Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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mercredi 19 février 2025

CONFESSION, REPENTIR, AUTO ÉVALUATION,CHANGEMENT,INTROSPECTION

Si tu ne mets pas d’ordre dans tes pensées, un chaos incontrôlable surgira. Le Seigneur ne nous a pas seulement donné des talents, mais aussi tous les outils nécessaires à notre croissance spirituelle et personnelle. Et ici, la possibilité de nous repentir et de participer aux Mystères de l’Église nous vient en aide. L’art du repentir, l’art de l’introspection et l’auto-évaluation viennent avec l’âge adulte.  

 

Le prêtre Andrei Lorgus, psychologue, écrivain, professeur, fondateur et recteur du premier Institut de Psychologie Chrétienne en Russie, répond à quelques questions sur le repentir et la confession.  

 

Dites-nous, s’il vous plaît, quelle est la principale différence entre « repentir » et « confession » ?  

   

dimanche 6 septembre 2020

Je ne pèche plus, je rate ma cible...pratique !



par Annie WELLENS

Il m’arrive de converser avec des interlocuteurs dont le maître mot, destiné à clore toute discussion, est l’étymologie. « Etymologiquement parlant »… cette formule devient le critère exclusif de vérité. Certains ne se tiennent plus de joie d’avoir ainsi découvert que « pécher » signifie « rater sa cible ». D’un seul coup, des siècles de pédagogie culpabilisatrice leur glissent des épaules. Ils regardent alors d’un air de commisération ceux qui avouent décliner encore le verbe « pécher » à tous les temps, sinon à tous les modes.

Familiers de la sagesse biblique, les exégètes font jouer la symphonie des interprétations quand ils approchent un mot. Les militants de la seule racine hébraïque ou grecque n’en ont cure et ne retiennent que le mot à mot d’une langue à une autre. Par une sorte de fondamentalisme souterrain - puisqu’ils se situent à la racine, au pied de la lettre, pour ne pas dire à sa botte - ils proclament l’existence d’un vocable totalement pur, vierge des façons de le vivre et de le transmettre.

Constatant à juste titre que des mots ont le malheur de se pétrifier ou de s’engluer dans une tradition qui se veut plus importante que ce qu’elle transmet, ils devraient veiller d’autant plus à ne pas reproduire ce mécanisme. Meurtris par une façon de dire, ils la remplacent par une autre. Les enfants battus deviennent souvent des parents battant.

Les traducteurs de la Bible ont l’humilité de signaler par une note l’obscurité résistante de quelques textes tout en proposant leur interprétation. On leur doit la forte image du « péché tapi comme une bête » à la porte de Caïn [1]. L’obscurité du mystère du mal ne saurait être éclairée par la seule évocation du tireur maladroit. J’imagine mal Caïn disant à sa victime : « Pardonne-moi, mon frère, j’ai raté ma cible ! » Ou alors il faut imaginer Abel expirer en murmurant : « Plût à Yahvé que ce fût vrai ! Etymologiquement parlant. »


Chronique parue dans La Croix, le 11 janvier 1999.

jeudi 22 août 2019

Schismes, acribie et économie par l'Archimandrite Partenij

Sermon de Sa Béatitude, Archimandrite Partenij, 
prononcé lors de la célébration des Vêpres de St Parthénios de Lampsaque


LA COMPASSION EST LA VOIE DU CHRIST
« Je suis vraiment touché si bien que je ne sais quels mots employer. Du fond du cœur, je vous remercie pour le grand amour que je peux ressentir de vous tous, bien que je m’en trouve totalement indigne et me considère comme le serviteur indigne décrit dans le Saint Évangile, par la bouche de notre Sauveur, Christ. 
Me tenant debout devant Dieu, je n'ai rien pour me présenter et me justifier. Mon zèle est faible et je manque d'amour. Mais en dépit de tout cela, je m'efforce autant que possible de partager avec tous ceux qui demanderont ou qui auront un besoin tout le trésor spirituel que Dieu m'a donné si généreusement. Depuis le tout premier moment où notre Dieu bon a confié au serviteur indigne que je suis, ce monastère comme demeure, j'ai essayé, avec l'aide de sa grâce, d'en faire un foyer pour tous. Pour que tout le monde puisse se ressentir comme un enfant de notre Père céleste. Et le temps a montré que beaucoup de ceux qui ont été accueillis dans ce monastère comme dans la maison de notre Père ont changé, ont accepté une vie de repentance et sont devenus de bons chrétiens. Cela me donne de l'espoir pour mon salut, mais cela me motive également à continuer à lutter pour m'améliorer, au nom de votre amour et de vos sacrifices, soutenu par vos prières. Je vous demande humblement à tous de pardonner mes faiblesses, mes passions et mes chutes. Si j'ai blessé l'un de vous, je veux que vous me pardonniez et priez pour moi, l’indigne.


Portant le fardeau d'être le premier parmi les moines, leur higoumène […] je vois maintenant à quel point la croix est lourde pour celui qui est responsable des âmes des enfants de Dieu, ceux qui sont tellement aimés par le Christ et chèrement rétribués pour Son sang divin. Pour vous être confiés, pour les guider vers lui et les conduire vers son royaume! Une responsabilité vraiment énorme et terrible. Par conséquent, je vous demande humblement de vous rappeler constamment de moi dans vos prières. 
Père Partenij avec le précieux cadeau à l'occasion de sa fête onomastique - le portrait de son Père spirituel, l'archimandrite George Kapsanis 
Je remercie mes frères bien-aimés - moines et sœurs - religieuses qui se sont souvenus de me présenter ce portrait magnifiquement peint de l'homme qui a gravé le Christ dans mon cœur, principalement par son témoignage vivant de l'amour de Dieu. L'homme qui a témoigné par ses actes que, comme le dit l'apôtre Paul, dans le Christ: « Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n' y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ.»(Gal. 3,28).


Il m'est arrivé de partir pour le Mont Athos à un moment où notre pays était en train de devenir indépendant et, je suis sûr que les personnes âgées ici s'en souviennent, la situation politique était si compliquée et si incertaine que nous ne savions pas si nous survivrions en tant que pays, s'il y aurait une guerre, etc. Les relations avec l'État grec étaient particulièrement compliquées. Ces jours-ci, des souvenirs de cette époque me sont revenus en mémoire et je disais à certains de mes frères que durant le sixième mois de mon séjour là-bas, ceux d'entre nous qui étaient d'ici ont été confrontés à de graves problèmes causés par le gouvernement grec sur le mont Athos. En ce temps-là, l'Ancien n'était pas au monastère, il était en voyage à Athènes. Ils nous ont donc invités à une conversation au cours de laquelle nous étions censés déclarer notre nationalité. Père Georges, connu pour son grand cœur et sa générosité spirituelle, nous appelait slavo-macédoniens - un nom totalement inacceptable pour le monde grec entier. Alors j'ai dit que j’étais slavo-macédonien. Cependant, ma réponse ne leur plaisait pas. Ensuite, un des moines plus âgés présents a déclaré que nous pouvions choisir l’un des pays voisins et, étant donné que nous faisions encore partie de la Yougoslavie, en raison de l’amitié de la Grèce avec la Serbie, il serait très approprié de me déclarer comme serbe. J'ai alors répondu sans ambage : « Je ne le ferai en aucun cas, car je ne pense pas devoir être Serbe pour être orthodoxe. » Ils ont considéré que c'était un problème, alors ils ont essayé d'entrer en contact avec l'Ancien. À ce moment-là, il n’était pas facile de contacter un homme qui se trouvait au loin, comme c’est le cas maintenant avec les téléphones portables, mais en persistant, ils ont réussi à le contacter par téléphone et à lui demander ce qu’il fallait faire. Il a répondu: «Laissez-les se déclarer comme ils se sentent. Et je réglerai les choses avec les autorités laïques. » Plus tard, les moines m'ont dit que Père Georges avait appelé les membres du gouvernement et leur avait dit: «Si nous continuons à traiter nos frères orthodoxes de cette manière, nous serons punis par Dieu et notre bénédiction nous sera retirée. Le Seigneur nous a donné, les Grecs, la bénédiction de préserver l'héritage et la tradition orthodoxes, à un moment où tous les autres pays et états orthodoxes sont tombés dans le communisme. Vous savez, c’est une grande bénédiction. Et maintenant, Dieu a envoyé ces gens pour que nous leur transmettions la tradition afin qu'ils puissent la ramener dans leurs pays. Qui sommes-nous pour arrêter la providence de Dieu? »


