Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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dimanche 23 mai 2010

L'iconographie orthodoxe de la Pentecôte par Leonid OUSPENSKY

"L'iconographie orthodoxe de la Pentecôte est bien loin d'illustrer l'événement décrit dans le premier chapitre des Actes des Apôtres. Plutôt que sur l'événement lui-même, tout y est centré sur le contenu ecclésiologique de celui-ci: ce que nous voyons, c'est l'ordre de l'Église, son unité dans la multiplicité à l'image de la Triunité divine, rendue par la réalité concrète du cercle des douze Apôtres.
La Descente de l'Esprit Saint est le début de la vie de l'Église en tant que Pentecôte permanente. A partir de ce jour le Saint Esprit réalise dans l’Église les attributs essentiels de la vie trinitaire: l'unité, la sainteté, la catholicité. Par la volonté de la Sainte Trinité et l'action de l'Esprit s'achève en ce jour l'accomplissement du dessein du Conseil éternel - la re-création de l'homme et du monde que le péché originel avait compromis.
Le trait qui caractérise cette icône, c'est qu'il n'y a personne à la tête du groupe des Apôtres. « Le Chef divin ne peut être remplacé pour le Corps qu'est l'Église ni par un ange, ni, à plus forte raison, par un être humain» . La place à la tête du cercle apostolique demeure vide et la composition de l'image la lie directement avec le ciel symbolique, l'au-delà. L'icône orthodoxe de la Pentecôte montre le lien direct de l'Église avec son Prototype trinitaire, d'une part, et sa relation avec le monde, d'autre part (le Cosmos au bas de l'icône).
Les représentations occidentales de la Pentecôte sont tout aussi variées que celles de la Sainte Trinité et tout aussi arbitraires.
Après la période iconoclaste, lorsque l'iconographie de la Pentecôte se constituait, cette image avait encore en Occident un certain lien avec l'ecclésiologie. Durant cette période et jusqu'au XIIIème siècle on plaçait l'Apôtre Pierre à la tête du cercle apostolique (ne comprenant même pas toujours douze Apôtres). Cette présidence exprimait déjà l'ecclésiologie qui devait plus tard être formulée dans les dogmes de la juridiction universelle et de l'infaillibilité du pape. A partir du XIIIème siècle, c'est-à-dire du moment où triompha la scolastique filioquiste, il y a rupture totale avec la Tradition. Dans l'image de la Pentecôte la place de saint Pierre est occupée par la Vierge et tout lien de cette image avec l'ecclésiologie se trouve rompu. Elle acquiert un caractère de plus en plus illustratif et se limite à la description de l'événement (Ac 1,13 -14). C'est déjà la rupture totale entre la théologie, la vie spirituelle et la création artistique.


C'est à partir de la Pentecôte qu'est célébré le Sacrement de l'Eucharistie et que, par conséquent, une norme, une direction générale est donnée à toute la vie de l'Église, y compris son art.
Le lien entre le Sacrement eucharistique et l'image devient un trait qui caractérise l'orthodoxie. C'est pour cela que, pendant la période iconoclaste, les orthodoxes défendaient la correspondance de l'image au Sacrement, leur corrélation. n ne s'agissait pas d'une innovation, mais d'une succession ininterrompue de la doctrine et de la pratique de l'Église primitive.
Ce lien entre le Sacrement eucharistique et l'image n'est pas propre à quelque orthodoxie idéale et abstraite: il est la norme. Nous représentons « le corps de Dieu rayonnant de la gloire divine, saint, incorruptible, vivifiant». Des dérogations à cette norme, comme à n'importe quelle autre, sont toujours possibles et se produisent en raison de la faiblesse humaine. Ces dérogations peuvent avoir un caractère massif et durer longtemps. Ainsi la violation de la structure canonique de l'Église durant la période synodale en Russie dura près de 200 ans. Mais cela n'empêcha pas le retour à la norme. «L'orthodoxie, même si elle vit dans l'inconsistance et tolère des "hérésies pratiques", n'a jamais dogmatisé ces hérésies, laissant la possibilité de les combattre, de restaurer, de créer». La norme existe, qu'on en prenne conscience ou non. Elle est salutaire et fait partie du tissu vivant de la liturgie orthodoxe. Elle a été scellée par le dogme de la vénération des icônes, exprimée par le canon iconographique et protégée par lui."
(extrait de "Vers l'Unité ?" YMCA PRESS1987)

mercredi 24 septembre 2008

Œcuménisme et dégénérescence de l'iconographie orthodoxe de LEONID OUSPENSKY [texte 5]


