Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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lundi 22 mai 2017

QUELLE "RÉSISTANCE CHRÉTIENNE" ?

INTRODUCTION
Il faut reconnaître que la question du Christianisme en France se pose largement, essentiellement, et malheureusement presque exclusivement, en termes catholiques.
On a beau désirer de toute son âme d’orthodoxe français, que non seulement Rome revienne dans le giron de l’unique Église du Christ mais au moins que les chrétiens français redeviennent orthodoxes comme ils l’ont été pendant plus d’un millénaire (!), le Catholicisme veut de façon non moins incontournable et durable que tous s’unissent au papisme romain en dehors duquel on ne trouverait pas le moindre salut et en outre occupe le devant de la scène pour longtemps…

Donc fâcheusement si l’on veut savoir quelle est la place de la foi, de la pratique, et des valeurs chrétiennes dans notre pays, il faut en passer par le filtre... catholique.
La situation de notre beau pays étant ce qu’elle est, économiquement, politiquement, culturellement, du point de vue moral comme du point de vue religieux, c’est-à-dire en chute libre, il pourrait sembler qu’il y a lieu de prendre acte que s’est constituée, dans ce pays, une résistance chrétienne, croissante semble-t-il, qui est essentiellement d’origine catholique et que l’on ne saurait y rester indifférent sous le prétexte qu’elle ne peut que demeurer hétérodoxe, voire hérétique, en fin de compte.
En conséquence il pourrait sembler que l’heure est suffisamment grave pour que l’on mette de côté l’ecclésiologie et la théologie pour l’instant et que l’on s’intéresse aux analyses, pertinentes, et aux actions qui le sont également, qui sont produites venant de ce qui reste de chrétien dans cette Douce France…

Et pourtant je n'en suis plus si sûr… Pourquoi ?

 Je vais me contenter de reproduire un article que j'ai rédigé il y a quelques temps déjà et qui ne me semble pas avoir perdu de pertinence aujourd'hui en tant qu'il montre assez à quel point la situation périlleuse dans lequel se trouve le "Christianisme" en France, n'en déplaise au traditionalistes catholiques (que j'estime pourtant davantage que les chrétiens modernes fussent-ils "philorthodoxes"), cette situation disais-je donc est le pur produit du Catholicisme le plus"traditionaliste" qui soit ( c'est à dire finalement issu de la Contre Réforme). Oui sans aucun doute. Le destin de l'image chrétienne est le symbole même de ce qu'est devenue l'église catholique.

Lisez plutôt ci dessous ce qu'il en est advenu d'une mauvaise (hétérodoxe) fonction de l'image dans la foi chrétienne et vous comprendrez que les plus belles fresques de Michel Ange sont malheureusement les prémices de l'abominable  mais prévisible Piss Christ. 

Si les catholiques traditionalistes - que j'estime - veulent bien y réfléchir, ils verront que les produits terribles  de l'apostasie contemporaine en "occident" ne sont pas étrangers à la romaine erreur passée (l'éloignement de la foi orthodoxe) et que tout ce contre quoi ils veulent, de toute leur bonne foi, lutter aujourd'hui (avec l'opinion erronée que la cause en est extérieure à leur communauté fût-elle traditionaliste) vient de l'intérieur même de l'église catholique romaine à laquelle ils veulent agréger le troupeau orthodoxe avec l'aide des œcuménistes qu'ils abhorrent d'ailleurs (en sont-ils conscients?).

L'on voudra bien pardonner la longueur de l'introduction et avoir la patience de lire la suite qui est donc l'article que j'avais paraître le 27 avril 2011 :




A propos de la photographie d’un crucifix en plastique dans de l’urine d’un artiste. En dernière analyse. On pourrait penser qu’il ne faut plus donner de publicité à cet évènement scandaleux et qu’il ne faut donc plus en dire un mot. Mais c'est désormais trop tard, et on peut avoir la conviction, au contraire, qu’il y a lieu d’approfondir la question pour comprendre d’un peu plus près ce qui s’est passé, une fois les émotions premières calmées et  le recadrage médiatique dominant prévisible effectué. Il faut sans doute revoir tous ces évènements action/réaction   sous un autre jour c.à.d. à la lumière des déclarations de l’artiste dont il faut prendre au sérieux  le refus d’être considéré comme blasphémateur.L’homme se définit en effet à la fois comme artiste et comme chrétien. Dans  l’article du Monde on peut lire:« Je n'ai rien d'un blasphémateur, et je n'ai aucune sympathie pour le blasphème", insiste Andres Serrano, qui revendique être "un artiste chrétien) […]
Et plus loin "J'aimerais travailler au Vatican, réaliser une grande œuvre religieuse à Rome, dans les églises de la cité pontificale", affirme encore Andres Serrano. "J'aimerais que le Saint-Siège comprenne que je suis un artiste profondément chrétien de mon temps", ajoute-t-il.». 
On ne peut taxer immédiatement l’urineur-photographe de lâcheté en le soupçonnant de craindre les menaces voire le bâton d’intégristes catholiques qui auraient fait la démonstration de force définitive qu’on ne peut s’attaquer impunément aux choses sacrées. Non c’est sans doute bien plus grave que ça. 
Il faut donc croire ses déclarations et en tirer les conclusions  qui s’imposent :

  1. Cet homme se considère et est reconnu officiellement par le marché et les médias de l’art comme artiste de son temps. Cela lui vaut donc, en toute logique, la chance de faire des expositions dans le monde et de bénéficier d’un mécénat public ou privé qui correspond à ce fait. 
Que l’on s’indigne sur ce qu’est devenu l’art depuis sa déconstruction systématique commencée à la fin du XIX° s. aboutissant à notre époque à l’éclatement des codes, des langages artistiques et des canons esthétiques, comme à la multiplication des discours justifiant toute production éphémère ou durable sur support traditionnel ou non (la théorie finissant même quelquefois par se substituer en toute logique à n’importe quelle production), à la fin de l’histoire, à la fin des normes collectives, l’individu avec son regard propre – étant  la nouvelle norme dans le domaine dit artistique plus qu’ailleurs encore etc. …Tout cela ne fera rien à l’affaire : l’art étant mort l’art est partout... et même si l'art n’est pas mort, et qu’il sent tout de même une drôle d’odeur, cet homme est bel et bien reconnu comme artiste.  

  1. Cet artiste – donc – se déclare par ailleurs « profondément chrétien » et il aimerait même « travailler au Vatican, réaliser une grande œuvre religieuse à Rome, dans les églises de la cité pontificale ». Il se définit donc comme catholique romain convaincu, prêt à marcher sur les traces des Michel Ange, Bernin etc. Et là encore il n’y a pas lieu de ne pas croire en sa sincérité.  
Ici, dans ce domaine comme dans les autres, le discours individuel prime. De même qu’il est désormais possible de se déclarer et d’être reconnu comme artiste par la démonstration publique de  n’importe quelle fantaisie  de son ego, il est possible d’être reconnu comme « chrétien » du moment qu’on se déclare tel. Chrétien signifiant bien entendu, à l’entendement universel, catholique évidemment…C’est donc en toute légitimité que Andres Serrano se déclare artiste chrétien contemporain, et selon lui certainement suffisamment connu et talentueux pour prendre la relève de tous ses prestigieux prédécesseurs à Rome.Qu’est-ce qui le caractérise ? Des préoccupations somme toute assez communes aux chrétiens d’occident contemporains à première vue : la revendication de la libre expression par rapport aux dogmes, la réhabilitation du corps etc.  
Quoi que l’on pense de la dégénérescence de l’art et de la religion, il y a une logique dans tout cela et la situation contemporaine n’est jamais, il faut bien le dire maintenant, que l’aboutissement grimaçant de prémisses fondant la théologie schismatique latine. 
Il faut maintenant comprendre que la place que le statut de l'image et que l’art ont prise depuis des siècles dans l’Eglise catholique romaine même dans ses plus belles et plus admirables expressions esthétiques était fondée sur des erreurs, que l’on ne peut que nommer hérésies en langage théologique.  Rappelons-le, ce n’est pas par exclusion de l’histoire de l'art ou refus d’un progrès culturel – douteux d’ailleurs – que s’est constituée et développée l’iconographie orthodoxe,  c’est tout simplement par fidélité aux fondements  de l’Eglise éternelle du Christ et par inspiration réelle du Saint Esprit de Dieu. Voilà qui est dit de façon peu œcuméniste et un peu brutale mais il va falloir enfin garder les yeux ouverts pour mesurer à quel point l’esprit du monde a envahi l’Eglise romaine et l’a contaminée. 
        Chers frères orthodoxes, décidément la charité non seulement doit accompagner l'expression de la vérité dans le dialogue œcuménique  mais elle doit se consacrer avant tout à l’expression de cette vérité. Veut-on d’une union avec un corps malade pour en perdre la santé à son tour jusqu’à une mort annoncée depuis longtemps comme déjà effective et inéluctable de toute façon ? Voilà pourquoi la critique est nécessaire et la polémique n’est pas vaine, voilà pourquoi les remises en question des consensus divers sont utiles ;  voilà pourquoi la mise en relief des absurdités et des erreurs de ce qui se passe de nos jours et la dénonciation des hérésies passées et toujours contemporaines sont utiles, nécessaires, indispensables et vitales. Même si  tout ce travail critique semble douloureux aux membres de l'Eglise soucieux d'un témoignage commun sans déchirements pour être crédible et témoigner au monde et même si toutes ces remises en question perturbent la belle harmonie des rencontres iréniques des hiérarques à haut et noble niveau, il en va non seulement de la santé mais de la vie même du Corps même du Christ.
Maxime Martinez dit le minime 




