Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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lundi 22 mai 2017

QUELLE "RÉSISTANCE CHRÉTIENNE" ?

INTRODUCTION
Il faut reconnaître que la question du Christianisme en France se pose largement, essentiellement, et malheureusement presque exclusivement, en termes catholiques.
On a beau désirer de toute son âme d’orthodoxe français, que non seulement Rome revienne dans le giron de l’unique Église du Christ mais au moins que les chrétiens français redeviennent orthodoxes comme ils l’ont été pendant plus d’un millénaire (!), le Catholicisme veut de façon non moins incontournable et durable que tous s’unissent au papisme romain en dehors duquel on ne trouverait pas le moindre salut et en outre occupe le devant de la scène pour longtemps…

Donc fâcheusement si l’on veut savoir quelle est la place de la foi, de la pratique, et des valeurs chrétiennes dans notre pays, il faut en passer par le filtre... catholique.
La situation de notre beau pays étant ce qu’elle est, économiquement, politiquement, culturellement, du point de vue moral comme du point de vue religieux, c’est-à-dire en chute libre, il pourrait sembler qu’il y a lieu de prendre acte que s’est constituée, dans ce pays, une résistance chrétienne, croissante semble-t-il, qui est essentiellement d’origine catholique et que l’on ne saurait y rester indifférent sous le prétexte qu’elle ne peut que demeurer hétérodoxe, voire hérétique, en fin de compte.
En conséquence il pourrait sembler que l’heure est suffisamment grave pour que l’on mette de côté l’ecclésiologie et la théologie pour l’instant et que l’on s’intéresse aux analyses, pertinentes, et aux actions qui le sont également, qui sont produites venant de ce qui reste de chrétien dans cette Douce France…

Et pourtant je n'en suis plus si sûr… Pourquoi ?

 Je vais me contenter de reproduire un article que j'ai rédigé il y a quelques temps déjà et qui ne me semble pas avoir perdu de pertinence aujourd'hui en tant qu'il montre assez à quel point la situation périlleuse dans lequel se trouve le "Christianisme" en France, n'en déplaise au traditionalistes catholiques (que j'estime pourtant davantage que les chrétiens modernes fussent-ils "philorthodoxes"), cette situation disais-je donc est le pur produit du Catholicisme le plus"traditionaliste" qui soit ( c'est à dire finalement issu de la Contre Réforme). Oui sans aucun doute. Le destin de l'image chrétienne est le symbole même de ce qu'est devenue l'église catholique.

Lisez plutôt ci dessous ce qu'il en est advenu d'une mauvaise (hétérodoxe) fonction de l'image dans la foi chrétienne et vous comprendrez que les plus belles fresques de Michel Ange sont malheureusement les prémices de l'abominable  mais prévisible Piss Christ. 

Si les catholiques traditionalistes - que j'estime - veulent bien y réfléchir, ils verront que les produits terribles  de l'apostasie contemporaine en "occident" ne sont pas étrangers à la romaine erreur passée (l'éloignement de la foi orthodoxe) et que tout ce contre quoi ils veulent, de toute leur bonne foi, lutter aujourd'hui (avec l'opinion erronée que la cause en est extérieure à leur communauté fût-elle traditionaliste) vient de l'intérieur même de l'église catholique romaine à laquelle ils veulent agréger le troupeau orthodoxe avec l'aide des œcuménistes qu'ils abhorrent d'ailleurs (en sont-ils conscients?).

