Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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vendredi 6 janvier 2017

L'ART PICTURAL ORTHODOXE

par l'agiographe Michel Alezyvakis




Le Temple chrétien est une expression et une visualisation de la présence du Seigneur dans le monde matériel. Le temple est «la maison du Seigneur parce que c’est là que le Seigneur est adoré, que sa Parole est annoncée par le sermon, et que le principal mystère de sa présence, la Sainte Eucharistie, a lieu.

C’est le lieu où la synaxe liturgique des vrais croyants a lieu, qui est l'expression visible du corps de l'Église, dont la tête est le Christ. 
Le mystère du Saint Culte se reflète sur les liturgies, l' architecture et l' iconographie des églises.




Toutefois, en ce qui concerne l'architecture, et surtout l'iconographie, bientôt la nécessité d'apporter des réponses à ce paradoxe est venu : comment est-il possible d'utiliser des dessins et des couleurs pour représenter non pas la nature, l'individualité ou la corruption, mais l'hypostase des personnes et des choses [Saint Théodore Stoudite: Ce n’est pas la nature, mais l'hypostase de la personne représentée qui est montrée ci dans l'icône ( "Παντός εικονιζομένου ούχ ή φύσις, άλλη υπόστασις εικονίζεται)] Comment, en d' autres termes, les transformer en une révélation de l'événement du salut? Est - il possible avec les moyens matériels de la création artistique de représenter un mode d'existence, qui élimine l’autonomie, l’espace et le temps en tant que séquence antériorité- postériorité ?


Cette antithèse est atteinte au travers de la magnifique force expressive de l’icône byzantine, qui élève et transforme la réalité naturelle en une conception plus élevée de la forme pour conduire du simulacre à la voie de la vérité.
L'art chrétien exprime l'événement du salut en tant qu’il s’est historiquement produit. Il n’exprime pas d’émotions individuelles , mais l'adhésion collective au «mystère impénétrable qui est célébré pendant le culte.
L'icône invite à une communion / relation directe avec les images, pour une transition vers le prototype originel ; qui est l'hypostase de la personne iconographiquement représentée [Saint Basile le Grand: Car tout honneur rendu à l'icône (ou l' image) rejaillit sur l'original, et celui qui se prosterne en adoration devant l'icône, se prosterne , en même temps en adoration devant la substance (ou hypostase) de celui qui y est peint (Η της εικόνος τιμή επί το πρωτότυπον διαβαίνει και ο προσκυνών την εικόνα προσκυνεί έν αύτη τού έγγραφομένου τήν υπόστασιν )]. Représenter une personne selon son hypostase signifie utiliser le langage de la création artistique pour présenter la nature humaine divinisée.
Les visages des saints sont historiques, mais en même temps, ils manifestent la présence de la gloire de Dieu, comme l’énonce l'apôtre Paul (2 Cor 3:18.). L'icône représente l'existence eschatologique de la personne représentée ; elle exprime la béatitude de l'homme renouvelé dans le Christ.



Les règles objectives sur la façon de faire une icône soumettent la perception individuelle, l'idée, à une vision qui est un événement de communion. L’« œuvre d'art» n’est pas vue comme une création individuelle , mais comme un lieu de rencontre de l'Église avec le Dieu éternel.
Pour les Byzantins, c’est l'Église qui « peint les icônes » par la main du peintre, qui assujettit la perception individuelle à un type iconographique donné. Il est écrit dans les décisions du 7e concile œcuménique : « La peinture d'icônes est pas une invention des peintres , mais une institution et une tradition agréées de l'Église catholique ... (Ού ζωγράφων εφεύρεσις ή τών εικόνων ποίησις, αλλά τις καθολικής εκκλησίας έγκριτος θεσμοθεσία και παράδοσις ......).
Par conséquent, c’est un type iconographique donné, qui, cependant, ne limite pas mais libère le peintre de ses impulsions individuelles et, de la sorte, dans ce travail d’art, l'Église reconnaît sa vérité. Cela ne signifie pas que le génie artistique des grands maîtres byzantins (Manuel Panselinos, Michael Astrapas, Théophane le crétois etc.) est supprimé, mais l'icône n’est pas seulement une suggestion artistique, un accomplissement individuel ... c’est essentiellement une révélation , une attitude commune dans la vie.