mardi 26 novembre 2013

Qu’est-ce que la véritable iconographie [3/3] par Saint Jean de Shanghai et San Francisco

"C'est ce pour quoi nos iconographes montraient du zèle – ces iconographes anciens de l'époque avant la conversion de la Russie, qui étaient en grand nombre, et nos iconographes russes, aussi, à commencer par le Vénérable Alypius des Grottes de Kiev, qui a peint un certain nombre d' icônes de la Mère de Dieu, dont certains subsistent encore. Ces icônes merveilleuses, qui ont continué la tradition byzantine de la peinture d'icônes qui inspirent de la componction, ne sont pas nécessairement peints dans des couleurs sombres, souvent elles ont été faites dans des couleurs vives, mais ces couleurs faisaient naître le désir de prier devant ces icônes. Le saint hiérarque Pierre, originaire de Galice qui est devenu plus tard métropolite de Kiev et de toute la Russie, peignait des icônes, dont certaines ont été retrouvées récemment dans la cathédrale de la Dormition de Moscou. Une école entière d'iconographie a été créée à Novgorod sous la direction du saint hiérarque Alexis de Novgorod, dont des séries complètes d'icônes ont été conservées. Le Vénérable André Roublev a peint une icône de la Sainte Trinité qui est désormais célèbre non seulement dans le monde chrétien, mais également dans le monde entier à moitié chrétien. 

Malheureusement, ce mouvement orthodoxe dans son ensemble a commencé à s'effondrer lorsque la Russie a commencé à être infiltrée par l'influence occidentale. À certains égards, la rencontre de la Russie avec l'Occident européen a été très bénéfique. Beaucoup de sciences et techniques et beaucoup d'autres connaissances utiles sont venues de l'Ouest. Nous savons que le Christianisme n'a jamais eu aucune aversion pour la connaissance de ce qui provient de l'extérieur lui-même. Basile le Grand, Grégoire le Théologien et Jean Chrysostome ont étudié dans les universités païennes, et de nombreux écrivains, parmi lesquels se trouvaient nos auteurs spirituels et beaucoup des meilleurs théologiens connaissaient bien les écrivains païens. L'apôtre Paul lui-même a fait des citations de poètes païens, même dans les Saintes Écritures. Néanmoins, tout ce qui était occidental n'était pas bon pour la Russie. Cela a également produit un préjudice moral terrible à cette époque, car les Russes ont commencé à accepter, en même temps que des connaissances utiles, ce qui était étranger à notre mode de vie orthodoxe, à notre foi orthodoxe. La partie instruite de la société s’est rapidement détachée de la vie du peuple et de l'Église orthodoxe, dans laquelle tout était régi par les normes ecclésiastiques. 

Plus tard, l'influence étrangère a touché également l’iconographie. Des images de type occidental ont commencé à apparaître, belles peut-être d'un point de vue artistique, mais totalement dépourvues de sainteté, belles dans le sens de la beauté terrestre, mais scandaleuses parfois même, et dépourvues de spiritualité. De telles icônes n'en étaient pas. Il y a eu une altération des icônes, présentant un manque de compréhension de ce qu'est une icône en réalité. 

Le but de cet article est, tout d’abord, de promouvoir la compréhension de la véritable icône, et d'autre part, de cultiver un amour pour l'icône et le désir que nos églises et nos maisons soient ornées de véritables icônes et non pas avec des peintures occidentales qui ne nous disent rien sur la justice ou la sainteté, mais sont simplement agréables à regarder. Bien sûr, il y a des icônes peintes correctement dans le sens iconographique, mais encore très grossièrement exécutées. On peut peindre tout à fait correctement dans le sens théorique et en même temps assez mal d'un point de vue pratique. Cela ne signifie pas que, selon le principe de l'iconographie lui-même, ces icônes sont mauvaises mais… 

D'autre part, il arrive que l'on puisse peindre magnifiquement, tout en ignorant complètement les règles de l’iconographie. De telles approches sont toutes deux nocives. 
Il faut s'efforcer de peindre de bonnes icônes non seulement en respectant le principe de l’iconographie mais également au point de vue de la méthode et de l'exécution. C'est pourquoi nous nous opposons à certaines personnes et à leurs tentatives de peindre nos églises, car elles ont une mauvaise approche, et un point de vue erroné. Ils peuvent bien peindre, peut-être, mais lorsque le point de vue est erroné, lorsque la direction est mauvaise, peu importe la façon dont la locomotive fonctionne, elle glisse néanmoins hors de la voie et déraille. C'est précisément ce qui arrive à ceux qui exécutent leur travail avec une technique correcte, mais en raison d'une mauvaise approche et d’un point de vue erroné, ils suivent le mauvais chemin." [fin]
(Version française par Maxime le minime de la source)

dimanche 24 novembre 2013

Qu’est-ce que la véritable iconographie [2/3] par Saint Jean de Shanghai et San Francisco


"En évoquant les saints et leurs luttes, une icône ne représente pas simplement le saint comme il est apparu sur la terre. Non, l’icône représente son combat spirituel intérieur, elle dépeint la façon dont il a atteint cet état où il est maintenant considéré comme un ange sur la terre, un homme céleste. C'est précisément la manière dont la Mère de Dieu et Jésus-Christ sont portraiturés. Les icônes doivent représenter cette sainteté transcendante qui habitait les saints. Le Seigneur Jésus-Christ est l'union de tout ce qui est humain et tout ce qui est divin, et quand Il est représenté sur une icône, le Sauveur doit être peint de sorte que nous sentions qu'il est un homme, un vrai homme, mais en même temps quelque chose plus élevé qu'un homme, de sorte que nous ne L’abordions pas simplement comme nous abordons un visiteur ou une connaissance. Non, nous devrions sentir qu'Il est Celui Qui est proche de nous, notre Seigneur Qui est miséricordieux envers nous, et en même temps un juge inspirant une crainte révérencielle Qui veut que nous Le suivions et Qui veut nous conduire au royaume des cieux. Par conséquent, nous ne devons pas nous détourner de Lui ni d’un côté ni de l’autre. 

Nous ne devrions pas non plus représenter seulement l'aspect spirituel du saint, en ignorant complètement à quoi il ressemblait de son vivant sur la terre. Ce serait aussi l'extrême. Tous les saints doivent être représentés de manière à transmettre leurs caractéristiques individuelles autant que possible – les soldats doivent être représentés préparés pour le combat ; les saints hiérarques dans leurs vêtements épiscopaux ... Il est inexact de décrire les évêques des premiers siècles vêtus de sakkos, car à cette époque les évêques portaient le phelonion, pas le Sakkos, et pourtant ce n'est pas une si grande erreur, car il est de loin préférable de faire une erreur dans ce qui est physique que dans ce qui est spirituel, que d'ignorer, pour ainsi dire, l'aspect spirituel . 

