Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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mercredi 17 novembre 2021

"notre cœur s'est fait moins pénétrant : nous ne comprenons pas les paroles de Dieu…" par le starets Isidore

"[…] Isidore et l'évêque E. firent connaissance. 
« Jusqu’en 1904, racontait l’évêque E, je n’avais jamais eu l'occasion de voir le starets Isidore, même si j’avais beaucoup entendu parler de lui lorsque j’étais encore étudiant à l’Académie. Notre première rencontre eut lieu en mai 1904. Par une journée magnifique, j’étais descendu dans le jardin de l'Académie. Je rencontre un vieillard voûté, coiffé d’une scoufia, qui chemine en s’aidant d'un bâton. Il m’aborde en disant : 
— Batiouchka, êtes-vous Monseigneur? 
— C'est moi, que puis-je faire pour vous? 
— Je suis le père Isidore. 
— Très heureux de vous rencontrer. 
— Je viens pour une affaire : cette nuit, la Mère de Dieu est apparue et a dit : “Tu n'as pas encore pris la bénédiction du nouvel évêque?” Alors, je suis venu... » 

 Attentif aux choses d'En Haut, Batiouchka compre- nait les signes sans paroles du créé. Plus d'une fois il raconta, par exemple, comme dans l'église de son village natal, il avait vu une boule de feu enflammer tout l'iconostase. Cette boule de feu, Batiouchka la considérait comme une manifestation du divin. C'est après cela qu'il s'était retiré du monde. Et avec un léger sourire, le starets ne manquait jamais d'ajouter: « On dira peut- être que c'est venu comme cela, tout seul, mais je suis d'un autre avis... » 

 En effet. D'autres, comme les libres-penseurs (que mon lecteur qui aime Dieu ne soit pas induit en tentation par ceux-là!) diront, à la manière des savants, que c'était la foudre. Et alors? Est-ce que Dieu ne peut pas nous parler par la foudre? Dieu qui tient dans Ses mains toute la création nous parle par elle. Mais notre cœur s'est fait moins pénétrant : nous ne comprenons pas les paroles de Dieu. Le père lsidore, lui, regardait d'un cœur pur la création. Pour lui, dans la création, c'était la Parole de Dieu qui résonnait, et c'est pourquoi, pour le starets, le monde entier était plein de signes prodigieux et de mandements mystérieux. Pour lui, porteur de l'Esprit, une boule de feu était un prodige, tandis que l'âme complètement ancrée sur terre ne verra pas même dans la fin du monde une manifestation de Dieu. L'impie qui veut vivre sans Dieu est puni : les yeux de son cœur deviennent insensibles. Il ne voit plus et ne connaît plus Dieu. Il ne comprend pas les signes de Sa colère, et c'est pourquoi rien ne le pousse à regarder autour de lui et à se repentir : il vit comme en songe, mais il ne comprend pas cela et considère ses rêves comme des manifestations de la réalité. Ce n'est pas ainsi que vivait le starets, qui pratiquait la vigilance et la sobriété de l'âme. Il écoutait la création de Dieu et la création de Dieu l'écoutait. Des fils invisibles l'unissaient au cœur caché de la création. Non seulement le monde était un signe pour le starets Isidore, mais le starets lui-même était un signe pour le monde. Et effectivement, autour du starets se produisait ce qui ne se produisait pas autour des autres.[…]"

extrait de LE SEL DE LA TERRE ou La vie du Starets Isidore
 du Néomartyr du Bolchevisme 
P. Pavel FLORENSKY





"notre cœur s'est fait moins pénétrant : nous ne comprenons pas les paroles de Dieu…" par le starets Isidore