L'on voudra bien pardonner la longueur de l'introduction et avoir la patience de lire la suite qui est donc l'article que j'avais paraître le 27 avril 2011 :




A propos de la photographie d’un crucifix en plastique dans de l’urine d’un artiste. En dernière analyse. On pourrait penser qu’il ne faut plus donner de publicité à cet évènement scandaleux et qu’il ne faut donc plus en dire un mot. Mais c'est désormais trop tard, et on peut avoir la conviction, au contraire, qu’il y a lieu d’approfondir la question pour comprendre d’un peu plus près ce qui s’est passé, une fois les émotions premières calmées et  le recadrage médiatique dominant prévisible effectué. Il faut sans doute revoir tous ces évènements action/réaction   sous un autre jour c.à.d. à la lumière des déclarations de l’artiste dont il faut prendre au sérieux  le refus d’être considéré comme blasphémateur.L’homme se définit en effet à la fois comme artiste et comme chrétien. Dans  l’article du Monde on peut lire:« Je n'ai rien d'un blasphémateur, et je n'ai aucune sympathie pour le blasphème", insiste Andres Serrano, qui revendique être "un artiste chrétien) […]
Et plus loin "J'aimerais travailler au Vatican, réaliser une grande œuvre religieuse à Rome, dans les églises de la cité pontificale", affirme encore Andres Serrano. "J'aimerais que le Saint-Siège comprenne que je suis un artiste profondément chrétien de mon temps", ajoute-t-il.». 
On ne peut taxer immédiatement l’urineur-photographe de lâcheté en le soupçonnant de craindre les menaces voire le bâton d’intégristes catholiques qui auraient fait la démonstration de force définitive qu’on ne peut s’attaquer impunément aux choses sacrées. Non c’est sans doute bien plus grave que ça. 
Il faut donc croire ses déclarations et en tirer les conclusions  qui s’imposent :

  1. Cet homme se considère et est reconnu officiellement par le marché et les médias de l’art comme artiste de son temps. Cela lui vaut donc, en toute logique, la chance de faire des expositions dans le monde et de bénéficier d’un mécénat public ou privé qui correspond à ce fait. 
Que l’on s’indigne sur ce qu’est devenu l’art depuis sa déconstruction systématique commencée à la fin du XIX° s. aboutissant à notre époque à l’éclatement des codes, des langages artistiques et des canons esthétiques, comme à la multiplication des discours justifiant toute production éphémère ou durable sur support traditionnel ou non (la théorie finissant même quelquefois par se substituer en toute logique à n’importe quelle production), à la fin de l’histoire, à la fin des normes collectives, l’individu avec son regard propre – étant  la nouvelle norme dans le domaine dit artistique plus qu’ailleurs encore etc. …Tout cela ne fera rien à l’affaire : l’art étant mort l’art est partout... et même si l'art n’est pas mort, et qu’il sent tout de même une drôle d’odeur, cet homme est bel et bien reconnu comme artiste.  

