Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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mardi 26 août 2014

TEMPS LIBRE ET SURINFORMATION par Père Vasile Catalin Tudora



Très probablement les inventeurs de l'Internet, qui ont modestement commencé comme un petit réseau de partage de l'information, n’espéraient pas, même dans leurs rêves les plus fous, qu’en moins de 50 ans leur invention allait évoluer vers ce qui est aujourd'hui le plus grand échange d'informations qui ait jamais existé. La bibliothèque d'Alexandrie ? Un jeu d’enfant ! Pensez à tout ce qui passe par Internet aujourd'hui : sites web, e-mail, news, TV, réseaux sociaux, divertissements, services financiers, do-it-yourself, appels téléphoniques, appels vidéo, encyclopédies, livres électroniques, cartes géographiques et nous ne parlons que ce qui est le plus visible. Tout ce que vous voulez est là, attendant d'être trouvé du bout des doigts, littéralement. Personne ne demande rien à personne avant de chercher l'information sur Google. 

Avec une connexion Internet à portée de main on se sent comme un gamin dans un magasin de jouets, toujours prêt à aimer et à découvrir. Vous vous réveillez le matin et la première chose que vous faites est de vérifier votre téléphone. Ai-je raté quelque chose pendant que je dormais? Que devient le marché boursier ? Quelque chose d'urgent au travail? Comment vont mes amis sur Facebook, quelques selfies stupides? Est-ce que quelqu'un aime mon Instagram? Combien aiment ce que j’y ai mis ? Nous marchons comme des zombies avec nos yeux collés à nos smartphones avant même de prendre la moindre tasse de café. Et qui a inventé la loi que vous ne pouvez pas textoter et conduire en même temps ? N'était-ce pas assez que vous ne pouvez pas boire et conduire? Heureusement qu’il y a les feux rouges, où tout le monde vérifie ce qui s'est passé dans les trois dernières minutes qui nous séparent du feu rouge précédent. Vous ne me croyez pas ? Regardez autour de vous la prochaine fois que vous êtes à un feu rouge, si vous n'êtes pas sur votre téléphone… 

Cette avalanche d'informations à propos de tout et n'importe quoi a transformé chacun de nous en accros de l'information. Nous vérifions constamment nos téléphones attendant l’annonce du prochain extrait de nouvelles ou d'un appel. Nous vivons et respirons l’information. Il n'y a qu'un seul inconvénient à cette dépendance, nous commençons à avoir de moins en moins de temps Paradoxalement, alors que nous pouvons trouver quelque chose plus rapidement que jamais, nous finissons par avoir moins de temps que jamais. Le travail n’est pas terminé, les conversations, sauf les virtuelles, sont au bord de l'extinction, les interactions humaines sont minimales car vous avez l'envie de tout savoir tout de suite! 

Monks and technology sneaking in Athos
Où nous mène cette connaissance ? On peut dire que chercher la bonne information est une bonne chose. Vous êtes intéressé par Dieu ? En utilisant seulement un smartphone, on peut trouver toutes les traductions de la Bible jamais imaginées, tous les écrits des Pères, on peut demander des conseils spirituels en ligne ou même assister virtuellement à une liturgie du dimanche en streaming. Très souvent cependant, nous en restons au niveau de la recherche. Fascinés par l'information au sujet de la foi, nous n'avons plus le temps en fait de vivre la foi. Avec tous ces livres de prières virtuels disponibles, nous ne trouvons pourtant pas le temps de prier. 

Obtenir de la connaissance sur Dieu ne signifie pas pour autant qu'on connaît Dieu. Dieu ne se trouve pas dans l'information à son sujet. Connaître Dieu, c'est être avec Lui, faire l'expérience de la communion avec Lui sans intermédiaire. La connaissance n’est bonne que si elle mène à l'action, la connaissance sans action est inutile, voire clairement dangereuse. Adam et Ève savaient qu'ils mourraient s'ils mangeaient de l'arbre, cependant ils se sont laissé tenter par la promesse d'encore plus de savoir. Ils en savaient assez pour demeurer dans la communion avec Dieu, pour vivre éternellement dans la félicité sans manquer de quoi que ce soit, mais ils voulaient plus et dans cette tentation ils ont perdu le paradis. Parfois, en savoir plus, en particulier avant le moment, peut nous faire perdre la pratique de ce que nous savons déjà. Nos ancêtres chrétiens ont survécu aux Turcs et aux communistes et tout ce qui se dressait contre eux non pas parce qu'ils savaient tout de Dieu et leur foi, mais parce qu'ils ont pris le temps de mettre en pratique ce qu'ils savaient déjà, à chaque instant de leur vie. 

Nous ne devrions pas comprendre tout cela comme une révolte contre le savoir et une invitation à l'obscurantisme, mais comme une mise en garde contre le mirage du «tout savoir» qui peut être dévorante. Prendre du temps pour la prière personnelle, pour être à l'église physiquement, pour visiter un ami à l'hôpital, pour donner à manger aux gens qui ont faim là où ils vivent, nous aidera plus à découvrir Dieu qu’en ayant accès à de l'information brute sur lui. Connaître les Écritures et la théologie c’est bien, mais Dieu n'est pas un être théorique, Il est une véritable Trinité de Personnes divines qui interagissent les unes avec les autres et avec nous. De cette interaction, nous apprenons Qui Il est et qui nous sommes ; par la pratique, en aimant, en étant ensemble, maintenant et dans l'éternité. 

Une histoire des moines d'Egypte parle de trois frères qui allaient de temps en temps visiter un Ancien. Deux d'entre eux profitaient toujours de leurs visites pour poser beaucoup de questions. Le troisième demeurait toujours seulement assis avec eux, sans rien demander. Après quelques visites, l’Ancien lui a demandé directement «N’as-tu pas de questions? Tu ne veux pas en savoir plus? » Le frère a répondu «Pour moi, cela me suffit d’être en ta présence. » À l'ère de l'information gratuite mais omniprésente, nous devrions envisager d’adopter l’attitude du frère sage et, peut-être, de temps en temps, juste nous libérer de l'Internet et reconnaître la présence de Dieu autour de nous. Partagez une tasse de thé avec un ami, regardez un enfant jouer, écoutez le chant d'un oiseau, et, en prenant ce temps de penser à Dieu, vous pourriez être à même d'entendre Dieu frapper à la porte de votre cœur. 
Père Vasile Catalin Tudora
(version française par Maxime le minime de la source)