"[…] Isidore et l'évêque E. firent connaissance. 
« Jusqu’en 1904, racontait l’évêque E, je n’avais jamais eu l'occasion de voir le starets Isidore, même si j’avais beaucoup entendu parler de lui lorsque j’étais encore étudiant à l’Académie. Notre première rencontre eut lieu en mai 1904. Par une journée magnifique, j’étais descendu dans le jardin de l'Académie. Je rencontre un vieillard voûté, coiffé d’une scoufia, qui chemine en s’aidant d'un bâton. Il m’aborde en disant : 
— Batiouchka, êtes-vous Monseigneur? 
— C'est moi, que puis-je faire pour vous? 
— Je suis le père Isidore. 
— Très heureux de vous rencontrer. 
— Je viens pour une affaire : cette nuit, la Mère de Dieu est apparue et a dit : “Tu n'as pas encore pris la bénédiction du nouvel évêque?” Alors, je suis venu... » 

 Attentif aux choses d'En Haut, Batiouchka compre- nait les signes sans paroles du créé. Plus d'une fois il raconta, par exemple, comme dans l'église de son village natal, il avait vu une boule de feu enflammer tout l'iconostase. Cette boule de feu, Batiouchka la considérait comme une manifestation du divin. C'est après cela qu'il s'était retiré du monde. Et avec un léger sourire, le starets ne manquait jamais d'ajouter: « On dira peut- être que c'est venu comme cela, tout seul, mais je suis d'un autre avis... » 

 En effet. D'autres, comme les libres-penseurs (que mon lecteur qui aime Dieu ne soit pas induit en tentation par ceux-là!) diront, à la manière des savants, que c'était la foudre. Et alors? Est-ce que Dieu ne peut pas nous parler par la foudre? Dieu qui tient dans Ses mains toute la création nous parle par elle. Mais notre cœur s'est fait moins pénétrant : nous ne comprenons pas les paroles de Dieu. Le père lsidore, lui, regardait d'un cœur pur la création. Pour lui, dans la création, c'était la Parole de Dieu qui résonnait, et c'est pourquoi, pour le starets, le monde entier était plein de signes prodigieux et de mandements mystérieux. Pour lui, porteur de l'Esprit, une boule de feu était un prodige, tandis que l'âme complètement ancrée sur terre ne verra pas même dans la fin du monde une manifestation de Dieu. L'impie qui veut vivre sans Dieu est puni : les yeux de son cœur deviennent insensibles. Il ne voit plus et ne connaît plus Dieu. Il ne comprend pas les signes de Sa colère, et c'est pourquoi rien ne le pousse à regarder autour de lui et à se repentir : il vit comme en songe, mais il ne comprend pas cela et considère ses rêves comme des manifestations de la réalité. Ce n'est pas ainsi que vivait le starets, qui pratiquait la vigilance et la sobriété de l'âme. Il écoutait la création de Dieu et la création de Dieu l'écoutait. Des fils invisibles l'unissaient au cœur caché de la création. Non seulement le monde était un signe pour le starets Isidore, mais le starets lui-même était un signe pour le monde. Et effectivement, autour du starets se produisait ce qui ne se produisait pas autour des autres.[…]"

extrait de LE SEL DE LA TERRE ou La vie du Starets Isidore
 du Néomartyr du Bolchevisme 
P. Pavel FLORENSKY





dimanche 20 octobre 2019

L'attitude de l'Orthodoxe vis à vis de la création par Geronda Placide



« Ce n’est pas un hasard si l’Occident moderne, méconnaissant la doctrine patristique des énergies divines et des logoi, s’est presque exclusivement intéressé aux choses en elles-mêmes, a porté toute son attention sur la consistance purement matérielle et « naturelle » de la création et en a fait l’objet d'investigations scientifiques de plus en plus poussées. Au contraire, dans l’univers patristique et orthodoxe, sans négliger cet aspect, — il y a toujours eu des savants à Alexandrie, à Constantinople ou chez les chrétiens syriaques, — on a attaché une plus grande importance à ce qui est la signification ultime de ces réalités, à leur sens symbolique. Mais il faut ici donner au mot « symbolisme » son sens profond : le symbolisme des êtres, c’est leur capacité à manifester les intentions créatrices qui sont à l'origine de leur existence, leur aptitude à révéler la grandeur, la beauté du Créateur, et son dessein d’amour à l'égard de l'humanité.
Selon le livre de la Genèse, Dieu plaça l'homme dans le jardin d’Eden « afin de le cultiver et de le garder » (Gen, 2, 15). Ces mots sont susceptibles d’une double interprétation. Le lecteur moderne verra dans cette consigne divine donnée à l'homme une incitation à travailler pour transformer le monde, pour l'humaniser en le mettant à son service, et par conséquent en se tenant exclusivement dans l’ordre de la nature, dans l’ordre de la technique, de l'usage pratique du monde. Cette mission donnée à l'homme de cultiver le jardin est interprétée par les Pères et la tradition orthodoxe plutôt comme une invitation à la contemplation ; le travail le plus important pour l'homme consiste à découvrir dans la création le reflet de Dieu, à la percevoir comme une première incarnation du Logos divin.»
P. Placide Deseille
(in La Création - "Certitude de l'invisible"
 Éditions des monastères St Antoine et Solan)

