Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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mardi 28 janvier 2020

UNIS à la VIE à la MORT…du CHRISTIANISME.


"Ah que c'est beau l'amour !
— Mais tu sais, nos enfants vont finir par nous quitter un jour,
— C'est vrai, ils ont déjà commencé en nombre !
— C'est la vie.
— C'est la mort.
— Hâtons-nous mon Amour, qu'on en finisse !
— Après nous le déluge."


Il serait temps de passer à autre chose…
(Nous nous y emploierons) 


dimanche 29 décembre 2019

BLÂME ET REPROCHE NÉCESSAIRES dans l'ÉGLISE du CHRIST



La critique et l'autocritique recommandées par les Écritures pour les puissants et particulièrement , les bergers et les guides spirituels


Nous ne prenons pas plaisir à blâmer. Nous serions heureux si de sérieuses occasions de sévère critique n'étaient pas données et si notre discours n’était que purement éclairant, consolant et édifiant. Mais malheureusement, un besoin impérieux oblige à recourir au blâme. Car nous n'habitons pas dans une société d'anges, de saints qui sans cesse chantent la louange de Dieu. Mais nous habitons dans un monde qui, selon les Écritures, « est sous la puissance du malin.» (1 Jean 5: 19).

Et plus nous avançons vers la fin du monde, plus le mal se répand et plus il devient arrogant. Et tout ce qui, en d'autres temps, était fait en secret, se produit désormais de plus en plus publiquement, en toute impudence et sans vergogne, et est applaudi de façon démoniaque. Dans certains cas, le blâme, aussi déplaisant qu'il puisse être, et même s’il en coûte, est indispensable, même s'il n'entraîne pas les résultats escomptés, même si c'est « une voix qui crie dans le désert». Dieu a ordonné au prophète Ézéchiel d'exercer le blâme, même s'il n’était pas entendu. C'est agréable, comme le dit Saint jean Chrysostome, le plus puissant censeur de son temps, c'est agréable pour le berger de faire paître son troupeau en un vert pâturage, en jouant de sa flûte accompagné par le bruissement du ruisseau. Mais si un loup apparaît, alors le berger laisse tomber la flûte et plein de courage saisit le lance-pierre et lance des pierres contre le loup. Il y a un temps pour tout. Il y a un temps pour la flûte, mais aussi un temps pour la fronde.

La critique est recommandée par les Écritures. Et c'est surtout le devoir des bergers et des guides spirituels. L'apôtre Paul, écrivant à l'évêque d'Éphèse Timothée, requiert : «Censure, admoneste, exhorte» (2 Tim. 4.2). «Ceux qui pèchent, reprends-les devant tous, afin que les autres aussi éprouvent de la crainte.» (1 Tim. 5.20). Paul lui-même, comme nous le voyons dans les Actes et dans ses Épîtres, a blâmé et a été caustique, mais a également excommunié des personnes et les a abandonnées à Satan en châtiment afin que puissent se racheter, ceux qui ont dévié de la ligne de la foi et de la vie morale provoquant un scandale public. Saint jean Chrysostome, observant ceux qui seraient scandalisés par le blâme et qui ne seraient pas d'accord avec le discours de censure, dirait : Ils mentent, volent, infligent l'injustice, foulent aux pieds les lois divines et humaines, ils blasphèment Dieu, ils bousculent l'ordre moral. Et je ne les blâmerais pas ? Comment le mal sera-t-il circonscrit ? C'est pourquoi les choses sont inversées, sens dessus dessous et rien n’est à sa place, parce que nous ne blâmons pas ni ne sommes blâmés, dit d'ailleurs le Père saint. Socrate disait que la vie non examinée ne vaut pas la peine d'être vécue. Et il a exercé une critique caustique et étendue envers ses contemporains. Et pour sa censure, il était détesté par les dirigeants si bien qu'il fut même condamné à mort à boire la cigüe.
Le blâme est nécessaire. Et des exemples de blâme existent dans les Écritures. À cet effet Paul dit aussi : « Toutes les écritures sont inspirées de Dieu et bénéfiques pour enseigner, blâmer, corriger, traduire en justice » (2 Tim. 3:16). Entendez-vous ce que dit l'Apôtre ? Les Écritures sont « bénéfiques pour blâmer ». Qu'est-ce que ça veut dire ? Tout comme un miroir est utile pour avoir un œil critique, ou rectifier la forme physique et l'apparence d'une personne, de même les Écritures servent de miroir spirituel, elles permettent d’avoir un regard critique sur la forme et l'apparence spirituelles d'une personne, c'est-à-dire qu’ainsi une personne peut voir ainsi la vertu et le vice dans toutes leurs  manifestations et expressions. Dans les Écritures, la vertu est honorée, même si elle est pratiquée par la personne la plus humble et la plus obscure de la terre. Et le vice est fustigé et puni, même s'il est observé dans la vie des grands et des puissants de la terre. Les Écritures ne connaissent pas la partialité envers les personnes. Tout comme le miroir ne flatte pas, mais montre la figure telle qu'elle est, aussi laide soit-elle, et à qui elle appartient, même si elle appartient au dirigeant le plus puissant, ainsi les Écritures ne flattent pas non plus. Elles critiquent l'humble personne de la terre, comme elles blâment le plus haut dirigeant. Chaque être humain, à quelque époque qu'il puisse vivre, dans le miroir spirituel, qui s'appelle l'Écriture, est capable de voir son état et sa forme spirituels, car dans l'Écriture, il existe un exemple qui lui correspond avec un mode de vie qu’il peut mettre en parallèle avec le sien. C’est pour cette raison que les méchants et ceux qui prennent plaisir à la misère d'autrui, les incroyants et les athées détestent et se détournent de l'Écriture. Ils ne peuvent pas supporter la censure de leur vie que fait l'Écriture. Et ils ressemblent à l'ancienne prostituée notoire Laida, qui, lorsqu'elle eut vieilli et vit dans le miroir ses rides et sa laideur, s’est mise en colère et a détruit le miroir ! Mais si ce miroir-ci a été détruit, l'autre, celui de la Sainte Écriture, est un miroir incassable pour les siècles des siècles.

+ Mgr Augustinos, 1983
(version française par Maxime le minime la source)

samedi 16 novembre 2019

POUR DIRE LA VÉRITÉ…






Vous avez certainement lu que le "patriarche Bartholomée" d'Istanbul a séjourné récemment en Belgique. N'étant pas sûr que vous ayez appris que ledit patriarche a célébré les vêpres dans un monastère latin avec des moines latins de ce monastère et de deux autres sis dans les environs, dont ceux de Chevetogne, je vous indique le lien vers les photos de cette assemblée hérétique prises à l'abbaye Notre-Dame-de-Saint-Rémy de Rochefort, généralement connue comme abbaye de Rochefort, abbaye trappiste célèbre pour sa brasserie et ses bières trappistessise à 3 km du centre de la du centre de la ville de Rochefort, en Belgique:



Sur le site 'Orthodoxie.com' on peut lire que  "De sa propre initiative, l’archevêque Simon a rencontré pour une deuxième fois le patriarche œcuménique Bartholomée, le mardi 12 novembre, dans les locaux de la cathédrale des saints Archanges à Bruxelles, dans le but d’exprimer sa considération envers la personne de celui-ci.". Par contre, sur le site officiel de l'Église orthodoxe russe en Belgique (PM), on lit une nouvelle publiée hier, le  15, en russe le selon laquelle, l'Archevêque Simon a rencontré le patriarche Bartholomée, "sur une base exclusivement protocolaire", et qu'il avait demandé, et reçu, au préalable la bénédiction de Sa Sainteté le Patriarche Kyril pour agir de la sorte. On doute fort que ce dernier ait invité son archevêque en Belgique à "exprimer sa considération" au citoyen d'Istanbul...???!!! Dans le même texte de l'Archevêché russe de Belgique, l'interruption de toute forme de concélébration avec 'Constantinople' fait l'objet d'un double rappel.

En outre l'Archevêque de Belgique, des Pays-Bas et du Luxembourg, l'Archevêque Athénagoras a convoqué tous les prêtres de l'archevêché voici environ un mois pour leur expliquer que les priorités de l'Archevêché sont l’œcuménisme et l’écologie. !!!!! Tant pis pour le Seigneur........ Tant pis pour l'Eglise,.... Tant pis pour les Canons des Conciles.....

Quand on parlait de Bartholomée postulant pape des Uniates…
On ne se trompait guère.

samedi 12 janvier 2019

SUR LE BLOG DE CLAUDE : LE DÉBUT DE LA FIN DE L'ORTHODOXIE ?

Les schismatiques et les uniates ukrainiens espèrent créer un patriarcat unique en communion avec Rome et Constantinople, dit le chef uniate.




Kiev, le 10 janvier 2019 - Selon Svyatoslav Chevtchouk, chef de l'organisation des uniates ukrainiens, il est nécessaire de tout mettre en œuvre pour restaurer l'unité originale des "branches" catholique et orthodoxe de l'Église de Kiev.

De plus, il est nécessaire de faire la distinction entre les concepts d'"unité" et d'"unification", a expliqué Chevtchouk dans un récent entretien avec Glavkom.

"C'est notre position que j'ai essayé de déclarer lors des célébrations du 1030ème anniversaire du Baptême de la Rus'-Ukraine. L'unification' est ce qui s'est produit aujourd'hui au sein de l'Orthodoxie ukrainienne, quand une nouvelle structure a été créée avec un statut local. Mais quand nous parlons d'une "main tendue", nous parlons d'unité, c'est-à-dire, tout en restant nous-mêmes, nous pouvons et devons coopérer au nom du bien du peuple ukrainien, au nom de la vérité, au nom de la recherche de l'unité universelle avec les chrétiens, que nous appelons le mouvement oecuménique".

Selon lui, l'Église gréco-catholique ukrainienne [uniate renégats de l'Orthodoxie rattachés à Rome](UGCC) cherche un moyen de rétablir l'unité avec "l'Église de Kiev, aujourd'hui divisée, qui est née dans les eaux baptismales du Dniepr", et cela "dans le contexte du mouvementœcuménique moderne pour la restauration de l'unité des Églises du Christ, le rapprochement des Églises orthodoxe et catholique".

Chevtchouk a dit plus tôt que l'idée d'une communion eucharistique restaurée entre les orthodoxes et les Uniates est leur "perspective joyeuse". Pour l'instant, la nouvelle église schismatique ukrainienne et les uniates ukrainiens ont développé une feuille de route pour la coopération dans divers domaines, a expliqué le "métropolite" Épiphane Doumenko.


Bartholomée aura bien travaillé et peut-être bien réussi…
on va s'en apercevoir de plus en plus.
BRAVO ! 
🤬

vendredi 28 juillet 2017

Palamas, Traités démonstratifs sur la procession du Saint-Esprit.

Recension par Jean Claude Larchet  sur orthodoxie.com

Palamas, Traités démonstratifs sur la procession du Saint-Esprit Traduction du grec et annotation par Yvan Koenig, introduction de Jean-Claude Larchet, collection « Patrimoines », Éditions du Cerf, Paris, 2017, 200 p.

Les deux Traités démonstratifs (encore connus sous le nom de Traités apodictiques) sur la procession du Saint-Esprit, figurent parmi les toutes premières œuvres de saint Grégoire Palamas (1296-1359), et sont en tout cas ses pre­miers écrits théologiques. Grégoire était alors âgé de trente-huit ans et résidait à l’ermitage de Saint-Sabbas au Mont-Athos.

Rédigés au cours du premier semestre de 1334, ils sont dirigés contre la doctrine latine du Filioque. En même temps qu’ils réfutent cette dernière, ils consti­tuent une apologie de la foi orthodoxe. Le titre complet du pre­mier est : Premier traité apodictique, démontrant que l’Esprit Saint ne procède pas du Fils, mais seulement du Père ; celui du second : Second traité sur la procession du Saint-Esprit, prouvant qu’Il ne provient pas du Fils, et contre les citations de la divine Écriture proposées aujourd’hui par les Latins pour se défendre.

Les circonstances de leur rédaction sont les suivantes. En 1333, deux théologiens domini­cains – l’italien François de Camerino, évêque de Chersonèse et l’anglais Richard, évêque du Bosphore – avaient été envoyés par le pape à Constantinople pour relancer les discussions théologiques sur la question de la procession du Saint-Esprit, dans le cadre d’une nou­velle tentative d’union des Églises dont le pape et l’empereur Andronic III avaient pris conjointement l’initiative. Le théologien Barlaam avait été missionné par le Grand Domestique Jean Cantacuzène et l’empereur Andronic III pour être le représentant des Orientaux dans les débats qui se tinrent à Constantinople de la fin de l’année de l’année 1333 jusqu’en juin 1335.
Grégoire Palamas fut informé par ses amis de Thessalonique du développement des discussions et aussi du contenu des traités antilatins que Barlaam avait rédigés au cours de celles-ci. Deux points lui parurent problématiques: premièrement l’interprétation donnée par Barlaam de l’expression de Grégoire de Nazianze « Principe issu du Principe » appliquée au Fils, qui lui paraissait favorable au Filioque ; deuxièmement, l’affirmation par Barlaam, sur la base d’une mauvaise compréhension de l’apophatisme de Denys l’Aréopagite, de l’impossibilité de recourir en théologie au raisonnement apodictique (démonstratif et probant), ce qui ramenait les discussions sur la procession du Saint-Esprit à la relativité du raisonnement dialectique et les rendait finalement vaines.

Ces deux conceptions erronées de Barlaam comportaient aux yeux de Palamas le risque de déboucher sur un compromis d’union avec les Latins qui se ferait en faveur de leurs positions sur le Filioque.
Ce n’est qu’indirectement (en faisant lui-même usage de la démonstration) que Grégoire Palamas s’oppose dans ses deux traité aux positions méthodologiques de Barlaam, et c’est sur la question dogmatique qu’il se concentre essentiellement.

L’idée du P. Jean Meyendorff – qui détermine une grande partie de son interprétation de l’œuvre de saint Grégoire Palamas – selon laquelle ce dernier se serait déjà ici opposé à l’humanisme byzantin ne concerne en réalité qu’un point secondaire.

Grégoire Palamas réexamine en fait de manière critique la plupart des arguments en faveur du Filioque qui ont été présentés au XIIIe et au XIVe siècle par les Latins et leurs partisans, lors de discussions qui visaient en particulier à faire reconnaître par les orthodoxes l’expression « par le Fils », utilisée par certains Pères, comme un équivalent de l’expression « et du Fils » (Filioque), ou du moins comme compatible avec celle-ci.
Ses critiques, s’adressent aux Latins mais aussi aux « latinophrones », c’est-à-dire aux théologiens byzantins « pensant à la manière latine » et disposés à faire un compromis avec les Latins.

Beaucoup d’arguments latinophrones (c’est-à-dire conforme à la pensée des Latins) visés par Palamas sont des arguments qui ont été développés dans les siècles précédents, notamment dans les deux traités sur la procession du Saint-Esprit – ĺ – de Nicéphore Blemmydès (1198-1269), et surtout dans les Titres de Jean Bekkos, patriarche de Constantinople de 1275 à 1282, dont Grégoire Palamas a élaboré une réfutation à la même époque qu’il a rédigé les Traités démonstratifs: Contre Jean Bekkos).

Après la triste expérience du concile d’union de Lyon en 1274, les or­thodoxes se montraient sans aucun doute extrêmement méfiants à l’égard des tenta­tives unionistes dont l’initiative était périodique­ment prise par le pouvoir pour des raisons essentiellement poli­tiques et où celui-ci semblait, pour aboutir, prêt à favoriser tous les compromis dogmatiques quitte à brader la foi orthodoxe. Une dé­marche (qui n’avait pu aboutir en raison de la guerre civile) venait d’être faite récemment (1323-1327) auprès du Pape Jean XXII par Andronic II qui s’inquiétait de l’avancée des Turcs en Asie Mi­neure et souhaitait s’assurer l’appui de l’Occident. Dans le même temps, les Latins exerçaient à Constantinople une influence de plus en plus marquée. C’est à l’initiative d’Andronic III qui venait, en 1332, de for­mer une ligue avec Venise et les Hospitaliers de Rhodes, qu’avaient été entreprises les dernières négociations de 1333-1335 destinées à établir l’union des Églises. La vigoureuse condamnation du patriarche Jean Bekkos et des latinophrones par le concile des Blachernes réuni en 1285 (soit seulement cinquante ans auparavant) par le patriarche Grégoire de Chypre, avait sans aucun doute rendu les orthodoxes vigilants et par­ticulièrement exigeants en ce qui concerne question de la procession du Saint-Esprit qui apparaissait comme le principal point de divergence entre les deux Églises.