dimanche 3 novembre 2013

Nous ne pouvons pas blâmer Dieu pour l'existence du mal par saint Jean Damascène

"Les Saintes Ecritures désignent communément les choses que Dieu permet comme son action et son œuvre. Néanmoins, même quand il est dit que «Dieu crée le mal » (Isaïe 45:7 ), ou « Arrive-t-il un malheur dans une ville, Sans que l'Éternel en soit l'auteur?» ( Amos 3.6) , la Bible ne cherche pas à présenter Dieu comme la cause du mal. Le mot «mal» a deux significations. Parfois, il décrit ce qui est un mal en soi, c'est à dire tout ce qui s'oppose à la vertu et à la volonté de Dieu. D'autres fois, il se réfère aux mauvaises choses que nous percevons, comme la douleur, la tristesse et le malheur. Toutes ces choses semblent mauvaises car elles provoquent la douleur, mais en réalité, elles sont de bonnes choses. Pour les personnes qui en la compréhension, elles deviennent la source de repentance et de salut. Ce sont les «maux» que la Bible décrit comme ayant lieu par Dieu. Malgré cela, nous devons réaliser que nous sommes nous-mêmes la cause même de ces maux. Parce les maux involontaires [à savoir les peines] résultent de maux volontaires [à savoir les péchés] . Il ya un Dieu qui est la seule source du bien, et qui est dépourvu de tout mal. « Mais alors, demandent certaines personnes, d’où vient le mal ? puisqu’ il est impossible que le mal provienne du bien. » Le mal n'est rien d'autre que la privation du bien, et l’éloignement de l'état naturel vers un état anormal. Toutes les choses que Dieu a créées sont très bonnes, quand elles demeurent comme elles ont été créées. Cependant, quand elles s'éloignent volontairement de l'état naturel pour se diriger vers un état non-naturel, elles deviennent mauvaises. Dans leur état naturel, toute chose servait son Créateur et lui obéissait. Toutefois, lorsque l'une de ces créations fuit volontairement pour désobéir à son Créateur, elle crée le mal à l'intérieur d’elle-même. Parce que le mal n'est ni une entité ni un attribut de quelque substance que ce soit. Il s'agit plutôt d’un incident, c’est-à-dire un détournement volontaire de la nature vers un état non-naturel , qui équivaut au péché. D’où naît le péché? C'est l' invention du libre-arbitre du diable . Est-ce alors que le diable est mauvais? Il n'a pas été créé mauvais mais bon. C’est un ange rayonnant de lumière que Dieu a créé, cependant comme un être rationnel et libre, il s'est volontairement éloigné de l'état naturel de la vertu et est entré dans les ténèbres du mal après s’être séparé de Dieu, qui seul est bon et créateur de la lumière. Le Dieu de bonté a créé toutes choses à partir de rien, et Il sait d'avance tout ce qui va se produire. S'ils n'avaient pas été créés, alors aucun être ne serait devenu mauvais ... Si les êtres qui devaient venir à l'existence de par la bonté de Dieu avaient été empêchés d'être créés parce qu'ils deviendraient mauvais en raison de leur propre choix, alors le mal aurait vaincu la bonté de Dieu. C’est ainsi que tout ce que Dieu a créé, Il l’a créé bon et excellent. C’est chaque personne de son propre chef qui choisit de devenir bonne ou mauvaise." St Jean Damascène

lundi 17 juin 2013

La Bible et la Science par P. André Borrély : Conclusion

Le lecteur chrétien de la sainte Écriture a bien mieux à faire qu'opposer la raison à la foi, la science à la Bible. Il sera mieux inspiré de contempler le jeu de cache-cache des deux aspects corpusculaire et ondulatoire de la matière, les quanta de Planck, les mécanismes moléculaires de la cancérogenèse, en y voyant l'Intelligence de Dieu dans le monde, une énergie créée du Dieu incréé. Pour un chrétien, la connaissance de type scientifique et la technique qu'elle engendre ne doivent pas être séparées de la sagesse, ni la raison de la foi. Et ce refus délibéré de tout dualisme nous permettra de sonder la profondeur véritable de la nature et son appartenance à un autre monde, de la pénétrer jusqu'en son enracinement en Dieu. Bien loin d'être incompatible avec elle, la foi en Christ donne à la connaissance scientifique du monde la plénitude de sa finalité. 


Conclusion

Nous avons dit que l'ordre de vérité de la science n'est en aucune manière l'ordre de vérité de la Bible. Ainsi volent les avions dans des couloirs aériens différents. Cependant, nous n'avons pas voulu dire qu'il y a deux vérités. Dans le quatrième évangile, le Seigneur affirme : Je suis la Vérité (Jn 14,6). La vérité n'est donc pas quelque chose mais quelqu'un : le Révélateur de Dieu comme Père. Et ceci est vrai de la science elle-même. Ce que nos savants découvrent et démontrent, la vérité qu'ils établissent de manière contraignante — que c'est la terre qui tourne et non pas le soleil, que le foie a une fonction glycοgénique (1) , etc. — tout cela est un ordre, le produit d'une intelligence, un logos, que le Créateur a amené à l'existence en contemplant son Fils, sa Parole c'est-à-dire son Révélateur, son Vis-à-vis cοéternel et consubstantiel. Je renvoie nos lecteurs à l'admirable cantique au Christ qu'ils trouveront dans les versets 12 à 20 du premier chapitre de l'épître aux Colossiens. La Vérité que nos savants découvrent, c'est le Christ. Que nombre d'entre eux l'ignorent ne change rien. De même, en effet, que l'αγαπη qui unit un homme à un autre homme procède de Dieu, a sa source en Dieu, part de Dieu qui est Αyαπη et tout comme, chaque fois qu'elle est authentique, L'αναπη est, pour l'homme, communion à la génération divine du Fils, communication de la Vie même du Fils, que le Fils reçoit de son Père, c'est-à-dire du saint Esprit, et de même que. s'agissant d'un incroyant, si celui-ci aime quelqu'un qui est dans le besoin, à l'insu de cet incroyant qui aime, l' αγαπη descend de Dieu et germe dans le coeur de cet incroyant par le don que ce dernier fait de lui-même à autrui, de la même manière il n'y a qu une Vérité, le Christ.



Pour ce qui est de la Bible, toute sa finalité est de nous conduire au Christ/Vérité qui, Réceptacle éternel de l'Esprit dans le sein du Père, est ici-bas devenu l'un de nous pour nous révéler simultanément toute la vérité et sur Dieu et sur l'homme. La vérité sur Dieu à savoir que Dieu est son Père. La vérité sur l'homme en étant le seul homme qui eût pu ne pas mourir, qui n'a pas fragmenté l'humanité, qui n'a pas été plus ou moins vertueux, plus ou moins intelligent, etc. Loin de se laisser impressionner par l'accusation islamique de trithéisme, ou par la grossière caricature rationaliste qui voudrait faire du mystère chrétien un problème erroné totalement incompatible avec le succès au Certificat d'Études et qui se réduirait à l'ânerie suivante: 1 + 1 + 1 = 1, les chrétiens entendent proclamer haut et fort que ce qui caractérise fondamentalement Dieu, ce qui le distingue radicalement de l'homme c'est qu'il ne fragmente rien de ce qu'il assume.

Pour nous, les hommes, le temps est tiraillé, écartelé entre un passé qui n'est plus, un futur qui n'est pas encore et un présent rendu inconsistant par cette position entre deux néants. Dieu ignore cette fragmentation : c'est en contemplant son Fils qui deviendra l'un des hommes qu'au premier matin du monde — il y a des milliards ou des centaines de millions d'années, c'est sans aucune importance — il amène à l'existence les premières molécules.