  1. Cet artiste – donc – se déclare par ailleurs « profondément chrétien » et il aimerait même « travailler au Vatican, réaliser une grande œuvre religieuse à Rome, dans les églises de la cité pontificale ». Il se définit donc comme catholique romain convaincu, prêt à marcher sur les traces des Michel Ange, Bernin etc. Et là encore il n’y a pas lieu de ne pas croire en sa sincérité.  
Ici, dans ce domaine comme dans les autres, le discours individuel prime. De même qu’il est désormais possible de se déclarer et d’être reconnu comme artiste par la démonstration publique de  n’importe quelle fantaisie  de son ego, il est possible d’être reconnu comme « chrétien » du moment qu’on se déclare tel. Chrétien signifiant bien entendu, à l’entendement universel, catholique évidemment…C’est donc en toute légitimité que Andres Serrano se déclare artiste chrétien contemporain, et selon lui certainement suffisamment connu et talentueux pour prendre la relève de tous ses prestigieux prédécesseurs à Rome.Qu’est-ce qui le caractérise ? Des préoccupations somme toute assez communes aux chrétiens d’occident contemporains à première vue : la revendication de la libre expression par rapport aux dogmes, la réhabilitation du corps etc.  
Quoi que l’on pense de la dégénérescence de l’art et de la religion, il y a une logique dans tout cela et la situation contemporaine n’est jamais, il faut bien le dire maintenant, que l’aboutissement grimaçant de prémisses fondant la théologie schismatique latine. 
Il faut maintenant comprendre que la place que le statut de l'image et que l’art ont prise depuis des siècles dans l’Eglise catholique romaine même dans ses plus belles et plus admirables expressions esthétiques était fondée sur des erreurs, que l’on ne peut que nommer hérésies en langage théologique.  Rappelons-le, ce n’est pas par exclusion de l’histoire de l'art ou refus d’un progrès culturel – douteux d’ailleurs – que s’est constituée et développée l’iconographie orthodoxe,  c’est tout simplement par fidélité aux fondements  de l’Eglise éternelle du Christ et par inspiration réelle du Saint Esprit de Dieu. Voilà qui est dit de façon peu œcuméniste et un peu brutale mais il va falloir enfin garder les yeux ouverts pour mesurer à quel point l’esprit du monde a envahi l’Eglise romaine et l’a contaminée. 
        Chers frères orthodoxes, décidément la charité non seulement doit accompagner l'expression de la vérité dans le dialogue œcuménique  mais elle doit se consacrer avant tout à l’expression de cette vérité. Veut-on d’une union avec un corps malade pour en perdre la santé à son tour jusqu’à une mort annoncée depuis longtemps comme déjà effective et inéluctable de toute façon ? Voilà pourquoi la critique est nécessaire et la polémique n’est pas vaine, voilà pourquoi les remises en question des consensus divers sont utiles ;  voilà pourquoi la mise en relief des absurdités et des erreurs de ce qui se passe de nos jours et la dénonciation des hérésies passées et toujours contemporaines sont utiles, nécessaires, indispensables et vitales. Même si  tout ce travail critique semble douloureux aux membres de l'Eglise soucieux d'un témoignage commun sans déchirements pour être crédible et témoigner au monde et même si toutes ces remises en question perturbent la belle harmonie des rencontres iréniques des hiérarques à haut et noble niveau, il en va non seulement de la santé mais de la vie même du Corps même du Christ.
Maxime Martinez dit le minime 




vendredi 6 janvier 2017

L'ART PICTURAL ORTHODOXE

par l'agiographe Michel Alezyvakis




Le Temple chrétien est une expression et une visualisation de la présence du Seigneur dans le monde matériel. Le temple est «la maison du Seigneur parce que c’est là que le Seigneur est adoré, que sa Parole est annoncée par le sermon, et que le principal mystère de sa présence, la Sainte Eucharistie, a lieu.

C’est le lieu où la synaxe liturgique des vrais croyants a lieu, qui est l'expression visible du corps de l'Église, dont la tête est le Christ. 
Le mystère du Saint Culte se reflète sur les liturgies, l' architecture et l' iconographie des églises.




Toutefois, en ce qui concerne l'architecture, et surtout l'iconographie, bientôt la nécessité d'apporter des réponses à ce paradoxe est venu : comment est-il possible d'utiliser des dessins et des couleurs pour représenter non pas la nature, l'individualité ou la corruption, mais l'hypostase des personnes et des choses [Saint Théodore Stoudite: Ce n’est pas la nature, mais l'hypostase de la personne représentée qui est montrée ci dans l'icône ( "Παντός εικονιζομένου ούχ ή φύσις, άλλη υπόστασις εικονίζεται)] Comment, en d' autres termes, les transformer en une révélation de l'événement du salut? Est - il possible avec les moyens matériels de la création artistique de représenter un mode d'existence, qui élimine l’autonomie, l’espace et le temps en tant que séquence antériorité- postériorité ?