L'art byzantin transmet au vrai croyant les vérités spirituelles par les sens : la lumière et la couleur sont utilisés dans la pleine conscience de leur impact. Les Byzantins avaient la conviction que tous les deux sont directement associés à Dieu : Dieu est la Source de la lumière. La lumière en étant dispersée à travers les peintures murales symbolise la lumière primordiale, surnaturelle, dont la source est Dieu, la seule source de toute lumière. Les Byzantins considéraient la vue comme le plus élevé des cinq sens, en même temps qu’ils considéraient la couleur et non la forme comme la principale caractéristique distinctive d'un objet.
La perception des couleurs du monde a une importance profonde : la composition des couleurs et des formes ont leur aboutissement dans un rythme complètement différent, dans un rythme qui, aussi fondamental qu’il puisse être dans l'art et peut-être dans la vie, ne peut pas être facilement rationalisé.



En conséquence, la tâche principale des peintres était et est toujours de trouver les couleurs qui correspondent mieux à la beauté première. Selon eux, la procédure artistique et son travail pourraient être considérés comme une imitation. L’imitation est conçue comme la tentative de transférer le prototype originel par une répétition authentique, en préservant et en rendant sa signification du passé jusqu'au présent. Il est clair que nous ne parlons pas d’une reproduction, d’une restauration ou d’un formalisme serviles. Des variations significatives de la forme, de la composition ou de la couleur ont été et sont acceptables dans certaines limites. Mais la quête théologique de la vérité concerne également les écrits de l’Église et sa peinture, c’est la raison pour laquelle nous avons mentionné ci-dessus la libération [nécessaire] de l'impulsion individuelle. Il s’ensuit l'obligation de suivre un certain archétype. Les caractéristiques morphologiques des archétypes forment une règle visuelle de l'Eglise au sein de laquelle il est difficile de changer quoi que ce soit.


En se référant à des archétypes, l'art byzantin est inévitablement assujetti au principe de la répétition. Dans cette perspective, la répétition est un besoin structurel. L'imitation des prototypes plus anciens, non remise en question pendant longtemps, est progressivement devenue un problème esthétique, à partir du moment où elle a commencé à être influencée par les principes de la tradition de l'art occidental, qui obligent l'artiste à l'originalité ainsi qu’au changement constant de sorte de ne présenter que des types individuels. Cette position se traduit par un écart par rapport à des œuvres plus anciennes de l'art.



Aujourd'hui, grâce au grand maître Photis Kontoglou, a eu lieu une renaissance de l'art de l'Église; une approche consciente des anciens prototypes est tentée à la fois en termes de types iconographiques et de style artistique. Il est essentiel que l'icône byzantine soit sauvegardée non pas comme un objet de valeur pour musée, mais plutôt comme une ancre qui conduit l'homme à une implication au sein du Seigneur, en tant qu’expression de la certitude de l'Église concernant la présence constante du « déjà accompli ». Le témoignage et l'expérience d'une communion des vivants et des morts est la préservation d'une mémoire supportant une tradition, la pratique établie d'une expérience collective intemporelle.



Un tel objectif exige le respect ;  mais le respect exige, à son tour, la connaissance, le consentement et la connaissance.
Rien ne se conserve sans connaissance certifiée ; rien est maintenu sans amour ; l’amour est celui qui maintient tout ensemble; La poursuite est un besoin à partir d'une exigence déjà exprimée : l’exigence qui veut la tradition byzantine pour héritage de tout le monde. Ce que vous ne connaissez pas ne vous appartient pas en même temps que vous ne pouvez partager ce qui ne vous appartient pas.



