Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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dimanche 21 décembre 2014

La Mère de Dieu a récapitulé en elle, dans son consentement, l'humanité tout entière

LA DIVINE MATERNITÉ [3] 

La gloire de Marie

L'insistance de la tradition sur le rôle de génitrice de Dieu dévolu à la Vierge Marie ne doit pas être compris comme une réduction «machiste» du rôle de la femme. Nous avons vu que la Mère de Dieu a récapitulé en elle, dans son consentement, l'humanité tout entière. Cette attitude était en elle-même suffisante pour la glorifier au-dessus de tous les hommes créés. Son rôle ne s’est pourtant pas arrêté au moment précis de la Nativité. Le fait de donner naissance au Fils de Dieu dans la chair a été assumé et accompli jusque dans ses ultimes conséquences.


En effet, ce rôle dans l'Incarnation a établi la Vierge Marie dans une relation absolument unique vis-à-vis de son Créateur. En naissant d’elle, Dieu a choisi de nouer avec une femme un lien unique d’amour et d’intimité, prenant sa chair pour en faire sa propre chair, prenant son sang pour développer sa vie humaine, se nourrissant de son lait, et se réjouissant de son sourire maternel, portant vers elle tout l’amour d’un enfant pour sa mère! Or, à travers elle, à travers cet amour totalement pur et instinctif, c°est à toute l'humanité et à toute la création qu’il s’est uni. Le mouvement de tendresse et d'amour qui les unit tous deux est l’image et la récapitulation de l'amour entre Dieu et l’homme, entre Dieu et le monde. 

C’est donc l'humanité tout entière, rayonnante de gloire et de majesté, que la Mère de Dieu personnifie dans l’icône de la Nativité, en une attitude extraordinaire de hiératisme et de plénitude dans la maternité.
Pour mieux comprendre ce rôle immense dévolu à une femme dans l’économie du salut, il convient d’explorer la signification de la figure de la Mère dans la tradition juive, et de voir ensuite comment cette signification a été baptisée dans la Nouvelle Alliance.

La gloire maternelle

L'importance de la Mère dans l’Ancien Testament est très grande. Josy Eisenberg fait remarquer que la religion juive «a conservé simultanément la matrilinéarité et la patrilinéarité» (Josy Eisenberg , La Femme au temps de la Bible. Ed. de la Seine, Page 55) Ainsi, tout homme se définit par rapport à son père, en faisant suivre son nom de l'expression «fils de... » et du nom de son père. Les Juifs se nomment ainsi «Samuel ben Aaron», ou «Sarah bat Aaron».
En revanche, d’une part, n’est considéré comme juif que celui qui a une mèrejuive; d’autre part, on recourt au matronyme dans certaines prières particulièrement pathétiques et vitales: à Yom Kippour, dans une invocation solennelle où l’on prie pour le pardon et la vie, dans la prière prononcée devant la Torah pour une personne gravement malade. Ainsi, la mère juive demeure 1’ultime recours, l'intercesseur suprême, source de tout amour; parce qu’elle a donné la vie, elle est celle qui peut obtenir la préservation ou la prolongation (Josy Eisenberg, op. cit., ibid.)

La maternité revêt donc une importance spirituelle très grande dans la Bible. Elle représente la plénitude de la femme, mais aussi la plénitude de l’amour entre l’homme et la femme. Un passage de la Bible manifeste avec une force singulière la joie profonde dans la maternité : le rire de Sarah, la femme d’Abraham à qui Dieu accorde la joie d’enfanter Isaac après une longue vie de stérilité. Ce rire, peut-être unique dans toute la Bible, semble transparaître à travers la grande exultation de l’icône de la Nativité.

«Pêcheur ma mère m’a conçu !»




Cependant, cette vision royale de la maternité doit être tempérée. Depuis la chute et l'expulsion d’Adam et d’Ève hors du jardin d’Éden, la maternité est liée a la souffrance et à la mort. L’une des malédictions adressées par Dieu à Ève concerne l'enfantement dans la douleur. Elle est liée de la même manière à la malédiction de Dieu sur le sol. En fait, toute gestation, toute création, tout enfantement se trouvent entachés de mort, de finitude, et ne peuvent se dérouler sans une part de souffrance et de difficulté depuis la Chute.
Pour Josy Eisenberg, le lien entre la sexualité et la mort, entre Éros et Thanaros est étranger à l’âme juive. Cette idée proviendrait des grecs, et le moralisme, ou du moins le pessimisme de saint Paul sur ce sujet serait une influence de l’hellénisme.