Cette antithèse est atteinte au travers de la magnifique force expressive de l’icône byzantine, qui élève et transforme la réalité naturelle en une conception plus élevée de la forme pour conduire du simulacre à la voie de la vérité.
L'art chrétien exprime l'événement du salut en tant qu’il s’est historiquement produit. Il n’exprime pas d’émotions individuelles , mais l'adhésion collective au «mystère impénétrable qui est célébré pendant le culte.
L'icône invite à une communion / relation directe avec les images, pour une transition vers le prototype originel ; qui est l'hypostase de la personne iconographiquement représentée [Saint Basile le Grand: Car tout honneur rendu à l'icône (ou l' image) rejaillit sur l'original, et celui qui se prosterne en adoration devant l'icône, se prosterne , en même temps en adoration devant la substance (ou hypostase) de celui qui y est peint (Η της εικόνος τιμή επί το πρωτότυπον διαβαίνει και ο προσκυνών την εικόνα προσκυνεί έν αύτη τού έγγραφομένου τήν υπόστασιν )]. Représenter une personne selon son hypostase signifie utiliser le langage de la création artistique pour présenter la nature humaine divinisée.
Les visages des saints sont historiques, mais en même temps, ils manifestent la présence de la gloire de Dieu, comme l’énonce l'apôtre Paul (2 Cor 3:18.). L'icône représente l'existence eschatologique de la personne représentée ; elle exprime la béatitude de l'homme renouvelé dans le Christ.



Les règles objectives sur la façon de faire une icône soumettent la perception individuelle, l'idée, à une vision qui est un événement de communion. L’« œuvre d'art» n’est pas vue comme une création individuelle , mais comme un lieu de rencontre de l'Église avec le Dieu éternel.
Pour les Byzantins, c’est l'Église qui « peint les icônes » par la main du peintre, qui assujettit la perception individuelle à un type iconographique donné. Il est écrit dans les décisions du 7e concile œcuménique : « La peinture d'icônes est pas une invention des peintres , mais une institution et une tradition agréées de l'Église catholique ... (Ού ζωγράφων εφεύρεσις ή τών εικόνων ποίησις, αλλά τις καθολικής εκκλησίας έγκριτος θεσμοθεσία και παράδοσις ......).
Par conséquent, c’est un type iconographique donné, qui, cependant, ne limite pas mais libère le peintre de ses impulsions individuelles et, de la sorte, dans ce travail d’art, l'Église reconnaît sa vérité. Cela ne signifie pas que le génie artistique des grands maîtres byzantins (Manuel Panselinos, Michael Astrapas, Théophane le crétois etc.) est supprimé, mais l'icône n’est pas seulement une suggestion artistique, un accomplissement individuel ... c’est essentiellement une révélation , une attitude commune dans la vie.



L'art byzantin transmet au vrai croyant les vérités spirituelles par les sens : la lumière et la couleur sont utilisés dans la pleine conscience de leur impact. Les Byzantins avaient la conviction que tous les deux sont directement associés à Dieu : Dieu est la Source de la lumière. La lumière en étant dispersée à travers les peintures murales symbolise la lumière primordiale, surnaturelle, dont la source est Dieu, la seule source de toute lumière. Les Byzantins considéraient la vue comme le plus élevé des cinq sens, en même temps qu’ils considéraient la couleur et non la forme comme la principale caractéristique distinctive d'un objet.
La perception des couleurs du monde a une importance profonde : la composition des couleurs et des formes ont leur aboutissement dans un rythme complètement différent, dans un rythme qui, aussi fondamental qu’il puisse être dans l'art et peut-être dans la vie, ne peut pas être facilement rationalisé.



En conséquence, la tâche principale des peintres était et est toujours de trouver les couleurs qui correspondent mieux à la beauté première. Selon eux, la procédure artistique et son travail pourraient être considérés comme une imitation. L’imitation est conçue comme la tentative de transférer le prototype originel par une répétition authentique, en préservant et en rendant sa signification du passé jusqu'au présent. Il est clair que nous ne parlons pas d’une reproduction, d’une restauration ou d’un formalisme serviles. Des variations significatives de la forme, de la composition ou de la couleur ont été et sont acceptables dans certaines limites. Mais la quête théologique de la vérité concerne également les écrits de l’Église et sa peinture, c’est la raison pour laquelle nous avons mentionné ci-dessus la libération [nécessaire] de l'impulsion individuelle. Il s’ensuit l'obligation de suivre un certain archétype. Les caractéristiques morphologiques des archétypes forment une règle visuelle de l'Eglise au sein de laquelle il est difficile de changer quoi que ce soit.