La valeur de la tradition ne réside pas tant dans son antiquité qui la valorise, mais dans l’épreuve qu'elle subit, qui à la fin détermine ce qui est légué de génération en génération. Le travail des grands artistes chrétiens byzantins a créé une relation intemporelle avec chacun de nous, car il sert quelque chose qu'ils savaient qui les dépassait, il sert la communauté plutôt que l'individu, l'Église plutôt que l'autonomie. Cette relation créée est aux antipodes de l'utilisation, l'appropriation et l'intérêt.
Cette relation suppose de se déprendre de nous-mêmes, le dépassement de soi, ce qui est la raison pour quoi elle réussit à vaincre même le temps.
Athènes, Janvier 2012
(SOURCE - version française par Maxime M.)

vendredi 26 août 2016

LYDIA & LEONID OUSPENSKY

Émilie van Taack, “In memoriam Lydia Ouspensky”


Les éditions Sainte-Geneviève (éditions du Séminaire orthodoxe russe en France) viennent de publier un ouvrage de 204 pages, sous la direction d’Émilie van Taack, In memoriam Lydia Ouspensky (couverture ci-contre). Présentation de l’éditeur : ” Ce livre, publié à l’occasion du 10e anniversaire du rappel à Dieu de Lydia Alexandrovna Ouspensky, rassemble plusieurs écrits dont le principal – “Une vie comme une autre” – est le récit autobiographique que Lydia a laissé de son émigration hors de Russie et de sa vie entre les deux guerres. Dans sa brièveté, ce récit en dit beaucoup sur elle, sur sa famille, et sur la survie des Russes au cours de cette période redoutable. Des portraits, ensuite, écrits par ses amis, Galina Makhrova, Véronique Lossky, Marie-Chantal Savinkov, Valery Sergueev, Emilie Van Taack, composent une image de Lydia et du couple qu’elle formait avec son époux — uni jusqu’à la fin de leur vie, définitivement, en un seul être. Il est impossible de parler de Lydia, en effet, sans évoquer Léonide Alexandrovitch qui fut, dès qu’elle l’eut rencontré, comme la cause à laquelle elle se dévoua, corps et âme. Lydia Alexandrovna Ouspensky est la veuve du célèbre iconographe et théologien de l’icône, Léonide Ouspensky, qui fut rappelé à Dieu en décembre 1987. Elle lui survécut près de vingt ans, jusqu’en octobre 2006. Celle qui s’était effacée volontairement durant toute sa vie derrière son époux, est apparue involontairement, pendant cette période, aux yeux de tous, dans toute sa grandeur, non seulement digne de lui mais semblable à lui et son émule spirituelle. L’existence de Lydia, hors son intérêt propre, a modelé la vie quotidienne de cet iconographe exceptionnel et constitue, en cela, un trésor pour ceux qui s’intéressent à l’icône ou veulent s’y consacrer. C’est un témoignage irremplaçable du mode de vie exigé d’un peintre d’icône et de ses proches pour que l’œuvre parvienne au niveau du commandement de Dieu, dans le sillage de l’adage patristique : « Donne ton sang et reçois l’Esprit ! » (SOURCE)

***

À cette occasion, j'en profite pour faire reparaître l'article que je lui avais consacré en 2013 avec l'enregistrement  de sa voix :

UN ÉMOUVANT DOCUMENT INÉDIT : 
une causerie sur l’iconographie par LYDIA ALEXANDROVNA OUSPENSKY (1907-2006)

Leonid Alexandrovich Ouspensky
Un dimanche après-midi autour d’une tasse de thé, Père Elie (Shmaïn) et sa Matushka avait réuni des paroissiens de l’église de La Dormition à Ste Geneviève des Bois pour écouter Lydia Alexandrovna. C’était dans les années 90, beaucoup de ceux qui étaient là ne sont plus de ce monde. вечная память, Mémoire éternelle pour tous ceux qui ont disparu. C’était une belle période, remplie autant d’épreuves très dures dans ma vie familiale que de grâces dans ma vie ecclésiale, beaucoup d’amitié, beaucoup de chaleur humaine, beaucoup de chant, beaucoup de vodka souvent aussi, mais beaucoup de prière sans contradiction, beaucoup de beaucoup… A la russe quoi ! Gloire à Dieu pour cette période de vie très précieuse. J’avais mon enregistreur de poche ce jour-là et comme j’enregistrais tous les dimanches les homélies du regretté Batiushka Ilya avec la traduction simultanée de la poétesse Tatiana, j’ai enregistré cette causerie. Ce n’est pas une conférence bien sûr, pas plus qu’un cours, tout simplement une causerie mais comme c’est émouvant et intéressant d’écouter la veuve de notre grand iconographe Leonid Alexandrovich. Que ceux qui étaient là et qui se reconnaîtront reçoivent toute la chaleureuse amitié de Maxime. 
Voici l'enregistrement :

samedi 30 novembre 2013

UN ÉMOUVANT DOCUMENT INÉDIT : une causerie sur l’iconographie par LYDIA ALEXANDROVNA OUSPENSKY (1907-2006)

