L'icône orthodoxe selon Virgil GHEORGHIU [ texte 1]
Voici un très beau premier texte sur l'icône
de l'écrivain roumain VIRGIL GHEORGHIU
extrait de son livre
" De la Vingt-cinquième heure à l'heure éternelle"(Plon,1965).
de l'écrivain roumain VIRGIL GHEORGHIU
extrait de son livre
" De la Vingt-cinquième heure à l'heure éternelle"(Plon,1965).
Dans nos sociétés quand un artiste a été soupçonné de ne pas avoir été à un moment de sa vie "politiquement correct" on l'oublie, on fait comme si l'on n'avait pas reconnu son talent, son génie à une époque où l'on ne savait pas...
Il n'empêche que V.GHEORGHIU est un grand écrivain et que ces livres sont des témoignages irremplaçables.
"Une photographie, qui est une image terrestre, même si c'est la photographie d'un saint, ne peut jamais servir d'icône. Les canons de l'iconographie orthodoxe l'interdisent catégoriquement. Si un jour on découvre la photographie d'un saint, elle ne pourra pas être mise à la place de l'icône de ce 'saint vénéré. Car une photographie est l'image exclusivement terrestre de l'homme. L'icône, au contraire, est l'image pure et intégrale de l'homme, avec toutes ses dimensions terrestres et célestes.
Dans une icône, l'image humaine est dépouillée de toute la matière lourde et périssable qu'elle contient dans la vie naturelle. Et c'est justice, qu'elle soit ainsi dépouillée et réduite à ses lignes originales; car les saints que l'icône représente sont des hommes qui, malgré leur corps de chair, ont vécu comme les anges, lesquels sont dépourvus de matière. Dans l'icône, donc, le visage et le corps humain sont débarrassés, allégés, purifiés, nettoyés de toute argile, de toute poussière et de tous matériaux terrestres, lourds et éphémères. Dans l'icône, la figure humaine est rendue pure et conforme au prototype de l'homme. Pendant sa vie terrestre, le saint ne peut pas être tel que le représente l'icône. De même, dans la nature, il n'existe pas d'eau pure. Toute eau même la plus pure, est mélangée à des sels à des gaz et d'autres matériaux qui sont étrangers à la nature de l'eau. L'eau chimiquement pure, composée d'hydrogène et d'oxygène, comme dans la formule, n'est possible que théoriquement. Même si cette eau véritable existait dans la nature elle ne pourrait pas être bue: l'eau chimiquement pure, l'eau véritable, n'est pas potable.
Il en est de même chose de l'image humaine.
Dans la vie terrestre, cette image humaine, comme l'eau potable est impure. Elle est alourdie. Elle est mélangée. Elle contient toutes sortes d'impuretés, qui se sont ajoutées ultérieurement à la nature originelle et n'ont aucun rapport avec elle.
Dans l'icône orthodoxe, l'image humaine est peinte comme elle était à l'origine, comme elle était à la création du monde. Toute icône représente l'archétypon, le prototype de l'homme. Dans l'icône, le corps humain est libéré des lois de la matière. du temps et de l'espace. L'image humaine réduite ainsi à ses formes et propriétés initiales, originales, est éternelle et semblable à Dieu qui a servi de modèle.
Une icône ne représente donc pas une réalité du monde d'ici-bas de la terre. Toute icône est ainsi, comme une fenêtre qui s'ouvre vers le ciel; et l'image que nous y voyons peinte est une réalité d'en haut. La personne humaine, la figure du saint ou de la sainte, peinte sur l'icône, sont bien celles qui ont vécu sur la terre, et nous les reconnaissons facilement, mais nous ne les reconnaissons pas selon la chair.[ 2Corinthiens 5,16 : « Ainsi, dès maintenant, nous ne connaissons personne selon la chair; et si nous avons connu Christ selon la chair, maintenant nous ne le connaissons plus de cette manière ».] Car à présent elles sont des créatures célestes, et personne ne peut être reconnu dans le Ciel selon la chair. Le peintre d'icônes, le zographos, a une tâche extrêmement difficile. Car il est impossible de peindre avec des mains de chair, avec des matériaux périssables – comme l'huile, l'encre et les couleurs – des réalités qui n'existent que dans le ciel et qui sont éternelles. Pour arriver à une image le plus proche possible du modèle divin et céleste, le peintre d'icônes n’a qu'un moyen : utiliser des symboles. Cela veut dire, rendre présente une réalité supérieure, par un moyen indirect, car cette réalité ne peut pas être saisie directement.