mardi 12 août 2014

ANTHROPOLOGIE CHRÉTIENNE par Vladimir LOSSKY

Saint Maxime le Confesseur a décrit avec une puissance et une ampleur incomparables la mission dévolue à 1’homme.
Aux divisions successives qui constituent la création devaient correspondre des unions ou synthèses accomplies par l’homme, grâce à la «synergie » de la liberté et de la grâce.

La division fondamentale où s’enracine la réalité même de l’être créé est celle de Dieu et de l’ensemble des créatures, du créé et de l'incréé.
La nature créée se divise ensuite en céleste et terrestre, en intelligible et sensible. 
Dans l'univers sensible le ciel est séparé de la terre.
A la surface de celle-ci le Paradis est mis à part.
Enfin, l'habitant du Paradis, l’hommeest lui-même divisé en deux sexes, le masculin et le féminin

Adam devait surmonter ces divisions par une action consciente, pour réunir en lui l'ensemble du cosmos créé et se déifier avec lui.
Il fallait d’abord qu’il dépassât la séparation sexuelle par une vie chaste, par une union plus totale que l’union extérieure des sexes, par une «intégrité » qui fût intégration.
Dans une deuxième étape, il devait réunir le Paradis au reste du cosmos terrestre, par un amour pour Dieu qui à la fois le détachât de tout et lui permît de tout embraser : portant toujours le Paradis en lui-même, il eût transformé la terre entière en Paradis.
En troisième lieu, son esprit et son corps lui-même auraient triomphé de l’espace en unifiant l’ensemble du monde sensible, la terre et son firmament.
A l’étape suivante, il devait pénétrer dans le cosmos céleste, vivre la vie des anges, assimiler leur intelligence et réunir en lui le monde intelligible au monde sensible.
Enfin, l’Adam cosmique, en se donnant sans retour à Dieu, lui aurait remis toute sa création, et aurait reçu de lui, par la réciprocité de l’amour, c’est-à-dire par grâce, tout ce que Dieu possède par nature : ainsi dans le dépassement de la séparation primordiale du créé et de l'incréé, se serait accomplie la déification de l’homme et, par lui, de tout l’univers.

La chute a rendu l’homme inférieur à sa vocation.
Mais le plan divin n’a pas changé.
La mission du premier Adam sera donc remplie par l’Adam céleste, le Christ ; non qu’il se substitue à l’homme, car l’amour infini de Dieu ne saurait remplacer l'adhésion de la liberté humaine, mais pour rendre à l’homme la possibilité d’accomplir son œuvre, pour lui ouvrir à nouveau la voie de la déification, cette suprême synthèse, à travers l’homme, de Dieu et du cosmos créé, qui reste le sens de toute anthropologie chrétienne.
Ainsi, à cause du péché, pour que l’homme puisse devenir Dieu, il a fallu que Dieu se fasse homme, et que le second Adam inaugure la « nouvelle création » en surmontant toutes les divisions de l’ancienne.
Par sa naissance virginale, en effet, le Christ dépasse la division des sexes et ouvre à la rédemption de « l’éros » deux voies, unies, seulement dans ma êrsonne de Marie, à la fois vierge et mère : celle du mariage chrétien et celle du monachisme.
Sur la croix le Christ réunit l'ensemble du cosmos terrestre au Paradis: car lorsqu’il laisse entrer la mort en lui pour la consumer au contact de sa divinité, le lieu le plus sombre de la terre devient rayonnant, il n’y a plus de lieu maudit. 
Après la Résurrection, le corps même du Christ se joue des limitations spatiales, et, dans une intégration de tout le sensible, unifie la terre et le ciel. 
Par l’Ascension, le Christ réunit les mondes céleste et terrestre, les chœurs angélique au genre humain. 
Enfin, la session à la droite du Père introduit l’humanité, au-dessus des ordres angéliques, dans la Trinité elle-même, et ce sont les prémices de la déification cosmique. 

