Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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jeudi 21 septembre 2017

CONSENSUS , UNION ou UNITÉ ? par Mgr Hiérotheos

Sur le Blog

La Lorgnette de Tsargrad

un texte du Métropolite Hiérotheos de Naupacte sur l'Unité

EXTRAIT


"[…] Dans la société, on parle d’une union entre des points de vue divergents ; c’est précisément l’œuvre du système de la démocratie. Différents centres de pouvoir, différents programmes émanant de partis politiques divers, différentes positions émergeant lors de discussions et débats internes aux partis sont, lorsqu’ils se déploient dans le cadre d’une expression démocratique, le signe d’un consensus réalisé.
Mais il n’en va pas ainsi dans l’Église. L’unité n’est pas la conciliation formelle de diverses positions qui viendraient à s’écarter de la révélation de la foi, et de la Tradition. L’unité est fruit de l’Esprit Saint, communion à l’Esprit Saint, unité de foi.
C’est ainsi qu’au sein de l’Église, nous ne pouvons, «afin de préserver l’unité», aller contre l’ecclésiologie et la théologie orthodoxes, sapant finalement de cette façon les fondements de la foi telle qu’elle nous a été révélée par Dieu. Si quelqu’un vient à s’écarter de la foi, l’union avec lui n’est pas une bonne chose, mais au contraire, celui qui préserve la vérité révélée est en réalité un protecteur de l’unité. Pour traiter des questions de l’Église, il n’est pas admissible de s’en tenir à la diplomatie, de renier sa parole, de changer tout le temps d’avis tout en considérant qu’il s’agirait d’une contribution à la réalisation de l’unité.[…]" 
lire l'article intégral ICI 

mardi 16 février 2016

Lettre du métropolite de Limassol Athanase au sujet des « Relations des Églises Orthodoxes avec l’ensemble du monde chrétien »

Sur orthodoxie.com

Lettre du métropolite de Limassol Athanase au Saint-Synode de l’Église de Chypre concernant le document adopté par la Synaxe des primats au sujet des « Relations des Églises Orthodoxes avec l’ensemble du monde chrétien »

Lettre du métropolite de Limassol Athanase au Saint-Synode de l’Église de Chypre concernant le document adopté par la Synaxe des primats au sujet des « Relations des Églises Orthodoxes avec l’ensemble du monde chrétien » 


Le métropolite de Limassol Athanase a adressé la lettre suivante au Saint-Synode de l’Église de Chypre concernant le document adopté par la Synaxe des primats au sujet des « Relations des Églises orthodoxes avec l’ensemble du monde chrétien ».


Béatitude, saints Pères,

J’ai reçu les textes qui ont été approuvés en tant que décisions des différentes Conférences préconciliaires, qui ont eu lieu de temps à autre pour la préparation du Saint et Grand Concile de l’Église orthodoxe, lesquels textes entérinent officiellement les sujets qui seront soumis au Saint et Grand Concile, afin d’y être adoptés. Je vous remercie chaleureusement de leur envoi.

Puisque, conformément au règlement d’organisation et de fonctionnement du Saint et Grand Concile de l’Église orthodoxe qui nous a été envoyé, et concrètement dans l’article 12, paragraphes 2 et 3, il est mentionné que nous pouvons exprimer nos vues à notre Synode local tout d’abord, je soumets humblement au Saint-Synode de notre très sainte Église, sur l’injonction de ma conscience, mes opinions et mes convictions au sujet des questions ci-dessous.
En ce qui concerne le texte de la Vème Conférence préconciliaire orthodoxe, qui a eu lieu du 10 au 17 octobre 2015 à Genève-Chambésy, et qui est intitulé « Les Relations des Églises Orthodoxes avec l’ensemble du monde chrétien », je dois déclarer ce qui suit :

Je suis absolument en accord avec les trois premiers articles du texte. Cependant, pour ce qui concerne les articles 4 et suivants, je dois observer ce qui suit : lorsque l’Église orthodoxe prie – ce qu’elle fait toujours – « pour l’union de tous », je pense qu’elle a en vue le retour dans l’union avec elle de tous ceux qui s’en sont retranchés et qui s’en sont éloignés, à savoir les hérétiques et les schismatiques. Ce retour a lieu après qu’ils aient renié leur hérésie ou leur schisme. Après avoir quitté cela, ils s’incorporent à l’Église orthodoxe et la rejoignent – s’unissent à elle – par la pénitence et la procédure prévue par les saints canons.

L’Église orthodoxe du Christ n’a jamais perdu « l’unité de la foi et la communion du Saint Esprit » et n’accepte pas la théorie du rétablissement de l’unité de « ceux qui croient dans le Christ », parce qu’elle croit que ladite unité existe déjà dans celle de ses enfants baptisés. Cette unité existe entre eux et avec le Christ, dans la foi droite [de l’Église], laquelle n’existe pas chez les hérétiques et les schismatiques. C’est pourquoi l’Église souhaite à ces derniers leur retour au sein de l’Orthodoxie dans la pénitence.

Je crois que ce qui est mentionné dans l’article 5 au sujet de « l’unité perdue des chrétiens » constitue une faute, car l’Église, comme peuple des fidèles de Dieu unis entre eux et avec le chef de l’Église qui est le Christ, n’a jamais perdu cette unité, qui est la sienne et n’a donc pas besoin d’être retrouvée, voire encore à être recherchée, et ce parce qu’elle a toujours existé et existera, étant donné que l’Église du Christ n’a jamais cessé ou ne cessera pas d’exister. Il s’est produit que des groupes ou des peuples, ou encore des personnes isolées, soient partis du corps de l’Église. Or, celle-ci souhaite et doit s’efforcer, dans un esprit missionnaire, que ceux-ci reviennent tous dans la pénitence par la voie canonique dans l’Église orthodoxe. Cela signifie qu’il n’existe pas d’autres Églises, mais seulement des hérésies et des schismes, si nous voulons être exacts dans nos formulations. La formule « pour la restauration de l’unité chrétienne» est erronée parce que l’unité des chrétiens – à savoir les membres de l’Église du Christ – n’a jamais été rompue, du fait que ces derniers restent unis avec l’Église. La séparation d’avec l’Église et l’abandon de l’Église a malheureusement eu lieu de nombreuses fois par les hérésies et les schismes, mais la perte de l’unité interne de l’Église ne s’est jamais produite.