Et le soir du Jeudi saint, au cours de son ultime repas ici-bas avec ses disciples, il confère á la première Eucharistie une dimension incontestablement sacrificielle alors que Gethsémani et le Golgotha sont encore à venir. Loin de heurter ma raison et de m'inciter à opposer la foi et la raison, la Trinité, la Tri-unité, l'unité plurielle me paraît diffuser la lumière d'une évidence que je ne retrouve ni dans le Judaïsme, ni dans l'Islam, ni dans le déisme de Voltaire et de Robespierre. Le Dieu tri-unique est unique sans être solitaire et les trois hypostases ne sont pas trois dieux parce que Dieu ne fragmente pas la divinité, chacune des trois divines hypostases possède la plénitude de l'essence divine. Les trois divines hypostases ne sont pas trois dieux parce que chacune des trois est pleinement, intégralement Dieu. Notre foi trinitaire ne s'adresse pas à trois individus divins mais à trois divines hypostases.  
Père André Borrély
(1) En 1848, Claude Bernard découvrit le rôle du foie dans la sécrétion interne du glucose dans le sang

samedi 8 juin 2013

La Bible et la Science par P. André Borrély [5-3] : Science et Prière : καλον καγαθών

ll y a de l'ordre, de la pensée, du logos, de l'intelligibilité dans le fait que, lorsqu'un organisme perd des cellules sanguines de façon exagérée — par exemple lors d'une lésion accidentelle — on constate une augmentation de la vitesse de formation de ces cellules. Il y a de l'intelligence à l'oeuνre dans le fait que sont suscités et structurés des facteurs de régulation qui agissent à distance au niveau des tissus qui fabriquent les cellules sanguines.


Il y a de l'intelligence dans le fait qu'en cas de troubles sanguins provoqués par l'irritation d'une partie de l'organisme au cours d'une radiothérapie, la diminution de la formation des globules rouges dans les zones irradiées est aussitôt et exactement équilibrée par une augmentation de l'activité dans les régions non irradiées. La matière est une chair féconde en laquelle s'incarne l'Esprit. La présence dans le sang, quelques minutes seulement après l'irradiation, d'un facteur stimulant à distance l'activité des cellules qui fabriquent les cellules sanguines, la présence également, à côté des facteurs stimulants, d'un inhibiteur, sont ces formes des choses visibles dont saint Maxime le Confesseur affirme qu'elles sont comme des vêtements et les idées selon lesquelles elles sont créées, comme la chair. Par ces facteurs stimulants et inhibiteurs, la matière vivante participe à l'ordre, à la beauté, à ce καλον καγαθών, à ce bel et bon en lequel se dit et se nomme le Dieu créateur. La lecture chrétienne de la Bible doit nous inciter à assimiler le savoir scientifique en adoptant la mentalité des psalmistes dont notre office des Laudes a retenu les textes. Les étoiles, le soleil, la lune, les océans chantent la gloire de Dieu, mais aussi, pour ne prendre que cet exemple, les facteurs stimulants — utilisés désormais dans le traitement des cancers —, les inhibiteurs protégeant la moelle saine tandis que les facteurs de croissance accélèrent sa régénération. Il s'agit de découvrir avec émerveillement que la matière étudiée par nos savants, s'imprégne du Bien, comme dit le Pseudo-Denys. Puisons dans la connaissance scientifique l'inspiration de notre prière, de notre glorification de la divine Trinité, de notre action de grâce. Tout ce qu'étudient nos savants est une épiphanie de l'invisible, un mystère palpable. Étudions les sciences en nous disant que notre foi chrétienne bien comprise ne sépare pas l'humain et le divin, le créé et l'incréé, le visible et l'invisible, la terre et le ciel. [à suivre]
 Père André Borrély

mardi 28 mai 2013

La Bible et la Science par P. André Borrély [5-2] : Science et Prière

L'unique vérité qui pourra ébranler l'homme, c'est la vérité qui sort de l'expérience intime et tend vers elle. La vérité qui conquiert ne peut être que celle qui est amour et vie. La vérité qui nourrit l'homme n'est pas science, mais gnose. Par ce dernier mot, il convient d'entendre une connaissance qui ne se sépare pas de l'action parce qu'elle ne fait qu'un avec l'amour

La seule vérité qu'il faut chercher dans la sainte Écriture, c'est l'évidence que le monde, le plaisir, la santé, la jeunesse, l'éblouissement amoureux devant une fille un garçon, que tout cela n'est réel, consistant, que tout cela n'est rudement bon, fameux, comme dit le livre de la Genèse (Gn 1, 31), que tout cela n'a de solidité que par son fondement divin, que tout cela n'existe que par l'acte créateur incessant de Dieu.


La vérité qui doit nous tenir en haleine dans notre lecture de la Bible, ce n'est pas le problème du choix scientifique entre 4000, des centaines de millions ou des milliards d'années, mais dans l'affirmation métaphysique non point que Dieu a fait surgir du néant quelques molécules de matière il y a des milliards d'années, et que depuis tout s'enchaîne selon les processus et les lois que nous enseignent les sciences, mais que toute la beauté du monde et des êtres, la joie d'escalader les parois des Alpes, le corps humain dans l'éclat de sa jeunesse et de sa beauté, la mer, la mer toujours recommencée, que tout cela retomberait instantanément dans le néant si Dieu, le Créateur, cessait un seul instant de porter sur tout cela son regard d'amour infini.


La seule vérité que veulent nous communiquer — laissant à la science tout son champ d'investigation légitime — les auteurs des textes bibliques, c'est la sagesse consistant à déceler la présence personnelle du Logos dans les lois de la nature, à contempler les secrets de la gloire de Dieu cachée dans les êtres. Dans les formes visibles, dans la structure du monde de mieux en mieux étudiée par nos savants, le Verbe divin se cache et se dit, se dévoile. En latin, sapere et sapientia, savoir et sagesse, c'est la capacité de goûter, le goût de déceler dans le visible une inscription de l'invisible. La matière est un fait d'ordre énergétique, non point seulement pour nos savants actuels, mais déjà pour les Pères grecs, pour saint Grégoire de Nysse, pour saint Maxime le Confesseur. C'est un logos mis en œuvre par le Créateur, une énergie créée personnellement par Dieu. La prière est une forme de la connaissance

Évagre le Pontique
Évagre le Pontique affirme que la prière ininterrompue est l'acte le plus élevé de l'esprit. Et le même auteur dit encore : La prière fait exercer à l'intelligence son activité propre. Il ne s'agit pas de rabâcher des formules qui nous demeureraient extérieures. On peut réciter la table de multiplication en retenant l'air plus encore que les paroles!

