront un lien puissant avec l’histoire en voyant ensemble les parties ancienne et moderne“, développe Alexander Nerovnya.





Crédits : Alexander Nerovnya

David Deroo

L’architecte et artiste français David Deroo a créé une version plus moderne de Notre-Dame avec des formes originales. Pour lui, “il faut trouver un juste milieu entre la reconnaissance du passé et l’innovation de notre époque.




Crédits : David Deroo

Mathieu Lehanneur

Et on termine sur un projet un brin provocateur. Le designer français Mathieu Lehanneur offre une idée quelque peu décalée : il veut remplacer ce qui a été construit à l’origine par ce qu’il s’est passé lors de l’incendie. “J’aime cette idée d’un moment figé dans l’histoire qui peut subsister pendant des siècles. Ce projet est une flamme permanente monumentale recouverte de feuilles dorées. Pour moi, c’est un moyen de capturer la catastrophe et de la transformer en beauté, en transformant l’éphémère en permanence“, révèle le créateur du projet.





Crédits : Mathieu Lehanneur

mardi 28 mai 2019

L'antichristianisme fondamental du projet européen


par Roland Hureaux

L’entreprise européenne a longtemps porté avec elle, surtout dans le monde catholique, un fumet de bien-pensance. De manière corollaire planait sur ceux qui s’y opposaient le soupçon d’être de mauvais chrétiens.
Bien-pensance : les Églises ont pris parti pour le oui, chaque fois qu’il y a eu des référendums sur le projet européen (1992, 2005), croyant faire entendre la voix de la raison. Cela est vrai de la Conférence des Églises européennes mais aussi de la Conférence des évêques de France. La presse catholique du courant principal est à l’avenant. C’est dans cette ligne que, le 14 mai dernier, le CECEF (Conseil des Églises chrétiennes en France) a publié un communiqué appelant à soutenir l’entreprise européenne aux prochaines élections.
On invoque les pères fondateurs, démocrates-chrétiens (et catholiques) tous les trois ; Adenauer, De Gasperi et Schuman. Le drapeau européen frappé des douze étoiles d’or rappelle celles qui nimbent la Vierge de l’Apocalypse. De ce fait, un homme comme Charles de Gaulle, quoique catholique pratiquant, se trouvait être un chrétien suspect du fait son opposition à Bruxelles. Pour les mêmes raisons, beaucoup de laïcistes se sont méfiés de la construction européenne.
Il est clair que ceux qu’inspirent encore ces vieilles lunes n’ont pas encore pris la mesure de la véritable inversion des signes qui s’est produite au cours des quarante dernières années : tout se passe, en effet, comme si Bruxelles était devenue, au contraire, le centre nerveux de l’antichristianisme en Europe.
On s’est longtemps contenté de dire que l’Europe des Six issue du traité de Rome (lieu significatif) était dominée par les forces catholiques et que l’élargissement y avait seulement accru le poids du monde protestant et donc anglo-saxon. Mais aujourd’hui, la mutation est allée bien plus loin. En témoignent le refus d’inscrire les racines chrétiennes de l'Europe dans les textes constitutifs, la propagande active en faveur des évolutions libertaires les plus débridées, tant de la Commission que du Parlement européens, où la majorité social-démocrate et populaire est toujours prête à toutes les surenchères, le harcèlement des pays qui leur résistent.
Si cela était nécessaire, on en verra la confirmation dans la récente réunion électorale qui s’est tenue à l’université de Varsovie en présence de Donald Tusk, président du Conseil européen en faveur de l’opposition européiste au gouvernement polonais. Leszek Jażdżewski, rédacteur en chef du journal Liberté, y a prononcé, sans que Tusk les désavoue, un discours d’une grossièreté et d’une violence inimaginables à l’encontre de l’Église catholique, laissant loin derrière tout ce qui pouvait se dire en France au temps du petit père Combes.
Il faudrait de longs développements pour approfondir les raisons de cette mutation qu’a connue l’idée européenne au point d’être, désormais, associée à l’antichristianisme le plus virulent. Mais il est assez clair qu’elle est inséparable de la dérive idéologique de la construction européenne. Loin d’être un projet de coopération naturel entre pays libres désireux de travailler ensemble, le projet européen est conçu, aujourd’hui, par ses partisans comme un projet messianique d’abolition des frontières et d’arasement du fait national. Il n’est pas seulement une réalité politique mais une révolution destinée à remettre en cause cette réalité anthropologue fondamentale qu’est le fait national.
L’expérience du siècle dernier a montré que le fait idéologique, que ce soit le communisme ou le socialisme national (dit nazisme), est toujours allé vers une hostilité radicale au fait religieux, ce qui est normal dès lors qu’il se pose comme une Église de substitution. Comment s’étonner qu’il en aille de même avec la troisième des grandes utopies, l’utopie mondialiste, dont le projet européen n’est, de l’aveu de Jean Monnet lui-même, qu’une étape ?
Il est temps que ce qui reste de croyants en France et en Europe ouvrent les yeux devant ce qui n’est pas seulement un affadissement des convictions chrétiennes des pères fondateurs mais une véritable inversion du rapport du projet européen à la civilisation chrétienne pour laquelle il est devenu une véritable machine de destruction. (source)