Je me demande pourquoi il est question dans le texte d’une référence multiple aux « Églises » et aux « Confessions » ? Quelle est la différence entre elles et quel élément les caractérise pour que certaines soient appelées « Églises » et les autres « Confessions » ? Quelle Église est celle qui est hérétique, quelle est celle qui constitue un groupe ou une confession schismatique ? Quant à nous, nous confessons une seule Église, et toutes les autres sont des hérésies et des schismes.
Je considère que l’attribution du titre « Église » à des communautés hérétiques ou schismatiques sont, théologiquement, dogmatiquement et canoniquement, absolument erronées, car une est l’Église du Christ, comme cela est mentionné dans l’article 1, et une communauté ou groupe hérétique ou schismatique ne peut être appelée par nous Église. Seule l’Église orthodoxe peut l’être.

Rien, dans ce texte, ne mentionne que la seule voie qui conduit à l’unité avec l’Église est seulement le retour des hérétiques et des schismatiques, dans la pénitence, à l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique du Christ, qui, conformément à l’article 1 est notre Église orthodoxe.
La référence à la compréhension « de la tradition de l’Église ancienne » donne l’impression qu’il existe une différence ontologique entre l’Église ancienne des saints sept Conciles œcuméniques et sa continuation authentique jusqu’à aujourd’hui, laquelle est notre Église orthodoxe. Nous croyons qu’absolument aucune différence n’existe entre l’Église du XXIème siècle et celle du premier siècle, car l’un des traits distinctifs de l’Église est le fait que nous confessons dans le Credo que celle-ci est apostolique.

Dans l’article 12, il est mentionné que le but commun des dialogues théologiques est « le rétablissement final de l’unité dans la vraie foi et dans l’amour ». L’impression est donnée que nous, Orthodoxes, cherchons notre rétablissement dans la foi vraie et l’unité de l’amour, comme si nous l’avions perdue et que nous cherchions à la trouver par des dialogues théologiques avec les hétérodoxes. Je considère que cette théorie est théologiquement inadmissible par nous tous.
La référence du texte au « Conseil Œcuménique des Églises » me donne l’occasion de définir ma position à l’égard de différents événements syncrétistes anti-canoniques qui s’y sont produits de temps à autre, et aussi de son appellation, puisque, en lui, l’Église orthodoxe est considérée comme « l’une des Églises », ou une branche de l’Église une, qui cherche et lutte pour sa réalisation en lui. Mais pour nous, la seule et unique Église du Christ est celle que nous confessons dans le Credo.

Pour ce qui concerne l’idée selon lequel la sauvegarde de la foi orthodoxe authentique n’est assurée seulement que par le système conciliaire qui « constitue le juge désigné et ultime en matière de foi » contient une dose d’exagération et n’est pas conforme à la vérité. En effet, dans l’histoire ecclésiastique, de nombreux conciles ont professé et légalisé des dogmes erronés et hérétiques, tandis que le peuple fidèle les a rejetés et a sauvegardé la foi orthodoxe, faisant triompher la Confession orthodoxe. Ni un concile sans le peuple fidèle – le plérôme de l’Église – ni le peuple sans concile des évêques peuvent se considérer comme le Corps et l’Église du Christ, et exprimer correctement l’expérience et le dogme de l’Église.
Je comprends, Béatitude et saints frères synodaux, que des expressions dures et outrageantes ne peuvent figurer dans des textes ecclésiastiques contemporains, et que personne, je pense, ne veut des expressions de ce type. Cependant, la vérité doit être exprimée avec exactitude et clarté, toujours, naturellement, avec discernement pastoral et amour réel envers tous. Nous avons un devoir également envers nos frères qui se trouvent dans les hérésies et les schismes, d’être absolument sincères avec eux et, avec amour et peine, de prier et de faire tout pour leur retour dans l’Église du Christ.

Je pense humblement que des textes d’une telle importance et d’un tel poids émanant du Saint et Grand Concile de l’Église orthodoxe, doivent être rédigés avec soin et formulés avec toute l’exactitude théologique et canonique, de telle façon qu’il n’en surgissent pas des définitions et des déclarations qui ne sont pas claires et appropriées théologiquement, ainsi que des formulations erronées qui peuvent mener à de mauvaises interprétations et à des altérations du vrai point de vue de l’Église orthodoxe. Par ailleurs, un Concile, pour être valide et canonique, ne doit en rien se départir de l’esprit et de la doctrine des saints Conciles qui l’ont précédé, ainsi que de l’enseignement des saints Pères et des saintes Écritures, et il ne doit peser aucune ombre sur la formulation de la vraie foi.

Quand les groupes hérétiques et schismatiques ont-ils été appelés Églises par nos saints Pères, quand et où dans les textes des saints canons et les définitions des Conciles œcuméniques ou locaux ? Si les hérésies sont des Églises, où est la seule et Une Église du Christ et des saints Apôtres ?
En outre, j’exprime humblement mon désaccord au sujet de l’abolition de la pratique de tous les Saints Conciles locaux et œcuméniques en vigueur jusqu’ici, laquelle voulait que chaque évêque disposât de son propre suffrage. Il n’a jamais été question de ce schéma : un suffrage par Église – ce qui rend les membres du Saint et Grand Concile, excepté les primats, de simples éléments décoratifs, leur ôtant le droit de vote.

J’ai encore certains autres désaccords et objections sur d’autres points des textes, mais je ne veux pas vous fatiguer plus avec cela, et je me limite aux thèmes que je considère de plus grande importance, au titre desquels j’exprime mon désaccord, mon point de vue et ma foi.
Je ne veux, par ce que j’ai écrit, attrister personne, et je ne souhaite pas que l’on considère que je donne une leçon ou que je juge mes frères et mes pères en Christ. Simplement, je ressens le besoin d’exprimer ce que ma conscience m’impose.
Je demande que mes opinions soient inclues dans les actes du Saint-Synode.
En demandant vos saintes prières, je reste votre humble frère dans le Christ, + Athanase de Limassol.

vendredi 5 février 2016

Petit rappel charitable pour le synode panorthodoxe : PLUS L'UNION SE FERA PAR LA FORCE, PLUS ELLE PRODUIRA DE DÉSUNION !