Il s'agit de découvrir que, par le moyen de la prière, Dieu est connu d'une manière expérientielle. Il ne faut pas séparer la science de la prière dans la mesure où tout ce que les savants nous disent du monde qu'ils étudient ne peut pas ne pas nous apparaître comme de la pensée. Et la prière consiste alors à faire remonter cette pensée qui ne se pense pas à la Pensée qui a mis cet ordre, cette intelligibilité, ce logos dans le monde en le créant. [à suivre]
 Père André Borrély
(choix des illustrations Maxime le minime)

samedi 25 mai 2013

La Bible et la Science par P. André Borrély [5-1] : Science et Prière

Il ne faut pas séparer la science de la prière liturgique ou privée. La science met en évidence un ordre, une pensée qui ne se pense pas. Et la prière consiste à faire remonter cette pensée qui ne se pense pas à la Pensée qui a mis cet ordre, cette intelligibilité, ce logos en le créant. Il n'y a pas d'incompatibilité entre la science et la prière, entre la raison et la foi, mais seulement entre la science et la croyance. Nous devons découvrir dans le domaine d'investigation de la science une énergie, c'est-à-dire une manifestation créée du Dieu incréé. L'univers est une unité hiérarchisée où toutes choses se tiennent, quoique épanchées sur des plans distincts, et le monde des réalités étudiées par la science pré-cοntient celui des réalités appréhendées par la foi. Gardons-nous bien de faire du sentiment dans le domaine propre de l'expérience religieuse. On ne saurait assimiler celle-ci à une religiosité d'états d'âme. Il ne s'agit pas de chercher à éprouver des états affectifs. Il ne s'agit pas davantage de démontrer par des déductions théoriques, des vérités intellectuelles, mais de retrouver ce que les hommes de la Bible mettaient sous le mot sagesse: des idées, soit, mais des idées expérimentées et vécues, susceptibles de bouillonner en l'homme et de chercher à se libérer en se répandant. 

La sagesse chrétienne, biblique, patristique et liturgique est une fusion profonde de la pensée et de l'agir, de l'expérience intérieure et de sa communication extérieure, de la vérité et de la vie. Aux yeux de cette sagesse, les idées, en soi, ne sont pas intéressantes, mais la Vérité doit subjuguer toutes nos puissances d'action. Si, dans sa première Épitre aux Corinthiens Saint Paul s'en est pris à la sagesse des Grecs de l'Antiquité — celle de Socrate — c'est parce qu'il y a vu et dénoncé en termes cinglants le tour d'esprit de ces Grecs qui leur faisait aimer discuter de problèmes intéressants.
Saint Paul a horreur de jouer avec les idées comme avec autant de balles tennis.  [à suivre]
 Père André Borrély
 (choix des illustrations Maxime le minime)

La Bible et la Science par P. André Borrély [4-2] : matière éternelle ou création ex nihilo ,


Dans la perspective d'une lecture judéο-chrétienne de la Bible, de la Genèse à l'Apocalypse, la seule vérité qui importe, c'est de savoir si vous pensez avec Aristote que la matière a toujours existé ou bien si vous admettez la création ex nihilo, à partir de rien ; au passage je jubile de faire remarquer au libre-penseur le plus anticlérical tout comme au chrétien complexé par les forts-en-gueule de l'athéisme du genre Michel Onfray que la raison en prend un coup au moins autant avec l'idée de l'éternité de la matière qu'avec l'affirmation de la création ex nihilo commune aux trois religions monothéistes. J'ose même dire qu'il m'est plus facile d'imaginer la création ex nihilo que l'éternité de la matière. En tout cas le matérialisme athée n'est en rien propriétaire de la raison, et son rationalisme ne saurait intimider les chrétiens, les juifs ou les musulmans. Car sa certitude que la matérialisme est éternelle n'est rien de plus qu'une croyance dont on ne voit pas en quoi pourrait bien consister sa supériorité sur la foi en Dieu et dont, par contre, est visible à l’œil nu l'infériorité par rapport à la science. [à suivre]
 Père André Borrély
(choix des illustrations Maxime le minime) 

dimanche 19 mai 2013

La Bible et la Science par P. André Borrély [4-1] Les deux ordres de vérité

Calculé à 4000 ans avant J.-C. à la Renaissance, l'âge de la Terre fut estimé à quelques dizaines de millions d'années à la fin du 19ème siècle. De nos jours on l'estime á quelque à 4,55 milliards. Or c'est ici l'occasion de se montrer un tout petit peu intelligent. Voici comment : il y a, sur cette question, deux ordres de vérité qui, à l'instar des droites parallèles dans la géométrie euclidienne, ne se rencontrent jamais. Si vous dites : 4000 ans, si je dis : plusieurs dizaines de millions d'années, et si une tierce personne affirme : 4,55 milliards d'années, ou bien nous nous trompons tous les trois ou bien l'un des trois seulement est dans le vrai. Pour ce qui est de la date d'apparition d'êtres humains sur terre, on trouve des traces de la présence en Europe il y a 35 000 ans de l'homme de Cro-Magnon. qui est en fait un homo sapiens. L'étude des ossements retrouvés indique que cet hοminidé était de grande taille : entre 1,70 m et 2 mètres. On estime que sa durée de vie maximum était de 35 ans. Il avait approximativement un physique identique au nôtre avec, semble-t-il, des os un peu plus épais que les nôtres. Certaines études attribuent à l'homme de Cro-Magnon un cerveau plus important de 15% à 20% que celui des hommes modernes. On lui attribue également une importante production artistique (Chauvet, Lascaux et Altamira...). Il faut aussi lui reconnaître une certaine maîtrise de la chasse avec la fabrication d'armes de jets. L'homme de Cro-Magnon est contemporain de l'homme de Néandertal et il fut témoin ou acteur de la disparition de celui-ci.

 Mais la Bible ne se situe pas dans cet ordre-là. La seule vérité à laquelle elle prétend, c'est à la révélation que le Dieu tri-unique fait à l'homme de lui-même dans le but d'étendre jusqu'à l'homme l'acte générateur éternel par lequel il fait de son Fils unique le réceptacle plénier de toute sa Puissance de vie divine, c'est-à-dire de son saint Esprit. Dans ce second ordre de vérité, la Bible se déclare tout à fait compétente. [à suivre]
 Père André Borrély
(choix des illustrations Maxime le minime) 


vendredi 17 mai 2013

La Bible et la Science par P. André Borrély [3-2] et le Verbe s'est fait juif...

Par exemple, si vous faites du corps une guenille, un appendice encombrant, si la matière en général vous paraît mauvaise, éternelle, si la sexualité n'est bonne, à vos yeux, qu'à transmettre de père en fils le péché originel conçu comme une maladie sexuellement transmissible et inéluctablement mortelle, si vous croyez en la réincarnation (1), vous manifestez à l'endroit de l’humanité un pessimisme incompatible avec l'optimisme divin qui a jugé notre humanité, si pècheresse qu'elle soit, divinisable et donc digne d'accueillir son Fils. C'est tout le sens du baptême. Le proverbe latin disait: Nascuntur poetae, οratοres fiunt (2). On ne nait pas chrétien, on le devient par le baptême et par la conversion qu'il présuppose. 

Me reprochera-t-on de forcer le sens du texte du Credo si j'entends σαρκωθέντα εκ Πνεύματος άγιου και Μαρίας της Παρθένου - incarnatus est de Spiritu sancto ex Maria Virgine - dans le sens suivant: le Christ n'a pas pris chair seulement d'une manière biologique, dans le sein une femme fécondé miraculeusement par le saint Esprit, mais il a pris chair tout aussi bien en se faisant juif, c’est-à-dire en assumant l'humanité sous la forme de la langue araméenne, de la religion israélite, à tel moment de l'histoire de ce peuple. Et cette chair humaine-là, que la Bible n'oppose pas à l'esprit, a été pénétrée, pétrie, épousée par le saint Esprit.

