Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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jeudi 31 août 2017

ENFIN BIENTÔT LE RÈGNE DE L'AMOUR UNIVERSEL …et de la religion universelle ?

Dialogue unioniste (à peine ?) imaginé




— Salut François !

— Salut Bart !

— Alors quoi de neuf ? Dis donc, excellent ton dernier discours sur les migrants !

— Ah bon, tu trouves ?

— Ben oui, tu as bien compris toi, qu’avec l’immigration légale et bien favorisée, majoritairement musulmane, qui se développe à l’aise grâce aux avantages sociaux et au regroupement familial, avec en plus l’immigration illégale (plus que bien tolérée finalement par vos gouvernements) et qui ne tardera pas à devenir aussi légale, avec leur procréation (qui n'a pas besoin d'être assistée, elle), maintenant avec les migrants qui arrivent régulièrement et avec les attentats destinés à faire peur et à mettre à genoux les sans-Dieu, les européens de chez vous vont se retrouver comme les derniers dhimmis de chez nous en Turquie…

— Et c’est vrai en plus, mon discours va rassurer tous les vrais chrétiens, progressistes, modernes, tolérants, partageux et accueillants, qu’ils ont bien raison d’accepter de devenir comme vous.

— Génial ! Et toi mon petit François, tu te rends compte ? Tu vas être enfin comme moi, on va être pareils tous les deux. Moi au milieu des Turcs musulmans et toi au milieu des Français, des Allemands, des Anglais…bref et de tous les autres qui devront obéir à l’Union européenne (sinon : couic ! plus de pognon !) tous devenus aussi des dhimmis, ou bien aussi des musulmans. On était faits l'un pour l'autre c'est sûr !

— Ouais, comme ça on va tous se réunir, comme ça on va témoigner au monde que, comme on est pareils, tous frères, on s’aime et voilà, ils vont s’en apercevoir. Comme je t’aime mon Bartounet ! Comme ce sera beau, tu deviendras mon premier ministre des orthodoxes, dans ton petit Phanar, au milieu de nos frères musulmans et moi, dans mon petit Vatican, comme toi au milieu de nos frères musulmans, je serai enfin le chef de tous les chrétiens du monde en attendant de devenir le chef de la religion universelle unique. Tous frères ! Magnifique ! Gloire à Dieu ! Voilà ce qui s’appelle préparer l’avenir ! Voilà ce qui s’appelle être de notre temps ! Voilà ce qui s’appelle être modernes… pas comme tous ces intégristes, recroquevillés sur eux-mêmes, des haineux qui n’ont pas connu l’amour ( les pauvres !), réactionnaires attachés à des détails ennuyeux d’un autre temps. Ah l’amour, mon cher Bart l’amour toujours !
D'un autre côté on a fait du bon boulot dans toute l’Europe et ça marche pas mal avec les Ukrainiens, les Baltes, les Roumains et même les Serbes… faut rien lâcher, et encore un peu et ils seront tous enfin convaincus qu’il faut s’unir à Rome.

— Ah oui ! sans compter que, de l’autre côté de la Méditerranée, tu sais les Turcs, ce sont des sérieux, ils ont une sacrée armée, c’est pas de petits écervelés qui se font sauter ce qui leur reste de cervelle, ce sont de sacrés guerriers bien armés. Si ça se trouve, ils vont rétablir le Califat au Moyen Orient et réussir à restaurer l’empire ottoman et… parvenir même à l’étendre jusqu’en Europe cette fois. Et c’est pour le coup qu’on habitera le même empire, tu te rends compte, la chance ! Wow ! Je te prêterai mes costumes et toi les tiens, on va faire de belles cérémonies à la télé. Tu me logeras dans ton grandiose Vatican et moi je t’inviterai à boire le café et à manger des lokoums dans mon Phanar au charme oriental, quand tu auras envie de te changer les idées avec un peu d'exotisme. Trop bien ! Ah ! Les Russes n’auront qu’à se le tenir pour dit et rester modestes. Tout va rentrer dans l'ordre et nous deux on va leur montrer ce que c’est que le règne de l’amour universel !

jeudi 14 avril 2016

Père Basile [Pasquiet] Higoumène du monastère de la Sainte-Trinité à Tcheboksary, en Tchouvachie

Père Basile : « Je suis devenu orthodoxe pour m’accomplir en tant que catholique »
  

Interview par Nina FASCIAUX  — 
  Le père Basile, alias Vassili Pasquiet, un moine français catholique converti à l’Orthodoxie et pratiquant en Russie depuis bientôt vingt ans. Longue conversation à cœur ouvert dans le monastère de la Sainte-Trinité qu’il dirige à Tcheboksary, un lieu non ostentatoire et accueillant, comme on n’en fait presque plus.

Père Basile : Vous croyez, Nina ?

Le Courrier de Russie : Si on veut, oui. En l’être humain.

P.B. : L’humain, c’est la dernière chose en laquelle il faut croire ! Voyez ce que font les hommes, c’est terrible… Les seuls humains agissant normalement sont ceux qui croient en une divinité.

LCDR : Ah bon ? En n’importe laquelle ?

P.B. : (soupirs) Je serais malhonnête en vous répondant oui puisque je me situe dans la lignée judéo-chrétienne. Je crois en la réalisation de la Bible, en une religion dans laquelle Dieu s’est révélé. Dans les autres croyances, les hommes cherchent encore. Ce que, bien évidemment, je ne condamne pas. Bien sûr, certaines religions ne sont que mensonges. Mais de la même façon, je ne peux condamner quelqu’un qui a été trompé.

LCDR : Qu’est-ce qui vous a poussé vers l’Orthodoxie ?

P.B. : Je n’ai pas été « poussé ». Personne ne m’a forcé. J’ai été attiré, comme l’aimant vers le métal. À l’adolescence, je cherchais un maître à penser. Qui s’est incarné assez bêtement, lors d’un cours de philo au lycée, en la personne de Gandhi. Dans les années 1970, mon frère vivait dans la communauté chrétienne de l’Arche, dans le Larzac, où un groupe de bergers était entré en résistance contre l’armée française qui voulait installer des bases militaires sur le plateau. Les bergers étaient soutenus par la communauté catholique de l’Arche où on les formait à la non-violence. À 17 ans, après avoir reçu mon tout premier salaire dans une usine, je me suis acheté un sac à dos, un sac de couchage, une tente et je les ai rejoints. C’est là-bas que j’ai éveillé ma conscience religieuse et que j’ai été initié au rite catholique dit « oriental » dans une communauté dont j’avais entendu parler, celle de la Théophanie. L’encens, les icônes, les chants, tout cela me mettait plus à l’aise.