L'UNION FAIT LA FORCE MAIS NE SE FAIT PAS PAR LA FORCE
en tout cas chez les chrétiens…
normalement…
à propos du synode panorthodoxe

PLUS L'UNION SE FERA PAR LA FORCE, PLUS ELLE PRODUIRA DE DÉSUNION

"L'ÉGLISE DE DIEU NE SAIT PAS FAIRE VALOIR SES DROITS
 PAR LES COUPS, L'EXIL ET LA PRISON. 
LA LOI ECCLÉSIASTIQUE NE DIRIGE CONTRE PERSONNE 
LE GLAIVE, L'ÉPÉE NI LES FOUETS"
St Théodore Studite

Nous espérons de tout notre coeur
QUE NOUS N'AURONS PAS À REVOIR DE TELLES SCÈNES 


Moines d'Esphigmenou "châtiés" et chassés par la police
sur la demande du Patriarche Œcuménique
non pour leur hérésie mais seulement pour leur "schisme"


 Bis repetita placent (sic)

Même si l'on ne veut pas (toujours) suivre la véhémence des zélotes on comprend leurs revendications
 et il se pourrait que cette compréhension commence à être partagée... :
"[...] Une «Confession de foi contre l’œcuménisme» est depuis le mois d’avril proposée à la signature des fidèles orthodoxes, notamment sur plusieurs sites Internet. Elle a recueilli à ce jour 8600 signatures, dont celles de six métropolites et évêques grecs, serbe et bulgare, de cinq higoumènes du Mont-Athos, de trente-six higoumènes d’importants monastères de Grèce, de Chypre, de Serbie et des États-Unis, de professeurs de facultés de théologie (dont l’ex-doyen de la faculté de théologie d’Athènes et le professeur de patristique de la faculté de théologie de Thessalonique), de cinq cent trente clercs, moines et moniales de Grèce, du Mont-Athos, de Serbie, de Roumanie, de Palestine et de divers autres pays, et de plusieurs milliers de laïcs de différentes origines. Fait nouveau, ce document n’émane pas de groupes extrémistes non canoniques (habituellement qualifiés de «zélotes», au premier rang desquels se trouvent les «vieux-calendaristes»), mais est promu et approuvé par des personnalités connues et des fidèles rattachés canoniquement à l’Église orthodoxe.[...]"
(extrait du site Orthodoxie.com :http://www.orthodoxie.com/2009/10/importants-remous-au-sein-des-églises-orthodoxes-à-propos-de-la-prochaine-réunion-de-la-commission-i.html )


mardi 12 août 2014

ANTHROPOLOGIE CHRÉTIENNE par Vladimir LOSSKY

Saint Maxime le Confesseur a décrit avec une puissance et une ampleur incomparables la mission dévolue à 1’homme.
Aux divisions successives qui constituent la création devaient correspondre des unions ou synthèses accomplies par l’homme, grâce à la «synergie » de la liberté et de la grâce.

La division fondamentale où s’enracine la réalité même de l’être créé est celle de Dieu et de l’ensemble des créatures, du créé et de l'incréé.
La nature créée se divise ensuite en céleste et terrestre, en intelligible et sensible. 
Dans l'univers sensible le ciel est séparé de la terre.
A la surface de celle-ci le Paradis est mis à part.
Enfin, l'habitant du Paradis, l’hommeest lui-même divisé en deux sexes, le masculin et le féminin

Adam devait surmonter ces divisions par une action consciente, pour réunir en lui l'ensemble du cosmos créé et se déifier avec lui.
Il fallait d’abord qu’il dépassât la séparation sexuelle par une vie chaste, par une union plus totale que l’union extérieure des sexes, par une «intégrité » qui fût intégration.
Dans une deuxième étape, il devait réunir le Paradis au reste du cosmos terrestre, par un amour pour Dieu qui à la fois le détachât de tout et lui permît de tout embraser : portant toujours le Paradis en lui-même, il eût transformé la terre entière en Paradis.
En troisième lieu, son esprit et son corps lui-même auraient triomphé de l’espace en unifiant l’ensemble du monde sensible, la terre et son firmament.
A l’étape suivante, il devait pénétrer dans le cosmos céleste, vivre la vie des anges, assimiler leur intelligence et réunir en lui le monde intelligible au monde sensible.
Enfin, l’Adam cosmique, en se donnant sans retour à Dieu, lui aurait remis toute sa création, et aurait reçu de lui, par la réciprocité de l’amour, c’est-à-dire par grâce, tout ce que Dieu possède par nature : ainsi dans le dépassement de la séparation primordiale du créé et de l'incréé, se serait accomplie la déification de l’homme et, par lui, de tout l’univers.

La chute a rendu l’homme inférieur à sa vocation.
Mais le plan divin n’a pas changé.
La mission du premier Adam sera donc remplie par l’Adam céleste, le Christ ; non qu’il se substitue à l’homme, car l’amour infini de Dieu ne saurait remplacer l'adhésion de la liberté humaine, mais pour rendre à l’homme la possibilité d’accomplir son œuvre, pour lui ouvrir à nouveau la voie de la déification, cette suprême synthèse, à travers l’homme, de Dieu et du cosmos créé, qui reste le sens de toute anthropologie chrétienne.
Ainsi, à cause du péché, pour que l’homme puisse devenir Dieu, il a fallu que Dieu se fasse homme, et que le second Adam inaugure la « nouvelle création » en surmontant toutes les divisions de l’ancienne.
Par sa naissance virginale, en effet, le Christ dépasse la division des sexes et ouvre à la rédemption de « l’éros » deux voies, unies, seulement dans ma êrsonne de Marie, à la fois vierge et mère : celle du mariage chrétien et celle du monachisme.
Sur la croix le Christ réunit l'ensemble du cosmos terrestre au Paradis: car lorsqu’il laisse entrer la mort en lui pour la consumer au contact de sa divinité, le lieu le plus sombre de la terre devient rayonnant, il n’y a plus de lieu maudit. 
Après la Résurrection, le corps même du Christ se joue des limitations spatiales, et, dans une intégration de tout le sensible, unifie la terre et le ciel. 
Par l’Ascension, le Christ réunit les mondes céleste et terrestre, les chœurs angélique au genre humain. 
Enfin, la session à la droite du Père introduit l’humanité, au-dessus des ordres angéliques, dans la Trinité elle-même, et ce sont les prémices de la déification cosmique. 