Toutefois, ce qui est encore bien pire c’est quand tout est correct concernant le physique, le corps, mais que le saint apparaît comme un homme ordinaire, comme s'il avait été photographié, totalement dépourvu de spirituel. Lorsque c'est le cas, la représentation ne peut pas être considérée comme une icône. Parfois, une grande attention est consacrée à rendre l’icône magnifique. Si ce n'est pas au détriment de la spiritualité de l'icône, c’est une bonne chose, mais si la beauté détourne notre vision à tel point que nous oublions ce qui est le plus important, à savoir que l'on doit sauver son âme, que l'on doit élever son âme vers les hauteurs de Ciel – la beauté de la représentation est alors préjudiciable. Elle ne peut pas être considérée comme une icône, mais seulement comme une peinture. Elle peut être très belle, mais ce n'est pas une icône. Une icône est une image qui nous conduit à une personne sainte, agréable à Dieu, ou nous élève au Ciel, ou suscite un sentiment de repentir, de remords, ou fait naître en nous la prière, un sentiment que l'on doit s'incliner devant cette image. La valeur d'une icône réside dans le fait que, lorsque nous nous approchons, nous désirons prier devant elle avec vénération. Si l'image suscite ce sentiment, c’est une icône." [à suivre] (Version française par Maxime le minime de la source)

vendredi 22 novembre 2013

Qu’est-ce que la véritable iconographie [1/3] par Saint Jean de Shanghai et San Francisco

 L’Iconographie a commencé le jour de notre Seigneur Jésus- Christ a appuyé un tissu sur son visage et y a imprimé son image divine et humaine. Selon la tradition, l'évangéliste Luc a peint l'image de la Mère de Dieu, et , également, selon la tradition , il existe encore aujourd'hui de nombreuses icônes qui ont été peintes par lui. En tant qu’artiste, il a peint non seulement les premières icônes de la Mère de Dieu, mais aussi celles des Apôtres Pierre et Paul et, peut-être d'autres qui ne sont pas parvenues jusqu'à nous. Ainsi a commencé l’iconographie. Puis il y a eu une pause pendant un certain temps. Le Christianisme a été cruellement persécuté : tout ce qui rappelait le Christ a été détruit et ridiculisé. Ainsi, au cours des persécutions, l'iconographie a cessé son développement, mais les chrétiens ont tenté d' exprimer en symboles ce qu'ils voulaient transmettre. Le Christ a été portraituré comme le Bon Pasteur, et aussi sous le couvert de diverses personnalités de la mythologie païenne. Il a également représenté sous la forme d' une vigne, une image inspirée par les paroles du Seigneur : «Je suis la vraie vigne .... vous êtes les sarments » (Saint Jean 15:1 , 5). Il y a eu également une pratique convenue pour représenter le Christ sous la forme d'un poisson, parce que si on écrit en grec «Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur " puis associe la première lettre de chaque mot, on découvre que l'on a écrit le mot ΙΧΘΥΣ qui signifiait poisson. 



Et donc, les chrétiens ont peint un poisson pour avoir à l’esprit ces mots qui étaient connus de ceux qui croyaient au Sauveur. Cependant les païens en eurent connaissance, et par conséquent il advint que l'image du poisson devint suspecte. Lorsque, après la victoire de l'empereur Constantin le Grand sur Maxence, la liberté fut donnée aux chrétiens, le Christianisme transforma rapidement l'Empire romain et remplaça le paganisme.
 Alors l’iconographie prospéra avec toute sa force. Nous voyons déjà des directives concernant l'iconographie dès les premiers conciles œcuméniques. Dans certaines hymnes d'église, qui aujourd'hui sont encore fréquemment utilisées, il est également fait mention de l'iconographie. 

Maintenant, que sont les icônes ? 
Les icônes sont précisément l'union entre la peinture et ces symboles et œuvres d'art qui ont remplacé les icônes à l'époque de la persécution. L'icône n'est pas simplement une représentation, un portrait. Ce n’est que plus tard seulement que le corps a été représenté, mais une icône est toujours censée rappeler aux gens l'aspect spirituel de la personne représentée. Le Christianisme est la source d'inspiration du monde. Le Christ a fondé son Eglise afin d'inspirer, de transfigurer le monde, pour le purifier du péché et l'amener à l'état dans lequel il existera dans le siècle à venir. Le Christianisme a été fondé sur la terre et opère sur la terre, mais il atteint le Ciel dans sa structure, le Christianisme est ce pont, cette échelle par laquelle les hommes montent de l'Église terrestre à la céleste. Par conséquent, une simple représentation qui rappelle les caractéristiques terrestres de certains visages n'est pas une icône. Même une représentation exacte, au point de vue de la figuration physique, ne signifie toujours rien. Une personne peut être très belle extérieurement, mais en même temps être très mauvaise en fait. Par ailleurs, elle peut être laide, et en même temps être un modèle de droiture. Ainsi, nous voyons qu'une icône doit en effet décrire ce que nous voyons avec nos yeux, en respectant les caractéristiques de la forme du corps, car dans ce monde l'âme agit à travers le corps, mais en même temps elle doit orienter vers l'essence intérieure, spirituelle.


La tâche de l'iconographe est précisément de rendre, aussi loin que possible et dans toute la mesure du possible, ces qualités spirituelles par quoi la personne représentée a acquis le royaume des cieux, par quoi elle a remporté une couronne impérissable du Seigneur, car la vraie signification de l'Église est le salut de l'âme de l'homme. Ce qui est sur la terre périt quand nous mettons le corps dans la tombe, mais l'âme se rend en un autre lieu. Quand le monde touchera à sa fin, consumé par le feu, il y aura une nouvelle terre et un nouveau ciel, comme l'apôtre Jean le Théologien le dit, car par les yeux de son âme, il voyait déjà à l’avance la Nouvelle Jérusalem, si bien décrite dans sa Révélation sacrée. Le Seigneur est venu pour préparer le monde entier pour cette renaissance spirituelle. Pour se préparer à ce nouveau royaume, il faut extirper de l'intérieur de soi-même les germes de péché qui se sont introduits dans l'humanité avec la chute de nos ancêtres dans le péché, altérant notre nature originelle, dotée de grâce, et il faut planter en soi les graines de ces vertus qui ont été perdues dans la chute. L'objectif du chrétien est de changer chaque jour, de s’embellir quotidiennement, et c'est de cela que parlent nos icônes. [à suivre] (Version française par Maxime le minime de la source)

mercredi 27 février 2013

Coupée de son contexte, l'icône se désacralise tout comme se désacralise l'Église elle-même...

Леонид Александрович Успенский
"De même que l'Église se dissout dans la notion de religion chrétienne, l'icône se dissout dans celle de l'art religieux ; elle est considérée comme l'une de ses branches. Puisqu'elle a été le patrimoine commun durant le millénaire qui précéda la séparation de l'Occident, on considère qu'elle peut servir de patrimoine commun à présent, utilisée par toutes les confessions chrétiennes indépendamment des présupposés confessionnels et canoniques. Coupée de son contexte, l'icône est arbitrairement incluse dans un autre où elle n'a ni fondement doctrinal, ni lien organique avec la liturgie, les sacrements et l'ordre canonique (45). On peut dire que l'icône se désacralise tout comme se désacralise l'Église elle-même. On formule le rêve de voir une icône renouvelée, capable d'assumer « tous les déchirements et tous les balbutiements agoniques » et les recherches de l'art religieux occidental. On exige de l'icône qu'elle reflète les problèmes qui règnent en ce moment dans le monde. On se propose de «redéfinir le statut de l'image »... (46). 

Dans cette même perspective de l'aspiration à l'unité, l'exclusion du Filioque du Credo dans la pratique liturgique envisagée dans le catholicisme romain ne supprime pas les obstacles. Ce terme fut bien, en son temps, le terme clé pour deux positions, deux confessions qui s'opposèrent l'une à l'autre. En tant que modification dans la confession du Saint Esprit, le Filioque ne conduisait-il pas inévitablement à d'autres dérogations dans la foi et dans la vie? Mais s'il faut considérer cette insertion dans le Credo comme le fondement des transgressions qui devaient suivre au cours des siècles dans la vie des confessions occidentales (47), son exclusion du Credo à présent ne peut inverser le processus historique vécu ; la recherche de telles ou telles interprétations plus ou moins acceptables pour les uns ou pour les autres ne peut frayer la route vers l'unité avec l'Église orthodoxe. 

«La marche correcte vers l'unité (...) doit commencer par l'ecclésiologie. Sur la base ecclésiologique sera examiné l'obstacle numéro un, l'empêchement dirimant de l'union des Églises, c'est-à-dire la "primauté" pontificale. Par ailleurs !'ecclésiologie — et son rapport avec sa base dogmatique — mettra sur le tapis la conception (selon nous hérétique) de la procession de l'Esprit Saint «et du Fils » (Filioque). et montrera l'altération de ce dogme fondamental de la Sainte Trinité de la part des tenants du Filioque » (48). 