En se référant à des archétypes, l'art byzantin est inévitablement assujetti au principe de la répétition. Dans cette perspective, la répétition est un besoin structurel. L'imitation des prototypes plus anciens, non remise en question pendant longtemps, est progressivement devenue un problème esthétique, à partir du moment où elle a commencé à être influencée par les principes de la tradition de l'art occidental, qui obligent l'artiste à l'originalité ainsi qu’au changement constant de sorte de ne présenter que des types individuels. Cette position se traduit par un écart par rapport à des œuvres plus anciennes de l'art.



Aujourd'hui, grâce au grand maître Photis Kontoglou, a eu lieu une renaissance de l'art de l'Église; une approche consciente des anciens prototypes est tentée à la fois en termes de types iconographiques et de style artistique. Il est essentiel que l'icône byzantine soit sauvegardée non pas comme un objet de valeur pour musée, mais plutôt comme une ancre qui conduit l'homme à une implication au sein du Seigneur, en tant qu’expression de la certitude de l'Église concernant la présence constante du « déjà accompli ». Le témoignage et l'expérience d'une communion des vivants et des morts est la préservation d'une mémoire supportant une tradition, la pratique établie d'une expérience collective intemporelle.



Un tel objectif exige le respect ;  mais le respect exige, à son tour, la connaissance, le consentement et la connaissance.
Rien ne se conserve sans connaissance certifiée ; rien est maintenu sans amour ; l’amour est celui qui maintient tout ensemble; La poursuite est un besoin à partir d'une exigence déjà exprimée : l’exigence qui veut la tradition byzantine pour héritage de tout le monde. Ce que vous ne connaissez pas ne vous appartient pas en même temps que vous ne pouvez partager ce qui ne vous appartient pas.



La valeur de la tradition ne réside pas tant dans son antiquité qui la valorise, mais dans l’épreuve qu'elle subit, qui à la fin détermine ce qui est légué de génération en génération. Le travail des grands artistes chrétiens byzantins a créé une relation intemporelle avec chacun de nous, car il sert quelque chose qu'ils savaient qui les dépassait, il sert la communauté plutôt que l'individu, l'Église plutôt que l'autonomie. Cette relation créée est aux antipodes de l'utilisation, l'appropriation et l'intérêt.
Cette relation suppose de se déprendre de nous-mêmes, le dépassement de soi, ce qui est la raison pour quoi elle réussit à vaincre même le temps.
Athènes, Janvier 2012
(SOURCE - version française par Maxime M.)

mercredi 21 décembre 2016

Le studio de peinture d'icônes du couvent Ste Elisabeth de Minsk






Aperçu Icônes de l'atelier: http://catalog.obitel-minsk.com/icons ... Le studio d'iconographie du couvent de Saint-Elisabeth a été créé en 1999. Dans les quinze années de son existence, le studio d'iconographie a peint des icônes pour les églises à travers le monde. Les iconographes suivent les traces d'artistes byzantins et russes des XII-XV siècles et utilisent des techniques de peinture d'icônes anciennes.

mercredi 30 novembre 2016

L'art de la peinture d'icônes dans un monde postmoderne : Entretien avec George Kordis [2]

P. Silouane: On peut dire que votre travail non liturgique montre l’utilisation créative des différentes écoles de peinture du début du XXe siècle. Par exemple, parfois Vincent van Gogh vient à l’esprit, puis le fauvisme et l’expressionnisme, ou la scuola metafisica de Giorgio de Chirico. Peut-on dire que ces autres facettes de la peinture du XXe siècle ont influencé, non seulement votre travail non liturgique, mais aussi votre style comme iconographe ? Y a-t-il des leçons à tirer de l’histoire de la peinture au début du XXe siècle, qui peuvent être revalorisées pour notre utilisation comme iconographes sans tomber dans le piège de l’innovation délibérée ?