Pourtant ce même auteur reconnaît que le rituel de purification de la mère et de présentation de l’enfant au temple quarante jours après la naissance est justement lié au règne de la mort engravant l’élan vital de la maternité et de la naissance de l’enfant. Ce rituel mosaïque, qui s’est transmis dans l’Église orthodoxe, vise à purifier la mère et l’enfant de la souillure liée à l’acte de l'enfantement. Tout être qui naît dans les conditions de ce monde déchu est voué à la mort. [Toute idée de souillure dans l’Ancien Testament doit se comprendre comme une présence de la mort et de la souffrance depuis la Chute. C’est pourquoi les rituels de purification ont aussi bien un sens médical et corporel, que spirituel, les deux aspects matériel et spirituel étant indissociables dans la Bible.] L’harmonie extraordinaire du corps qui naît et qui est appelée à s’embellir encore dans la croissance et l'épanouissement, est aussi appelée à se dégrader pour finir dans la corruption du tombeau. De même toute vie sur terre est exposée à la souffrance, mais aussi aux imperfections, aux actes contraires à Dieu et à l’amour, à cette réalité résumée sous le terme générique de «péché» dans la Bible. C’est pourquoi le Roi David s’écrit dans le Miserere, lc Psaume 50, où il clame son repentir et son espoir d’être pardonné et racheté par Dieu, «Vois : dans l'iniquité, j'ai été conçu et j'étais dans le péché quand ma mère m'a enfanté »

NB Ce qui précède permet de comprendre que cette iniquité ne soit pas liée à l'acte sexuel en lui-même, mais à la condition déchue de toute naissance humaine, l'injustice régnant sur le monde comme signe de la présence de la mort.


L’enfantement virginal du Christ 




Ce sens déchu de la maternité ne devrait pourtant pas s’appliquer à l’icône de la Nativité. En effet, la naissance du Sauveur s’est accomplie de manière miraculeuse, hors des lois de la nature, dans la virginité de Marie. La tradition la plus ancienne considère que la virginité de la Mère de Dieu n’a pas été atteinte par cette naissance, « la laissant vierge et pure avant comme après l'enfantement », comme le chante une hymne de l’office byzantin. Le mode de cette naissance, nous l’avons vu, a été totalement mystérieux. 
La maternité de la Vierge est d’autant plus royale, d’autant plus majestueuse que, justement, celui qui est né d’elle d’une manière aussi miraculeuse n’a pas été atteint par le péché. Ce n’est pas dans l’iniquité qu’il a été conçu, car il s’est fait semblable aux hommes en tout à l’exception du péché. Né incorruptible, le Christ échappe au règne de la mort, et sa naissance de la Vierge est le signe avant coureur de la réalité ultime du Royaume tel que nous la connaîtrons tous après la résurrection finale. Dans cette éternité de la terre nouvelle et des cieux nouveaux dont parle l’Apocalypse, il n’y aura plus d’enfantement dans la douleur, la création et la gestation de toute nouveauté ne seront plus entachées par la mort, car son règne sera anéanti. 