Leonid Alexandrovich Ouspensky
Un dimanche après-midi autour d’une tasse de thé, Père Elie (Shmaïn) et sa Matushka avait réuni des paroissiens de l’église de La Dormition à Ste Geneviève des Bois pour écouter Lydia Alexandrovna. C’était dans les années 90, beaucoup de ceux qui étaient là ne sont plus de ce monde. вечная память, Mémoire éternelle pour tous ceux qui ont disparu. C’était une belle période, remplie autant d’épreuves très dures dans ma vie familiale que de grâces dans ma vie ecclésiale, beaucoup d’amitié, beaucoup de chaleur humaine, beaucoup de chant, beaucoup de vodka souvent aussi, mais beaucoup de prière sans contradiction, beaucoup de beaucoup… A la russe quoi ! Gloire à Dieu pour cette période de vie très précieuse. J’avais mon enregistreur de poche ce jour-là et comme j’enregistrais tous les dimanches les homélies du regretté Batiushka Ilya avec la traduction simultanée de la poétesse Tatiana, j’ai enregistré cette causerie. Ce n’est pas une conférence bien sûr, pas plus qu’un cours, tout simplement une causerie mais comme c’est émouvant et intéressant d’écouter la veuve de notre grand iconographe Leonid Alexandrovich. Que ceux qui étaient là et qui se reconnaîtront reçoivent toute la chaleureuse amitié de Maxime. 
Voici l'enregistrement :

samedi 12 octobre 2013

L'art des collyves [Κόλλυβα]


L'"art" des collyves Κόλλυβα (mélange de céréales bouillies, de fruits secs, de fruits à grains et de sucres colorés) n'a rien à envier à l'art tibétain des mandalas de sable coloré qui fascine tant les occidentaux amateurs de tourisme spirituel exotique. C'est un travail qui demande beaucoup de temps, de précision, de concentration et de dévotion. Mais dès que les collyves ont été l'offrande d'un office de prières dans l'église, consacré à la mémoire de défunts ou à la fête d’un Saint, elles sont éparpillées dans de petites coupes pour être partagées et consommées à la fin du repas, avec dévotion, par les fidèles orthodoxes. Les Κόλλυβα symbolisent la Résurrection. Comme le grain de blé tombé en terre (Jn 12, 23-24), enterré et digéré et dont une partie pourrit sans l'épuiser, ce qui lui permet de mieux se développer ensuite, il en est de même du corps de l'homme mort qui enterré dans le sol, pourrit, pour mieux ressusciter à nouveau, incorruptible.




mardi 5 février 2013

Art contemporain géorgien présenté par Jonathan Pageau

Argent repoussé par Dito Razdamze
Il existe une page Facebook appelé თანამედროვე ქრისტიანული ხელოვნება "Art contemporain chrétien" , mais la plupart des gens n’y prêtent pas attention parce que tout est écrit en géorgien. Bien que bénéficiant de centaines de photos d'art du début de la chrétienté, l'aspect le plus remarquable pour ceux d'entre nous qui ne sont pas allés en Géorgie est de savoir à quel point  les artistes géorgiens liturgiques contemporains figurent en bonne place.

Au travers de ses nombreux albums de photos on trouve un témoignage éclatant d'un art en plein essor dans l'Eglise géorgienne. Parmi les artisans, on trouve bien sûr  George Gudushauri, un orfèvre qui a reçu des commandes du plus haut niveau de l'Orthodoxie et crée des œuvres  qu’on peine à croire qu’elles puissent se faire aujourd'hui.

St-George de George Gudushauri

Reliquaire de George Gudushauri

La page dispose également d'un album d'une église en pierre contemporaine en cours de construction, recouverte d’une belle sculpture ornementale et figurative  de la pierre  dans le style habituel de l'art abstrait géométrique géorgien.





Parmi les albums, on peut trouver davantage de travail du métal, d'iconographie, de broderie, de sculpture, d'émail, le tout avec des compositions fortes et un style   immédiatement associable à la Géorgie.