« J’ai toujours été persuadé que la catholicité résidait dans l’Orthodoxie »

LCDR : Plus que le rite latin ?

P.B. : Il faut dire que le rite latin n’existait plus vraiment. Quand j’étais enfant de chœur, il restait quelques coutumes, mais ensuite… On s’est débarrassé de beaucoup de choses, des rites ont disparu dans une modernisation de l’Église assez mal gérée dans l’ensemble. L’orgue a cédé la place à la guitare électrique, les prêtres pouvaient se balader en short, plus rien n’avait d’importance ! Peut-être que si je n’avais pas connu le rite oriental, je serais resté chez les Latins, qui sait ? Mais je suis donc devenu moine oriental, ce que l’on appelle un « Grec catholique », à 22 ans. Et j’ai été envoyé à Jérusalem pendant dix ans.

LCDR : Pour y faire quoi ?

P.B. : Nous avons transformé un monastère franciscain, une maison d’études, en monastère grec catholique. Nous étions donc des catholiques qui servions dans le rite byzantin. J’ai toujours été persuadé que la « catholicité » résidait dans l’orthodoxie, dans son côté universel, sans rupture et aux traditions originelles. Et en 1991, après l’éclatement de l’URSS, on a commencé à voir arriver des Russes en Israël : on s’est réveillé un jour à Jérusalem et ça parlait russe !

LCDR : Des Juifs ?

P.B. : Des Juifs oui, mais aussi des gens qui se sauvaient tout simplement de chez eux, des orthodoxes ou des non-croyants… potentiellement orthodoxes, puisque Russes ! Les côtoyer me fut très naturel et ils m’encouragèrent à aller en Russie – ce qui me paraissait, à l’époque, une idée totalement saugrenue. Mais peu à peu, j’ai commencé de rencontrer régulièrement des gens de l’Église orthodoxe, notamment l’évêque de Tcheboksary, en secret bien sûr. Un jour, j’en ai eu assez de ce double jeu que je menais : je suis allé voir le patriarche de l’Église orthodoxe russe en Israël, qui m’a dit d’aller en Russie pour ma consécration. Je suis arrivé à Moscou en 1993, en janvier.

« J’ai laissé le Français en moi au fond de l’eau : je suis devenu Russe »

LCDR : Pourquoi précisément la Russie ?

P.B. : Un catholique fuyant son monastère pour devenir orthodoxe, c’était un peu embarrassant… La Russie, c’est grand – je pouvais vivre caché, au moins au début. Ce que j’ai fait, d’ailleurs : j’ai toujours refusé toute affectation en ville. Je me suis donc réveillé là-bas en plein hiver en sachant que je n’en repartirai pas. Sauf que j’étais vêtu pour la Grèce, pas pour la Russie ! Je suis arrivé pile pour le baptême de la Théophanie, et j’ai compris que si je ne plongeais pas dans l’eau glacée, je loupais mon intégration. Ce jour-là, j’ai laissé le Français en moi au fond de l’eau : je suis devenu russe.

LCDR : Et ensuite ?

P.B. : J’ai gravi les échelons, comme on dit… je suis devenu diacre, puis prêtre et enfin curé dans le village de Nikoulino, en Tchouvachie. Puis, je suis resté 15 ans à Alatyr, une ville de 40 000 habitants au sud de cette république de Tchouvachie, où l’on a reconstruit une église dans un hôpital : la paroisse était missionnaire, on a créé une école du dimanche pour des gens de toutes origines. Ensuite, nous avons lancé la construction d’une autre église : dans une prison pour femmes, à la demande des pensionnaires. J’avais peur la première fois que j’y suis allé – je me faisais des idées terribles sur ce que j’allais trouver dans cette prison. Le directeur, d’ailleurs, m’a accueilli d’un glacial « d’autres ont essayé avant vous et ont laissé tomber. » Mais je n’ai pas abandonné. Et le jour où je devais partir, une icône de la prison – pas une grande réussite artistique, du reste – s’est mise à pleurer… et c’est devenu un lieu de pèlerinage !

LCDR : Qu’est-ce qui vous différencie des autres gens d’église que vous côtoyez, origines exceptées ?

P.B. : À la différence d’autres moines, je n’ai personne ici : pas de connaissances, de famille, pas de clan. Ce fut une chose difficile personnellement mais positive pour ma fonction – vu que je n’ai pas d’attirance pour le bien-être, le confort, pas de famille à placer ou à favoriser, etc. Du coup, j’ai un peu mis les pieds dans le plat en arrivant à Tcheboksary : j’ai balayé les mécanismes de clan existants. Même le ministre local des Affaires intérieures voulait ma tête : il s’opposait à ce que je reste car je n’accordais plus les mêmes faveurs.

LCDR : C’est-à-dire ?

P.B. : Je ne sais pas si mes prédécesseurs recevaient de l’argent… mais pour moi en tout cas, un monastère a ses règles et ses coutumes. Il y avait par exemple un café qui faisait des chachliks, juste là-devant. Nous, les moines, ne mangeons pas de viande et on avait dans le nez, à longueur de journées, ces odeurs de grillades… Ou bien ce vendeur de glaces, qui branchait son frigo chez nous, l’été. J’ai fait cesser tout cela. Ça n’a pas plu à tout le monde et il y a eu des plaintes : « On n’a donc pas trouvé mieux qu’un Français ? », disaient-ils. Et mon évêque répondait : « Non, je n’ai pas trouvé mieux ! ».

« Les Russes m’ont libéré d’une certaine pudeur »

LCDR : Quand sait-on qu’une règle est la bonne ?