mardi 24 décembre 2013

L'invisible par nature en ce jour se laisse voir dans la chair

Avec les Prophètes en ce jour se réjouissent la terre et le ciel! * Les Anges et les hommes célèbrent cette fête en esprit! * Car voici que notre Dieu, * né d'une femme, est apparu dans la chair à ceux qui attendaient parmi les ténèbres et l'ombre de la mort. * La grotte et la crèche l'ont reçu, * les Bergers proclament la merveille, * les Mages, venus de l'Orient, * apportent leurs présents à Bethléem. * Et nous-mêmes, de nos lèvres souillées * avec les Anges nous venons lui chanter: * Gloire à Dieu au plus haut des cieux * et sur terre que règne la paix! * Car il est venu, celui qu'attendaient les nations, * il est venu pour nous sauver * de la servitude de l'Ennemi. Le ciel et la terre en ce jour * sont réunis par la naissance du Christ. * En ce jour Dieu est venu sur terre * et l'homme est monté vers les cieux. * L'invisible par nature en ce jour * se laisse voir dans la chair à cause de l'homme; * c'est pourquoi, lui rendant gloire, chantons-lui, nous aussi: * Gloire à Dieu au plus haut des cieux * et sur terre la paix * que nous accorde ta venue. * Toi qui nous sauves, gloire à toi. A Bethléem en ce jour * j'entends les Anges chanter: * Au plus haut des cieux gloire à Dieu * qui a voulu que la paix fût sur terre. * La Vierge maintenant * est plus vaste que les cieux; * la lumière s'est levée sur les cœurs enténébrés, * élevant les humbles qui s'unissent aux Anges pour chanter: * Gloire à Dieu au plus haut des cieux. Voyant flétrie à cause du péché * son image et ressemblance, Jésus, * inclinant les cieux, descendit * et demeura dans le sein virginal sans subir de changement, * afin d'y façonner à nouveau * Adam corrompu qui s'écrie: * Gloire à ton épiphanie, mon Rédempteur et mon Dieu. Gloire au Père, t. 5 Les Mages, rois des Perses, reconnaissant clairement * la naissance terrestre du Roi des cieux, * guidés par l'éclat de l'astre, accoururent à Bethléem * et lui portèrent de rares présents: * de l'or, de la myrrhe, de l'encens; * puis ils se prosternèrent devant lui, * car ils virent dans la crèche * comme un petit enfant le Seigneur intemporel. Maintenant, t. 6 Les Anges dans le ciel tous ensemble * dansent et jubilent en ce jour, * tandis qu'exulte l'entière création * à cause du Sauveur qui est né à Bethléem, * car le mensonge des idoles a pris fin * pour que règne le Christ dans les siècles. (Litie, t. 1)

samedi 1 décembre 2012

Le 25 décembre est l'anniversaire de la naissance du Christ, tout simplement.


En 1995, le savant israélien Shemaryahu Talmon a publié une étude sur le calendrier liturgique découvert dans la grotte 4 de Qumrân (4Q321). Il y trouva incontestablement les dates du service au Temple que les prêtres assuraient, à tour de rôle, encore au temps  de la naissance de saint Jean le Précurseur et de Jésus. Selon ce document, copié sur parchemin entre les années 50 et 25 av. J.-C., donc contemporain d'Élisabeth et de Zacharie, la famille des Abiyya à laquelle ils appartenaient (Lc 1,5; cf. 1 C 24,10) voyait son tour revenir deux fois l'an, du 8 au 14 du troisième mois du calendrier essénien, et du 24 au 30 du huitième mois. Cette seconde période tombe vers la fin de notre mois de septembre, confirmant le bien-fondé de la tradition orthodoxe immémoriale qui fête la "Conception de Jean" le 23 septembre.
Or ce fut, comme l'écrit saint Luc, le «sixième mois» de la conception de Jean que l'ange Gabriel apparut à la Vierge Marie. À compter du 23 septembre, le «sixième mois» tombe très exactement le 25 mars, en la fête de l'Annonciation. Dès lors, Jésus est bien né le 25 décembre, neuf mois plus tard. Noël n'est donc pas «la consécration religieuse et cultuelle d'un évènement cosmique, le solstice d'hiver qui marque la régression de la nuit». Non ! le 25 décembre est l'anniversaire de la naissance du Christ, tout simplement.
(extrait du bulletin 139 du Hiéromoine Cassien)

Bethléem


mercredi 23 décembre 2009

DIEU PROPOSA et LA FEMME DISPOSA....L'icône de la Nativité

Il n'est pas inutile de rappeler les bons textes voici donc une un peu longue mais bien instructive interprétation de l' l'icône de la Nativité issue de "La Voie Orthodoxe"