Ainsi nous ne pouvons retrouver la plénitude de la nature adamique que dans le Christ, second Adam. Mais pour mieux comprendre cette nature, nous devons poser deux difficiles problèmes, d’ailleurs connexes: celui du sexe et celui de la mort.

La condition biologique où nous nous trouvons aujourd’hui était-elle celle de l’homme avant la chute ? Cette condition, liée à la dialectique tragique de l’amour et de la mort, s’enracine-t-elle dans l’état paradisiaque? Ici la pensée des Pères, justement parce qu’elle ne peut évoquer la terre—paradis qu’à travers la terre maudite, risque de devenir partielle, et par là de s’ouvrir à des influences non chrétiennes qui la feront partiale. Un dilemme se dessine : ou bien une sexualité biologique existe au Paradis, comme le laisse entendre l’ordre divin de multiplication. Mais n’est-ce pas alors, dans la condition première de l’homme, comme un affaiblissement de l'image divine par la présence d’une animalité impliquant à la fois la multiplicité et la mort ? Ou bien la condition paradisiaque est pure de toute animalité, mais alors le péché consiste dans le fait même de notre vie biologique, et nous tombons dans une sorte de manichéisme. Certes, les Pères ont rejeté, avec l’origénisme, cette seconde solution. Mais ils ont difficilement réussi à élucider la première. Partant de l'irrécusable liaison, dans le monde déchu, du sexe et de la mort, de l’animalité et de la mortalité, ils se demandent si la création de la femme, suscitant une condition biologique liée à la finitude, n’aurait pas menacé dès le Paradis l’immortalité potentielle de l’homme. Ce côté négatif de la division des sexes introduisant une certaine faillibilité, la nature humaine serait désormais vulnérable, la chute inévitable... 

Grégoire de Nysse, repris sur ce point par Maxime le Confesseur, a récusé cet enchaînement nécessaire de la division des sexes et de la chute. Pour lui, la sexualité aurait été créée par Dieu en prévision du péché, pour préserver l’humanité après la chute, mais simplement comme une possibilité. La polarisation sexuelle dotait la nature humaine d’une sauvegarde qui n’impliquait 
nulle contrainte; tel le passager qui se voit attribuer une ceinture de sauvetage, mais n’est nullement incité pour autant à se jeter à la mer. Cette possibilité ne pourra s’actualiser qu’au moment où, par le péché qui n’a rien à voir avec le sexe, la nature humaine s’effondrera et se fermera à la grâce. C’est seulement dans cet état déchu, où la mort est le salaire du péché, que la possibilité deviendra nécessité. Ici intervient l’exégèse, qui date de Philon, des «tuniques de peaux >> dont Dieu revêtit l’homme après la chute: ces tuniques représenteraient notre nature actuelle, notre état biologique grossier, bien différent de la corporalité transparente du Paradis. Un cosmos nouveau se forme, qui se défend contre la finitude par le sexe, instaurant ainsi la loi des naissances et des morts. Dans ce contexte le sexe apparaît non comme la cause de la mortalité, mais comme son relatif andidote. 

On ne peut suivre cependant Grégoire lorsque, arguant de ce caractère « préventif » de la sexualité, il affirme que la division en mâle et femelle est << surajoutée » à Pimage. Ce n’est pas elle seule en effet, mais toutes les divisions du créé qui ont acquis, par suite du péché, un caractère de séparation et de mort. Et l’amour humain, la passion d’absolu des amants, n’a jamais cessé de receler, dans la fatalité même de son échec, une nostalgie paradisiaque où Phéroïsme et l’art s’enracinent. La sexualité paradisiaque, toute d’intériorité consubstantielle et dont la merveilleuse multiplication, qui devait tout remplir, n’aurait certainement exigé ni la multiplicité ni la mort, nous est presque entière-ment inconnue; car le péché objectivant les corps («ils virent qu’ils étaient nus »), fit des deux
premières personnes humaines deux natures séparées, deux êtres individuels, ayant entre eux des rapports extérieurs. Mais la nouvelle création en Christ, second Adam, nous permet d’entrevoir le sens profond d’une division qui certes n’eut rien de « surajouté » : la mariologie, l’amour du Christ et de l’Eglise et le sacre-ment de mariage mettent en lumière une plénitude qui s’origine dans la création de la femme. Plénitude seulement entrevue cependant, sinon dans l’unique personne de la Vierge, car notre condition déchue subsiste toujours, exigeant, pour l’accomplissement de notre vocation humaine, non seulement la chasteté intégrante du mariage, mais aussi et peut-être d’abord, la chasteté sublimante du monachisme. 

Peut-on dire qu’Adam, dans sa condition paradisiaque, était vraiment immortel ? « Dieu n’a pas créé la mort», dit le livre de la Sagesse. Pour la théologie archaïque, saint Irénée par exemple, Adam n’était ni nécessairement mortel, ni nécessairement immortel : sa nature riche de possibilités, malléable, pouvait être constamment nourrie par la grâce et transformée par elle au point de surmonter tous les risques de vieillissement et de mort. Les possibilités de mortalité existaient mais pour être rendues impossibles. Telle était l’épreuve de la liberté d’Adam. L’arbre de vie au centre du Paradis et sa nourriture d’immortalité offraient donc une possibilité : ainsi, dans nos réalités christo-ecclésiastiques, 1’Eucharistie, qui nous guérit, nourrit et fortifie, spirituellement et corporellement. Il faut se nourrir de Dieu pour atteindre librement la déification. Et c’est dans cet effort personnel qu’Adam a failli. v Quant à 1’interdiction divine, elle pose un double problème : celui de la connaissance du bien et du mal, et celui de l’interdit lui-même. Ni la connaissance en soi, ni celle du bien et du mal ne sont mauvaises. Mais le recours à ce discernement implique une infériorité existentielle, un état déchu. Dans la condition de péché, il nous est certes nécessaire de connaître le bien et le mal pour faire l’un et éviter l’autre. Mais pour Adam au Paradis cette connaissance n’était pas utile. L’existence même du mal implique une séparation volontaire de Dieu, un refus de Dieu. Tant qu’Adam restait uni à Dieu, et accomplissait sa volonté, tant qu’il se nourrissait de sa présence, une telle distinction était inutile. 