Ainsi nous ne pouvons retrouver la plénitude de la nature adamique que dans le Christ, second Adam. Mais pour mieux comprendre cette nature, nous devons poser deux difficiles problèmes, d’ailleurs connexes: celui du sexe et celui de la mort.

La condition biologique où nous nous trouvons aujourd’hui était-elle celle de l’homme avant la chute ? Cette condition, liée à la dialectique tragique de l’amour et de la mort, s’enracine-t-elle dans l’état paradisiaque? Ici la pensée des Pères, justement parce qu’elle ne peut évoquer la terre—paradis qu’à travers la terre maudite, risque de devenir partielle, et par là de s’ouvrir à des influences non chrétiennes qui la feront partiale. Un dilemme se dessine : ou bien une sexualité biologique existe au Paradis, comme le laisse entendre l’ordre divin de multiplication. Mais n’est-ce pas alors, dans la condition première de l’homme, comme un affaiblissement de l'image divine par la présence d’une animalité impliquant à la fois la multiplicité et la mort ? Ou bien la condition paradisiaque est pure de toute animalité, mais alors le péché consiste dans le fait même de notre vie biologique, et nous tombons dans une sorte de manichéisme. Certes, les Pères ont rejeté, avec l’origénisme, cette seconde solution. Mais ils ont difficilement réussi à élucider la première. Partant de l'irrécusable liaison, dans le monde déchu, du sexe et de la mort, de l’animalité et de la mortalité, ils se demandent si la création de la femme, suscitant une condition biologique liée à la finitude, n’aurait pas menacé dès le Paradis l’immortalité potentielle de l’homme. Ce côté négatif de la division des sexes introduisant une certaine faillibilité, la nature humaine serait désormais vulnérable, la chute inévitable... 

Grégoire de Nysse, repris sur ce point par Maxime le Confesseur, a récusé cet enchaînement nécessaire de la division des sexes et de la chute. Pour lui, la sexualité aurait été créée par Dieu en prévision du péché, pour préserver l’humanité après la chute, mais simplement comme une possibilité. La polarisation sexuelle dotait la nature humaine d’une sauvegarde qui n’impliquait 
nulle contrainte; tel le passager qui se voit attribuer une ceinture de sauvetage, mais n’est nullement incité pour autant à se jeter à la mer. Cette possibilité ne pourra s’actualiser qu’au moment où, par le péché qui n’a rien à voir avec le sexe, la nature humaine s’effondrera et se fermera à la grâce. C’est seulement dans cet état déchu, où la mort est le salaire du péché, que la possibilité deviendra nécessité. Ici intervient l’exégèse, qui date de Philon, des «tuniques de peaux >> dont Dieu revêtit l’homme après la chute: ces tuniques représenteraient notre nature actuelle, notre état biologique grossier, bien différent de la corporalité transparente du Paradis. Un cosmos nouveau se forme, qui se défend contre la finitude par le sexe, instaurant ainsi la loi des naissances et des morts. Dans ce contexte le sexe apparaît non comme la cause de la mortalité, mais comme son relatif andidote. 

