Si quelqu'un, en effet, veut aimer la vie et voir des jours heureux, qu'il préserve sa langue du mal et ses lèvres des paroles trompeuses, qu'il se détourne du mal et fasse le bien, qu'il recherche la paix et la poursuive. 1 Pierre 3:10-11 Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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jeudi 22 septembre 2016

La RUSSIE, ARCHE de NOÉ dans laquelle la civilisation chrétienne trouvera son salut




Interview de Père BASILE PASQUIET
sur le site

LA RUSSIE VUE PAR LES YEUX DE THOMAS

Mercredi 21 Septembre 2016

Il y a vingt-deux ans, ayant acheté un billet sans retour, le père Basile, moine du monastère gréco-catholique saint Jean-Baptiste de Jérusalem, est arrivé de France en Russie, trouvant en elle sa deuxième patrie et l'Orthodoxie. En décembre 2009, après presque 14 ans de service dans les églises d’Alatyr, il devient le supérieur du monastère de la Sainte Trinité à Tcheboksary. 

Père Basile, quelles sont pour vous les pires difficultés d’un pasteur dans la direction d’une communauté monastique ?
Je dirais que le pasteur doit être lui-même un croyant. Pas un religieux mais un croyant. La première image du pasteur est Abraham. C’est un chef de famille, il est responsable de dizaines d’hommes et du bétail, ce sont d’énormes caravanes qu’il faut conduire dans des régions dangereuses, des lieux inconnus, et dans le désert en plus. Et il était justement croyant. Il croyait dans la parole de Dieu. On lui avait dit d’aller et il allait. Et le pasteur doit être comme Abraham : ne pas avoir peur et conduire son peuple à Dieu. Le plus difficile et le plus important, c’est d’être soi-même ce flambeau. Même si tu n’as pas d’expérience, si tu es vraiment croyant… Le Seigneur est à tes côtés. Si on l’appelle, Il vient. Nous allons vers Lui, il vient à nous. Et si nous nous éloignons de Lui, ne le regardons pas… eh bien nous sommes libres. Tu ne veux pas aller dans la lumière, marche dans les ténèbres. Et s’il n’y a pas de lumière, s’il n’y a pas de phare devant nous, on peut se perdre et c’est dangereux. Un prêtre doit être pareil à un phare. J’ai grandi près de la mer. Il y avait des phares. Nous aimions, le soir, écouter la mer, qui est comme un être vivant. Et ces phares… Ils nous montrent où aller. Et le prêtre doit être pareil. Et même, chaque croyant doit être un phare, car nous sommes entourés de beaucoup d’incroyants, ou de gens qui en réalité ne savent rien. Eh bien, Pâques. Qu’est-ce que c’est pour nous, Pâques ? Les œufs, la bénédiction des koulitchs et c’est tout. Seulement des rituels. Et Noël, l’étoile et tous ses rituels. Ils sont peu nombreux à connaître l’essentiel de l’affaire. Il faut prendre un rameau de saule pour le dimanche des Rameaux et le garder toute l’année, mais quel en est le sens ? Garder un rameau, et se comporter comme un traître? Si l’on demande : sais-tu qui est le Christ, recevoir la réponse de Pierre : « Je ne connais pas cet homme… » Nous sommes en principe croyants, en principe baptisés, nous nous nommons croyants, et quand vient le moment de montrer que nous le sommes, nous refusons. Il y a beaucoup de situations dans la vie où il faut dire : je suis chrétien. On vous convie à une manifestation, par exemple, et au même moment, il y a l’office à l’église. Le croyant ira plutôt par faiblesse à la manifestation mondaine, autrement, on pourrait le punir. Il craint plus la punition humaine que celle de Dieu. En de tels moments, le chrétien doit se révolter et dire « non ». Il faut prendre exemple sur les apôtres et les premiers martyrs, qu’on obligeait aussi à s’incliner devant les idoles et le gouvernement, et ils disaient « non, nous avons un autre Dieu ». Et ils persuadaient leurs persécuteurs. Par exemple notre métropolite (Barnabé), combien de fois n’a-t-il pas convaincu ses persécuteurs par la fermeté de sa foi : « Non, je n’irai pas, j’irai à l’église ». Et on le respectait en voyant qu’il était croyant. Et si l’on nous menace et nous obéissons et allons où l’on nous le dit, alors cela veut dire qu’on nous a traités comme un troupeau, du bétail et non des êtres raisonnables. Parfois, par paresse ou tristesse, il nous est plus facile de trouver quelqu’un qui le fera à notre place. Par exemple, on commande une action de grâce. On commande et on va plus loin. Cela n’est pas bien. Je considère que si quelqu’un lit l’action de grâce lui-même, avec foi, c’est peut-être plus efficace que si le lit pour lui quelque prêtre. Ici, il faut le faire soi-même, soi-même… Etre croyant, prier, se repentir. Qu’est-ce que le repentir ? C’est le retour à une vie juste, à une juste façon de vivre, à une purification. Quand nous vivons dans la boue, notre âme est sale. Il faut se purifier, parfois il faut se donner beaucoup de mal. Si on reste longtemps sans laver le linge, il faut ensuite frotter plus fort. Il faut parfois utiliser les grands moyens, parfois il faut faire bouillir. Battre avec des battoirs, comme autrefois. Dans la vie spirituelle, c’est pareil: si on veut obtenir quelque chose, il faut se donner du mal. Le début du succès, c’est le désir. Mais s’il n’y a pas d’exigence, on ne peut pas se forcer.