"L'icône de la Nativité
Une icône étant par définition une "théologie visuelle", l'icône de la Nativité, plus que toute autre peut-être, permet de voir de façon manifeste, non seulement les approches théologiques différentes entre l'Orthodoxie et les confessions occidentales, mais encore que, sous l'apparence d'un dogme réputé commun à tous les chrétiens, nous sommes en réalité en présence d'enseignements distincts, pouvant même être opposés.
Si l'on observe une représentation occidentale traditionnelle, c'est-à-dire telle que nous les connaissons depuis le milieu du XVI° siècle, Noël c'est la fête intime de la Sainte Famille. Côté humain du mystère. Conséquence de la révolution humaniste opérée par la Renaissance, c'est l'homme-Dieu, plus que le Dieu-homme, qui est représenté, à supposer même que Dieu perce sous l'image de l'homme. Aspect sentimental et non dogmatique de l'événement. Représentation exempte de tout enseignement doctrinal, il ne s'agit que d'une touchante et attendrissante scène de famille dans laquelle chacun est appelé à se reconnaître.
L'Orthodoxie, en revanche, par son attachement farouche à la tradition dogmatique, filtre très sévèrement toute émotivité. Et pourtant cette icône semble fourmiller de détails à première vue inutiles. En fait, tous ont une signification ou une fonction historique ou dogmatique : directement tirés soit des Ecritures, soit de la Tradition orale, ils sont là pour donner une explication aussi large que possible de la fête, et dévoiler au maximum tous les aspects du mystère. L'icône suit en réalité très fidèlement le texte liturgique.
Au centre, sur fond de montagne, nous voyons la grotte avec le Sauveur dans la crèche. Penchés sur la crèche le bœuf et l'âne. Près du Christ, mais à l'extérieur de la grotte, est couchée la Mère de Dieu. En haut, au-dessus de la grotte et de l'Enfant, jaillit une source de lumière porteuse de l'étoile qui donne naissance à trois rayons. En haut à gauche, trois cavaliers, les rois mages. Au centre à gauche, trois anges admirent et glorifient le Dieu-homme. En haut à droite, d'autres anges, généralement au nombre de trois également, deux regardant vers le haut, un vers le bas. Au centre à droite, deux personnes regardent l'étoile, les bergers, auxquels s'adresse l'ange. Enfin, en bas de l'icône, à gauche, est assis Joseph, pensif, et devant lui se tient un homme bizarre, voûté, habillé en berger. En bas à droite, deux femmes baignent un enfant.
Cette foule de détails et de scènes n'est en fait rien d'autre que la représentation en images du kondakion de la fête, auquel ont été ajoutées les deux scènes du bas, à gauche et à droite :

La Vierge en ce jour met au monde l'Eternel et la Terre offre une grotte à l'Inaccessible,
les anges et les pasteurs Le louent et les mages guidés par l'étoile avancent,
 car Tu es né pour nous, petit Enfant, Dieu Eternel.


Deux aspects s'interpénètrent dans l'icône :
  1. le fait même, indubitable, de l'Incarnation.
  2. la finalité de cet acte, la restitution de l'humanité déchue.




Ainsi que le dit Saint Grégoire le Théologien, Noël n'est pas la fête de la création, mais de la re-création qui offre à chaque créature un nouveau sens à sa vie. C'est pourquoi, ainsi qu'en témoigne l'icône, chaque créature loue le Seigneur et participe à l'événement. Cette multitude de détails veut, en fait, représenter toutes les créatures terrestres et célestes (on dirait de nos jours "toutes les catégories sociales"!), ainsi que le dit un texte des vigiles (4° stichère du lucernaire) : Que T'offrirons-nous, Christ, à Toi qui es né pour nous sur la terre comme un homme ? Chacune de Tes créatures Te rend grâce : les anges T'apportent l'hymne; les cieux l'étoile; les mages leurs présents; les bergers leur admiration; la terre la grotte; le désert la crèche et nous une Mère - Vierge.