Le Seigneur a toujours choisi des hommes saints pour transmettre le message de l'Évangile d'une manière digne. L’ancien Georges Kapsanis était sans aucun doute un tel homme, pour tous, très semblable, par son esprit, au grand Photius, le saint patriarche œcuménique, qui, inspiré par sa conscience évangélique progressiste, avait envoyé en mission les saints frères Cyrille et Méthode parmi nos ancêtres, afin d’annoncer l’Évangile du Christ. La grâce illuminatrice de Dieu a toujours été puissante dans l'Église et elle est toujours active aujourd'hui. Même au cours des récentes années, notre Seigneur continue de choisir des personnalités éclairées pour gouverner l'Église, conscientes de leur responsabilité et s'efforçant d'agir à l’instar de leurs glorieux prédécesseurs dans la réalisation de la providence de Dieu pour le salut de tous les peuples. De nos jours, nous voyons comment le primus inter pares, le patriarche œcuménique, est fermement déterminé à établir un ordre approprié dans l'Orthodoxie, sur la base des canons sacrés et du droit coutumier, afin de panser les blessures et les divisions du corps du Christ. Prions pour que Dieu lui accorde, ainsi qu'à tous les autres dirigeants des Églises locales, la force et l'illumination pour agir selon la compassion et l'empathie du Christ.


En tant que père spirituel, bien que le plus petit d'entre eux, je veille toujours à être empathique envers tous ceux qui veulent m'ouvrir leurs plaies intimes. Quand je vois qu'il y a même un léger sentiment de remords chez celui qui fait des aveux, je ne lui impose pas immédiatement des règles strictes, car je sais que le poids des règles ne fera que surcharger son âme déjà tourmentée et cela peut avoir l'effet inverse, il ne voudra peut-être plus jamais revenir à l'Église. C'est pourquoi j'essaie d'agir selon l'empathie spirituelle bienheureuse, comme nous l'ont appris les Pères ecclésiastiques. Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que les gens conservent une justice formelle dès la première confession en leur imposant la rigueur des règles. Ayant à l’esprit à quel point il est difficile pour eux de montrer leurs plaies lors de la première confession, il me suffit que quelqu'un ait pris la décision de se confesser. Il est donc correct d'accepter son repentir, de le réconforter et de le conseiller. Dans ces cas-là, j'agis avec indulgence, j'ai entendu ce qu'il voulait et pouvait me dire, je lui apprends alors le repentir, puis je lui lis une prière. Ainsi, après les deuxième, troisième et quatrième confessions, nous voyons les résultats souhaités.


Je le dis principalement parce que, de nos jours, j'entends dire que certains évêques parlent constamment d'une grande repentance abstraite qui devrait être montrée par ceux qui, dans la plupart des cas, et non par leur faute, sont dans le schisme. Cependant, l'histoire de l'Église nous a montré quelque chose de complètement différent - elle témoigne notamment du fait que des hommes saints avec un grand amour et une grande indulgence ont accepté ceux qui souhaitaient retourner dans l'Église qu’ils ont quittée pour une raison quelconque. Quoi qu'il en soit, ces hommes saints avaient pour prototype le Christ lui-même, qui n'avait pas demandé à Zachée une certaine repentance "légale", mais avait seulement remarqué son désir, l'avait appelé et s'était rendu chez lui. Nous voyons un exemple similaire dans l'Evangile avec la femme prodigue, qui a été acceptée par Christ à cause de son amour et de son désir sincère; ensuite, avec le fils prodigue, qui a rencontré son père miséricordieux avant même d'avoir réussi à atteindre la maison de son père, etc.


Je vous demande en particulier de prier pour que soient surmontées les tentations et les divisions dans l'Église auxquelles nous assistons chaque jour, afin que nous tous dans l'Église puissions ne faire qu'un. Parce que la volonté du Christ est que nous soyons un en Dieu Trine: "que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu'eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m'as envoyé afin qu'ils soient un comme nous sommes un" (Jean 17,21). Et nous ne serons qu'un, que par son amour. Notre plus grand témoignage que nous sommes chrétiens est notre amour: tous les hommes sauront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres (Jean 13:35). Et l'assemblée d'aujourd'hui est scellée de cet amour même du Christ. S'il n'en avait été ainsi, nous ne serions sûrement pas réunis de la sorte aujourd'hui, unis comme une seule famille, pour être heureux les uns avec les autres. Ce rassemblement est une joie mutuelle, car rencontrer les êtres chers est la plus belle des choses. Ce soir, après une longue période, j'ai vu beaucoup de mes enfants spirituels. Quand je les voyais de loin, j'écartais mes mains, je les serrais dans mes bras et j'étais très heureux parce que je les aime vraiment. Ce ne sont pas seulement des mots vides, mais ils sont extraits du sanctuaire intérieur du cœur.


Enfin, je voudrais vous demander encore une fois de prier pour moi, car je compte vraiment sur vos prières. Tout comme le Seigneur a pardonné au serviteur indigne, j'espère aussi que, pour votre bien, il aura pitié de moi et me donnera la force d'être un meilleur père spirituel et un meilleur pasteur.
Que vous soyez tous en bonne santé et soyez bénis par Dieu! Merci pour votre amour et vos soins. Que les prières de saint Parthénius de Lampsaque soit avec nous tous! »

Archimandrite Parthenios,
rattaché à  l'Église orthodoxe macédonienne
 dans l'ouest de la Macédoine du Nord 
dans la Ville Mavrovo et Rostoucha
 (Coordonnées 41° 37′ 10″ nord, 20° 36′ 30″ est )



version française par Maxime le minime
 de la source

lundi 14 mai 2018

Décadence de l'empire romain

Guillaume Cuchet, « Comment notre monde a cessé d’être chrétien. Anatomie d’un effondrement »


Guillaume Cuchet
Guillaume Cuchet, Comment notre monde a cessé d’être chrétien. Anatomie d’un effondrement, Éditions du Seuil, Paris, 2018, 276 p.