On construit maintenant chez nous beaucoup d’églises, on restaure ce qui a été détruit à la période soviétique. A votre avis, est-ce un témoignage suffisant d’une renaissance de la tradition spirituelle ?
Oui, je considère que c’est une renaissance. Il y a un bon signe : ces trois dernières années, pour le 9 mai, a lieu le défilé du Régiment Immortel. C’est une si bonne idée ! Que Dieu sauve celui qui l’a eue ! Que de gens cela a-t-il émus ! Et pas seulement en Russie, mais cela a lieu même à Paris, et les Russes ne sont pas les seuls à y avoir participé. Je considère que de tels moments sont décisifs. Ils peuvent changer le destin d’un peuple. En voyant de telles choses en Russie, j’ai compris que nous étions sur la bonne voie, sur celle de la renaissance. Les gens le font de leur propre volonté, personne ne les paie. Ils commencent à s’informer sur leurs parents : où ils ont péri, où ils ont combattu. En France, on ne se souvient pas si bien du destin de nos ancêtres. Quand j’étais jeune, j’allais aussi à la flamme Immortelle du 8 mai. Il y a encore là bas le jour de commémoration des victimes de la première guerre mondiale, en septembre. Il y avait des marches, des parades, nous y allions, mais le caractère de toutes ces manifestations était plutôt triste, sans joie. Nous voyions des vétérans, mais la jeunesse et les enfants n’allaient pas leur offrir des fleurs. Ils ne leur disaient pas : « Merci, grand-père ! Tu nous a donné la vie et la liberté ! » Et en Russie, j’ai été choqué, au bon sens du terme, par ces fêtes de mai. Je ne pense pas que ce soient là les restes des obligations soviétiques. C’est une bonne tradition familiale. Je soutiens entièrement ce mouvement.

Vous avez plus ou moins dit qu’en France peu de gens allaient à l’église, que la majorité n’était catholique que de nom. Et chez nous ?

En France et dans les pays d’Europe, en général, les gouvernements occupent en partie une position antireligieuse anticatholique. Cela a commencé avec la révolution française et cela s’est poursuivi au XX° siècle, quand on a fermé à nouveau les monastères et les écoles religieuses. Les églises sont devenues la propriété de l’état. Et maintenant, c’est la même chose. Pourtant, l’Europe, comme la Russie, a été formée par les valeurs chrétiennes. Si l’on se souvient de l’histoire, ce sont justement les moines qui travaillaient dans les écoles religieuses, justement eux qui ont créé la culture. Et maintenant, ils renient tout cela et veulent le détruire… Mais en Russie, cela n’est pas comme ça. Elle m’apparaît comme l’arche de Noé dans laquelle la civilisation chrétienne sera sauvée. Mais dans l’ensemble, le catholicisme, c’est un accident de l’histoire de l’Eglise. Un accident, la voiture est sortie de la route et s’est écrasée. Mais une voiture doit rester sur la route, il faut l’y remettre. Je suis chrétien de naissance, baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. C’est vrai, j’appartenais à l’Eglise catholique, mais cette Eglise fut autrefois orthodoxe, avant le schisme. Je dirais que je suis maintenant revenu à mes racines. Ce n’est pas quelque chose de nouveau chez moi, ce retour aux sources. Je suis comme ces gens qui étudient qui étaient leurs ancêtres. Et oui, j’ai envie de vivre comme vivaient mes ancêtres. Et non seulement pour moi, je n’ai pas seulement reçu l’orthodoxie et terminé, j’ai envie que les autres aussi se mettent à retourner à leurs racines.