P.B. : C’est difficile… Il y a la parole d’Évangile, évidemment, qui est indiscutable. Et puis il y a l’usage. On nous répète depuis des générations « ne mets pas les doigts dans ton nez », n’est-ce pas ? Mais qui a dit que c’était mal ? C’est l’usage, on a cru bon de décider ainsi. En général, les mauvaises règles ne restent pas. Le problème en Russie, c’est qu’il n’y a pas eu de continuité dans la transmission des règles, des coutumes monastiques. Alors, on doit secouer un peu d’abord, grogner et s’adoucir ensuite pour se faire entendre. En fait, l’important est moins la règle que la compréhension que l’on en a.

LCDR : Qu’est-ce qui a été le plus dur dans votre intégration ?

P.B. : On m’a parfois accusé d’être un envoyé de l’Église catholique, une sorte d’espion ou encore d’être un franc-maçon. Récemment, le représentant régional du parti d’opposition Russie Juste a débarqué dans mon bureau sans prévenir, avec sa horde de journalistes. Ils m’ont photographié en train de lui donner la bénédiction et ça a été publié. C’était trop facile, les gens se sont précipités pour dire : « Ah ! Vous voyez, nous savions bien qu’il était de l’autre côté » !

LCDR : Qu’est-ce que venir ici vous a apporté ?

P.B. : Les Russes m’ont donné la possibilité de me réaliser en tant que personne. Ils m’ont libéré. Le premier pas fut cette fameuse séance de baptême pour la Théophanie en 1993. Ils m’ont libéré d’une certaine pudeur… Les Français sont si coincés !

LCDR : Comment ça ?

P.B. : Ils s’ennuient et sont ennuyeux. Lorsque je vais à Cannes, pour rendre visite à la communauté russe orthodoxe, on va au restaurant et on met l’ambiance ! Les Français parlent à voix basse, ils ne veulent pas déranger. Alors qu’avec nous, c’est la fête !

LCDR : Et le plus grand défaut des Russes, alors ?

P.B. : Ils n’ont aucune mesure (rires) ! Ils ne savent pas s’arrêter. En même temps, les qualités, les défauts, vous savez… Si ça se trouve, ça n’en est pas un. Toute la publicité faite en France contre la Russie m’horripile. C’est mensonger – et surtout, en quoi est-ce que ça les regarde ? Quand je défends une autre idée de la Russie, mon père me dit « oh, ça doit être ton Poutine qui t’a encore fait boire quelque chose ! »

« Sous l’URSS, pratiquement tous les communistes étaient baptisés – même au sein du KGB ! »

LCDR : Quelle est votre opinion sur le battage médiatique actuel autour de l’Église orthodoxe russe ?

P.B. : Vous savez, les Soviétiques ne furent pas les premiers à vouloir anéantir la religion – ni à échouer. La terreur n’a jamais fonctionné ni anéanti la foi – bien au contraire ! Aujourd’hui, on asticote Kirill parce qu’il aurait fait retoucher une photo où il portait une montre de luxe… Ou bien l’histoire de ces filles qui se sont données en spectacle à la cathédrale du Christ-Sauveur [Pussy Riot, ndlr] – on blâme l’Église de s’y être opposée. Tout cela est monté en épingle, on cherche à nous nuire en accordant beaucoup trop d’importance à des broutilles ! Comme le dit la Bible, l’homme n’est que mensonge. On a tous, toujours, quelque chose à cacher. Même nous, même moi, il m’arrive de faire face à des mensonges. Consciemment ou inconsciemment, nous participons tous à la vaste mascarade.

LCDR : L’Église russe semble plutôt bien lotie…

P.B. : Oui, ici, l’Église est invitée partout, à tous les événements publics. Parce que l’Église russe défend les valeurs patriotiques. Même Staline l’avait compris : pendant la seconde Guerre mondiale, alors qu’il était sur le point de perdre la guerre, il a fait appel à l’Église – et a gagné. Sous l’URSS, pratiquement tous les communistes étaient baptisés – même au sein du KGB !

LCDR : L’Église en politique, vous y croyez ?

P.B. : Surtout pas. Elle est aujourd’hui séparée de l’État et c’est très important. Avant, l’Église était soumise. Actuellement, elle est libre et doit le rester. En revanche, l’Église, après tout, c’est quoi ? C’est un groupe de citoyens. Et au même titre qu’un club de chasse, nous devons avoir une voix et la faire entendre. Je ne parle pas de faire de la politique mais de constituer une valeur politique. Faire de la politique, c’est séparer les gens. Nous, nous les rassemblons.

« L’histoire russe fait écho en moi, en mes racines vendéennes »

LCDR : Séparer les gens ?

P.B. : À Alatyr, avant la Révolution, il y avait 17 églises pour 17 000 habitants. Une pour mille… Avec un clergé instruit. La ville avait ses artistes, son université et très peu de prolétaires. Lorsque les comités révolutionnaires ont pris le pouvoir à Alatyr, pensez-vous qu’ils aient été portés par le peuple ? Évidemment, non. De la même façon, la Révolution française n’a pas été amorcée par les prolétaires – ce fut une révolution de bourgeois. Louis XVI avait envoyé dans ses communes des gens chargés de présenter les cahiers de doléances – dans lesquels le peuple pouvait faire part de ses frustrations, de ses besoins. Et alors, un malaise a commencé à naître chez les bourgeois qui vivaient alors sous l’oppression d’un peuple désormais conscient de ses frustrations. Les bourgeois se sont révoltés – le peuple n’a pas suivi et a été sévèrement réprimé. En Vendée, d’où je viens, cette répression a été sanguinaire. Ce sont mes ancêtres qui sont morts – et qui sait, c’est peut-être pour ça que je suis en Russie aujourd’hui. L’histoire russe fait écho en moi, à mes racines vendéennes.

LCDR : Que faudrait-il changer en premier lieu, selon vous, dans notre société ?

P.B. : Si l’on prend le temps de parler avec quelqu’un, de donner à manger à celui qui a faim, de sacrifier un peu de notre confort – là, on change les choses. On ne change pas le monde avec des idées mais avec des actes – à commencer par là on l’on se trouve. Il faut savoir casser les murs autour de soi. Sur l’autel de la consommation, on a sacrifié la vie rurale. L’Europe a tué ses paysans, ses pêcheurs, ses chasseurs. En Russie, on a encore des gens qui savent vivre sans tous les artifices qui nous entourent. Le moine choisit volontairement ce dépouillement, il se fait violence pour vivre sans.