samedi 2 mars 2019

Le Dieu occidental est mort et enterré, mais le Dieu vivant et vrai est de retour


PÈRE ANDRÉ PHILLIPS

Notre Dieu est un feu dévorant (Heb. 12, 29)

Je vénère et adore le Dieu vivant et vrai qui a créé toutes choses(St Alban de Verulamium)



Introduction: Les funérailles du Dieu occidental sont terminées

Les funérailles longues de mille ans du dieu occidental sont terminées. Ce qui est clair pour tout le monde. Il est vrai que de très petits groupes de personnes âgées se pressent encore dans les églises qui survivent , vrai que d'autres bâtiments sont remplis avec des foules qui se balancent en frappant joyeusement des mains – qui en réalité, ne fréquentent pas les églises, mais qui sont plutôt amateurs de spectacles de divertissement à l’américaine. Ainsi, les anciens bâtiments d'église sont devenus des clubs de fitness, des restaurants et des centres commerciaux pour le culte et le « bien-être » du corps. On dit aux gens de « se gâter et de prendre soin d'eux », parce que « vous le valez bien », avec des entraîneurs personnels, des coachs de vie, des centres de loisirs, des spas, des bains à remous, des jacuzzis, des salons de beauté, des salons de massage, de la chirurgie esthétique, des restaurants gastronomiques gérés par «chefs célèbres et des gastropubs avec du « bon vin ». Les impuretés physiques de toutes sortes doivent être purgées - devenez végétalien et mangez sans gluten; quant à l'impureté spirituelle, il n'en a jamais été question. Cependant, toutes sortes de superstitions irrationnelles sont disponibles pour le bien-être mental; Pleine conscience, gourous, astrologie, cristaux magiques, feng-shui, étreinte d’un arbre – tout  est bon, à condition que ce soit à la mode. Ainsi, tous les Occidentaux sont devenus des "fashion victims". Mais comment le monde occidental (et occidentalisé) en est venu à tuer son propre dieu?

Un peu d'histoire

Après que le monde occidental a refusé et a ensuite perdu la connaissance du vrai Dieu il y a mille ans, il lui a substitué son propre Dieu rationaliste et scolastique. Ce dieu de substitution, représenté par un homme occidental appelé « le Vicaire du Christ », de qui, selon eux, découle toute autorité, a été idolâtré pendant des centaines d'années. Cette idolâtrie est advenue parce qu’il a justifié toutes sortes d'agression occidentale, des massacres en Europe occidentale (sud de l'Italie, Angleterre, Ibérie, Pays de Galles, Sud de la France, Irlande) aux « croisades », des Inquisitions aux génocides impitoyables des « explorateurs » occidentaux (en fait plutôt des pirates et des voleurs et des meurtriers) comme Colomb, De Gama et Cortez. Après quelques siècles l'autorité du Dieu de l’occident inventé par lui-même a été étendu à d'autres, « démocratisé », et ceci a justifié le pillage et la rapine de la planète en dehors de l'Europe occidentale, avec les empires coloniaux, les révolutions violentes en Angleterre, en France et en Russie (y compris ce qu’on appelle la « Révolution industrielle »), les guerres mondiales, l'Holocauste des Slaves (30 millions de morts), la bombe atomique et l'invasion et le génocide en Irak (soi-disant "dictés" à George Bush par le dieu occidental)