C’est pourquoi 1’interdiction divine était moins de connaître le bien et le mal (puisque le mal n’existait pas, sinon comme un risque, celui de la transgression même d’Adam) qu’une épreuve voulue, destinée à rendre consciente la liberté du premier homme. Adam devait sortir d’une inconscience enfantine en acceptant par amour d’obéir à Dieu. Non que 1’interdit fût arbitraire : car l’amour pour Dieu, s’il était librement consenti par l'homme, devait l’envahir tout entier, et rendre par lui l’univers transparent à la grâce. Comment alors aurait-il pu désirer autre chose, isoler un aspect, un fruit, de cet univers transparent pour l’engluer dans un désir égocentrique et, d’un même mouvement le rendre opaque et se rendre opaque à la toute présence divine ? «Ne mange pas... », « Ne touche pas... » : c’est la possibilité même d’un amour vraiment conscient, d’un amour toujours grandissant qui enlèverait l’homme à la jouissance autonome non d’un arbre mais de tous les arbres, non d’un fruit mais de tout le sensible, pour l'embraser, et tout l’univers avec lui, de la seule jouissance de Dieu. Vladimir LOSSKY

mercredi 27 février 2013

Coupée de son contexte, l'icône se désacralise tout comme se désacralise l'Église elle-même...

Леонид Александрович Успенский
"De même que l'Église se dissout dans la notion de religion chrétienne, l'icône se dissout dans celle de l'art religieux ; elle est considérée comme l'une de ses branches. Puisqu'elle a été le patrimoine commun durant le millénaire qui précéda la séparation de l'Occident, on considère qu'elle peut servir de patrimoine commun à présent, utilisée par toutes les confessions chrétiennes indépendamment des présupposés confessionnels et canoniques. Coupée de son contexte, l'icône est arbitrairement incluse dans un autre où elle n'a ni fondement doctrinal, ni lien organique avec la liturgie, les sacrements et l'ordre canonique (45). On peut dire que l'icône se désacralise tout comme se désacralise l'Église elle-même. On formule le rêve de voir une icône renouvelée, capable d'assumer « tous les déchirements et tous les balbutiements agoniques » et les recherches de l'art religieux occidental. On exige de l'icône qu'elle reflète les problèmes qui règnent en ce moment dans le monde. On se propose de «redéfinir le statut de l'image »... (46). 

Dans cette même perspective de l'aspiration à l'unité, l'exclusion du Filioque du Credo dans la pratique liturgique envisagée dans le catholicisme romain ne supprime pas les obstacles. Ce terme fut bien, en son temps, le terme clé pour deux positions, deux confessions qui s'opposèrent l'une à l'autre. En tant que modification dans la confession du Saint Esprit, le Filioque ne conduisait-il pas inévitablement à d'autres dérogations dans la foi et dans la vie? Mais s'il faut considérer cette insertion dans le Credo comme le fondement des transgressions qui devaient suivre au cours des siècles dans la vie des confessions occidentales (47), son exclusion du Credo à présent ne peut inverser le processus historique vécu ; la recherche de telles ou telles interprétations plus ou moins acceptables pour les uns ou pour les autres ne peut frayer la route vers l'unité avec l'Église orthodoxe. 

«La marche correcte vers l'unité (...) doit commencer par l'ecclésiologie. Sur la base ecclésiologique sera examiné l'obstacle numéro un, l'empêchement dirimant de l'union des Églises, c'est-à-dire la "primauté" pontificale. Par ailleurs !'ecclésiologie — et son rapport avec sa base dogmatique — mettra sur le tapis la conception (selon nous hérétique) de la procession de l'Esprit Saint «et du Fils » (Filioque). et montrera l'altération de ce dogme fondamental de la Sainte Trinité de la part des tenants du Filioque » (48). 

C'est dans la perspective ecclésiologique que l'icône a à jouer un rôle particulièrement important, un rôle difficilement acceptable pour beaucoup. 

Le mouvement vers l'icône est universel et spontané. Des écoles et ateliers « iconographiques » surgissent les uns après les autres. On écrit des dissertations sur les icônes dans les écoles supérieures pour obtenir des diplômes scientifiques. La production des « icônes » elles-mêmes se distingue par une grande variété, et on voit parfois l'icône se transformer en son contraire jusqu'au diabolisme. Mais malgré tout ce désordre, ces abus et ces incompréhensions, il est significatif que c'est précisément notre monde contemporain effrayant qui ait découvert pour lui l'icône. La question de l’art sacré est une question de foi et c'est l'icône elle-même qui en témoigne de la façon la plus évidente. C'est elle, en effet, qui porte le témoignage de la révélation restaurée dans sa plénitude, qui montre l'unité de la parole et de l'image apparue dans la Personne de Jésus Christ ; c'est elle qui manifeste l'unité de la foi, de la vie et de la création désintégrées non seulement dans les confessions occidentales, mais souvent dans l'Église orthodoxe elle-même. 

Et si l'icône appartient à l'Église primitive, cela veut dire qu'elle porte aussi la foi de cette Église, c'est-à-dire précisément ce qui a été violé par l'Occident. Et accepter l'icône signifie accepter tout ce qu'elle porte en elle, tout ce dont elle témoigne, c'est-à-dire entrer dans l'unité véritable de l'Église. 

Nous connaissons Dieu par la parole et par l'image. Cette forme de confession est préservée dans l'Église orthodoxe, tout comme y est préservée la foi des premiers siècles, des Conciles œcuméniques et des saints pères. L'identité de la foi et de sa confession verbale et picturale prouve l'identité de l'Église elle-même, parce que l'authenticité de celle-ci se reconnaît non par le nombre des fidèles, ni par la perfection de l'organisation, ni par quelque autre qualité, mais uniquement par la fidélité à la Tradition apostolique dans la confession et dans la vie

« Les divergences entre l'orthodoxie et l'hétérodoxie ne consistent pas en quelques malentendus ou inexactitudes sur des points particuliers, mais dans le principe même, dans le fait qu'elles sont le contraire l'une de l'autre ». (49) 

« L'homme doit dorénavant décider lui-même, d'un cœur libre, ce qui est bien et mal, en n'ayant pour le guider que Ton image devant lui... ». 


 45. Cependant, à la question si, oui ou non, on peut insérer l'icône dans la liturgie romaine contemporaine, les plus clairvoyants des théologiens catholiques répondent résolument par la négative (voir l'exposé de J.R. Bouchet o.p. au colloque consacré au Septième Concile Œcuménique à Paris le 3 octobre 1986). 