De nombreux auteurs ont constaté, depuis un demi-siècle, la décadence spectaculaire du catholicisme en France et plus largement en Europe et s’en sont inquiété : Louis Bouyer dans La décomposition du catholicisme (1968), Serge Bonnet, À hue et à dia. Les avatars du cléricalisme sous la Ve République (1973), Michel de Certeau et Jean-Marie Domenach, Le christianisme éclaté (1974), Paul Vigneron, Une histoire des crises du clergé français contemporain (1976), Jean Delumeau, Le christianisme va-t-il mourir ? (1977), Émile Poulat, L’Ère postchrétienne (1994), Mgr Simon, Vers une France païenne ? (1999), Denis Pelletier, La crise catholique (2002), Daniele Hervieu-Léger, Catholicisme, la fin d’un monde (2003), Yves-Marie Hilaire, Les Églises vont-elle disparaître ? (2004), Denis Pelletier, La crise catholique. Religion, société, politique en France (1965-1978) (2005), Emmanuel Todd et Hervé Le Bras, Le mystère français (2013), Yvon Tranvouez, La décomposition des chrétientés occidentales (2013).
Dans ce livre – qui détourne le titre du livre de Paul Veyne, Quand notre monde est devenu chrétien, mais pour annoncer l’inversion du processus dont il analysait les commencements – Guillaume Cuchet, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Paris-Est Créteil, spécialisé dans l'histoire du catholicisme, se propose de définir le moment où a commencé cette décadence et de déterminer les raisons de celle-ci. L’un des principaux outils scientifiques qu’il utilise est l’analyse statistique. L’un des critères objectifs qu’il considère, est le taux de pratique dominicale régulière, passée, dans la population française, de 27% en 1952 à 1,8% en 2017. On peut contester ce critère, car, soulignait un article récent de La Croix, on peut être catholique « pratiquant » en ayant d’autres engagements, et il est vrai qu’à défaut d’une telle pratique dominicale, une culture chrétienne peut subsister un certain temps, mais la perte de contact avec la vie liturgique ne peut que l’affaiblir progressivement et la conduire à sa disparition.
Le premier tiers du livre définit l’adhésion au catholicisme telle qu’elle ressort d’une masse de données statistiques établies par le clergé entre 1945 et 1965, et en particulier des statistiques soigneusement et régulièrement établies sur une période plus large (1880-1965) par le chanoine Boulard, sociologue et auteur de quatre volumes de Matériaux pour l’histoire religieuse du peuple français, XIXe-XXe siècle.
Selon G. Cuchet, c’est dans les années 60, plus précisément en 1965, que peut être datée la rupture qui a inauguré le processus de décadence du catholicisme en France. Cette rupture coïncide avec le concile Vatican II, ce qui est paradoxal, car ce concile était conçu, par ceux qui l’ont organisé, comme un aggiornamento devant vivifier le catholicisme confronté au monde moderne. Mais, souligne l’auteur qui a examiné diverses hypothèses, « on ne voit pas quel autre événement aurait pu engendrer une telle réaction. Par sa seule existence, dans la mesure où il rendait soudainement envisageable la réforme des anciennes normes, le concile a suffi à les ébranler, d’autant que la réforme liturgique qui concernait la partie la plus visible de la religion pour le grand nombre, a commencé à s’appliquer dès 1964. »
Dans la deuxième moitié de son livre, l’auteur analyse de manière précise les causes, liées au concile, de la rupture et du processus de décadence qui, globalement, continue de nos jours.
Le concile a engendré une perte de repères chez les fidèles. Le texte concilaire Dignitatis humanae, publié en 1965, sur la liberté religieuse, est apparu « comme une sorte d’autorisation officieuse à s’en remettre désormais à son propre jugement en matière de croyances, de comportements et de pratique, qui contrastait fortement avec le régime antérieur », ce qui suscitait chez le père Louis Bouyer cette remarque chagrine : « Chacun ne croit plus, ne pratique plus que ce qui lui chante. »
Dans le domaine de la piété, note Cruchet, des aspects de la réforme liturgique qui pouvaient paraître secondaires, mais qui ne l’étaient pas du tout sur le plan psychologique et anthropologique, comme l’abandon du latin, la communion dans la main, la relativisation des anciennes obligations, ont joué un rôle important. De même que les critiques de la communion solennelle qui se sont multipliées à partir de 1960 et surtout de 1965, ainsi que la nouvelle pastorale du baptême (à partir de 1966) et du mariage (en 1969-1970), qui avait tendance à hausser le niveau d’accès aux sacrements en exigeant des candidats davantage de préparation et d’investissement personnel.
Dans le domaine des croyances, c’est le fait même du changement de discours qui a compté. La variation de l’enseignement officiel rendait sceptiques les humbles, qui en déduisaient que, si l’institution s’était « trompée » hier en donnant pour immuable ce qui avait cessé de l’être, on ne pouvait pas être assuré qu’il n’en irait pas de même à l’avenir. Toute une série de« vérités » anciennes sont tombées brutalement dans l’oubli, comme si le clergé lui-même avait cessé d’y croire ou ne savait plus qu’en dire, après en avoir si longtemps parlé comme de quelque chose d’essentiel.
Un autre domaine dans lequel la conjoncture a pu déstabiliser les fidèles, note l’auteur, « est celui de l’image de l’Église, de sa structure hiérarchique et du sacerdoce. La “crise catholique” des années 1965-1978 fut d’abord une crise du clergé et des militants catholiques. L’abandon de la soutane (dès 1962) et de l’habit religieux, la politisation (à gauche) du clergé, les départs de prêtres, de religieux et de religieuses, parfois suivis de leur mariage, sont apparus à beaucoup comme une véritable “trahison des clercs”, sans équivalent depuis les “déprêtrisations” de la Révolution, qui a eu les mêmes effets déstabilisants. »
Par ailleurs, « le concile a ouvert la voie à ce qu’on pourrait appeler “une sortie collective de la pratique obligatoire sous peine de péché mortel”, laquelle occupait une place centrale dans l’ancien catholicisme. […] Cette ancienne culture de la pratique obligatoire s’exprimait principalement dans le domaine des “commandements de l’Église” que les enfants apprenaient par cœur au catéchisme et dont il convenait de vérifier, lors de l’ examen de conscience préparatoire à la confession, si on les avait bien respectés », et qui incluaient notamment le devoir de sanctifier les dimanches et jours de fêtes, de confesser ses péchés et de communier au moins une fois par an, de jeûner les vendredi, aux veilles de grandes fêtes et aux périodes carémiques dites des « Quatre Temps ». Toutes ces exigences ont été assouplies, au point de disparaître, sauf la communion qui devenait systématique et se faisait sans aucune préparation, la confession et le jeûne ayant pratiquement disparu. L’assouplissement du jeûne eucharistique s’était cependant accompli en plusieurs étapes préalables: en 1953, Pie XII avait décidé, tout en maintenant l’obligation du jeûne depuis minuit avant la communion, que la prise d’eau ne le romprait plus désormais; en 1957, le motu proprio Sacram communionem réduisait le jeûne à trois heures pour la nourriture solide et une heure pour les liquides ; en 1964, Paul VI décréta qu’il suffirait dorénavant d’une heure dans les deux cas, ce qui signifiant concrètement la disparition du jeûne eucharistique, puisqu’une heure est le temps de déplacement jusqu’à l’église et le temps de la messe qui précède la communion.
Pendant cette période conciliaire et post-conciliaire, « il est frappant, note l’auteur, de voir à quel point le clergé a désinstallé volontairement l’ancien système de normes qu’il s’était donné tant de mal à mettre en place », créant inévitablement dans le peuple le sentiment qu’on lui « changeait la religion », et provoquant, dans une partie de celui-ci, une impression de relativisme généralisé.
L’auteur consacre deux chapitres entiers à des causes de décadence qui lui paraissent fondamentales: la crise du sacrement de pénitence et la crise de la prédication des fins dernières.
1) Selon G. Cuchet, « la crise de la confession est un des aspects les plus révélateurs et les plus saisissants de la “crise catholique” des années 1965-1978. » « La chute de la confession constitue en soi un fait sociologique et spirituel majeur dont il est probable qu’historiens et sociologues n’ont pas pris toute la mesure. Rien moins, en somme, que la foudroyante mutation par abandon massif, en l’espace de quelques années seulement, d’une pratique qui a profondément façonné les mentalités catholiques dans la longue durée. » En 1952, 51% des adultes catholiques déclaraient se confesser au moins une fois par an (à Pâques comme il était d’obligation depuis le canon 21 du concile Latran IV de 1215); en 1974, ils n’étaient plus que 29%, et en 1983, 14%. Selon l’auteur, le point de rupture se situe vers 1965-1966, quand la confession a cessé d’être présentée comme le « sacrement de pénitence » pour être présentée comme le « sacrement de réconciliation ». Cela allait de pair:
— avec la fin de la « pratique obligatoire » déjà évoquée, et avec une dépénalisation de l’abstention de la pratique religieuse, considérée auparavant comme un péché parce qu’en rupture avec les commandements de l’Église présentés comme des devoirs impérieux dont il fallait s’acquitter;
— avec une perte du sens du péché dans la conscience de beaucoup de fidèles, mais aussi chez les clercs qui craignaient désormais d’évoquer cette notion, tout comme celle des fins dernières. L’auteur note à ce propos : « Le clergé a cessé assez brutalement de parler de tous ces sujets délicats, comme s’il avait arrêté d’y croire lui-même, en même temps que triomphait dans le discours une vision de Dieu de type rousseauiste : le « Dieu Amour » (et non plus seulement « d’amour ») des années 1960-1970. » « “Les curés ont goudronné la route du ciel”, résumait, au début des années 1970, une vieille paysanne bretonne dans un entretien avec le sociologue Fanch Élégoët. Jadis étroite et escarpée, c’était désormais une autoroute empruntée par tout le monde, ou presque. Moyennant quoi, s’il n’y avait plus de péché ni d’enfer, du moins de péché un peu sérieux susceptible de vous priver du ciel, l’utilité de la confession, dans sa définition traditionnelle, était effectivement moins évidente »;
— avec une déconnexion entre confession et communion. « Dans l’ancien système, on se confessait plus qu’on ne communiait et la confession était d’abord perçue comme une sorte de rituel de purification conditionnant l’accès à l’eucharistie ». Le développement de la communion fréquente, accompagné de la perte du sens du péché, et l’idée d’une partie du clergé, influencé par la psychanalyse, selon laquelle il fallait déculpabiliser les fidèles et les « libérer du confessionnal », a eu pour effet que les fidèles étaient désormais invités à communier sans avoir à se confesser. La communion s’est alors banalisée, tandis que la possibilité même de se confesser n’existait pratiquement plus, les confessions individuelles régulières étant remplacées, à partir de 1974, par des « cérémonies pénitentielles » célébrées une fois par an, avant Pâques ; dans ces rassemblements, les fidèles ne confessaient plus rien (l’auteur les qualifie de « formes de pénitence sans confession ») mais recevaient une absolution collective après avoir écouté un vague discours où la notion de péché était le plus souvent contournée. Et lorsque la possibilité de ses confesser subsistait dans certaines paroisses ou était par la suite restaurée, « les fidèles ne savaient plus très bien comment se confesser , ni même s’il était toujours utile de le faire ».
2) Le dernier chapitre est consacré à une cause de décadence qui paraît également fondamentale à l’auteur: la crise de la prédication des « fins dernières », l’auteur se demandant, dans le titre du chapitre, si cela ne signifie pas au fond « la fin du salut ». L’auteur note que dans les anciens catéchismes et les traités de théologie, une place importante était accordée à la mort, au jugement, et aux deux destinations finales de l’au-delà, l’enfer et le paradis. Inquiets, dès le mois de décembre 1966, de les voir disparaître de l’enseignement et de la prédication, les évêques de France, notaient: « Le péché originel […], ainsi que les fins dernières et le Jugement, sont des points de la doctrine catholique directement liés au salut en Jésus-Christ et dont la présentation aux fidèles fait effectivement difficulté à beaucoup de prêtres chargés de les enseigner. On se tait faute de savoir comment en parler. » Peu de temps avant, le cardinal Ottaviani, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, avait constaté que le péché originel avait à peu près totalement disparu de la prédication courante. G. Cuchet remarque qu’il ne s’agissait pas seulement d’un problème de présentation du dogme, d’ordre pastoral et pédagogique, mais qu’ « en réalité, il s’agissait bien d’un problème de foi et de doctrine, et d’un malaise partagé entre le clergé et les fidèles. Tout se passait en fait comme si, assez soudainement, au terme de tout un travail de préparation souterrain, des pans entiers de l’ancienne doctrine considérés jusque-là comme essentiels, tels le jugement, l’enfer, le purgatoire, le démon, étaient devenus incroyables pour les fidèles et impensables pour les théologiens. » L’auteur situe cette crise (bien qu’elle ait depuis un certain temps connu des signes avant-coureurs) dans les années 60, tout comme la crise de la confession, en remarquant qu’elle a un rapport étroit avec celle-ci : « L’effondrement de la pratique de la confession obéit à une chronologie identique, en particulier la quasi-disparition en quelques années, voire en quelques mois, du groupe si consistant autrefois de ceux qui se confessaient fréquemment. Le rapport est direct, s’il n’est pas exclusif, avec l’effacement de la notion de péché mortel (au sens de péché susceptible de vous valoir la damnation). » Mais cela avait aussi des incidences sur d’autres sacrement liés aux « fins dernières ». Dans le nouveau rituel du baptême, les exorcismes étaient considérablement réduits (car il ne paraissait pas souhaitable d’insister sur le rôle de Satan auquel une partie du clergé ne croyait plus et qui semblait appartenir à une mythologie dont il fallait libérer les fidèles jugés naïfs); il y avait aussi « une nette sourdine mise sur le péché originel, dont [le baptême] était censé délivrer pour assurer la vie éternelle ».
En ce qui concerne le baptême toujours, une autre réforme allait engendrer la désaffection de beaucoup de fidèles: à partir de décembre 1965, « une nouvelle pastorale du baptême, dont le souci prioritaire était jusque-là de faire baptiser les enfants le plus tôt possible, tend au contraire à en retarder l’échéance, de manière à impliquer davantage les parents dans la préparation ». Il faudrait ajouter qu’un certain nombre de clercs allaient jusqu’à décourager le baptême des enfants, au prétexte qu’il doit s’agir d’un acte libre, volontaire et pleinement conscient, et préconisaient d’attendre le moment de l’adolescence pour le proposer.
La conception même des conditions du salut s’est trouvée modifiée par tous ces facteurs. « L’ancienne ecclésiologie concentrique, avec ses cercles de probabilité décroissante du salut, n’était plus du tout de mise. Vatican II a été, de ce point de vue, le théâtre d’une sorte de nuit du 4 août dans l’au-delà qui a mis fin aux privilèges des catholiques quant au salut. Désormais, l’Église ne se concevrait plus que comme l’instrument d’un salut pour tous, sans discrimination ni privilège, même si les fidèles qu’on avait formés jusque-là dans une tout autre théologie risquaient de s’en trouver un peu déstabilisés et de s’interroger, dans ces conditions, sur les bénéfices réels de l’affiliation. »
Approchant de sa conclusion, l’auteur souligne encore les effets catastrophiques de la crise des années 60 sur la conscience dogmatique des fidèles, qui s’est en quelque sorte protestantisée: « La consécration de la liberté de conscience par le concile a souvent été interprétée dans l’Église, de manière imprévue au départ, comme une liberté nouvelle de la conscience catholique, l’autorisant implicitement à faire le tri dans les dogmes et les pratiques d’obligation. La notion même de dogme (comme croyance obligeant en conscience) est alors devenue problématique. Cette décision majeure du concile, couplée à la notion de “hiérarchie” des vérités, paraît avoir fonctionné dans l’esprit de beaucoup comme une sorte de dépénalisation officielle du “bricolage croyant” qui contrastait grandement avec le régime antérieur, où les vérités de la foi étaient à prendre en bloc et sans droit d’inventaire. Il était à prévoir que les plus désagréables d’entre elles, ou les plus contre-intuitives pour le sens commun, en feraient les frais, ce qui n’a pas manqué en effet de se produire. »