On ne peut suivre cependant Grégoire lorsque, arguant de ce caractère « préventif » de la sexualité, il affirme que la division en mâle et femelle est << surajoutée » à Pimage. Ce n’est pas elle seule en effet, mais toutes les divisions du créé qui ont acquis, par suite du péché, un caractère de séparation et de mort. Et l’amour humain, la passion d’absolu des amants, n’a jamais cessé de receler, dans la fatalité même de son échec, une nostalgie paradisiaque où Phéroïsme et l’art s’enracinent. La sexualité paradisiaque, toute d’intériorité consubstantielle et dont la merveilleuse multiplication, qui devait tout remplir, n’aurait certainement exigé ni la multiplicité ni la mort, nous est presque entière-ment inconnue; car le péché objectivant les corps («ils virent qu’ils étaient nus »), fit des deux
premières personnes humaines deux natures séparées, deux êtres individuels, ayant entre eux des rapports extérieurs. Mais la nouvelle création en Christ, second Adam, nous permet d’entrevoir le sens profond d’une division qui certes n’eut rien de « surajouté » : la mariologie, l’amour du Christ et de l’Eglise et le sacre-ment de mariage mettent en lumière une plénitude qui s’origine dans la création de la femme. Plénitude seulement entrevue cependant, sinon dans l’unique personne de la Vierge, car notre condition déchue subsiste toujours, exigeant, pour l’accomplissement de notre vocation humaine, non seulement la chasteté intégrante du mariage, mais aussi et peut-être d’abord, la chasteté sublimante du monachisme. 

Peut-on dire qu’Adam, dans sa condition paradisiaque, était vraiment immortel ? « Dieu n’a pas créé la mort», dit le livre de la Sagesse. Pour la théologie archaïque, saint Irénée par exemple, Adam n’était ni nécessairement mortel, ni nécessairement immortel : sa nature riche de possibilités, malléable, pouvait être constamment nourrie par la grâce et transformée par elle au point de surmonter tous les risques de vieillissement et de mort. Les possibilités de mortalité existaient mais pour être rendues impossibles. Telle était l’épreuve de la liberté d’Adam. L’arbre de vie au centre du Paradis et sa nourriture d’immortalité offraient donc une possibilité : ainsi, dans nos réalités christo-ecclésiastiques, 1’Eucharistie, qui nous guérit, nourrit et fortifie, spirituellement et corporellement. Il faut se nourrir de Dieu pour atteindre librement la déification. Et c’est dans cet effort personnel qu’Adam a failli. v Quant à 1’interdiction divine, elle pose un double problème : celui de la connaissance du bien et du mal, et celui de l’interdit lui-même. Ni la connaissance en soi, ni celle du bien et du mal ne sont mauvaises. Mais le recours à ce discernement implique une infériorité existentielle, un état déchu. Dans la condition de péché, il nous est certes nécessaire de connaître le bien et le mal pour faire l’un et éviter l’autre. Mais pour Adam au Paradis cette connaissance n’était pas utile. L’existence même du mal implique une séparation volontaire de Dieu, un refus de Dieu. Tant qu’Adam restait uni à Dieu, et accomplissait sa volonté, tant qu’il se nourrissait de sa présence, une telle distinction était inutile. 

C’est pourquoi 1’interdiction divine était moins de connaître le bien et le mal (puisque le mal n’existait pas, sinon comme un risque, celui de la transgression même d’Adam) qu’une épreuve voulue, destinée à rendre consciente la liberté du premier homme. Adam devait sortir d’une inconscience enfantine en acceptant par amour d’obéir à Dieu. Non que 1’interdit fût arbitraire : car l’amour pour Dieu, s’il était librement consenti par l'homme, devait l’envahir tout entier, et rendre par lui l’univers transparent à la grâce. Comment alors aurait-il pu désirer autre chose, isoler un aspect, un fruit, de cet univers transparent pour l’engluer dans un désir égocentrique et, d’un même mouvement le rendre opaque et se rendre opaque à la toute présence divine ? «Ne mange pas... », « Ne touche pas... » : c’est la possibilité même d’un amour vraiment conscient, d’un amour toujours grandissant qui enlèverait l’homme à la jouissance autonome non d’un arbre mais de tous les arbres, non d’un fruit mais de tout le sensible, pour l'embraser, et tout l’univers avec lui, de la seule jouissance de Dieu. Vladimir LOSSKY