LCDR : Quel fut le plus lourd des sacrifices de votre vie monastique ?

P.B. : Le sacrifice est permanent quand on a choisi une vie comme la mienne. Notre vie n’est pas réglée sur le désir ni le fantasme, mais sur la règle et l’obéissance. Mais vous savez, je suis moine depuis 34 ans – alors le renoncement à sa volonté propre est de plus en plus aisé… C’est comme le vélo : le premier col est difficile à monter, mais ensuite, on a plus de force pour le suivant.

Le Courrier de Russie remercie son partenaire Tsar Voyages pour avoir rendu possible la réalisation de ce reportage.


mardi 5 avril 2016

Père Basile Pasquiet interview à La Voix de la Russie


SOURCE
Abbé Basile (Pasquier) : « Les immigrés ont donné un esprit russe à l’Occident »
L’higoumène du Monastère masculin de la Sainte Trinité à Tcheboskary, l’Abbé Basile (Pasquier), explique dans une interview à La Voix de la Russie pourquoi il ne revient pas en France, son pays natal, ce qui l’attire en Russie, et pourquoi il aime le thé « à la russe ».
La Voix de la Russie : Révérend, racontez-nous comment vous vous êtes retrouvé en Russie ?
Abbé Basile : Par la volonté de Dieu. Je n'aurais jamais pu imaginer que je pourrais me retrouver dans ce pays, car à cette époque là, la Russie était un pays fermé aux européens. C’était encore l’URSS, un pays derrière un « rideau de fer », où de nombreuses personnes souffraient pour leur foi, vivaient dans des monastères fermés - telle était la politique de l’époque. Et l’autre côté de la médaille c’est la Sainte Russie, un énorme pays, qui a sa propre histoire dans l'Orthodoxie, un pays où le renouveau spirituel a commencé longtemps avant la Perestroïka, un renouveau spirituel qui ne s’est sans doute jamais arrêté.
Pourquoi la Russie ? Probablement parce que toutes mes pensées sont associées à ce pays. Il y a longtemps, je suis allé en Israël, à Jérusalem, où j’étais moine dans l’un des monastères catholiques. Pendant plus de quinze ans, j'ai attendu un signe de Dieu. Je ne savais pas ce qu’il fallait que je fasse pour me retrouver dans une Église orthodoxe. Auparavant, j’avais entrepris de nombreuses tentatives, mais elles n’avaient pas abouti.
En 1992, après l'effondrement de l'Union soviétique, j'ai été témoin d’un gigantesque « tsunami » une énorme foule de Russes est arrivée en Israël, et parmi eux, les orthodoxes étaient très nombreux. J'ai commencé à discuter avec eux, et ils m’ont « contaminé » avec une maladie, dont le nom est – « l'amour pour la Russie ». Ensuite, j’ai rencontré mon actuel évêque et d’autres membres du clergé orthodoxe. Par un concours de circonstances, je suis devenu intimement lié avec la Russie, et j’y vis depuis un peu plus de 18 ans maintenant.
LVdlR : Donc, la raison de votre arrivée en Russie est liée avec le départ des Russes de leur pays ?
A.B. : Oui, on peut le dire comme cela. Cette vague d'immigrés russes a influencé ma décision. C’est bien à Jérusalem que j’ai rencontré les Russes qui m’ont fait venir ici.
LVdlR : Comment avez-vous décidé de devenir prêtre ?
A.B.: Je ne dirais pas que j’ai pris cette décision dès mon enfance. Je sentais juste que je me dirigeais dans cette voie. J'avais vingt ans, j'étais encore jeune et libre, capable de me marier, de fonder une famille. Mais j'avais toujours un désir caché de devenir un moine. Je me suis retrouvé devant ce choix, car les deux choses étaient importantes pour moi.
Je suis allé voir un prêtre (maintenant il est l’abbé d’un monastère) et lui ai demandé : « Que dois-je faire ? ». Il ne m’a pas pressé et m’a juste dit que je devais bien y réfléchir. Et plus j’y pensais, plus j’avais envie de devenir moine. Ensuite, j’ai vécu dans un monastère (on peut dire que j’ai de l’expérience dans ce domaine), et je me suis mis à beaucoup lire. Et c’est ensuite que je me suis dit : « C’est apparemment mon destin ».
LVdlR : Qu'est-ce que vous aimez le plus en Russie ? Qu’est-ce qui vous déplaît le plus ?
A.B. : Je n'y pense même pas ! Je vis ici, c’est tout. Bien sûr, il y a des difficultés, des choses qui sont difficiles à affronter, mais les Russes ont du caractère. Je vis en Russie, et je m’inquiète pour elle. Même en cas de différends avec les pays européens, je soutiens le point de vue de la Russie, je la défends. Je pense qu’à l'heure actuelle, la Russie peut «répondre» et donner des enseignements aux autres pays, elle a le pouvoir de le faire. C’est pourquoi certains pays commencent à avoir peur d'elle et à construire des intrigues derrière son dos. La Russie – c’est un grand pays qui a une énorme dignité.
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Je suis très heureux de vivre avec le peuple russe. Les gens sont ouverts, accueillants et donnent tout ce qu'ils peuvent donner. Un sentiment d’innocence émane d’eux, de bonté... Les russes sont très ouverts, ils sont libres et aiment bien vivre. Les Français, ne sont pas comme cela, malheureusement, ils sont très fermés.
Récemment, on m’a proposé de rentrer en France pour servir l’Eglise orthodoxe russe là-bas. Et je doute sérieusement si je dois y aller ou rester ici. Mais pour l’instant, tous les événements montrent que je n’ai rien à faire là-bas. Je n’exclus pas que j’y retournerai un jour, mais certainement pas maintenant.
LVldR : Est-ce que vous avez parfois un sentiment de nostalgie ?
A.B. : Seulement quand je vois des paysages français, des tableaux, des films. Je me rappelle alors que la France est un beau pays. Mais la Russie – c’est un pays «large» par son étendue, avec de jolis bouleaux, et une jolie nature.
LVdlR : Que diriez-vous aux Russes qui veulent quitter leur pays ?
A.B. : Partez, mais revenez vite ! (Sourit).
Je pense que tout se passe par la volonté de Dieu. Si c’est le destin d’une personne de partir, elle partira. C’est Dieu qui a décidé de m'envoyer ici. Pendant la Révolution d’Octobre, un grand nombre de Russes ont émigré dans les pays occidentaux, cela faisait probablement partie du plan de Dieu. C’est un malheur, bien sûr, pour ceux qui étaient obligés de quitter leur terre natale. Mais il ne faut pas voir le négatif partout. Les Russes qui ont fui la Russie ont donné à l’Occident l’esprit russe et la foi russe. Et ces gens qui partent y vivre actuellement, eux aussi, vont y laisser une partie d'eux-mêmes.
LVdlR : Y a-t-il quelque chose dans les traditions russes que vous aimez beaucoup ?
A.B. : J’aime bien boire le thé. (Sourire)
LVdlR : Mais les Anglais boivent le thé aussi ?
A.B : Les Anglais boivent le thé à une heure précise, et les Russes quand ils le veulent. En fait, j'aime la tradition d'offrir du thé aux invités, l'hospitalité russe.
Les Français, par exemple sont des gens plutôt suffisants qui peuvent ne pas vous inviter à table si vous n’êtes pas arrivé chez eux à l’heure du déjeuner. Ils vont vous demander d’attendre. Mais en Russie, ce n’est pas le cas. On vous mettra
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obligatoirement à table et vous donnera quelque chose à manger. Je me souviens de mes premiers jours à Moscou, lorsque j’ai visité plusieurs amis un après-midi et on a sorti de la bouillie, du thé, ou du sarrasin – il y avait toujours quelque chose à manger !
LVdlR : Vous ne regrettez donc pas vous être installé en Russie ?
A.B : Non ! Bien sûr que non ! Lorsqu’on on m'a demandé de revenir en France, j'ai immédiatement commencé à ressentir du désespoir et de l'angoisse : « Comment vais-je vivre sans la Russie ? » Maintenant, je comprends que quand je reviendrai en France, je vais m’installer dans un quartier où vivent des Russes. Je me suis habitué à eux, à leur langue et à leur mode de vie.