Nous souvenant que c'est sur les icônes que dans la Russie ancienne on transmettait ce qu'aujourd'hui on appelle le catéchisme, voyons l'enseignement doctrinal délivré par cette icône : le centre, tant sur le plan de la composition que de la signification, est l'Enfant emmailloté de langes (préfiguration des bandelettes qui recouvraient le corps mort du Christ et que les femmes-myrrophores trouvèrent dans le tombeau vide après la résurrection), couché dans une crèche (autel et eucharistie) sur le fond du trou béant, noir de la grotte. Cette grotte, les évangiles n'en parlent pas, mais nous la connaissons d'après la Tradition. L'écrit le plus ancien la mentionnant date du milieu du II° siècle. Saint Justin le Philosophe, dialoguant avec Triphone et citant l'évangile selon Matthieu, ajoute : Et comme Joseph n’avait pas de place pour s'arrêter dans ce village, il s'installa dans une grotte située non loin de Bethléem.
Le triangle noir symbolise notre monde anéanti par le péché des hommes et dans lequel a resplendi le Soleil de Justice. Ce trou noir symbolisant le monde, le péché, l'enfer est une constante de l'iconographie. Dieu est Lumière et Source de Lumière (voir l'icône de la Transfiguration). Je suis la Lumière du monde... Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la Lumière de la Vie /Jn VIIL12/. C'est cette même lumière qui se reflète sur les sujets aptes à le recevoir, cette lumière les pénètre et émane d'eux, ce que symbolise le nimbe entourant la tête des saints. Pareils à des batteries, ils emmagasinent la lumière, puis la restituent : ne dit-on pas des saints qu'ils "rayonnent"?
Mais ce monde qui refuse Dieu, la Vérité, ce monde qui gît dans le mal, la lumière lui est tout simplement refusée par l'iconographie. Les ténèbres ne sont pas un fait "positif", mais "négatif. Elles sont l'a- lumière ("a" privatif, c'est-à-dire "absence de lumière"). L'enfer n'est pas la haine de Dieu, mais l'absence de Son Amour. Et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont pas reçue /Jn 1,5/. Un "trou noir" analogue est représenté sur l'icône de la Résurrection. Nous avons cité plus haut les langes qui préfigurent les bandelettes. L'icône n'est pas un cliché de l'événement, elle voit plus loin, dans la perspective de la foi. La Rédemption est un tout inauguré par l'Incarnation : Tu es descendu, Seigneur, sur Terre pour sauver Adam et ne l'y trouvant pas, ô Maître, Tu es allé le chercher jusqu’ 'en enfer /matines du Samedi de la Passion/.
La Nativité est le premier stade, la première étape de la kénose, de l'abaissement, de l'amoindrissement volontaire du Christ. Le Maître prend la forme de l'esclave. L'Illimité, volontairement Se circonscrit, Se limite. Le Créateur prend forme de créature. Cette première étape se poursuivra, culminera par le point d'orgue de cette chute dans l'abîme : la mort en croix, puis la descente aux enfers qui symbolisera la Résurrection et se terminera par l'Ascension. C'est cette chute, immédiatement suivie du relèvement, que symbolisent les prosternations qui accompagnent la prière du fidèle orthodoxe : en se baissant on meurt avec le Christ et l'on renaît avec Lui en se relevant. L'homme tombé du Paradis n'était plus sur terre comme il l'imaginait. La terre en soi n'existe pas, c'est un stade intermédiaire, temporaire. L'homme était déjà de fait, et en puissance, en enfer. Enfer ou Paradis : pas de situation intermédiaire. Ainsi, le "trou noir" symbolise tantôt le monde, tantôt l'enfer ce qui, dans la perspective de la foi, est la même chose. L'Incarnation - c'est Dieu qui se fait homme afin que l'homme puisse devenir Dieu. C'est-à-dire qu'il puisse participer à la gloire de Dieu. Mais l'Incarnation n'est pas seulement "ce qui permet" à celui qui est limité de faire éclater ses limites et d'appréhender ainsi l'Illimité, mais c'est autant, et surtout, la manifestation du Dieu aimant, du Dieu d'Amour, la manifestation de la philanthropie divine.
La crèche dans laquelle est né le Christ a existé jusqu'au IV° siècle. Elle était en argile. Saint Jérôme, au début du V°s. regrette de ne plus pouvoir voir la crèche dans laquelle le Christ a été couché : "Par respect pour le Christ, nous l'avons remplacée par une crèche en argent. Mais ô combien plus précieuse était pour moi celle en argile, d'autant que Celui qui est né dedans condamnait l'or et l'argent".
L'âne et le bœuf. L'évangile ne les mentionne pas et pourtant ils ont toujours et de partout été indissolublement liés à la Nativité. Là encore, c'est la Tradition qui nous les situe dans cette place centrale, fondamentale. La raison pratique de leur présence s'explique ainsi : c'est à dos d'âne que voyageait la Mère de Dieu et le bœuf avait été amené par Joseph pour être vendu afin de couvrir les frais. Mais la raison dogmatique de leur présence s'explique par la réalisation de la prophétie d'Isaïe (1,3) : Le bœuf connaît son maître et l'âne l'étable de son seigneur, mais Israël ne me connaît pas et mon peuple ne comprend rien. Dieu est venu parmi les hommes et il ne s'est pas trouvé de place pour Lui.
