Qu'est-ce que l'icône orthodoxe ?

Y a -t-il d'autres icônes au sens religieux que les icônes orthodoxes ? Je ne le crois pas.

On a décrété, encore une fois par irénisme, que l'icône appartenait à tous les chrétiens de la Chrétienté indivise mais c'est faux ! J'aime les fresques romanes il en reste suffisamment de vestiges pour que l'on imagine les églises magnifiques de l'époque romane autrement que nues et dépouillées comme on les apprécie maintenant... mais des reliquats d'icônes, point. Non il n'y a pas eu de conception, de création, de production, de vénération ni d'utilisation liturgique d'icônes dans le culte en Occident. Un point c'est tout.

L'icône appartient à l'Orthodoxie. C'est elle qui en a fait la théologie et sans elle l'Orthodoxie n'existerait pas et c'est bien pourquoi on en fête solennellement la restauration le jour du "Triomphe de l'Orthodoxie" que les irénistes osent à peine fêter de peur de chagriner leurs frères ou qu'ils fêtent avec moult(es) explications de crainte d'être vus comme d'arrogants triomphalistes sectaires par les hétérodoxes.
Je regrette, c'est une grave erreur que de ne pas dire la vérité à ceux que l'on appelle frères pour ne pas les fâcher et c'est le contraire de la vraie charité. Non l'icône n'appartient pas à tous, et l'affirmer n'a donné que des fruits ou acides, ou doucereux ou dégoûtants ou insipides et en tout cas indigestes, bien souvent vendus dans des boutiques assez éloignées de la production et de la distribution traditionnelles et assez conformes à l'arbre qui les a produits. Notre Seigneur a dit quelque chose à propos des fruits et de l'arbre. Regardons seulement ce qui encombre les boutiques d'art religieux, les expositions, voire les galeries : Ersatz, faux produits en série par des peintres (ou amateurs) qui après un seul stage pensent faire de l'argent, sujets représentés parfaitement sans rapport avec la tradition, etc. Utilisation incohérente, irrespectueuse, purement esthétique ou simplement collectionneuse, détournement ésotérique etc.

Pourquoi les professeurs orthodoxes d'iconographie occidentaux reconnus acceptent-il de prendre comme élèves des hétérodoxes ou des incroyants ?
Parce qu'ils pensent d'une part que c'est leur droit (voir plus haut) et d'autre part que les apprentis peuvent trouver la grâce par cet engagement et que l'unité tant souhaitée des Chrétiens va se faire par ce biais. Mais c'est pure illusion, l'icône est un objet liturgique, un objet de culte et quand le culte correspondant n'existe pas l'icône n'en est plus une, elle est seulement comme le Canada Dry de la pub, elle y ressemble mais ce n'en est pas une. Celui qui veut peindre (ou plutôt écrire) ou "utiliser" une icône doit franchir le fossé qui le sépare de la Tradition à laquelle elle appartient et y adhérer, c'est tout.

Il faut rappeler tout cela. Il faut répéter les choses car particulièrement à notre époque de zapping tous azimuts, on oublie, et on assimile tout, on réduit tout au même. Ce destin occidental de l'icône hors de l'Eglise orthodoxe et par contrecoup en retour dans une partie de l'Eglise orthodoxe est peu prometteur contrairement à ce qui était prévu.

Quand des non croyants (mais pas seulement, des hétérodoxes aussi !) voient des icônes, non seulement ils ne distinguent pas l'original de la falsification mais ils assimilent désormais les icônes au Catholicisme ! C'est clair et l'Orthodoxie y a perdu deux fois : non seulement elle n'est pas davantage connue pour son apport originel et original mais elle est niée dans sa spécificité et dépouillée de ce qui lui appartient. Ainsi en est-il de Saints typiquement orthodoxes comme St Seraphim de Sarov ou St Silouane l'Athonite... Ainsi en est-il de textes entiers d'offices orthodoxes utilisés sans qu'on n'en donne jamais l'origine. Ainsi en est-il de chants que l'on chante en s'extasiant sans même que l'on soupçonne qu'ils ont été créés par des orthodoxes.

Croyez-vous que ces emprunts et cette utilisation frauduleuse font connaître davantage l'Orthodoxie et incitent les fidèles hétérodoxes à s'intéresser au Christianisme des origines et à retrouver la vraie foi. Pas du tout ! C'est le contraire, bien que ce soit un grand malade pour ne pas dire un moribond que ce Christianisme occidental, il lui reste assez de forces et de représentation spectaculaire pour attirer dans sa chute qui voudrait s'associer à lui d'une quelconque manière. On n'y gagnera rien à jouer à ce jeu-là, la maladie est contagieuse et mortelle !

Il est bien connu que quand on veut sauver quelqu'un qui se noie, il est préférable de conserver une certaine distance, voire une certaine méfiance vis à vis de lui, car dans sa panique il pourrait bien entraîner dans sa noyade celui qui prétendait le sauver. Lancer une bouée en restant sur le bateau semble, quelquefois même, bien plus efficace. S'il vous plaît, restons sur le bateau, non pas par orgueil ni par mépris, encore moins par indifférence mais par souci d'efficacité et par véritable compassion !

Voilà pourquoi je voudrais présenter quelques textes (même s'ils sont connus, il est nécessaire de les présenter à temps et à contre-temps) sur la seule iconographie qui vaille (qu'il vaudrait mieux, à force, appeler comme en grec hagiographia) , car elle est la chair vivante de l'Orthodoxie. Des hommes sont morts pour la défendre, des hommes y consacrent toute l'énergie de leur corps et toutes les prières de leur vie. Les iconographes comme Leonid Ouspensky ou Photios Kontoglou ont écrit des choses incontournables et définitives sur l'incompatibilité de l'icône avec l'hétérodoxie. Il ne faut pas faire semblant qu'ils n'ont pas écrit car ce qu'ils ont développé concerne le noyau même de notre foi.

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