Quels que soient les facteurs externes qui aient pu jouer dans l’effondrement du catholicisme (la mentalité moderne, la pression sociale, etc…), les facteurs internes paraissent déterminants à l’auteur de ce livre.
Le catholicisme lui-même porte une lourde responsabilité dans la déchristianisation de la France (et plus largement de l’Europe, car une analyse faite pour d’autres pays aboutirait à des conclusion identiques). L’aggiornmento réalisé par le concile Vatican II qui se proposait d’affronter les défis du monde moderne, n’a fait que s’accommoder à celui-ci. Pensant l’attirer, il s’est mis à sa remorque. Voulant se faire entendre de son siècle, le catholicisme s’est sécularisé. Craignant d’affirmer son identité, il s’est relativisé, au point qu’un grand nombre de fidèles ne trouvaient plus en lui les repères auxquels il étaient habitués ou qu’ils attendaient, et ne voyaient plus l’intérêt d’aller chercher en lui ce que le monde leur offrait déjà de manière moins contournée.
Les autorités catholiques cherchent à minimiser l’effondrement que décrit ce livre par divers arguments (un grand nombre de français restent catholiques et font baptiser leurs enfants; la pratique religieuse se mesure à d’autres engagements que l’assistance à la messe; la qualité a remplacé la quantité, etc.). Mais elles peinent à convaincre. Jean-Paul II est souvent présenté comme ayant opéré un redressement par rapport aux excès qui ont suivi le concile Vatican II, mais on doit constater que la pratique dominicale est passée en France de 14% au moment de son élection à 5% au moment de son décès en 2005. S’il est vrai que des communautés vivantes existant dans les villes peuvent faire illusion (comme pouvaient faire illusion les rares églises ouvertes sous la période communiste dans les pays de l’Est, bondées en raison de la fermeture des autres), de même que les rassemblement spectaculaires de jeunes lors des JMJ, les campagnes françaises montrent la réalité d’une désertification dramatique: multiplication des églises désaffectées (c’est-à-dire ne servant plus concrètement de lieu de culte), prêtres ayant la charge de 20, voire 30 paroisses, célébrant chaque dimanche une messe « régionale » pour un petit groupe de fidèles en majorité âgés et venus parfois de plusieurs dizaines de kilomètres, disparition des enterrements célébrés par des prêtres faute de célébrants disponibles, absence de contacts entre les prêtres et les fidèles en raison de leur éloignement mutuel et de l’indisponibilité des premiers, plus occupés par des réunions que par les visites pastorales…
La triste évolution de l’Église catholique post-conciliaire telle qu’elle est décrite dans le livre de G. Cuchet, devrait servir de mise en garde aux prélats orthodoxes qui ont rêvé et rêvent encore de convoquer pour l’Église orthodoxe un « grand concile » semblable à celui par lequel l’Église catholique a voulu faire son aggiornamento, mais qui a eu comme principal effet de provoquer son délitement interne et l’hémorragie dramatique d’un grand nombre de ses fidèles.