Les Traités démonstratifs semblent donc avoir été écrits pour dé­fendre la foi orthodoxe et réfuter la doctrine latine du Filioque à un moment où l’on avait tout lieu de craindre que, pour mener à bien des visées poli­tiques, l’empereur et le théologien Barlaam qu’il avait missionné pour mener les discussions fassent des concessions aux positions latines et réalisent à la hâte une union où la foi orthodoxe se trouverait sacrifiée. Cette idée est partagée par un spécialiste catholique de Palamas, R. E. Sinkewicz : « il apparaît que Palamas a réagi aux nouvelles de discussions renouvelées avec les Latins et a écrit aussi­tôt un ex­posé de la foi orthodoxe sur le sujet, afin de repousser par avance toute possibilité de compromis doctrinal. »
Les Traités ont une forme polémique très mar­quée ; ils attaquent les Latins d’emblée, de front, et en permanence, et ils se présentent moins comme une proposition de dialogue que comme une vigoureuse réfutation de la doctrine la­tine du Filioque – aussi bien dans sa forme classique que dans ses développements récents – corrélative d’une ferme apologie de la foi ortho­doxe.

Pour saint Grégoire Palamas comme pour tous les Pères qui ont défendu la doctrine orthodoxe de la procession du Saint-Esprit, la doctrine latine du Filioque ne peut faire l’objet d’aucun com­promis et même d’aucune négociation : le Filioque est une ajout illicite au Credo, qui contredit la foi de l’Église et paraît définiti­vement incompatible avec les enseignements du Christ, des Apôtres, des Pères et des Conciles.
P
L’ardeur mise par saint Grégoire Palamas dans les deux Traités démonstratifs à réfuter la doctrine latine du Filioque jusque dans ses développements les plus subtils et à défendre corrélativement la foi orthodoxe sur la procession du Saint-Esprit tient à la particulière importance qu’il reconnaît à cette question.
Sa position ferme s’oppose à la position conciliante que mon­traient les représentants de la tendance latinophrone qui, voyant dans l’union des Églises une tâche urgente qui devait aboutir coûte que coûte, minimisait l’importance de cette divergence et allait même jusqu’au relativisme dogmatique. Barlaam témoigne d’une telle attitude dans le discours qu’il a tenu à Avignon en 1339, en tant qu’ambassadeur de l’empereur, devant le pape Benoît XII pour lui présenter un nouveau plan d’union : l’union des Églises, affirmait-il, pouvait être réalisée sur la base d’une foi commune en la Trinité, chacune des deux Églises pouvant, en ce qui concerne la procession du Saint-Esprit, conserver sa propre doctrine, les théo­logiens des deux bords pouvant, s’ils le souhaitaient, poursuivre leurs discussions. Mais l’importance du Filioque était minimisée par les Latins eux-mêmes qui traditionnel­lement attribuaient la sé­paration des Églises plus à des raisons ecclésiologiques (en parti­culier le re­fus de reconnaître l’autorité suprême du pape de Rome) qu’à des raisons dogmatiques et considéraient les Orientaux comme schis­matiques, mais point comme hérétiques. Saint Grégoire Palamas lui-même note dans son Prologue que les Latins affirment que leur pensée est la même quant au fond et ne diffère qu’en ce qui con­cerne l’expression.

Face à ces points de vue des Latins et des latinophrones, saint Grégoire Palamas fait remarquer que l’ajout du Filioque au Credo paraît produire un changement minime, mais « apporte en réalité les bases de grands maux et beaucoup de dan­gereuses absurdités et de choses étrangères à la piété », montrant que, « en ce qui concerne Dieu, même la moindre chose ne saurait être petite »: une nouveauté qui concerne le Principe de toutes choses ne peut en effet qu’entraîner de nombreuses erreurs au su­jet de tout ce qui en dépend.
Pour saint Grégoire Palamas, la différence des deux conceptions est loin de ne correspondre qu’à une différence d’expression et, comme on dirait aujourd’hui, de « sensibilité » : les deux doctrines sont bel et bien fondamentalement contradictoires et donc, selon le principe logique élémentaire de non-contradiction, ne peuvent être toutes les deux vraies; elles ne sont donc ni complémentaires ni compatibles, mais exclusives l’une de l’autre: si l’une est vraie, l’autre est nécessairement fausse.

Le Filioque est une hérésie comparable et semblable à toutes les hérésies du passé, comme celles des ariens, des apollinaristes, des eunoméens ou des macédoniens…

Sa gravité se manifeste non seulement sur le plan dog­ma­tique, mais encore sur les plans ecclésiologique et spirituel (les trois plans étant indissolublement liés): il implique une rupture de communion et empêche le rétablissement de celle-ci.

Confesser que le Saint-Esprit ne procède pas du Père seul, c’est, selon Grégoire, carrément s’exclure de Dieu et de la Sainte Trinité. On voit très clairement ici que Grégoire, loin de considérer la question du Filioque comme secondaire, y voit, plutôt que dans des raisons politiques ou autres, la principale source de la rupture de communion et de la séparation des Églises orthodoxes d’Orient et de l’Église de Rome et le princi­pal obstacle au rétablissement de cette communion et à la ré-union des Églises. « Jamais, dit-il aux Latins, nous ne vous accepterons en communion aussi longtemps que vous direz que l’Esprit est aussi du Fils (Filioque) ».
Selon Grégoire, la première étape de la démarche à suivre pour rétablir la communion et l’unité entre les Églises est que les Latins retirent le Filioque du Credo puisque celle formule y a manifeste­ment été ajoutée. Mais cela ne suffira pas : encore faut-il que la théologie latine s’accorde avec la foi orthodoxe dont témoigne « l’accord éclatant des Pères théophores ». Il propose donc que s’engagent des discussions théologiques en vue de retrouver un tel accord, et même de traiter de cette question au sein d’un concile, en prenant pour exemple les Pères qui, à propos d’autres questions controversées comme celle des deux natures, opérations et volontés du Christ, sont finalement retournés « à la paix com­mune dans la piété ». Grégoire rappelle avec émotion et nostalgie qu’il y avait autrefois un accord entre l’Église d’Orient et l’Église de Rome, et il considère que cet accord devrait pouvoir être retrouvé si cette dernière acceptait seulement de faire retour à l’ancienne foi commune définie par les grands conciles œcuméniques et par les Pères.

Les deux Traités démonstratifs de saint Grégoire Palamas avaient déjà été traduits en français par Emmanuel Ponsoye sous le titre Traités apodictiques sur la procession du Saint-Esprit (Éditions de l’Ancre, Paris-Suresnes, 1995). Yvan Koenig en propose ici une traduction nouvelle, nettement améliorée, et annotée par ses soins. L’introduction, qui occupe près de la moitié du volume, présente les circonstances et le contexte de la rédaction des traités et analyse ceux-ci dans le détail, étape par étape, pour en rendre la lecture plus aisée. Elle actualise et corrige sur certains points (en particulier la position de Palamas par rapport à Barlaam et à Grégoire de Chypre) l’introduction de la première édition.
Jean-Claude Larchet

mercredi 12 juillet 2017

De quelle union des Églises parlez-vous ? [2]

De quelle union des Églises parlez-vous Monsieur Gikas ? 

Le Filioque

par le professeur de Théologie de l'Université d'Athènes, Andreas Theodorou (†) 


Prof. Andreas Theodorou (1922-2004)


Selon la foi orthodoxe, l'Esprit Saint procède du Père seul et est envoyé dans le monde par le Fils afin de consolider l'œuvre de la rédemption accomplie par le Père à travers le Fils.
Sur ce point, saint Jean (15: 26) « Quand sera venu le Consolateur que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, lui, rendra témoignage de moi », est vraiment révélateur.
En conséquence, le présent "procède" se réfère à l'éternelle procession du Père, tandis que le futur «J'enverrai» se réfère à l'envoi temporel de l'Esprit (dans le monde), accompli par le Fils.

Cette croyance en la procession du Saint-Esprit du Père seul est donnée comme une confirmation infaillible par le symbole de foi de Nicée-Constantinople : «Qui procède du Père».

L'affirmation faite par les catholiques romains, selon laquelle le symbole de foi n'exclut pas explicitement la procession du fils ou sa redéfinition, est tout à fait négligeable.

En outre, tout le chœur des Pères grecs de l'Église confesse la procession du Saint-Esprit du seul Père, comme source de la Divinité, et que son envoi dans le monde se produit par le Fils.
Ainsi, saint Jean de Damas, le théologien dogmatique prééminent de l'Église, dans lequel aboutit la tradition dogmatique précédente, observe succinctement :

Le Saint-Esprit de Dieu [le Père], en tant que procédant de Lui, qui est aussi dit être l'Esprit du Fils, comme manifesté et communiqué à la création par Lui,
mais sans avoir son existence de Lui.
Cet acte de foi trouve son écho dans les livres dogmatiques les plus récents de l'Église orthodoxe. Dans cette troisième réponse [au théologien Luther de Tübingen], Le patriarche Jérémie II de Constantinople écrit :

En conséquence, aucun des enseignants de notre Église n'a dit que le Saint-Esprit procède du Fils, ou qu'il ait son existence du Fils, ou qu'il soit une émission du Fils, et aucun d'eux n'a jamais déclaré que le Fils est l'émetteur ou la cause de l'Esprit Saint. Tous proclament que l'Esprit est répandu, jaillit, sort, brille, est envoyé, est délivré et est donné par lui, sans ignorer que ces termes concernent la transmission des émanations.

Il est certainement vrai que dans l'enseignement de Saint Cyrille d'Alexandrie, il y a un certain manque de clarté concernant  la procession du Saint-Esprit (j'ai écrit un traité spécial à ce sujet). Une phrase maladroite de ce saint Père, qui a appelé l'Esprit "propre au Fils", a donné lieu à des controverses entre théologiens de son époque. Théodoret de Cyr  a fait la distinction suivante :

Si Cyril appelle l'Esprit "propre au Fils" en ce sens qu'il est co-naturel avec Lui et procède du Père, nous serons d'accord avec lui et reconnaîtrons son expression comme orthodoxe. Mais s'il utilise ce terme dans le sens où l'Esprit a son existence du Fils ou par le Fils, nous devrons répudier cette expression comme blasphématoire et impie.

M. Gikas (suivant en cela les opinions des catholiques romains) réfute cette vue complètement orthodoxe de Theodoret, qui était le théologien le plus important de l'école antiochienne de l'Église primitive, au motif que Theodoret a été condamné par le cinquième Concile œcuménique en tant que  nestorien (!), Ignorant le fait que ses écrits, et non sa personne, ont été condamnés, et pour d'autres raisons.

Maintenant, pourquoi Saint Cyrille dit-il que l'Esprit est «propre au Fils»? En raison de leur identité d'essence: "l'Esprit Saint procède de Dieu le Père, selon l'énoncé du Sauveur, mais Il n'est pas étranger au Fils".  Et: "ce qui provient de Lui [le Père] n'est pas étranger au Fils selon la définition de l'essence ".

Saint Cyrille n'enseigne pas le Filioque, et c'est en vain que les catholiques romains cherchent cette doctrine dans ses écrits.

Les formules verbales "est répandu" et "sort", selon lesquelles Cyrille caractérise la provenance de l'Esprit du Fils, ne se réfèrent pas à la provenance éternelle de sa propriété hypostatique (la procession), mais à son envoi dans le monde à un moment donné :
Et il est répandu, c'est-à-dire, provient de Dieu le Père comme d'une source, mais est accordé à la création par le Fils.

Enfin, M. Gikas attribue l'expression "à travers le Fils" à saint Grégoire de Nysse "dans le sens causal", c'est-à-dire que le Fils est cause de l'Esprit.
Il est vrai que l'exemple utilisé par ce Saint Père pour élucider le mystère de la procession du Saint Esprit tend à soutenir cette notion : c'est l'exemple des trois bougies dont la seconde reçoit sa lumière du premier et du troisième par la seconde, une fois que cette dernière a été allumée :
C'est comme si une flamme était divisée entre trois bougies, et que la cause de la troisième lumière soit la première flamme qui a allumé la dernière bougie  par transmission de celle du milieu.

Cependant, de l'enseignement plus général du Saint, il ressort que cette «médiation» du Fils n'est pas une médiation de l'essence, mais une médiation «conceptuelle». Dans la Divinité, il existe un ordre dans la Trinité, c'est-à-dire que les trois personnes sont énumérées de cette façon : d'abord, l'Un, puis
le second, puis le troisième (c'est-à-dire le Père-Fils-Esprit Saint). Le Père (le Premier) est conçu comme précédant le Fils (le Deuxième) logiquement, non temporellement, et le Fils (le Deuxième) est conçu comme précédant l'Esprit (le Troisième).
Le Père est donc conçu comme précédant le Fils,
Et à travers le Fils et cependant  avec Lui, le Saint-Esprit ... est conçu en étroite union, non subséquente à l'existence du Fils.
Ainsi, bien que les deux [autres] Personnes tirent leur existence du Père, le Fils, qui est logiquement considéré comme antérieur (à l'Esprit), est traité comme un intermédiaire entre le Père et l'Esprit, et l'Esprit étant connecté au Père à travers lui, comme un produit de l'essence du Père qui engendre le Fils, ou comme un produit de l'essence du Père, «qui est l'essence du Fils». Il est évident que dans la complexité de cette ligne de pensée, la préposition «à travers» n'a pas de signification dogmatique particulière. Ceci, en termes de base, est la vision orthodoxe de la question.

Mais pour l'Église occidentale, le Filioque n'est pas un problème doctrinal trivial ; C'est un dogme premier de foi. Tenant ce dogme de l'enseignement de saint Augustin, l'Église occidentale l'a adopté à un concile convoqué en 589 à Tolède, en Espagne, en ajoutant la phrase "et du Fils" au Symbole de Foi, en dépit des nombreuses réactions diverses en contradiction.
Après le schisme des Églises, l'Église occidentale l'a élevé à un dogme de foi (De Fide), en l'imposant comme vérité  pour la conscience croyante de l'Église et nécessaire au salut.

Par conséquent, dans la nature des choses, cette Église ne peut pas concilier le Filioque conceptuellement avec notre enseignement, pas plus bien sûr, que nos pouvons le concilier avec notre enseignement. L'affirmation qu'il n'y a pas de contradiction essentielle entre les deux doctrines et que les deux enseignent la même chose, mais qu'elles l'expriment de différentes façons, est, de notre point de vue, irréaliste.
(version français par Maxime le minime)

(À SUIVRE)
notes :

1. St. John of Damascus, “Homily on Holy Saturday,” §4, Patrologia Græca, Vol. XCVI, col. 605B.
2. John Karmiris,  Dogmatic and Credal Monuments of the Orthodox Catholic Church] (Athens: 953), Vol. II, pp. 482-483.
3. eodoretos of Cyrus, in St. Cyril of Alexandria, Twelve Chapters Against ose Who Dare to Defend the Doctrines of Nestorios, Patrologia Græca, Vol. LXXVI,
col. 432D.
4. St. Cyril of Alexandria, ibid., Patrologia Græca, Vol. LXXVI, col. 433B.
5. Idem, Epistle 39, Patrologia Græca, Vol. LXXVII, col. 8A.
6. See Panagiotis Trembelas, Dogmatic theology of the Orthodox Catholic Church] (Athens: 959), Vol. I, pp. 288-289.
7. St. Gregory of Nyssa, On the Holy Spirit, Against the Macedonians and the Pneumatomachi, Patrologia Græca, Vol. XLV, col. 308B.
8. St. Gregory of Nyssa, Against Evnomios, Book I, Patrologia Græca, Vol. XLV, col. 369A 
9. See Trembelas, Dogmatikae,Vol. I, p. 293; Chrestos Androutsos, Sumbolkiae [Dogmatic theology],
 

dimanche 9 juillet 2017

De quelle union des Églises parlez-vous ? [1]

De quelle union des Églises parlez-vous Monsieur Gikas ?

par le professeur de Théologie de l'Université d'Athènes, Andreas Theodorou (†) 

Prof. Andreas Theodorou (1922-2004)
Dans le journal Βήμα du 22 mars 1992, un article de M. Emmanuel Gikas, ambassadeur au ministère des Affaires étrangères, a été publié, intitulé «L’Union des Églises n’est pas une utopie». Par «Églises», l'auteur ne comprend que les catholiques romains et les orthodoxes. Au sujet des communautés protestantes, et particulièrement de l'Anglicanisme, il ne dit rien. 