Peut-on parler d’une consolidation des positions orthodoxes en France ?
Oui, on construit maintenant, près de la tour Eiffel, une église orthodoxe, avec cinq coupoles dorées. Ce sera comme un phare que l’on pourra regarder. On répare des églises à Nice et à Paris, au sud et au nord. C’est le gouvernement russe qui le fait.

Votre première formation professionnelle est liée à l’agriculture. Ces connaissances vous ont-elles servi ici, en Russie ?

Eh bien un peu, quand je vivais au village. En France, autrefois, j’ai travaillé parfois quatorze heures d’affilée sur un tracteur au moment des moissons. En Israël aussi… Et ici, il m’est arrivé un cas intéressant dans le district de Nikoulino Poretski. La maison où nous vivions se trouvait non loin de l’église et de la poste et à côté, près de la route, se trouvait la maison de la mère Anna qui avait trois chèvres blanches. Je vois qu’elles ont du mal à marcher : les sabots longs, le poil terne. Visiblement, elles mangent mal, elles sortent sans joie. Je demande : « Mère Anna, as-tu des ciseaux ou un sécateur ? Permets-moi de t’aider. » Elle a accepté, bien qu’elle eût des doutes au début, comment sais-tu ce qu’il faut faire. J’ai coupé les sabots de toutes les chèvres et elles ont commencé à danser de joie. La mère Anna a vu cela et m’a appelé un thaumaturge. Eh bien oui, un miracle, c’est quand il y a de l’étonnement et de la joie. Ensuite, la nouvelle s’est répandue dans le village et je suis devenu « thaumaturge ».

J’ai appris dernièrement que notre fameux monastère de Valaam s’était lancé dans la fabrication de fromages. N’avez-vous pas pensé à mettre en œuvre votre expérience de fromager ? Peut-être pas pour que le monastère en produise, mais en coopération avec quelqu’un…

Je m’occupais de cela en Israël, oui. J’ai même formé quelqu’un qui en fait depuis vingt ans. Mais ici, cela ne s’est pas trouvé. Ici, il faut s’occuper d’autre chose. Pas faire de fromage mais restaurer la foi. Maintenant, ce n’est pas au centre de mes projets mais peut-être, qui sait…

Père Basile, qu’est-ce qui vous console, dans la vie ? qu’est-ce qui vous procure de la joie ?

Quand les gens viennent à Dieu. Quand quelqu’un change sa vie pécheresse. Quand on amène les enfants au baptême. On sait alors en effet, que l’enfant ne sera pas abandonné, que les parents transmettront leur foi. Quand le bien triomphe. Voici, dans notre monastère, dans le bâtiment du séminaire orthodoxe épiscopal, nous avons l’école du dimanche « le flambeau ». Les enfants y sont gentils, et chaque année il en vient davantage. Et pas seulement des enfants, mais des adultes. Je surveille cela et vois qu’il y a là de bons éducateurs. Nous sommes en relation et échangeons des conseils. Il faut aussi éduquer les enfants, leur rappeler pourquoi ils sont venus au monde. J’explique comment on m’a élevé : dans la sévérité et le bien. Parce que si on n’est pas sévère, on ne souhaite pas le bien. Comme on dit dans la Bible, celui qui aime le plus ses enfants est celui qui les châtie le plus. Mais la punition doit précisément corriger, il faut expliquer la nature du danger. Mais pas seulement dire que ce n’est pas bien, mais aussi punir. Peut-être symboliquement mais il le faut.

Vous considérez comme votre parrain le père Tikhon Chevkounov, connu entre autres pour son livre « le père Raphaël et autres saints de tous les jours » (éd. des Syrtes). N’avez-vous pas pensé à écrire sur votre expérience spirituelle ?

Eh bien, je ne sais pas écrire, et en outre, je considère que pour moi, c’est trop tôt. Je viens juste de commencer à vivre, quand ma barbe s’est mise à blanchir un peu. Avant, c’était l’enfance, la préparation. Pour l’instant, nous en sommes encore au labour.

Vous ressentez-vous comme un pont original entre deux cultures ?