C'est dans la perspective ecclésiologique que l'icône a à jouer un rôle particulièrement important, un rôle difficilement acceptable pour beaucoup. 

Le mouvement vers l'icône est universel et spontané. Des écoles et ateliers « iconographiques » surgissent les uns après les autres. On écrit des dissertations sur les icônes dans les écoles supérieures pour obtenir des diplômes scientifiques. La production des « icônes » elles-mêmes se distingue par une grande variété, et on voit parfois l'icône se transformer en son contraire jusqu'au diabolisme. Mais malgré tout ce désordre, ces abus et ces incompréhensions, il est significatif que c'est précisément notre monde contemporain effrayant qui ait découvert pour lui l'icône. La question de l’art sacré est une question de foi et c'est l'icône elle-même qui en témoigne de la façon la plus évidente. C'est elle, en effet, qui porte le témoignage de la révélation restaurée dans sa plénitude, qui montre l'unité de la parole et de l'image apparue dans la Personne de Jésus Christ ; c'est elle qui manifeste l'unité de la foi, de la vie et de la création désintégrées non seulement dans les confessions occidentales, mais souvent dans l'Église orthodoxe elle-même. 

Et si l'icône appartient à l'Église primitive, cela veut dire qu'elle porte aussi la foi de cette Église, c'est-à-dire précisément ce qui a été violé par l'Occident. Et accepter l'icône signifie accepter tout ce qu'elle porte en elle, tout ce dont elle témoigne, c'est-à-dire entrer dans l'unité véritable de l'Église. 

Nous connaissons Dieu par la parole et par l'image. Cette forme de confession est préservée dans l'Église orthodoxe, tout comme y est préservée la foi des premiers siècles, des Conciles œcuméniques et des saints pères. L'identité de la foi et de sa confession verbale et picturale prouve l'identité de l'Église elle-même, parce que l'authenticité de celle-ci se reconnaît non par le nombre des fidèles, ni par la perfection de l'organisation, ni par quelque autre qualité, mais uniquement par la fidélité à la Tradition apostolique dans la confession et dans la vie

« Les divergences entre l'orthodoxie et l'hétérodoxie ne consistent pas en quelques malentendus ou inexactitudes sur des points particuliers, mais dans le principe même, dans le fait qu'elles sont le contraire l'une de l'autre ». (49) 

« L'homme doit dorénavant décider lui-même, d'un cœur libre, ce qui est bien et mal, en n'ayant pour le guider que Ton image devant lui... ». 


 45. Cependant, à la question si, oui ou non, on peut insérer l'icône dans la liturgie romaine contemporaine, les plus clairvoyants des théologiens catholiques répondent résolument par la négative (voir l'exposé de J.R. Bouchet o.p. au colloque consacré au Septième Concile Œcuménique à Paris le 3 octobre 1986). 

46. Ainsi un théologien catholique romain contemporain arrive à une conclusion quelque peu inattendue pour un orthodoxe: « Les diverses confessions chrétiennes se trouvent devant une tâche inédite ». Puisque « la perspective d'un avenir aniconique du christianisme apparait un contresens anthropologique et une faillite dogmatique», « le statut religieux de l'image est donc à réinventer» (F.D. Boespflug, Dieu dans l'Art, ibid., p. 329). Ce dernier mot est particulièrement inattendu : le « statut» de l'image, c'est-à-dire sa place et son importance dans l'église, n'est-il pas déjà précisé par sa conscience catholique en tant que dogme? Et « les diverses confessions chrétiennes » ne se trouvent-elles pas devant une tâche pas du tout «inédite»  ni nouvelle: celle de prendre conscience de ce dogme et de le confesser en pratique ? 

47. Considérer le Filioque comme un théοlοgοuménοn ou une opinion particulière, comme cela se fait parfois, ne peut être qu'un malentendu: cette expression a été incluse dans un texte officiel — le Credo, dans toutes les confessions occidentales; elle donna naissance à tout un système philosophico-théologique. Et même s'il est permis aux uniates de l'omettre dans leur pratique liturgique, les confessions occidentales n'y ont jamais renoncé: le Filioque fut confessé avec conséquence et défendu précisément en tant que dogme dans toutes les discussions entre orthodoxes et catholiques romains jusqu'à notre temps. Il fut assorti de la précision «du Père et du Fils comme d'un seul principe», précision à laquelle aucune confession occidentale n'a jamais renoncé et qui continue encore à être défendue. Citons un théologien de notre temps qui est une autorité, V.N. Lossky : « La question de la procession du Saint Esprit a été (qu'on le veuille ou non) l'unique raison dogmatique de la séparation entre l'Orient et l'Occident (...). Le fait que les luttes pneumatologiques du passé semblent être parfois mésestimées ou même traitées avec quelque mépris par certains théologiens orthodoxes modernes (et surtout par les théologiens russes, trop souvent ingrats vis à vis de Byzance) ne témoigne pas en faveur de la conscience dogmatique et du sens de la tradition vivante chez ces théologiens, prêts à renoncer à leurs pères» (La procession du Saint Esprit dans la doctrine trinitaire orthodoxe, Paris 1948). 

48. Conférence de Mgr Nicodème, évêque de Patras, « Les conditions nécessaires au dialogue entre l'Eglise orthodoxe d'Orient et l'église d'Occident », le 27 novembre 1980. Revue Ecclisia des 111 et 1/11 1981, Athènes (Original grec). Traduction française dans Documentation catholique No 1817, Paris 1981, p. 99. 

49. Évêque Gourios (Egorov), « Le Patriarche Serge en tant que théologien », in recueil Le Patriarche Serge et son héritage spirituel, ibid., p. 105 (en russe)."

Leonid OUSPENSKY  (Vers l'Unité ? ymca-press1987)

vendredi 22 février 2013

FAUSSES ICÔNES

En marche vers l’unité ou en marche vers l’apostasie généralisée ?  

J’ai été informé par un iconographe orthodoxe que certains prêtres orthodoxes non seulement font appel à des « iconographes » hétérodoxes voire de simples artistes pour commander leurs icônes mais qu’ils les préfèrent à des iconographes authentiquement orthodoxes. L’on ne peut laisser faire ce genre de pratique sans en informer la communauté.

Voilà bien à l’œuvre les effets de la fausse unité !

Que les hétérodoxes s’essaient avec plus ou moins de succès à la « technique » de l’icône en copiant simplement les modèles traditionnels, dans l’illusion qu’ils retrouvent par-là la fameuse « Eglise indivise » à moindre frais, c’est une naïveté que l’on peut comprendre vu la confusion entretenue des esprits en tout lieu et le peu d’effort intellectuel qui caractérise notre époque identifiant tout, proclamant l’ « égalité » de tout, tout en revendiquant et valorisant paradoxalement à tout propos la moindre différence pour laquelle ils prônent la tolérance après avoir tout réduit au même dans le lit de Procuste.

Que les hétérodoxes, ayant parfaitement appris les techniques de l’icône, représentent des sujets sans rapport avec l’iconographie orthodoxe, ou totalement hétérodoxes voire carrément hérétiques jusqu’à l’impiété et le blasphème cela n’est plus acceptable !

L’icône n’appartient pas à tous, comme la propagande confusionniste – à laquelle adhèrent désormais même des orthodoxes ayant perdu le discernement – le proclame. L’appartenance de l’icône est systémique, elle est un élément spécifique interactif d’un système particulier (l’Orthodoxie) et l’on ne saurait la détacher de son contexte sans en dénaturer le contenu, la fonction et l’usage. Point. L’icône appartient en propre à l’Orthodoxie, et uniquement à l’Orthodoxie elle est un élément constitutif de la foi orthodoxe et ne saurait se partager, pas davantage que tous sans distinction peuvent boire au même calice ! Il n’y a pas plus de communion iconologique indivise que d’ « intercommunion ».

Toute icône produite par un non orthodoxe n’est pas une icône, c’est une fausse icône.

C’est comme le Gini, « ça a la couleur de l'alcool, ça en a l'odeur, mais ce n'est pas de l'alcool ! » Même si cela a l’apparence trompeuse de l’icône c’est un ersatz, c’est au moins une erreur, sinon un blasphème !