"La confusion entre l'Église et la religion n'est pas un phénomène nouveau. Aux XVIII et XIXème siècles une confusion analogue eut pour résultat la diffusion dans le monde orthodoxe, ou plutôt l'envahissement de celui-ci par l'art occidental. C'était un «œcuménisme» dans l'art. La même image fut prédominante durant cette période tant dans le catholicisme romain que dans l'orthodoxie. Cet œcuménisme relégua au second plan l'image de l'Église, son art à elle, la remplaçant par un art qui reflétait une certaine notion du christianisme, un art religieux en général, c'est-à-dire exprimant la religion d'une culture dite chrétienne dans une multitude d'interprétations individuelles. Or, lorsque l'orthodoxie se manifesta à l'échelle mondiale, il s'avéra que ce n'est pas cet art religieux emprunté, mais uniquement son art à elle, l'icône, qui constituait son témoignage, sa manifestation. L'art religieux de type occidental et dont la Renaissance avait été le sommet (art qui, en Occident lui-même, a depuis fait naufrage), transplanté sur le sol orthodoxe, se révéla incompatible avec l 'Église, avec sa doctrine et sa Tradition patristique. Autrement dit, cette tentative d' « œcuménisme dans l'art» a manifesté avec évidence son inconsistance et son ambiguïté: la confusion de la religion et de l 'Église a été un élément destructeur. […]

Après l'iconoclasme les circonstances historiques et surtout les innovations doctrinales dans la confession du Saint Esprit inconnues du Septième Concile et étrangères à la doctrine orthodoxe de l'image ont fourni un terrain propice au développement de l'attitude des catholiques romains envers l'icône et l'art sacré en général. Les confessions occidentales virent apparaître une doctrine qui n'exprime pas les présupposés dogmatiques décisifs pour la définition du Septième Concile œcuménique concernant l'image. Cette doctrine a été la cause de ce qu'en Occident la représentation de Dieu devient une question « secondaire», « ne touchant aucun article fondamental de la foi», « de pure discipline» (F. D. Boespflug, Dieu dans l'Art, Paris 1984, p. 312-313.). Les voies que le Septième Concile avait tracées à l'art sacré, sa théologie, demeurent étrangères à l'Occident. Celui-ci adopte des principes autres, une différente conception de l'art, une autre attitude envers son contenu et son rôle. Les livres Carolins marquent le point de départ d'un chemin qui petit à petit éloignera l'art de la Tradition, puis l'en détachera complètement. Le Septième Concile œcuménique continue à être reconnu par le catholicisme romain et, de même que le Sixième, est parfois mentionné. Mais leur doctrine est ou bien faussée, ou simplement ignorée. […]

Dans le corps de l'Église les sacrements, la confession de la vraie foi et l'ordre canonique sont indissolublement liés ensemble. Là où la confession de la foi est faussée, l'ordre canonique, lui aussi, est faussé; faussées sont également la notion de l'image sacrée et cette image elle-même. Or c'est dans l'image que se manifestent de la façon la plus convaincante, parce qu'évidente pour les yeux, non seulement la vérité, mais aussi toute altération de celle-ci. Les paroles peuvent être les mêmes; mais l'image dénonce de la façon la plus flagrante toute violation de la Tradition patristique, toute trahison envers elle. C'est dans l'image précisément que se manifeste avec le plus d'évidence la divergence entre la doctrine et la vie spirituelle de l'orthodoxie, d'une part, et celles des confessions occidentales, de l'autre."