Il est évident que M. Gikas a été incité à écrire cet article par le refroidissement récent dans les relations entre le Papisme et l'Orthodoxie eu égard à l'ingérence politique du Vatican dans les affaires de l'Orient chrétien et l'activité pernicieuse de l'Unia au détriment des orthodoxes. 

Assez curieusement, il ne fait aucune mention de l'Unia, qui constitue le modèle ecclésiologique de l'union, comme la comprend le Pape, et constitue une pierre d'achoppement pour les efforts unionistes. 
On peut se demander pourquoi. 

Il parle d'une manière plutôt superficielle des différences qui séparent les deux Eglises, propose ses interprétations personnelles et préconise des mesures concrètes qui, à son avis, rendront possible l'union. 
Il semblerait que M. Gikas n'ait pas un sens profond de la nature des différences dogmatiques sur lesquelles se fonde l'éloignement entre les Églises, ou, pour le moins, ne leur attribue pas une signification correcte. 
Pour l'Église catholique orthodoxe, au contraire, cette question est particulièrement importante. Toute déviation de sa foi traditionnelle est une hérésie. 
C'est quelque chose qui dénature sa raison d'être et son oeuvre de sanctification. Pour l'amour de sa vérité, l'Orthodoxie a mené des luttes ardentes, a combattu contre les hérésies et n'a pas l'intention de s'écarter même d’un iota des dogmes qui lui ont été transmis par les Pères. 

En lisant l'article de M. Gikas, on a l'impression que l'auteur souhaite être impartial, mais que, malgré cela, il envisage les problèmes d’un œil catholique plutôt qu' orthodoxe et qu'il a une propension à une vision œcuméniste des choses; c'est-à-dire un certain minimalisme dogmatique et une tendance à relativiser, compromettre et brader les vérités divines de la foi. 


***

Mais examinons ces questions plus en détail.

Lorsqu'il expose ses thèses au début, M. Gikas écrit que «le Filioque est considéré à tort par certains comme divisant les Églises», C'est-à-dire qu'il constitue une différence insignifiante, ou plutôt, ne constitue en aucune façon une différence entre les Églises divisées, et il insinue que les nombreux conflits, les nombreux différends et la volumineuse littérature théologique consacrée à cette controverse créée des deux côtés sont devenus avec le temps une pure « bagatelle»!

Nous sommes désolés, mais nous ne pouvons pas accepter les points de vue exprimés par M. Gikas. Selon l'enseignement dogmatique orthodoxe, le Filioque n'est pas un simple théologoumène, c'est-à-dire une question de jugement théologique indépendant, que l'on peut accepter sans conséquences dogmatiques plus profondes (sans être considéré comme hérétique), mais une distorsion totale du Dogme de la foi concernant la sainte Trinité. Si nous acceptons que le Saint-Esprit procède également du Fils, nous détruisons l'ordre de la Trinité, confondons les propriétés hypostatiques des Personnes, inaltérables et incommunicables, et abolissons la monarchie dans la Divinité, c'est-à-dire que le Père est la source de la divinité, dont les deux autres personnes de la Trinité reçoivent leur existence, le Fils par la génération éternelle, et l'Esprit par procession; Et, enfin, la dignité de l'Esprit qui convient à  Dieu est diminuée et son œuvre sanctifiante et déifiante est dénaturée. Pour ces raisons, le Filioque est, pour nous, une hérésie trinitaire absolue qui détruit le concept du Dieu chrétien. L'Église catholique orthodoxe l'a toujours vue en tant que telle et a lutté contre elle.

(À SUIVRE)

dimanche 8 janvier 2017

D'où vient le projet d’UNION des églises et comment il produisit par ses manigances ENCORE PLUS DE DIVISIONS

Sur le blog de Claude 
Un document particulièrement important et éclairant sur l'évolution et le devenir de l'Église à la suite de l'entreprise oecuméniste. Prenez le temps de le lire soigneusement et vous comprendrez beaucoup de choses…






Cet article présente une étude sérieuse sur la tragédie grecque née de l'introduction du nouveau calendrier par le regrettable Metaxakis. Datant de 1994, il ne tient pas compte de l'évolution contestable de Bartholomée après cette date.

Cahiers d'études sur la Méditerranée orientale 
et le monde turco-iranien 
n° 17, janvier-juin 1994 

LES ANCIENS CALENDARISTES DEPUIS 1923 ET LA MONTEE DE L'INTEGRISME EN GRECE 

par Dimitri KITSIKlS 

Quand, en 1981, le président Konstantinos Karamanlis réussit le tour de force de faire admettre son pays, à part entière, dans la Communauté européenne, bien peu de voix s'élevèrent, aussi bien en dehors qu'à l'intérieur de la Grèce, pour contester la sagesse d'une pareille intégration. Pourtant, cette décision reposait sur un quiproquo : pour les Occidentaux, il allait de soi que la Grèce était la mère des valeurs occidentales et qu'en conséquence, il était normal de la faire entrer dans la famille européenne, d'autant plus qu'à l'époque les autres pays de l'Europe orientale se trouvaient isolés dans le camp communiste; pour les Grecs, la CEE offrait, à moindres frais, son auvent protecteur contre le retour des colonels, tout en constituant, grâce à ses programmes d'aide financière, une merveilleuse vache à lait. C'est pour cette seconde raison, en particulier, qu'Andréas Papandreou, venu au pouvoir - et pour huit ans - quelques mois seulement après l'entrée de la Grèce dans la CEE, accepta d'y demeurer, alors qu'il s'y était opposé jusqu'alors (1). 

GRECE ET OCCIDENT 

Dans tous mes écrits, et d'une façon systématique depuis 1967, je me suis efforcé de prouver que la Grèce faisait partie de la grande famille des pays non occidentaux. A cette fin, j'ai créé les concepts de "région intermédiaire" (région de civilisation, incluant la Grèce, en Eurasie, entre Occident et Orient), de "parti oriental", s 'opposant depuis 1081, en Grèce, au "parti occidental" et d'"hellénoturquisme", idéologie du parti oriental, depuis le XVe siècle, qui exprimait sa préférence pour l'élément turc, face à l'ennemi absolu que représentait l'élément franc, à savoir l'Occident (2). Néanmoins, une caractéristique commune unit aujourd'hui les intellectuels des deux partis : l'hellénocentrisme. Orientalistes et occidentalistes s'accordent sur le point que la Grèce a toujours constitué le centre de la civilisation mondiale et a donné en tant que mère universelle, naissance à beaucoup d'enfants. Mais pour les occidentalistes, le plus bel enfant de la mère-Grèce est l'Occident, tandis que pour les orientalistes, son plus bel enfant est l'Orient, l'Occident franc étant un bâtard manqué, qui aurait compris de travers - à cause de ses capacités mentales réduites - les enseignements de sa mère, la Grèce. Ce jeu mental des intellectuels grecs se joue autour du personnage capital d'Alexandre le Grand. Pour les occidentalistes, Alexandre le Grand s'est trompé de direction : au lieu de partir vers l'est, chez des peuples incapables d'être civilisés, il aurait dû se diriger vers l'ouest, où le terreau humain était plus propice à l'éclosion de la civilisation. Pour les deux partis, tous les non-Grecs, à l'ouest comme à l'est, continuent encore de nos jours à être des barbares. Ainsi, les patriarcats orthodoxes se réfèrent-ils à leur apostolat dans le monde, en dehors de la "région intermédiaire", comme à une action menée eis tas barbarikas chôras, "dans les pays barbares". 

Tous les intellectuels grecs considèrent comme évident que la Grèce est le nombril, omphalos, du monde et ne souffrent aucune critique sur ce point. Il est caractéristique, à ce sujet, que trois "causes célèbres" de ces vingt dernières années, concernant l'historien grec-américain L.S. Stavrianos, le philosophe Roger Garaudy et l'historien Jean-Baptiste Duroselle, ont fait l'unanimité des occidentalistes et des orientalistes. Ces trois personnalités ont été attaquées et proclamées ennemis de la Grèce, y compris par le professeur à la Sorbonne d'origine grecque, Hélène Ahrweiler, parce que, dans leurs écrits, ils auraient contesté la primauté de la civilisation grecque et de l'orthodoxie hellénique (3). Dans son numéro du 11 juillet 1993, le quotidien athénien pro-occidental et pro-européen Hê Kathêmerinê se faisait l'écho des inquiétudes françaises devant la montée du nationalisme et de l'intégrisme en Grèce, en titrant un article "Une série de publications françaises anti-grecques 

nous laissent perplexes". VENIZELOS ET L'OCCIDENTALISATION DE LA GRECE 

"Je suis un Gréco-latin" disait de lui-même Eleutherios Venizelos (4). Sa maison, dans le quartier de Halepa de la ville de Chania (La Canée), en Crète, bordée de la rue Phragkokastellou ("du château franc"), était située à proximité des soeurs catholiques françaises de Saint Joseph. C'était là toute une symbolique du milieu franc de la Crète que prisait particulièrement Venizelos. A sa venue au pouvoir, à Athènes, en 1910, le grand Crétois devenait l'héritier du parti occidental - les libéraux - qui depuis l'assassinat, en 1831, du chef du parti oriental, Ioannis Kapodistrias, avait presque monopolisé le pouvoir à Athènes. Dès 1833, sous la pression de la Grande-Bretagne, secondée par la France, dans sa lutte contre l'influence russe, fut prise la décision unilatérale de créer une Eglise de Grèce autocéphale, malgré les véhémentes protestations du patriarche oecuménique d'Istanbul et l'opposition populaire. Le but de l'opération avait été la division de l'Orthodoxie, son affaiblissement et son asservissement, au travers de son occidentalisation. Par la suite, les nouveaux Etats des Balkans, eux aussi sous influence occidentale, suivirent l'exemple d'Athènes et se détachèrent du Phanar, à Istanbul. 

En Grèce, le prélat qui contribua le plus à l'occidentalisation de l'Orthodoxie fut Meletios Metaxakis (1871-1935). Le ministre de Venizelos, Andreas Michalakopoulos (1875-1938), l'un des plus importants collaborateurs du Crétois, dans une longue lettre à son président du conseil en date du 10/23 novembre 1916, lui exposa la nécessité d'une profonde réforme de l'Eglise grecque, ayant pour objectif son occidentalisation complète. Et son choix s'était porté sur Metaxakis qui, depuis 1910, était métropolite de Kition (Larnaka), à Chypre. 

L'histoire de la Grèce montre que, depuis 1831, l'occidentalisation du pays a été imposée par l'Europe et ce systématiquement, d'une façon non démocratique. Venizelos lui-même est venu au pouvoir à la suite du coup d'Etat militaire de 1909. En septembre 1916, avec l'aide des militaires, il fit un second coup d'Etat et installa à Thessalonique, sous la protection du général Sarrail, chef des forces de l'Entente dans la ville, un gouvernement rival du gouvernement légitime d'Athènes; il fit de Michalakopoulos l'un de ses ministres. En 1917, Venizelos revint au pouvoir à Athènes, littéralement "dans les fourgons de l'étranger". Le troisième et dernier coup d'Etat militaire de sa carrière, il le tenta en 1935, un an avant sa mort, mais, cette fois, il échoua. Il est, par conséquent, assez piquant de voir aujourd'hui Athènes et la Grèce ornées de nombreuses statues du "grand démocrate" Venizelos - et même, devant le Parlement, une statue de lui érigée en 1989 - alors que les statues de son adversaire du parti oriental, Metaxas, coupable d'un seul coup d'Etat, celui de 1936, ont été jetées à terre sur tout le territoire. Le même sort attendait les officiers Georgios Papadopoulos et Dimitri Ioannidis, du parti oriental, coupables eux aussi d'un seul coup d'Etat chacun et qui, après 1974, furent condamnés à la prison à vie. 

Voici les éléments essentiels de la lettre de Michalakopoulos du 10/23 novembre 1916 : "Mon respecté Président, je vous disais, il y a longtemps de cela, en conseil des ministres, que, lorsque nous aurions terminé avec succès la lutte nationale que vous avez entreprise, il faudrait, pour le bien du pays, que vous en preniez en charge une autre, également importante, celle de la modernisation de nos affaires religieuses... Vous aurez besoin, à la tête de cette réforme vraiment révolutionnaire, d'un prélat aux larges vues, à peu près comme vous en politique. Vous l'avez : il s'agit de celui de Chypre [Meletios Metaxakis]. Il deviendra, sous votre houlette, le Venizelos de l'Eglise de Grèce. 

"Quels sont les éléments qui nécessiteront une réforme (une fois que la révolution politique aura écarté l'archevêque d'Athènes Prokopios et ses pareils) dans les cercles intellectuels et monastiques, et aura mis en place la hiérarchie ecclésiastique et le Synode oecuménique, ou peut-être seulement grec ?... 

"a) Abolition des jeûnes qui sont aujourd'hui une simple formalité. Personne ne jeûne, sauf celui qui n'a rien à manger. Les Anglais et les Allemands et même les Italiens du Nord, qui ont été libérés du fanatisme religieux, mangent bien et, en mangeant bien, ils travaillent bien et ils bâtissent une bonne race. La nourriture apporte la force nécessaire au travail et le travail apporte le profit et le profit la bonne nourriture. Je ne pense pas que les Italiens du Nord soient pires que ceux du Sud, que l'importante propagande de la société Dante Alighieri n'a pas réussi à arracher aux griffes des préjugés religieux. 

"b) Modernisation des diverses cérémonies et messes. Présence moindre du curé, du chantre, du diacre et présence accrue du prédicateur interprète. Que peut bien comprendre le peuple qui suit les cérémonies religieuses... de ces heures dépensées et de la station debout? Rien. Si le curé avait l'obligation de lire deux ou trois hymnes... et d'enseigner pendant une demi-heure, les auditeurs, dans un temps plus court, en profiteraient beaucoup plus, du point de vue social, moral et patriotique. 

"c) ... Les prêtres en sortant des écoles spéciales auront appris, non point ce que signifie [telle phrase de la messe, que Michalakopoulos ne connaît pas non plus, puisqu'il la cite de travers]... mais comment ils pourront parler, d'une façon intelligible, au peuple, de la sobriété, de l'épargne... de l'amour de la patrie, même des devoirs politiques de leurs auditeurs, etc., etc. 


"d) On abolira les différentes fêtes des Saint Athanase, des Saint André et ainsi de suite, qui ne sont que prétexte à l'oisiveté. Le dimanche férié et deux ou trois jours fériés par an satisferont bien assez la paresse. Dans les villages, les jours fériés sont plus nombreux que les jours de travail... D'où l'oisiveté et ses conséquences néfastes : l'ivresse, le jeu et le crime, pendant le temps qui reste libre dans la journée, à la sortie de la messe. Evidemment, il n'est pas possible [malheureusement] de faire disparaître la notion de sainteté... A un certain moment, était tombé entre mes mains un livre français, que mon goût pour la lecture m'avait fait lire, qui portait le titre Panorama du prédicateur, un gros ouvrage... On publiera un livre de ce genre, fruit de la collaboration de bons auteurs ecclésiastiques et laïcs. Et le mot "saint" disparaîtra. . . "

e) Les monastères, source de toute corruption et de tous les abus de fortune et moraux, seront abolis. Leurs terres passeront entre les mains des paysans... "Bien entendu, ce qui précède n'est qu'une toute petite partie du programme. Bien autre chose aura besoin d'être réformée... On vous dira, Monsieur le Président, que la mise en oeuvre d'une telle entreprise est chose ardue; que le peuple se soulèvera contre les nouveaux iconoclastes; que se dressera la révolution contre les impies. Rien de tout cela ne se produira, à partir du moment où aura grandi votre propre prestige... Si l'Entente, comme nous en sommes tous persuadés, dicte les conditions de la paix, alors l'Angleterre offrira à Venizelos, en tant qu'incarnation de la Grèce, au moins Chypre... Et si nous réussissons sur le plan national, alors l'autre épuration, l'épuration intérieure suivra et personne ne sera de taille à provoquer des troubles... La hiérarchie ecclésiastique que nous formerons pour préparer la réforme aura à répondre à la nécessité du règlement de nos affaires religieuses, à la suite de l'abolition de l'Etat turc et de la réduction de l'espace où s'exerce la juridiction du patriarcat oecuménique. Ensuite, je suis d'avis que la plus grande partie du peuple grec - les ouvriers, les agriculteurs - n'aime pas, au fond, les choses religieuses et n'est pas respectueuse de la religion. Seules les femmes vont à l'église; les ouvriers, comme les agriculteurs, portent les jurons contre les choses divines sur les lèvres, telle leur salive de tous les jours. D'ailleurs, pour le moment, la décoration et l'arrangement intérieurs des églises ne changeront pas... La lutte qui fut menée dernièrement, en France, n'était pas moindre que celle que nous prévoyons ici... Vôtre, Andreas Michalakopoulos" (D. Gatopoulos, Andreas Michalakopoulos, 1875-1938, Athènes, Eleutheroudakis, 1947, pp. 90-93. Ouvrage en grec, fondé exclusivement sur les archives privées de l'homme d'Etat qui, par la suite, devint président du conseil). 

