La Bible et la Science par P. André Borrély [2-1] Importance du genre littéraire
Le plus souvent l'erreur consistant à chercher dans la Bible des vérités scientifiques que ses auteurs n'avaient aucune intention de nous communiquer, procède de la méconnaissance du genre littéraire d'un texte. La Bible est une bibliothèque dans laquelle il y a des poèmes, des romans, des épopées, des textes juridiques, et aussi, bien sûr, des livres historiques. Mais même dans ce dernier cas, il y a une grande différence entre l'idée que se font de la vérité historique les hommes de la Bible et nous dont les maîtres ont été Camille Jullian et Fustel de Coulanges, Seignobos et Langlois. Quand nous avons deux documents contradictoires, ou bien nous décidons que l'un des deux seulement est à retenir, ou bien nous n'en retenons aucun. L'homme de la Bible, lui, retiendra les deux textes en étant conscient autant que nous de leurs contradictions. Mais ces dernières de l'intéressent pas. Il attend plutôt de nous que nous ayons l'intelligence — qui ne se distingue jamais, à ses yeux, de la sagesse — qui nous rendra aptes à sucer, pour parler comme Rabelais, la substantifique moelle de chacun des deux récits.
Dans le premier évangile, l'écrivain qui a rédigé la généalogie de Jésus a voulu avant tout et uniquement affirmer que Jésus est le Messie attendu par Israël, le Roi issu de la lignée de David, plus grand que David, le vrai David. Au lieu de dire cela à notre manière, c'est-à-dire au moyen de concepts abstraits, l'Auteur s'arrange pour faire tenir le livret de famille de Jésus en trois fois quatorze générations : quatorze d'Abraham à David, quatorze de David à la déportation de Babylone, quatorze de la déportation de Babylone au Christ (Mt 1, 17). Le nombre quatorze est ainsi repris par trois fois.
Or, à l'époque où furent écrits les évangiles comme encore de nos jours dans certains de nos livres liturgiques grecs, on n'utilise pas de chiffres arabes mais à chaque consonne de l'alphabet est attribuée une valeur numérique en fonction de la place de la consonne concernée dans la liste alphabétique. Car, dans les langues sémitiques, on observe un relief tenace des consonnes : à l'origine on ne notait probablement que les consonnes, le plus souvent trois pour chaque mot. Dans notre langue, des mots peuvent comporter les mêmes consonnes et n'avoir aucun rapport sémantique, aucune parenté dans !'étymologie latine : rien ne rapproche le maire du village de la mère de famille, de la mare aux canards, du massif provençal des Maures, du point de mire ou de la mort. En hébreu, au contraire, les trois consonnes MLK évoquent spontanément l'idée de royauté, les trois consonnes KTB celle d'écriture. Donc, David = DaWiD = DWD =6+4+6= 14 = ד+ ו +ד
Or à l'époque où furent écrits les évangiles comme encore de nos jours dans certains de nos livres liturgiques grecs, on n'utilise pas de chiffres arabes mais à chaque consonne de la 'alphabet est attribuée une valeur numérique en fonction de la place de la consonne concernée dans la liste alphabétique. [à suivre]
Père André Borrély
(choix des illustrations Maxime le minime)
(choix des illustrations Maxime le minime)
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