in "Vers l'Unité ?" de Léonide Ouspensky paru aux éditions ymca-press en 1987

mardi 23 septembre 2008

La confusion entre l'Église et la religion de LEONID OUSPENSKY


"La religion n'est pas encore l'Église. « La religion a eu et a toujours pour double origine l'attirance vers ce qui est saint, en sachant que cet absolument autre existe, en même temps que l'ignorance de ce qu'il est. Aussi n'y a-t-il pas sur terre de phénomène plus ambigu ni plus tragique par son ambigüité même que la religion. C'est seulement notre "religiosité" moderne, sentimentale et éventée, qui nous a persuadés que la "religion" est toujours quelque chose de positif, de bienveillant et d'utile, et qu'en fin de compte les hommes ont toujours cru au même "bon" Dieu condescendant, au "Père", alors qu'en fait cette représentation a été formée "à l'image et à la ressemblance" de notre propre bonté médiocre, de notre morale peu contraignante, de nos attendrissements courants et de notre cheap complacency, une magnanimité de pacotille. Nous avons oublié qu'allaient de pair avec la "religion" et que lui étaient en quelque sorte congénères de ténébreux abîmes de peur, de démence, de haine, de fanatisme, toute cette superstition effrayante que le christianisme primitif avait si véhémentement condamnée, car il y voyait un flot de tentations diaboliques. Autrement dit, nous avons oublié que la "religion" provenait de Dieu, objet de l'aspiration et de la recherche impérissables de l'homme, tout autant que du prince de ce monde, qui avait arraché l'homme à Dieu et qui l'avait plongé dans la nuit terrible de l'ignorance» (P. Alexandre Schmemann, L'Eucharistie, Sacrement du Royaume, Paris 1984, pp. 198-199). "
in "Vers l'Unité ?" de Léonide Ouspensky paru aux éditions ymca-press en 1987



mercredi 10 septembre 2008

Vers l'Unité ? de LEONID OUSPENSKY (1) [ texte 2]

Comme annoncé il y a quelques temps, il m'a semblé utile de rappeler des textes importants de ceux qui, par leur engagement total dans l'art liturgique, me semblent particulièrement bien placés pour défendre et illustrer la foi orthodoxe, c'est à dire les Hagiographes, terme qui me semble bien moins galvaudé et plus précis de nos jours, que celui d'iconographe même si l'hagiographe désigne plutôt communément dans notre langue celui qui raconte des histoires de saints. Voici le premier de quelques extraits de "Vers l'Unité ?" de Léonide Ouspensky paru aux éditions ymca-press en 1987

"Aux yeux d'un grand nombre de nos contemporains les différences entre les diverses religions perdent de leur importance. Il suffit de croire en Dieu ; la notion d'Église se dissout dans une notion générale de religion (pas même nécessairement chrétienne) et disparaît. En fait, nous nous trouvons aujourd'hui devant une conception de l’Église soit faussée, bien que ferme et bien définie (dans une partie du catholicisme romain), soit indistincte et floue, se confondant confusément avec de vagues idées sur le christianisme. « L'ecclésiologie n'est plus populaire. Les interprétations "séculaires" et, plus récemment, diverses formes de charismatisme semblent avoir rendu inutile l'ecclésiologie comme telle. On considère l’Église presque comme une idole, et, en tout cas, comme un empêchement pour l'homme d'affirmer sa vocation dans l'histoire et de recevoir directement des dons spirituels» (1). Il faut ajouter à cela l'influence directe ou indirecte de l'athéisme qui, dans ses rapports avec la religion, ne voit ni ne fait de distinctions entre les différentes confessions et, d'autre part, l'absence d'unité chez les chrétiens sur le plan confessionnel. Tout ceci a produit le chaos que nous constatons à notre époque - chaos indifférencié tant dans le domaine dogmatique que dans le domaine canonique. Dès lors que le dogme perd sa signification et son importance, on en arrive au mépris total des canons. Nous avons soudain « compris» ce que ne comprenaient pas les saints Pères: les canons ne sont que des « inventions humaines» et non l'application à la vie des dogmes de l’Église. « Les conciles, les canons, tout cela est périmé ». La prérogative du Concile – « Il a plu au Saint Esprit et à nous» ¬est à présent revendiquée par chacun pour soi-même.

