RAPPEL à tous les Orthodoxes œcuménistes un peu trop consensuels
La dernière demande du Notre Père, en grec, dit :
ἀλλὰ ῥῦσαι ἡμᾶς ἀπὸ τοῦ πονηροῦ
Cette expression peut être traduite de deux façons :
« Délivre-nous du mal » (lecture neutre, abstraite).
« Délivre-nous du Malin » (lecture masculine, personnelle).
Dans la plupart des traductions françaises, on a retenu la formule « du mal », qui est entrée dans l’usage liturgique. Pourtant, cette option appauvrit considérablement le sens biblique et patristique.
Le mal : une absence, pas une force
La théologie chrétienne, surtout depuis saint Augustin, définit le mal non pas comme une réalité substantielle, mais comme une privation de bien (privatio boni). Le mal n’a pas d’existence propre : il est comme l’ombre, qui ne vit que du retrait de la lumière.
Dès lors, il paraît étrange de supplier Dieu de nous « délivrer d’une absence », comme si le mal était une sorte de substance à extirper.
Le Malin : une personne qui agit
Le Nouveau Testament, lui, parle souvent du Malin (ὁ πονηρός), c’est-à-dire de l’adversaire, Satan, celui qui cherche à détourner l’homme de Dieu. Jésus lui-même le qualifie de « menteur et meurtrier dès le commencement » (Jn 8,44).
Les Pères de l’Église confirment unanimement cette lecture :
Origène : « En disant : Délivre-nous du Malin, nous prions pour que l’ennemi de la justice n’ait aucun pouvoir sur nous. »
Jean Chrysostome : « Le Christ ne nous a pas dit : délivre-nous du mal, mais délivre-nous du Malin, montrant que ce n’est pas la nature du mal qui est en cause, mais celui qui nous y entraîne. »
Cyrille de Jérusalem : « Lorsque tu dis : Délivre-nous du Malin, tu comprends par là le diable, l’ennemi de l’âme. »
Même saint Augustin, pourtant grand théoricien de la privatio boni, écrit :
« Nous demandons à être délivrés du Malin, car nous savons que nous ne pouvons pas par nous-mêmes résister à un si grand ennemi. » (Lettre à Proba).
Les traductions liturgiques :
Langue | texte | Traduction littérale | Lecture implicite |
Grec (original) | ἀλλὰ ῥῦσαι ἡμᾶς ἀπὸ τοῦ πονηροῦ
| mais délivre-nous duponirou | peut être neutre (le mal) ou masc. (le Malin) |
Latin (Vulgate
| sed libera nos a malo | délivre-nous du mal | ambigu (mal abstrait ou malin) |
Slavon d’Église | но избави нас от лукаваго
| mais délivre-nous du lukavago | clair : « du fourbe », donc le Malin |
Français liturgique (catholique, œcuménique) | mais délivre-nous du mal | mal abstrait | lecture affaiblie |
Français (traductions patristiques / exégétiques) | mais délivre-nous du Malin | le Mauvais, l’adversaire | fidèle au grec et aux Pères |
Anglais (Catholic / Protestant) | but deliver us from evil | délivre-nous du mal | interprété comme Evil = le Malin |
Italien | ma liberaci dal male | délivre-nous du mal | mais catéchèse : le Malin |
Allemand (catholique / protestant) | sondern erlöse uns von dem Bösen | délivre-nous du mauvais | plus proche du grec : peut désigner une personne |
En grec : l’ambiguïté est conservée, mais la tradition homilétique désigne clairement le Malin.
En slavon : on traduit « délivre-nous du fourbe », ce qui ne laisse aucun doute.
En latin : sed libera nos a malo → cette ambiguïté du mot malum (« mal » ou « malin ») a influencé les traductions modernes.
En français : l’option « du mal » a été imposée, mais elle gomme la dimension personnelle de l’adversaire.
Pourquoi redire aujourd’hui « le Malin » ?
Dans un contexte où l’on peine à nommer le mal autrement que comme « dysfonctionnement » ou « violence anonyme », il est vital de rappeler la vision biblique : le mal n’est pas qu’une absence, il a aussi un visage.