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dimanche 17 août 2014

Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie s’est adressée aux Primats des Églises orthodoxes locales à propos de la situation dans l’est de l’Ukraine où une guerre civile fratricide se poursuit depuis plusieurs mois, leur demandant de prier pour la paix en Ukraine. Le Primat de l’Église orthodoxe russe a aussi appelé à élever la voix pour la défense des chrétiens orthodoxes de l’est de l’Ukraine qui, dans un contexte de violence accrue de la part des gréco-catholiques et des schismatiques, craignent chaque jour pour leur vie et celle de leurs proches.
La lettre à Sa Sainteté le Patriarche Bartholomée de Constantinople dit notamment :



"Sainteté, bien-aimé dans le Seigneur Confrère et Concélébrant,
Je vous adresse mes cordiales salutations, y joignant mes vœux de paix et d’affermissement des forces physiques. Que Dieu vous aide dans Votre ministère primatial.
Un sentiment de profonde douleur et d’extrême inquiétude pour les fidèles de notre Église dans l’est de l’Ukraine, où une guerre civile fratricide se poursuit depuis plusieurs mois, m’incite à vous adresser la présente.
Dès l’automne dernier, au début de la crise politique en Ukraine, les représentants de l’église gréco-catholique et des communautés schismatiques qui prenaient la parole au Maïdan de Kiev, prêchaient ouvertement la haine contre l’Église orthodoxe, appelant à confisquer les sanctuaires orthodoxes et à éradiquer l’Orthodoxie du sol de l’Ukraine. Dès le commencement des opérations militaires, les uniates et les schismatiques, une fois armés, se sont livrés à des actes d’agression directe contre le clergé de l’Église orthodoxe ukrainienne canonique dans l’est du pays, sous prétexte d’opérations anti-terroristes.
Dans le même temps, l’Église orthodoxe ukrainienne, au contraire des gréco-catholiques et des schismatiques, se garde de tout engagement politique. Elle continue à remplir sa mission spirituelle auprès de ses nombreux fidèles, dont des personnes engagées d’un côté ou de l’autre ; elle s’efforce de les réconcilier et des appelle inlassablement au dialogue.
Ces dernières semaines, les évêques locaux nous signalent des cas d’outrages au clergé de l’Église canonique orthodoxe ukrainienne, systématiquement persécuté. Voici quelques exemples.
* > Le 17 juillet de l’année en cours, pendant la célébration de la Divine liturgie à l’église de la Résurrection de Slaviansk, un groupe d’hommes en armes commandés par un aumônier militaire gréco-catholique s’est introduit dans l’église et a menacé le recteur de l’église, l’archiprêtre Vitaly Vessioly. Le représentant de l’église gréco-catholique ukrainienne a déclaré que le Patriarcat de Moscou n’avait pas sa place en Ukraine et s’est indigné de ce que le président ne permît pas aux uniates de confisquer la laure des Grottes de Kiev.
* > Le 19 juillet, l’archiprêtre André Tchitcherine, chef du doyenné Saint-Nicolas du diocèse de Gorlovka a été insulté, menotté, interrogé et menacé de mort.
* > Le 20 juillet, près de Slaviansk, des hommes armés de mitraillettes ont forcé l’archiprêtre Vadim Iablonovovski à se creuser une tombe. Le même jour, l’archiprêtre Victor Stratovitch a été menotté et emmené dans la forêt, la tête couverte d’un sac ; forcé de s’agenouiller, il a subi un interrogatoire dans cette position.
* > Le 30 juillet, au village de Krasnoarmeïsk, dans la région de Donetsk, un groupe d’hommes en armes a procédé à une perquisition illégale dans la maison de l’archiprêtre Igor Serguienko, recteur de l’église Saint-Alexandre-Nevski. Le prêtre a été outragé, accusé de faire partie d’organisations clandestines, menacé de tortures, tandis qu’on exigeait qu’il quittât le territoire de l’Ukraine et remît les titres de propriété de l’église.
Le même jour, dans l’arrondissement d’Ambrossievka (région de Donetsk), les militaires ukrainiens ont arrêté l’archiprêtre Evgueny Podgorny, qu’ils ont insulté de mots orduriers, ligoté et jeté à terre avant de le frapper à coups de pied et de crosses. Après avoir tiré au-dessus de sa tête, on a exigé qu’il reconnût aider les insurgés. On a exigé que l’archiprêtre de Donetsk retirât sa croix pectorale : elle lui a été arrachée après son refus. Un sac lui a été mis sur la tête, on l’a jeté dans une fosse, avant de menacer de tuer son fils. Sa maison a été pillée. Le prêtre n’a été libéré que grâce à l’intervention des paroissiens.
Nous ne pouvons nier le fait que le conflit en Ukraine a une connotation nettement religieuse. Les uniates, et les schismatiques qui les suivent, s’efforcent de prendre le pas sur l’Orthodoxie canonique en Ukraine, tandis que l’Église orthodoxe ukrainienne continue à assurer la pastorale de ses fidèles en détresse avec patience et courage. Les prêtres desservant les régions où se déroulent les opérations militaires restent majoritairement avec leurs ouailles, partageant avec elles toutes les horreurs de la guerre civile. Leurs familles souffrent d’attaques, du manque d’eau et de provisions, périssent sous les obus pendant les tirs d’artillerie. 