Ce document, pratiquement inconnu en Grèce, dont la présentation que j'en ai faite en 1991 (5) souleva des remous dans les milieux ecclésiastiques d'Athènes, est essentiel pour comprendre les causes du schisme de 1923. Le caractère éminemment anti-orthodoxe des propositions de Michalakopoulos peut être mieux saisi si l'on se rappelle que la différence essentielle, depuis 1054, entre le christianisme oriental et le christianisme occidental, d'après les défenseurs du premier, est que "l'Orthodoxie se vit", hê Orthodoxia biônetai, "l'Orthodoxie se vit" et ne se pense pas, contrairement au catholicisme et au protestantisme. Par conséquent, le coeur qui est le centre de l'esprit, l'emporte sur le mental; le typikon (rituel) est plus important que la prédication. Pour un orthodoxe, c'est un non-sens de remplacer le jeûne par la bonne action sous prétexte que cette dernière est, socialement, plus utile. 

Le prélat qui avait la préférence des libéraux, Meletios Metaxakis, était un Crétois, comme Venizelos. En 1918, ce dernier le fit chef de l'Eglise de Grèce, c'est-à-dire "métropolite d'Athènes", comme était appelé à l'époque le prélat qui porte aujourd'hui le titre d'"archevêque d'Athènes et de toute la Grèce". Il avait alors 47 ans. Il fut immédiatement utilisé par le gouvernement, pour sa propagande, à Paris, à Londres et à Washington (6). A la chute de Venizelos, à la fin de 1920, Meletios fut, lui aussi, renversé et il s'exila aux Etats-Unis. En janvier 1922, ce prêtre politicien fut élu patriarche oecuménique à Istanbul, en pleine occupation alliée et aux jours les plus sombres pour le peuple turc, qui était alors à deux doigts de sa disparition en tant que peuple indépendant. C'est alors qu'il rentra des Etats-Unis pour s'installer dans la capitale ottomane conquise, sous le nom de Meletios IV. Il est donc normal qu'à la suite de la défaite grecque il dût quitter la Turquie. Il devint alors le principal responsable du schisme à l'intérieur de l'Orthodoxie, en imposant à l'Eglise de Grèce le changement du calendrier. En effet, à partir du 10/23 mars 1923, le calendrier julien ou ancien calendrier fut remplacé par le calendrier occidental ou grégorien, que le coup d'Etat grec de 1922, réussi par des militaires vénizélistes, avait introduit. L'ancien calendrier retardait sur le nouveau de treize jours, pour le XXe siècle. Ceux qui refusèrent l'occidentalisation par coup d'Etat furent appelés "anciens calendaristes". 

LA NAISSANCE DE LA QUESTION DU CALENDRIER 

Au nombre des innovations qui jalonnent l'histoire de l'Eglise catholique de Rome, du IXe au XIXe siècle (primauté du pape, fïlioque, hostie, baptême sans immersion, purgatoire, confirmation, immaculée conception) nous trouvons le changement de calendrier opéré le 24 février 1582 par le pape Grégoire XIII (1572-1585), qui remplaça celui de Jules César par le sien. La raison invoquée pour justifier cette innovation était sa plus grande précision astronomique : alors que le calendrier julien comptait, dans une année solaire, 365 jours et 6 heures, le calendrier grégorien comptait 365 jours, 5 heures, 48 minutes et 46,08 secondes. 

L'insistance de la papauté à vouloir imposer, dès le départ, à tous les chrétiens, ce nouveau calendrier, fut interprétée par les orthodoxes comme une preuve supplémentaire de la volonté papale d'étendre son pouvoir politique sur toute l'Europe par le biais d'innovations diverses, en apparence anodines. Pour cette raison, les conciles de Constantinople de 1587 et de 1593, condamnèrent ce "calendrier papal". La dispute ne porta donc pas sur la question scientifique, mais sur les problèmes théologiques et politiques. Il est important de noter, à ce sujet que, pour les orthodoxes, le catholicisme n'a jamais été considéré comme un simple schisme, mais comme une grave hérésie religieuse, poussée par une volonté insatiable de pouvoir politique. 

En 1910, le professeur J. Sokolov, de l'Académie de Théologie de Saint-Pétersbourg, déclara que la réforme du calendrier de 1582 "fut immédiatement considérée, dans l'Orient orthodoxe, comme une innovation ecclésiastique et religieuse et comme une manifestation de la tendance habituelle à l'absolutisme ecclésiastique qui prédomine en Occident, dont le rêve fut, est et sera d'étendre son influence sur l'Orient orthodoxe. Cet acte fut, en d'autres termes, considéré comme une nouvelle campagne papale dirigée contre l'Orthodoxie en Orient. Et c'est en tant que telle que cette innovation fut immédiatement condamnée" (7). 

L'Eglise de Grèce, en adoptant, en 1923, le calendrier grégorien, succomba certes à la latinisation mais fit néanmoins exception pour Pâques, qu'elle continua à fêter selon l'ancien calendrier. En effet, le comput pascal orthodoxe est fondé sur la séquence des événements du Nouveau Testament. La Pâque juive eut lieu un vendredi et un samedi. Le vendredi 14 nisan, Jésus-Christ fut crucifié; le samedi, il demeura dans la tombe et tôt le matin du premier jour de la semaine, le 16 nisan, il ressuscita. C'est la raison pour laquelle, dès le premier siècle de la chrétienté, l'habitude fut établie de fêter Pâques après la Pâque juive, selon la prescription du 7e canon apostolique. De plus, la Pâque du Nouveau Testament symbolise la substitution du sacrifice de l'agneau de l'Ancien Testament, par le sacrifice rédempteur de Jésus-Christ. Par conséquent, ce dernier ne peut en aucun cas précéder le sacrifice de l'agneau juif. Mais, à cause du calendrier grégorien et rien que pour la période de 1851 à 1950, les nouveaux calendaristes fêtèrent Pâques quinze fois avant les juifs et plusieurs fois, en même temps qu'eux. Il est donc évident, pour les Orthodoxes, que les adeptes du calendrier grégorien transgressent l'un des canons fondamentaux de l'Eglise. La solution tolérée par les anciens calendaristes est d'utiliser le calendrier julien pour la vie religieuse (et non seulement pour Pâques) et le calendrier grégorien pour la vie civile. Avant 1923, les deux dates étaient indiquées tous les jours. 

L'ESSENCE DU CONFLIT : "L'HERESIE DE L'OECUMENISME". 

L'Eglise orthodoxe est, par définition, catholique - mot grec qui signifie universel - et oecuménique - du grec qui signifie mondial. Il va de soi qu'elle ne peut être contre l'idée d'oecuménisme. Le schisme et l'hérésie sont des anomalies qui vont à rencontre du principe de l'Eglise une et universelle. Mais si, dans les choses laïques, le compromis, au travers de la diplomatie, est essentiel et souhaitable, dans les questions du dogme chrétien, tout compromis est trahison. Ainsi n'est-il pas possible de réciter le Credo avec le filioque ou sans le filioque, selon les goûts de l'auditoire : il faut trancher pour ou contre. D'autre part, selon l'Eglise orthodoxe, la vérité religieuse étant absolue, c'est la société qui doit s'adapter à la religion et non le contraire. Par conséquent, les innovations sont condamnables et ne peuvent se justifier par l'idée qu'il faut "s'adapter à une société changeante". 

Les rapports entre l'Eglise orthodoxe et l'Etat étaient fondés sur le modèle byzantin établi au IVe siècle entre le premier empereur chrétien, Constantin le Grand, et l'Eglise. La théocratie byzantine découlait de l'idée essentielle de l'unité dialectique du corps et de l'esprit, le corps étant César et l'esprit étant l'Eglise; Ce rapport dialectique excluait, d'une part, toute séparation entre l'Eglise et l'Etat et, d'autre part, tout césaropapisme - l'Etat dictant sa volonté à l'Eglise - ou papocésarisme - l'Eglise dictant sa volonté à l'Eglise.

La décision de 1833 de créer une Eglise autocéphale de Grèce, schismatique par rapport au patriarcat otcuménique, avait établi le césaropapisme : l'Eglise devait obéir au roi Othon qui devenait son chef, bien qu'étant lui-même catholique. Cette réforme d'occidentalisation radicale avait été mise sur pied par le protestant bavarois Georg von Maurer (1790-1872), que le roi Othon avait nommé membre du triumvirat dirigeant le nouveau royaume. Dans ce climat se développa une certaine idée d '"oecuménisme", de confusion grandissante entre le dogme orthodoxe et les dogmes occidentaux du catholicisme et du protestantisme. C'est ainsi que des missionnaires protestants étrangers prêchaient dans les églises orthodoxes de Grèce, en présence d'évêques orthodoxes. D'ailleurs, lorsque le roi bavarois catholique, Othon, fut installé à Athènes, il fut reçu par l'évêque orthodoxe de l'Attique, Neophytos Metaxas, entouré de pasteurs protestants. C'était là une image frappante d '"oecuménisme" qui, par la suite, et d'une façon systématique, au nom de l'union des Eglises, allait essayer de faire disparaître le dogme orthodoxe. Les étudiants grecs qui allaient étudier la théologie dans les écoles catholiques ou protestantes d'Occident revenaient en Grèce et enseignaient ce qu'ils avaient appris, afin de former des théologiens orthodoxes ! Les formes extérieures de la liturgie orthodoxe changèrent, au travers du chant occidental, des instruments de musique occidentaux, de la peinture religieuse occidentale, du piétisme occidental (par exemple, les fidèles orthodoxes qui ne s'agenouillaient jamais pendant la messe du dimanche, ce jour étant jour de résurrection du Seigneur, commencèrent à suivre l'exemple catholique de la génuflexion). 

Un autre exemple de cet "oecuménisme" fut la construction, à partir de 1838, de la cathédrale orthodoxe d'Athènes (mêtropolitikos naos ton Athênôn). Le plan primitif fut tracé par le Danois Theofil Hansen. Il s'agissait d'un mélange d'architecture romane, gothique, de renaissance occidentale, enfin byzantine. Ce projet fut remanié par l'architecte grec Dimitri Zezos et lorsque, en mai 1862, la cathédrale fut terminée, elle ne ressemblait à rien : elle était "oecuménique" ! 

Cette situation de colonisée dans laquelle entra l'Orthodoxie en Grèce à partir de 1833 fit de 1' "oecuménisme", aux yeux des traditionalistes, une hérésie majeure. La lutte ecclésiastique, allant de pair avec la lutte nationaliste de libération contre la pression occidentale, transforma le traditionalisme en intégrisme, c'est-à-dire que l'Orthodoxie fut utilisée comme idéologie politique. C'est ainsi que naquirent d'ailleurs, dans le tiers-monde, tous les intégrismes, aussi bien dans le monde de l'islam que dans celui de l'hindouisme. 

MELETIOS METAXAKIS, SYMBOLE DE LA TRAHISON DE L'ORTHODOXIE : LE "FRANC-MACON, L'INNOVATEUR, L'OECUMENISTE". 

La franc-maçonnerie a toujours été condamnée par les traditionalistes comme un produit idéologique de l'Occident totalement étranger à l'esprit orthodoxe. 

En 1967 fut publié, dans le bulletin officiel de la grande loge maçonnique de Grèce, un éloge de la personnalité du franc-maçon Meletios. En voici quelques extraits : "La première fois qu'il passa par Istanbul (en 1906) il fit la connaissance de francs-maçons... Ceux-ci... lui proposèrent, pendant son deuxième séjour à Istanbul, de devenir franc-maçon (1908)... Il demanda à ses collaborateurs, qu'il estimait, de lui donner des informations sur la franc-maçonnerie, afin de se décider... à suivre l'exemple de tant d'évêques anglais et autres évêques étrangers, à connaître et à s'initier, lui aussi, aux mystères qui se cachent dans la franc-maçonnerie. On le mit en contact avec la loge Harmonia, n°44, d'Istanbul... et ainsi Meletios reçut la lumière maçonnique, au début de 1909... Peu nombreux sont ceux qui, comme le frère Meletios, ont fait de la franc-maçonnerie l'objet de leur vie de tous les jours" (8). 

En mai 1923, à Istanbul, le patriarche oecuménique Meletios convoqua un "Congrès panorthodoxe" (titre novateur en lui-même pour une réunion ecclésiastique) qui décida du changement du calendrier, de la coupe de la barbe et des cheveux, du remplacement de la soutane par l'habit des pasteurs anglais, enfin de la possibilité pour un prêtre orthodoxe de se marier une seconde fois; quant au nombre de jours de jeûne et à son étendue, il en laissa le règlement aux Eglises locales. 

Au cours du Congrès panorthodoxe d'Istanbul, qui dura du 10 mai au 8 juin 1923, le patriarche Meletios invita à prendre part aux réunions et à s'asseoir à sa droite un prélat de l'Eglise anglicane, l'évêque d'Oxford, Mgr Gore, président du comité permanent des relations entre les Eglises de l'archevêché de Canterbury. Dans les discours, de part et d'autre, on exprima le souhait d'une prochaine union des Eglises orthodoxe et anglicane (9). Il faut noter qu'à ce "congrès panorthodoxe", trois pays seulement étaient représentés : la Grèce, la Serbie et la Roumanie. Etaient absents, en particulier, les patriarcats d'Alexandrie, d'Antioche et de Jérusalem. Au même moment, le 25 février 1923 (ancien calendrier), l'archimandrite Chrysostomos Papadopoulos, soutenu par Venizelos et Meletios, monta sur le trône de l'Eglise de Grèce, en tant que métropolite d'Athènes, et accepta l'introduction du nouveau calendrier. En bref, c'est le triumvirat Meletios- Chrysostomos-gouvernement révolutionnaire, issu du coup d'Etat des officiers vénizélistes Gonatas et Plastiras, qui imposa le nouveau calendrier. 

L'Eglise de Grèce, dans sa réunion du 24 décembre 1923, à Athènes, en présence du "chef de la révolution", le colonel Nikolaos Plastiras, du président du conseil du "gouvernement révolutionnaire", le colonel Stylianos Gonatas, et du ministre des Affaires religieuses A. Stratigopoulos, prit la décision définitive de changer le calendrier. Plastiras dicta sa volonté aux prélats et, s'adressant à eux, déclara : "La Révolution vous prie donc, mes respectés prélats, en laissant de côté toute préférence personnelle, de procéder à l'épuration de l'Eglise... La Révolution espère que sortira de vos travaux une oeuvre utile pour la nouvelle génération et se considérera heureuse de voir la mise en route de la renaissance de l'Eglise... Elle souhaite, par conséquent, que vous ne vous limitiez pas aux canons ancestraux, mais que vous procédiez à des mesures radicales"(10). 

L'intervention brutale de la politique dans la religion pour l'obliger à trahir ses dogmes et à s'engager, malgré elle, sur la voie de l'hérésie et du reniement, ne peut pas ne pas nous rappeler les efforts similaires entrepris par Mustafa Kemal Atatürk en Turquie pour "moderniser" l'islam. La montée actuelle de l'intégrisme dans ces deux pays est le résultat de ces coups de force qui blessèrent profondément le sentiment religieux, en Grèce comme en Turquie. 

Le successeur de Meletios Metaxakis au trône patriarcal d'Istanbul en 1923 Gregorios VII, prit acte du changement du calendrier, sans pouvoir s'y opposer. D'ailleurs il ne demeura en place que 13 mois, ayant rendu l'âme le 11 novembre 1924. En expliquant à son Saint Synode pourquoi il avait accepté ce changement, bien qu'il y fût personnellement opposé, il déclara : "Malheureusement, le changement de calendrier a été imposé par le gouvernement grec" (11) . 