lundi 9 décembre 2013

Humilité ou mépris de soi ? Le destin de l'homme par St Séraphim de Sarov

Plus que jamais, en ces temps critiques au point que beaucoup les voient comme les derniers avant la Révélation, où les fortunes se défont et les destins se brisent,  les uns tentent d'échapper au chaos qui les environne et à la crainte de perdre le « paradis terrestre » de leur éphémère vie mondaine  (tant que leur niveau de vie le leur permet encore) par toutes sortes de moyens et comportements illusoires.  Les autres, qui ont tout perdu, pour lesquels « No future » est l’horizon, vont jusqu'à choisir, dans le désespoir, de se supprimer, (avec l'ultime illusion que seront par là supprimées toutes leurs terribles épreuves) ou de s'emparer d'une arme et de la tourner contre les autres soit pour s'approprier ce qu'ils  pensent ne plus pouvoir acquérir de façon honnête soit bien pire encore pour entraîner dans leur propre mort le plus possible de leurs semblables. 
Le fondement de toutes réactions mortifères et illusoires est l'aveuglement, l'ignorance, et le mensonge disséminés par le père du mensonge et ses collaborateurs. Car ce sont les "collabos" du menteur meurtrier qui permettent à toute cette mort de se développer et de se répandre parmi les hommes.

Si vous n'êtes pas parvenus à devenir ces dieux que le menteur  vous a promis et assuré de devenir, alors vous n'êtes plus rien !

Ainsi se voient les hommes d'aujourd'hui.
L’homme ne serait donc qu'une sorte de petite tache accidentelle, insignifiante et éphémère dans une impitoyable marche du temps dénuée de sens.
Toute l’idéologie dominante dans cette absolue confusion qui la caractérise n’est pas gênée par les contradictions :
 D’abord elle rabaisse l’homme et le présente, dès qu’elle le peut, comme peu de choses.
Par exemple au milieu du cosmos qui est, sans aucun doute, très habité par d’autres êtres, certainement d’ailleurs au moins égaux si ce n’est plus probablement bien supérieurs à l'homme qui a tort de croire qu’il est au centre d’un univers qui aurait été fait pour lui.
Par exemple encore au milieu de la nature au centre de laquelle il serait ridiculement vain qu’il se crût, pas plus qu’il n’est supérieur à tous les autres animaux, dont il n’est qu’une espèce aléatoirement apparue ou bien directement descendue de singes qui, les expériences le prouvent, sont quasiment aussi intelligents que lui.
En même temps l’homme est constamment célébré, adulé, idolâtré et démesurément rémunéré pour ses prestations spectaculaires dans les domaines de la politique, du show-business, du sport, du cinéma, de la presse, de la télévision, du comique etc… Et ceci concurrement à la presse-people qui cherche constamment à faire descendre de leur piédestal toutes ces idoles aux pieds d’argile en suggérant de façon calomnieuse ou en exhibant de façon indécente leurs travers, leurs vices, leurs défauts, leurs faiblesses voire leurs malheurs.
Par ailleurs, systématiquement, les reality-shows exhibent à l'envi, sous forme de feuilleton, les comportements les plus bas, les plus vils et les plus minables de l'homme,  ce qui confirme bien que l'homme ne vaut pas grand chose et qu'il n'a pas tort de se supprimer ou qu'on n'a pas tort de supprimer...