Aussi étrange que cela puisse paraître à un grand nombre de personnes, la notion de religion chrétienne et celle de l’Église ne sont pas identiques. La religion est une notion très large, comprenant des phénomènes parfois même contradictoires, alors que l’Église est un phénomène tout à fait concret. Ce n'est pas une nouvelle religion que le Christ est venu ajouter à celles, nombreuses, déjà existantes. Il est venu pour établir Son Église «Je bâtirai Mon Église... » Mt 16,18) (2).
On peut dire, certes, que l’Église est une religion; mais la religion n'est pas encore l’Église. Il existe des chrétiens en dehors de l’Église de nos jours tout comme depuis les temps apostoliques. Selon l’Apôtre l’Église est le Corps du Christ ; elle est un miracle - celui de l'union de l'être créé avec l'Incréé, le Divin. En tant que Corps du Christ l’Église est le fruit de deux miracles: l'Incarnation du Fils de Dieu et la Descente de l'Esprit Saint. C'est pourquoi « l'être de l’Église ne peut être comparé à rien sur la terre, puisque sur la terre il n'y a point d'unité, mais seulement de la division (...). L’Église est quelque chose de complètement nouveau sur la terre, d'absolument singulier et unique dans son genre, ne pouvant être définie par aucune notion de la vie du monde (...). L’Église est une ressemblance de la Sainte Trinité, ressemblance en laquelle beaucoup deviennent un» (3). Et lorsque cet « être unique» parut, il s'avéra « scandale» et « folie» pour les autres religions et pour le monde qui l'entourait. La conscience de nos contemporains continue à ne pas l'admettre.
*
La religion n'est pas encore l’Église. « La religion a eu et a toujours pour double origine l'attirance vers ce qui est saint, en sachant que cet absolument autre existe, en même temps que l'ignorance de ce qu'il est. Aussi n'y a-t-il pas sur terre de phénomène plus ambigu ni plus tragique par son ambiguïté même que la religion. C'est seulement notre "religiosité" moderne, sentimentale et éventée, qui nous a persuadés que la "religion" est toujours quelque chose de positif, de bienveillant et d'utile, et qu'en fin de compte les hommes ont toujours cru au même "bon" Dieu condescendant, au "Père", alors qu'en fait cette représentation a été formée "à l'image et à la ressemblance" de notre propre bonté médiocre, de notre morale peu contraignante, de nos attendrissements courants et de notre cheap complacency, une magnanimité de pacotille. Nous avons oublié qu'allaient de pair avec la "religion" et que lui étaient en quelque sorte congénères de ténébreux abîmes de peur, de démence, de haine, de fanatisme, toute cette superstition effrayante que le christianisme primitif avait si véhémentement condamnée, car il y voyait un îlot de tentations diaboliques. Autrement dit, nous avons oublié que la "religion" provenait de Dieu, objet de l'aspiration et de la recherche impérissables de l'homme, tout autant que du prince de ce monde, qui avait arraché l'homme à Dieu et qui l'avait plongé dans la nuit terrible de l'ignorance» (4).

1. P. J. Meyendorff «Qu'est-ce qu'un Concile œcuménique? », Messager de l'Action chrétienne des étudiants russes No 121, Paris 1977, p. 22 (en russe).
2. Le Deuxième Concile Œcuménique, par sa 7ème règle, affirme que confesser le christianisme ne constitue que la première étape de la conversion, suivie par le catéchuménat, puis la réception dans l’Église par le baptême. Ayant indiqué comment il fallait recevoir dans l'~lise certains hérétiques selon le degré de leur éloignement, par la chrismation, cette règle se termine par la décision suivante: «Nous recevons tous ceux d'entre eux (c'est-à-dire d'autres hérétiques -L. O.) qui souhaitent être unis à l'Orthodoxie, comme des païens: Nous les faisons chrétiens le premier jour, catéchumènes le deuxième, puis (...) nous les faisons demeurer dans l'église et écouter les Ecritures, et ensuite seulement nous les baptisons» (Règles de l'Eglise ortho¬doxe avec commentaires par Nicodème, évêque de Dalmatie et d'Istrie, Saint-Pétersbourg 1911, en russe). Cette décision est répétée, sous une forme un peu élargie, par la règle 95 du Sixième Concile Œcuménique (in Trullo).
3. Métropolite Antoine (Hrapovitsky), Œuvres, vol.II, pp. 17-18. Cité par le métropolite Philarète de Kiev, «l’Église locale et l’Église universelle », Journal du Patriarcat de Moscou No 3, 1981, p.71 (en russe).
4. P. Alexandre Schmemann, L'Eucharistie, Sacrement du Royaume, Paris 1984, pp.198-199. "

samedi 6 septembre 2008

Qu'est-ce que l'icône orthodoxe ?