Chercher dans la Bible une vérité d'ordre scientifique alors que la vérité de la sainte Écriture est tout entière dans la révélation que le Dieu tri-unique fait aux hommes de son merveilleux dessein de les faire entrer dans la génération éternelle de son Fils par le don divinisant de son très saint Esprit, c'est tourner le dos à l'attitude sapientielle hors de laquelle la Bible nous apparaît au mieux au niveau d'Ηοmère et des grands Tragiques grecs (Eschyle, Euripide, Sophocle) et au pire affligée d'une incapacité à la pensée abstraite qui la rend infiniment inférieure à l'oeuvre de Kant ou de Hegel, pour ne rien dire de cet artisan du bois venu de Galilée et qui, à Gethsémani puis sur le Golgotha ne fit pas le poids si on le compare à l'impassible et goguenard buveur de ciguë. [à suivre]
 Père André Borrély

(1) La réincarnation, le retour dans la chair, est la croyance selon laquelle un certain principe immatériel et individuel « âme », «substance vitale », « conscience individuelle » plutôt que personnelle, énergie, esprit accomplit des passages de vies successives dans différents corps (humains, animaux ou végétaux, selon les théories), ce qui suppose une conception négative et pessimiste de la matière et du corps, le retour dans la chair étant compris comme une punition purificatrice et rédemptrice. Selon cette croyance, à la mort du corps physique, l'âme quitte ce dernier pour habiter, après une nouvelle naissance, un autre corps.

(2) C'est une maxime attribuée à Cicéron et qui signifie: on nait poète, mais on devient orateur. Je dirai donc volontiers, on naît homme mais on devient chrétien.

mardi 14 mai 2013

La Bible et la Science par P. André Borrély [3-1] Mentalité biblique vs dialectique

Une source intarissable d'hérésies : le refus de la mentalité foncièrement sapientielle des hommes de la Bible 

Η Πλατυτέρα των ουρανών
Que cela nous plaise ou non, lorsque le Dieu totalement transcendant au monde et aux hommes a décidé de devenir, en la personne divino-humaine de son Fils, ce que nous sommes, afin de nous permettre de devenir ce qu'il est, il n'a attendu ni la naissance de Copernic, ni celle d'Einstein, ni celle de Marie Curie, mais afin de pénétrer de part en part, pour la diviniser, notre humanité mortelle — hormis le péché — il a jeté son dévolu sur des bédouins vagabonds incapables de s'intéresser au mythe de la Caverne, à la dialectique, à la jouissance de démontrer, en un mot des barbares au sens très précis que les Grecs de l'Antiquité donnaient à ce terme méprisant. Quelle idée, se dit aujourd'hui encore l'Occidental, Dieu a-t-il donc bien pu avoir de choisir ce peuple-là, sa vision de l'homme et du monde, sa langue, sa culture, etc. Sans être nécessairement antisémites, nous sommes réfractaires, saisis d'une certaine frigidité devant cette mentalité à laquelle la Révélation du Dieu tri-unique à Israël a conféré une dignité que nous ne pouvons pas méconnaitre en tant que chrétiens et qui n'est pas sans évoquer la personne de la Mère de Dieu (A la neuvième ode des matines, le diacre orthodoxe dit : « Par nos chants honorons la Mère de Dieu et Mère de la Lumière et magnifions-la »)

Την Θεοτόκον και Μητέρα του φωτος, εν ύμνοις τιμώντες μεγαλύνωμεν

En effet, si importantes et regrettables qu'aient été les divergences entre l'Orient et l'Occident chrétiens dans la formulation dogmatique de leur piété mariale, Orthodoxes et Catholiques-romains ont une commune intuition fondamentale: si cette femme a connu avec le Logos préexistant du Père cette fusion que, neuf mois durant, toute mère expérimente avec son enfant, si le Logos préexistant a véritablement pris chair du saint Esprit et de la Vierge Marie, nous ne pouvons pas nous dérober à l'évidence qu'il est complètement impossible que cette femme, une fois délivrée, devenue mère, soit redevenue Madame-tout-le-monde. Au cas de la Mère de Dieu s'applique bien plus que dans tout autre cas l'irréversibilité du temps, le fait que le propre d'un grand évènement, c'est de créer une situation telle qu'il y a un avant et un après. Péguy disait fort bien cela dans ce style qui n'est qu'à lui:
« On peut donner sa démission d'élève de l'École Polytechnique, mais on ne peut donner sa démission d'ancien élève de l'École Polytechnique. »


Or, de même qu'après avoir connu, neuf mois durant, une union sans confusion inouïe avec le Créateur du ciel et de la terre, la Πλατυτεpα (1) est restée, pour l'éternité, marquée, mise à part, consacrée, de même, sans faire de la Bible un premier Coran, sans oublier que les chrétiens ne sont pas des gens du Livre mais des fils du Père cοnνiés à la génération divine par sa Parole faite chair, la vision de l'homme, la mentalité que Dieu a choisie de préférence à toutes les autres pour qu'en devenant l'un des hommes son Fils pût sauver tous les hommes, ont été, par cette élection, honorées, canonisées.

(1) Platytera = plus vaste que... Durant neuf mois, Marie a contenu en son sein une des trois hypostases constitutives du Dieu tri-unique créateur du ciel et de la terre. Elle est plus vaste que tout l'univers dès lors qu'elle en a contenu celui qui les a créés ex nihilo.

(2) Rien n'est plus légitime que de rompre le jeûne eucharistique, au terme de la divine liturgie, et pourtant peut-on imaginer une seconde que le célébrant boive son café en utilisant le calice dont il s'est servi pour célébrer ? Il faut être dépourvu de toute intelligence du christianisme pour imaginer que Marie a pu avoir d'autres enfants.
[à suivre]
 Père André Borrély