La position de la Mère de Dieu se détache sur l'ensemble de la composition. Elle est le don de l'humanité à son Créateur. Cette dimension, très grande en proportion, correspond à la place occupée par la Vierge dans l'Église. L'absence de proportion est voulue : le personnage essentiel est magnifié au détriment des autres. L'Incarnation n'a pas été seulement le fait de la volonté divine, mais aussi celui de l'acceptation libre et volontaire de l'homme. En effet, sans le consentement libre et conscient de la Vierge, l'Incarnation n'était pas réalisable. Cette constatation nous amène à mieux comprendre le sens de la liberté chrétienne. Dieu, Christ, l'Église ne peuvent contraindre à Les aimer. Dieu prend de la Vierge, la chair qu'elle veut bien Lui donner. Cette maternité, dont elle est rendue digne par son exploit personnel, par l'ascèse de sa vie, elle l'assume de son plein gré, librement, et c'est en cela que son acte est grand. Le mystère de l'Incarnation n'est pas le fait quasiment mécanique de la seule volonté divine, que permettrait l'immaculée conception de la Vierge, notion totalement étrangère à l'Orthodoxie. Son acte est la réponse de la fidélité humaine à la promesse de fidélité divine. C'est le Fiat que l'humanité toute entière dit par sa bouche. Nous avons là toute la conception chrétienne du salut qui ne peut être obtenu sans ou contre la volonté de l'individu et, en filigrane, nous voyons la condamnation de la doctrine latine (XII°-XII° s.) des sacrements qui transmettraient la grâce ex opere ope- rato, par une sorte de mécanisation de la grâce, car l'efficacité d'un sacrement est tributaire de la "rencontre" entre ce qui est donné et ce que l'on donne, conformément à ce que nous enseignent les Écritures dans la parabole du Semeur : un même grain, selon le sol sur lequel il tombe, donnera tantôt une pousse vive, tantôt se desséchera /Marc IV,3-9, Luc VIII,5-9/. L'eucharistie agit pour le salut de l'âme, mais aussi pour le jugement et la condamnation de celui qui la reçoit sans foi et piété, ainsi que nous le confessons dans la prière de saint Jean Chrysostome lue juste avant la communion.
La Vierge est la nouvelle Eve et de même qu'Eve était la mère de tous les vivants, Marie est la mère de toute la re-création. C'est cet exploit personnel, au nom de l'humanité, que l'icône montre dans cette présentation majestueuse de la Mère de Dieu. Par son exploit, par sa vie personnelle, elle a réussi à rester pure dans ce monde pécheur qui est le nôtre, c'est en cela qu'elle est un guide pour l'humanité.
La Mère de Dieu est le don suprême de l'humanité à Dieu. Mais elle fait pleinement partie de l'humanité, c'est pourquoi Elle est - sur l'icône - en dehors de la grotte, avec le reste de la création.
La Vierge est drapée de rouge. Symboliquement, cette couleur représente ici le sacrifice et la résurrection. Son regard, son attitude sont une méditation. Ce n'est pas tant le joyeux événement qui l'habite, mais les ultimes conséquences qu'elle pressent.
Les anges remplissent leur double ministère. En haut, à droite, deux anges sont tournés vers le haut, vers Dieu : c'est la louange, la glorification, la doxologie incessante. Un ange se penche vers le bas, vers les bergers : c'est l'intercession auprès de l'humanité, c'est l'ange annonciateur, l'ange gardien. Il annonce la bonne nouvelle aux bergers qui semblent l'écouter à la fois effrayés, recueillis et admiratifs. Leurs regards sont dirigés vers la source de lumière, vers l'étoile.
Ces bergers sont des gens simples, au cœur pur, c'est pourquoi l'ange leur parle directement, sans intermédiaire. Ils ont cette simplicité de l'enfant qui leur permet de percevoir l'incompréhensible : Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Il en va tout autrement de ces hommes de science que sont les rois-mages. Cette connaissance du miracle ne peut leur être donnée directement comme aux bergers incultes, mais purs de cœur et d'esprit. En tant qu'hommes de science il leur faut un long cheminement intellectuel - symbolisé ici par le long voyage qu'ils effectuent à cheval guidés par l'étoile - pour aboutir à la connaissance absolue du sujet étudié. Deux modes de connaissance. Deux attitudes face à la révélation. Deux chemins menant au même but, mais par des voies différentes.
Dans ces deux types d'hommes - les bergers et les mages - l'Église voit les premiers éléments de la communauté ecclésiale. Les bergers sont les prémices de l'Église de la circoncision (les juifs) et les mages, de l'Église des gentils, des nations (les non-juifs). Référence aux tous premiers temps de la propagation de la foi et de l'implantation des Églises à partir de ce point central, originel, qu'est l'Église de Jérusalem d'où sont partis les apôtres dispenser la bonne nouvelle à travers le monde. L'adoration des mages souligne la place qui revient aux non-juifs, et dans une perspective plus lointaine, la place revenant aux convertis, et la légitimité de leur ministère au sein de l'Église. Contrairement à ceux qui "naissent dans l'Église", les convertis, suivant en cela les mages, y parviennent après un long cheminement personnel. Nous voyons ici la représentation iconographique de la doc- trine à laquelle l'Église est parvenue après un débat qui fut historiquement long et houleux : les chrétiens sont, en dehors de toute connotation ethnique ou raciale, le "Nouvel Israël" et sont les héritiers des promesses faites à la race élue. Les mages témoignent également du caractère universel de l'œuvre salvatrice du Christ, ce que l'Église professe à chaque office des vêpres dans le cantique de Syméon : (cet enfant) "est une lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël".
À l'origine, l'Adoration et la Nativité étaient deux fêtes séparées, ce qui est encore le cas en Occident. L'Orthodoxie a uni ces deux fêtes en une seule. Dans les catacombes romaines (images du II°-IV0 s.) on peut voir la Vierge assise, tenant l'Enfant sur ses genoux et recevant avec Lui l'adoration des mages.