George Kordis : La peinture occidentale après la Renaissance et jusqu’à l’époque moderne constitue une grande tradition de l’art, et nous, en tant que peuple contemporain, participons à cela que nous le voulions ou non. Donc, il est naturel et légitime d’être influencé par cette tradition et ses grandes réalisations. La seule question pour moi est de savoir comment gérer ces réalisations pour la continuation de la tradition orthodoxe qui doit être accomplie sans interruption. C’est la seule question. Afin que cela soit réalisé, nous les peintres devons être très prudents. Tout élément tiré de la peinture profane doit être approprié et doit pouvoir être assimilé dans la tradition précédente. Par exemple, les idées impressionnistes sur l’utilisation de la couleur peuvent être partiellement adoptées par les iconographes orthodoxes. L’idée d’utiliser des couleurs complémentaires comme les Impressionnistes en ont utilisé est très bien. Mais, il ne faut pas, en tout cas, perdre le rendu linéaire des points forts et les formes clairement définies des éléments représentés sur les icônes. Les formes brumeuses et informes de la peinture impressionniste ne conviennent pas pour la peinture byzantine. Un autre exemple : les couleurs fortes Fauves pures sont belles dans une peinture miniature, et dans ce contexte nous avons pu utiliser certaines combinaisons ou des couleurs à partir d’une telle palette. Mais, à mon avis, nous ne pouvons pas utiliser cette palette dans une peinture murale d’église, où l’exigence d’une atmosphère paisible et sereine est prédominante.
L’utilisation d’éléments de la peinture profane a toujours été une pratique courante dans la période byzantine et post-byzantine pour tous les peintres d’icônes. Donc, il ne faut pas avoir peur de cela. Nous devons simplement être conscients de la profondeur de notre Tradition pour le maintien et l’enrichissement à atteindre.

St Alypios par George Kordis


P. Silouane : On peut peut-être parler, en termes généraux, de deux tendances majeures dans l’histoire de la peinture d’icônes : classique et expressive. Dans la première, on peut le voir, le sens gréco-romain ou grec de la proportion et de la beauté penche principalement vers le naturalisme et un sentiment de solidité corporelle. La deuxième se penche plus vers une sorte d’abstraction, de simplification graphique, la linéarité, l’allongement, la « distorsion » et l’aplatissement des formes. Une troisième possibilité stylistique serait la combinaison de ces deux extrêmes. Est-il incorrect de parler de votre travail comme d’un « expressionisme iconographique » ?

George Kordis : Il est vrai que dans le passé et dans le cadre de travail de la peinture byzantine, il y avait deux tendances, l’une descendant du naturalisme hellénistique, et l’autre un de l’expressionisme de l’Antiquité tardive. Mais, ces deux tendances ont toujours été mélangés et il y avait une combinaison d’éléments des deux traditions. Donc, dans la peinture Comnène par exemple, qui est la plupart du temps linéaire, il ne manque pas de rendu du volume et d’expression de la corporéité. Et dans la peinture Paléologue, où le rendu du volume est prédominant, le linéarisme est toujours présent, puisque tout est rendu dans des formes fermées et définies de couleurs. Donc, je crois qu’il n’y a pas une telle distinction claire et nette entre ces deux tendances. Personnellement, j’étudie toute la tradition comme une unité et je prends des éléments de toutes les tendances stylistiques et « écoles ». La seule chose que je fais est de composer dans le cadre de la Tradition et de ne pas détruire les règles et les principes de base. L’icône doit toujours être une présence de la personne représentée. La personne représentée doit être immédiatement reconnaissable par les fidèles. L’icône doit envahir la réalité des spectateurs et créer un lien esthétique avec eux. Les spectateurs qui entrent dans une église peinte doivent sentir la présence des saints et avoir un goût des qualités du Paradis.

St Jean le Précurseur par George Kordis


P. Silouane : Dans votre travail, vous ne copiez simplement pas les prototypes, mais plutôt vous les interprétez de façon créative, sans d’aucune façon, il me semble, compromettre la fidélité à la Tradition. Parfois, il semble que même si vous arrivez à des prototypes jamais vus auparavant, mais là encore, ne comprometez la Tradition façon. Je me souviens d’une icône récente de « La vision de saint Paul sur le chemin de Damas », et vos anciennes compositions des grands événements de l’Évangile et des Pères de Philocalie. Certains font de la tâche de l’iconographe une sorte d’académisme, une duplication purement mécanique de formes sclérosées, ne laissant aucune place à des solutions créatives à des problèmes picturaux. Pouvez-vous, s’il vous plaît, préciser la congruence apparemment paradoxale entre la créativité artistique et la fidélité à la Tradition ?