Cependant, le scandale atteint son point culminant quand ce sont des Orthodoxes et qui plus est des prêtres orthodoxes ( !?) qui font l’acquisition de (fausses) icônes les préférant à de véritables icônes. Leur fait-on un prix intéressant pour qu’ils se convainquent que finalement c’est la même chose ? Ne perçoivent-ils pas un seul instant qu’ils offrent ainsi ensuite aux fidèles, sans le leur dire, dans la plus totale irresponsabilité voire indignité, des planches de bois peintes à vénérer totalement étrangères à la foi. Je plains ces « serviteurs » de Dieu, ministres du culte, pasteurs du troupeau, quand ils auront à rendre des comptes devant leur Seigneur…

Voilà les méfaits d’une volonté de paix et de fraternité mal comprises. Voilà les effets de l’idéologie de l’œcuménisme. Voilà les fruits moisissant du confusionnisme paresseux de notre époque.

Les œcuménistes orthodoxes sont à l’image de ces parents contemporains qui voulant « avoir la paix » avec leurs enfants, ont l’illusion qu’ils peuvent être leurs copains, qu’ils vivront tranquillement sans conflit, en pouvant vaquer à leurs loisirs sans être inquiétés. Ils pensent, se convainquent et proclament sous le couvert de la politiquement correcte absence de jugement et de censure, que c’est de l’amour que de les laisser à leurs errances, leurs caprices, leur confusion. Ainsi en est-il de ces œcuménistes orthodoxes qui croient bien faire en évitant à tout prix le conflit avec l’hétérodoxie, confondant le pécheur et le péché, oubliant que l’amour non seulement n’entretient pas l’illusion, le mensonge mais condamne uniquement l’erreur sans condamner celui qui erre. L'amour fraternel corrige fraternellement mais fermement Seul le péché est condamnable certes mais il est à condamner et non à encourager !

En ce sens c’est une erreur particulièrement néfaste d’avoir accepté des hétérodoxes voire des gens sans Dieu dans des cours d’iconographie orthodoxe... Beaucoup, y compris des orthodoxes, sont maintenant dans l’erreur (l’hérésie) jusqu’au cou, dans une erreur funeste, tout comme la grenouille plongée dans un bain dont la température monte progressivement, est en train de cuire insensiblement jusqu'à sa perte...

jeudi 17 mai 2012

Sur le Blog de Claude : GRAVEURS D'ICÔNES

Claude a trouvé des merveilles
Allez voir sur son site



Il nous ouvre des portes sur toute une iconographie magnifique que je m'empresse d'ajouter à ma liste  d'Hagiographes : c'est le nom que devraient prendre désormais tous les  Orthodoxes qui peignent ou gravent dans la plus pure Tradition orthodoxe – à des lieues de tant de contrefaçons fantaisistes, dévoyées propagandistes, hérétiques, et même ignobles quelquefois, d'hétérodoxes, d'ésotéristes et de  peintres du Dimanche qui essaient de gagner quatre sous après avoir fait quelques stages et qui osent se présenter et se vendre (!) comme "iconographes" ou "peintres d'icônes".

DE VRAIES MERVEILLES vous dis-je ! Merci Claude ! Et il s'y connaît, étant lui-même un artiste.


A gospel cover designed by Andrew Gould
Stone iconostasis Panel by Aidan Hart
 

Quel Bonheur et quelle Grâce ! Gloire à Dieu !

mercredi 18 mai 2011

L'ICONOGRAPHIE DE L'ANASTASIS, l'Image et la Parole

L'ICONOGRAPHIE DE L'ANASTASIS



Une étude, au sein de l'Eglise orthodoxe, de l'apparition d'un modèle d'icône puis des variantes de cette icône de l'Anastasis, témoin de l'action vivifiante du Christ et de l'Esprit Saint jusqu'à la fin du monde.
Couverture souple, 257 pages
Prix:€39.00
Prêt à être expédié en 3 à 5 jours ouvrés
Également disponible en tant que File Download €3.00

mercredi 27 avril 2011

FONCTION et PLACE de L’ART DANS L’EGLISE

A propos de la photographie d’un crucifix en plastique dans de l’urine d’un artiste. En dernière analyse. 
On pourrait penser qu’il ne faut plus donner de publicité à cet évènement scandaleux et qu’il ne faut donc plus en dire un mot. Mais c'est désormais trop tard, et on peut avoir la conviction, au contraire, qu’il y a lieu d’approfondir la question pour comprendre d’un peu plus près ce qui s’est passé, une fois les émotions premières calmées et  le recadrage médiatique dominant prévisible effectué. 
Il faut sans doute revoir tous ces évènements action/réaction   sous un autre jour c.à.d. à la lumière des déclarations de l’artiste dont il faut prendre au sérieux  le refus d’être considéré comme blasphémateur.
L’homme se définit en effet à la fois comme artiste et comme chrétien.
« Je n'ai rien d'un blasphémateur, et je n'ai aucune sympathie pour le blasphème", insiste Andres Serrano, qui revendique être "un artiste chrétien) […]
Et plus loin "J'aimerais travailler au Vatican, réaliser une grande œuvre religieuse à Rome, dans les églises de la cité pontificale", affirme encore Andres Serrano. "J'aimerais que le Saint-Siège comprenne que je suis un artiste profondément chrétien de mon temps", ajoute-t-il.». 

On ne peut taxer immédiatement l’urineur-photographe de lâcheté en le soupçonnant de craindre les menaces voire le bâton d’intégristes catholiques qui auraient fait la démonstration de force définitive qu’on ne peut s’attaquer impunément aux choses sacrées. Non c’est sans doute bien plus grave que ça. 

Il faut donc croire ses déclarations et en tirer les conclusions  qui s’imposent :

  1. Cet homme se considère et est reconnu officiellement par le marché et les médias de l’art comme artiste de son temps. Cela lui vaut donc, en toute logique, la chance de faire des expositions dans le monde et de bénéficier d’un mécénat public ou privé qui correspond à ce fait.
Que l’on s’indigne sur ce qu’est devenu l’art depuis sa déconstruction systématique commencée à la fin du XIX° s. aboutissant à notre époque à l’éclatement des codes, des langages artistiques et des canons esthétiques, comme à la multiplication des discours justifiant toute production éphémère ou durable sur support traditionnel ou non (la théorie finissant même quelquefois par se substituer en toute logique à n’importe quelle production), à la fin de l’histoire, à la fin des normes collectives, l’individu avec son regard propre – étant  la nouvelle norme dans le domaine dit artistique plus qu’ailleurs encore etc. …
Tout cela ne fera rien à l’affaire : l’art étant mort l’art est partout... et même si l'art n’est pas mort, et qu’il sent tout de même une drôle d’odeur, cet homme est bel et bien reconnu comme artiste.  

  1. Cet artiste – donc – se déclare par ailleurs « profondément chrétien » et il aimerait même « travailler au Vatican, réaliser une grande œuvre religieuse à Rome, dans les églises de la cité pontificale ». Il se définit donc comme catholique romain convaincu, prêt à marcher sur les traces des Michel Ange, Bernin etc. Et là encore il n’y a pas lieu de ne pas croire en sa sincérité.  
Ici, dans ce domaine comme dans les autres, le discours individuel prime. De même qu’il est désormais possible de se déclarer et d’être reconnu comme artiste par la démonstration publique de  n’importe quelle fantaisie  de son ego, il est possible d’être reconnu comme « chrétien » du moment qu’on se déclare tel. Chrétien signifiant bien entendu, à l’entendement universel, catholique évidemment…
C’est donc en toute légitimité que Andres Serrano se déclare artiste chrétien contemporain, et selon lui certainement suffisamment connu et talentueux pour prendre la relève de tous ses prestigieux prédécesseurs à Rome.
Qu’est-ce qui le caractérise ? Des préoccupations somme toute assez communes aux chrétiens d’occident contemporains à première vue : la revendication de la libre expression par rapport aux dogmes, la réhabilitation du corps etc.  

Quoi que l’on pense de la dégénérescence de l’art et de la religion, il y a une logique dans tout cela et la situation contemporaine n’est jamais, il faut bien le dire maintenant, que l’aboutissement grimaçant de prémisses fondant la théologie schismatique latine.

Il faut maintenant comprendre que la place que le statut de l'image et que l’art ont prise depuis des siècles dans l’Eglise catholique romaine même dans ses plus belles et plus admirables expressions esthétiques était fondée sur des erreurs, que l’on ne peut que nommer hérésies en langage théologique.  Rappelons-le, ce n’est pas par exclusion de l’histoire de l'art ou refus d’un progrès culturel – douteux d’ailleurs – que s’est constituée et développée l’iconographie orthodoxe,  c’est tout simplement par fidélité aux fondements  de l’Eglise éternelle du Christ et par inspiration réelle du Saint Esprit de Dieu. Voilà qui est dit de façon peu œcuméniste et un peu brutale mais il va falloir enfin garder les yeux ouverts pour mesurer à quel point l’esprit du monde a envahi l’Eglise romaine et l’a contaminée. 