La nature de la civilisation occidentale

Ainsi, on peut dire que l'essence de la civilisation occidentale est le culte de soi, le culte de l'homme occidental, qu'il appelle l'humanisme. Après la Réforme ce culte a été, comme nous l'avons dit, progressivement étendu au cours des siècles au nom de « l'égalité », d'un homme occidental à tous les riches hommes occidentaux, puis plus tard des riches hommes occidentaux aux pauvres hommes occidentaux, des hommes occidentaux aux femmes occidentales et, beaucoup plus récemment, des hommes occidentaux à toute personne de toute couleur, race, religion et « orientation sexuelle », à condition qu'ils acceptent le laïcisme inhérent à la « civilisation » occidentale. Par conséquent, aujourd'hui, le monde occidental n'a plus besoin d'un dieu pour se justifier ; il est son propre dieu. Cela a déjà été reconnu très clairement par les intellectuels du XIXe siècle comme Darwin et Nietzsche, qui a ouvertement proclamé que le "dieu occidental » était mort. Aujourd'hui, cela est répété par des intellectuels spirituellement vides comme Dawkins, qui proclame sans cesse que Dieu est un mythe. Et il a raison: le dieu occidental, proclamé il y a 1000 ans, est en effet un mythe, mais ce Dieu-là n’a aucun rapport avec le Dieu vivant et vrai, proclamé par le saint orthodoxe occidental , Alban, martyrisé par les païens occidentaux pour avoir fermement proclamé cela il y a plus de 1700 ans.

La prétentieuse et arrogante proclamation de Dawkins est vraie, mais elle est aussi suicidaire. En effet, depuis que le dieu occidental – rempli  de colère, vengeur, aux préjugés raciaux, partisan, puritain, persécuteur, rancunier, punisseur, militariste et tout simplement mauvais lorsqu’il aime voir les victimes de la mort – est   mort, cela signifie que sa propre civilisation occidentale est morte, ne pouvant servir que de musée. Car ce fut ce dieu à l’esprit répugnant qui est à l'origine de la civilisation occidentale post-chrétienne après 1054. Car avec son soi-disant « athéisme », Dawkins se condamne lui-même et tout ce qu'il représente. Ses « valeurs occidentales » ne sont que l'ultime et le plus logique développement de ce dieu inventé par la  civilisation occidentale, elle-même. Cet athéisme, la croyance en soi, n'a pas permis de progrès, mais seulement un retour à l'ancien paganisme, comme chez les mondialistes Romains, qui croyaient en toutes sortes de dieux, sauf dans le vrai Dieu vivant. Les nouveaux dieux d'aujourd'hui sont tout simplement les anciens dieux païens ranimés. Les « valeurs occidentales » signifient ne croire en rien. Les valeurs chrétiennes proclament la foi en quelque chose, le Dieu vivant. Cependant, il n’est que quelques personnes occidentales pour avoir été capables de sortir du « délire » (c’est le mot de Dawkins) de la bulle d’auto-justification de leur « civilisation » pour comprendre et accepter le Christ.


Pourquoi? Parce que le repentir est beaucoup trop difficile pour eux ; l’auto-justification est beaucoup plus attrayante. Ainsi, seulement quelques occidentaux (bien que ce soit assez évident pour ceux qui se trouvent en dehors de la civilisation occidentale ethnocentrique) ont jusqu'à présent réalisé que le monde occidental n'a pas enterré le vrai Dieu, mais tout simplement son faux dieu occidental, son idole depuis plus de mille ans. Les Occidentaux, qui, étonnamment, se disent « athées » (ce qui signifie seulement qu'ils ne croient plus dans le mythe occidental de Dieu) doivent être prévenus : Le Dieu véritable n’est pas mort et enterré, mais vivant et agissant et il est de retour. Son retour vient du Saint-Esprit, qui « souffle où il veut » et qui a renoué les inspirés en Occident avec la Civilisation orthodoxe. Cette civilisation est tout à fait différente de la civilisation occidentale laïciste parce qu'elle est  vraiment chrétienne, alors que la civilisation occidentale a cessé de plus en plus de l'être depuis mille ans. Pour trouver une civilisation occidentale qui a été chrétienne, il faut revenir mille ans en arrière, autrement dit, revenir à une époque où il n'y avait pas une chose telle que la « civilisation occidentale », quand l'Europe occidentale était tout simplement une petite, provinciale et peu développée partie de la chrétienté orthodoxe, dont le centre était et est en Orient, près du Christ.