Il y a une seule icône parfaite dans l'Eglise, mais elle est achiroropoïete, cela veut dire « non faite par la main de l'homme ». C'est le visage du Christ, imprimé miraculeusement et sans intervention de la main humaine, connu sous le nom de « La Sainte Face ».
En dehors de l'icône achéropoïete, les autres icônes reproduisent, avec les matériaux d'ici-bas, au moyen des symboles, les divines réalités du ciel.
De toutes les icônes, la plus belle, à mes yeux, est le visage de mon père, tel qu'il s'est imprimé dans ma mémoire, la première fois que j'ai ouvert les yeux sur le monde, dans mon berceau. Elle était tout à fait conforme aux canons et aux règles sévères de l'iconographie byzantine, comme je m'en suis rendu compte plus tard. Le fait que la première fois que j'ai ouvert les yeux, j'ai vu devant moi une si belle icône, a déterminé rigoureusement la ligne de ma vie.
Sous un certain aspect, l'icône est pareille aux affiches des bureaux de tourisme, qui nous montrent une image splendide du pays dans lequel nous sommes invités à nous rendre. Toute affiche touristique est ainsi une vraie carte d'invitation au voyage dans un pays merveilleux. L'icône, elle aussi est une carte d'invitation au voyage dans l'Au-delà ; dans le Ciel. L'icône, comme les affiches de tourisme, nous montre une image : celle des réalités célestes. En ouvrant les yeux sur une icône, j'ai reçu en même temps une invitation au Ciel. A cause, peut-être, de cette invitation, la préoccupation unique de ma vie a été le voyage au ciel. Me sachant invité ailleurs, j'ai accepté sans aucun plaisir particulier les places que l'on m'a offertes ici-bas, sur la terre. Je les savais médiocres et provisoires. Je savais que « mon siège est au ciel et que la terre n'est que l'escabeau des pieds»
Quand on a connu un fragment de la réalité céleste, même si cette réalité est un tout petit fragment, à peine entrevu à travers la fenêtre d'une icône, on trouve à juste raison que la terre est petite, médiocre et mesquine. On se rend compte que la terre ne mérite d'être utilisée que comme escabeau sous les pieds, pour monter là-haut. Ce que j'ai décidé de faire."
Dans une icône, l'image humaine est dépouillée de toute la matière lourde et périssable qu'elle contient dans la vie naturelle. Et c'est justice, qu'elle soit ainsi dépouillée et réduite à ses lignes originales; car les saints que l'icône représente sont des hommes qui, malgré leur corps de chair, ont vécu comme les anges, lesquels sont dépourvus de matière. Dans l'icône, donc, le visage et le corps humain sont débarrassés, allégés, purifiés, nettoyés de toute argile, de toute poussière et de tous matériaux terrestres, lourds et éphémères. Dans l'icône, la figure humaine est rendue pure et conforme au prototype de l'homme. Pendant sa vie terrestre, le saint ne peut pas être tel que le représente l'icône. De même, dans la nature, il n'existe pas d'eau pure. Toute eau même la plus pure, est mélangée à des sels à des gaz et d'autres matériaux qui sont étrangers à la nature de l'eau. L'eau chimiquement pure, composée d'hydrogène et d'oxygène, comme dans la formule, n'est possible que théoriquement. Même si cette eau véritable existait dans la nature elle ne pourrait pas être bue: l'eau chimiquement pure, l'eau véritable, n'est pas potable.
Il en est de même chose de l'image humaine.
Dans la vie terrestre, cette image humaine, comme l'eau potable est impure. Elle est alourdie. Elle est mélangée. Elle contient toutes sortes d'impuretés, qui se sont ajoutées ultérieurement à la nature originelle et n'ont aucun rapport avec elle.
