Depuis que le Covid-19 est entré dans nos vies, on ne parle plus que de ça. Pour autant, beaucoup de questions restent aujourd’hui sans réponse. Parfois même, certaines ne peuvent être posées. Ancienne directrice de recherche à l’Inserm, Alexandra Henrion-Caude parle librement. Le virus vient-il d’un animal ou d’une manipulation humaine d’un laboratoire ? Que faut-il penser de la vaccination expérimentée de plus en plus aux quatre coins du globe ? Les conflits d’intérêt ont-ils ôté la liberté de la science ? Avec une humanité qui transparaît à chaque mot, Alexandra Henrion-Caude tranche avec la langue de bois des pseudos spécialistes du comité scientifique et livre sans détour les certitudes et les questionnements qui ressortent de cette crise inédite.
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mardi 4 août 2020
mercredi 5 avril 2017
Le genre doit cesser d’être un cache-sexe
Santé: On naît femme, on ne le devient pas
Les femmes payent le prix du déni des différences biologiques
sur
Peggy Sastre (à gauche, docteur en philosophie ) et Claudine Junien (à droite, professeur de génétique médicale)
Le 14 mai 2014, la revue Nature, référence scientifique par excellence, publiait un article qui, en fondant la recherche sur la différence entre les sexes, allait révolutionner la science, la médecine, et notre santé. Qui s’en souvient ?… Nos médias, d’ordinaire si prompts à traquer le sensationnel, ont alors laissé passer sans une ligne le vrai « scoop » : désormais, aux Etats-Unis, toutes les études, sur des cellules ou sur des modèles animaux, qu’elles portent sur l’Homme ou une autre espèce, devaient, pour être financées, inclure les deux sexes. La sentence tombait du plus haut de l’instance la plus puissante en matière de recherche dans le monde : l’Institut national de la Santé américain (NIH). Son directeur, le généticien Francis S. Collins, et Janine A. Clayton, directrice du Département de la Recherche sur la Santé des femmes (ORWH), mettaient ainsi définitivement fin à la sous-représentation des femmes dans la recherche médicale et, par voie de conséquence, à une vision unisexe de la santé.1
Certes, dès 1993, un premier pas avait été franchi en incluant obligatoirement les femmes dans la recherche clinique, mais, en s’attaquant là à la recherche fondamentale, le NIH faisait tomber le dernier bastion des tenants des différences sexuelles biologiques réduites aux organes génitaux, hormones sexuelles, fonctions reproductives. Cette vision « bikini », seule la France y resta obstinément fidèle, prenant ainsi dix ans de retard sur le Canada, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Suède, l’Italie, Israël… au point qu’en novembre 2016 encore, dans un rapport de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), Jennifer Merchant et Catherine Vidal ne pouvaient, pour expliquer l’importance du sexe dans la santé, s’empêcher de faire appel aux vieux démons des stéréotypes de genres…
Des médicaments… pour les hommes
Jusqu’à quand occultera-t-on les différences biologiques présentes dans nos 60 000 milliards de cellules, et ce dès la conception ? Jusqu’à quand l’équité entre les sexes, telle que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) la prône depuis 2002 pour résoudre les enjeux sanitaires autour de la maternité, des violences et des infections sexuellement transmissibles sera-t-elle exclusivement déclinée selon les genres sans jamais prendre en compte les différences biologiques ? Jusqu’à quand la santé sera-t-elle exclue d’un vrai combat pour la parité ? Malgré le coup de poing du NIH, seules 30 % des études cliniques environ représentent les femmes et environ 80% des études chez l’animal ne portent toujours que sur des mâles. Or, de 1997 à 2000, sur 10 molécules retirées du marché, 8 l’ont été en raison d’effets secondaires chez des femmes. Et les femmes font une fois et demi à deux fois plus d’accidents secondaires liés aux médicaments que les hommes : un coût humain et financier exorbitant et… évitable.
Certes, l’inclusion des femelles dans les études sur l’animal impose des coûts supplémentaires. Surtout, elle serait, paraît-il, entravée par la variabilité due à leur cycle de reproduction… sauf qu’il a été démontré que la variabilité entre les individus d’un même sexe est équivalente pour les deux sexes sur la plupart des traits étudiés ! Quant au surcoût, nul n’a encore eu la bonne idée de le comparer à ce que payent les femmes victimes d’accidents secondaires… et le retrait consécutif du marché des médicaments incriminés.
On n’échappe pas à son sexe
Génétiquement, la ressemblance moyenne entre deux hommes ou deux femmes atteint les 99,9%, mais elle n’est que de 98,5% entre un homme et une femme, soit 15 fois plus important qu’entre un humain et un chimpanzé de même sexe ! Toutes les cellules de l’embryon contiennent 23 paires de chromosomes et ont un sexe, déterminé dès la conception, par la paire de chromosomes sexuels: XX pour les filles, XY pour les garçons. Chacun le sait, mais on continue à penser que les différences, « c’est hormonal » ou lié au « genre » dicté par l’environnement. Non ! Les hormones – lors de la différenciation des gonades – puis l’environnement socioculturel – à partir de la naissance – n’interviennent que plus tard.
Sachant que le génome est stable, définitif et identique dans chacune de nos cellules, comment expliquer que nos 23 000 gènes ne s’expriment pas de la même façon selon le tissu, le foie, le rein ou le cerveau ? Tout simplement parce que chaque gène « s’exprime » plus ou moins selon qu’il porte en lui et autour de lui des instructions pour fabriquer une protéine en plus ou moins grande quantité et, de plus, de façon différente selon le sexe… Chez la fille, en effet, un des deux X, d’origine paternelle ou maternelle, est inactivé au hasard dans chaque cellule, et sur les 1 400 gènes de cet X « inactif », 15% à 25% peuvent échapper à l’inactivation et donc s’exprimer davantage. Avec leur X unique, les garçons, en revanche, ne manifestent leur différence que par la petite centaine de gènes spécifiques de leur chromosome Y. Telle une mémoire sexuelle, ces gènes du chromosome X chez la fille et ceux du chromosome Y chez le garçon, modulent au bon moment, dans la bonne cellule, l’expression d’autres gènes, de sorte que, 30 % de nos gènes en moyenne s’expriment différemment selon notre sexe dans tous nos tissus et donc dans chacune de nos cellules.