lundi 13 mai 2013

La Bible et la Science par P. André Borrély [2-2] Importance du genre littéraire

"C'est ainsi que daleth = 4 et waw = 6. En définitive, David = DaWiD = DWD = 4 +6+D = 14. Et peu importe à l'Auteur que, pour obtenir coûte que coûte le nombre 14, il faille supprimer tel ou tel maillon de la chaîne, liberté que nos historiens prendraient pour de la malhonnêteté intellectuelle. L'Auteur n'a qu'une idée en tête : affirmer avec force que Jésus Christ est le Messie attendu par Israël. C'est pour cela qu'il ne se contente pas du nombre 14. Il dit : trois fois l', trois étant un chiffre sacré qui a ici valeur de superlatif. Jésus Christ est vraiment le Messie, le Roi des rois, le Roi davidique par excellence. Notre lecture chrétienne de la sainte Écriture fait très peu appel à notre intellectualité. Par contre, elle exige beaucoup de notre intelligence. Le plus humble des travailleurs manuels peut avoir une grande intelligence des réalités divines et religieuses, et inversement un intellectuel de grande réputation dans la société déchristianisée peut témoigner d'une rare inintelligence de hanneton aveugle dès qu'il prétend parler de foi religieuse et notamment de Jésus Christ. C'est que, pour les hommes de la Bible, intelligence est toujours synonyme de sagesse. Pour nous, si nous voulons être intelligents lorsque nous ouvrons la Bible, si nous voulons bien ôter notre chapeau mais refuser toute autοdécapitαtion (2), nous devons impérativement nous poser la question suivante : Qu'est-ce que l'Auteur a voulu me dire, qu'a-t-il voulu que je comprenne et retienne, non pas tellement pour que j'enrichisse mon bagage intellectuel, mais afin que devenant plus intelligent, j'en devienne plus sage et vive davantage, ce qui s'appelle vivre, et non point vivoter d'une vie à petit feu, d'une vie morte? 
Espérer trouver quelque enseignement dans la Bible sur l'âge de notre planète ou l’apparition de  l'espèce humaine, c'est un peu comme si on allait chercher dans les textes fragmentaires des Présocratiques qui nous sont parvenus ( chez Thalès et Anaximandre, Pythagore et Héraclite, Parménide et Héraclite, Zénon d’Élée et Anaxagore ou Empédocle) la vérité contraignante pour l'entendement humain sur les questions que nous nous posons au sujet de l'origine de la formation de l'univers.

(2) Nous avons un assez bon exemple d'une telle autοdécapitatiοn, c'est-à-dire d'une inintelligence, avec ce qu'on a appelé le concordisme, lequel paraît à l'ordre du jour, semble-t--il, à certains musulmans légitimement préoccupés de ne pas réduire leur foi à un cri. Il s'est agi d'un système d'exégèse visant à établir une concordance entre les textes bibliques et les données scientifiques. Face à Auguste Comte, à Renan, au scientisme du 19ème siècle, un certain nombre de chrétiens se lancèrent dans une tentative apologétique visant à consolider la science sur le terrain scientifique. Vers 1870 on vit se développer des concordismes astronomiques, géologiques, zoologiques qui tentaient de réduire les six jours de la création à six périodes de l'évolution darwinienne. On eut ensuite le concordisme ethnographique qui cherchait dans l'étude des primitifs auxquels s'intéressa en particulier Lucien Lévy-Brühl, la confirmation d'une révélation primitive sur l'origine de l'humanité, la chute et la dispersion. Il y a eu encore un concordisme préhistorique tentant de situer les plus antiques traditions populaires de la Bible dans le cadre des découvertes contemporaines sur l'humanité antérieure à celle que nous font connaître les documents écrits. Tous ces efforts n'ont servi à rien!"[à suivre]
 Père André Borrély

vendredi 10 mai 2013

La Bible et la Science par P. André Borrély [2-1] Importance du genre littéraire


Le plus souvent l'erreur consistant à chercher dans la Bible des vérités scientifiques que ses auteurs n'avaient aucune intention de nous communiquer, procède de la méconnaissance du genre littéraire d'un texte. La Bible est une bibliothèque dans laquelle il y a des poèmes, des romans, des épopées, des textes juridiques, et aussi, bien sûr, des livres historiques. Mais même dans ce dernier cas, il y a une grande différence entre l'idée que se font de la vérité historique les hommes de la Bible et nous dont les maîtres ont été Camille Jullian et Fustel de Coulanges, Seignobos et Langlois. Quand nous avons deux documents contradictoires, ou bien nous décidons que l'un des deux seulement est à retenir, ou bien nous n'en retenons aucun. L'homme de la Bible, lui, retiendra les deux textes en étant conscient autant que nous de leurs contradictions. Mais ces dernières de l'intéressent pas. Il attend plutôt de nous que nous ayons l'intelligence — qui ne se distingue jamais, à ses yeux, de la sagesse — qui nous rendra aptes à sucer, pour parler comme Rabelais, la substantifique moelle de chacun des deux récits.  

Dans le premier évangile, l'écrivain qui a rédigé la généalogie de Jésus a voulu avant tout et uniquement affirmer que Jésus est le Messie attendu par Israël, le Roi issu de la lignée de David, plus grand que David, le vrai David. Au lieu de dire cela à notre manière, c'est-à-dire au moyen de concepts abstraits, l'Auteur s'arrange pour faire tenir le livret de famille de Jésus en trois fois quatorze générations : quatorze d'Abraham à David, quatorze de David à la déportation de Babylone, quatorze de la déportation de Babylone au Christ (Mt 1, 17). Le nombre quatorze est ainsi repris par trois fois.


Or, à l'époque où furent écrits les évangiles comme encore de nos jours dans certains de nos livres liturgiques grecs, on n'utilise pas de chiffres arabes mais à chaque consonne de l'alphabet est attribuée une valeur numérique en fonction de la place de la consonne concernée dans la liste alphabétique. Car, dans les langues sémitiques, on observe un relief tenace des consonnes : à l'origine on ne notait probablement que les consonnes, le plus souvent trois pour chaque mot. Dans notre langue, des mots peuvent comporter les mêmes consonnes et n'avoir aucun rapport sémantique, aucune parenté dans !'étymologie latine : rien ne rapproche le maire du village de la mère de famille, de la mare aux canards, du massif provençal des Maures, du point de mire ou de la mort. En hébreu, au contraire, les trois consonnes MLK évoquent spontanément l'idée de royauté, les trois consonnes KTB celle d'écriture. Donc, David = DaWiD = DWD =6+4+6= 14 = ד+ ו +ד
Or  à l'époque où furent écrits les évangiles comme encore de nos jours dans certains de nos livres liturgiques grecs, on n'utilise pas de chiffres arabes mais à chaque consonne de la 'alphabet est attribuée une valeur numérique en fonction de la place de la consonne concernée dans la liste alphabétique. [à suivre]
 Père André Borrély
(choix des illustrations Maxime le minime) 

mardi 7 mai 2013

La Bible et la Science par P. André Borrély [1] Introduction

Introduction (extraits)


"[…] "Pour moi, je crois ce qu'en dit la Bible, mais on nous rabâche sans arrêt que lα Terre a des millions d'années, que l'homme de Cro-Magnon est notre ancêtre. Qu'en est-il exactement ?" 

[…] On ne peut répondre à la question […] qu'en la replaçant dans le contexte plus vaste des relations de lα Bible et de la Science et donc aussi bien dans celui de la raison et de la foi. La question soulevée, […] les chrétiens occidentaux l'avaient pressentie depuis très longtemps. 

Depuis Galilée on savait que c'est la terre qui tourne autour du soleil et non l'inverse.
La géologie a révélé les étapes de la création dans toute leur durée. On a découvert que c'est successivement que les espèces vivantes sont apparues sur terre. Il est devenu parfaitement évident que la longueur des temps préhistoriques ne pouvait plus s'accommoder du cadre chronologique de la Genèse. 
Pour ne prendre qu'un exemple, ce livre, le premier de la Bible, fait d'un proche descendant de Caïn et donc aussi bien du prétendu premier homme, le premier forgeron. Or, l'âge du fer ne commence en Palestine qu'à l'époque de Moïse, c'est-à-dire vers 1200 av.J-C. 