        Chers frères orthodoxes, décidément la charité non seulement doit accompagner l'expression de la vérité dans le dialogue œcuménique  mais elle doit se consacrer avant tout à l’expression de cette vérité.
 Veut-on d’une union avec un corps malade pour en perdre la santé à son tour jusqu’à une mort annoncée depuis longtemps comme déjà effective et inéluctable de toute façon ?
 Voilà pourquoi la critique est nécessaire et la polémique n’est pas vaine, voilà pourquoi les remises en question des consensus divers sont utiles ;  voilà pourquoi la mise en relief des absurdités et des erreurs de ce qui se passe de nos jours et la dénonciation des hérésies passées et toujours contemporaines sont utiles, nécessaires, indispensables et vitales. Même si  tout ce travail critique semble douloureux aux membres de l'Eglise soucieux d'un témoignage commun sans déchirements pour être crédible et témoigner au monde et même si toutes ces remises en question perturbent la belle harmonie des rencontres iréniques des hiérarques à haut et noble niveau, il en va non seulement de la santé mais de la vie même du Corps même du Christ.

dimanche 21 février 2010

"Le Dimanche de l’Orthodoxie sacre l’image" par Mahmoud Zibawi


Le couvent Notre-Dame de Balamand conserve une icône datée de 1722 qui, comme l’indique l’inscription grecque qui la couronne, célèbre la fête du Dimanche de l’Orthodoxie. Oeuvre de Hanania, troisième descendant d’une dynastie d’iconographes travaillant à Alep entre le XVIIe et le XIXe siècle, l’icône suit fidèlement un schéma iconographique fixe adopté par les iconographes dès le bas Moyen Age. L’image est divisée en deux registres. Sur la partie inférieure, un évêque, des moines et une moniale entourent l’icône du Christ. On reconnaît, au centre, Théodore le studite et Théophane du Grand Champ, défenseurs acharnés des images saintes au IXe siècle. Deux de ces saints confesseurs qui les accompagnent de part et d’autre portent des rouleaux marqués d’inscriptions grecques célébrant “la Vierge, Mère de Dieu et de tous les orthodoxes” et “l’icône non souillée “ du Christ. Au- dessus de cette assemblée, une impératrice, un prince, un évêque et un prélat entourent une grande icône de la Vierge à l’enfant que deux anges gardent pieusement. Sont identifiés, à gauche, l’impératrice Théodora et son fils, le jeune Michel III; à droite, Méthode, grand patriarche de Constantinople.

Le Dimanche de l'Orthodoxie


Le Dimanche de l'Orthodoxie 65 x 47.5 cm, oeuvre d'Hanania d'Alep, 
1922, Couvent grec orthodoxe Notre-Dame de Balamand, Kura, Liban


Au VIIIe siècle, on le sait, l’existence de l’Eglise fut dominée par le mouvement iconoclaste. L’image religieuse est au centre de la vie de l’Empire byzantin où elle suscite une querelle et une controverse théologique qui s’étendent sur plus d’un siècle. Au bout d’une longue épreuve de feu, l’icône occupera sa place d’honneur au Coeur de la confession de foi de l’Eglise. Restauré en 843, le culte des images incarne désormais le “Triomphe de l’Orthodoxie”. L’iconoclasme connut deux périodes déterminants. La première commence en 726, quand, déclenché par l’empereur Léon III, ce mouvement rencontre une résistance passionnée. Violente et sanglante, cette période prend fin en 787: sous le règne d’Irène l’Athénienne, le septième Concile Oecuménique restaure l’orthodoxie et rétablit le culte des images. Réunis à Nicée, 357 évêques établirent l’enseignement de l’Eglise concernant les icônes. L’art religieux acquiert sa définition dogmatique: les icônes du Christ, de la Vierge, des saints et des anges sont élevées au rang de la croix et des saintes écritures, “car dans la mesure où ils sont continuellement représentés et contemplés en image, ceux qui les contemplent s’élèvent vers la mémoire et le désir de leur prototype”. La deuxième période de la querelle des images s’étend de 813 à 842. Après la mort de l’empereur iconoclaste Théophile, l’impératrice Théodora restaure le culte des images en 843. L’épigramme du patriarche Méthode sur l’image du Christ reconstituée par l’impératrice commémore cette réhabilitation.

“En voyant ton image immaculée, ô Christ, et ta croix tracée en relief, je me prosterne et je vénère ta vraie chair. Etant le Verbe du père, ta nature est hors du temps mais tu as été vu dans le temps, mortel par ta mère. En décrivant ta chair qui a souffert, ô Verbe, je déclare ta nature divine indescriptible. Mais les disciples des dogmes de Mani avec leurs bavardages stupides et prétentieux qualifient d’apparence irréelle ton incarnation par laquelle tu t’es uni au genre humain, et ne pouvant supporter de te voir représenté, dans une rage de colère et d’insolence léonine, ils ont descendu ton image vénérable qui depuis les temps anciens était tracée ici. Mais la reine Théodora, gardienne de la foi, avec ses descendants habillés de pourpre, réfutant leur erreur illicite et imitant les rois pieux, se montrant plus pieuse que tous, l’a restaurée pieusement sur cette porte du palais, pour sa gloire, son éloge et sa réputation, pour le bien de l’Eglise entière, pour le bonheur du genre humain, pour la perte de nos mauvais ennemis et des barbares”.

L’icône peinte par Hanania illustre parfaitement cette épigramme. Bien plus, elle énonce magistralement la théologie de l’image. Deux icônes, on l’a dit, sont visible sur cette peinture de style post-byzantine. Sur le registre inférieur, Théodore le Studite et Théophane du Grand Champ soulèvent l’icône du Christ. Icône des icônes, Jésus scelle la Nouvelle Alliance et révèle la gloire divine, “gloire qu’iI tient de son Père comme Fils unique”. Sur le registre supérieur, les deux anges gardent l’icône de la Vierge à l’enfant. L’image désigne l’Incarnation, mystère qui fonde l’icône. Né de Père indescriptible, le Fils ne peut avoir d’image. Né de Marie, il a une image qui correspond à celle de sa mère. Cette image n’est pas simplement humaine, car elle reflète la dignité paradisiaque de l’homme. Le nouvel Adam vient rétablir la ressemblance divine que le premier Adam qui fut créé à l’image de Dieu a perdue dans sa chute. “ Le verbe non descriptible du Père s’est fait descriptible en s’incarnant de toi, Mère de Dieu”, dit la prière, “ayant établi dans sa dignité originelle l’image souillée, il l’unit à la beauté divine”.

Le Dimanche de l’Orthodoxie sacre l’image. L’interdiction de toute représentation formulée et répétée dans l’Ancien Testament est levée par le Christ, pour son corps pour les membres de son corps: sa mère et ses amis saints. Inséparable de son Fils, Marie est l’image suprême de cette nature déifiée qu’elle partage avec les saints.
par Mahmoud Zibawi in Esquisse numéro 11, 2004

jeudi 25 septembre 2008

L'art Moderne ou la Sophia Désaffectée par Paul Evdokimov [texte 6]

Voici encore, à propos de l'icône, deux extraits du texte que l'on peut lire en entier sur le site Myriobiblos
L'art Moderne ou la Sophia Désaffectée
de Paul Evdokimov


"Les iconoclastes croyaient très correctement aux symboles, mais à cause de leur conception «portraitiste» de l'art (imitation, copie), ils refusaient à l'icône le caractère symbolique et par conséquent ne croyaient pas à la présence du Modèle dans l'image. Ils n'arrivaient pas à saisir qu'à côté de la représentation visible d'une réalité visible (copie, portrait), il existe un tout autre art οù l'image présente le «visible de l'invisible» et ainsi se révèle symbole authentique. Ils auraient accepté plus volontiers l'art abstrait dans sa figuration géométrique, par exemple la croix ne portant pas le crucifié. Or, la ressemblance iconique s'oppose radicalement à tout ce qui est portrait et ne se rapporte qu'à l'hypostase (la personne) et à son corps céleste. C'est pourquoi l'icône d'un vivant est impossible et toute recherche d'une ressemblance charnelle, terrestre, est exclue. Dans l'iconosophie, l'hypostase «enhypostasie», s'approprie, nοn pas une substance cosmique (planche de bois, couleur) mais la ressemblance comme telle, la forme idéale, la fιgure céleste de l'hypostase assumant le corps transfiguré que représente l'icône. [...]