Y a -t-il d'autres icônes au sens religieux que les icônes orthodoxes ? Je ne le crois pas.

On a décrété, encore une fois par irénisme, que l'icône appartenait à tous les chrétiens de la Chrétienté indivise mais c'est faux ! J'aime les fresques romanes il en reste suffisamment de vestiges pour que l'on imagine les églises magnifiques de l'époque romane autrement que nues et dépouillées comme on les apprécie maintenant... mais des reliquats d'icônes, point. Non il n'y a pas eu de conception, de création, de production, de vénération ni d'utilisation liturgique d'icônes dans le culte en Occident. Un point c'est tout.

L'icône appartient à l'Orthodoxie. C'est elle qui en a fait la théologie et sans elle l'Orthodoxie n'existerait pas et c'est bien pourquoi on en fête solennellement la restauration le jour du "Triomphe de l'Orthodoxie" que les irénistes osent à peine fêter de peur de chagriner leurs frères ou qu'ils fêtent avec moult(es) explications de crainte d'être vus comme d'arrogants triomphalistes sectaires par les hétérodoxes.
Je regrette, c'est une grave erreur que de ne pas dire la vérité à ceux que l'on appelle frères pour ne pas les fâcher et c'est le contraire de la vraie charité. Non l'icône n'appartient pas à tous, et l'affirmer n'a donné que des fruits ou acides, ou doucereux ou dégoûtants ou insipides et en tout cas indigestes, bien souvent vendus dans des boutiques assez éloignées de la production et de la distribution traditionnelles et assez conformes à l'arbre qui les a produits. Notre Seigneur a dit quelque chose à propos des fruits et de l'arbre. Regardons seulement ce qui encombre les boutiques d'art religieux, les expositions, voire les galeries : Ersatz, faux produits en série par des peintres (ou amateurs) qui après un seul stage pensent faire de l'argent, sujets représentés parfaitement sans rapport avec la tradition, etc. Utilisation incohérente, irrespectueuse, purement esthétique ou simplement collectionneuse, détournement ésotérique etc.

Pourquoi les professeurs orthodoxes d'iconographie occidentaux reconnus acceptent-il de prendre comme élèves des hétérodoxes ou des incroyants ?
Parce qu'ils pensent d'une part que c'est leur droit (voir plus haut) et d'autre part que les apprentis peuvent trouver la grâce par cet engagement et que l'unité tant souhaitée des Chrétiens va se faire par ce biais. Mais c'est pure illusion, l'icône est un objet liturgique, un objet de culte et quand le culte correspondant n'existe pas l'icône n'en est plus une, elle est seulement comme le Canada Dry de la pub, elle y ressemble mais ce n'en est pas une. Celui qui veut peindre (ou plutôt écrire) ou "utiliser" une icône doit franchir le fossé qui le sépare de la Tradition à laquelle elle appartient et y adhérer, c'est tout.

Il faut rappeler tout cela. Il faut répéter les choses car particulièrement à notre époque de zapping tous azimuts, on oublie, et on assimile tout, on réduit tout au même. Ce destin occidental de l'icône hors de l'Eglise orthodoxe et par contrecoup en retour dans une partie de l'Eglise orthodoxe est peu prometteur contrairement à ce qui était prévu.

Quand des non croyants (mais pas seulement, des hétérodoxes aussi !) voient des icônes, non seulement ils ne distinguent pas l'original de la falsification mais ils assimilent désormais les icônes au Catholicisme ! C'est clair et l'Orthodoxie y a perdu deux fois : non seulement elle n'est pas davantage connue pour son apport originel et original mais elle est niée dans sa spécificité et dépouillée de ce qui lui appartient. Ainsi en est-il de Saints typiquement orthodoxes comme St Seraphim de Sarov ou St Silouane l'Athonite... Ainsi en est-il de textes entiers d'offices orthodoxes utilisés sans qu'on n'en donne jamais l'origine. Ainsi en est-il de chants que l'on chante en s'extasiant sans même que l'on soupçonne qu'ils ont été créés par des orthodoxes.