Le pape Léon XIII, dans son encyclique Providentissimus, publiée le 18 novembre 1893, affirmait : Aucun désaccord réel ne peut certes exister entre la théologie et la physique`. Et Léon XIII de citer avec pertinence un passage du De Genesi ad litteram, dans lequel saint Augustin écrit excellemment : L'Esprit de Dieu, qui parlait par la bouche des écrivains sacrés, n'a pas voulu enseigner aux hommes les vérités concernant la constitution intime des objets visibles parce qu'elles ne devaient servir au salut de personne. Tout est dit ici et bien dit par l'évêque d'Hippone que le Pape cite fort à propos pour ce qui concerne la vanité de chercher dans la sainte Écriture la science sous quelque forme que ce soit. Il n'y a aucun enseignement scientifique dans la Bible." [à suivre]
 Père André Borrély
(choix des illustrations Maxime le minime) 
 'Autrement dit entre la Bible et la Science. 
( source : Orthodoxes à Marseille N°147 : avril-mai 2013-abonnement : Chèque bancaire ou CCP : Orthodoxes à Marseille 10.619.93 E Marseille-1, rue Raoul Ponchon 13010 MarseilleCPPAP 0517 G 88950)

samedi 1 décembre 2012

Le 25 décembre est l'anniversaire de la naissance du Christ, tout simplement.


En 1995, le savant israélien Shemaryahu Talmon a publié une étude sur le calendrier liturgique découvert dans la grotte 4 de Qumrân (4Q321). Il y trouva incontestablement les dates du service au Temple que les prêtres assuraient, à tour de rôle, encore au temps  de la naissance de saint Jean le Précurseur et de Jésus. Selon ce document, copié sur parchemin entre les années 50 et 25 av. J.-C., donc contemporain d'Élisabeth et de Zacharie, la famille des Abiyya à laquelle ils appartenaient (Lc 1,5; cf. 1 C 24,10) voyait son tour revenir deux fois l'an, du 8 au 14 du troisième mois du calendrier essénien, et du 24 au 30 du huitième mois. Cette seconde période tombe vers la fin de notre mois de septembre, confirmant le bien-fondé de la tradition orthodoxe immémoriale qui fête la "Conception de Jean" le 23 septembre.
Or ce fut, comme l'écrit saint Luc, le «sixième mois» de la conception de Jean que l'ange Gabriel apparut à la Vierge Marie. À compter du 23 septembre, le «sixième mois» tombe très exactement le 25 mars, en la fête de l'Annonciation. Dès lors, Jésus est bien né le 25 décembre, neuf mois plus tard. Noël n'est donc pas «la consécration religieuse et cultuelle d'un évènement cosmique, le solstice d'hiver qui marque la régression de la nuit». Non ! le 25 décembre est l'anniversaire de la naissance du Christ, tout simplement.
(extrait du bulletin 139 du Hiéromoine Cassien)

Bethléem


vendredi 18 mars 2011

Le péché originel (3) La finalité de la création de l'homme par Dieu, c'est sa divinisation par P. André Borrely - De l'Augustinisme [6]


"Nous devons présenter le péché originel aux hommes de ce temps non point comme un acte, mais comme un état pathologique: nous n'avons pas été créés pour être tels que nous le devenons par l'usage que nous faisons de notre liberté, c'est-à-dire de l'image de Dieu qui est en nous. C'est pourquoi, le baptême est conféré même aux enfants en deçà de l'âge de raison. En plusieurs endroits de l'Office des funérailles d'un enfant, l'Eglise parle des petits enfants qui n'ont rien fait de mal, de la beauté de leur pureté. Et pourtant, même pour eux, la rémission des péchés est nécessaire, c'est-à-dire la délivrance du péché originel. De là les exorcismes, que l'Eglise orthodoxe continue à pratiquer dans la première partie du baptême, celle dite du catéchuménat. Cela ne signifie pas que l'on impute la faute des ancêtres à leurs descendants, ni que l'être humain naîtrait dans une condition indue de péché par le fait que Dieu priverait l'homme de la grâce surnaturelle. 
Il y a dans l'humanité telle que nous l'expérimentons, un principe étranger à sa nature véritable, qui est le péché. La condition pécheresse et déchue est contre-nature, elle ne correspond pas à l'être authentique de l'homme. Le dessein éternel de Dieu sur l'homme est que celui-ci soit, écrit Boulgakov, empli de grâce par nature. L'homme a été créé par Dieu pour être réceptacle du saint Esprit. La finalité de la création de l'homme par Dieu, c'est sa divinisation. Et celle-ci n'est pas une action que Dieu exercerait sur l'homme, mais en l'homme, de l'intérieur même de l'homme. Boulgakov parle de notre participation personnelle au péché originel pour autant qu'il est un fait de notre liberté, et non pas seulement une nécessité. Il dit encore que le péché originel est, en chaque homme, le péché de la liberté de l’homme contre sa nature, une détermination métaphysique fautive et illégitime. Et il écrit aussi que le péché originel a pour premier effet l’infirmité de la nature, manifestée par la mortalité de l'homme. 

La Mère de Dieu mourut de mort naturelle, donc par nécessité, tandis que son Fils, dans la mesure où il était Dieu, ne mourut que parce qu'il le voulut librement, conformément au Dessein de son Père sur lui, et afin de pénétrer de part en part de sa divinité notre humanité pécheresse et déchue. En tant qu'infirmité de l'être humain, en tant que mortalité, ce que nous appelons le péché originel est invincible et inéluctable pour n'importe quel être humain si saint soit-il. Dans le cas de la Vierge Marie, le péché originel est demeuré en elle sous la forme de la mortalité, de l'infirmité de l'humaine nature qui nous amène à mourir de mort naturelle, mais le saint Esprit qui, à l'Annonciation, l'avait couverte de son ombre, coopéra avec sa liberté pour réaliser en elle une libération personnelle des péchés, ou, dit Boulgakov, une impeccabilité personnelle. La Vierge Marie porte le poids du péché originel, et simultanément l'idée d'un quelconque péché personnel est inadmissible dans son cas. La fin de l'Incarnation est essentiellement de manifester, en la divino-humanité de Jésus-Christ, la nature véritable de l'homme et la plénitude de son humanité laquelle porte alors l'image intégrale de Dieu. Le fait que Dieu se soit fait homme ne saurait être considéré comme un phénomène contingent provoqué par la chute