* > Ainsi, le 31 juillet, des tirs visant un quartier d’habitation de Lougansk ont touché l’archiprêtre Vladimir Kreslianski, bientôt décédé de ses blessures. Le prêtre défunt laisse une femme et cinq enfants.
L’est de l’Ukraine, terre prospère, peuplée de millions de chrétiens orthodoxes laborieux, se transforme en terre brûlée. 
* > La résidence du métropolite Hilarion de Donetsk et de Marioupol a été détruite par un bombardement. 
* > Des tirs d’artillerie ont endommagé la direction diocésaine de Gorlovka. 
* > Le monastère féminin de la Vierge d’Iveron, au diocèse de Donetsk, gît en ruines, il a brûlé pendant les opérations militaires. Mais l’Église orthodoxe ukrainienne, Église martyre, malgré ces conditions extrêmement difficiles, reste avec ses fidèles, faisant son possible pour aider les gens qui vivent les temps les plus terribles de l’histoire contemporaine de l’Ukraine. Dans le feu de la guerre civile, des centaines de milliers de personnes ont perdu leur toit et fui. Beaucoup d’entre eux, fuyant les horreurs de la guerre, trouvent refuge dans les églises et les monastères, notamment à la laure de la Dormition de Sviatogorsk, qui déborde de réfugiés. A Donetsk, Gorlovka, Lougansk, les populations civiles, espérant se sauver des bombardements et des tirs, passent la nuit dans les églises, y reçoivent un toit et de la nourriture gratuite. D’autres monastères, les paroisses et les diocèses de l’Église orthodoxe ukrainienne s’emploient à aider activement les réfugiés et, plus généralement, les civils.
Le Patriarcat de Moscou se saisit de toute occasion d’assurer une aide humanitaire à la population civile des arrondissements où se déroulent les opérations militaires. Dans les paroisses de l’Église orthodoxe russe, une prière spéciale pour la paix en Ukraine et pour la fin de la guerre civile en Ukraine est récitée quotidiennement. L’Église a soin de plusieurs milliers de réfugiés d’Ukraine de l’est, logés dans des camps, sous des tentes et répartis ensuite dans des locaux spécialement préparés à leur intention dans différentes régions de Russie. L’aide est accordée à tous, indépendamment de la nationalité et de la confession religieuse. Parmi ceux qui cherchent refuge en Russie, on trouve de nombreux militaires de l’armée ukrainienne, qui n’ont pas souhaité tirer sur leur peuple.
En ces jours, difficiles pour toute l’Église orthodoxe russe, et plus spécialement pour ses fidèles d’Ukraine, je demande les prières de Votre Sainteté, des éminents archipasteurs, pasteurs, moines et fidèles de la sainte Église de Constantinople, pour la paix en terre d’Ukraine, pour la cessation de l’effusion de sang et pour tous nos frères dans le Seigneur qui souffrent, particulièrement pour les hiérarques et les prêtres qui, dans les conditions extrêmement difficiles de la guerre civile continuent à remplir courageusement leur devoir, à célébrer les offices liturgiques et à défendre la Sainte Orthodoxie.
Je prie Votre Sainteté de saisir toute possibilité pour faire entendre Sa voix en faveur des chrétiens orthodoxes de l’est de l’Ukraine, qui, dans un contexte de violence accrue de la part des gréco-catholiques et des schismatiques craignent quotidiennement pour leur vie et celle de leurs proches, dans la peur que, si les persécuteurs prennent le pouvoir, les orthodoxes devront renoncer à leur foi ou faire l’objet de cruelles discriminations.
Avec mon affection fraternelle dans le Seigneur,
+ CYRILLE
PATRIARCHE DE MOSCOU ET DE TOUTE LA RUSSIE"
Source : Mospat.ru

mercredi 4 juin 2014

L'Uniatisme et ses dégâts : de l'Unia de Brest aux années 2000

Hieromartyr Gabriel de Galice (1886-1948) : Un martyr carpatho-russe pour l'unité des chrétiens en Russie occidentale  
En 1596, à Brest maintenant dans le sud-ouest de la Biélorussie, des centaines de milliers d’Orthodoxes vivant dans les régions frontalières de la Russie occidentale ont quitté l'Église. Opprimés par la tyrannie polonaise catholique romaine, ils avaient été forcés à entrer dans le schisme de l'Église orthodoxe par la fraude de l'uniatisme. Cet événement de division, connue ironiquement sous le nom d’ «Union de Brest », projeta une ombre obscure sur toute l'histoire de la région qui s’en est suivie. Les intrigues politiques schismatiques du Vatican et la violence de ses fonctionnaires polonais arrachèrent de l'unité avec l'Église orthodoxe universelle des provinces entières de l'ouest de la Russie. Les tragédies qui ont suivi et les actes de meurtriers de masse catholiques comme l'archevêque Josaphat Kuntsevich ( 1623) ou le prêtre André Bobola ( 1657 ), tous deux canonisés par le Vatican, comme le criminel de guerre du XXe siècle Mgr Stepinac de Zagreb, ont laissé les Orthodoxes sans illusions sur la vraie nature de Rome.