Croyez-vous que ces emprunts et cette utilisation frauduleuse font connaître davantage l'Orthodoxie et incitent les fidèles hétérodoxes à s'intéresser au Christianisme des origines et à retrouver la vraie foi. Pas du tout ! C'est le contraire, bien que ce soit un grand malade pour ne pas dire un moribond que ce Christianisme occidental, il lui reste assez de forces et de représentation spectaculaire pour attirer dans sa chute qui voudrait s'associer à lui d'une quelconque manière. On n'y gagnera rien à jouer à ce jeu-là, la maladie est contagieuse et mortelle !

Il est bien connu que quand on veut sauver quelqu'un qui se noie, il est préférable de conserver une certaine distance, voire une certaine méfiance vis à vis de lui, car dans sa panique il pourrait bien entraîner dans sa noyade celui qui prétendait le sauver. Lancer une bouée en restant sur le bateau semble, quelquefois même, bien plus efficace. S'il vous plaît, restons sur le bateau, non pas par orgueil ni par mépris, encore moins par indifférence mais par souci d'efficacité et par véritable compassion !

Voilà pourquoi je voudrais présenter quelques textes (même s'ils sont connus, il est nécessaire de les présenter à temps et à contre-temps) sur la seule iconographie qui vaille (qu'il vaudrait mieux, à force, appeler comme en grec hagiographia) , car elle est la chair vivante de l'Orthodoxie. Des hommes sont morts pour la défendre, des hommes y consacrent toute l'énergie de leur corps et toutes les prières de leur vie. Les iconographes comme Leonid Ouspensky ou Photios Kontoglou ont écrit des choses incontournables et définitives sur l'incompatibilité de l'icône avec l'hétérodoxie. Il ne faut pas faire semblant qu'ils n'ont pas écrit car ce qu'ils ont développé concerne le noyau même de notre foi.

mardi 12 août 2008

La nouvelle religion du tourisme et l'histoire du poulpe par PHOTIOS KONTOGLOU

Les iconographes authentiques, suivant avec courage et longanimité la Tradition sans faille, sont bien souvent ceux qui par leur investissement corps-âme et esprit dans la matière qu'ils doivent travailler pour en dégager la Lumière, ne peuvent tomber dans l'illusion spirituelle, l'à-peu-près, le relatif. Ils sont confrontés à la Vérité elle-même avec laquelle ils ne peuvent transiger et leur travail est un miroir impitoyable. Aussi, bien souvent, sont-ils ceux qu'il faut écouter dans leur défense de l'Orthodoxie car ils savent de quoi ils parlent, de Qui ils parlent et cette connaissance n'est pas un savoir intellectuel, formel, universitaire, mais c'est une pratique, une expérience de tout leur être engagé dans la foi.
Ainsi sont des Hagiographes ( comme on dit en grec) comme Photios Kontoglou ou Leonide Ouspensky, d'ardents défenseurs de la foi chrétienne authentique.
Voici un texte traduit du grec en anglais par NOCTOC sur son blog si personnel que j'aime tant et qu'il m'a permis de traduire en français à mon tour.


" De nos jours beaucoup de nouvelles religions sont apparues, les religions, qui représentent les mécréants et les athéistes. Une d'entre elles est le tourisme, qui est né de la vaine curiosité de l'homme qui veut connaître en effleurant à peine et sans donner vraiment d’importance à ce qu'il entend ou voit. La plupart des touristes s'ennuient dans leur vie et veulent passer le temps sans se donner trop de peine pour connaître les monuments, ni pour suivre les cours d'histoire racontés par des guides qui semblent préparer un festin pour des personnes souffrant d’anorexie. Ce que disent les guides entre par une oreille et sort par l'autre.
Toutefois, pourquoi n’y a t-il personne qui ait le courage de parler avec irrévérence de cette nouvelle déesse, cette si prolifique industrie touristique? C’est parce qu’à notre époque ce qui est sacré et ce qui est saint ce sont des choses qui font rentrer de l’argent. Comment pourriez-vous oser dire quoi que ce soit contre eux ? Vous auriez insulté Mahomet, vous auriez insulté Mamon.