Le talon d'Achille de l'Augustinisme a été de faire ressortir le caractère sur-naturel de la grâce divine par rapport à l'homme. Le risque est alors de sous-estimer la profondeur de la réalité vivante de l'image de Dieu en l'homme, image de Dieu qui concerne aussi le corps et non point l'âme seulement, le risque de méconnaître la préconstruction de l'être humain pour les épousailles divines, pour la déification, la capacité de la personne humaine à attirer l'Esprit saint. La condition de possibilité de l'Incarnation exigeait que la nature humaine fût théophore, c'est-à-dire porteuse de Dieu, capable de porter Dieu. Le péché, accompli dans la liberté, agit sur l'homme d'une manière immanente à sa nature : en ne se soumettant pas au Dessein de Dieu sur lui - c'est cela, essentiellement, le péché, l'homme provoque en lui-même une catastrophe ontologique, qui entraîne une nécessité contre sa nature véritable, celle qui est voulue pour lui par Dieu. Ce qui est naturel, pour l'homme, c'est l'état de justice originelle, c'est ce que l’homme doit être, et non point ce qu'il est de fait devenu dans sa condition pécheresse et déchue."(à suivre)

(article paru dans la revue "Orthodoxes à Marseille" n°134 de déc.-janv. 2010-2011
et retranscrit par Maxime le minime avec la permission de Père André Borrely)

mercredi 16 mars 2011

Le péché originel (2)- un contresens sur le texte grec ! De l'Augustinisme [5] par P. André Borrely


"Aux hommes de ce temps, nos frères, nous devons dire que nous concevons les relations de l'homme avec Dieu comme une communion avec ce qui dépasse la nature de la personne humaine dans la mesure où celle-ci, intelligente, libre, et capable d'aimer, est créée à l'image de Dieu et pour lui ressembler. Or, seule cette intelligence libre et personnelle peut commettre le péché. Lorsqu'elle se rebelle contre Dieu, la personne humaine, abusant de sa liberté, a le terrible pouvoir de déformer et de pervertir la nature elle-même de l'homme. Elle peut le faire dans la mesure où elle est douée par Dieu de liberté. Le péché est toujours un acte personnel, le résultat de l'usage que la personne humaine fait de sa volonté et de sa liberté, il n'est jamais celui de la nature. Le patriarche Photios va même jusqu'à penser que la croyance en un péché de nature est une hérésie. Il convient de rejeter l'idée de faute héréditaire. Cependant, on ne saurait nier l'unité de l'humanité: la passion d'un père pour l'alcool ou d'une femme enceinte pour le tabac ou les joints,prépare de fréquentes visites chez le médecin pour l'enfant engendré dans un tel contexte biologique. Notre nature humaine subit les conséquences du péché de nos ancêtres. Cependant, ni le péché originel ni le salut en Christ ne peuvent être réalisés dans la vie personnelle d'un homme ou d'une femme sans engager leur responsabilité personnelle et libre.

Mais un paradoxe saute alors aux yeux: devant certains textes bibliques, c'est la théologie orthodoxe qui convient le mieux, voire qui seule convient aux résultats de tout le travail scientifique des Occidentaux, notamment des exégètes protestants allemands, et, dans l'Eglise romaine, de cet homme admirable et vénérable que fut le P. Lagrange. Si retardataires qu'ils soient dans le domaine des études bibliques, parfois même rétrogrades et conservateurs, les Orthodoxes sont, en ce qui concerne la théologie du péché originel, selon le mot de Malebranche, des pygmées montés sur des épaules de géants (les Pères grecs, et le plus grand de tous: saint Isaac le Syrien) que l'homme d'aujourd'hui peut accepter ou, tout au moins, respecter.

Examinons d'un peu près le verset 12 du chapitre 5 de l'épître aux Romains, en partant du texte grec, le seul reconnu par toutes les confessions chrétiennes comme inspiré et normatif, et le seul que lisaient les chrétiens d'Orient. Je citerai ensuite le texte latin le seul que lisaient les chrétiens d'Occident qui ne comprenaient plus le grec depuis longtemps. Voici d'abord le texte grec : 

"Διὰ τοῦτο ὥσπερ δι’ ἑνὸς ἀνθρώπου ἡ ἁμαρτία εἰς τὸν κόσμον εἰσῆλθεν καὶ διὰ τῆς ἁμαρτίας ὁ θάνατος, καὶ οὕτως εἰς πάντας ἀνθρώπους ὁ θάνατος διῆλθεν, ἐφ’ ᾧ πάντες ἥμαρτον " 

Voici maintenant, le texte latin tel que saint Augustin le lisait à son époque : 

"Propterea, sicut per unum hominem peccatum in hune mundum intravit et per peccatum mors, et ita in omnes homines mors pertransiit, in quo omnes peccaverunt. "

Vous remarquerez que dans le texte grec comme dans le texte latin j'ai souligné les mots ἐφ’ ᾧ et in quo. C'est pour mettre en évidence quelque chose d'admirable mais aussi de surprenant, pour ne pas dire d'inquiétant. En effet, parce que ce sont d'excellents savants, les chrétiens d'Occident ont compris, depuis des décennies, que la Vetus latina, - c'est-à-dire l'une ou l'autre des versions antérieures à la révision du texte latin entreprise et réalisée par saint Jérôme -  qu'utilisait saint Augustin, avait fait un contresens sur les mots grecs que j'ai soulignés :
ἐφ’ ᾧ est une contraction entre επι et le pronom 
relatif  , et signifie ici : parce que, le   grec étant le pronom relatif au neutre tandis que le quo latin est le pronom relatif au masculin. L'Imprimatur de l’Épître aux Romains du P. Lagrange dans la collection Etudes bibliques, chez Lecoffre-Gabalda, date du 12 novembre 1915 avec la formule réglementaire d'autrefois dans l'Eglise romaine : Superiorum permissu, avec la permission de la hiérarchie. Or, commentant ce verset, le P. Lagrange écrivait - en 1915! - ἐφ’ ᾧ ne peut signifier « dans lequel », mais seulement «parce que ». Il est inutile d'insister sur ce point, reconnu par les exégètes catholiques les plus autorisés. (p. 106). La bonne traduction du texte grec, le seul normatif, est donc la suivante :

"Voilà pourquoi, de même que c'est par un seul homme que le péché a fait son entrée dans le monde et par le péché la mort, et qu'ainsi la mort a atteint tous les hommes..."

Dès 1915, un exégète de l'envergure de Lagrange avait reconnu que la Vetus latina utilisée par saint Augustin avait fait un contresens sur le texte grec, et pourtant on n'en a pas tiré, s'agissant de la théologie du péché originel, la conséquence qui eût consisté à tenir aux hommes de ce temps non plus un langage augustinien devenu pour eux désormais inintelligible, mais un tout autre message, à savoir que les descendants d'Adam ne sont pas pour autant tenus pour coupables, à moins que, comme Adam, ils ne commettent le péché. 
Même s'ils n'ont pas la foi, nos contemporains éprouveront du respect pour elle si nous leur disons qu'on ne naît pas coupable, mais qu'on le devient pour autant que l'on pèche volontairement et librement. Paraphrasant le célèbre adage latin: Nascuntur poetae, oratores fiunt, on naît poète, mais on devient orateur" on pourrait dire: Nascuntur innocentes, peccatores fiunt, on naît innocent, mais on devient pécheur.  "
(à suivre)

(article paru dans la revue "Orthodoxes à Marseille" n°134 de déc.-janv. 2010-2011
et retranscrit par Maxime le minime avec la permission de Père André Borrely)