Dans sa valeur propre de symbole, l'icône dépasse l'art, mais l'explique aussi. Nous pouvons admirer sans réserve les œuvres des grands Maîtres de tous les siècles et en faire le sommet de l'Art. L'Icone se tiendra un peu à part, comme la Bible se placera au-dessus de la littérature et de la poésie universelles. Sauf quelques exceptions, l'art tout court sera toujours formellement plus parfait que l'art des iconographes car ce dernier, justement, ne cherche pas cette perfection. Son excés même nuirait à l'icône, risquerait de décentrer le regard intérieur de la révélation du Mystère, comme une poésie excessive et recherchée nuirait à la puissance de la parole biblique. La beauté d'une icône est dans un équilibre hiérarchique d'une extrême exigence. Au-dessous d'une certaine limite et immédiatement, ce n'est plus qu'un simple dessin; au-dessus et suivant le génie contemplatif de l'iconographe, l'icône elle-même impose et rayonne la stricte beauté conforme à son sujet."

mercredi 24 septembre 2008

Œcuménisme et dégénérescence de l'iconographie orthodoxe de LEONID OUSPENSKY [texte 5]


"La confusion entre l'Église et la religion n'est pas un phénomène nouveau. Aux XVIII et XIXème siècles une confusion analogue eut pour résultat la diffusion dans le monde orthodoxe, ou plutôt l'envahissement de celui-ci par l'art occidental. C'était un «œcuménisme» dans l'art. La même image fut prédominante durant cette période tant dans le catholicisme romain que dans l'orthodoxie. Cet œcuménisme relégua au second plan l'image de l'Église, son art à elle, la remplaçant par un art qui reflétait une certaine notion du christianisme, un art religieux en général, c'est-à-dire exprimant la religion d'une culture dite chrétienne dans une multitude d'interprétations individuelles. Or, lorsque l'orthodoxie se manifesta à l'échelle mondiale, il s'avéra que ce n'est pas cet art religieux emprunté, mais uniquement son art à elle, l'icône, qui constituait son témoignage, sa manifestation. L'art religieux de type occidental et dont la Renaissance avait été le sommet (art qui, en Occident lui-même, a depuis fait naufrage), transplanté sur le sol orthodoxe, se révéla incompatible avec l 'Église, avec sa doctrine et sa Tradition patristique. Autrement dit, cette tentative d' « œcuménisme dans l'art» a manifesté avec évidence son inconsistance et son ambiguïté: la confusion de la religion et de l 'Église a été un élément destructeur. […]

Après l'iconoclasme les circonstances historiques et surtout les innovations doctrinales dans la confession du Saint Esprit inconnues du Septième Concile et étrangères à la doctrine orthodoxe de l'image ont fourni un terrain propice au développement de l'attitude des catholiques romains envers l'icône et l'art sacré en général. Les confessions occidentales virent apparaître une doctrine qui n'exprime pas les présupposés dogmatiques décisifs pour la définition du Septième Concile œcuménique concernant l'image. Cette doctrine a été la cause de ce qu'en Occident la représentation de Dieu devient une question « secondaire», « ne touchant aucun article fondamental de la foi», « de pure discipline» (F. D. Boespflug, Dieu dans l'Art, Paris 1984, p. 312-313.). Les voies que le Septième Concile avait tracées à l'art sacré, sa théologie, demeurent étrangères à l'Occident. Celui-ci adopte des principes autres, une différente conception de l'art, une autre attitude envers son contenu et son rôle. Les livres Carolins marquent le point de départ d'un chemin qui petit à petit éloignera l'art de la Tradition, puis l'en détachera complètement. Le Septième Concile œcuménique continue à être reconnu par le catholicisme romain et, de même que le Sixième, est parfois mentionné. Mais leur doctrine est ou bien faussée, ou simplement ignorée. […]

Dans le corps de l'Église les sacrements, la confession de la vraie foi et l'ordre canonique sont indissolublement liés ensemble. Là où la confession de la foi est faussée, l'ordre canonique, lui aussi, est faussé; faussées sont également la notion de l'image sacrée et cette image elle-même. Or c'est dans l'image que se manifestent de la façon la plus convaincante, parce qu'évidente pour les yeux, non seulement la vérité, mais aussi toute altération de celle-ci. Les paroles peuvent être les mêmes; mais l'image dénonce de la façon la plus flagrante toute violation de la Tradition patristique, toute trahison envers elle. C'est dans l'image précisément que se manifeste avec le plus d'évidence la divergence entre la doctrine et la vie spirituelle de l'orthodoxie, d'une part, et celles des confessions occidentales, de l'autre."

in "Vers l'Unité ?" de Léonide Ouspensky paru aux éditions ymca-press en 1987

lundi 15 septembre 2008

Photios Kontoglou



Photios Kontoglou (1895-1965), a été le le plus grand iconographe en Grèce, au 20ème siècle. Le renouveau de l'iconographie byzantine a commencé en 1930 principalement grâce à cet homme. L'iconographie byzantine s'est propagée à l'Europe, en Amérique et ailleurs. Cette renaissance a également eu lieu en Roumanie et parmi les Russes de la diaspora.

Cette forme de l'iconographie est recherchée partout dans le monde. L'iconographie de Photios Kontoglou a été mal comprise par beaucoup. Son travail a évolué de quelque chose d’un peu rustique jusqu’à des pièces plus stylisées. Souvent, il s’est écarté de sa manière habituelle de peindre les icônes, afin d’étendre son talent, acquérant ainsi la reconnaissance dans d'autres techniques. De ce fait, ce serait une erreur de percevoir son iconographie de manière stéréotypée.
En 1943, il a commencé à écrire sur cet art sacré d’une manière vaste et faisant autorité, avec la volonté d’expliquer ses caractéristiques et de montrer son immense valeur. En 1960, il a écrit Ekphrasis - l'explication de l'iconographie orthodoxe. Ce livre est un guide précieux pour l'iconographe pour apprendre la technique de la peinture de l'icône selon la tradition byzantine ainsi que pour l'ensemble des lecteurs "pour pénétrer au plus profond l’essence spirituelle des icônes écrites conformément à cette magnifique tradition» (C. Cavarnos).
"L'art byzantin," dit Kontoglou, "est pour moi l'art des arts. Je crois en elle, car la religion orthodoxe est ma foi. Il n’y a que cet art pour nourrir mon âme, par l'intermédiaire de ses profonds et mystérieux pouvoirs, lui seul étanche la soif que j’éprouve au milieu de l'aride désert qui nous entoure. En comparaison avec l'art byzantin, tous les autres me paraissent triviaux, s’inquiétant et s’agitant pour beaucoup de choses, alors qu’ « une seule chose est nécessaire. »
Les iconographes byzantins transportent le monde spirituel dans le temps et l'espace pour les raisons qui l'icône n'est pas "naturaliste" ni "réaliste". Elle a pour objectif une fonction religieuse. Elle veut exprimer les choses sanctifiées pour aider l'homme à voir avec des yeux spirituels les Saints Mystères de la révélation chrétienne.
L’iconographie offre une vision du temps et de l'éternité. Utilisant des formes et des couleurs sacrées et symboliques Kontoglou représente cette vision dans un mode dramatique. Pour démontrer son propos, il a employé des couleurs sobres, des formes simples et des lignes audacieuses.
Photios Kontoglou n’a jamais tenu la position élitiste que la peinture d'icônes était limitée à des intellectuels, des artistes ou professionnels. Même les analphabètes ont peint. Comme les Saintes Ecritures, l'icône est l'œuvre de l'Esprit Saint.

Ses reliques sont incorrompues, ce qui peut être considéré comme une validation de ses œuvres.

vendredi 12 septembre 2008

l'iconographie orthodoxe par Photios KONTOGLOU [ texte 3]


"Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l'intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait.."( Rom. XII.2)


La religion du Christ est la révélation, par lui-même, de la vérité. Et cette vérité est la connaissance du vrai Dieu et du monde spirituel. Mais le monde spirituel n'est pas ce que les hommes avaient l’habitude - et ont encore l’habitude – d’appeler « spirituel ».

"Le Christ appelle sa religion" vin nouveau ", et" pain qui vient du ciel. "L'Apôtre Paul dit," Par conséquent, si un homme est en Christ, il est une nouvelle création. Les choses anciennes sont décédées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles.