Et c’est bien ce qui fait la différence et la nécessité de s’entendre sur les mots : le « sexe », se réfère uniquement aux caractéristiques biologiques et physiologiques qui différencient les femmes des hommes depuis la conception et tout au long de la vie ; le « genre » quant à lui, sert à évoquer les rôles qui sont déterminés socialement – après la naissance – les comportements, les activités et les attributs qu’une société considère comme appropriés pour les hommes et les femmes.
Ce n’est donc pas en masquant ces différences sous prétexte d’éviter toute discrimination qu’on aide les femmes, au contraire ! Ne pas reconnaître les différences sexuelles, malgré l’accumulation de preuves scientifiques en ce sens, c’est pénaliser les femmes… et les hommes !
Un enjeu scientifique majeur
Pourquoi le retard mental, l’autisme, les tumeurs du cerveau et du pancréas sont-ils plus masculins, de même que les conduites à risque, les addictions et la violence? Pourquoi, en revanche, la maladie d’Alzheimer, l’anorexie et autres troubles alimentaires, la dépression, l’ostéoporose et certains cancers, de la thyroïde, par exemple, touchent-ils plus les femmes ? Parce que les maladies ont un sexe ! Ainsi, les hommes seraient protégés contre les maladies auto-immunes (maladies thyroïdiennes, sclérose en plaques, lupus etc..) grâce justement aux gènes de leur chromosome Y. Inversement, deux X peuvent valoir mieux qu’un, car il est démontré que des gènes suppresseurs de tumeur en double exemplaire sur le chromosome X épargneraient aux femmes certains cancers. Mais il a fallu attendre 1990 pour que le NIH, malgré son avance sur le sujet, crée un bureau spécifique de recherche dédié aux femmes (ORWH), et que l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) les inclut systématiquement dans les essais sur les médicaments. La découverte de mécanismes sexués aux niveaux cellulaires et moléculaires, apparus au cours de l’évolution comme compromis entre la reproduction et la survie, éclaire donc peu à peu ces constats. Aurait-on trouvé autrement que, en cas de lésions nerveuses, certaines voies de la douleur passent par la microglie dans le cerveau chez les souris mâles et par des cellules spécifiques du système immunitaire chez les femelles ?
Le genre doit cesser d’être un cache-sexe
La médecine traite encore les femmes et les hommes sur un mode unisexe qui peut nuire à leur santé et hypothéquer notre système de soins en termes de coûts, non seulement financiers, mais sociaux et humains. Pourquoi administrer une dose de vaccin à une femme quand la moitié suffirait ? Est-il acceptable qu’un médecin ne soit pas formé pour reconnaître les différences de symptômes d’infarctus chez une femme par rapport à un homme ou savoir adapter une prescription d’aspirine ou de somnifère en fonction du sexe de son patient ? C’est bien le déni des différences qui est à l’origine de ces inégalités et non les différences elles-mêmes, et ce n’est pas en les occultant que l’on supprimera les discriminations.
Ce n’est pas en supprimant le mot « race » que l’on supprimera le racisme ; le féminisme se condamne à être une coquille creuse s’il se refuse toujours de reconnaître que, n’en déplaise à Simone de Beauvoir, on nait femme : on ne le devient pas… Certes, le social influence le biologique et réciproquement, le biologique influence le social. Le genre dépend effectivement d’un formatage socioculturel progressif lié à la perception et aux implications sociales de notre sexe, avec des stéréotypes difficiles à éradiquer, même s’ils sont erronés. Mais, au nom d’une fausse parité homme/femme, on a trop longtemps mis l’accent sur l’acquis, le social, ce fameux « genre », en occultant l’inné, le biologique, le « sexe ». Plusieurs pays européens ont déjà adapté en conséquence leurs recherches scientifiques et leurs stratégies thérapeutiques. La France peut-elle se permettre de prendre encore du retard et, sous prétexte de parité, éviter avec mépris et aveuglement de reconnaître les différences entre les hommes et les femmes, malgré les évidences scientifiques et au risque de passer à côté de notre santé à tous, femmes ou hommes ? Le 1er Décembre 2015 un colloque sur le sujet a été organisé à Paris par l’académie des Sciences et l’Académie nationale de Médecine; et cette dernière a organisé le 23 Juin 2016 une conférence de presse pour sensibiliser les médias le public et le corps médical et émettre des recommandations.
vendredi 15 mai 2015
Le mensonge et encore le mensonge sans fin, par l'Higoumène Nikon Vorobiev
"J'ai jadis été assez naïf pour vouloir étudier la psychologie dans le but de mieux comprendre l'âme humaine. Que de sottises ne fait-on pas dans sa jeunesse, quand on n'a personne pour vous guider ! je me suis retrouvé comme dans une forêt sans issue. Le prince de ce monde vous aveugle au point que l'on avance à tâtons et que l'on se heurte à un mur, puis à un autre…
La science est mensongère, si l'on prend ses données comme un absolu, car la science de demain annulera celle d'aujourd'hui. L'art, lui, est le plus souvent une falsification délibérée.
La politique a toujours été pleine de mensonge, de tromperie, de crime. Tout est ici à prendre en sens inverse et ce que l'on appellera vie n'est que vanité des vanités et tout est vanité, et surtout petitesse, vacuité, le mensonge et encore le mensonge sans fin. En un mot "l'époque du mensonge", le règne du prince de ce monde."
Higoumène Nikon Vorobiev
(in Lettres Spirituelles
- Coll. Grands Spirituels Orthodoxes du XX° s. l'Âge d'homme)
jeudi 4 décembre 2014
DE QUELLE ”PAIX SUR TERRE” EST-IL QUESTION DANS L’ HYMNE ANGÉLIQUE DE BETHLÉEM?
Peu de passages de la Sainte Écriture ont fait l’objet d’une interprétation aussi erronée que le verset 14 de l'Évangile selon saint Luc. Il s’agit de l’hymne entonné par les anges lors de cette nuit divine de la Nativité du Verbe Divin, notre Seigneur Jésus-Christ. Cette méprise de la part de nombreux orthodoxes n’est naturellement pas voulue ou faite à dessein (seuls les hérétiques déforment les textes volontairement), mais elle est due à 1’ignorance du sens intégral de la Sainte Écriture. En raison de cette ignorance, chaque année, le jour de Noël, nous entendons des prédications, ou nous lisons des écrits de nombreux dispensateurs de la parole évangélique de notre Église, tant prêtres que laïcs, qui se lamentent parce que les guerres n’ont pas encore pris fin, les armes n’ont pas été supprimées, et la paix de l’hymne évangélique ne règne pas encore sur terre. Même les encycliques ecclésiastiques officielles formulent de telles positions, ainsi que des supplications à Dieu afin qu’Il permette le règne de cette paix de l'hymne angélique, «qui, depuis deux mille ans, reste loin de la réalité, simple espoir, simple rêve, et une attente anxieuse ». Ces infortunés ignorent que la paix de l'hymne angélique est déjà devenue réalité et prédomine sur terre depuis l’Incarnation du Seigneur. Nous concevons de manière mauvaise et erronée cette paix, en croyant qu’il s’agit d’une paix extérieure, d’un état d’amitié entre les hommes, entre un individu et un autre, entre un peuple et un autre peuple, tout ceci étant accompagné de la cessation des guerres et des combats.