La tentative de détruire la civilisation orthodoxe

L'essence de la civilisation orthodoxe est le vrai Dieu vivant et son orientation est céleste, et non une quelconque auto-idolâtrie occidentale, dont l’orientation est infernale. Au cours des cent dernières années, en particulier (bien que cela ait été manifestement évident depuis 1054 ou 1204), nous avons vu comment la civilisation occidentale a essayé de détruire la civilisation orthodoxe, usurpant l'empereur chrétien, quand il était près de la victoire dans la Grande guerre commencée par l’Occident en 1917 et peu de temps après a soudoyé le Patriarcat de Constantinople en le réduisant en esclavage. Il a même forcé le Patriarcat affaibli, et tous les autres qui étaient si faibles qu'ils le suivirent, à abandonner le calendrier chrétien! Ainsi, les événements schismatiques en Ukraine des dernières semaines, activement et ouvertement soutenus par les ambassadeurs américains et britanniques à Kiev et à Athènes, ne sont que les derniers résultats de la tentative millénaire de la civilisation occidentale de diviser pour régner, et éventuellement , comme ils l’espèrent, détruire et vaincre la civilisation chrétienne. Le centre de cette civilisation chrétienne a, pendant des siècles et à aucun moment plus que maintenant, été l'Église orthodoxe russe. C’est la raison pour quoi nous lui appartenons, la défendant contre tous et confessant sa foi sans hésitation.

Conclusion: L'avenir

Aujourd'hui, l'Église orthodoxe russe est comme toujours soutenue par tous les autres fidèles orthodoxes, en particulier ceux du Patriarcat d'Antioche et les Églises orthodoxes serbe, géorgienne, bulgare, polonaise, tchécoslovaques, par les moines partout et bien d'autres. Aujourd'hui, la bataille est entre deux civilisations diamétralement opposées. D'une part, il y a la civilisation occidentale, qui en fait n'est pas une civilisation du tout parce que, contrairement à toutes les autres civilisations dans l'histoire du monde, elle ne se fonde pas sur la foi en Dieu et l'inspiration spirituelle derrière toute culture. Son objectif a toujours été la conquête de la planète ( « le mondialisme »), justifiée par sa supériorité imaginaire, qui mène directement à la destruction de la planète - l'enfer sur terre. D'autre part, il y a la civilisation chrétienne, dont le centre est sans doute l'Église orthodoxe russe martyrisée, soutenue par tous les autres fidèles orthodoxes. Notre objectif est le paradis sur terre. Il est clair que, bien que ceux qui sont en marge de l'Église orthodoxe puissent être entraînés dans la chute comme ils l'ont été depuis quatre générations, que la balle est passée « au crible comme du froment » (et c’est pour le mieux), l'Église sera victorieuse à la fin. En effet, l'Église ne nous appartient pas, mais elle est au Christ et Il est invincible.

(version française par Maxime le minime de la source)

lundi 14 mai 2018

Décadence de l'empire romain

Guillaume Cuchet, « Comment notre monde a cessé d’être chrétien. Anatomie d’un effondrement »


Guillaume Cuchet
Guillaume Cuchet, Comment notre monde a cessé d’être chrétien. Anatomie d’un effondrement, Éditions du Seuil, Paris, 2018, 276 p.