46. Ainsi un théologien catholique romain contemporain arrive à une conclusion quelque peu inattendue pour un orthodoxe: « Les diverses confessions chrétiennes se trouvent devant une tâche inédite ». Puisque « la perspective d'un avenir aniconique du christianisme apparait un contresens anthropologique et une faillite dogmatique», « le statut religieux de l'image est donc à réinventer» (F.D. Boespflug, Dieu dans l'Art, ibid., p. 329). Ce dernier mot est particulièrement inattendu : le « statut» de l'image, c'est-à-dire sa place et son importance dans l'église, n'est-il pas déjà précisé par sa conscience catholique en tant que dogme? Et « les diverses confessions chrétiennes » ne se trouvent-elles pas devant une tâche pas du tout «inédite»  ni nouvelle: celle de prendre conscience de ce dogme et de le confesser en pratique ? 

47. Considérer le Filioque comme un théοlοgοuménοn ou une opinion particulière, comme cela se fait parfois, ne peut être qu'un malentendu: cette expression a été incluse dans un texte officiel — le Credo, dans toutes les confessions occidentales; elle donna naissance à tout un système philosophico-théologique. Et même s'il est permis aux uniates de l'omettre dans leur pratique liturgique, les confessions occidentales n'y ont jamais renoncé: le Filioque fut confessé avec conséquence et défendu précisément en tant que dogme dans toutes les discussions entre orthodoxes et catholiques romains jusqu'à notre temps. Il fut assorti de la précision «du Père et du Fils comme d'un seul principe», précision à laquelle aucune confession occidentale n'a jamais renoncé et qui continue encore à être défendue. Citons un théologien de notre temps qui est une autorité, V.N. Lossky : « La question de la procession du Saint Esprit a été (qu'on le veuille ou non) l'unique raison dogmatique de la séparation entre l'Orient et l'Occident (...). Le fait que les luttes pneumatologiques du passé semblent être parfois mésestimées ou même traitées avec quelque mépris par certains théologiens orthodoxes modernes (et surtout par les théologiens russes, trop souvent ingrats vis à vis de Byzance) ne témoigne pas en faveur de la conscience dogmatique et du sens de la tradition vivante chez ces théologiens, prêts à renoncer à leurs pères» (La procession du Saint Esprit dans la doctrine trinitaire orthodoxe, Paris 1948). 

48. Conférence de Mgr Nicodème, évêque de Patras, « Les conditions nécessaires au dialogue entre l'Eglise orthodoxe d'Orient et l'église d'Occident », le 27 novembre 1980. Revue Ecclisia des 111 et 1/11 1981, Athènes (Original grec). Traduction française dans Documentation catholique No 1817, Paris 1981, p. 99. 

49. Évêque Gourios (Egorov), « Le Patriarche Serge en tant que théologien », in recueil Le Patriarche Serge et son héritage spirituel, ibid., p. 105 (en russe)."

Leonid OUSPENSKY  (Vers l'Unité ? ymca-press1987)

dimanche 2 octobre 2011

QU'EST-CE QUE L'ORTHODOXIE ? par Père André BORRÉLY

"Pour être pleinement orthodoxe,
 la théologie, inséparable de la sagesse et de la prière,
 exclut deux comportements hélas fort répandus : le dualisme et le juridisme".

 On nous montre encore, une fois de plus, une rencontre "fraternelle" entre le Pape et un hiérarque orthodoxe, en nous vantant les progrès de  la réconciliation qui s'accomplissent chaque jour davantage entre l' 'Orient' et l' 'Occident' chrétien comme s'il s'agissait d'une vieille querelle aux effets jadis mortels quelquefois et souvent dérisoire dans son contenu eu égard aux idéaux d'universalité non seulement souhaitable mais désormais obligatoire et à la quantité de choses qui nous sont communes. On nous trompe en insistant sur le  plan psycho-historique à propos de vieilles blessures devant être enfin cicatrisées et sur le plan juridictionnel à propos d'arrangements raisonnables et équitables de pouvoir de juridiction  d'églises enfin "sœurs". Il ne s'agit pas de cela, c'est beaucoup plus profond que cela. Bien sûr, culturellement, géo-politiquement, il y a  une nécessaire communication à cultiver et à approfondir, une communauté à conforter, une solidarité à entretenir, un front commun à constituer et à renforcer vu les contextes d'affaiblissement du "Christianisme" avec la sécularisation, la dissolution totale de la morale, la confusion des valeurs, la multiplication des sectes, l'activisme de l'Islam, la multiplication des persécutions morales et physiques à travers le monde entier etc. Bien sûr, il vaudrait mieux que l'on entende "Voyez comme ils s'aiment..."
Mais cette union, cette réunion, cette unité, qu'on l'appelle comme on veut, (au fait ne s'agirait-il pas plutôt de communion entre frères ?) entre chrétiens ne sera que de surface si elle ne se fonde pas sur le roc de la foi authentique partagée par tous, et si les erreurs profondes, qui ne mènent depuis des siècles qu'à la confusion des esprits, à la dénaturation de la doctrine, au relativisme personnel ou communautaire aveugle, et pour finir à l'hérésie et à la perdition des âmes, et si donc ces erreurs mortelles ne sont pas corrigées à temps et à contre-temps. 
Bien heureusement nous avons des serviteurs de Dieu comme le Père André à qui l'on ne peut reprocher d'avoir des comptes à régler mais qui bien au contraire aiment l'homme - tous les hommes - autant que leur foi et leur Dieu, et qui, bien qu'à la retraite de leur service à l'autel, ne cesseront de témoigner jusqu'à leur mort avec toute leur intelligence et toute leur  foi de la Vérité. Lisez son article

  
"Le dualisme est responsable d'une multitude de déchirures que l'œcuménisme est jusqu'ici impuissant à raccommoder. Si les chrétiens sont désunis, c'est bien parce qu'ils ont introduit la division entre la sainte Écriture et la Tradition, entre la parole et les rites sacramentels, entre les clercs et les laïcs, entre l'autorité et la liberté, entre la foi et les œuvres, entre le corps et l'âme, entre la pensée et la vie, entre la connaissance et l'amour, entre la foi et la raison, entre la philosophie et la théologie, entre les réalités spirituelles et les choses sensibles, entre le terrestre et le céleste, entre le temps et l'éternité, entre la contemplation et l'action, entre la nature et la personne, entre la nature et la grâce, ou entre la nature et le surnaturel. Et ce dualisme paraît s'être prolongé dans la société déchristianisée avec la théorie marxiste de la lutte des bourgeois et des prolétaires. On peut même se demander s'il n'y a pas quelque chose de cela dans un certain féminisme.