Jean-Claude Larchet

 

mardi 30 septembre 2014

Notre dégénérescence, notre lâcheté, notre compromission, nous les présentons comme étant quelque chose de supérieur ! par l'Ancien Païssios

Saint Père Païssios, prie Dieu pour nous !

L’année 1988 avait provoqué des remous dans la Grèce entière en raison de la projection du film blasphématoire de Scorsese, La dernière tentation du Christ, basé sur l’oeuvre du même nom de N. Kazantzakis. Outre les réactions isolées de pieuses personnes en Grèce, l’Église prit l’initiative d’une protestation commune les 6 et 7 novembre de la même année. On sollicita aussi la participation de la Sainte Montagne. Mais un certain nombre de moines réagirent négativement. Ils considéraient qu’il n’était pas spirituel de se préoccuper de telles questions, disant que leur mépris pour le film ferait qu’il serait moins projeté. 
L ‘Ancien Païssios eut une réaction diamétralement opposée :
« Durant la période de l’iconoclasme, disait-il, dix chrétiens prirent avec fougue la défense de l’icône du Christ à la Porte d’or et furent martyrisés pour cela. Maintenant alors que la personne du Christ est blasphémée, nous ne devons pas être indifférents. Si nous vivions à cette époque, ceux qui sont dotés de « discernement et de connaissance » diraient alors aux dix martyrs: « Ainsi vous n’agissez pas spirituellement ; méprisez le soudard qui monte pour détruire l’icône, et quand la situation aura changé, nous mettrons à sa place une autre icône, qui sera en outre plus byzantine. Voilà ce qui est terrible ! Notre dégénérescence, notre lâcheté, notre compromission, nous les présentons comme étant quelque chose de supérieur ! »
Il considérait que protester contre ce film blasphématoire était une profession de foi, c’est pourquoi il s’empressa de participer au combat de l’Église. Outre ses propres incitations, il signa en compagnie d’autres Pères une déclaration adressée au Saint Monastère de Kotloumousiou, où il exprimait son désir de participer à la sortie des moines athonites à Thessalonique pour cette manifestation. Par sa position il contribua à ce que la Sainte Communauté décide officiellement la participation massive de lSainte Montagne. La présence du Protepistate, de la plupart des représentants, des higoumènes et de cent athonites déchaîna l’enthousiasme au sein de la foule. La présence de l’Ancien fit sensation.Pendant oute la durée de la manifestation, il se tint debout, malgré ses problèmes de santé. À la fin il risqua d’être broyé par les manifestations de piété de la foule. 
Même des moines et des moniales de monastères du monde y prirent part ainsi qu’une foule de laïcs. L’action unitaire et les prières de tous, y compris celles de l’Ancien provoquèrent des résultats positifs. L’État a interdit la projection du film blasphématoire. Ainsi fut conjurée « la dernière tentation ». Si seulement ce pouvait être la dernière.
(extrait de l'Ancien Païssios de la Sainte Montagne par le hiéromoine Isaac. ed. L'Âge d'homme collection  Grands spirituels orthodoxes du XX°siècle dirigée par J.C. Larchet)

mardi 25 février 2014

L'ORTHODOXIE, CETTE INCONNUE (9) par Père André BORRELY : Saint Augustin, un génie (trop) solitaire... (1)

Considérable aura été l'influence de St Augustin sur l'Occident chrétien jusqu'en ce 21ème siècle. En Europe occidentale, en Afrique du Nord, on s'exprimait et pensait en latin. A Constantinople, la langue parlée était le grec. Or, d'une part, le latin est une langue juridique et militaire, et d'autre part les Latins cessèrent de comprendre le grec. L'exemple le plus intéressant parce que le plus lourd de conséquences jusqu'à nos jours, est l'incapacité de la Romanité tardive à apprendre le grec à un homme comme saint Augustin. Celui-ci bâillait aux corneilles durant les cours de grec dans son adolescence et ne dépassa jamais, en grec, le niveau qu'atteignent nos bacheliers d'aujourd'hui, en latin. Lorsque Augustin composa son traité Sur la Trinité, l'absence d'ouvrages rédigés en latin sur le dogme trinitaire était à peu près complète. Ce qu'avaient publié sur ce sujet Tertullien, Novatien, Foebade d'Agen, Hilaire de Poitiers et Ambroise de Milan, était très inférieur à ce qu'à la même époque avaient aussi publié sur le même sujet s. Athanase, s. Basile, s. Grégoire de Nazianze, s. Grégoire de Nysse et Didyme l'Aveugle. Or, ces ouvrages n'avaient pas été traduits en latin pour la plupart. Un homme comme Tertullien, au 3ème siècle, était encore bilingue. Ce ne sera plus le cas d'Augustin. 

Selon que vous pensez en grec ou en latin vous ne pensez pas toujours la même réalité. Les Latins disent sacrement quand les Orthodoxes disent mystère. La mentalité occidentale a tendance à hypertrophier la pensée rationnelle et juridique au point de dessécher l'intelligence des symboles en insistant trop sur le concept juridique de validité. On est tenté de réduire le sacrement à ce qu'on pourrait appeler le minimum indispensable pour qu'il soit valide. D'une manière générale, ce qui. jusqu'à ce jour encore oppose le plus l'Orthodoxie et l'Occident chrétien, c'est la profondeur de la pénétration de la mentalité juridique dans toutes les manifestations de l'existence humaine : le mariage et le divorce, le péché et la confession, la rédemption et le salut, le sacerdoce et l'autorité dans l'Église. 
(à suivre)



samedi 22 février 2014

L'ORTHODOXIE, CETTE INCONNUE (8) par Père André BORRELY : Un autre Christianisme (2)

Tertullien
Cette approche foncièrement juridique, voire judiciaire du péché et du salut, a vu le jour avec Tertullien, qui fut le premier à le concevoir en termes de droit romain.

Elle s'est poursuivie avec St Ambroise, évêque de Milan et St Augustin qui tous deux considèrent la mort du Christ comme une satisfaction pour la peine due par le péché des hommes. Thomas d'Aquin fait sienne la définition augustinienne du péché et cette définition est juridique. Pour l'évêque d'Hippone comme pour Thomas, le péché consiste à vouloir retenir ou acquérir ce que ne permet pas la justice. C'est tout ce qui est contra legem aeternam, contre la loi éternelle. 

Augustin - Ambroise de Milan - Thomas d'Aquin

 Au contraire, en Russie, non seulement il ne s'est pas produit d'hypertrophie du sentiment de culpabilité, mais on a assisté à une contestation existentielle du juridisme. Les fols en Christ assumaient la culpabilité d'autrui sans protester. Ils transgressaient les conventions sociales, couraient le risque de l'irresponsabilité sociale. Ils contestaient l'imposture de ceux qui croient croire, les appelant ainsi à se convertir en manifestant eux-mêmes un dépouillement du moi si profond qu'ils étaient convaincus que le péché est le fait de tous, la croix commune de l'Église. Mais pas du tout dans le sens où l'a entendu la théologie occidentale du péché originel. L'Orient chrétien de l'Abbé Isaac n'a jamais admis que le Dieu qui est ontologiquement l'Amour puisse tenir pour coupable un petit d'homme qui vient de naître. 

Pour les Latins, ce n'est pas assez de voir le fils succéder à son père, il faut le voir s'identifier avec lui, de sorte qu'ils soient, non pas seulement l'un à la suite de l'autre, mais pour ainsi dire l'un dans l'autre, comme incorporés l'un à l'autre.

Tout le genre humain fait corps avec Adam. A travers la succession des générations humaines, une communauté radicale unit toute la multitude des êtres humains en un grand corps unique, étroitement soudé à son chef. Dans ce grand corps le péché originel s'écoule naturellement, de la tête dans tous les membres.



Mais ici nous devons mesurer l'influence considérable qu'exerça chez les Latins l’œuvre de St Augustin et notamment sa polémique contre Pélage et Julien d'Eclane. Le monde byzantin demeura étranger à la perspective occidentale. Pour l'Orthodoxie, le péché est nécessairement un acte libre de la personne, il ne saurait être expliqué par la nature. Le Patriarche St Photios considère comme une hérésie la croyance en un péché de nature, en une faute héréditaire, sexuellement transmissible. Il n'est de péché que personnel et qui engage la responsabilité et la liberté humaines. 

