BLÂME ET REPROCHE NÉCESSAIRES dans l'ÉGLISE du CHRIST



La critique et l'autocritique recommandées par les Écritures pour les puissants et particulièrement , les bergers et les guides spirituels


Nous ne prenons pas plaisir à blâmer. Nous serions heureux si de sérieuses occasions de sévère critique n'étaient pas données et si notre discours n’était que purement éclairant, consolant et édifiant. Mais malheureusement, un besoin impérieux oblige à recourir au blâme. Car nous n'habitons pas dans une société d'anges, de saints qui sans cesse chantent la louange de Dieu. Mais nous habitons dans un monde qui, selon les Écritures, « est sous la puissance du malin.» (1 Jean 5: 19).

Et plus nous avançons vers la fin du monde, plus le mal se répand et plus il devient arrogant. Et tout ce qui, en d'autres temps, était fait en secret, se produit désormais de plus en plus publiquement, en toute impudence et sans vergogne, et est applaudi de façon démoniaque. Dans certains cas, le blâme, aussi déplaisant qu'il puisse être, et même s’il en coûte, est indispensable, même s'il n'entraîne pas les résultats escomptés, même si c'est « une voix qui crie dans le désert». Dieu a ordonné au prophète Ézéchiel d'exercer le blâme, même s'il n’était pas entendu. C'est agréable, comme le dit Saint jean Chrysostome, le plus puissant censeur de son temps, c'est agréable pour le berger de faire paître son troupeau en un vert pâturage, en jouant de sa flûte accompagné par le bruissement du ruisseau. Mais si un loup apparaît, alors le berger laisse tomber la flûte et plein de courage saisit le lance-pierre et lance des pierres contre le loup. Il y a un temps pour tout. Il y a un temps pour la flûte, mais aussi un temps pour la fronde.

La critique est recommandée par les Écritures. Et c'est surtout le devoir des bergers et des guides spirituels. L'apôtre Paul, écrivant à l'évêque d'Éphèse Timothée, requiert : «Censure, admoneste, exhorte» (2 Tim. 4.2). «Ceux qui pèchent, reprends-les devant tous, afin que les autres aussi éprouvent de la crainte.» (1 Tim. 5.20). Paul lui-même, comme nous le voyons dans les Actes et dans ses Épîtres, a blâmé et a été caustique, mais a également excommunié des personnes et les a abandonnées à Satan en châtiment afin que puissent se racheter, ceux qui ont dévié de la ligne de la foi et de la vie morale provoquant un scandale public. Saint jean Chrysostome, observant ceux qui seraient scandalisés par le blâme et qui ne seraient pas d'accord avec le discours de censure, dirait : Ils mentent, volent, infligent l'injustice, foulent aux pieds les lois divines et humaines, ils blasphèment Dieu, ils bousculent l'ordre moral. Et je ne les blâmerais pas ? Comment le mal sera-t-il circonscrit ? C'est pourquoi les choses sont inversées, sens dessus dessous et rien n’est à sa place, parce que nous ne blâmons pas ni ne sommes blâmés, dit d'ailleurs le Père saint. Socrate disait que la vie non examinée ne vaut pas la peine d'être vécue. Et il a exercé une critique caustique et étendue envers ses contemporains. Et pour sa censure, il était détesté par les dirigeants si bien qu'il fut même condamné à mort à boire la cigüe.
Le blâme est nécessaire. Et des exemples de blâme existent dans les Écritures. À cet effet Paul dit aussi : « Toutes les écritures sont inspirées de Dieu et bénéfiques pour enseigner, blâmer, corriger, traduire en justice » (2 Tim. 3:16). Entendez-vous ce que dit l'Apôtre ? Les Écritures sont « bénéfiques pour blâmer ». Qu'est-ce que ça veut dire ? Tout comme un miroir est utile pour avoir un œil critique, ou rectifier la forme physique et l'apparence d'une personne, de même les Écritures servent de miroir spirituel, elles permettent d’avoir un regard critique sur la forme et l'apparence spirituelles d'une personne, c'est-à-dire qu’ainsi une personne peut voir ainsi la vertu et le vice dans toutes leurs  manifestations et expressions. Dans les Écritures, la vertu est honorée, même si elle est pratiquée par la personne la plus humble et la plus obscure de la terre. Et le vice est fustigé et puni, même s'il est observé dans la vie des grands et des puissants de la terre. Les Écritures ne connaissent pas la partialité envers les personnes. Tout comme le miroir ne flatte pas, mais montre la figure telle qu'elle est, aussi laide soit-elle, et à qui elle appartient, même si elle appartient au dirigeant le plus puissant, ainsi les Écritures ne flattent pas non plus. Elles critiquent l'humble personne de la terre, comme elles blâment le plus haut dirigeant. Chaque être humain, à quelque époque qu'il puisse vivre, dans le miroir spirituel, qui s'appelle l'Écriture, est capable de voir son état et sa forme spirituels, car dans l'Écriture, il existe un exemple qui lui correspond avec un mode de vie qu’il peut mettre en parallèle avec le sien. C’est pour cette raison que les méchants et ceux qui prennent plaisir à la misère d'autrui, les incroyants et les athées détestent et se détournent de l'Écriture. Ils ne peuvent pas supporter la censure de leur vie que fait l'Écriture. Et ils ressemblent à l'ancienne prostituée notoire Laida, qui, lorsqu'elle eut vieilli et vit dans le miroir ses rides et sa laideur, s’est mise en colère et a détruit le miroir ! Mais si ce miroir-ci a été détruit, l'autre, celui de la Sainte Écriture, est un miroir incassable pour les siècles des siècles.

+ Mgr Augustinos, 1983
(version française par Maxime le minime la source)

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