De nombreux auteurs ont constaté, depuis un demi-siècle, la décadence spectaculaire du catholicisme en France et plus largement en Europe et s’en sont inquiété : Louis Bouyer dans La décomposition du catholicisme (1968), Serge Bonnet, À hue et à dia. Les avatars du cléricalisme sous la Ve République (1973), Michel de Certeau et Jean-Marie Domenach, Le christianisme éclaté (1974), Paul Vigneron, Une histoire des crises du clergé français contemporain (1976), Jean Delumeau, Le christianisme va-t-il mourir ? (1977), Émile Poulat, L’Ère postchrétienne (1994), Mgr Simon, Vers une France païenne ? (1999), Denis Pelletier, La crise catholique (2002), Daniele Hervieu-Léger, Catholicisme, la fin d’un monde (2003), Yves-Marie Hilaire, Les Églises vont-elle disparaître ? (2004), Denis Pelletier, La crise catholique. Religion, société, politique en France (1965-1978) (2005), Emmanuel Todd et Hervé Le Bras, Le mystère français (2013), Yvon Tranvouez, La décomposition des chrétientés occidentales (2013).
Dans ce livre – qui détourne le titre du livre de Paul Veyne, Quand notre monde est devenu chrétien, mais pour annoncer l’inversion du processus dont il analysait les commencements – Guillaume Cuchet, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Paris-Est Créteil, spécialisé dans l'histoire du catholicisme, se propose de définir le moment où a commencé cette décadence et de déterminer les raisons de celle-ci. L’un des principaux outils scientifiques qu’il utilise est l’analyse statistique. L’un des critères objectifs qu’il considère, est le taux de pratique dominicale régulière, passée, dans la population française, de 27% en 1952 à 1,8% en 2017. On peut contester ce critère, car, soulignait un article récent de La Croix, on peut être catholique « pratiquant » en ayant d’autres engagements, et il est vrai qu’à défaut d’une telle pratique dominicale, une culture chrétienne peut subsister un certain temps, mais la perte de contact avec la vie liturgique ne peut que l’affaiblir progressivement et la conduire à sa disparition.
Le premier tiers du livre définit l’adhésion au catholicisme telle qu’elle ressort d’une masse de données statistiques établies par le clergé entre 1945 et 1965, et en particulier des statistiques soigneusement et régulièrement établies sur une période plus large (1880-1965) par le chanoine Boulard, sociologue et auteur de quatre volumes de Matériaux pour l’histoire religieuse du peuple français, XIXe-XXe siècle.
Selon G. Cuchet, c’est dans les années 60, plus précisément en 1965, que peut être datée la rupture qui a inauguré le processus de décadence du catholicisme en France. Cette rupture coïncide avec le concile Vatican II, ce qui est paradoxal, car ce concile était conçu, par ceux qui l’ont organisé, comme un aggiornamento devant vivifier le catholicisme confronté au monde moderne. Mais, souligne l’auteur qui a examiné diverses hypothèses, « on ne voit pas quel autre événement aurait pu engendrer une telle réaction. Par sa seule existence, dans la mesure où il rendait soudainement envisageable la réforme des anciennes normes, le concile a suffi à les ébranler, d’autant que la réforme liturgique qui concernait la partie la plus visible de la religion pour le grand nombre, a commencé à s’appliquer dès 1964. »
Dans la deuxième moitié de son livre, l’auteur analyse de manière précise les causes, liées au concile, de la rupture et du processus de décadence qui, globalement, continue de nos jours.
Le concile a engendré une perte de repères chez les fidèles. Le texte concilaire Dignitatis humanae, publié en 1965, sur la liberté religieuse, est apparu « comme une sorte d’autorisation officieuse à s’en remettre désormais à son propre jugement en matière de croyances, de comportements et de pratique, qui contrastait fortement avec le régime antérieur », ce qui suscitait chez le père Louis Bouyer cette remarque chagrine : « Chacun ne croit plus, ne pratique plus que ce qui lui chante. »
Dans le domaine de la piété, note Cruchet, des aspects de la réforme liturgique qui pouvaient paraître secondaires, mais qui ne l’étaient pas du tout sur le plan psychologique et anthropologique, comme l’abandon du latin, la communion dans la main, la relativisation des anciennes obligations, ont joué un rôle important. De même que les critiques de la communion solennelle qui se sont multipliées à partir de 1960 et surtout de 1965, ainsi que la nouvelle pastorale du baptême (à partir de 1966) et du mariage (en 1969-1970), qui avait tendance à hausser le niveau d’accès aux sacrements en exigeant des candidats davantage de préparation et d’investissement personnel.
Dans le domaine des croyances, c’est le fait même du changement de discours qui a compté. La variation de l’enseignement officiel rendait sceptiques les humbles, qui en déduisaient que, si l’institution s’était « trompée » hier en donnant pour immuable ce qui avait cessé de l’être, on ne pouvait pas être assuré qu’il n’en irait pas de même à l’avenir. Toute une série de« vérités » anciennes sont tombées brutalement dans l’oubli, comme si le clergé lui-même avait cessé d’y croire ou ne savait plus qu’en dire, après en avoir si longtemps parlé comme de quelque chose d’essentiel.
Un autre domaine dans lequel la conjoncture a pu déstabiliser les fidèles, note l’auteur, « est celui de l’image de l’Église, de sa structure hiérarchique et du sacerdoce. La “crise catholique” des années 1965-1978 fut d’abord une crise du clergé et des militants catholiques. L’abandon de la soutane (dès 1962) et de l’habit religieux, la politisation (à gauche) du clergé, les départs de prêtres, de religieux et de religieuses, parfois suivis de leur mariage, sont apparus à beaucoup comme une véritable “trahison des clercs”, sans équivalent depuis les “déprêtrisations” de la Révolution, qui a eu les mêmes effets déstabilisants. »