Dans l'icône orthodoxe, l'image humaine est peinte comme elle était à l'origine, comme elle était à la création du monde. Toute icône représente l'archétypon, le prototype de l'homme. Dans l'icône, le corps humain est libéré des lois de la matière. du temps et de l'espace. L'image humaine réduite ainsi à ses formes et propriétés initiales, originales, est éternelle et semblable à Dieu qui a servi de modèle.
Une icône ne représente donc pas une réalité du monde d'ici-bas de la terre. Toute icône est ainsi, comme une fenêtre qui s'ouvre vers le ciel; et l'image que nous y voyons peinte est une réalité d'en haut. La personne humaine, la figure du saint ou de la sainte, peinte sur l'icône, sont bien celles qui ont vécu sur la terre, et nous les reconnaissons facilement, mais nous ne les reconnaissons pas selon la chair.[ 2Corinthiens 5,16 : « Ainsi, dès maintenant, nous ne connaissons personne selon la chair; et si nous avons connu Christ selon la chair, maintenant nous ne le connaissons plus de cette manière ».] Car à présent elles sont des créatures célestes, et personne ne peut être reconnu dans le Ciel selon la chair. Le peintre d'icônes, le zographos, a une tâche extrêmement difficile. Car il est impossible de peindre avec des mains de chair, avec des matériaux périssables – comme l'huile, l'encre et les couleurs – des réalités qui n'existent que dans le ciel et qui sont éternelles. Pour arriver à une image le plus proche possible du modèle divin et céleste, le peintre d'icônes n’a qu'un moyen : utiliser des symboles. Cela veut dire, rendre présente une réalité supérieure, par un moyen indirect, car cette réalité ne peut pas être saisie directement.
Il y a une seule icône parfaite dans l'Eglise, mais elle est achiroropoïete, cela veut dire « non faite par la main de l'homme ». C'est le visage du Christ, imprimé miraculeusement et sans intervention de la main humaine, connu sous le nom de « La Sainte Face ».
En dehors de l'icône achéropoïete, les autres icônes reproduisent, avec les matériaux d'ici-bas, au moyen des symboles, les divines réalités du ciel.
De toutes les icônes, la plus belle, à mes yeux, est le visage de mon père, tel qu'il s'est imprimé dans ma mémoire, la première fois que j'ai ouvert les yeux sur le monde, dans mon berceau. Elle était tout à fait conforme aux canons et aux règles sévères de l'iconographie byzantine, comme je m'en suis rendu compte plus tard. Le fait que la première fois que j'ai ouvert les yeux, j'ai vu devant moi une si belle icône, a déterminé rigoureusement la ligne de ma vie.
Sous un certain aspect, l'icône est pareille aux affiches des bureaux de tourisme, qui nous montrent une image splendide du pays dans lequel nous sommes invités à nous rendre. Toute affiche touristique est ainsi une vraie carte d'invitation au voyage dans un pays merveilleux. L'icône, elle aussi est une carte d'invitation au voyage dans l'Au-delà ; dans le Ciel. L'icône, comme les affiches de tourisme, nous montre une image : celle des réalités célestes. En ouvrant les yeux sur une icône, j'ai reçu en même temps une invitation au Ciel. A cause, peut-être, de cette invitation, la préoccupation unique de ma vie a été le voyage au ciel. Me sachant invité ailleurs, j'ai accepté sans aucun plaisir particulier les places que l'on m'a offertes ici-bas, sur la terre. Je les savais médiocres et provisoires. Je savais que « mon siège est au ciel et que la terre n'est que l'escabeau des pieds»
Quand on a connu un fragment de la réalité céleste, même si cette réalité est un tout petit fragment, à peine entrevu à travers la fenêtre d'une icône, on trouve à juste raison que la terre est petite, médiocre et mesquine. On se rend compte que la terre ne mérite d'être utilisée que comme escabeau sous les pieds, pour monter là-haut. Ce que j'ai décidé de faire."
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