Au-dessus de la grotte où repose l'enfant, issu d'un demi-cercle sortant des limites de l'icône, un rayon lumineux traverse l'étoile et se scinde dans sa partie inférieure en trois rayons. Le demi-cercle symbolise le "Lieu Très-Haut", et l'étoile, portée par le rayon qui en est issu, nous montre qu'el- le n'est pas un simple fait cosmique, astrologique, mais qu'elle est porteuse d'une nouvelle d'En-Haut. Le triple rayon qui sort de la source unique de Lumière est, dogmatique- ment, la marque de l'uni- trinité de Dieu, mais elle est aussi l'image de l'accomplissement de la prophétie sur le déchirement des cieux : Ah! Si tu déchirais les cieux et si tu descendais sur terre... /Isaïe 64,1/. Cette lumière qui se déverse à flots sur la terre, permettant une jonction entre les cieux et la terre, est aussi une forme d'échelle permettant d'accéder, d'ici-bas, au ciel. L'unique rayon sortant de la sphère supérieure marque l'essence une de Dieu, mais en sortant de l'étoile il se partage en trois éclairs : symbole de la Trinité et marque de la participation des trois Personnes - trois Hypostases - à l'économie du salut.

Une composition similaire d'un rayon se terminant en trois éclairs avec ici une étoile, là-bas une colombe, se retrouve dans l'icône de la Théophanie, qui est la suite logique et immédiate de la Nativité.
Cette descente de l'Esprit qui semble fendre les deux est une réponse à la prière antique d'Isaïe citée ci-dessus, qui se poursuit par cet espoir : Tu ferais ainsi connaître à tes adversaires qui tu es. Véritable épiclèse de l'humanité annoncée par l'ange du Seigneur : L'Esprit- Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre /Luc 1,35/.
Une autre interprétation à ces cieux qui se déchirent et à ce désert qui voit descendre le Christ est la réalisation de la préfiguration de la manne descendant du Ciel pour nourrir le peuple juif. Le Christ est le pain eucharistique, cette nourriture spirituelle venue du Ciel pour l'humanité.
En bas, à droite, deux femmes baignent un enfant. Nous connaissons cette scène par la Tradition, on la rencontre également dans les évangiles apocryphes, pseudo-Matthieu, pseudo Jacques. Cette scène est là pour prouver que l'Enfant qui est né est véritablement homme, Fils de l'homme, et en tant que tel Il est soumis à toutes les lois de la nature, à toutes les contingences matérielles, terrestres. L'une des deux femmes serait, d'après la Tradition, la juste Salomé.
Cette double représentation, sur une même icône, d'un même personnage - procédé fréquemment utilisé - prouve une fois de plus que l'icône n'est pas un cliché, une photo, mais elle est un tout, un enseignement dogmatique complet. Dans la grotte nous voyons le Fils de Dieu qui en tant que Créateur n'a pas besoin de la créature, en bas à droite, c'est le Fils de l'homme que la Vierge regarde, car Il a besoin d'elle. Nous pouvons également voir là une affirmation du dogme de Chalcédoine sur la divino-humanité du Christ.