Par ailleurs, « le concile a ouvert la voie à ce qu’on pourrait appeler “une sortie collective de la pratique obligatoire sous peine de péché mortel”, laquelle occupait une place centrale dans l’ancien catholicisme. […] Cette ancienne culture de la pratique obligatoire s’exprimait principalement dans le domaine des “commandements de l’Église” que les enfants apprenaient par cœur au catéchisme et dont il convenait de vérifier, lors de l’ examen de conscience préparatoire à la confession, si on les avait bien respectés », et qui incluaient notamment le devoir de sanctifier les dimanches et jours de fêtes, de confesser ses péchés et de communier au moins une fois par an, de jeûner les vendredi, aux veilles de grandes fêtes et aux périodes carémiques dites des « Quatre Temps ». Toutes ces exigences ont été assouplies, au point de disparaître, sauf la communion qui devenait systématique et se faisait sans aucune préparation, la confession et le jeûne ayant pratiquement disparu. L’assouplissement du jeûne eucharistique s’était cependant accompli en plusieurs étapes préalables: en 1953, Pie XII avait décidé, tout en maintenant l’obligation du jeûne depuis minuit avant la communion, que la prise d’eau ne le romprait plus désormais; en 1957, le motu proprio Sacram communionem réduisait le jeûne à trois heures pour la nourriture solide et une heure pour les liquides ; en 1964, Paul VI décréta qu’il suffirait dorénavant d’une heure dans les deux cas, ce qui signifiant concrètement la disparition du jeûne eucharistique, puisqu’une heure est le temps de déplacement jusqu’à l’église et le temps de la messe qui précède la communion.
Pendant cette période conciliaire et post-conciliaire, « il est frappant, note l’auteur, de voir à quel point le clergé a désinstallé volontairement l’ancien système de normes qu’il s’était donné tant de mal à mettre en place », créant inévitablement dans le peuple le sentiment qu’on lui « changeait la religion », et provoquant, dans une partie de celui-ci, une impression de relativisme généralisé.
L’auteur consacre deux chapitres entiers à des causes de décadence qui lui paraissent fondamentales: la crise du sacrement de pénitence et la crise de la prédication des fins dernières.
1) Selon G. Cuchet, « la crise de la confession est un des aspects les plus révélateurs et les plus saisissants de la “crise catholique” des années 1965-1978. » « La chute de la confession constitue en soi un fait sociologique et spirituel majeur dont il est probable qu’historiens et sociologues n’ont pas pris toute la mesure. Rien moins, en somme, que la foudroyante mutation par abandon massif, en l’espace de quelques années seulement, d’une pratique qui a profondément façonné les mentalités catholiques dans la longue durée. » En 1952, 51% des adultes catholiques déclaraient se confesser au moins une fois par an (à Pâques comme il était d’obligation depuis le canon 21 du concile Latran IV de 1215); en 1974, ils n’étaient plus que 29%, et en 1983, 14%. Selon l’auteur, le point de rupture se situe vers 1965-1966, quand la confession a cessé d’être présentée comme le « sacrement de pénitence » pour être présentée comme le « sacrement de réconciliation ». Cela allait de pair:
— avec la fin de la « pratique obligatoire » déjà évoquée, et avec une dépénalisation de l’abstention de la pratique religieuse, considérée auparavant comme un péché parce qu’en rupture avec les commandements de l’Église présentés comme des devoirs impérieux dont il fallait s’acquitter;
— avec une perte du sens du péché dans la conscience de beaucoup de fidèles, mais aussi chez les clercs qui craignaient désormais d’évoquer cette notion, tout comme celle des fins dernières. L’auteur note à ce propos : « Le clergé a cessé assez brutalement de parler de tous ces sujets délicats, comme s’il avait arrêté d’y croire lui-même, en même temps que triomphait dans le discours une vision de Dieu de type rousseauiste : le « Dieu Amour » (et non plus seulement « d’amour ») des années 1960-1970. » « “Les curés ont goudronné la route du ciel”, résumait, au début des années 1970, une vieille paysanne bretonne dans un entretien avec le sociologue Fanch Élégoët. Jadis étroite et escarpée, c’était désormais une autoroute empruntée par tout le monde, ou presque. Moyennant quoi, s’il n’y avait plus de péché ni d’enfer, du moins de péché un peu sérieux susceptible de vous priver du ciel, l’utilité de la confession, dans sa définition traditionnelle, était effectivement moins évidente »;
— avec une déconnexion entre confession et communion. « Dans l’ancien système, on se confessait plus qu’on ne communiait et la confession était d’abord perçue comme une sorte de rituel de purification conditionnant l’accès à l’eucharistie ». Le développement de la communion fréquente, accompagné de la perte du sens du péché, et l’idée d’une partie du clergé, influencé par la psychanalyse, selon laquelle il fallait déculpabiliser les fidèles et les « libérer du confessionnal », a eu pour effet que les fidèles étaient désormais invités à communier sans avoir à se confesser. La communion s’est alors banalisée, tandis que la possibilité même de se confesser n’existait pratiquement plus, les confessions individuelles régulières étant remplacées, à partir de 1974, par des « cérémonies pénitentielles » célébrées une fois par an, avant Pâques ; dans ces rassemblements, les fidèles ne confessaient plus rien (l’auteur les qualifie de « formes de pénitence sans confession ») mais recevaient une absolution collective après avoir écouté un vague discours où la notion de péché était le plus souvent contournée. Et lorsque la possibilité de ses confesser subsistait dans certaines paroisses ou était par la suite restaurée, « les fidèles ne savaient plus très bien comment se confesser , ni même s’il était toujours utile de le faire ».