Une telle paix n’a jamais été annoncée dans l’Évangile : celle-ci est intérieure, elle est l’état de calme qui règne dans l’âme de l’homme croyant, de l’homme qui est en communion avec Dieu. Il s’agit de la paix entre 1’homme et Dieu, et non de l’homme avec un autre homme. C’est le renversement du «mur de séparation », qui séparait la terre et le ciel, l’homme et Dieu. C’est la fin de la révolte, celle de la création contre le Créateur. C’est cette paix qu’apporte au monde le Fils de Dieu. Depuis lors, chaque croyant en Jésus-Christ Incarné, Crucifié et Ressuscité, a Dieu pour ami et se trouve en communion filiale avec Lui. Il n’est plus rebelle, révolté, ennemi de Dieu, il a été «réconcilié» avec Lui par le Médiateur éternel, le Seigneur Jésus-Christ. L’état de révolte et d’inimitié envers Dieu appartient entièrement au passé et ne constitue pour le fidèle qu’une simple mais amère réminiscence. Depuis la venue du Seigneur et par la force de Son sacrifice sur la Croix, l’homme est entré dans une nouvelle période, un nouvel état, celui de la Grâce, de la Réconciliation, de la Filiation. Les promesses de paix du saint Évangile se rapportent à cette paix et non à la paix du monde extérieur : «Je vous laisse la paix, dit le Seigneur aux Apôtres, C’est ma paix que Je vous donne ». Et pour souligner que cette paix est une paix d’une autre sorte, Il ajoute : « Je ne vous la donne pas comme le monde la donne» (Jn 14,27). En outre, dans un autre passage, parlant de la paix extérieure, Il dit qu’Il ne l’apporte pas. Au contraire, Il prévoit que la foi en Lui sera cause de discordes entre les hommes. Les incroyants persécuteront les fidèles de Jésus et, ainsi, les guerres non seulement ne diminueront pas, mais augmenteront, en ce sens qu’à celles qui existent, s’ajoutera celle qui se dirigera contre la nouvelle foi. «Ne pensez pas, dit-Il, que je sois venu apporter 1a paix sur 1a terre ; Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Car Je suis venu opposer l’homme à son père, la fille à sa mère et la bru à sa belle-mère » (Mt 10,34-35).
Avant d’avoir été conduit volontairement sur le Golgotha, afin de boire le calice d’une mort terrible, Il accorda la paix intérieure aux Apôtres, une paix qui ne sera pas troublée par des myriades d’épreuves et d’afflictions extérieures. Malgré celles-ci, cette paix existe, car, précisément, elle est intérieure : «Je vous ai dit ces choses, pour que vous ayez la paix en Moi. Dans le monde vous aurez à souffrir. Mais gardez courage ! J’ai vaincu le monde » (Jn 16,33). Il accorda la paix aux Apôtres, tout en sachant quelles morts douloureuses les attendaient, tout en leur disant ouvertement qu’Il les envoyait «comme des brebis au milieu des loups» (Mt 10,16). Était-il donc possible qu’Il leur accordât la paix extérieure ? Sûrement pas!
Quant à saint Paul, il est le prédicateur et l’apôtre de cette paix intérieure, de cette paix envers Dieu: «Ayant donc reçu notre justification de la foi, nous sommes en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ », écrit-il aux Romains (5,1). S’adressant cette fois aux Éphésiens, il dit que le Seigneur Jésus-Christ est «notre paix », Celui qui est venu proclamer 1a paix... «par Lui nous avons en effet... libre accès au Père » (Éph. 2,14-18).
En conclusion: la paix de l’hymne angélique est la paix de l’homme avec Dieu, il ne s’agit pas d’une paix extérieure. Cette paix a régné véritablement «sur terre», celle-ci a été réconciliée avec le ciel par l’humilité jusqu’à la Croix de notre Seigneur Jésus-Christ.
Il est inutile d’ajouter que l’homme qui est en paix avec Dieu, est en paix avec ceux de l’extérieur. Seul un tel homme peut dire: « Avec ceux qui haïssent la paix, j’étais pacifique » (Ps 119,16). Il aime et fait du bien même à ses ennemis. La paix intérieure est la condition préalable à la paix extérieure. Quant à la paix extérieure, elle n’est pas seulement inaccessible, mais inconcevable sans la paix intérieure. Telle est précisément la tragédie de notre époque : tandis qu’elle a déclaré la guerre à Dieu, elle recherche anxieusement la paix entre les hommes. Tandis qu’elle est totalement indifférente à la paix intérieure, elle recherche à cor et à cri la paix extérieure. Elle déraciné 1’arbre et attend les fruits; elle détruit la maison et recherche sa chaleur ; elle s’éloigne du soleil et veut la lumière.
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"Acquiers un esprit de paix, et des milliers autour de toi seront sauvés." |
De tous temps, «l'objet du désir de tous les hommes» est « la paix » (Est 3,l2a). Cependant, aucune époque n’a autant que la nôtre eu soif de la paix. Réussirait-elle donc là où toutes les autres époques ont lamentablement échoué ? En d’autres termes, réussirait-elle à construire la paix sans Dieu? Mettrait-elle fin aux terribles armes d’aujourd’hui? Ferait-elle des guerres des souvenirs historiques lointains? A l’aide de quoi? De la science? De la technologie? De l'humanisme? De la profondeur des
siècles retentit l'avertissement clair, catégorique et saisissant, dont la vérité et la valeur sont, hélas, confirmées! Une amère expérience de presque trois millénaires qui se sont écoulés depuis: «Si vous voulez bien obéir, vous mangerez les produits de la terre. Mais si vous refusez et vous rebellez, vous serez dévorés par le glaive. Car la bouche du Seigneur a parlé.» (Is 1,l9-20). Que ce glaive soit un glaive ordinaire ou un autre, d’une nouvelle conception, comme, par exemple, le produit de l’énergie
nucléaire, n’a que peu d’importance en soi...