Et comme si ce n'était pas suffisant que le tourisme ait rempli les musées avec une foule de personnes de toutes sortes, qui regardent dans le vide une brochure à la main et un appareil photo suspendu aux épaules, et comme si cela n'était pas suffisant que toute montagne isolée qui a deux colonnes brisées ou un marbre sculpté, soit devenue un dépotoir, et comme si ce n'était pas assez qu'il n'ait pas été conservé secret le moindre mystère du monde antique, ni qu'il ne soit pas un seul tombeau qui n'ait été ouvert afin que de somnolents curieux puissent s’y pencher, les mêmes entrent également dans les églises et chapelles isolées, où des gens prient, et les mêmes se tiennent là, sans faire le moindre signe de la Croix, avec leurs mains derrière leur dos, indifférents et insensibles à ces infortunées personnes qui sont près d’eux et autour d’eux.
Le tourisme s’est imposé à toute chose.
En sa royale présence toutes les portes ont été ouvertes afin qu’il soit bien accueilli, les portes des châteaux qui n'ont jamais été conquis par des guerriers, les portes des monastères qui ont été verrouillés mille fois, les cellules, les grottes et les ermitages où des hommes bénis ont vécu cachés.

Saints autels, corbeilles pour le pain béni, vases sacrés de communion, reliquaires avec saintes reliques ont été exposés sans honte sur la place publique afin que les touristes puissent les voir.
Enfin, la grande forteresse de l'Orthodoxie, le Mont Athos, la montagne sacrée s’est rendue elle-même au tourisme. Dans ce jardin de la Vierge Marie, où selon sa volonté, ne se sont posés ni pied de femme, ni patte d’animal femelle, vont et viennent désormais des milliers d'hommes de toutes les races, certains la pipe à la bouche, d'autres en culottes courtes, d'autres à moitié nus, parlant, riant, sans retenue car ils viennent là pour avoir du plaisir, fatigués de leurs emplois, de leurs entreprises, de leurs machines, des trains, des avions, des navires, des voitures, des théâtres, des bains de vapeur, des hôtels et de tout le reste à quoi ils ont à faire dans leurs pays. Même quand ils viennent ici, ils apportent l'odeur de toutes ces choses, et ils sont incapables de ressentir quoi que ce soit, et ils ne sont pas le moins du monde contrits, totalement étrangers aux antiques mystères qui sont cachés dans la montagne sacrée.
Parce qu'en effet, comment pourrait-il y avoir un moyen de transmettre ce parfum spirituel à des personnes qui n'ont pas ce sens perceptif du parfum spirituel ? Comment pourraient-ils sentir ce qu'ils voient et entendent, puisque ce sont des fruits supersubstantiels et des révélations de la piété, de la prière, de la haute théorie? Non que ce soit la faute de ces personnes, certaines d'entre elles sont innocentes et humbles, mais elles sont totalement éloignées de l'état qui doit être, de celui qui sait que ce lieu n'est pas un lieu pour les loisirs, ou pour se promener, ou pour le plaisir, ni même un lieu pour s'instruire, mais c'est un lieu qui porte gravée cette inscription : «Ceci est un lieu de respect ! Je ne suis pas autre chose que la maison de Dieu et la porte du ciel." Ces malheureux ne savent pas que ce qu'ils voient et écoutent, ne peut être compris par l’intelligence. Comment pourraient-ils supposer que leurs guides eux-mêmes ne sont pas en mesure de sentir leur véritable signification, et que, malgré les connaissances qu'ils ont sur ces saintes choses, il s'agit d'une connaissance superficielle, mécanique, d'une connaissance qui demeure à la surface parce que «la relation d’une personne avec Dieu ne peut être accomplie que grâce à la mémoire spirituelle, les bénédictions de la prière et le sacrifice".
Ce n'est pas un endroit pour satisfaire la curiosité de l'homme pécheur, mais c’est un endroit où les gens ont quitté le monde, où ils sont aux prises avec des luttes spirituelles, avec les souffrances du corps, s’abandonnant eux-mêmes complètement à la volonté de Dieu, par le jeûne, avec leurs mains levées vers le ciel, la bouche close depuis des années, le cœur fermé à toute distraction extérieure. C’est par erreur que vous, les touristes, avez cheminé jusqu’ici. Vous cherchez à plaire à vos sens et à votre corps, mais ce lieu où vos guides représentatifs vous ont menés, est un lieu de deuil joyeux et tous ceux qui vivaient et vivent encore ici, ne vous rendront pas heureux, parce qu'ils vivent avec la douleur au cœur, et c’est leur zèle pour le salut des âmes qui les a rendus si chaleureux. Comment se fait-il alors que soyez venus ici, comme s'il s'agissait d'un banquet de mariage vautré devant une table, alors que c’est un lieu de commémoration quotidienne de la mort, du soupir, et d’une triste supplication vers Dieu?