Le dernier élément de cette icône est Joseph, en bas, à gauche, assis, pensif, saisi par le doute que lui inculque ce personnage habillé en berger et qui n'est autre que ... le Tentateur, le Diable. Disons tout de suite que cette interprétation, aujourd'hui communément admise, est cependant violemment réfutée par certains, notamment le père Georges Drobot, lui-même iconographe, qui ne veulent voir dans ce personnage qu'un simple berger conversant avec Joseph. Toutefois, en dépit d'une argumentation intéressante, cette thèse, ne nous convainc nullement : il suffit de voir comment Joseph détourne obstinément son visage (ce qui prouve qu'il n'y a pas d'échange, pas de conversation entre eux) refusant d'écouter les propos et les doutes que ce personnage tente de lui insuffler.
Joseph est là, mais il est à côté, il ne participe pas à l'événement, on voit combien il n'est pas le père de l'enfant : quel contraste avec l'iconographie occidentale ! La Tradition apocryphe a inspiré les textes liturgiques sur les doutes qui assaillent Joseph sous l'influence du Diable (d'ailleurs représenté parfois avec une queue et des cornes). Il n'est pas possible d'aller contre les lois de la nature, dit le Diable à Joseph : "Pas plus que ce bâton ne peut produire un feuillage, un vieillard ne peut engendrer, une vierge ne peut enfanter", nous rapportent les apocryphes et, en réponse, le bâton aussitôt se couvre de feuillage. Cet événement est parfois représenté sur les icônes.
Mais au-delà des doutes ou du drame personnel de Joseph, c'est toute l'humanité qui est représentée en lui. C'est le drame de la foi, l'incrédulité du genre humain face à des réalités qui dépassent son entendement. C'est la difficulté, voire l'impossibilité, de recevoir tout principe transcendant, tout surnaturel.
Sur certaines icônes la Vierge tourne son visage au regard paisible, apaisant, réconfortant, aimant, tantôt en mère sur l'enfant que l'on baigne, tantôt en épouse, en compagne, sur Joseph pour le rassurer, c'est alors l'Église qui incite l'humanité à garder sa foi.
Tel est l'enseignement dogmatique de l'icône orthodoxe traditionnelle soumise aux canons de l'Église. Toute liberté prise avec ces canons enlève tout ou partie de la plénitude de son message dogmatique. Certaines icônes fortement influencées par l'Occident masquent notamment la réalité historico-dogmatique par une scène familiale de tous les jours. Saint Grégoire le Théologien disait déjà : "Tu mets en avant tout ce qui est rabaissant et tu passes sous silence tout ce qui est élevant". Mettre tout l'accent sur ce qui est humain, terrestre, "rabaissant" ne donne pas la possibilité à l'esprit de s'élever jusqu'à la connaissance du mystère divino-humain, mais au contraire rabaisse ce mystère, et notre esprit, à notre niveau terrestre. Mais n'est-ce pas là tout le débat sur le rôle, la place et la vocation de l'Église : s'adapter au monde ou l'élever ?"
P. Germain Ivanoff-Trinadtzaty

mardi 23 décembre 2008

DIEU AVEC NOUS ! bientôt... mais pour les siècles de toute façon... JOYEUX NOËL à tous, ancien & nouveau calendrier !

Sont plutôt "gonflés" ces Orthodoxes
ils ont des slogans pas possibles, du style :

à Noël ils chantent :
DIEU AVEC NOUS !
et à Pâques ils remettent ça :
CHRIST EST RESSUSCITE !!!

Rien que ça ! et ils persistent, ben oui !...




TA NAISSANCE, Ô CHRIST NOTRE DIEU,
A FAIT RESPLENDIR DANS LE MONDE
LA LUMIÈRE DE LA CONNAISSANCE
EN ELLE LES SERVITEURS DES ASTRES
ENSEIGNÉS PAR L’ÉTOILE
APPRENNENT À T’ADORER TOI SOLEIL DE JUSTICE,
ET À TE CONNAITRE ORIENT D’EN-HAUT,
SEIGNEUR GLOIRE A TOI.





Stefan Arteni m'a envoyé cette belle carte dans le style de son travail "calligraphiconique"
je vous l'offre à mon tour :