Il s'agit de bien traduire le 12ème verset du 5ème chapitre de l’Épitre aux Romains. 
La  première partie du verset ne fait pas problème : Διὰ τοῦτο (voilà pourquoi) ὥσπερ δι’ ἑνὸς ἀνθρώπου (de même que c'est par l'entremise d'un seul homme) ἡ ἁμαρτία εἰς τὸν κόσμον εἰσῆλθεν (que le péché a fait son entrée dans le monde) καὶ διὰ τῆς ἁμαρτίας ὁ θάνατος (et par la péché la mort) καὶ οὕτως εἰς πάντας ἀνθρώπους ὁ θάνατος διῆλθεν (et qu'ainsi la mort a passé dans tous les hommes)

Et voici le passage que Grecs et Latins ont compris de manière divergente. En grec, dans le seul texte considéré par tous les chrétiens comme normatif on lit : εφ'ω παντες ημαρτον. Parce que les chrétiens occidentaux (notamment les Allemands et les Français) sont très supérieurs aux Orthodoxes en matière d'exégèse historicocritique, ils savent depuis longtemps que les Latins, en traduisant εφ'ω παρ iv Θuο ont fait un beau contresens. En effet, ils ont traduit εφ'ω παντες ημαρτον par in quo ornes peccaverunt et ont compris en lequel — c'est-à-dire en Adam — tous ont péché, prenant ω pour un masculin alors que les Grecs y ont vu un neutre. La forme εφ' ω est une contraction entre επti et le pronom relatif ω au neutre. En 1915 déjà, le P. Lagrange écrivait : εφ'ω ne peut signifier « dans lequel», mais seulement «parce que». Il est inutile d'insister sur ce point reconnu par les exégètes catholiques les plus autorisés. Écrites en 1915, ces lignes honorent grandement le P. Lagrange. La traduction fidèle au texte grec est la suivante : Voilà pourquoi, de même que c'est par 1 `entremise d'un seul homme que le péché a fait son entrée dans le monde, et par le péché la mort, et qu'ainsi la mort a passé en tous les hommes, parce que tous ont péché.
Ce qui est totalement incompréhensible, c'est qu'en 1931, 16 ans après la publication de la traduction de l'épître par le P. Lagrange, tel dominicain ait pu trouver profonde et vraiment nouvelle.., la grande doctrine augustine-thomiste de l'incorporation au premier homme. (à suivre)
 

mardi 18 février 2014

L'ORTHODOXIE, CETTE INCONNUE (7) par Père André BORRELY : Un autre Christianisme (1)

Genèse de la sécularisation en Occident

Venons-en alors au second texte de s.© Je ne vous aurai pas fait perdre votre temps et votre bienveillante attention sera récompensée si je parviens à vous faire sentir combien, d'une certaine façon, on a affaire, pourrait-on dire, à un autre Christianisme.

Voici donc ce qu'écrit l'Abbé Isaac : Ce n'est aucunement pour nous libérer des péchés, ou pour quelque autre motif que notre Seigneur est mort, mais uniquement afin que le monde ressente l'amour de Dieu pour sa création. Si cette admirable épopée n'avait eu d'autre raison que la rémission de nos péchés, il aurait suffi d'un autre moyen pour la réaliser ... N'ayons donc pas honte d'assumer une telle prise de conscience au sujet des mystères du Dessein de salut de notre Seigneur. Car; si nous leur donnons pour motif le rachat des péchés, nous diminuons tout à fait la portée de la mort du Christ et de sa venue dans le monde ... Alors, si nous n'avions pas péché, le Christ ne serait donc pas venu ni ne serait mort, car il n'y aurait pas eu de raison à ce que Dieu revêtît notre corps, qu'il a dû revêtir à cause des péchés du monde... Et si la mort n'avait pas dominé sur nous par la tyrannie du péché, ce mystère de la révélation dans la chair n'aurait pas existé, et les hommes et les anges auraient été coupés de toute cette lumière et de toute cette connaissance. Il conviendrait alors de rendre grâce au péché, puisque c'est à lui que nous devrions d'avoir reçu tous ces biens, et que c'est à lui qu'il nous faudrait attribuer toutes ces merveilles... Mais il n'en est pas ainsi ! De grâce ! Ne restons pas à la surface des Écritures...
(...) Bossuet avait été formé dans une tradition théologique selon laquelle, d'une part, le péché est essentiellement la transgression d'une loi et, d'autre part, l'Incarnation est une oeuvre de justice au moins autant que d'amour. 
Mais parler de mérite issu de notre libre-arbitre surnaturalisé par la grâce, c'est indiquer un type d'action ayant pour conséquence que la personne à l'égard de laquelle on mérite, nous doit, en retour de notre action, une récompense déterminée. Et dire que la liberté humaine a le pouvoir d'acquérir des mérites à l'égard de Dieu, c'est attribuer à cette liberté la capacité de déterminer en Dieu l'obligation de récompenser l'homme sous peine de se déjuger lui-même. D'aucuns en sont arrivés à parler de droit strict à la vie éternelle pour l'homme en état de grâce. Ceux-là avaient-ils lu, dans le troisième évangile, la parabole du pharisien et du publicain ? La même perspective essentiellement juridique a conduit nombre de chrétiens à considérer qu'après avoir reçu de Dieu le pardon, le ou la pénitent(e) doit encore fournir une expiation. C'est le propre d'une vision juridique de tout l'ensemble de la vie chrétienne de voir surtout dans le péché le fait d'enfreindre des principes formels et conventionnels, impersonnels et abstraits. On voit dans le pécheur l'homme qui contrevient à des règles utilitaires de comportement et de bienséance sociale. Le salut est alors senti comme une justification et une expiation individuelles. Ce que le Dr. Hesnard avait appelé en 1949 l'univers morbide de la faute envahi par la peur égocentrique de transgresser. Le confesseur devient une sorte de juge des âmes siégeant au tribunal de la pénitence. Cette approche foncièrement juridique, voire judiciaire du péché et du salut, a vu le jour avec Tertullien, qui fut le premier à le concevoir en termes de droit romain.(à suivre)

samedi 15 février 2014

L'ORTHODOXIE, CETTE INCONNUE (6) par Père André BORRELY : Le dévoiement de l'éloquence sacrée

Genèse de la sécularisation en Occident

J'en viens ainsi au texte de Bossuet. Le Vendredi saint 26 mars 1660, dans l'église parisienne des Minimes, Bossuet prononça une homélie dont voici un extrait:  "Il n'appartient qu'à Dieu de venger ses propres injures; et tant que sa main ne s'en mêle pas, les péchés ne un sont punis que faiblement ; à lui seul appartient de faire justice aux pécheurs : et lui seul a le bras assez puissant pour les traiter selon leur mérite. A moi, à moi, dit-il, la vengeance: eh ! Je leur saurai bien rendre ce qui leur est . Il fallait donc, mes frères, qu'il vînt lui-même contre son Fils avec toutes ses foudres, et puisqu'il avait mis en lui nos péchés, il y devait mettre aussi sa juste vengeance. Il 1'a fait, chrétiens, n'en doutons pas. C'est pourquoi le prophète Isaïe nous apprend que, non content de l'avoir livré à la volonté de ses ennemis, lui-même voulait être de la partie, l'a rompu et froissé par les coups de sa main toute-puissante. La malédiction de Dieu pénètre au-dedans et frappe Jésus-Christ dans ses puissances... Dieu lui montre cet œil enflammé : il le regarde, non de ce regard qui ramène la sérénité, mais de ce regard terrible qui allume le feu devant soi, dont il porte l'effroi dans les consciences ; il le regarde enfin comme un pécheur, et marche contre lui avec tout l'attirail de sa justice. "

Certes, je n'ignore pas le mot de Talleyrand : Tout ce qui est excessif est insignifiant. Cependant, on peut comparer ce texte à un verre grossissant. L'important est de lire le texte que grossit la loupe. Comment un évêque pouvait-il attirer un aussi grand nombre de fidèles et réaliser le tour de force d'introduire le sadisme dans la théologie de l'amour ? 