Eh bien maintenant, j’ai poussé des racines dans la terre tchouvache. Ici, la terre est bonne, les racines poussent vite. Je ne suis pas retourné sur ma terre natale depuis déjà cinq ans et à voir ce qui se passe en France, je comprends que je suis parti à temps. Je n’aurais probablement pas supporté et serais devenu fou. Et je ne veux pas y retourner. Ma vie est ici. Je sais qui regarder et à qui m’égaler. Voici notre monseigneur… A chaque office il dit une homélie. Elles sont simples, mais elles vont directement au cœur. Parfois elles sont sévères parce qu’il nous réprimande, il réprimande les prêtres, mais cela nous pousse à faire quelque chose…Il est particulièrement nécessaire aux jeunes générations, parce qu’il a vécu une très longue vie et on voit qu’il est croyant, qu’il y a en lui une foi vivante. Je considère que tout homme doit être comme monseigneur, alors le destin du monde changera pour le mieux.
Interview par Svetlana Fokina
Traduction Laurence Guillon de la SOURCE

mardi 5 avril 2016

Père Basile Pasquiet interview à La Voix de la Russie


SOURCE
Abbé Basile (Pasquier) : « Les immigrés ont donné un esprit russe à l’Occident »
L’higoumène du Monastère masculin de la Sainte Trinité à Tcheboskary, l’Abbé Basile (Pasquier), explique dans une interview à La Voix de la Russie pourquoi il ne revient pas en France, son pays natal, ce qui l’attire en Russie, et pourquoi il aime le thé « à la russe ».
La Voix de la Russie : Révérend, racontez-nous comment vous vous êtes retrouvé en Russie ?
Abbé Basile : Par la volonté de Dieu. Je n'aurais jamais pu imaginer que je pourrais me retrouver dans ce pays, car à cette époque là, la Russie était un pays fermé aux européens. C’était encore l’URSS, un pays derrière un « rideau de fer », où de nombreuses personnes souffraient pour leur foi, vivaient dans des monastères fermés - telle était la politique de l’époque. Et l’autre côté de la médaille c’est la Sainte Russie, un énorme pays, qui a sa propre histoire dans l'Orthodoxie, un pays où le renouveau spirituel a commencé longtemps avant la Perestroïka, un renouveau spirituel qui ne s’est sans doute jamais arrêté.
Pourquoi la Russie ? Probablement parce que toutes mes pensées sont associées à ce pays. Il y a longtemps, je suis allé en Israël, à Jérusalem, où j’étais moine dans l’un des monastères catholiques. Pendant plus de quinze ans, j'ai attendu un signe de Dieu. Je ne savais pas ce qu’il fallait que je fasse pour me retrouver dans une Église orthodoxe. Auparavant, j’avais entrepris de nombreuses tentatives, mais elles n’avaient pas abouti.
En 1992, après l'effondrement de l'Union soviétique, j'ai été témoin d’un gigantesque « tsunami » une énorme foule de Russes est arrivée en Israël, et parmi eux, les orthodoxes étaient très nombreux. J'ai commencé à discuter avec eux, et ils m’ont « contaminé » avec une maladie, dont le nom est – « l'amour pour la Russie ». Ensuite, j’ai rencontré mon actuel évêque et d’autres membres du clergé orthodoxe. Par un concours de circonstances, je suis devenu intimement lié avec la Russie, et j’y vis depuis un peu plus de 18 ans maintenant.
LVdlR : Donc, la raison de votre arrivée en Russie est liée avec le départ des Russes de leur pays ?
A.B. : Oui, on peut le dire comme cela. Cette vague d'immigrés russes a influencé ma décision. C’est bien à Jérusalem que j’ai rencontré les Russes qui m’ont fait venir ici.
LVdlR : Comment avez-vous décidé de devenir prêtre ?
A.B.: Je ne dirais pas que j’ai pris cette décision dès mon enfance. Je sentais juste que je me dirigeais dans cette voie. J'avais vingt ans, j'étais encore jeune et libre, capable de me marier, de fonder une famille. Mais j'avais toujours un désir caché de devenir un moine. Je me suis retrouvé devant ce choix, car les deux choses étaient importantes pour moi.
Je suis allé voir un prêtre (maintenant il est l’abbé d’un monastère) et lui ai demandé : « Que dois-je faire ? ». Il ne m’a pas pressé et m’a juste dit que je devais bien y réfléchir. Et plus j’y pensais, plus j’avais envie de devenir moine. Ensuite, j’ai vécu dans un monastère (on peut dire que j’ai de l’expérience dans ce domaine), et je me suis mis à beaucoup lire. Et c’est ensuite que je me suis dit : « C’est apparemment mon destin ».