Quant au juridisme, c'est un fait bien établi que la propension du droit est de nous donner un pouvoir: avoir un droit, c'est détenir un pouvoir. Le droit nous habilite à revendiquer, à exiger, au besoin par la contrainte, ce qui nous est dû. Le droit constitue une barrière qui s'oppose aux empiètements d'autrui sur notre individualité. Il délimite la sphère en laquelle nous pouvons agir en toute indépendance sans que notre activité puisse être entravée par autrui. En outre, le droit est essentiellement rationnel. Il se fonde sur l'esprit humain en tant que faculté d'ordre et puissance normative, comme raison qui légitime notre action et rend ses conditions moralement et socialement exigibles. La mentalité juridique nous accoutume inévitablement à une objectivation des situations existentielles, elle développe en nous la propension à substituer à l'indétermination dynamique de la vie, à l'unicité de l’évènement survenu dans la vie personnelle, des modèles de vie définitifs et impersonnels se référant à l'objectivité du cas général. Plus une théologie est juridique, plus elle tend à rationaliser le mystère, moins elle est capable de réconcilier la pensée et la vie, la science et la sagesse, la connaissance et l'amour, et, plus généralement, toutes les réalités que divise la mentalité dualiste. Les Byzantins furent toujours étrangers au présupposé occidental selon lequel l'Église est une institution divine dont l'existence interne pourrait être définie de façon appropriée en des termes juridiques. Les concepts juridiques ne sauraient épuiser la réalité la plus profonde de l'Eglise. Et c'est l'honneur et la grandeur de l'Orthodoxie d'avoir toujours témoigné de cette manière de sentir la vie en Christ."  LIRE LE TEXTE intégral > ICI
(extrait d'un article du Père André Borrély "Qu'est-ce que l'Orthodoxie ?" in Orthodoxes à Marseille bulletin n°138 sept-oct 2011 - abonnement (20 euros) par chèque bancaire à l'adresse : 1 rue Raoul Ponchon 13010 Marseille)

mercredi 20 janvier 2010

POURQUOI JE SUIS UN ANTIŒCUMÉNISTE CONVAINCU…





 À propos de la semaine de l'unité et toute l'année, voici quelques arguments de différents ordres d'un chrétien orthodoxe ordinaire sans la moindre prétention théologique académique  :

  • Argument purement orthodoxe : ceux qui se sont séparés historiquement, théologiquement et spirituellement de l’Eglise doivent tout simplement y revenir en se débarrassant de leurs erreurs, car du schisme ils sont passés bien souvent à l’hérésie et ont perdu la source en ne s’abreuvant qu’à des dérivations dont les eaux sont pour le moins mêlées, peu potables et déconseillées pour la santé spirituelle. Dans l'histoire de l'Eglise, tant que le Patriarche romain demeurait fidèle à la Tradition orthodoxe , il était perçu comme garant de l'Orthodoxie, et pouvait être sollicité comme Primus (inter pares tout de même) mais à partir du moment où l'ego devient une tradition qui se pétrifie en statut (excusez les jeux de mots) le recours devient impossible et la Réforme qui a donné des légions d'ecclésioles n'a fait qu'imiter le geste inaugural romain.

- Alors bon, on peut taxer ça de sectarisme mais c’est tout simplement cohérent avec l’appellation "orthodoxe" ce ne peut qu’avoir une définition précise en dehors de laquelle on ne l’est pas. On est libre de ne pas adhérer… Personnellement je reste dans l’Orthodoxie parce qu’il est clair que c’est l’Eglise des origines, quelles que soient les prétentions des autres assemblées.
  • Argument concernant la spiritualité : je n’ai pas expérimenté dans ma chair de tout mon être, corps, âme et esprit, sans me payer de mots, pendant toutes ces années, cette recherche authentique de Dieu qui m’a vu partir d’un athéisme militant pour pratiquer ensuite différentes écoles bouddhiques avec chacune sa tradition forte… pour me joindre à un chœur dissonant ou chacun chante la partition qui lui « chante » et qui ne produit qu’une terrible cacophonie (dans tous les sens du mots), empruntant tout à tous, sans forcément le dire, ou comme si cela allait de soi. Utilisant tout hors contexte, sans les modes d’emploi idoines, tout en ayant perdu toute véritable tradition (qui implique une transmission ininterrompue de maître à disciple) et valorisant cette perte au nom d’un aggiornamento sans fin qu’il faudrait imiter. Et ainsi chargé de ce bazar hétéroclite, ne renonçant toujours pas officiellement à ses prétentions à apporter seul le salut au monde mais plutôt à regrouper tout le monde sous sa houlette. Non, il n'est pas très sûr de trouver là désormais quelque substantifique nourriture. L’authentique tradition orthodoxe me l’apporte, seule. Foin de ces mélanges indigestes.
- Alors là excusez-moi, je n’y peux rien c’est mon tempérament, mais l’expérimentation a à mes yeux une valeur (vieux précepte bouddhique sans doute me direz-vous... soit) qui prime sur la théorie, la théologie et la théocratie, donc, désolé, mais là encore c’est l’Orthodoxie que le Ciel m’a donnée en fin de compte et Il doit savoir ce qu’Il fait. J'y reste.

  • Arguments concernant la logique, la cohérence et la congruence : encore une fois l’Orthodoxie est une véritable Tradition, c'est-à-dire que non seulement elle n’existe pas sans transmission spirituelle véritable (d’où la place des moines et du peuple ordinaire et pas seulement des prélats dans les conciles et l’histoire de l’Eglise) mais que chaque élément de l’ensemble entre en résonance avec chaque autre élément et avec l’ensemble. L’on ne saurait détacher, détourner, extraire, ou déformer un de ces éléments sans que l’ensemble en soit affecté, d’où l’importance de ce que les détracteurs appellent les « querelles byzantines ». Il y a également congruence au sens de Carl Rogers c’est à dire correspondance exacte entre l'expérience et la prise de conscience. C’est ainsi qu'« un théologien, dit Évagre, est quelqu'un qui sait prier, et celui qui prie en esprit et en vérité est un théologien » (in Sur la prière). L’Orthodoxie avant tout n’est pas une institution bureaucratique, malgré l’inévitable manifestation récurrente de l’ego de quelques hiérarques haut placés, c’est du point de vue de son fonctionnement historique malgré les ratés, un système qui a sa cohérence et tout mélange créerait un parasitage peu profitable à l’avancement spirituel de chacun. On est loin des emprunts successifs autant qu’hasardeux de l’Eglise catholique moderne.