On n'aperçoit pas spontanément la différence qui pouvait séparer la volupté éprouvée par le Roi prétendument très-chrétien et sa Cour en écoutant Bossuet et la jouissance que les empereurs de la Rome païenne offraient aux contemporains de celles et de ceux dont Tertullien a pu dire : sanguis martyrum, semen christianorum, le sang des martyrs est une semence de chrétiens. Pas une fois Bossuet ne prononce le mot amour. Au contraire, dans une quinzaine de lignes seulement, Monsieur de Meaux accumule dix-sept mots ou membres de phrase qui présentent l'Incarnation comme une affaire judiciaire, comme une vendetta, une punition. Si l'Abbé Isaac s'était trouvé dans l'église des Minimes, le 26 mars 1660, je suis prêt à parier qu'il aurait eu le même comportement que l'Αρδtre Jean à Éphèse, selon Eusèbe de Césarée et St Irénée de Lyon:
Étant allé aux bains, il aperçut Cérinthe à l'intérieur ; il bondit alors hors des Thermes sans s'être baigné, en s'écriant : «Sauvons-nous, de peur que les Thermes ne s'écroulent, car à l'intérieur se trouve Cérinthe, l'ennemi de la vérité ! » Il est vrai que, dans le texte sur le cœur compatissant, l'Abbé Isaac prie en larmes à toute heure.., pour les ennemis de la vérité. Il aurait prié pour Bossuet, dans cette église au cours d'une célébration où on laissait cet évêque défigurer le christianisme et le rendre hideux. Mais la question de fond qui se pose est de savoir comment on avait pu en arriver là.

Un tel texte témoigne d'une conception globale de tout le Christianisme. On s'engage dans la perspective profondément anti-évangélique d'une théologie juridique du péché dont on croit que le contraire est la vertu alors que c'est la foi et l'amour. Une telle théologie ne peut s'inscrire que dans le contexte d'une théologie juridique de la rédemption et de la confession, avec les concepts de satisfaction, de mérite, d'expiation, de justification, etc. Petit à petit, le juridisme a métastasé dans toutes les manifestations de l'existence chrétienne : dans la conception des sacrements et particulièrement du mariage ainsi que de l'autorité et de la primauté dans l'Église. (à suivre)

dimanche 29 mai 2011

Les 10 commandements pour notre départ de cette vie...



ΔΕΚΑΛΟΓΟΣ
  Περι της αναχωρησεως μας από αυτην την Ζωη



1. Heure de départ : toutes les minutes des 24 heures de chaque jour.

2. L’émission des billets a lieu dans le Ciel, mais ils se paient sur terre.

3. Prix du billet : il coûte beaucoup d'amour, de patience, de luttes et de sacrifices.

4. Les bébés ne payent pas, car ils voyagent dans les bras de la Mère Église.

5. Le billet est personnel et n'est pas cessible à une autre personne.

6. Les passagers voyagent sans bagages les anges en ont effectué le transport lors d’un précédent trajet.

7. On n’émet pas de billet aller-retour.

8. On ne transfère pas d’argent. Les passagers l’ont déposé à la banque des Cieux.Tout reçu se trouve entre les mains des pauvres. 



9. Les passagers ne sont pas tenus de déclarer leurs noms qui sont déjà connus du conducteur du train.


10. Les passagers ne sont pas avisés du jour de leur départ. C’est pourquoi tout le monde se doit d’être toujours prêt – par le repentir, la confession et la communion – pour le voyage vers l'éternité. 

(version française [à améliorer!] de Maxime le minime)







jeudi 26 mai 2011

L'empereur Constantin, un Saint ?

Réponse de Père Christophe Klitou de Limassol à un fidèle sur la question de la sainteté de l'empereur Constantin  : 

"Je ne veux pas vous donner une réponse de conte de fées, je ne vais pas essayer de justifier ses actions. Oui ! Comme empereur, il a été partie prenante de batailles et de traitrises de tous côtés, et de nombreux historiens font de lui un être dur, non seulement dans la bataille, mais aussi dans ses taxes et ses lois. Bien sûr, tout ce qui a été écrit sur Constantin ne doit pas être pris comme vérité de l'Évangile. Les auteurs aiment à exagérer ou à inventer des histoires pour remplir des pages et rendre la lecture plus intéressante. L’Église a beaucoup de saints qui ont tué, Moïse, par exemple a tué un Egyptien, et de nombreux saints soldats doivent avoir tué dans la bataille. Parmi les saints soldats, beaucoup n’étaient même pas baptisés, mais venant à la foi dans le Christ et acceptant le martyre en son Nom, ils ont été baptisés dans leur propre sang. L'Église ne tient pas compte de leurs péchés au cours de leur vie, parce qu'ils ont été emportés par le baptême, soit dans l'eau et l'Esprit soit dans le sang comme dans le cas des Martyrs.

Constantin, appelé le premier empereur chrétien, n'a pas été baptisé jusque tard dans sa vie. (Selon certains comme Eusèbe, sur son lit de mort, mais selon l’Église, après avoir souffert de la lèpre, selon Sylvestre). En tant que chrétiens nous devons accepter le Mystère du Baptême et croire qu'il lave tous les péchés, sinon nous n'avons aucun espoir de salut. Le baptême est la purification du péché ancestral et de tout péché, il offre à l'homme une «table rase», car il sort de l'eau mort au péché, né à nouveau à une vie nouvelle,  ressuscité à une vie en Christ, comme enfant de Dieu, en tant que fidèle chrétien, comme citoyen, héritier et membre du Royaume céleste de Dieu.

Avec le Baptême, les péchés de Constantin ont été emportés, ainsi l’Église doit faire abstraction de toutes ses mauvaises actions passées. Ce qui reste ce ne sont que les bonnes actions, qui sont nombreuses. 

Tout d'abord, nous avons l'édit de Milan, qui, avec la tolérance de la religion chrétienne, en a sauvé des milliers de la mort et a donné aux Chrétiens la liberté d'adorer Dieu ouvertement. Dans le même temps, il donnait des droits aux évêques et aux prêtres, et le droit pour l’Église d'hériter de biens. Il était responsable de l'Église, qui est passée de l’Église des catacombes à l’Église de l'Empire. Il a construit la nouvelle capitale de l'empire (Constantinople) et après l'inauguration de la Ville, il en a bannit tout rite païen. Il a convoqué et présidé le premier concile œcuménique de l'Église chrétienne, à Nicée en 325, dont le principal travail a été la condamnation de l'Arianisme. Le Concile résumant la foi chrétienne nous a donné le Credo de Nicée. Constantin a également construit de nombreuses églises dont l'église des Saints-Apôtres à Constantinople et l’Église de la Résurrection à Jérusalem.

Trois évènements marquent son règne : L'édit de Milan, le statut de capitale chrétienne pour Constantinople et le premier concile œcuménique, font passer l'Église à l'âge adulte. Ils ont permis à la vraie foi chrétienne de se répandre et d’être prêchée dans tout l'Empire. Cinquante ans après sa mort, Théodose a mené à terme la politique de Constantin en faisant du Christianisme la seule religion reconnue de l'Empire. L'Église fut alors établie. Les autorités romaines avaient dit aux Chrétiens: "Vous n'avez pas le droit d’exister" Constantin a été responsable de l'existence continue de l’Église. Indirectement, par ses actions, des millions de personnes ont pu entendre parler de Jésus-Christ et être converties à la vraie foi. Vraiment, il mérite son titre de Saint Constantin « égal aux Apôtres ».

Cette question de la sainteté  de St Constantin ouvre de nombreuses portes à la discussion. En général, les gens voient un Saint comme un saint homme qui a passé toute sa vie dans la prière et l'adoration de Dieu en faisant des miracles. Mais nous sommes tous appelés à être sauvés et quiconque est sauvé est un saint.

 Comment nous vivons avant de venir à la connaissance du Christ n'a pas d'importance, ce qui importe c'est notre mode de vie après que nous avons accepté le Christ dans nos cœurs. Nous avons tendance à oublier que le Christ a dit qu'Il n'est pas venu pour sauver les justes mais les pécheurs. Constantin a été lavé de ses mauvaises actions, par le baptême, alors que j'ai été baptisé dans la petite enfance. Comment puis-je être débarrassé de mes maux? L’Église nous en donne les moyens avec le Mystère de la confession. La confession, est pourrait-on dire, une extension du mystère du Baptême et nous aide à effacer l'ardoise et à recommencer. En tant qu’hommes faibles, nous continuerons à pécher, mais nous ne devons pas permettre à notre faiblesse de nous conduire au découragement et au sentiment que nous ne pouvons pas être sauvés. Un élément important pour notre salut est le repentir. Le mot repentance est souvent mal compris. Le mot grec Metanoia signifie un changement d'esprit et c'est ce que la repentance doit être. Je regrette mes actions et je confesse mes péchés. Peu importe combien de fois nous tombons dans le péché et nous mettons en place un mur qui nous sépare de la vie éternelle, Dieu nous a donné les moyens à travers l'Église de le réduire à néant et de recommencer.