LVdlR : Qu'est-ce que vous aimez le plus en Russie ? Qu’est-ce qui vous déplaît le plus ?
A.B. : Je n'y pense même pas ! Je vis ici, c’est tout. Bien sûr, il y a des difficultés, des choses qui sont difficiles à affronter, mais les Russes ont du caractère. Je vis en Russie, et je m’inquiète pour elle. Même en cas de différends avec les pays européens, je soutiens le point de vue de la Russie, je la défends. Je pense qu’à l'heure actuelle, la Russie peut «répondre» et donner des enseignements aux autres pays, elle a le pouvoir de le faire. C’est pourquoi certains pays commencent à avoir peur d'elle et à construire des intrigues derrière son dos. La Russie – c’est un grand pays qui a une énorme dignité.
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Je suis très heureux de vivre avec le peuple russe. Les gens sont ouverts, accueillants et donnent tout ce qu'ils peuvent donner. Un sentiment d’innocence émane d’eux, de bonté... Les russes sont très ouverts, ils sont libres et aiment bien vivre. Les Français, ne sont pas comme cela, malheureusement, ils sont très fermés.
Récemment, on m’a proposé de rentrer en France pour servir l’Eglise orthodoxe russe là-bas. Et je doute sérieusement si je dois y aller ou rester ici. Mais pour l’instant, tous les événements montrent que je n’ai rien à faire là-bas. Je n’exclus pas que j’y retournerai un jour, mais certainement pas maintenant.
LVldR : Est-ce que vous avez parfois un sentiment de nostalgie ?
A.B. : Seulement quand je vois des paysages français, des tableaux, des films. Je me rappelle alors que la France est un beau pays. Mais la Russie – c’est un pays «large» par son étendue, avec de jolis bouleaux, et une jolie nature.
LVdlR : Que diriez-vous aux Russes qui veulent quitter leur pays ?
A.B. : Partez, mais revenez vite ! (Sourit).
Je pense que tout se passe par la volonté de Dieu. Si c’est le destin d’une personne de partir, elle partira. C’est Dieu qui a décidé de m'envoyer ici. Pendant la Révolution d’Octobre, un grand nombre de Russes ont émigré dans les pays occidentaux, cela faisait probablement partie du plan de Dieu. C’est un malheur, bien sûr, pour ceux qui étaient obligés de quitter leur terre natale. Mais il ne faut pas voir le négatif partout. Les Russes qui ont fui la Russie ont donné à l’Occident l’esprit russe et la foi russe. Et ces gens qui partent y vivre actuellement, eux aussi, vont y laisser une partie d'eux-mêmes.
LVdlR : Y a-t-il quelque chose dans les traditions russes que vous aimez beaucoup ?
A.B. : J’aime bien boire le thé. (Sourire)
LVdlR : Mais les Anglais boivent le thé aussi ?
A.B : Les Anglais boivent le thé à une heure précise, et les Russes quand ils le veulent. En fait, j'aime la tradition d'offrir du thé aux invités, l'hospitalité russe.
Les Français, par exemple sont des gens plutôt suffisants qui peuvent ne pas vous inviter à table si vous n’êtes pas arrivé chez eux à l’heure du déjeuner. Ils vont vous demander d’attendre. Mais en Russie, ce n’est pas le cas. On vous mettra
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obligatoirement à table et vous donnera quelque chose à manger. Je me souviens de mes premiers jours à Moscou, lorsque j’ai visité plusieurs amis un après-midi et on a sorti de la bouillie, du thé, ou du sarrasin – il y avait toujours quelque chose à manger !
LVdlR : Vous ne regrettez donc pas vous être installé en Russie ?
A.B : Non ! Bien sûr que non ! Lorsqu’on on m'a demandé de revenir en France, j'ai immédiatement commencé à ressentir du désespoir et de l'angoisse : « Comment vais-je vivre sans la Russie ? » Maintenant, je comprends que quand je reviendrai en France, je vais m’installer dans un quartier où vivent des Russes. Je me suis habitué à eux, à leur langue et à leur mode de vie.

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