Bien que l’écriture géorgienne ne soit pas aussi accessible qu'on pourrait le souhaiter, je recommande vivement une visite. Cela pourrait vous faire sentir pendant un court instant que tout va bien dans le monde et que le siècle dernier n'était qu'un mauvais rêve...


Couverture d'Évangile   par Dito Razmadze

Couverture d'Evangile par Dito Razmadze

Croix de procession de Dito Razmadze

Détail du mobilier liturgique par Ioseb Andriadze, l'administrateur de la page

mercredi 28 novembre 2012

Le rôle de la matière dans l'iconographie et les arts liturgiques

«Ô Christ, que pouvons-nous t'offrir en présent * pour être apparu sur terre en notre humanité? * Chacune de tes créatures, en effet, * exprime son action de grâce en t'apportant:
*les Anges, leur chant,* le Ciel, une étoile, * les Mages, leurs cadeaux,* les Bergers, l'émerveillement, * la Terre, une grotte, * le Désert, une crèche * et nous-mêmes une Mère vierge. * Dieu d'avant les siècles, aie pitié de nous.. "[1]

La Déipare du Don
panneau Tempera à l'oeuf avec des pigments naturels
(comprenant des ocres de la forêt de Dean en Angleterre
et du lapis-lazuli d'Afghanistan) et or 24 carats , 2011
 

 Les arts liturgiques de la Sainte Eglise Orthodoxe servent à nous orienter vers la beauté ineffable du Royaume céleste de Dieu et sont une fenêtre ouverte sur elle, qui nous révèle la nouvelle Jérusalem et à travers ses saints mystères et l'iconographie nous met en communion avec le Christ, la Mère de Dieu et les grands saints de l'ancien et nouveau. Se trouver plongé dans cet environnement sacré est une expérience profonde qui se fait par le biais de tous les arts liturgiques qui travaillent ensemble dans une symphonie sacrée qui transporte notre être dans le royaume de l'éternel et de l’ineffable. 

 Les principes intemporels théologiques sur lesquels les arts liturgiques sont fondées, le respect et la compréhension de la langage sacré des formes et des couleurs, des matériaux utilisés et la façon dont cet art est fait sont d'une immense importance. Je souhaite échanger sur certains de ces principes et méthodes dans mes contributions au Journal des Arts Orthodoxes tout au long des prochains mois, notamment en référence à des icônes, à l'enluminure et aux autres arts du livre. Cela inclura une recherche sur leurs significations symboliques et théologiques, ainsi que leur histoire, les matériaux et les divers aspects techniques.

 Pour commencer, je voudrais explorer le rôle de la matière et du monde matériel dans le culte de l'Église orthodoxe. Ce qui est au cœur de notre compréhension du monde matériel, c'est que la matière est créée par Dieu, qu’elle est bonne, et qu’elle fait partie du plan divin. Cela est exprimé dans Genèse 1:31, «Et Dieu vit toutes les choses qu'il avait faites et voilà, elles étaient très bonnes. » En outre, nous lisons que «Toute grâce excellente et tout don parfait viennent d'en haut, et descendent du Père des lumières». (Jacques, 1:17)

 L'importance de l'expression matérielle du sacré dans le Christianisme Orthodoxe se trouve au centre de notre compréhension de l'Incarnation, comme le dit saint Grégoire de Nysse : « Il a donné à la vie une réalité effective, pour qu'au moyen de la chair revêtue par lui et déifiée avec lui, se trouvât sauvé en même temps ce qui est apparenté à la chair et de même nature. »[2] En outre, lors de la Transfiguration, la grâce est passée de la divinité du Seigneur à sa nature humaine et à ses vêtements qui brillaient. De même, dans l'Église, la grâce du Christ passe, et là, à travers l'humanité qui il partage avec nous et à travers nous cette grâce peut alors passer à tout le monde matériel. Dans Romains 8:21 nous lisons: «... la création elle-même sera affranchie de la servitude de la corruption dans la liberté glorieuse des enfants de Dieu." 