- Que dirais-je de plus si ce n’est qu’il n’y a rien là qui doive être harmonisé avec tout autre voie spirituelle, confession ou religion. Chaque système a sa cohérence et il serait néfaste à tous et contreproductif de faire un syncrétisme de mauvais aloi.

  • Argument concernant « l’unité transcendante des religions » : J’ai expérimenté différentes écoles bouddhiques et je peux dire qu’à aucun moment, même si chaque école se revendique comme héritière du Bouddha historique, il ne viendrait à l’idée d’aucune de faire une méditation commune avec une autre école.. Chacune a sa lignée de patriarches et de maîtres dans une transmission ininterrompue et s’il y a eu quelquefois quelques emprunts et des pratiques communes, chacune reste fidèle à sa tradition. D'ailleurs dès qu'un disciple s'est senti en désaccord avec son école il est allé fonder sa propre école à laquelle ses disciples sont restés fidèles. A l’intérieur même d’une grande école comme le Zen, le Soto diffère du Rinzai entre autres et chacun accorde le plus grand soin à la perpétuation fidèle de sa doctrine et de sa pratique. Ainsi en est-il également dans le Bouddhisme ésotérique du Tibet par exemple, chaque école, et elles sont nombreuses, reste fidèle à la transmission de sa lignée de maîtres, a une totale confiance en son enseignement et nulle idéologie globalisante ne saurait l’en dissuader au nom du Bouddha universel. Pourtant en Asie dans une grande tolérance l’on incline à penser non que tous les chemins mènent à Rome – mille excuses pour les œcuménistes stratégiques nostalggiques de l'empire – mais que chaque chemin mène au sommet de la montagne à condition de rester fidèle à la voie choisie.

Enfin voici pour finir, bien que j'en trouverais bien d'autres, un dernier argument :

  • Argument consensuel (?) : à l'intérieur d'une même Eglise, d'une même paroisse même si tout le monde suit les mêmes enseignements, les mêmes pratiques, les mêmes rites, il m'arrive bien souvent de penser que nous ne vivons pas la foi de la même façon voire que les gens n'ont pas tout à fait la même foi... est-ce à dire qu'il faudrait réunir les gens pour qu'ils expliquent comment et pourquoi et leur demander d'harmoniser à tout prix pour témoigner ensemble selon une même apparence aux yeux des autres ? Cela me paraît aussi irréaliste que de vouloir faire arriver tout le monde en même temps dans une course. Chacun suit son chemin spirituel à son rythme avec ce qui lui a été légué par ses ancêtres, son milieu familial, social, culturel, génétique et la grâce de Dieu, et chacun se débrouille avec ses bagages qui ne sont pas ceux du voisin ni par leur poids ni par leur nature...L'avantage d'être dans la même Eglise tout de même c'est d'avoir des points de repère communs, et l'avantage d'être dans l'Eglise orthodoxe c'est d'avoir des points de repère inchangés depuis des siècles et qui ont donné leurs fruits, ça aide. Que chacun cueille à l'arbre qui lui convient ! Attention tout de même, on en connaît qui se sont fourvoyés il y a fort longtemps et ça n'a pas donné de très bons résultats...

Voilà, cela me paraît suffisant pour non seulement ne pas être œcuméniste mais être même anti œcuméniste. Un seul argument pourrait vous heurter : celui qui se fonde sur ce que nous Orthodoxes avons le culot d’appeler la Vérité, et l’unique Eglise de Dieu, mais les autres devraient vous inciter à réfléchir et à cultiver votre propre jardin au lieu de chercher à tout mélanger en un tout indifférencié, sans couleur, sans saveur et sans odeur, universel quoi, autrement dit œcuménique. L’origine de l’hérésie est l’orgueil c’est toute la problématique du péché ancestral. Vouloir être comme des dieux, se substituer à Dieu pour recréer tout, par nous-mêmes les hommes, avec nos seules capacités, y compris l’Unité entre les hommes par la force, ou par la ruse.

Oh ! Cela donne des résultats, c’est vrai : plus on s’efforce de créer l’unité en forçant, ou en trompant le peuple par toutes sortes de subterfuges, plus on crée de la division, et devinez chez qui ? - Chez les Orthodoxes !… Diviser pour régner ? Oui c’est bien connu et efficace.
Que signifie le mot diable ? Entre autres, le Diviseur. A bon entendeur salut. Que chacun choisisse son camp ! Dieu reconnaîtra les siens…

PS: Faut-il encore une fois rappeler que s'efforcer de suivre la voie orthodoxe avec le plus de fidélité et de conviction possibles, n'empêche pas de considérer à priori tout être humain comme un frère. Et si le fidèle orthodoxe n'a pas du tout l'intention de faire de petits arrangements diplomatiques avec sa foi pour ménager la chèvre et le choux, rien ne l'empêche, non seulement de respecter tous ceux qui  -selon sa foi - sont dans l'errance, mais également de manger à leur table, de les inviter, les héberger, les soigner, les aider, voire les aimer tout simplement et d'être prêt à donner sa vie pour les défendre des hommes méchants. Nul besoin de savoir à quelle communauté appartient la personne à qui on sourit et vers qui va vers notre sympathie… Quoiqu'il soit de plus en plus préférable, de nos jours, de savoir si l'on en réalité affaire à un ennemi, car, bien que le Seigneur nous ait invité à aimer notre ennemi (Matthieu 5,44), Il n'a jamais dit que nous n'avions pas d'ennemis par là-même. À quoi il faut ajouter non seulement qu'il ne faut pas donner de perles à des cochons  (Matthieu 7,6) et que la véritable compassion n'exclut pas quelquefois la sévérité la plus grande dans les paroles (Matthieu 23) comme dans les actes (Jean 12, 13-16)…
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