LE SCHISME : FORMATION DE L'EGLISE DES ANCIENS CALENDARISTES 

Etant donné que, dès le départ, les nouveaux calendaristes essayèrent de ridiculiser ceux qui voulurent demeurer fidèles au patrio hêmerologio, le "calendrier de nos pères", en faisant croire que ces derniers étaient des ignorants qui rejetaient les progrès de la science et donc un calendrier plus "scientifiquement" exact, les opposants aux réformes refusèrent d'être appelés "anciens calendaristes". En effet, accepter cette appellation forgée par les innovateurs, c'était faire croire que tout le désaccord se résumait à une question de 13 jours, c'est-à-dire au nombre de jours qui sépare au XXe siècle le calendrier julien du calendrier grégorien. La majorité de la population, n'ayant que très peu ou pas de connaissances théologiques, ne pouvait pas comprendre que l'essence du conflit portait sur un ensemble de réformes qui changeait les fondements mêmes de l'Orthodoxie. De plus, l'Orthodoxie ayant toujours été liée au caractère même de la civilisation grecque d'après J.-C., ces réformes avaient des conséquences très importantes pour la survie même de cette civilisation. Les opposants préférèrent donc s'appeler gnêsioi orthodoxoi christianoi (G.O.Ch.), c'est-à-dire "chrétiens orthodoxes authentiques" ou bien enistamenoi, "résistants". Cette résistance prit, dès le départ, le caractère d'une kinêsis, "mouvement", à caractère politique, violemment anti-occidental, anti-parlementaire et d'un monarchisme de type byzantin, excluant l'idée d'une royauté constitutionnelle occidentale. 

Pendant la première année du schisme - 1924 - le nombre des "résistants" était fort limité, bien qu'ils reçussent le ferme soutien du patriarche d'Alexandrie, Photios, et celui de quelques historiens de l'Eglise de premier plan. Pendant les six premiers mois, ils n'avaient même pas de prêtre à leur disposition pour célébrer la messe. Un miracle qui se produisit, dans la nuit du 14 au 15 septembre 1925, pendant la célébration de l'élévation de la Sainte Croix, Hypsôsis tou Timiou Stavrou, selon le calendrier julien, dans une petite église, en dehors d'Athènes, incita un grand nombre de fidèles à revenir à l'ancien calendrier. En effet, la croix apparut dans le ciel juste avant minuit et demeura visible pendant près d'une heure pour les fidèles et la police qui en furent témoins. La police avait été appelée sur place pour empêcher la célébration des "résistants". 

Le mouvement reçut, dans les années suivantes, l'appui de moines du Mont Athos qui voyagèrent à travers la Grèce pour réveiller les fidèles à la tradition et fonder les premières églises traditionalistes, ainsi que les premiers monastères de l'ancien calendrier. Cet appui du Mont Athos représenta le premier danger sérieux pour l'Eglise officielle du nouveau calendrier. En effet, la Sainte Montagne, Hagion Oros, comme les Grecs appellent le Mont Athos, a représenté pendant mille ans le centre spirituel de l'Orthodoxie. 

Dans la tradition orthodoxe, les moines sont gardiens de la foi et sont donc beaucoup plus importants que les prêtres. Ces derniers, comme les laïcs, vont dans les monastères pour y recevoir leur direction spirituelle. Les moines orthodoxes sont divisés en deux catégories : les simples monachoi qui n'ont pas reçu le sacrement de la prêtrise, et les hieromonachoi qui sont également prêtres et peuvent donc dire la messe. Mais la spiritualité des uns comme des autres ne dépend pas de leur statut. Simplement, les seconds peuvent devenir évêques, car les hieromonachoi ne sont pas mariés (de même que les monachoi), tandis que les simples curés doivent être obligatoirement mariés et, par conséquent, ne peuvent devenir évêques. Les plus hauts personnages, prélats ou laïcs, reconnaissent dans les monastères et, en particulier, dans le Mont Athos, les phares de l'Orthodoxie et s'y rendent pour y recevoir la lumière. L'empereur de Byzance, Ioustinianos le Grand (527-565), se réjouissait de voir ses sujets grossir les rangs des monastères, au lieu de ceux de son armée, car les moines sont l'armée spirituelle qui rend l'Etat orthodoxe invincible. 

Le Mont Athos est également appelé le "jardin de la Vierge" et les moines sont persuadés qu'il se trouve sous la protection personnelle de la Vierge. Pour cette raison, pensent-ils, le Mont Athos est éternel, puisque jamais la Vierge ne laissera tomber son "jardin". Le premier typikon du Mont Athos qui, de nos jours encore, règle la vie sur la Montagne Sainte, date de 971-972. A la fin du Xle siècle, l'empereur de Byzance, Alexios 1er Komnênos (1081-1118), pour parer à la multiplication des bergers valaques qui faisaient paître leurs troupeaux sur la Montagne Sainte et troublaient la vie monastique, signa un chrysobulle qui interdit leur entrée, ainsi que celle de toute personne de sexe féminin. De 1204 à 1430, les moines du Mont Athos luttèrent avec acharnement contre tout oecuménisme avec les catholiques qui, à l'époque, s'appelait "l'union des Eglises". Ils furent finalement sauvés des visées papales par l'Ottoman Murat II qui, en occupant Thessalonique en 1430, reçut en même temps le soutien du Mont Athos et qui, en échange, lui renouvela tous les privilèges dont il jouissait sous l'Empire byzantin; privilèges confirmés plus tard par le Fatih (Mehmet le Conquérant). Les décrets des sultans appelaient le Mont Athos "le pays où, nuit et jour, est béni le nom de Dieu et qui est le refuge des pauvres et des étrangers" . 

L'Etat grec réagit contre le mouvement ancien-calendariste, en collaboration avec l'Eglise officielle. Les prêtres récalcitrants furent arrêtés et envoyés en exil sur le Mont Athos. Des églises furent fermées et les messes traditionalistes furent interrompues de force. 

Malgré cette persécution, 800 communautés ancien-calendaristes avaient été formées avant 1934 à travers la Grèce. Ces communautés étaient principalement servies par des hieromonachoi du Mont Athos. Mais la nécessité de former un clergé traditionaliste se faisait sentir, en attendant que l'Eglise officielle retourne à l'ancien calendrier. Des contacts furent établis avec les anciens calendaristes de Roumanie et d'Alexandrie, où le calendrier grégorien avait été introduit, respectivement en octobre 1924 et en octobre 1928, et qui eux aussi étaient sans évêques. Pendant cette première période "des catacombes", les traditionalistes grecs commençèrent à publier, tous les quinze jours, un journal, Phonê tês Orthodoxias ("Voix de l'Orthodoxie"), à partir de 1927 et un mensuel, Orthodoxos Kêryx ("Héraut orthodoxe") à partir de 1930. 

Un événement majeur se produisit en mai 1935 : onze évêques de l'Eglise officielle décidèrent de retourner à l'ancien calendrier et de prendre en charge les communautés traditionalistes. Néanmoins, la pression qui s'exerça sur eux fît que huit d'entre eux se dédirent au dernier moment. Les trois évêques qui persévérèrent étaient Germanos de Demetrias, Chrysostomos de Zakynthos et Chrysostomos de Fiorina (1870-1955), ce dernier devenant le chef de l'Eglise des anciens calendaristes. En mai 1935, ils publièrent une déclaration de séparation immédiate de l'Eglise officielle et de retour à l'ancien calendrier. Prévoyant leur arrestation imminente, les trois métropolites consacrèrent immédiatement quatre autres évêques, Germanos des Cyclades, Polykarpos de Diavleia, Christophoros de Megara et le moine du Mont Athos Matthaios de Vresthena. Les trois métropolites et les quatre évêques furent aussitôt déposés par l'Eglise officielle et envoyés en exil dans des monastères éloignés. Chrysostomos de Zakynthos et deux des quatre nouveaux évêques, Polykarpos et Christophoros, firent repentance et réintégrèrent l'Eglise des nouveaux calendaristes. Les quatre autres, après quelques mois d'exil, retournèrent à Athènes, avec l'acceptation tacite des autorités, où ils formèrent le premier Saint Synode de "l'Eglise des Chrétiens authentiques de Grèce", sous la présidence du métropolite. 

A partir de 1937, la division frappa le mouvement ancien-calendariste et continua à le frapper jusqu'à nos jours. Cette grave faiblesse empêcha le mouvement de jouer le rôle de coordonnateur et de leader de l'action intégriste. Bien des traditionalistes préférèrent demeurer au sein de l'Eglise officielle, tout en luttant de l'intérieur pour un retour à l'ancien calendrier. Ainsi est-il pratiquement impossible de connaître, en Grèce et dans la diaspora, le pourcentage des Orthodoxes qui sympathisent avec les anciens calendaristes, puisque l'intégrisme se développe également en plein milieu de l'Eglise néo-calendariste. Simplement, l'intransigeance des anciens calendaristes fait de ces derniers le point de référence de la pureté "idéologique", surtout dans la diaspora occidentale, où les dangers d'assimilation au catholicisme et au protestantisme sont plus grands. 

En 1937, les évêques Germanos des Cyclades et Matthaios de Vresthena se séparèrent du métropolite Chrysostomos, parce que ce dernier avait déclaré que l'Eglise néo-calendariste, malgré ses erreurs, continuait à posséder la grâce du Saint-Esprit dans ses Mystères (sacrements). Pour le modéré Chrysostomos, les néo-calendaristes étaient coupables d'un schisme potentiel (dynamei) et non d'un schisme opérant (energeia), jusqu'au jour où une assemblée panorthodoxe déciderait du retour à l'ancien calendrier. Une telle position permettait de ne pas couper les ponts avec les anciens calendaristes de coeur qui, pour des raisons tactiques demeuraient dans l'Eglise officielle, dans l'espoir de la faire revenir à la tradition. Néanmoins, même pour le métropolite Chrysostomos, il était exclu de communier avec 
l'Eglise néo-calendariste. Les intransigeants Germanos et Matthaios ne tardèrent pas à se brouiller entre eux, après leur départ, et ainsi il y eut trois factions ancien-calendaristes. 

Jusqu'à la deuxième guerre mondiale, les persécutions de l'Etat contre les anciens calendaristes se poursuivirent et le métropolite Chrysostomos fut, à trois reprises, traîné devant les tribunaux civils, en 1937, 1938 et 1940, mais chaque fois acquitté. 

En 1945, la position du chef de l'Eglise des anciens calendaristes, le métropolite Chrysostomos de Fiorina, qui persistait dans sa modération, fut affermie par le retour dans son Eglise des évêques Polykarpos de Diavleia et Christophoros de Megara, ainsi que du retour, en 1950, de l'évêque Germanos des Cyclades qui amena avec lui l'ensemble de son clergé. Par contre, l'évêque Matthaios de Vresthena persista dans son intransigeance et devint le chef des anciens calendaristes les plus extrémistes qui refusaient d'accepter la présence de la grâce du Saint-Esprit dans les sacrements des néo-cal endaristes. En 1948, il consacra lui-même quatre autres évêques, consécrations considérées comme nulles et non avenues par les anciens calendaristes modérés. A sa mort, en 1950, un certain nombre de membres du clergé matthaiïste rejoignit les modérés de Chrysostomos. Néanmoins, le mouvement matthaiïste était porté à l'extrémisme, moins par son clergé que par ses partisans, qui refusaient tout dialogue, non seulement avec les nouveaux calendaristes, mais également avec les anciens calendaristes modérés. 

LES ANCIENS CALENDARISTES, VICTIMES DE LA GUERRE FROIDE 

En 1946, la Grèce se retrouva, une fois de plus, dans un nouvel étau occidentaliste qui encouragea la politisation de l'Orthodoxie en tant que force à la fois pro-occidentale et anti-communiste. En 1907 avait été fondée à Athènes par des théologiens orthodoxes laïcs, sous la direction de l'archimandrite Eusebios Mathopoulos, une "fraternité monastique" de laïcs et de clercs, appelée Zôê, "Vie". L'objet de ce groupe était de suivre la tendance occidentale catholico-protestante de condamnation de la vie contemplative des moines et du remplacement de la "prière permanente dans le silence" par l'action sociale pratique et la propagande religieuse. Le discours religieux devait être moraliste et apologétique, passant ainsi de l'hésychasme de la tradition orthodoxe à l'activisme catholico-protestant. 

Le groupe Zôê reprenait à son compte l'accusation que les Occidentaux avaient toujours porté contre les discussions théologiques "byzantines" sans fin de l'Orthodoxie et prônait l'action morale, préférée par l'Occident. Sa position était simple : ne perdons pas de temps avec les discussions théologiques. Celles-ci avaient été réglées une fois pour toutes par les sept premiers conciles oecuméniques, durant le premier millénaire du christianisme. Le piétisme (ieusebismos) de Zôê, prenant fortement position contre les moines ("n'allez pas sur le mont Athos", conseillait-il), mit l'accent sur la connaissance pratique. 

Cette organisation activiste prit une importance de premier plan pendant la guerre froide. En Europe occidentale, les partis chrétiens démocrates étaient le fer de lnce de l'anticommunisme, en proposant une alternative chrétienne à la morale sociale communiste. En 1946, un homme de Zôê, professeur à la Faculté de Droit d'Athènes, Alexandras Tsirintanis, fonda avec un autre "zoïcien", le prélat Hieronymos Kotsonis (qui devint archevêque d'Athènes en 1967 après le coup d'état militaire de G. Papadopoulos), un groupe appelé Christianikê Enôsis Epistêmonôn, "Union chrétienne des hommes de science". Il fonda également, sous la protection du roi Paul de Grèce, les organisations chrétiennes anticommunistes Hellênikon Phôs, "Lumière grecque", et Hellênikos Politismos, "Civilisation grecque". Par une "Proclamation des hommes de science chrétiens" (1946), Tsirintanis mena le combat contre les théoriciens du marxisme grec, représentés, à l'époque, par le recteur de l'Ecole polytechnique d'Athènes, le professeur Nicolas Kitsikis (12). 

Tsirintanis, dans le sillage du christianisme occidental, publia en 1950, en anglais, un livre intitulé Towards a Christian Civilization. Ce concept de "civilisation chrétienne", défendant une société occidentale capitaliste sécularisée, tournée en fait uniquement contre l'idéologie communiste, n'était qu'un simple instrument de propagande politique qui déconsidéra l'Orthodoxie officielle néo-calendariste. 

Ce fut dans cette atmosphère de guerre froide que fut déclenchée en 1949, par le nouvel archevêque de Grèce, Spyridon, une vague de persécutions contre les anciens calendaristes. Il exigea de ses évêques d'établir une liste des anciens calendaristes dans leur diocèse (paroisses, monastères, nombre des moines et des membres du clergé) et interdit aux écoles de théologie d'accepter des étudiants ancien-calendaristes, alors que les étudiants catholiques ou protestants étaient les bienvenus. Le 3 janvier 1951, à la demande du Saint Synode de l'Eglise officielle, le conseil des ministres publia le décret suivant : "Il a été décidé que : a) le clergé ancien-calendariste qui n'a pas reçu une ordination canonique par des évêques canoniques de notre Eglise orthodoxe, et qui porte l'habit clérical, doit se voir désormais interdire de porter cet habit; b) moines et nonnes qui suivent l'ancien calendrier doivent être arrêtés et confinés dans les monastères et ceux qui portent l'habit monastique d'une façon non canonique doivent en être privés et poursuivis en justice; c) les églises qui avaient été illégalement saisies par les anciens calendaristes doivent être rendues à l'Eglise officielle, de même que les monastères qu'ils possèdent illégalement et arbitrairement; d) l'exécution de ce qui précède est confiée aux ministères de l'Ordre public et de la Justice, de l'Instruction et de la Religion" (13). 

Avec l'aide de ce décret, une persécution jusque-là inconnue dans la tradition orthodoxe orientale grecque, depuis l'époque iconoclaste, au VIlle siècle, s'abattit sur le pays et rappela l'inquisition papale d'Occident. Les sous-sols de l'archevêché d'Athènes et des évêchés des autres villes, furent remplis de soutanes arrachées au clergé ancien-calendariste, dont les membres y étaient traînés pour y avoir la barbe rasée, le chignon coupé, y être déshabillés et frappés, pour être ensuite rejetés dans la rue en habit civil. 

Plusieurs furent envoyés en exil. Le père Platon, un prêtre âgé de la ville de Patras, fut battu à mort par la police et son corps enterré à la hâte dans un champ, pour couvrir le crime. Toutes les églises traditionalistes d'Athènes furent mises sous scellés et les objets du culte confisqués. Certaines églises, dans d'autres parties de la Grèce, furent même démolies. L'évêque Germanos des Cyclades, mis aux arrêts, y mourut le 24 mars 1951. L'archevêque Spyridon interdit que la cérémonie funèbre se tienne dans une église et qu'un prêtre y assiste, les fidèles qui accompagnèrent son corps au cimetière furent arrêtés. Malgré les manifestations de protestation de milliers de fidèles, dans les rues d'Athènes, l'Eglise traditionaliste se transforma en Eglise des catacombes. 