 Comprendre les matériaux de façon plus profonde est absolument essentielle au maintien de l'intégrité et de la beauté des arts liturgiques dans le long terme. L'un des objectifs est de créer des œuvres qui reflètent l'incorruptibilité et la beauté de Dieu et l'utilisation de matériaux pauvres ou inadaptés sape ce symbolisme. Par exemple, la sélection de peintures modernes de fabrication industrielle peut sembler acceptable, mais quand on les examine de près, leurs caractéristiques comprennent souvent des éléments inappropriés ou de qualité médiocre et leurs pigments sont souvent instables à la lumière ou ont été obtenus par des procédés chimiques douteux ou immoraux au cours desquels la couleur résultante est un sous-produit, sans rapport avec l'intention du processus. Quelle comparaison possible avec l’acte de ramasser une pierre unique, la fleur d'une grotte souterraine et le fruit de plusieurs milliers d'années de croissance naturelle? Les couleurs rayonnantes de la malachite ou de l'azurite, par exemple, n'ont pas d'égal dans la palette artificielle et ne s’altèrent pas du tout à la lumière, elles sont durables et ne perdent rien de leur éclat, et sont donc à la fois symboliquement et fonctionnellement particulièrement appropriés pour la réalisation de l'art sacré.

Après que la lumineuse pierre d’Azurite bleue
a été broyée et lavée plusieurs fois elle est versée
sur un plat pour sécher et devenir une poudre fine
qui est ensuite utilisée comme pigment pour
l'aquarelle et la peinture tempera à l'œuf.
« Les cieux racontent la gloire de Dieu et le firmament annonce l’œuvre de ses mains ». (Psaume 18:1)

 Sa Sainteté le Patriarche œcuménique Dimitrios a déclaré que "Malheureusement, de nos jours, sous l'influence d'un rationalisme extrême et de l'égocentrisme, l'homme a perdu le sens du sacré de la création ...» [3] Une grande partie de notre compréhension de la symbolique spirituelle inhérente à la matière a été perdue ou corrompue par le point de vue actuel laïque, qui a été façonnée par diverses idéologies non-orthodoxes et sont souvent en contradiction avec la théologie orthodoxe. Une société désacralisée cesse de voir la création en tant que porteur de la sagesse et de l'amour de Dieu, elle la regarde au contraire comme une accumulation de matières premières ayant une valeur économique qui leur est associée. Par exemple, dans le cas de l'or, au lieu de voir l'or comme quelque chose de la source divine et un symbole de la divinité de Dieu, de son amour et de son incorruptibilité, on nous apprend à ne voir que sa valeur monétaire, mais rien de la beauté incandescente de sa substance, rien de son essence intérieure ou de son sens.

 En outre, nos matières premières sont désormais touchées par les effets délétères des procédés industriels et de la pollution: «L'industrie croissante produit de plus en plus des quantités de déchets toxiques dont ne sait quoi faire. L'air, les eaux et le ciel, les éléments qui étaient autrefois purs, prennent aujourd'hui une couleur produite par l’homme.» [4] Les produits d'origine animale tels que l'œuf, qui est utilisé dans la fabrication de la tempera à l'œuf, peuvent être le produit d’un élevage en batterie qui exploite les poules, ce qui compromet à la fois la qualité du matériau et le rôle qui nous a été assigné de prendre soin de la création.

En conséquence de ce qui précède, il est maintenant plus important que jamais que l'artiste liturgique et ceux qui passent des commandes et utilisent les arts liturgiques comprennent et célèbrent l’usage véritable et élevé du monde matériel. Une bonne compréhension de la théologie des matériaux et de notre relation avec eux est au cœur du processus de fabrication et une route vers la compréhension plus profonde du caractère sacré de la création et de la contemplation de la réalité de l'Incarnation.

 Toute la création matérielle dans sa beauté resplendissante est une icône, c'est une image des choses les plus élevées, un cadeau d'amour et de générosité, et un mode de réalisation de la beauté divine. Dans les paroles de saint Jean Chrysostome « La nature est notre meilleur maître. A partir de la création, apprenez à admirer le Seigneur! "

Dessin icône miniature de SainteJeanne la Myrrhoblite
 à l'encre sépia  sur vélin tendu feuille d'or 24 carats
 (fleur et pièce d'un penny pour indiquer la taille). 