2) Le dernier chapitre est consacré à une cause de décadence qui paraît également fondamentale à l’auteur: la crise de la prédication des « fins dernières », l’auteur se demandant, dans le titre du chapitre, si cela ne signifie pas au fond « la fin du salut ». L’auteur note que dans les anciens catéchismes et les traités de théologie, une place importante était accordée à la mort, au jugement, et aux deux destinations finales de l’au-delà, l’enfer et le paradis. Inquiets, dès le mois de décembre 1966, de les voir disparaître de l’enseignement et de la prédication, les évêques de France, notaient: « Le péché originel […], ainsi que les fins dernières et le Jugement, sont des points de la doctrine catholique directement liés au salut en Jésus-Christ et dont la présentation aux fidèles fait effectivement difficulté à beaucoup de prêtres chargés de les enseigner. On se tait faute de savoir comment en parler. » Peu de temps avant, le cardinal Ottaviani, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, avait constaté que le péché originel avait à peu près totalement disparu de la prédication courante. G. Cuchet remarque qu’il ne s’agissait pas seulement d’un problème de présentation du dogme, d’ordre pastoral et pédagogique, mais qu’ « en réalité, il s’agissait bien d’un problème de foi et de doctrine, et d’un malaise partagé entre le clergé et les fidèles. Tout se passait en fait comme si, assez soudainement, au terme de tout un travail de préparation souterrain, des pans entiers de l’ancienne doctrine considérés jusque-là comme essentiels, tels le jugement, l’enfer, le purgatoire, le démon, étaient devenus incroyables pour les fidèles et impensables pour les théologiens. » L’auteur situe cette crise (bien qu’elle ait depuis un certain temps connu des signes avant-coureurs) dans les années 60, tout comme la crise de la confession, en remarquant qu’elle a un rapport étroit avec celle-ci : « L’effondrement de la pratique de la confession obéit à une chronologie identique, en particulier la quasi-disparition en quelques années, voire en quelques mois, du groupe si consistant autrefois de ceux qui se confessaient fréquemment. Le rapport est direct, s’il n’est pas exclusif, avec l’effacement de la notion de péché mortel (au sens de péché susceptible de vous valoir la damnation). » Mais cela avait aussi des incidences sur d’autres sacrement liés aux « fins dernières ». Dans le nouveau rituel du baptême, les exorcismes étaient considérablement réduits (car il ne paraissait pas souhaitable d’insister sur le rôle de Satan auquel une partie du clergé ne croyait plus et qui semblait appartenir à une mythologie dont il fallait libérer les fidèles jugés naïfs); il y avait aussi « une nette sourdine mise sur le péché originel, dont [le baptême] était censé délivrer pour assurer la vie éternelle ».
En ce qui concerne le baptême toujours, une autre réforme allait engendrer la désaffection de beaucoup de fidèles: à partir de décembre 1965, « une nouvelle pastorale du baptême, dont le souci prioritaire était jusque-là de faire baptiser les enfants le plus tôt possible, tend au contraire à en retarder l’échéance, de manière à impliquer davantage les parents dans la préparation ». Il faudrait ajouter qu’un certain nombre de clercs allaient jusqu’à décourager le baptême des enfants, au prétexte qu’il doit s’agir d’un acte libre, volontaire et pleinement conscient, et préconisaient d’attendre le moment de l’adolescence pour le proposer.
La conception même des conditions du salut s’est trouvée modifiée par tous ces facteurs. « L’ancienne ecclésiologie concentrique, avec ses cercles de probabilité décroissante du salut, n’était plus du tout de mise. Vatican II a été, de ce point de vue, le théâtre d’une sorte de nuit du 4 août dans l’au-delà qui a mis fin aux privilèges des catholiques quant au salut. Désormais, l’Église ne se concevrait plus que comme l’instrument d’un salut pour tous, sans discrimination ni privilège, même si les fidèles qu’on avait formés jusque-là dans une tout autre théologie risquaient de s’en trouver un peu déstabilisés et de s’interroger, dans ces conditions, sur les bénéfices réels de l’affiliation. »
Approchant de sa conclusion, l’auteur souligne encore les effets catastrophiques de la crise des années 60 sur la conscience dogmatique des fidèles, qui s’est en quelque sorte protestantisée: « La consécration de la liberté de conscience par le concile a souvent été interprétée dans l’Église, de manière imprévue au départ, comme une liberté nouvelle de la conscience catholique, l’autorisant implicitement à faire le tri dans les dogmes et les pratiques d’obligation. La notion même de dogme (comme croyance obligeant en conscience) est alors devenue problématique. Cette décision majeure du concile, couplée à la notion de “hiérarchie” des vérités, paraît avoir fonctionné dans l’esprit de beaucoup comme une sorte de dépénalisation officielle du “bricolage croyant” qui contrastait grandement avec le régime antérieur, où les vérités de la foi étaient à prendre en bloc et sans droit d’inventaire. Il était à prévoir que les plus désagréables d’entre elles, ou les plus contre-intuitives pour le sens commun, en feraient les frais, ce qui n’a pas manqué en effet de se produire. »