Le chef de l'Eglise ancien-calendariste, le métropolite Chrysostomos de Florina, fut arrêté en février 1951, à l'âge de 81 ans, soumis à d'éprouvants interrogatoires pour l'obliger au repentir et exilé au monastère de Saint Jean, dans l'île de Lesbos. L'officier de police qui gardait sa cellule de prison l'avait vu prier, entouré d'une lumière divine aveuglante; il tomba à genoux et devint l'un de ses partisans les plus convaincus. La mort de Chrysostomos survint en septembre 1955. Ses funérailles, à Athènes, furent suivies par une foule de plusieurs dizaines de milliers de fidèles et lorsque, six ans plus tard, selon la tradition orthodoxe, ses os furent exhumés, ils dégagèrent une senteur parfumée qui emplit le monastère où ils furent entreposés et conservèrent désormais cette senteur, preuve infaillible de sainteté. 

Le sommet de la persécution fut atteint pendant la semaine sainte de 1952, lorsque les évêques Polykarpos de Diavleia et Christophoros de Megara, cédèrent une nouvelle fois aux pressions et réintégrèrent les rangs de l'Eglise officielle. Néanmoins, le peuple des fidèles fut affermi dans sa foi par les épreuves, ce qui obligea le nouveau gouvernement du général Plastiras, en juin 1952, à libérer les prélats ancien-calendaristes et, sous la pression du patriarche Christophoros d'Alexandrie, en Egypte, qui avait soutenu le mouvement ancien-calendariste dès ses débuts, deux églises traditionalistes furent rouvertes à Athènes (en 1993, il y en avait 38). Mais il fallut attendre l'année 1954 pour voir la fin de la persécution. 

DE 1955 A 1989 : LES EXTREMISTES SEMBLENT L'EMPORTER 

La persécution avait plus affaibli la fraction modérée des anciens calendaristes, sous la direction de Chrysostomos de Florina, que les extrémistes matthaiïstes qui refusaient tout contact avec l'Eglise officielle. Le résultat fut que les modérés connurent, dans les années qui suivirent la cessation de la persécution, une longue suite de crises et de divisions, jusqu'à ce qu'en 1985 émergeât la personnalité modérée du métropolite Kyprianos, né en 1935, siégeant au monastère de Saint Kyprianos et de Sainte Justine, à Phyle, dans les environs d'Athènes. Ce chef ancien-calendariste réussit à jeter des ponts dans les rangs de l'Eglise officielle, dans laquelle il rencontra la sympathie de certains prélats néo-calendaristes. Il bénéficia du concours d'un homme exceptionnel, l'évêque Chrysostomos d'Etna, en Californie, qu'il nomma membre de son Saint Synode et exarque d'Amérique. Chrysostomos, né en 1945 en Californie d'une famille gréco-espagnole avait, avant d'entrer dans les ordres obtenu un doctorat en psychologie à l'Université de Princeton et commencé à y enseigner comme "preceptor". Il dirige le monastère d'hommes de Saint Gregorios Palamas à Etna et un Centre d'Etudes traditionalistes orthodoxes, qui a à son actif un grand nombre de publications en anglais, d'une très haute tenue théologique. Ce groupe fonda également, à Etna, le monastère féminin "de Sainte Elisabeth, grande duchesse de Russie, nouvelle martyre". 

L'Eglise, dirigée par la Hiera Synodos Enistamenôn, "Saint Synode des Résistants", dont le président, depuis le 5 avril 1985, est le métropolite Kyprianos d'Oropos et Phyle et dont deux des six membres du Synode sont américains (Chrysostomos, évêque d'Etna, et Auxentios, évêque de Photiki, qui a obtenu son doctorat en théologie à Berkeley, en Californie), tandis que deux autres membres sont également des non Grecs (le métropolite de Sardaigne et d'Italie, Giovanni, Italien et ancien catholique, et le métropolite de Nairobi et du Kenya, le Kenyan Nephon [Kikudu], cette Eglise qui compta au monastère de Phyle, en Attique, plusieurs moines convertis d'origine occidentale, comprend les seuls prélats ancien-calendaristes qui continuent à reconnaître la présence de la grâce du Saint Esprit dans les sacrements de l'Eglise orthodoxe néo-calendariste. L'Eglise de Kyprianos est, d'autre part, en pleine communion avec l'Eglise ancien-calendariste de Roumanie, qui compte environ 2 millions et demi de fidèles (dirigée par le métropolite Vlasi), et avec l'Eglise (ancien-calendariste) orthodoxe russe de la diaspora, qui, à la suite de la révolution bolchevique de 1917, s'était détachée de l'Eglise du patriarcat de Moscou et avait condamné "l'hérésie de l'oecuménisme" avec les Eglises occidentales. Cette Eglise russe est dirigée depuis 1985 par le métropolite Vitalij dont le Saint Synode de 15 membres siège à New York et comprend trois évêques siégeant en Russie; c'est de ce Saint Synode des Russes de la diaspora qu'en 1960 et 1962, les évêques grecs ancien-calendaristes reçurent l'investiture. 

La modération de l'Eglise de Kyprianos, le rôle de pont avec l'Eglise officielle de Grèce qu'il essaie de jouer, sa composition en partie non grecque et ses contacts avec les Russes de la diaspora siégeant à New York, risquent à l'avenir de le desservir en Grèce, s'il est accusé par les intégristes matthaiïstes de collusion avec l'Occident et les Etats-Unis. 

En effet, depuis 1955, les matthaiïstes, grâce à leur intransigeance, sont nettement sortis gagnants de la confrontation entre les deux factions - modérée et extrémiste- des anciens cal endaristes. A la mort du métropolite Chrysostomos de Fiorina, en 1955, les modérés s'étaient trouvés sans évêques pour lui succéder. Il ne restait que des archimandrites. Grâce au concours de l'Eglise russe de la diaspora, l'archimandrite Akakios (Pappas) fut consacré évêque aux Etats-Unis et prit la direction de l'Eglise de feu Chrysostomos. Mais l'archevêque Akakios mourut en 1963 et fut remplacé par l'évêque Auxentios de Gardikia qui réussit à faire venir à lui quelque deux cents moines zélotes du Mont Athos. En 1971, l'Eglise russe de la diaspora essaya de rendre canoniques les nominations épiscopales des matthaiïstes, dans l'espoir de réunifier les deux groupes des anciens calendaristes grecs. Mais, en mai 1974, les matthaiïstes, persistant dans leur intransigeance, coupèrent tout contact avec l'Eglise russe de la diaspora, parce que cette dernière refusait de condamner les nouveaux calendaristes comme schismatiques effectifs (et non seulement potentiels) auxquels la grâce était refusée. En 1976, ils rejetèrent même la régularisation de la consécration de leurs évêques, accomplie en 1971 par l'Eglise russe de la diaspora. En réponse, le métropolite Kallistos, qui siégeait à Athikia, près de Corinthe, où il avait sous son contrôle le monastère de femmes de cette localité, démissionna du Saint Synode matthaiïste et rejoignit les modérés de l'archevêque Auxentios. 

Néanmoins cette régularisation de leur consécration donna aux évêques matthaiïstes une respectabilité et une influence accrues, au point que les modérés eux-mêmes firent un pas dans leur direction. En 1974, l'archevêque Auxentios et son Saint Synode publièrent une encyclique qui déclarait que les sacrements de l'Eglise officielle de Grèce était nuls et non avenus car ils ne possédaient pas la grâce. L'évêque Petros d'Astoria, ville de Grecs, à New York, exarque des Etats-Unis, protesta contre cette encyclique de son Eglise et démissionna du Saint Synode. En 1978, le torchon brûla entre l'Eglise russe de la diaspora et Auxentios, ce dernier avouant qu'il n'arrivait plus à contrôler ses ouailles. Alors, en février 1979, avec son accord tacite, deux métropolites de son Saint Synode, Kallistos de Corinthe (qui l'avait rejoint en 1976) et Antonios de Megara procédèrent à la consécration de huit nouveaux évêques, en vue d'affermir sa position. Néanmoins, les autres évêques du Saint Synode, percevant le danger, refusèrent de les accepter et forcèrent l'archevêque Auxentios à consacrer un certain nombre d'autres évêques. Ainsi, par la faute d'Auxentios, ce dernier se retrouva avec deux Saints Synodes rivaux qui se déposèrent mutuellement. La direction du premier Saint Synode fut prise par le métropolite Kallistos, qui renoua avec l'Eglise russe de la diaspora et établit la pleine communion avec l'Eglise ancien-calendariste de Roumanie. La direction du second Saint Synode fut entre les mains de l'archevêque Auxentios. Mais bientôt ce second Saint Synode fut divisé en deux nouveaux groupes, l'un dirigé par l'archevêque Auxentios, l'autre par le métropolite Gerontios du Pirée. 

Le premier Saint Synode, sous la direction de Kallistos de Corinthe, ne réussit pas mieux à éviter la division. D'esprit toujours matthaiïste, Kallistos publia un livre qui dénonçait les sacrements de l'Eglise officielle comme nuls et non avenus, car sans grâce. A la suite de cela, il fut forcé de démissionner et remplacé à la tête du premier Saint Synode, par le métropolite Antonios de Megara. Ce dernier, contre l'avis de son collaborateur, le métropolite Kyprianos d'Oropos et de Phyle, décida de se joindre au Saint Synode du métropolite Gerontios du Pirée. Finalement, en 1985, le Saint Synode du métropolite Gerontios s'unit à celui de l'archevêque Auxentios. Les évêques des deux Synodes réunis déposèrent l'archevêque Auxentios et élirent à sa place Chrysostomos II (Kiousis), en déclarant que les sacrements de l'Eglise officielle de Grèce n'étaient pas valables, car sans grâce, alors que ce métropolite, Chrysostomos Kiousis, s'était séparé en 1974 de l'archevêque Auxentios, précisément parce qu'il refusait d'accepter que l'Eglise officielle pouvait être sans grâce ! 

Derrière cette confusion extrême où se démenait le mouvement ancien-calendariste, il apparaissait clairement que le point de vue des extrémistes l'emportait le plus souvent. Malgré toutes ces divisions, le mouvement ancien-calendariste est estimé approcher en Grèce du million de fidèles sur une population totale de dix millions, sans compter les sympathisants qui préfèrent pour le moment demeurer au sein de l'Eglise officielle. Leur force principale continue à se trouver dans les monastères et ils comptent dans Athènes et la plaine de l'Attique - pour ne parler que de la région de la capitale - près de cent monastères. Ils comptent en outre plus de deux cent prêtres qui servent environ cent vingt paroisses en Grèce, sans compter les nombreuses paroisses de l'étranger, sur tous les continents. Il faut ajouter que la persécution ayant disparu, les anciens calendaristes peuvent se développer sans entraves. Leur noyau, représenté par les matthaiïstes, compte environ quarante prêtres au niveau des paroisses, mais est surtout présent dans les monastères. Sa citadelle est le couvent de Keratea, en Attique, près d'Athènes, le plus grand couvent de Grèce, comptant environ trois cents nonnes, fondé en 1927. Ce couvent possède une énorme fortune foncière et a une activité artisanale et intellectuelle débordante. Il dispose d'une maison d'édition qui publie de nombreux livres. Près de ce monastère les matthaiïstes en ont un autre, pour hommes, également impressionnant, comptant plus de soixante moines, le monastère de la Transfiguration. 

LA CHUTE DU COMMUNISME ET LA RENAISSANCE DE L'ORTHODOXIE 

Malgré les divisions extrêmes que connaissent tout autant les anciens calendaristes que les néo-calendaristes, la chute du communisme en Europe de l'Est depuis 1989 a été marquée, non seulement dans les pays anciennement communistes, mais également en Grèce, d'une étonnante renaissance de la foi orthodoxe, sous les coups de boutoir d'un intégrisme orthodoxe grandissant (14). L'objectif du pape Jean-Paul II a été interprété en Grèce, non seulement comme ayant consisté à défaire le communisme en Europe de l'Est, mais comme voulant, dans la foulée de cet effondrement, "réunifier l'Europe sur le plan religieux", autrement dit catholiciser l'Europe de l'Est orthodoxe. A cette fin, le pape procéda - selon les Grecs - de deux façons : d'abord en encourageant l'action des Uniates contre les Orthodoxes; ensuite, au travers de la politique chrétienne - démocrate allemande en Yougoslavie, en augmentant l'influence catholique dans les Balkans, au détriment de la présence orthodoxe, en s 'alliant momentanément avec l'adversaire de demain, le musulman. Le cynisme de cette politique présumée du pape soutenu par les puissances catholico-protestantes d'Occident indigna l'ensemble de la population grecque et eut un impact encore plus profond que n'en avait eu l'intervention occidentale en Irak sur la population arabe. Ainsi, la politique occidentale en Irak et en Yougoslavie, eut-elle pour contrepartie, la montée de l'intégrisme musulman dans les pays arabes et la montée de l'intégrisme orthodoxe dans les pays de l'Europe de l'Est et en Grèce. Si l'avenir prouvait le bien-fondé des accusations grecques contre la politique papale, reprises d'ailleurs par l'ancien ministre français des Affaires étrangères, Roland Dumas (15), alors la responsabilité de Jean-Paul II dans la montée de l'intégrisme orthodoxe et l'éloignement de la Grèce de la CEE serait énorme. 

Déjà, cette renaissance religieuse remet en cause les acquis de la sécularisation qui se répandit en Russie bolchevique, en Grèce vénizéliste et en Turquie kémaliste à la fin de la Première guerre mondiale. Voici un exemple : après la deuxième guerre mondiale, en 1952, un des hauts lieux de l'histoire byzantine et orthodoxe de la Grèce du XVe siècle, la ville de Mistra, avait été dépouillée de ses habitants et transformée en ville morte. Ses célèbres églises avaient été fermées au culte et transformées en musées. Le couvent ancien-calendariste de nonnes de Pantanassa, au milieu de la ville morte, avait été isolé et on lui permettait de continuer à exister, comme dans une salle de musée. L'ensemble de la ville morte avec ses lieux de culte avait été placé sous la juridiction exclusive des services archéologiques du ministère de la Culture. Jusqu'à dernièrement, il n'était venu à l'idée de presque personne de contester pareille situation qui, en d'autres temps, aurait pu paraître scandaleuse : car, enfin, que les nombreuses églises orthodoxes de la Cappadoce soient prises en charge par les services archéologiques de la République de Turquie et transformées en musées, quoi de plus normal pour une région où n'existent plus de chrétiens; que Sainte Sophie, à Istanbul, soit transformée en musée, pour éviter qu'elle soit disputée entre musulmans et chrétiens orthodoxes, cela peut se comprendre; mais qu'en plein centre d'un pays orthodoxe, des églises soient arrachées aux fidèles pour être livrées à la curiosité exclusive des touristes, cela pourrait relever du sacrilège. 

Ces trois dernières années, sous la pression de la renaissance de la foi, le métropolite Eustache de Monembasia (Malvoisie) et Sparte, qui a juridiction sur Mistra, menace de prendre d'assaut avec ses fidèles les églises tenues par le service archéologique, en escaladant les murailles de la ville morte, si ce service persistait à lui interdire d'officier comme bon lui semble et aussi souvent qu'il le voudrait, sans autorisation préalable du ministère de la Culture. Or il s'agit d'un métropolite néo-calendariste modéré. 

Le 29 mai 1993, le prêtre de la Nouvelle Mistra, hors de la ville morte, envoya, par l'intermédiaire du métropolite, une lettre aux services archéologiques, dans laquelle il soulignait : "Les églises appartiennent en premier lieu aux fidèles chrétiens orthodoxes, et secondairement à tous ceux qui visitent la Mistra byzantine pour les admirer et étudier leur architecture et leur riche décoration picturale" (16). La réponse du service fut cavalière, sans respect apparent pour les autorités religieuses; on y rappelait que, "comme vous le savez certainement, afin que puissent se tenir des cérémonies et manifestations dans des lieux archéologiques et dans des monuments, en conformité avec les dispositions de la loi archéologique KN 5351/32 "concernant les antiquités", que l'Etat grec a arrêté pour la protection des antiquités et que l'Ephorie, en tant que dépositaire et exécutante, se doit d'observer, une autorisation appropriée doit être émise par le service archéologique, après avis du Conseil régional des Monuments"(17). 