Il y a une liberté créée qui s’est révoltée et qui agit dans l’histoire pour séduire, diviser et détruire. Être chrétien, c’est savoir que nous ne luttons pas contre une abstraction, mais contre « les Principautés, les Puissances, les esprits du mal » (Éph 6,12).
Dire : « Délivre-nous du Malin », c’est confesser que Dieu seul peut nous protéger de cette force personnelle qui dépasse nos forces humaines, mais qui est déjà vaincue par le Christ.
« Après avoir écouté l'Évangile d'aujourd'hui, abordons le problème du mal d'un point de vue chrétien. À l'aube de la création, après avoir créé le monde, Dieu créa les anges. Une catastrophe se produisit : un groupe d'anges se révolta contre Dieu, se sépara de Lui et devint l'ennemi de tout ce qui est bon et saint. Ils étaient dirigés par un ange nommé Lucifer (Porteur de Lumière). Il était juste, mais selon saint Jean Damascène, il déviait librement de la loi, allant à l'encontre de la loi et apostasiant de son Créateur, le Dieu Tout-Puissant. Il fut le premier à rejeter le bien et à choisir le mal. C'est celui qu'on appelle aussi « Satan » dans la tradition chrétienne.Cette capacité, elle aussi, a été donnée à l'homme de choisir librement le bien ou le mal. Dieu ne force personne à faire le bien. Saint Jean le Nouveau Théologien dit à ce propos : « Personne n'a jamais été rendu bon par la force. » À ce moment-là, l'univers devint une arène de conflit entre deux fronts : le front divin du bien et le front satanique du mal. Sachant que l'Église rejette le dualisme qui prétend que deux principes gouvernent le monde : le principe du bien et le principe du mal.Le mal n'est pas une réalité originelle égale à Dieu, mais plutôt une déviation du bien et une séparation de celui-ci. Il n'y a pas de place pour parler du mal au niveau existentiel ; ce n'est pas une entité en soi. De même que l'obscurité ou l'ombre ne sont pas des réalités indépendantes, mais plutôt l'absence de lumière, de même le mal est l'absence du bien. Il n'existe aucune entité appelée mal.Notre saint père Basile le Grand dit :" Le mal n'est pas une essence vivante, mais plutôt un état contraire à la vertu et résultant de la séparation du bien. Par conséquent, ne cherchez pas le mal à l'extérieur et n'imaginez pas l'existence d'une quelconque nature mauvaise. Que chacun soit plutôt conscient de l'étendue de sa responsabilité en s'adonnant au mal.Comparée au dessein et à l'action divine, l'œuvre du mal est illusoire. Cela signifie que Satan est toujours impuissant là où Dieu ne le laisse pas agir. Autrement dit, Satan ne se déplace que dans les limites permises par Dieu. Cela est évident dans la Bible, où Satan demande la permission de combattre Job et d'entrer dans le troupeau de porcs, comme nous l'avons entendu dans l'Évangile d'aujourd'hui. Il est un menteur et le père du mensonge, comme l'appelle Jésus. Il s'appuie sur le mensonge pour convaincre son adversaire qu'il a pouvoir et autorité, mais ce qui lui manque le plus, c'est pouvoir et autorité.Un théologien oriental dit : Le mal ne s'explique pas, mais s'affronte et se combat. C'est ainsi que Dieu a traité le mal lorsqu'il a envoyé son Fils unique pour crucifier les forces combinées du mal et les détruire par l'obéissance, l'amour et la foi. Alors pourquoi Dieu tolère-t-il l'existence du mal et de Satan ? Saint Augustin dit à ce propos : Je suis incapable d'approfondir cette position divine, et je reconnais que cette question dépasse mes forces.L'Église enseigne que le mal n'est pas éternel et immuable comme Dieu le Père, ni qu'il n'est égal à lui en existence. Au contraire, la théologie chrétienne est profondément optimiste et proclame avec force la victoire éternelle du Christ. Mais aujourd'hui, dans sa souffrance et son impuissance, l'homme risque de ne pas pouvoir réaliser cette victoire, car, comme le dit le Seigneur par la bouche du prophète Isaïe : « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies.» Amen.(source)
exemple : https://t.me/la_nouvelle_france/26494

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