« Seigneur notre Dieu, donne-nous la paix, car Tu nous as rendu toutes choses. Seigneur notre Dieu, prends possession de nous...» (Is 26,l2-13).
P. Épiphane Théodoropoulos
Texte traduit par B. Le Caro
in Le Messager Orthodoxe n°103. L'original est paru dans le périodique grec Koinonia en 1984.)
jeudi 13 juin 2013
La Bible et la Science par P. André Borrély [5-4] : Science et Prière, connaissance et contemplation
Ce que la science nous apprend ne saurait contredire ce que nous enseigne la Bible, dès lors que nous pouvons et devons rendre à Dieu grâce et gloire de ce que nous apprennent nos savants : qu'il y a des molécules aux caractéristiques déterminées qui, telles de véritables hormones, sont sécrétées dans le sang par un groupe de cellules spécialisées, messagères par l'intermédiaire desquelles transitent les communications ; que ces messagères sont associées à des cellules réceptrices, à des cellules-cibles qui seules peuvent recevoir le message, même si elles sont dispersées au milieu de milliards d'autres cellules !
Saint Grégoire de Nysse écrit :
Celui dont l'esprit est peu développé, quand il voit une chose sur laquelle est répandue quelque apparence de beauté, croit que cette chose est belle par elle-même .... Mais celui qui a purifié l'eil de son âme et qui est capable de voir les choses belles ... se sert comme d'un marchepied du visible pour s'élever á la contemplation du spirituel.
Les chrétiens ont un devoir d'indignation devant un usage de la science — c'est-à-dire, en fin de compte, de la technique — réduite à n'être qu'un instrument de la domination de l'homme sur l'univers à des fins essentiellement d'enrichissement égoïste. Pour cela, nous devons être les témoins d'une approche sapientielle de la science consistant à contempler dans la nature si bien étudiée par elle l'affleurement des réalités célestes. L'observation rationnelle et déterministe à l'hοrizontale doit se compléter d'une contemplation orante à la verticale. L'ordre qui règne dans la nature et que la science parvient à connaître de mieux en mieux, nous devons y contempler une énergie divine, une présence du Tout-Autre dans le monde. Le Tout-Autre ne demeure pas emprisonné dans son inaccessible transcendance. La priére n'est pas une activité, primitive (1) prélogique, venue des ancestrales sociétés inférieures, qui n'a rien à voir avec la connaissance scientifique. Si hétérogène qu'il soit à Dieu de par son essence, le monde étudié par la science est senti par le christianisme comme un logos, c'est-à-dire une intelligibilité révélatrice de l'altérité personnelle de Dieu.
Car le Dieu tri-unique ne saurait être tenu pour une Essence statique, totalement transcendante et imparticipable. C'est plutôt un Soleil qui rayonne et, en ses énergies, est positivement au contact de l'homme et du monde, embraye sur eux, les atteint et se communique à eux effectivement : au monde étudié par les savants en le créant et en le maintenant dans l'être, á l'homme en le créant et en le maintenant également dans l'être, mais aussi en le recréant, c'est-á-dire en le divinisant.
(1)Au sens qu'avait ce terme dans
l'eeuvre d'un Lucien Lévy-Βrüh1 : Les fonctions mentales dans les sociétés
inférieures (1910) ; La mentalité primitive (1922) ; L'âme
primitive (1927) ; Le surnaturel et la nature dans la mentahté primitive
(1931) ; La mythologie primitive (1935) ; L'expérience mystique
et les symboles chez les primitifs (1938
[à suivre]
Père André Borrély
samedi 8 juin 2013
La Bible et la Science par P. André Borrély [5-3] : Science et Prière : καλον καγαθών
ll y a de l'ordre, de la pensée, du logos, de l'intelligibilité dans le fait que, lorsqu'un organisme perd des cellules sanguines de façon exagérée — par exemple lors d'une lésion accidentelle — on constate une augmentation de la vitesse de formation de ces cellules. Il y a de l'intelligence à l'oeuνre dans le fait que sont suscités et structurés des facteurs de régulation qui agissent à distance au niveau des tissus qui fabriquent les cellules sanguines.
Il y a de l'intelligence dans le fait qu'en cas de troubles sanguins provoqués par l'irritation d'une partie de l'organisme au cours d'une radiothérapie, la diminution de la formation des globules rouges dans les zones irradiées est aussitôt et exactement équilibrée par une augmentation de l'activité dans les régions non irradiées. La matière est une chair féconde en laquelle s'incarne l'Esprit. La présence dans le sang, quelques minutes seulement après l'irradiation, d'un facteur stimulant à distance l'activité des cellules qui fabriquent les cellules sanguines, la présence également, à côté des facteurs stimulants, d'un inhibiteur, sont ces formes des choses visibles dont saint Maxime le Confesseur affirme qu'elles sont comme des vêtements et les idées selon lesquelles elles sont créées, comme la chair. Par ces facteurs stimulants et inhibiteurs, la matière vivante participe à l'ordre, à la beauté, à ce καλον καγαθών, à ce bel et bon en lequel se dit et se nomme le Dieu créateur. La lecture chrétienne de la Bible doit nous inciter à assimiler le savoir scientifique en adoptant la mentalité des psalmistes dont notre office des Laudes a retenu les textes. Les étoiles, le soleil, la lune, les océans chantent la gloire de Dieu, mais aussi, pour ne prendre que cet exemple, les facteurs stimulants — utilisés désormais dans le traitement des cancers —, les inhibiteurs protégeant la moelle saine tandis que les facteurs de croissance accélèrent sa régénération. Il s'agit de découvrir avec émerveillement que la matière étudiée par nos savants, s'imprégne du Bien, comme dit le Pseudo-Denys. Puisons dans la connaissance scientifique l'inspiration de notre prière, de notre glorification de la divine Trinité, de notre action de grâce. Tout ce qu'étudient nos savants est une épiphanie de l'invisible, un mystère palpable. Étudions les sciences en nous disant que notre foi chrétienne bien comprise ne sépare pas l'humain et le divin, le créé et l'incréé, le visible et l'invisible, la terre et le ciel. [à suivre]