Les ennemis contemporains de notre religion et de notre pays sont plus dangereux que les anciens, car avec leur manière pacifique ils nous trompent et, de ce fait, ils nous apparaissent comme étant innocents, incapables de nous faire le moindre mal. Voilà ce que sont les prétendus « bienfaits de la civilisation moderne », les installations qui facilitent la vie sont des pièges empoisonnés, les spectacles, les formes de divertissement, le tourisme etc. Ces ennemis semblent innocents et incapables de nous nuire, parce qu'ils ne sont pas sauvages et ne révèlent pas leurs intentions, mais sont insidieux et font leurs nuisances sans le moindre avertissement. Des premiers ennemis vous pouvez vous protéger vous-même mais des derniers vous ne pouvez pas, comme nous le montre une légende de la mer que je vais vous raconter :
Une mère poulpe se reposait avec son petit au fond de la mer.
C’est alors que le petit poulpe est harponné et remonté à la surface par un pêcheur. Le petit poulpe appelle sa mère: « Maman ! Ils m’ont attrapé !» et s’ensuit un dialogue entre la mère poulpe et son petit:
« − N'aie pas peur mon enfant!
− Ils me sortent de l’eau maman !
− N'aie pas peur mon enfant !
− Ils me font griller Maman !
− N'aie pas peur mon enfant !
− Ils me coupent avec un couteau !
− N'aie pas peur mon enfant !
−Ils me mettent dans de l’eau bouillante !
− N'aie pas peur mon enfant !
−Ils me mâchent, ils me mangent !
− N'aie pas peur mon enfant !
−Ils m’avalent !
− N'aie pas peur mon enfant !
−Ils boivent du vin, Maman !
−Oh! Je t'ai perdu mon enfant ! »

Ce mythe signifie que toutes les dures épreuves qui ont été infligées à la pieuvre, n'ont pas causé la mort: ni la capture, ni le gril, ni la cuisine, ni la mastication. Mais lorsque sa mère a entendu que ceux qui avaient capturé et mangé son petit étaient en train de boire du vin afin de le digérer, elle a crié alors: «Je t'ai perdu mon enfant!". Le vin, qui semble être la chose la moins dangereuse en comparaison du découpage au couteau et de la mastication, est en réalité, le plus grand ennemi du poulpe.
Il en est ainsi pour nous Grecs.
De nombreuses tornades dévastatrices sont passées sur notre terre, toutes sortes de sauvages meurtriers sans pitié, avec des épées, des lances et toutes sortes d’armes. Perses, Germains, Francs, Arabes, Turcs et autres. Ils nous ont abattus, coupés en morceaux, pendus, ils nous ont mis au bûcher, mais nous ne sommes pas morts parce que notre lutte nous a rendus aussi solides que l'acier, nous avons rendu coup pour coup, nous avons eu à faire à des ennemis sauvages mais que l’on pouvait voir. Ceux d'aujourd'hui, ont changé d'apparence, ils sont devenus clandestins, ils ont le sourire aux lèvres, mais ce sont de faux amis, ils semblent inoffensifs, et même semblent des bienfaiteurs avec les meilleures intentions. Ce sont les marchandises qui entrent avec l’automatisme et autres systèmes, l'électro-ménager, les avions, le cinéma, la radio, la nudité et les bains-mixtes, et bien d'autres choses qui nous paralysent et nous laissent sans religion, sans tradition, sans famille, sans rien qui soit nôtre.
Une de ces marchandises clandestines est le tourisme, qui est le vin innocent qui tue le poulpe, alors que ni le couteau, ni les dents n’ont réussi à le tuer."