 Certes tout ce qui redonne à l’homme le sens des proportions et lui « rabat son caquet » n’est pas forcément mauvais. Certes notre foi nous engage même à rechercher l’humilité. Le psalmiste ne dit-il pas :
« Qu’est-ce que l’homme pour que Tu t’en souviennes ? »
 mais tout de suite après il dit aussi :
 « Tu l’as abaissé un peu au-dessus des anges Puis Tu l’as couronné de gloire et d’honneur» 
 Certes l’homme n’est rien par rapport à Dieu mais en même temps il est aussi tout pour Dieu. Voilà bien la différence entre la vision pessimiste de l’homme contemporain par lui-même qui mène jusqu’à l’auto-destruction et la mort et la vision de la foi chrétienne qui ne vise l’humilité que pour mieux s’élever vers la Gloire de Dieu et la Vie éternelle. Il est temps de se rappeler et de rappeler à ceux qui ignorent notre foi des textes comme celui de St Séraphim :

"Adam ne fut pas créé mort, mais créature animale agissante, semblable aux autres créatures vivant sur terre et animées par Dieu. Mais voilà qui est important. Si Dieu n'avait pas insufflé ensuite dans la face d'Adam ce souffle de vie, c'est-à-dire la grâce du Saint-Esprit procédant du Père et reposant sur le Fils et envoyé dans le monde à cause de Lui, tout parfait qu'il était et supérieur aux autres créatures, Adam serait resté privé de l'Esprit déifiant et serait semblable à toutes les créatures ayant chair, âme et esprit conformément à leur espèce, mais privées à l’intérieur, de l'Esprit-Saint qui apparente à Dieu. A partir du moment où Dieu lui donna le souffle de vie, Adam devint, d'après Moïse : "une âme vivante" , c'est-à-dire en tout semblable à Dieu, éternellement immortel. Adam avait été créé invulnérable. Aucun des éléments n'avait pouvoir sur lui. L'eau ne pouvait pas le noyer, le feu ne pouvait pas le brûler, la terre ne pouvait pas l'engloutir et l'air ne pouvait pas lui nuire. Tout lui était soumis comme au préféré de Dieu, comme au propriétaire et roi des créatures. Il était la perfection même, la couronne des œuvres de Dieu et admiré comme tel. Le souffle de vie qu'Adam reçut du Créateur le remplit de sagesse au point que jamais il n'y eut sur terre et que probablement jamais il n'y aura un homme aussi rempli de connaissance et de savoir que lui. Quand Dieu lui ordonna de donner des noms à toutes les créatures, il les nomma selon les qualités, les forces et les propriétés de chacune conférées par Dieu. Ce don de la grâce divine supranaturelle, venant du souffle de vie qu'il avait reçu, permettait à Adam de voir Dieu se promenant dans le paradis et de comprendre Ses paroles, ainsi que la conversation des saints anges et le langage de toutes les créatures, des oiseaux, des reptiles vivant sur terre, tout ce qui nous est dissimulé, à nous pécheurs, depuis la chute mais qui, avant la chute, était tout à fait clair pour Adam.(in L'entretien avec Motovilov)