Il y a de l'intelligence dans le fait qu'en cas de troubles sanguins provoqués par l'irritation d'une partie de l'organisme au cours d'une radiothérapie, la diminution de la formation des globules rouges dans les zones irradiées est aussitôt et exactement équilibrée par une augmentation de l'activité dans les régions non irradiées. La matière est une chair féconde en laquelle s'incarne l'Esprit. La présence dans le sang, quelques minutes seulement après l'irradiation, d'un facteur stimulant à distance l'activité des cellules qui fabriquent les cellules sanguines, la présence également, à côté des facteurs stimulants, d'un inhibiteur, sont ces formes des choses visibles dont saint Maxime le Confesseur affirme qu'elles sont comme des vêtements et les idées selon lesquelles elles sont créées, comme la chair. Par ces facteurs stimulants et inhibiteurs, la matière vivante participe à l'ordre, à la beauté, à ce καλον καγαθών, à ce bel et bon en lequel se dit et se nomme le Dieu créateur. La lecture chrétienne de la Bible doit nous inciter à assimiler le savoir scientifique en adoptant la mentalité des psalmistes dont notre office des Laudes a retenu les textes. Les étoiles, le soleil, la lune, les océans chantent la gloire de Dieu, mais aussi, pour ne prendre que cet exemple, les facteurs stimulants — utilisés désormais dans le traitement des cancers —, les inhibiteurs protégeant la moelle saine tandis que les facteurs de croissance accélèrent sa régénération. Il s'agit de découvrir avec émerveillement que la matière étudiée par nos savants, s'imprégne du Bien, comme dit le Pseudo-Denys. Puisons dans la connaissance scientifique l'inspiration de notre prière, de notre glorification de la divine Trinité, de notre action de grâce. Tout ce qu'étudient nos savants est une épiphanie de l'invisible, un mystère palpable. Étudions les sciences en nous disant que notre foi chrétienne bien comprise ne sépare pas l'humain et le divin, le créé et l'incréé, le visible et l'invisible, la terre et le ciel. [à suivre]
Père André Borrély
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mardi 28 mai 2013
La Bible et la Science par P. André Borrély [5-2] : Science et Prière
L'unique vérité qui pourra ébranler l'homme, c'est la vérité qui sort de l'expérience intime et tend vers elle. La vérité qui conquiert ne peut être que celle qui est amour et vie. La vérité qui nourrit l'homme n'est pas science, mais gnose. Par ce dernier mot, il convient d'entendre une connaissance qui ne se sépare pas de l'action parce qu'elle ne fait qu'un avec l'amour.
La seule vérité qu'il faut chercher dans la sainte Écriture, c'est l'évidence que le monde, le plaisir, la santé, la jeunesse, l'éblouissement amoureux devant une fille
un garçon, que tout cela n'est réel, consistant, que tout cela n'est rudement bon, fameux, comme dit le livre de la Genèse (Gn 1, 31), que tout cela n'a de solidité que par son fondement divin, que tout cela n'existe que par l'acte créateur incessant de Dieu.
La vérité qui doit nous tenir en haleine dans notre lecture de la Bible, ce n'est pas le problème du choix scientifique entre 4000, des centaines de millions ou des milliards d'années, mais dans l'affirmation métaphysique non point que Dieu a fait surgir du néant quelques molécules de matière il y a des milliards d'années, et que depuis tout s'enchaîne selon les processus et les lois que nous enseignent les sciences, mais que toute la beauté du monde et des êtres, la joie d'escalader les parois des Alpes, le corps humain dans l'éclat de sa jeunesse et de sa beauté, la mer, la mer toujours recommencée, que tout cela retomberait instantanément dans le néant si Dieu, le Créateur, cessait un seul instant de porter sur tout cela son regard d'amour infini.
La seule vérité que veulent nous communiquer — laissant à la science tout son champ d'investigation légitime — les auteurs des textes bibliques, c'est la sagesse consistant à déceler la présence personnelle du Logos dans les lois de la nature, à contempler les secrets de la gloire de Dieu cachée dans les êtres. Dans les formes visibles, dans la structure du monde de mieux en mieux étudiée par nos savants, le Verbe divin se cache et se dit, se dévoile. En latin, sapere et sapientia, savoir et sagesse, c'est la capacité de goûter, le goût de déceler dans le visible une inscription de l'invisible.
La matière est un fait d'ordre énergétique, non point seulement pour nos savants actuels, mais déjà pour les Pères grecs, pour saint Grégoire de Nysse, pour saint Maxime le Confesseur. C'est un logos mis en œuvre par le Créateur, une énergie créée personnellement par Dieu. La prière est une forme de la connaissance.
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Évagre le Pontique |
Évagre le Pontique affirme que la prière ininterrompue est l'acte le plus élevé de l'esprit. Et le même auteur dit encore : La prière fait exercer à l'intelligence son activité propre. Il ne s'agit pas de rabâcher des formules qui nous demeureraient extérieures. On peut réciter la table de multiplication en retenant l'air plus encore que les paroles!
Il s'agit de découvrir que, par le moyen de la prière, Dieu est connu d'une manière expérientielle. Il ne faut pas séparer la science de la prière dans la mesure où tout ce que les savants nous disent du monde qu'ils étudient ne peut pas ne pas nous apparaître comme de la pensée. Et la prière consiste alors à faire remonter cette pensée qui ne se pense pas à la Pensée qui a mis cet ordre, cette intelligibilité, ce logos dans le monde en le créant. [à suivre]
Il s'agit de découvrir que, par le moyen de la prière, Dieu est connu d'une manière expérientielle. Il ne faut pas séparer la science de la prière dans la mesure où tout ce que les savants nous disent du monde qu'ils étudient ne peut pas ne pas nous apparaître comme de la pensée. Et la prière consiste alors à faire remonter cette pensée qui ne se pense pas à la Pensée qui a mis cet ordre, cette intelligibilité, ce logos dans le monde en le créant. [à suivre]
Père André Borrély
(choix des illustrations Maxime le minime)
(choix des illustrations Maxime le minime)
samedi 25 mai 2013
La Bible et la Science par P. André Borrély [5-1] : Science et Prière
Il ne faut pas séparer la science de la prière liturgique ou privée. La science met en évidence un ordre, une pensée qui ne se pense pas. Et la prière consiste à faire remonter cette pensée qui ne se pense pas à la Pensée qui a mis cet ordre, cette intelligibilité, ce logos en le créant. Il n'y a pas d'incompatibilité entre la science et la prière, entre la raison et la foi, mais seulement entre la science et la croyance. Nous devons découvrir dans le domaine d'investigation de la science une énergie, c'est-à-dire une manifestation créée du Dieu incréé. L'univers est une unité hiérarchisée où toutes choses se tiennent, quoique épanchées sur des plans distincts, et le monde des réalités étudiées par la science pré-cοntient celui des réalités appréhendées par la foi. Gardons-nous bien de faire du sentiment dans le domaine propre de l'expérience religieuse. On ne saurait assimiler celle-ci à une religiosité d'états d'âme. Il ne s'agit pas de chercher à éprouver des états affectifs.