George Kordis : Comme je l’ai déjà mentionné, ce que je fais est suivre la tradition et travailler sur son terrain. Le cœur de la Tradition est la seule chose qui compte. Malheureusement, aujourd’hui, de nombreux iconographes croient que la Tradition est définie par certaines formes spécifiques créées dans le passé par de grands iconographes. Cela ne signifie pas la Tradition, mais seulement des expressions de la tradition dans le temps. Voilà pourquoi nous avons des écoles et des tendances dans le passé. Les iconographes étaient au courant de la raison derrière la peinture, ils savaient ce qu’ils recherchaient quand ils traçaient des lignes et utilisaient des couleurs. Voilà pourquoi leur peinture, leurs icônes, même si elles ne sont pas identiques, sont néanmoins unies dans la masse commune des principes et des idéaux. La Tradition est toujours stable et changeante. Il a toujours ces deux caractéristiques, sinon elle est pas Tradition. Si la Tradition arrête la création, il n’y a plus de Tradition mais un musée. La fidélité à la Tradition signifie la création sur le terrain de ses valeurs et principes stables.



Les Saintes myrrophores par George Kordis

P. Silouane : J’ai remarqué que vous travaillez principalement de mémoire. Lorsque vous travaillez sur une composition sur les murs d’une église, vous ne consultez pas de modèles. Il n’y a pas de photos ou de dessins autour de vous qui sont utilisés comme référence. Il me semble que si vous avez mémorisé les prototypes et vous vous les rappeler, vous travaillez de manière extratemporelle. Cela permet un arrangement et une composition spontanée pour résoudre les problèmes, en fonction du contexte architectural immédiat. Par conséquent, à la fin, la composition respire, elle ne semble pas artificielle, forcée de s’intégrer sans qu’elle soit adaptée complètement, comme il arrive souvent quand une toile est peinte selon des mesures, puis collée sur place. La réponse simple serait que c’est un don que vous avez reçu, mais je suis sûr que vous conviendrez que cette compétence n’a pas été sans de nombreuses années d’expérience et de travail acharné. D’après ce que vous avez appris au fil des ans, quels conseils donneriez-vous à un iconographe cherchant à acquérir ce niveau de mémorisation picturale?

George Kordis, Moses Encountering the Burning Bush. Preparatory drawing on a wall of the Faneromeni Church, Greece.


George Kordis : Il est bon d’étudier l’exemple d’icônes anciennes avant de commencer à travailler, de sorte que nous puissions être sûrs qu’il n’y aura pas d’erreurs dogmatiques dans nos icônes. Mais il est également important de commencer à travailler en mémorisant les formes. De cette façon, le peintre d’icône travaille avec beaucoup de liberté et de cœur. Vous gardez dans votre esprit le saint et l’événement, et vous travaillez à prier plus que d’essayer de copier les formes. Les icônes de cette façon pourraient être plus spontanées, plus authentiques. Mais il faut du temps et de la pratique pour devenir aussi habile.