Dans une religion comme celle-ci, qui transforme le croyant en un homme nouveau, «tout est nouveau. "De même, l'art qui a pris forme progressivement de l'esprit de cette religion, et qui a été inventé pour exprimer son mystère, est un art "nouveau", un art pas comme les autres, tout comme la religion du Christ n'est pas comme les autres, en dépit de ce que certains peuvent dire qui n’ont d’yeux que pour certaines apparences dénuées de sens.

L'architecture de cette religion, sa musique, sa peinture, sa poésie sacrée, en même temps qu’ils font usage de médias matériels, nourrissent les âmes des fidèles avec de l'esprit. Les œuvres produites dans ces médias sont comme des échelons qui les conduisent de la terre vers le ciel, de cet état terrestre temporaire à un état céleste et éternel. Ceci va (a lieu) aussi loin qu’il est possible à la nature humaine.

Pour cette raison, les arts de l'Eglise sont anagogiques, c'est-à-dire qu’ils élèvent des phénomènes naturels et les soumettent à «la belle transformation ». Ils sont aussi appelés arts "liturgiques", car à travers eux l’homme goûte l'essence de la liturgie par laquelle Dieu est adoré et à travers laquelle l'homme devient semblable aux Hôtes célestes et perçoit la vie immortelle.

La peinture liturgique de l’Eglise, la peinture du culte, tint sa forme surtout de Byzance, où elle est restée l'Arche mystique de la religion du Christ et a été appelée Hagiographie ou peinture sacrée. Comme pour les autres arts de l'Eglise, le but de l’hagiographie n'est pas de faire plaisir à notre sens charnel de la vue, mais de le transformer en un sens spirituel, afin que, dans les choses visibles de ce monde nous puissions voir ce qui dépasse ce monde.

De là vient que cet art n'est pas théâtralement illusionniste. L’art illusionniste a vu le jour en Italie au cours de ce que l'on appelle la Renaissance, parce que cet art était l'expression d'un christianisme qui, déformé par la philosophie, est devenu une forme matérialiste, mondaine de connaissance, et de l'Église d'Occident, qui est devenu un système mondain. Et tout comme la théologie prenait le relais de la philosophie des anciens - oui, aussi, la peinture qui a exprimé cette théologie prenait le relais de l'art des idolâtres antiques. La période est bien nommée Renaissance, puisque, pour dire la vérité, elle n'était rien de plus qu’une re-naissance de l'ancien mode charnel de pensée qui a été celui du monde païen.

Mais, tout comme ces théologiens pataugeaient dans les eaux troubles et marécageuses de la philosophie, et n’étaient pas en mesure de goûter et de comprendre la claire eau douce de l'Evangile, « établi pour la vie éternelle", ainsi, de la même manière, les peintres qui ont promu la Renaissance n’étaient pas en mesure de comprendre la profondeur mystique de l'iconographie liturgique orientale, l'art sacré de Byzance. Et tout comme les théologiens pensaient qu'ils pourraient parfaire la religion du Christ avec la philosophie, car pour eux, elle semblait trop simple, ils n’ont pas été en mesure de pénétrer dans les profondeurs de cette simplicité divine ; tout simplement, les peintres pensaient qu'ils perfectionnaient l'art liturgique, plus simplement appelé byzantin, en le rendant "plus naturel".

"Ils se sont donc mis au travail, copiant ce qui est naturel - visages, vêtements, bâtiments, paysages, tout comme ils apparaissent naturellement – faisant une iconographie avec le même rationalisme que les théologiens voulaient appliquer à la théologie. Mais le genre de théologie que vous pouvez obtenir du rationalisme est exactement le genre d'iconographie religieuse que vous pouvez obtenir en copiant la nature.

C'est la raison pour laquelle leurs œuvres n'ont pas de Mystère, ni un véritable caractère spirituel. Vous comprenez que vous avez devant vous certains hommes se faisant passer pour saints – sans être vraiment saints. Regardez les différentes images de la Mère de Dieu, ces «madones» qui posent hypocritement, et celles qui sont en larmes, larmes qui sont encore plus fausses encore! Cadavres et idoles pour hommes superficiels! Notre peuple, qui pendant des siècles a reçu une merveilleuse et profonde nourriture de la religion du Christ, même s’il semble en apparence sans instruction, appelle 'une femme qui prétend être respectable, mais qui ne l'est pas vraiment, une Frankopanayhia, une " Vierge franque," ce qui établit une distinction claire entre les " Vierges franques " et la véritable Vierge, la Mère du Christ notre Dieu, l'austère Odogitria, Elle "plus vénérable que les Chérubins, et incomparablement plus glorieuse que les Séraphins." En d'autres termes, de la manière la plus simple possible, ils font une claire et nette distinction entre l'art du monde et l'art appartenant au culte.

Les peintres Religieux occidentaux qui voulaient représenter les visions surnaturelles de la religion ont pris comme modèles certains phénomènes naturels - nuages, couchers de soleil, lune, soleil avec ses faisceaux. Avec ces éléments, ils ont essayé de dépeindre la gloire du ciel et le monde de l'immortalité, appelant certaines choses "spirituelles" qui ne sont en fait que sentimentales, émotionnelles, mais pas du tout spirituelles.

En vain, toutefois. Parce que la béatitude de l'autre la vie n'est pas une poursuite du bonheur émotionnel de ce monde, ni n’a non plus le moindre rapport avec la satisfaction dont les sens jouissent en cette vie. L'Apôtre Paul parle des bonnes choses de la béatitude à venir, dit qu'elles sont telles que « l’œil ne les a pas vues, l'oreille ne les a pas entendues, et elles ne sont jamais entrées dans le cœur de l'homme. »

"Comment, dès lors, est-ce que ce monde, qui se trouve au-delà de tout ce qu'un homme peut saisir avec ses sens - comment ce monde peut-il être représentée par un art qui est" « naturel » et qui recourt aux sens? Comment pouvez-vous peindre « ce qui dépasse la nature et dépasse les sens »?

Certes, l'homme prendra des éléments du monde sensible, « pour la satisfaction des sens » mais pour être en mesure d'exprimer ce qui dépasse les sens, il doit dématérialiser ces éléments, il doit les élever à un niveau supérieur, il doit les transmuter de ce qui est charnel en ce qui est spirituel, tout comme la foi transmute les sentiments de l'homme de charnels en spirituels. « J'ai vu, dit saint Jean de l'Echelle, certains hommes en proie à la passion de l'amour charnel, et quand ils avaient reçu la Lumière, et pris le chemin du Christ, cette féroce passion charnelle était changée en eux, avec la grâce divine, en un grand amour pour le Seigneur. »

"Ainsi, même les éléments matériels que l'iconographie byzantine a pris du monde des sens ont été surnaturellement transmutés en spiritualité, et quand ils ont transité par l’âme pure d'un homme qui a vécu selon le Christ, comme l'or par le feu d’un raffineur, ils expriment, dans la mesure du possible pour un homme qui porte un corps matériel, ce dont parle l'Apôtre Paul à propos de ces choses que « l’œil n’ a pas vues, que l'oreille n’a pas entendues, et qui ne sont jamais entrées dans le cœur de l'homme. »

"La beauté de l'art liturgique n'est pas une beauté charnelle, mais une beauté spirituelle. C'est pourquoi quiconque juge cet art avec les normes du monde dit que les figures de la peinture byzantine sacrée sont laides et repoussantes, tandis que pour un fidèle ils possèdent la beauté de l'esprit que l'on appelle « la belle transformation ».

L'Apôtre Paul dit, « Nous (qui prêchons l'Evangile et vivons selon le Christ) sommes ... une agréable odeur du Christ envers ceux qui sont sauvés et envers ceux qui périssent. Envers ceux qui ont en leur sein l'odeur de la mort (de la chair), nous avons l’odeur de la mort et envers qui ont en leur sein l'odeur de la vie, nous avons l'odeur de la vie. " (2Cor.1)

Et le saint et béni Saint-Jean de l’Echelle dit, "Il était un ascète qui, chaque fois qu'il lui arrivait de voir une belle personne, homme ou femme, glorifiait le Créateur de cette personne avec tout son cœur, et aussitôt son amour pour Dieu bondissait à nouveau et il versait une fontaine de larmes. Et on s’émerveillait, voyant cela, que pour cet homme ce qui ferait sentir mauvais l'âme d'un autre devenait pour lui une raison d’être couronné et de s’élever au-dessus de la nature. Celui qui perçoit la beauté de cette façon est déjà incorruptible, avant même les morts se relèvent dans la commune résurrection.


Holy Transfiguration Monastery, Brookline, MA