Il ne s'agit pas davantage de démontrer par des déductions théoriques, des vérités intellectuelles, mais de retrouver ce que les hommes de la Bible mettaient sous le mot sagesse: des idées, soit, mais des idées expérimentées et vécues, susceptibles de bouillonner en l'homme et de chercher à se libérer en se répandant.
La sagesse chrétienne, biblique, patristique et liturgique est une fusion profonde de la pensée et de l'agir, de l'expérience intérieure et de sa communication extérieure, de la vérité et de la vie. Aux yeux de cette sagesse, les idées, en soi, ne sont pas intéressantes, mais la Vérité doit subjuguer toutes nos puissances d'action. Si, dans sa première Épitre aux Corinthiens Saint Paul s'en est pris à la sagesse des Grecs de l'Antiquité — celle de Socrate — c'est parce qu'il y a vu et dénoncé en termes cinglants le tour d'esprit de ces Grecs qui leur faisait aimer discuter de problèmes intéressants.
Saint Paul a horreur de jouer avec les idées comme avec autant de balles tennis. [à suivre]
Saint Paul a horreur de jouer avec les idées comme avec autant de balles tennis. [à suivre]
Père André Borrély
(choix des illustrations Maxime le minime)
(choix des illustrations Maxime le minime)
La Bible et la Science par P. André Borrély [4-2] : matière éternelle ou création ex nihilo ,
Dans la perspective d'une lecture judéο-chrétienne de la Bible, de la Genèse à l'Apocalypse, la seule vérité qui importe, c'est de savoir si vous pensez avec Aristote que la matière a toujours existé ou bien si vous admettez la création ex nihilo, à partir de rien ; au passage je jubile de faire remarquer au libre-penseur le plus anticlérical tout comme au chrétien complexé par les forts-en-gueule de l'athéisme du genre Michel Onfray que la raison en prend un coup au moins autant avec l'idée de l'éternité de la matière qu'avec l'affirmation de la création ex nihilo commune aux trois religions monothéistes. J'ose même dire qu'il m'est plus facile d'imaginer la création ex nihilo que l'éternité de la matière. En tout cas le matérialisme athée n'est en rien propriétaire de la raison, et son rationalisme ne saurait intimider les chrétiens, les juifs ou les musulmans. Car sa certitude que la matérialisme est éternelle n'est rien de plus qu'une croyance dont on ne voit pas en quoi pourrait bien consister sa supériorité sur la foi en Dieu et dont, par contre, est visible à l’œil nu l'infériorité par rapport à la science. [à suivre]
Père André Borrély
(choix des illustrations Maxime le minime)
(choix des illustrations Maxime le minime)
dimanche 19 mai 2013
La Bible et la Science par P. André Borrély [4-1] Les deux ordres de vérité
Calculé à 4000 ans avant J.-C. à la Renaissance, l'âge de la Terre fut estimé à quelques dizaines de millions d'années à la fin du 19ème siècle.
De nos jours on l'estime á quelque à 4,55 milliards. Or c'est ici l'occasion de se montrer un tout petit peu intelligent. Voici comment : il y a, sur cette question, deux ordres de vérité qui, à l'instar des droites parallèles dans la géométrie euclidienne, ne se rencontrent jamais. Si vous dites : 4000 ans, si je dis : plusieurs dizaines de millions d'années, et si une tierce personne affirme : 4,55 milliards d'années, ou bien nous nous trompons tous les trois ou bien l'un des trois seulement est dans le vrai.
Pour ce qui est de la date d'apparition d'êtres humains sur terre, on trouve des traces de la présence en Europe il y a 35 000 ans de l'homme de Cro-Magnon. qui est en fait un homo sapiens. L'étude des ossements retrouvés indique que cet hοminidé était de grande taille : entre 1,70 m et 2 mètres. On estime que sa durée de vie maximum était de 35 ans. Il avait approximativement un physique identique au nôtre avec, semble-t-il, des os un peu plus épais que les nôtres. Certaines études attribuent à l'homme de Cro-Magnon un cerveau plus important de 15% à 20% que celui des hommes modernes. On lui attribue également une importante production artistique (Chauvet, Lascaux et Altamira...). Il faut aussi lui reconnaître une certaine maîtrise de la chasse avec la fabrication d'armes de jets. L'homme de Cro-Magnon est contemporain de l'homme de Néandertal et il fut témoin ou acteur de la disparition de celui-ci.
Mais la Bible ne se situe pas dans cet ordre-là. La seule vérité à laquelle elle prétend, c'est à la révélation que le Dieu tri-unique fait à l'homme de lui-même dans le but d'étendre jusqu'à l'homme l'acte générateur éternel par lequel il fait de son Fils unique le réceptacle plénier de toute sa Puissance de vie divine, c'est-à-dire de son saint Esprit. Dans ce second ordre de vérité, la Bible se déclare tout à fait compétente. [à suivre]
vendredi 17 mai 2013
La Bible et la Science par P. André Borrély [3-2] et le Verbe s'est fait juif...
Par exemple, si vous faites du corps une guenille, un appendice encombrant, si la matière en général vous paraît mauvaise, éternelle, si la sexualité n'est bonne, à vos yeux, qu'à transmettre de père en fils le péché originel conçu comme une maladie sexuellement transmissible et inéluctablement mortelle, si vous croyez en la réincarnation (1), vous manifestez à l'endroit de l’humanité un pessimisme incompatible avec l'optimisme divin qui a jugé notre humanité, si pècheresse qu'elle soit, divinisable et donc digne d'accueillir son Fils. C'est tout le sens du baptême. Le proverbe latin disait: Nascuntur poetae, οratοres fiunt (2). On ne nait pas chrétien, on le devient par le baptême et par la conversion qu'il présuppose.