Pape François vénérant l'icône gréco-catholique de
Josaphat Kuntsevich

 Heureusement, dans des conditions politiques plus favorables, de nombreux uniates sont revenus plus tard du schisme à la foi orthodoxe. Ainsi, près de deux cents cinquante ans plus tard, en 1839, au Concile de Polotsk , des centaines de milliers d’uniates en Biélorussie, Volhynie et Podolie, autrefois séparés de l'Orthodoxie par la violence, sont retournés à l'Orthodoxie par l’amour. A la fin de ce siècle, quelques 90.000 immigrés uniates de Galicie et carpatho-Russie aux Etats-Unis, désormais libérés de la tyrannie de l’Autriche-Hongrie, sont également retournés à l'Orthodoxie. À partir de 1900, leur exemple a été suivi par les Lemkos carpatho-russes en Autriche-Hongrie, comme le Hiéromartyr Maxime de Gorlice. Et à partir de 1900, des dizaines de milliers d'autres Carpatho-Russes au sud, conduits par St Alexis de Carpatho-Russie, ont également commencé leur retour à l'Église orthodoxe. Après 1918, se trouvant en Tchécoslovaquie, leur mouvement d'embrasser l'Église a continué.

Maxime de Gorlice

 Entre 1918 et 1939, les uniates en Galice ont aussi progressivement commencé à revenir à l'Orthodoxie, malgré la féroce répression polonaise. En 1928, il y avait là 40 paroisses orthodoxes et finalement quelques 5000 fidèles sont retournés à l'Orthodoxie. Cependant, la répression a continué jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Malheureusement, suivant les directives du Vatican, à partir de 1939 l'épiscopat uniate latinisé a montré une enthousiaste fidélité au nouveau régime nazi. En effet, le chef des uniates en Galice, le 'Métropolite' Andrei Sheptitsky, a littéralement « béni » la 14e division de SS, recrutée en Galice, et leurs massacres génocidaires. Des membres du haut clergé uniate en Galice ont également soutenu des organisations ukrainiennes nationalistes. Ces derniers sont connus pour leurs meurtres de communistes, de Juifs, de Polonais et de membres du clergé orthodoxe et ils ont continué leurs activités terroristes dans les années 1950. En conséquence, après la Seconde Guerre mondiale, le successeur de Sheptitsky, Joseph Slipy, et quatre autres évêques uniates ont été arrêtés par le nouveau régime soviétique pour collaboration avec les nazis, en tant que collabos partout en Europe libérée . 

 Toutefois, pour une note plus joyeuse, à la suite de la libération de l'oppression polonaise d'avant-guerre suivie de l'oppression nazie pendant la guerre, d'autres uniates en Galice ont décidé de saisir l'occasion tant attendue pour réintégrer l’ Église orthodoxe Mère. Ainsi, le 28 mai 1945, à Lvov, un archiprêtre uniate, le Père Gabriel Kotelniki, et d’autres membres du clergé uniate ont formé un groupe dans le but exprès de revenir à la communion avec l'Église orthodoxe. Il ne peut y avoir aucun doute sur la sincérité des motivations de ces membres du clergé, en particulier du P. Gabriel, qui avait longtemps montré son attachement à l'Orthodoxie. 


 Né en 1886, le P. Gabriel était d’origine carpatho-russe. Il avait étudié à Zagreb, puis à l'Académie de théologie de Lvov et l'Université de Fribourg, où il avait obtenu un doctorat en philosophie. Excellent théologien universitaire et historien de l' Église, il était aussi poète et philosophe. Ordonné prêtre en 1913 à Lvov, il avait servi à la cathédrale de la Transfiguration, et avait travaillé comme professeur à l'Académie théologique de Lvov. Son étude des Pères de l'Église l'avait convaincu de la vérité de l’Orthodoxie. En 1930, il avait exprimé son point de vue dans la presse, ce qui lui avait valu d’être privé de son poste à l’Académie. Il a continué à écrire sa critique du catholicisme dans les années 1930 et est devenu convaincu de la fausseté théologique de l'uniatisme et de sa nature anti-ecclésiale pernicieuse. 

 En 1945, le groupe de P. Gabriel, appelant à un retour à l’Église Mère, ne fut pas une voix criant dans le désert. À Moscou, le patriarche Alexis I nouvellement élu accueillit le désir des membres du clergé et des fidèles uniates de rentrer dans le sein de l’Église Mère, et de laisser les hérésies du Vatican. Le 23 Février 1946, le métropolite Jean de Kiev a reçu le P. Gabriel et douze autres prêtres uniates dans l’Orthodoxie. À la fin du mois deux de ces prêtres ont été consacrés évêques. Les 8 et 9 Mars 1946, un synode a eu lieu dans la cathédrale de St George à Lvov, présidé par le P. Gabriel. Les deux nouveaux évêques et les autres membres du clergé ex-uniates étaient également présents. D'autres évêques orthodoxes y ont également pris part, ainsi que 204 prêtres uniates et quelques laïcs.


Патриа́рх Алекси́й I 
 L'orateur principal au synode de Lvov fut le père Gabriel. Il affirma ce que savent tous les Orthodoxes, que «l'Union» de Brest a été la plus grande catastrophe jamais produite dans la vie spirituelle et nationale de la Russie occidentale. P. Gabriel a appelé tous les uniates au retour à la foi de Kiev, la « Jérusalem slave », l’Église Mère orthodoxe et à la libération de la tyrannie et de l'hérésie papiste. Le lendemain matin, les 204 membres du clergé uniate ont renoncé aux erreurs latines. Ils se sont unis à l'Église orthodoxe à travers le sacrement de la confession par le clergé ex-uniate nouvellement reçu. Cet événement a été suivi de la concélébration de la Divine Liturgie. Un message a été envoyé au patriarche Alexis, qui a fait bon accueil à la journée de la libération spirituelle qui était arrivé, annonçant la réunion des uniates avec l'Église orthodoxe et la foi universelle du premier millénaire. Toutefois, le clergé nouvellement reçu a reconnu qu'il ne serait pas facile de réunir tous les fidèles de Galice à l'Église. Leur acte n'était qu'un début et il serait difficile de surmonter les préjugés aveugles et un lavage de cerveau de 350 ans depuis l'Union de Brest. 