Dieu est miséricordieux, Il accepte tous ceux qui viennent à lui sans regarder leur passé de pécheur. "De même, je vous le dis, il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentance.. De même, je vous le dis, il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent. "(Luc 15:7, 10)

A Pâques et au cours de la Liturgie Pascale, le prêtre lit l’homélie de Pâques de Saint Jean Chrysostome. Lisez-la attentivement et vous verrez que cela résume toutes nos espérances et l'amour du Christ pour l'humanité."

 lire également :
Mémoire des Saints empereurs, couronnés par Dieu et Egaux-aux-Apôtres, CONSTANTIN le GRAND et sa mère HELENE

jeudi 20 janvier 2011

L'altérité orthodoxe [5] suite

  le mariage, la confession...par Père André Borrely

S'agissant du mariage, certains chrétiens considèrent que ce n'est pas un mystère sacramentel, nonobstant ce qu'en dit saint Paul dans l'épître aux Ephésiens. D'autres soulignent l'importance du fait que le mariage est un contrat en justice officialisé par la présence d'un ministre qui n'est pas nécessairement le président de la célébration eucharistique mais peut être un diacre. Et d'autres chrétiens encore célèbrent le mariage selon le même rite que celui des ordinations, mettant ainsi l'accent sur l'invocation ecclésiale du saint Esprit afin qu'il viepne diviniser l'amour humain.
Un autre exemple nous est fourni par la confession. Ce qui caractérise l'approche orthodoxe de l'éthique, c'est, me semble-t-il le refus de concevoir le péché essentiellement comme une transgression de la loi divine, ecclésiastique ou civile, mais plutôt de le comprendre comme un échec existentiel, une perte de la vraie vie, une maladie. En grec chrétien, le péché se dit ἁμαρτία. Or, le verbe ἁμαρτανο, auquel correspond le substantif ἁμαρτία, a pour premier sens celui de manquer le but. Pour l'Orthodoxie, le péché ne relève pas d'abord de l'éthique, encore moins de l'ordre juridique ou de la sphère d'existence sociale, mais,. de l'ontologie. Les catégories majeures ne sont pas le licite et l'illicite, ce qui est permis et ce qui est interdit, mais la vérité de l'existence humaine, la réalité existentielle de l'homme, de l'identité de son être d'homme. L'éthique orthodoxe comprend le péché comme un comportement qui fissure l'être de l'homme dans la mesure où, alors qu'il a pour destinée d'être divinisé, d'exister selon le mode d'existence du Dieu tri-personnel, l'homme expérimente l'échec des épousailles divines. A la différence de l'Occident, l'Orient chrétien n'a pas connu l'hypertrophie du sentiment de culpabilité, la maladie du scrupule, la hantise de la damnation, la peur de soi et de Dieu. Ce qui est en question, c'est de savoir si l’homme réussit ou au contraire renie et rate sa vérité et son authenticité existentielle. Un Orthodoxe pense assez spontanément que le contraire du péché n'est pas la vertu mais la foi. On peut être très vertueux mais en ne possédant qu'une vertu sans amour. Il y a une manière d'être pur qui rend l'homme dur. Le péché est un comportement qui confère au néant une paradoxale consistance. C'est une aliénation et une altération de l'existence humaine, de l'être de l'homme en tant que convié à la déification. L'éthique orthodoxe expérimente le péché comme un évènement existentiel, une tragique aventure en laquelle est engagée l'intégrité de la vie de l'homme véritablement humain. La lecture que les orthodoxes font de l’Évangile, par exemple du passage du quatrième évangile sur la femme adultère, suppose que ce qui est constitutif de l'être même de Dieu, ce n'est pas la justice mais l'amour. La confession sacramentelle est considérée comme une démarche de guérison et non point comme une comparution devant le tribunal de la pénitence. Dans la liturgie de saint Jean Chrysostome, le prêtre qualifie le Christ de Médecin de nos âmes et de nos corps. Un autre texte liturgique appelle la Vierge, la Mère du Médecin. Et lorsqu'il accueille un pénitent, le prêtre orthodoxe lui dit: « Courage, ne me cache rien, tu doublerais tes péchés, tu es venu vers le Médecin, crains de repartir non guéri. » Le Christ n'est pas un juge mais un médecin, et le confesseur n'est' qu'un infirmier ou un aide-soignant, nullement un auxiliaire de justice. On peut se demander si la déchristianisation de l'Occident ne doit pas être recherchée dans un certain christianisme qui en était arrivé à dramatiser le péché et à hypertrophier le sentiment de culpabilité, la mauvaise conscience, au point d'accorder au pessimisme et à l'angoisse bien plus de place qu'au pardon.


Pour ceux qui ne voudraient pas attendre la parution des extraits les uns après les autres  vous pouvez Lire ici directement la suite de : L'altérité orthodoxe.

dimanche 8 août 2010

De l'Himalaya jusqu'au Christ [7] : Récit d'une ascension par le moine rassophore Adrien



J'avais le projet de rencontrer des amis en Egypte pour Noël, mais j'ai trouvé un vol moins cher pour Istanbul et j’ai pensé que ce serait un bon point de départ pour l'Europe occidentale et les Etats-Unis. Le transporteur était Aeroflot. Quelques jours plus tard, me revint à esprit qu’Aeroflot était la compagnie aérienne russe et que ma sœur vivait à Moscou. J'ai pensé que peut-être mon vol pourrait faire une escale à Moscou. Cela s'est avéré possible. J’ai donc fait une escale de trois semaines après l’obtention d’un visa pour la Russie. J'ai atterri à Moscou le jour de la Saint Germain.
Ma sœur m'a accueilli à l'aéroport et a donc commencé ma formation intensive de trois semaines dans l'Orthodoxie. Un nouveau monde a commencé à s'ouvrir à moi. J'étais dans un pays où les gens sont morts pour le Christ, et où l'intercession des saints était un événement normal. Ce n'était pas un christianisme vide considéré comme une obligation sociale. C’étaient des gens qui avaient enduré des souffrances incroyables pour la Vérité.

Solovki

J'ai commencé à lire des volumes sur l'Orthodoxie, visiter des églises, et gentiment discuter avec ma sœur sur les différences entre les principes orthodoxes et les principes bouddhistes. Elle revenait sans cesse au même point : la vérité pour le Christianisme a la forme d'une personne. Je ne parvenais à en saisir l'importance. Force ou personne, je ne pouvais pas voir la différence.
Ensuite, j'ai rencontré Père Artemy, un prêtre bien connu à Moscou avec une communauté de fidèles énorme. C’est un homme plein d'abnégation, dont la vie entière est consacrée au Christ et à la propagation de l'Evangile. 


Nous sommes arrivés à son église au cours de la Vigile du samedi soir. Nous l’avons trouvé en train de confesser, entouré d'une foule de cinquante à cent personnes qui attendaient de se confesser. Je me tenais au bord du cercle et avant que beaucoup de temps ait passé j'ai été entraîné en son centre par Père Artemy. Avec les yeux fermés, les mains sur mes épaules, il a commencé à me parler. Quand il voulait mettre l'accent sur un point, il appuyait son front sur le mien. Comme il me parlait dans un anglais très fleuri, j'ai eu la nette impression que ce prêtre, que je n'avais jamais rencontré, connaissait beaucoup plus de moi qu'il ne l’aurait dû. Ce qui m’a vraiment secoué, c'est le sentiment qu'il était soucieux de mon âme, comme s'il avait un intérêt personnel pour elle. Il m'a parlé pendant dix minutes alors que les babouchki impatientées commençaient à se presser autour de nous. Il a continué à parler, en me disant que mon expérience au Népal m'avait été donnée par Dieu pour me sortir du matérialisme. Puis il m'a dit pourquoi le Christianisme était la vraie foi : c’était la seule à avoir un Dieu personnel. Je ne comprenais toujours pas l'importance de ce fait, mais je suis parti en me sentant plus léger, même si je n'avais presque rien dit. (à suivre)
(Version française de Maxime le minime
 de Himalayan Ascent to Christ)