Me reprochera-t-on de forcer le sens du texte du Credo si j'entends σαρκωθέντα εκ Πνεύματος άγιου και Μαρίας της Παρθένου - incarnatus est de Spiritu sancto ex Maria Virgine - dans le sens suivant: le Christ n'a pas pris chair seulement d'une manière biologique, dans le sein une femme fécondé miraculeusement par le saint Esprit, mais il a pris chair tout aussi bien en se faisant juif, c’est-à-dire en assumant l'humanité sous la forme de la langue araméenne, de la religion israélite, à tel moment de l'histoire de ce peuple. Et cette chair humaine-là, que la Bible n'oppose pas à l'esprit, a été pénétrée, pétrie, épousée par le saint Esprit.
Chercher dans la Bible une vérité d'ordre scientifique alors que la vérité de la sainte Écriture est tout entière dans la révélation que le Dieu tri-unique fait aux hommes de son merveilleux dessein de les faire entrer dans la génération éternelle de son Fils par le don divinisant de son très saint Esprit, c'est tourner le dos à l'attitude sapientielle hors de laquelle la Bible nous apparaît au mieux au niveau d'Ηοmère et des grands Tragiques grecs (Eschyle, Euripide, Sophocle) et au pire affligée d'une incapacité à la pensée abstraite qui la rend infiniment inférieure à l'oeuvre de Kant ou de Hegel, pour ne rien dire de cet artisan du bois venu de Galilée et qui, à Gethsémani puis sur le Golgotha ne fit pas le poids si on le compare à l'impassible et goguenard buveur de ciguë. [à suivre]
Père André Borrély
(1) La réincarnation, le retour dans la chair, est la croyance selon laquelle un certain principe immatériel et individuel « âme », «substance vitale », « conscience individuelle » plutôt que personnelle, énergie, esprit accomplit des passages de vies successives dans différents corps (humains, animaux ou végétaux, selon les théories), ce qui suppose une conception négative et pessimiste de la matière et du corps, le retour dans la chair étant compris comme une punition purificatrice et rédemptrice. Selon cette croyance, à la mort du corps physique, l'âme quitte ce dernier pour habiter, après une nouvelle naissance, un autre corps.
(2) C'est une maxime attribuée à Cicéron et qui signifie: on nait poète, mais on devient orateur. Je dirai donc volontiers, on naît homme mais on devient chrétien.
mardi 14 mai 2013
La Bible et la Science par P. André Borrély [3-1] Mentalité biblique vs dialectique
Une source intarissable d'hérésies : le refus de la mentalité foncièrement sapientielle des hommes de la Bible
Que cela nous plaise ou non, lorsque le Dieu totalement transcendant au monde et aux hommes a décidé de devenir, en la personne divino-humaine de son Fils, ce que nous sommes, afin de nous permettre de devenir ce qu'il est, il n'a attendu ni la naissance de Copernic, ni celle d'Einstein, ni celle de Marie Curie, mais afin de pénétrer de part en part, pour la diviniser, notre humanité mortelle — hormis le péché — il a jeté son dévolu sur des bédouins vagabonds incapables de s'intéresser au mythe de la Caverne, à la dialectique, à la jouissance de démontrer, en un mot des barbares au sens très précis que les Grecs de l'Antiquité donnaient à ce terme méprisant. Quelle idée, se dit aujourd'hui encore l'Occidental, Dieu a-t-il donc bien pu avoir de choisir ce peuple-là, sa vision de l'homme et du monde, sa langue, sa culture, etc. Sans être nécessairement antisémites, nous sommes réfractaires, saisis d'une certaine frigidité devant cette mentalité à laquelle la Révélation du Dieu tri-unique à Israël a conféré une dignité que nous ne pouvons pas méconnaitre en tant que chrétiens et qui n'est pas sans évoquer la personne de la Mère de Dieu (A la neuvième ode des matines, le diacre orthodoxe dit : « Par nos chants honorons la Mère de Dieu et Mère de la Lumière et magnifions-la »)
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Η Πλατυτέρα των ουρανών |
Την Θεοτόκον και Μητέρα του φωτος, εν ύμνοις τιμώντες μεγαλύνωμεν
En effet, si importantes et regrettables qu'aient été les divergences entre l'Orient et l'Occident chrétiens dans la formulation dogmatique de leur piété mariale, Orthodoxes et Catholiques-romains ont une commune intuition fondamentale: si cette femme a connu avec le Logos préexistant du Père cette fusion que, neuf mois durant, toute mère expérimente avec son enfant, si le Logos préexistant a véritablement pris chair du saint Esprit et de la Vierge Marie, nous ne pouvons pas nous dérober à l'évidence qu'il est complètement impossible que cette femme, une fois délivrée, devenue mère, soit redevenue Madame-tout-le-monde. Au cas de la Mère de Dieu s'applique bien plus que dans tout autre cas l'irréversibilité du temps, le fait que le propre d'un grand évènement, c'est de créer une situation telle qu'il y a un avant et un après. Péguy disait fort bien cela dans ce style qui n'est qu'à lui:
« On peut donner sa démission d'élève de l'École Polytechnique, mais on ne peut donner sa démission d'ancien élève de l'École Polytechnique. »
Or, de même qu'après avoir connu, neuf mois durant, une union sans confusion inouïe avec le Créateur du ciel et de la terre, la Πλατυτεpα (1) est restée, pour l'éternité, marquée, mise à part, consacrée, de même, sans faire de la Bible un premier Coran, sans oublier que les chrétiens ne sont pas des gens du Livre mais des fils du Père cοnνiés à la génération divine par sa Parole faite chair, la vision de l'homme, la mentalité que Dieu a choisie de préférence à toutes les autres pour qu'en devenant l'un des hommes son Fils pût sauver tous les hommes, ont été, par cette élection, honorées, canonisées.
(1) Platytera = plus vaste que... Durant neuf mois, Marie a contenu en son sein une des trois hypostases constitutives du Dieu tri-unique créateur du ciel et de la terre. Elle est plus vaste que tout l'univers dès lors qu'elle en a contenu celui qui les a créés ex nihilo.
(2) Rien n'est plus légitime que de rompre le jeûne eucharistique, au terme de la divine liturgie, et pourtant peut-on imaginer une seconde que le célébrant boive son café en utilisant le calice dont il s'est servi pour célébrer ? Il faut être dépourvu de toute intelligence du christianisme pour imaginer que Marie a pu avoir d'autres enfants.