 Le culte de l'Eglise orthodoxe concerne la célébration et l'utilisation de tous les aspects de nos sens. Cela inclut la vue, l'ouïe, le toucher, le goût et l'odorat. Il utilise et honore à la fois les matériaux, que ce soit du bois, de l'or ou de la peinture, les matériaux pour l'écriture tels que les encres et les plumes, le pain et le vin sacrés ou la combustion de l'encens parfumé.

 Le but des arts liturgiques, c'est la glorification de Dieu et l'action de grâces. L'humanité, un participant simultanément du matériel et du monde spirituel, a été créée pour rattacher la création à Dieu, afin que le monde puisse être sauvé de la corruption et la mort. Nous avons été créés pour vivre selon un mode eucharistique, par des actions de grâces pour tout ce que nous avons reçu. Par conséquent, ce n'est pas seulement un choix, mais notre responsabilité de faire ce don de remerciement le plus beau peut-être, même si cela signifie parfois un sacrifice supplémentaire et un défi. Une icône durera aussi longtemps que la surface sur laquelle elle a été peinte et les matériaux avec lesquels elle a été faite dureront. Elle est destinée à être un objet tactile liturgique, ce n’est pas seulement une surface peinte, et donc chacun de ses aspects doit être soigneusement pris en compte lors du processus de fabrication. Elle doit être suffisamment robuste pour résister à la pérégrination d'adoration que sera sa vie, tout en restant un véritable et numineux symbole de la beauté de Dieu. 

 Les matériaux utilisés pour créer l'art liturgique n’ont pas seulement leurs caractéristiques physiques habituelles qui peuvent être mesurées par la science, mais aussi un sens profond et un symbolisme qui gouvernent leur emplacement et leur utilisation dans l'environnement sacré. Cela inclut les caractéristiques pratiques et fonctionnelles qui sont un facteur essentiel dans leurs diverses applications. Par exemple, dans la fabrication d'une icône pour un usage extérieur, la pierre, le métal ou même la céramique seraient des choix appropriés, tandis que les icônes textiles ou les icônes dorées ne conviendraient pas. 

 Travailler en harmonie avec la création plutôt que contre elle est d'une grande importance. L'architecture et les arts traditionnels liturgiques emploient souvent des matériaux de construction régionaux s’harmonisant ainsi avec le milieu environnant. Les matériaux naturels sont souvent utilisés dans leurs formes pures et certains matériaux qui sont exceptionnellement rares et précieux, comme le lapis-lazuli, peuvent provenir de terres lointaines en raison de leurs qualités particulières.


 Un morceau de Lapis Lazuli d'Asie centrale, 
le pigment extrait est appelé Lazurite 

L'usage contemplatif de matériaux naturels dans leurs formes pures nous permet également d’apprécier leurs qualités et leur valeur fondamentales.J'ai souvent été frappée en regardant la plupart des anciens manuscrits enluminés que beaucoup des couleurs sont utilisés pures et cela renforce notre capacité à aimer et à apprécier chacune pour ce qui la distingue comme ce qui l’unit aux autres. La malachite, le minium, l'indigo, l’azurite et orpiment sont tous faciles à distinguer comme beaucoup d'autres.

 «Car la grandeur et la beauté des créatures font par analogie contempler leur Auteur.» (Sagesse de Salomon. 13:5)

 L’aventure de la fabrication d’une œuvre d'art liturgique commence longtemps avant de commencer à construire ou à peindre et ce travail de base comprend également la construction d'une relation personnelle avec des matériaux à un niveau beaucoup plus profond que simplement aller dans un magasin et acheter des articles déjà tout faits sur un comptoir. Pour moi en tant qu'artiste, des progrès dans la technique ont souvent eu lieu après la préparation à la main, avec soin, d'un nouveau matériau et il s’en est suivi que l'expérience de son utilisation s’est ensuite transformée en quelque chose que je n'aurais jamais pu imaginer. L'œuvre terminée est toujours plus belle et rayonnante qu'elle aurait été autrement.


[1] Vêpres de la Nativité
[2] Grande Catéchèse de St Grégoire de Nysse
[3] Discours pour Le jour de La Protection de l'environnement 1er sept. 1989
[4] L'Orthodoxie et la crise écologique Patriarcat oecuménique et WWF (World Wide Fund for Nature International)
 (version française par Maxime le minime d'un extrait d'un article de Christabel Anderson du 10 juillet 2012 paru sur le site Orthodox arts journal