dimanche 3 novembre 2013

Nous ne pouvons pas blâmer Dieu pour l'existence du mal par saint Jean Damascène

"Les Saintes Ecritures désignent communément les choses que Dieu permet comme son action et son œuvre. Néanmoins, même quand il est dit que «Dieu crée le mal » (Isaïe 45:7 ), ou « Arrive-t-il un malheur dans une ville, Sans que l'Éternel en soit l'auteur?» ( Amos 3.6) , la Bible ne cherche pas à présenter Dieu comme la cause du mal. Le mot «mal» a deux significations. Parfois, il décrit ce qui est un mal en soi, c'est à dire tout ce qui s'oppose à la vertu et à la volonté de Dieu. D'autres fois, il se réfère aux mauvaises choses que nous percevons, comme la douleur, la tristesse et le malheur. Toutes ces choses semblent mauvaises car elles provoquent la douleur, mais en réalité, elles sont de bonnes choses. Pour les personnes qui en la compréhension, elles deviennent la source de repentance et de salut. Ce sont les «maux» que la Bible décrit comme ayant lieu par Dieu. Malgré cela, nous devons réaliser que nous sommes nous-mêmes la cause même de ces maux. Parce les maux involontaires [à savoir les peines] résultent de maux volontaires [à savoir les péchés] . Il ya un Dieu qui est la seule source du bien, et qui est dépourvu de tout mal. « Mais alors, demandent certaines personnes, d’où vient le mal ? puisqu’ il est impossible que le mal provienne du bien. » Le mal n'est rien d'autre que la privation du bien, et l’éloignement de l'état naturel vers un état anormal. Toutes les choses que Dieu a créées sont très bonnes, quand elles demeurent comme elles ont été créées. Cependant, quand elles s'éloignent volontairement de l'état naturel pour se diriger vers un état non-naturel, elles deviennent mauvaises. Dans leur état naturel, toute chose servait son Créateur et lui obéissait. Toutefois, lorsque l'une de ces créations fuit volontairement pour désobéir à son Créateur, elle crée le mal à l'intérieur d’elle-même. Parce que le mal n'est ni une entité ni un attribut de quelque substance que ce soit. Il s'agit plutôt d’un incident, c’est-à-dire un détournement volontaire de la nature vers un état non-naturel , qui équivaut au péché. D’où naît le péché? C'est l' invention du libre-arbitre du diable . Est-ce alors que le diable est mauvais? Il n'a pas été créé mauvais mais bon. C’est un ange rayonnant de lumière que Dieu a créé, cependant comme un être rationnel et libre, il s'est volontairement éloigné de l'état naturel de la vertu et est entré dans les ténèbres du mal après s’être séparé de Dieu, qui seul est bon et créateur de la lumière. Le Dieu de bonté a créé toutes choses à partir de rien, et Il sait d'avance tout ce qui va se produire. S'ils n'avaient pas été créés, alors aucun être ne serait devenu mauvais ... Si les êtres qui devaient venir à l'existence de par la bonté de Dieu avaient été empêchés d'être créés parce qu'ils deviendraient mauvais en raison de leur propre choix, alors le mal aurait vaincu la bonté de Dieu. C’est ainsi que tout ce que Dieu a créé, Il l’a créé bon et excellent. C’est chaque personne de son propre chef qui choisit de devenir bonne ou mauvaise." St Jean Damascène

vendredi 1 juillet 2011

SMALL IS BEAUTIFUL ! [1]

Oui, cela n'engage que moi, comme d'habitude, bien que le soutien du Patriarcat Œcuménique lui-même à la cause de la défense de l'environnement soit évident et là je ne vois aucune critique à faire.
Mais il y a plus que produire et consommer localement et le principe de subsidiarité - même s'il est d'origine catholique, là non plus je ne vois aucune critique à faire - ne devrait pas quitter les esprits européens ni chrétiens et on devrait l'appliquer à l'organisation ecclésiale intégralement ce qui devrait dissuader de donner trop d'importance et de laisser trop de prérogatives au centralisme de quelque nature qu'il soit. Oui en Grèce il y a beaucoup d'évêques pour beaucoup de petits diocèses; C'est cela qui se rapproche le plus des premières communautés chrétiennes de l'Eglise. Non ? Beaucoup de petits troupeaux en réseau dans la même Tradition fidèlement transmise par des pasteurs uniquement préoccupés de leur troupeau et non de leur carrière internationale...

Bon voilà une série estivale d'épisodes du film "Small is beautiful" Incontournable :



Small is beautiful _1/6 par Darwin_Kayser

jeudi 21 mai 2009

Le monastère féminin de la Protection de la Mère de Dieu, dit de Solan


Un des fleurons du monachisme orthodoxe en France
où l'on célèbre les noces du Ciel et de la Terre 
où le chant byzantin en français rend gloire à Dieu 
où l'on travaille la terre avec amour et respect
en y préservant toute la diversité naturelle du lieu
en y produisant des fruits bons pour la santé de l'homme
et en y perpétuant avec fidélité une prière transmise en droite ligne
de la tradition orthodoxe athonite
par Geronda Placide Deseille
pour le Salut des hommes et de la Création tout entière

Le monastère féminin de la Protection de la Mère de Dieu, dit de Solan
depuis 1991 après avoir quitté le Vercors
et dirigé  par l'Higoumène Hypandia