 Par conséquent, le Synode a également envoyé un message à tous les galiciens uniates. Ce message leur rappelait comment l’Unia leur avait été imposée par le Vatican et les autorités polonaises et la façon dont elle avait détruit l'unité spirituelle de l’Ukraine et de toute la Russie. Ils appelaient à la libération de l'oppression latine et de la polonisation et rappelaient que l'Église orthodoxe était la première église de l'Est comme de l'Ouest. Toutes les autres soi-disant « Églises » en étant issues et ayant été formées par le schisme et l'hérésie. En revenant à l’Orthodoxie, ils reviendraient à la foi de leurs ancêtres et de tous les autres Ukrainiens. Un mois plus tard, le 5 Avril 1946, le père Gabriel a conduit une délégation du synode au patriarche Alexis de Moscou. P. Gabriel a été fait Protopresbytre, la plus haute distinction possible pour un prêtre marié . 

 La majorité des Uniates de Galice a commencé à suivre le mouvement orthodoxe et a été reçue dans l'Église orthodoxe. Ils sont venus dans les églises orthodoxes, se sont confessés, ont reçu la communion et ont procédé au baptême de leurs enfants. Pour la plupart, ils étaient sincères, beaucoup s’étaient toujours pensés eux-mêmes comme orthodoxes en tout cas. En moins d'un an du lancement du mouvement orthodoxe, 997 prêtres uniates en tout, c’est à dire 78 % du total en Galice, avaient rejoint le groupe de Père Gabriel et étaient de retour à l’Orthodoxie. Cependant, même s’il ne peut y avoir aucun doute que le clergé uniate au Synode de Lvov n’ait sincèrement voulu s'unir à l'Église orthodoxe, le problème est que certains de ceux qui étaient venus en dernier ne l’étaient pas. En effet, plusieurs d'entre eux étaient en réalité des opportunistes, profitant du fait que la Galice faisait maintenant partie de l'Union soviétique anti-Vatican. 

Ils avaient donc rejoint le troupeau uniquement pour sauver leur peau sous couvert d’Orthodoxie. Pour l'Église orthodoxe, c'était une situation difficile. D'une part, cela ne pourrait clairement pas détourner ceux qui s’étaient repentis avec sincérité, comme ceux du Synode de Lvov qui aimaient l'Orthodoxie. D'autre part, on savait aussi que, sous le pouvoir soviétique athée, le sort des uniates qui avaient collaboré avec Hitler était une mort presque certaine. En fin de compte, les évêques orthodoxes firent montre de miséricorde et de générosité, protégeant les sincères comme les opportunistes de l'oppression soviétique. Ainsi, on reçut dans l'Église tous ceux qui le demandaient, indépendamment du fait qu'ils étaient sincères, ou tout simplement qu’ils avaient peur du NKVD. La responsabilité de la tragédie spirituelle de ces uniates qui hypocritement s'unirent à l'Église n’incombe pas à l’Orthodoxie, mais à deux autres groupes. Tout d’abord, il y avait les dirigeants uniates anti-russe et anti-orthodoxe qui, par leur alliance parrainée par le Vatican aux nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, avait clairement pris une position antisoviétique. Deuxièmement, il y avait les communistes soviétiques, qui réprimaient impitoyablement leurs ennemis politiques. Pour eux, étaient inclus non seulement les dirigeants, mais également le clergé et les laïcs uniates, ordinaires et sincères, si latinisés et induits en erreur qui s’étaient compromis avec le fascisme 

 Il est également vrai que tous ces uniates étaient vénaux. Une poignée de membres du clergé et de laïcs uniates égarés restèrent fidèles au Vatican et sacrifièrent leur liberté pour le faire. Plusieurs membres du clergé uniate, bien que certains d'entre eux en fait fussent innocents de la collaboration avec le fascisme, ont été « liquidés » par la police secrète soviétique, le NKVD. Leur répression de toute évidence n'avait rien à voir avec l'Église orthodoxe, qui n'avait pas le pouvoir politique, ayant elle-même subi une persécution atroce depuis 1917. La répression de l'uniatisme fut l'affaire du Parti communiste soviétique et du NKVD, qui ont cherché à se venger de la collaboration uniate avec Hitler. 

 La situation signifiait que, dès 1959, de 3431 paroisses uniates enregistrées en 1946, 3222 étaient devenues orthodoxes. En 1961, de 1 643 anciens prêtres uniates, 1243 étaient devenus orthodoxes et 347 sont restés uniates. Comme nous l'avons déjà dit, il ne fait aucun doute que beaucoup d'entre eux n’étaient pas sincères. Cela est devenu évident lorsque, après la chute de la tyrannie soviétique dans les années 1990, de nombreux Galiciens sont retournés à l’uniatisme, essentiellement pour des motifs nationalistes. D'autre part, il faut dire que beaucoup de ceux qui revinrent à l'Orthodoxie après Lvov furent très courageux. Beaucoup de membres du clergé et des laïcs nouvellement orthodoxes devaient être assassinés par des fanatiques des mouvements nationalistes ukrainiens. 

 Un exemple remarquable fut celui du P. Gabriel lui-même. Immédiatement après la Divine Liturgie, le 28 Septembre 1948, sur les marches de la cathédrale de la Transfiguration à Lvov, le Protopresbytre Gabriel Kostelnik fut victime d' un terroriste ukrainien. Son assassin, Vasily Pankiv, s'est suicidé immédiatement après, symbolisant ainsi les réalités de ceux qui résistent à la vérité de l'Orthodoxie – un suicide spirituel. Ainsi, le père Gabriel a payé de son sang sa fidélité à l'Orthodoxie universelle . Que sa mémoire soit sacrée pour nous tous qui, au-delà de l’ouest de la Russie , cherchent une véritable unité des chrétiens dans l'Église orthodoxe du Christ. Que sa mémoire aussi guide l'Ukraine occidentale à travers ces années difficiles actuelles. Et que la vérité du Christ triomphe de l'hérésie, du schisme, de la fraude spirituelle et de tout fanatisme politique, nationaliste et religieux. 
 Saint Hiéromartyr Gabriel, prie Dieu pour nous!
(version en français par Maxime le minime d'après la source)