Le sentiment de danger pour la survie de l'Orthodoxie que l'affaire uniate et la guerre dans l'ancienne Yougoslavie ont produit dans la hiérarchie orthodoxe grecque, même néo-calendariste, est prouvé par l'encyclique suivante, signée par tous les membres du Saint Synode de l'Eglise officielle et par son président, l'archevêque d'Athènes et de Grèce Serapheim (Séraphin), en date du 1er avril 1993, adressée au peuple grec et lue dans toutes les églises néo-calendaristes du pays. Il y est dit : "L'Eglise de Grèce, en tant que mère nourricière de la race des Grecs, a perçu à temps le danger pour l'unité de notre nation, provenant de la manie de nos divers ennemis intérieurs et extérieurs d'exposer à qui veut les entendre la prétendue aliénation de notre peuple, qui dernièrement, paraît-il, aurait cessé de croire au couple indissoluble de l'hellénisme et de l'orthodoxie. Cet argument superficiel, nos divers ennemis ont essayé de le rendre plausible à l'occasion de la parution des nouvelles cartes d'identité électroniques. Ces divers milieux, dont les centres de décision se trouvent parmi les puissants groupements des religions étrangères et des hétérodoxes d'Europe et d'Amérique, poursuivent cette fois l'objectif de faire abolir la mention de la religion sur les nouvelles cartes d'identité en préparation, en arguant de considérations juridiques, pour la protection des minorités religieuses, qui seraient prétendument menacées par la mention obligatoire de l'appartenance religieuse. L'Eglise de Grèce... a appelé l'Etat à ne pas céder à ces pressions et à ne pas se soumettre au chantage... Le Saint Synode... sonne l'alarme pour l'ensemble de la nation, insiste maternellement et appelle tous les Grecs, tous ses vrais enfants, à donner une leçon aux fossoyeurs présomptifs de notre unité... Il faut donc faire échouer les plans des serpents qui essayent, avec le venin de leur haine inextinguible pour tout ce qui est grec orthodoxe, de réussir une nouvelle conquête de la Grèce, mais cette fois pacifique, sans verser de sang et sans combat"(18). Une encyclique complémentaire, en date du 16 juin 1993, adressée aux métropolites de l'Eglise de Grèce, par l'ensemble du Saint Synode néo-calendariste, appelait les députés du Parlement grec à ne pas accepter les nouvelles cartes d'identité qui ne mentionneraient pas l'appartenance religieuse (19). Cet appel eut son effet, puisque le Parlement grec refusa d'accepter cette disposition de la CEE, qui rendait facultative l'inscription de l'appartenance religieuse sur les cartes d'identité. 

Mais le plus caractéristique est certainement l'attitude du Patriarche oecuménique Bartholomaios 1er, pourtant accusé de philopapisme par les intégristes. En effet, avant d'être élu patriarche de Constantinople, à la mort de son prédécesseur Dimitrios 1er, à la fin de 1991, il avait étudié en Occident, à l'Institut d'Etudes orientales de Rome et à l'Institut oecuménique de Bossey, en Suisse, ainsi qu'à l'Université de Munich. Il avait obtenu son doctorat en droit canon à Rome, d'où sa réputation "d'homme du Vatican", entretenue non seulement chez les anciens calendaristes, mais aussi chez les néo-calendaristes. 

Or, dès son intronisation, Bartholomaios regroupa les Eglises orthodoxes contre l'uniatisme et déclara que le dialogue avec le pape n'avait plus de sens tant que ce dernier continuerait à utiliser les Uniates pour sa pénétration en Europe orientale, au détriment des Orthodoxes. Mais il fit plus : il se rendit en visite officielle à Belgrade et, le 8 août 1993, y déclara que "Dieu a choisi la nation serbe pour défendre les frontières occidentales de l'Orient orthodoxe... Actuellement - ajouta-t-il - nous nous trouvons confrontés à une attaque généralisée contre l'Orthodoxie" (20) et il accusa l'Occident de n'avoir versé que des larmes de crocodile pour les peuples orthodoxes lorsque ceux-ci vivaient sous les régimes communistes athées. 

Le patriarche oecuménique alla encore plus loin : il se rendit au Kossovo, à Pec qui, comme une forteresse, noyée dans une population, aujourd'hui à 90% albanaise, maintient son patriarcat historique serbe orthodoxe depuis 1346, du temps du tsar des Serbes Dusan. Là, il fit pleurer les Serbes d'émotion, quand il déclara que ni le patriarcat oecuménique, ni l'Orthodoxie, ni l'hellénisme ne pouvaient accepter les interprétations faites par l'Occident de la crise yougoslave et il appela l'Occident à se défaire enfin du "préjugé historique" avec lequel il envisageait "toute chose orthodoxe et orientale". Il est de mon devoir, ajouta-t-il, en tant que prélat grec et chef de l'Orthodoxie [sic!], de me tenir aux côtés d'un peuple ami qui souffre. Il nia l'accusation selon laquelle il existerait une "agression serbe" et, sur les lieux des massacres de la deuxième guerre mondiale, il rappela, au contraire, les voies de fait et les excès des fascistes occidentaux contre les résistants serbes (21). Sur le Mont Athos, où je m'étais rendu en juillet 1993, il m'a été dit par les moines que la crise yougoslave avait été voulue par Dieu pour faire renaître l'Orthodoxie. 

En effet, la prise de position en pointe de Bartholomaios 1er, s'explique par la pression énorme qu'exercent sur l'Eglise néo-calendariste les intégristes de l'intérieur comme les anciens calendaristes, puisque l'intégrisme est aujourd'hui soutenu en Grèce par une population d'un extrême nationalisme. Trois événements de l'été 1993 traduisent cette situation : 

a) L'Ethnikê Hypêresia Plêrophoriôn : EYP ("Service national de Renseignements", connu dans le public sous son ancien acronyme, KYP), appelé familièrement la "CIA grecque", rédigea sur ordre de son chef, le militaire Panayotis Baies, un rapport intitulé Sygchrones haireseis kai parathrêskeutikes organôseis stên Hellada (Hérésies contemporaines et organisations parareligieuses en Grèce) et daté du 19 janvier 1993. Une lettre, du 22 mai 1993, accompagnait ce rapport, portant la mention "ultra-secret", signée par Panayotis Baies lui-même et indiquant, en haut et à gauche, son objet : Hairetikes kai Parathrêskeutikes organôseis (Organisations hérétiques et parareligieuses) (22). 

Ce rapport dactylographié, portant une couverture bleue, avec la mention "ultra-secret" et "EYP, Ille direction, Athènes, janvier 1993", met l'accent sur les dangers que court la Grèce du fait de la présence sur son territoire de religions étrangères et, pour ce qui est du catholicisme, précise que, bien qu'il ne se montre pas au grand jour, à cause du climat qui lui est hostile, néanmoins, "la société grecque et l'Eglise doivent se tenir sur le qui-vive parce que le Vatican n'a pas abandonné ses objectifs permanents de latiniser les Grecs". Pour y parvenir : "Aussi bien dans le passé, comme dans le présent (Serbie), le Vatican n'a pas hésité à s'allier avec l'Islam contre l'Orthodoxie" (p. 67 du rapport). A la page 108, il est dit que "Les dirigeants et la plupart des partisans de ces organisations [religieuses] se reconnaissent surtout à une conscience nationale émoussée, à cause de leur soumission à des centres internationaux étrangers, qui leur dictent la marche à suivre". Puis, à la page 110, le rapport ajoute : "Il n'est pas exagéré de prétendre que tout Grec qui n'est pas orthodoxe n'est pas un Grec intégral. Ce critère est utilisé également par le bon peuple qui déteste et appelle "traîtres" tous les Grecs qui changent de religion ou qui fréquentent de telles personnes". 

Les mesures que le rapport de la "CIA grecque" propose au gouvernement sont une chasse aux sorcières contre toute personne ou groupeIntégrisme grec non orthodoxe, l'expulsion immédiate des étrangers mêlés à ces activités et le renforcement, en politique étrangère, de "l'arc orthodoxe" des pays de religion orthodoxe. En effet, à la page 114, il est écrit : "Le Bureau se range aux côtés de ceux qui proposent que l'Orthodoxie soit le facteur fondamental de notre politique extérieure" (23). 

b) La division au sommet du clergé néo-calendariste, qui s'est violemment manifestée en juillet et août 1993. Dans un article en première page de l'hebdomadaire intégriste néo-calendariste (mais qui conserve des liens avec certains anciens calendaristes) Orthodoxos Typos, le fondateur du parti Christianikê Dêmokratia, "Démocratie chrétienne", ex-député du PASOK d'Andréas Papandreou, Nikos Psaroudakis, saluait "l'intervention salutaire de la justice grecque qui - après la décision historique n° 1028/93 du plénum du Conseil d'Etat- a décidé d'exercer une poursuite criminelle pour prévarication (à la suite de plaintes) contre l'archevêque M. Serapheim Tikas, ainsi que contre la majorité des membres du Saint Synode et du Tribunal synodal de première instance, qui ont, tous ensemble, créé et perpétué le sacrilège ecclésiastique bien connu qui depuis vingt ans souille notre pays" (24). 

En fait, depuis le régime militaire de 1967-1974, la hiérarchie de l'Eglise de Grèce avait été divisée entre "hiéronymistes", évêques nommés par l'archevêque Hieronymos intronisé par Papadopoulos en 1967, et les "séraphimistes", évêques nommés par l'archevêque Serapheim, intronisé en 1974 par le dictateur Ioannidis, qui venait de renverser le dictateur Papadopoulos. Le conseil d'Etat venait de décider que trois évêques hiéronymistes devaient regagner leur métropole, car ils avaient été irrégulièrement déposés par l'archevêque Serapheim qui, selon l'article de Psaroudakis, aurait dû, dès la chute de la dictature, en 1974, se retrouver en prison, avec son ami le général Ioannidis. 

Etant donné que Serapheim n'accepta pas la décision du conseil d'Etat et que le compromis qu'il mit sur pied ne fut pas accepté par les trois évêques hiéronymistes qui persistèrent à vouloir récupérer intacte leur métropole, de violents incidents se produisirent dans les lieux du culte à Athènes, ainsi que des excommunications, qui s'acheminèrent vers un schisme supplémentaire. La réaction d'une bonne partie de l'opinion grecque fut que "le Vatican, les franc-maçonneries et nos amis de la CEE et de l'Amérique, préparent bien des malheurs au peuple grec et essayent de provoquer la division ecclésiastique, comme ils l'avaient fait avant la catastrophe d'Asie Mineure, lorsque nos prélats s'étaient divisés entre vénizélistes et antivénizélistes" (25). 

c) La dispute opposant le patriarche grec orthodoxe de Jérusalem, Diodoros, et le patriarche oecuménique Bartholomaios. Il s'agit d'un conflit qui contient trois éléments : premièrement, depuis la montée du slavisme au XIXe siècle, les efforts du patriarche de Moscou pour remplacer la primauté d'honneur du siège patriarcal de Constantinople dans le monde orthodoxe par celle de Moscou. Ces efforts se sont intensifiés depuis la chute de l'Empire ottoman. Si la République turque a, malgré bien des craintes, continué à soutenir le maintien du patriarcat oecuménique à Istanbul, c'est parce qu'elle était consciente qu'une éventuelle relocalisation de ce patriarcat, par exemple au Mont Athos, aurait pour résultat une perte de prestige qui jouerait en faveur de son remplacement par celui de Moscou, ce qui, à son tour augmenterait l'influence du slavisme, ennemi traditionnel de la Turquie. 

Deuxièmement, l'opposition tenace de tous les anciens calendaristes au patriarcat oecuménique de Constantinople, tenu pour l'auteur du schisme néo-calendariste et de sa pérennité depuis 1923. A cela s'ajoute l'hérésie majeure d'oecuménisme, c'est-à-dire de communion avec le catholicisme et le protestantisme, que l'on attribue au patriarcat de Constantinople. Le résultat de cette attitude a eu pour conséquence un rapprochement entre les anciens calendaristes et les intérêts du slavisme. 

Troisièmement, malgré le fait que bien des Eglises orthodoxes n'ont pas rejoint depuis 1923 le mouvement néo-calendariste et ont, par conséquent, continué à fonctionner avec l'ancien calendrier, celles-ci ne sont pas en communion avec le mouvement ancien-calendariste, car elles collaborent avec les néo-calendaristes dans le mouvement oecuménique. Une telle situation prouve qu'aux yeux des anciens calendaristes l'hérésie de l'oecuménisme est tout aussi grave que celle qui consiste à suivre le calendrier latin. Nous sommes donc en présence de quatre groupes : nouveaux calendaristes oecuménistes, nouveaux calendaristes anti-oecuménistes, anciens calendaristes oecuménistes et anciens calendaristes anti-oecuménistes. 

Le patriarche grec orthodoxe de Jérusalem suit l'ancien calendrier mais collabore au mouvement oecuméniste. Il est accusé par le patriarche de Constantinople de vouloir placer Jérusalem au centre de l'Orthodoxie internationale, à la place d'Istanbul, et d'être appuyé dans son entreprise par les Slaves, le mouvement ancien-calendariste et même par... Israël ! Le patriarche de Jérusalem demanda la réunion d'un Synode panorthodoxe qui réunirait l'ensemble des Eglises orthodoxes qui sont au nombre de quinze : six qui sont grecques ou sous influence grecque (patriarcats oecuménique d'Alexandrie, de Jérusalem et Eglises autocéphales de Chypre, de Grèce et d'Albanie) et neuf qui sont slaves ou sous influence slave (patriarcats de Russie, de Serbie, de Bulgarie, de Roumanie, d'Antioche, de Géorgie et Eglises autocéphales de Tchécoslovaquie, de Finlande et de Pologne). Un tel Synode panorthodoxe, à majorité slave, pourrait, pensait-il, l'aider dans son entreprise. Mais au début d'août 1993 le patriarche oecuménique prit l'initiative de convoquer un synode à Istanbul et de condamner le patriarche de Jérusalem et ses collaborateurs, en leur imposant des sanctions (26). Il faut remarquer que Bartholomaios 1er venait, d'autre part, de donner son plein appui à l'archevêque de Grèce Serapheim, dans la lutte de ce dernier contre les trois prélats de son Eglise (27). 

La position de l'Eglise des anciens calendaristes modérés, du métropolite Kyprianos du monastère de Phyle, concernant cette affaire est fort intéressante. Dans un texte de quatre pages, publié en juin 1993, le Saint Synode de Kyprianos déclarait : "Les Orthodoxes résistants, du calendrier de nos pères, ont une estime particulière pour Sa Sainteté le patriarche de Jérusalem Mgr Diodoros... dans la mesure où il a osé faire des démarches et proclamer des positions orthodoxes nettement anti-oecuménistes... Malgré cela, nous ne pouvons pas encore entrer en communion avec lui... puisque l'Eglise de Sion est en pleine communion avec les néo-calendaristes oecuménistes [bien qu'elle-même suive l'ancien calendrier] même si elle fait cela à contrecoeur pour gagner du temps. De plus, ses dépendances (imetochia ) en Grèce, fonctionnent avec le nouveau calendrier... Pour le moment... nous pouvons faire deux choses en faveur de l'héroïque confrérie du Saint Sépulcre : en premier lieu, prier chaleureusement le saint Architecte de l'Eglise, pour qu'il encourage et dirige Sa Sainteté Mgr Diodoros; en deuxième lieu, collaborer avec lui... mais sans communion ecclésiastique, pour le moment évidemment" (28). 

LA GRANDE INQUIETUDE DES OCCIDENTALISTES GRECS 

Pendant l'été 1993, la radio-télévision et la presse grecques débattirent avec une extrême nervosité de deux articles, parus en anglais, aux Etats-Unis; l'un intitulé "La crise balkanique : 1913 et 1993", paru dans le New York Review of Books sous la signature du professeur émérite de l'Université Princeton et architecte de la doctrine du "containment", George Kennan; l'autre intitulé "Heurt de civilisations ?" publié dans Foreign Affairs, du professeur de l'Université Harvard, Samuel Huntigton, ex-conseiller du 
président Ronald Reagan. L'opinion grecque constatait que mon concept de "région intermédiaire", déjà vieux d'un quart de siècle, avait fait son chemin aux Etats-Unis (29) et qu'il était utilisé pour exclure la Grèce de la civilisation occidentale. On apprenait que les professeurs occidentalistes des universités grecques Th. Veremis et Th. Couloumbis auraient envoyé une réponse (dont ils espéraient la publication) à la revue américaine Foreign Affairs, dans laquelle ils accusaient leur collègue américain d'essayer "de découvrir de nouveaux barbares" (30). Quant au très sérieux hebdomadaire Oikonomikos Tachydromos, à Athènes, il consacrait un numéro entier sous le titre : "La Grèce sera-t-elle chassée de la CEE?" (31), au danger que l'intégrisme grec faisait courir au pays en l'isolant de la communauté internationale. 