Quels que soient les facteurs externes qui aient pu jouer dans l’effondrement du catholicisme (la mentalité moderne, la pression sociale, etc…), les facteurs internes paraissent déterminants à l’auteur de ce livre.
Le catholicisme lui-même porte une lourde responsabilité dans la déchristianisation de la France (et plus largement de l’Europe, car une analyse faite pour d’autres pays aboutirait à des conclusion identiques). L’aggiornmento réalisé par le concile Vatican II qui se proposait d’affronter les défis du monde moderne, n’a fait que s’accommoder à celui-ci. Pensant l’attirer, il s’est mis à sa remorque. Voulant se faire entendre de son siècle, le catholicisme s’est sécularisé. Craignant d’affirmer son identité, il s’est relativisé, au point qu’un grand nombre de fidèles ne trouvaient plus en lui les repères auxquels il étaient habitués ou qu’ils attendaient, et ne voyaient plus l’intérêt d’aller chercher en lui ce que le monde leur offrait déjà de manière moins contournée.
Les autorités catholiques cherchent à minimiser l’effondrement que décrit ce livre par divers arguments (un grand nombre de français restent catholiques et font baptiser leurs enfants; la pratique religieuse se mesure à d’autres engagements que l’assistance à la messe; la qualité a remplacé la quantité, etc.). Mais elles peinent à convaincre. Jean-Paul II est souvent présenté comme ayant opéré un redressement par rapport aux excès qui ont suivi le concile Vatican II, mais on doit constater que la pratique dominicale est passée en France de 14% au moment de son élection à 5% au moment de son décès en 2005. S’il est vrai que des communautés vivantes existant dans les villes peuvent faire illusion (comme pouvaient faire illusion les rares églises ouvertes sous la période communiste dans les pays de l’Est, bondées en raison de la fermeture des autres), de même que les rassemblement spectaculaires de jeunes lors des JMJ, les campagnes françaises montrent la réalité d’une désertification dramatique: multiplication des églises désaffectées (c’est-à-dire ne servant plus concrètement de lieu de culte), prêtres ayant la charge de 20, voire 30 paroisses, célébrant chaque dimanche une messe « régionale » pour un petit groupe de fidèles en majorité âgés et venus parfois de plusieurs dizaines de kilomètres, disparition des enterrements célébrés par des prêtres faute de célébrants disponibles, absence de contacts entre les prêtres et les fidèles en raison de leur éloignement mutuel et de l’indisponibilité des premiers, plus occupés par des réunions que par les visites pastorales…
La triste évolution de l’Église catholique post-conciliaire telle qu’elle est décrite dans le livre de G. Cuchet, devrait servir de mise en garde aux prélats orthodoxes qui ont rêvé et rêvent encore de convoquer pour l’Église orthodoxe un « grand concile » semblable à celui par lequel l’Église catholique a voulu faire son aggiornamento, mais qui a eu comme principal effet de provoquer son délitement interne et l’hémorragie dramatique d’un grand nombre de ses fidèles.


Jean-Claude Larchet