P. Silouane : Comme cela a été mentionné plus haut, à côté de votre travail iconographique, vous vous engagez aussi dans la peinture non liturgique et le dessin. Il y a une tendance à les considérer comme mutuellement exclusifs. Néanmoins, il me semble que votre pratique aborde le problème contemporain d’un monde de l’art qui est devenu déconnecté du sacré. Par conséquent, d’une certaine manière votre travail séculier peut être vu comme un pont, ou « seuil », à travers lequelle l’homme contemporain peut être rappelé à l’immanence du Sacré en dépit de sa souffrance, puisqu’il cherche une véritable communion dans son difficile situation déchue. Car peut-être les images poétiques de couples enlacés et d’amants mélancoliques ne sont que des personnifications de notre désir intense d’union avec Dieu, dans l’esprit du Cantique des Cantiques. Même si le ton du thème est tragique, parle de l’isolement et que la souffrance dresse sa tête, il ne me semble pas manquer d’un côté rédempteur si le considère dans le corps complet de votre travail. Pris dans son ensemble la joie de vivre y prédomine. Mais ce sont mes interprétations. Qu’est selon vous le thème principal de votre travail non liturgique? Et comment l’art séculier peut-il servir de « seuil » au mystère du Sacré, dans une culture qui a oublié la fonction et le potentiel sacramentel de l’art tel qu’on le voit dans l’icône ?

George Kordis, Fiddler, 2007. From a series of paintings based on the poem by Seferis, “Thrush.”


George Kordis : J’aime votre approche. Il est vrai que ma « peinture séculière » n’est pas vraiment séparée de l’art sacré. Les chrétiens orthodoxes dans le passé ont utilisé le même mode de peinture pour rendre les thèmes ecclésiaux et non ecclésiaux. Ainsi, dans la peinture byzantine il y a beaucoup de thèmes qui décrivent la vie quotidienne ou d’autres thèmes dans le même style que les icônes. Les mêmes idéaux et les principes sont utilisés pour décrire même des thèmes païens avec les dieux des païens. Beaucoup de ces peintures sont conservées en particulier dans les miniatures. Mon intention est de peindre les différents aspects de la vie humaine, car l’Église orthodoxe embrasse tout, même la « tragédie » de personnes isolées post-modernes, qui vivent sans aucune référence à Dieu. L’utilisation du mode de la peinture byzantine est, je crois, le pont qui relie tout et donne l’impression que même la réalité humaine déchue n’est pas exclue, que même là nous trouvons une odeur de la lumière de l’Église. Il y a partout de l’espoir et de la profondeur.

Liberté. Une personnification de la liberté et de la mort par George Kordis


P. Silouane : Au Royaume-Uni la « Prince’s School of Traditional Arts » offre un cours d’études de niveau post-universitaire pour la peinture d’icône avec Aidan Hart. En outre, en Grèce, la Russie et en Roumanie, des programmes de peinture d’icônes professionnelle peuvent être trouvés dans des séminaires et des universités. Néanmoins, ici aux États-Unis tout ce que nous avons sont les ateliers itinérants hebdomadaires qui sont orientés davantage vers la poursuite de l’iconographie en amateur. Comment voyez-vous ce phénomène, et que pensez-vous qu’il doive se produire en premier lieu, ici aux États-Unis, avant de voir une école professionnelle d’iconographie s’atablir pour la formation de l’iconographie future ?


George Kordis : Il est vrai qu’aux États-Unis il n’y a pas école professionnelle d’iconographie. Il n’y a pas d’endroit où quelqu’un pourrait être correctement formé pour devenir un iconographe qualifié et bon. Bien sûr, dans le monde orthodoxe, il y a toujours le problème de la méthode d’enseignement. En voyageant et en enseignant dans le monde entier, j’ai vu que chaque iconographe utilise différentes méthodes et effectivement improvise. C’est un problème. Non pas parce qu’il existe différentes méthodes, mais parce que généralement ces méthodes ne sont pas de véritables moyens d’atteindre l’objectif de l’enseignement. À mon avis, nous devons d’abord travailler à l’établissement d’une bonne méthode d’enseignement, basée sur le sol de la Tradition. Une méthode qui pourrait aider les élèves à devenir des créateurs et non des copistes. Puis une école de peinture d’icônes pourrait être établie, où des iconographes expérimentés du monde entier pourraient être invités à faire part de leur expérience et de leurs connaissances. De cette façon, nous pouvons espérer que dans les prochaines décennies une « école » américaine d’iconographie pourra être établie avec ses propres caractéristiques et particularités.

Alexandre Papadiamandis par George Kordis
Remerciements  à Jean-Claude LARCHET
pour la traduction