[à suivre]
(1) Platytera = plus vaste que... Durant neuf mois, Marie a contenu en son sein une des trois hypostases constitutives du Dieu tri-unique créateur du ciel et de la terre. Elle est plus vaste que tout l'univers dès lors qu'elle en a contenu celui qui les a créés ex nihilo.
(2) Rien n'est plus légitime que de rompre le jeûne eucharistique, au terme de la divine liturgie, et pourtant peut-on imaginer une seconde que le célébrant boive son café en utilisant le calice dont il s'est servi pour célébrer ? Il faut être dépourvu de toute intelligence du christianisme pour imaginer que Marie a pu avoir d'autres enfants.
[à suivre]
Père André Borrély
vendredi 10 mai 2013
La Bible et la Science par P. André Borrély [2-1] Importance du genre littéraire
Le plus souvent l'erreur consistant à chercher dans la Bible des vérités scientifiques que ses auteurs n'avaient aucune intention de nous communiquer, procède de la méconnaissance du genre littéraire d'un texte. La Bible est une bibliothèque dans laquelle il y a des poèmes, des romans, des épopées, des textes juridiques, et aussi, bien sûr, des livres historiques. Mais même dans ce dernier cas, il y a une grande différence entre l'idée que se font de la vérité historique les hommes de la Bible et nous dont les maîtres ont été Camille Jullian et Fustel de Coulanges, Seignobos et Langlois. Quand nous avons deux documents contradictoires, ou bien nous décidons que l'un des deux seulement est à retenir, ou bien nous n'en retenons aucun. L'homme de la Bible, lui, retiendra les deux textes en étant conscient autant que nous de leurs contradictions. Mais ces dernières de l'intéressent pas. Il attend plutôt de nous que nous ayons l'intelligence — qui ne se distingue jamais, à ses yeux, de la sagesse — qui nous rendra aptes à sucer, pour parler comme Rabelais, la substantifique moelle de chacun des deux récits.
Dans le premier évangile, l'écrivain qui a rédigé la généalogie de Jésus a voulu avant tout et uniquement affirmer que Jésus est le Messie attendu par Israël, le Roi issu de la lignée de David, plus grand que David, le vrai David. Au lieu de dire cela à notre manière, c'est-à-dire au moyen de concepts abstraits, l'Auteur s'arrange pour faire tenir le livret de famille de Jésus en trois fois quatorze générations : quatorze d'Abraham à David, quatorze de David à la déportation de Babylone, quatorze de la déportation de Babylone au Christ (Mt 1, 17). Le nombre quatorze est ainsi repris par trois fois.
Or, à l'époque où furent écrits les évangiles comme encore de nos jours dans certains de nos livres liturgiques grecs, on n'utilise pas de chiffres arabes mais à chaque consonne de l'alphabet est attribuée une valeur numérique en fonction de la place de la consonne concernée dans la liste alphabétique. Car, dans les langues sémitiques, on observe un relief tenace des consonnes : à l'origine on ne notait probablement que les consonnes, le plus souvent trois pour chaque mot. Dans notre langue, des mots peuvent comporter les mêmes consonnes et n'avoir aucun rapport sémantique, aucune parenté dans !'étymologie latine : rien ne rapproche le maire du village de la mère de famille, de la mare aux canards, du massif provençal des Maures, du point de mire ou de la mort. En hébreu, au contraire, les trois consonnes MLK évoquent spontanément l'idée de royauté, les trois consonnes KTB celle d'écriture. Donc, David = DaWiD = DWD =6+4+6= 14 = ד+ ו +ד
Or à l'époque où furent écrits les évangiles comme encore de nos jours dans certains de nos livres liturgiques grecs, on n'utilise pas de chiffres arabes mais à chaque consonne de la 'alphabet est attribuée une valeur numérique en fonction de la place de la consonne concernée dans la liste alphabétique. [à suivre]
Père André Borrély
(choix des illustrations Maxime le minime)
(choix des illustrations Maxime le minime)
mardi 7 mai 2013
La Bible et la Science par P. André Borrély [1] Introduction
Introduction (extraits)
"[…] "Pour moi, je crois ce qu'en dit la Bible, mais on nous rabâche sans arrêt que lα Terre a des millions d'années, que l'homme de Cro-Magnon est notre ancêtre. Qu'en est-il exactement ?"
[…] On ne peut répondre à la question […] qu'en la replaçant dans le contexte plus vaste des relations de lα Bible et de la Science et donc aussi bien dans celui de la raison et de la foi.
La question soulevée, […] les chrétiens occidentaux l'avaient pressentie depuis très longtemps.
Depuis Galilée on savait que c'est la terre qui tourne autour du soleil et non l'inverse.
La géologie a révélé les étapes de la création dans toute leur durée. On a découvert que c'est successivement que les espèces vivantes sont apparues sur terre. Il est devenu parfaitement évident que la longueur des temps préhistoriques ne pouvait plus s'accommoder du cadre chronologique de la Genèse.
Pour ne prendre qu'un exemple, ce livre, le premier de la Bible, fait d'un proche descendant de Caïn et donc aussi bien du prétendu premier homme, le premier forgeron. Or, l'âge du fer ne commence en Palestine qu'à l'époque de Moïse, c'est-à-dire vers 1200 av.J-C.
Le pape Léon XIII, dans son encyclique Providentissimus, publiée le 18 novembre 1893, affirmait : Aucun désaccord réel ne peut certes exister entre la théologie et la physique`. Et Léon XIII de citer avec pertinence un passage du De Genesi ad litteram, dans lequel saint Augustin écrit excellemment : L'Esprit de Dieu, qui parlait par la bouche des écrivains sacrés, n'a pas voulu enseigner aux hommes les vérités concernant la constitution intime des objets visibles parce qu'elles ne devaient servir au salut de personne. Tout est dit ici et bien dit par l'évêque d'Hippone que le Pape cite fort à propos pour ce qui concerne la vanité de chercher dans la sainte Écriture la science sous quelque forme que ce soit. Il n'y a aucun enseignement scientifique dans la Bible." [à suivre]
Père André Borrély
(choix des illustrations Maxime le minime)
(choix des illustrations Maxime le minime)
'Autrement dit entre la Bible et la Science.
( source : Orthodoxes à Marseille N°147 : avril-mai 2013-abonnement : Chèque bancaire ou CCP : Orthodoxes à
Marseille 10.619.93 E Marseille-1, rue Raoul Ponchon 13010 MarseilleCPPAP 0517 G 88950)
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