NOTES

1 La tendance actuelle est d'étendre au grec la translitération rigoureuse utilisée pour tous les alphabets non latins et, en particulier, de ne pas franciser les noms grecs. Ainsi, l'argument selon lequel il faudrait ajouter un accent au epsilon grec, pour bien montrer qu'il n'est pas muet, nous ramène à des pratiques dépassées de la francisation des noms étrangers, du XIXe siècle. Malheureusement, l'Etat grec (contrairement à l'Etat turc, par exemple) n'a, jusqu'à présent, pris aucune initiative pour exiger des pays occidentaux qu'ils respectent l'orthographe de sa langue. Dans cet article, j'ai fait exception pour la terminaison des noms grecs en "ês", que je continue à transcrire en "is" (et donc Karamanlis, au lieu de la translitération exacte, "Karamanlês", bien qu'en anglais, on l'écrive le plus souvent "es", car le "e" anglais se prononce comme le "êta", c'est-à-dire de la même façon qu'un "iota". 

[NDLR Translitérer consiste à faire correspondre à un signe d'une écriture, dans laquelle il représente un élément phonique du langage, le signe d'une autre écriture capable de reproduire un tel élément phonique dans un autre langage. L'éditeur aurait donc volontiers fait de l'exception - qui consiste ici à écrire Karamanlis, Kitsikis - la règle. D'autant que la translitération, dont l'utilité est de faciliter la prononciation, ne peut être, du fait de son principe même, antinomique de l'orthographe]. 

2 Voir, en particulier, mes livres suivants, en grec : Sygkritikê Historia Hellados kai Tourkias ston 20o aiôna, [Histoire comparée de la Grèce et de la Turquie au XXe siècle], Athènes, Hestia, 1978 (2e édition, mise à jour, 1990); Historia tou hellênotourkikou chôrou, 1928-1973, [Histoire de l'espace gréco-turc, 1928-1973], Athènes, Hestia, 1981; Historia tes Othomanikês Autokratorias, [Histoire de l'Empire ottoman], Athènes, Hestia, 1988; Hê tritê ideologia kai hê Orthodoxia, "La troisième idéologie et l'Orthodoxie", Athènes, Akritas, 1990. J'ai présenté ces concepts pour la première fois dans une communication à la Sorbonne, devant les membres de la Société d'Histoire moderne (voir : "Les efforts de débalkanisation des Balkans, 1930- 1934", Bulletin de la Société d'Histoire moderne, Paris, vol. 66, n°l, 1967, pp. 9-16). Face au scepticisme du professeur Georges Castellan devant la notion nouvelle d'hellénoturquisme, j'avais alors reçu l'appui de Jean-Baptiste Duroselle qui, pendant les années qui suivirent, défendit à sa manière, mon idée de Région intermédiaire et approuva les conclusions de mon Histoire comparée de la Grèce et de la Turquie au XXe siècle, dont il avait lu la version française dès 1972. D'ailleurs, dans son livre paru en 1965, intitulé L 'idée d'Europe dans l'Histoire, en définissant l'Europe comme catholico-protestante, J.-B. Duroselle en excluait implicitement la Grèce. L'évolution générale de l'histoire grecque, à la lumière du conflit, depuis 1081, entre parti occidental et parti oriental, dans le contexte de la Région intermédiaire et de l'hellénoturquisme, fut présentée, pour la première fois, dans ma communication au 2e congrès d'Athènes, du 7 au 13 mai 1970 (voir : "Grande Idée et hellénoturquisme. Essai d'interprétation nouvelle de l'histoire néo-grecque", pp. 95-111, in Actes du 2e Congrès international des Etudes du Sud-Est européen, Athènes, Association internationale des Etudes du Sud-Est européen, 1978, tome III). J'ai repris le récit de cette évolution générale dans mon article, "Grèce : de la Grèce byzantine à la Grèce contemporaine" {Encyclopaedia Universalis, Paris, vol. 7, 1970, pp. 1080-1085). Les milieux intellectuels français qui ont toujours été court-circuités par les occidentalistes grecs, installés en France, ont reçu cette interprétation avec beaucoup de scepticisme. La preuve en est que, dans la dernière édition de YEncyclopaedia Universalis, la dernière partie de mon article, intitulée "De la Grande Idée à l'hellénoturquisme, 1821-1967", a été réécrite par l'historien occidentaliste Nicolas Svoronos qui en a changé le sens. On connaît également le scepticisme qui a parfois accueilli mon Empire ottoman, Paris, PUF (Que sais-je?), 1985 et 1991. C'est justement cette imperméabilité du public français à mon message qui a facilité, en 1981, l'entrée dans la CEE de la Grèce, applaudie comme un pays éminemment européen et occidental, alors qu'un tel mariage CEE-Grèce n'était dans l'intérêt d'aucune des deux parties. 

3 Pour ma part, j'ai pris la défense, dans la presse grecque, de ces trois intellectuels occidentaux, ce qui m'a valu une bordée d'injures, aussi bien de la part des occidentalistes que des orientalistes. Voir, en particulier, mon article : "Lanthasmenes antidraseis stê theôria Garaudy" [Réactions erronées à la théorie de Garaudy], Eleutherotypia, Athènes, 15 septembre 1977. Egalement, concernant le professeur L.S. Stavrianos, mon intervention dans le quotidien d'Athènes, Kathêmerinê du 15 janvier 1985. Enfin, voir ma conférence intitulée, "La Grèce en Europe", donnée le 16 mai 1990 à l'Institut Goulandri-Horn d'Athènes, dans laquelle j'ai défendu l'ouvrage de J.-B. Duroselle, L'Europe: Histoire de ses peuples, condamné unanimement par les intellectuels grecs de tous bords comme un livre véhiculant des préjugés antigrecs, avant même qu'ils en aient lu le texte entier ! 

4 Voir la biographie que je lui ai consacrée : "Venizelos, 1864-1936", in Les hommes d'Etat célèbres, 5e volume, sous la direction de François Crouzet, Paris, Ed. Mazenod, 1975, pp. 352-354. J'ai donné, dans cette biographie, une interprétation personnelle du personnage. 

5 "O kindynos ekdytikismou tes Orthodoxias : dialogos metaxy ton k.k.D. Kitsikê kai N. Psaroudakê", Orthodoxos Typos. Ebdomadiaia Ekdosis tês Panellêniou Orthodoxou Enôseôs, Athènes, 12 juillet 1991 [Le danger de l'occidentalisation de l'Orthodoxie : dialogue entre MM.D. Kitsikis et N. Psaroudakis], dans "Presse orthodoxe. Edition hebdomadaire de l'Union orthodoxe panhellénique", organe des intégristes du nouveau calendrier). 

6 Dimitri Kitsikis, Propagande et pression en politique internationale. La Grèce et ses revendications à la Conférence de la Paix, 1919-1920, Paris, PUF, 1963, pp. 449- 

7 Gregorios Papamichael, "Epi tês hêmerologiakês metarrythmiseôs", ["Au sujet de la réforme du calendrier"], Pantainos, Alexandrie, 2e année, n°39, 10 juin 1910, p. 

8 Alex I. Zervoudakis, "Meletios Metaxakis", Tektonikon Deltion : Organon tês Megalês Stoas tês Hellados, (Bulletin maçonnique : Organe de la Grande Loge de Grèce), n°71, janvier-février 1967, pp. 49-50. 

9 "Agglikanos Hierarchês en Kônstantinoupolei", [Un prélat anglican à Constantinople, Ekklêsiastikê Alêtheia, organe du patriarcat oecuménique, publié tous les samedi, 43e année, n°19, Istanbul, 26 mai 1923 du nouveau calendrier, pp. 166- 167. 

10 Theokletos A. Stragkas, archimandrite, Ekklêsias Hellados Historia, ek pêgôn apseudôn, 1817-1967, Athènes, 2e tome, 1970, p. 1181 [Histoire de l'Eglise de Grèce, à partir de sources sûres, 1817-1967]. 

11 Dimitri Mavropoulos, Patriarchikai selides. To Oikoumenikon Patriarcheion apo 1878-1949, [Pages patriarcales. Le patricarcat oecuménique de 1878 à 1949], Athènes, 1960. L'auteur avait servi comme diacre au patriarcat oecuménique, pendant de longues années et donne dans ce livre un témoignage direct. Il était né en Turquie, en 1884. Les procès-verbaux du "Congrès panorthodoxe" d'Istanbul qui décida du changement du calendrier et des diverses innovations, ont été publiés : Praktika kai apophaseis tou en Kônstantinoupolei Panorthodoou Synedriou, 10 Maïou-8 Iouniou 1923, Epimeleia Dion. M. Mpatistatou [Procès-verbaux et décisions du Congrès panorthodoxe de Constantinople, 10 mai-8 juin 1923. Présentés par D.M. Batistatos], Athènes, 1982. 

12 Nikos Kitsikis, Hê philosophia tês neôterês physikês, [La philosophie de la nouvelle physique]. Introduction et commentaires du professeur Eutyches I. Bitsakis Athènes, Ed. Gutenberg, 1989, 155 pages (Présentation critique d'un ouvrage fondamental du marxisme grec, publié en 1947, à Athènes, par mon père Nicolas Kitsikis, 1887-1978). 

13 Bishop Chrysostomos (with Bishop Auxentios and Archimandrite Ambrosios), The Old Calendar Orthodox Church of Greece, 3rd edition, Etna (California), Center for Traditionalist Orthodox Studies, 1991, p. 14. 

14 Dimitri Kitsikis, Hê tritê ideologia kai hê Orthodoxia, [La troisième idéologie et l'Orthodoxie], op. cit., passim. Autour du sujet de ce livre et de ses implications sur la politique grecque actuelle, voir le débat entre l'auteur et Athanasios Papandropoulos dans la principale publication périodique de l'économie grecque : Ath. Papandropoulos, "Anabiônei hê Hellas Hellênôn Christianôn ?", [La Grèce des Grecs chrétiens renaît-elle ?], Oikonomikos Tachydromos, Athènes, n°29 (2046), 22 juillet 1993, pp. 42-43 et Dimitri Kitsikis, "Anti tes Hellados Hellênôn Christianôn", [Au lieu de la Grèce des Grecs chrétiens], Oikonomikos Tachydromos, Athènes, n°34 (2051), 26 août 1993, pp. 71-72. 

15 Ainsi, le ministre des Affaires étrangères alors en exercice, M. Roland Dumas, déclarait-il, le 16 juin, au Forum de Crans-Montana : "Les responsabilités de l'Allemagne et du Vatican dans l'accélération de la crise ont été évidemment écrasantes"... Un éminent commentateur de la presse germanique, M. Peter Merseburger, évaluait ainsi [la politique allemande] : "Ce fut avant tout, écrit-il, la pression de la CSU bavaroise (Union chrétienne sociale, alliée de l'Union chrétienne démocrate de M. Kohi), qui voulait venir en aide à deux petites nations catholiques et, en premier lieu, à la Croatie, en plein accord d'ailleurs avec le Vatican, dont le rôle a été essentiel dans cette affaire" (cité par Paul-Marie de la Gorce, "Les divergences franco-allemandes mises à nu", Le Monde diplomatique, Paris, septembre 1993, p. 11). 

16 Archives personnelles de l'auteur. Lettre en grec, dactylographiée, de trois pages, datée : Mistra, le 29 mai 1993, n°31, signée par l'archiprêtre Lazaros K. Skagkos, avec lettre d'accompagnement en grec, d'une page dactylographiée, datée : Sparte, le 9 juin 1993, n° 391, signée par le métropolite Eustache. Les deux lettres sont adressées à la Ve Ephorie des Antiquités byzantines, à Sparte. 

17 Archives personnelles de l'auteur. Lettre en grec, dactylographiée, de deux pages, datée : Sparte, le 6 juillet 1993, n° 1575, signée par Ioulia Papageorgiou, archéologue, au nom de la responsable de l'Ephorie, adressée à l'archiprêtre, avec copie au métropolite. 

18 Archives personnelles de l'auteur. Encyclique n° 2548, du Saint Synode de l'Eglise (officielle) de Grèce, Athènes, le 1er avril 1993, lettre d'accompagnement n° 1087. Encyclique en grec, dactylographiée, de 3 pages, adressée au "peuple dévot orthodoxe grec", et portant 14 signatures, dont celle de l'archevêque de Grèce. 

19 Archives personnelles de l'auteur. Encyclique n° 2551, du Saint Synode de l'Eglise (officielle) de Grèce, Athènes, le 16 juin 1993, lettre d'accompagnement n° 1924. Encyclique en grec, dactylographiée, de 2 pages, adressée aux métropolites de l'Eglise de Grèce, et portant 14 signatures, dont celle de l'archevêque de Grèce Serapheim. 

20 Hê Kathêmerinê, quotidien athénien conservateur, 10 août 1993. 

21 Hê Kathêmerinê, Athènes, 12 août 1993. L'opinion publique en Turquie s'est émue de ces déclarations du patriarche oecuménique qui est de nationalité turque et aurait dû, selon elle, tenir compte des positions de la politique extérieure de la Turquie. Par contre, au cours de mon voyage à Belgrade du 18 au 24 août 1993, les dirigeants des forces armées et les membres du gouvernement de la Nouvelle Yougoslavie, m'ont déclaré qu'ils auraient aimé que le patriarche oecuménique leur apporte un soutien politique encore plus grand. 

22 Eleutherotypia, quotidien athénien de centre-gauche, 4 août 1993, qui reproduit également, en photocopie, la lettre d'accompagnement, signée par Panayotis Baies. 

23 Eleutherotypia, Athènes, 4 août 1993, qui ajoute que, par ordre de Panayotis Baies, du 27 mai 1993, les deux précédents documents ont été annulés. La raison de l'annulation qui est avancée par l'hebdomadaire d'extrême-droite, proche des milieux de sécurité, Stochos, dans son numéro du 28 juillet 1993, est qu'il y a eu intervention, dans ce sens, d'une puissance étrangère, "probablement des juifs". 

24 Orthodoxos Typos, Athènes, 16 juillet 1993. 

25 Stochos, Athènes, 28 juillet 1993, qui titrait : "Après la Russie, la Bulgarie, l'Ukraine et la Roumanie, notre tour est venu : ils essayent [les Occidentaux et le Vatican] de créer en Grèce également le schisme qu'ils ont provoqué dans les autres Eglises". A remarquer que même une publication modérée, considérée comme fortement pro-occidentale, avait publié sous le titre "Le Vatican pousse Skopje dans les bras de la Bulgarie" un article qui prétendait que le pape divisait l'Orthodoxie en Bulgarie, avec l'aide de l 'ex-roi de Bulgarie Syméon (dont l'épouse est une Italienne catholique), qui avait rejoint secrètement le catholicisme (Epopteia Newsletter, 21 (179),juin 1992). 

26 Hê Kathêmerinê, Athènes, 6 août 1993. Longue analyse du correspondant du journal à Istanbul, Alkis Kourkoulas. 

27 Contre Serapheim, lire notamment un ouvrage extrêmement sévère du professeur de Droit canon à l'Université d'Athènes, Konstantinos Dor. Mouratidis, Hê megalê prodosia (1973-1993) tou archiepiskopou Serapheim, [La grande trahison (1973-1993) de l'archevêque Serapheim], Athènes, Editions du journal Orthodoxos Typos, 1993, 409 pages. L'auteur, né en 1918 à Kayseri (Turquie), est l'un des plus éminents théologiens, président de l'Union panhellénique des Théologiens. 

28 "Hê thesis mas enanti tou patriarcheiou Hierosolymôn", [Notre position face au patriarcat de Jérusalem], Orthodoxos Enêmerôsis. Trimêniaia ekdosis Hieras Mêtropoleôs Orôpou kai Phylês [Edition trimestrielle de la sainte métropole d'Oropos etPhyle], n° 12-13, janvier-juin 1993, pp. 29-32. 

29 Radio du Saint Synode de l'Eglise de Grèce, Athènes. Emission du 28 août 1993, 14h30-15h30. Egalement Eleutherotypia, Athènes, 11 août 1993, pp. 18-19. 

30 "Kai hê Hellada metaxy ton neôn barbarôn : etsi mas blepoun stis EPA", [La Grèce aussi, parmi les nouveaux barbares : c'est ainsi qu'on nous voit aux Etats-Unis], Eleutherotypia, Athènes, 11 août 1993. 

31 Oikonomikos Tachydromos, Athènes, n°32 (2049), 12 août 1993.