Si quelqu'un, en effet, veut aimer la vie et voir des jours heureux, qu'il préserve sa langue du mal et ses lèvres des paroles trompeuses, qu'il se détourne du mal et fasse le bien, qu'il recherche la paix et la poursuive. 1 Pierre 3:10-11 Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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jeudi 24 décembre 2015

Compilation des chansons de Noël en français pour les enfants



Joyeux Noël !
Frohe Weihnachten !
Merry Christmas !
С Рождеством !
Καλά Χριστούγεννα !
Crăciun fericit !

 

Bon Nadal !
Срећан Божић !
¡Feliz Navidad!

En cette nuit à venir de la douceur et de l'humilité, veillez - par St Ephrem

Grotte de la Nativité à Bethléem


Les anges aujourd’hui se sont réjouis,
Car le Veilleur est venu nous réveiller.
Qui dormirait en cette nuit
Où toutes les créatures sont éveillées ?

Comme Adam avait introduit par ses péchés
Le sommeil de la mort dans la création,
Le Veilleur est descendu nous réveiller
De la torpeur du péché.

Ne veillons pas comme les gens cupides
Qui ne pensent qu’à s’augmenter leur argent.
Ils veillent tard dans la nuit
Pour calculer capital et intérêt.

Éveillé et sage est le voleur
Qui enfouit et cache en terre sno sommeil.
Il n’a qu’un but à tout son état de veille :
Faire crier beaucoup les dormeurs !

Le glouton veille lui aussi :
Il a trop mangé, son ventre s’est alourdi ;
Veiller pour lui est un tourment,
Car il ne se nourrit pas modérément.

Le commerçant veille lui aussi :
La nuit, il se fatigue les doigts
À calculer combien lui a rapporté son talent,
Si son avoir s’est multiplié par deux, par trois.

 Le riche veille lui aussi,
Car Mammon chasse son sommeil.
Ses chiens dorment, mais lui gardent
Ses trésors des voleurs.

L’anxieux veille lui aussi :
Par les soucis son sommeil est englouti ;
Sa mort se tient debout à son chevet
Et il veille, pour les années à venir inquiet.

Satan enseigne, mes frères,
Une veille à la place de l’autre :
Afin qu’endormis pour le bien,
Nous soyons éveillés et vigilants pour le vice.

 Judas Iscariote, lui aussi,
Avait veillé toute la nuit,
Il vendit le sang du Juste
Qui a racheté toutes les créatures.

Le fils des ténèbres se vêtit de ténèbres,
Il se dépouilla de la lumière et la rejeta ;
Pour de l’argent il vendit, le brigand,
Celui qui a créé l’argent.

Les pharisiens, fils de ténèbres, eux aussi,
Veillèrent toute la nuit ;
Les ténébreux veillèrent pour cacher
L’incompréhensible Lumière.

[…]

En ce jour de salut
Parlons avec discernement ;
Ne disons rien de superflu
Afin de ne pas le perdre.

C’est la nuit de la réconciliation :
Qu’il n’y ait en nous ni trouble ni obscurité !
En cette nuit qui pacifie toute chose,
Qu’il n’y ait ni menace ni agitation !

C’est la nuit de la douceur :
Qu’il n’y ait en elle ni amertume ni dureté !
En cette nuit de l’Humilité,
Qu’il n’y ait ni hauteur ni superbe !

En ce jour du pardon
Ne vengeons pas les offenses !
En ce jour de joie
Ne distribuons pas les afflictions !

En ce jour de douceur
Ne soyons pas violents !
En ce jour de paix
Ne soyons pas en colère !

En ce jour où Dieu
Est venu chez les pécheurs,
Que le juste ne s’exalte pas en pensée
Au-dessus du pécheur !

En ce jour où le Maître universel
Est venu chez les serviteurs,
Que les maîtres aussi s’inclinent
Avec affection devant leurs serviteurs !

En ce jour où pour nous
Le Riche s’est fait pauvre,
Que le riche aussi laisse le pauvre
Prendre part à sa table !

En ce jour où nous est échu
Un don que nous n’avions pas demandé,
Distribuons des aumônes
À ceux qui nous supplient en criant.

C’est le jour où s’ouvre
À nos prières la porte d’en haut ;
Nous aussi, ouvrons les portes aux demandeurs
Qui ont péché et qui nous demandent grâce.

Le Seigneur des natures aujourd’hui
Contrairement à sa nature s’est transformé :
Il n’est pas malaisé pour nous aussi
De changer notre mauvaise volonté.

Le corps est fixé de par sa nature ;
Il ne peut ni grandir ni diminuer.
La volonté, elle, a le pouvoir
De grandir en toutes dimensions.

Aujourd’hui la divinité s’est empreinte
Dans l’humanité
Pour que l’humanité, elle aussi, fût enchâssée
Dans le sceau de la divinité.


(Source : Éphrem de Nisibe, Hymnes sur la Nativité, Sources Chrétiennes n° 459, Cerf, Paris 2001)

mardi 22 décembre 2015

le Seigneur est descendu d’une manière que Lui seul connaît... par St Ephrem Le Syrien





Contemplez Marie, mes bien-aimés, voyez comment Gabriel est entré chez elle et son objection :
« Comment cela va-t-il se faire ? » Le serviteur de l’Esprit Saint lui a fait cette réponse : « Cela est facile à Dieu ; pour Lui tout est simple. » Considérez comment elle a cru à la parole entendue et a dit : « Voici la servante du Seigneur. »
Dès lors le Seigneur est descendu d’une manière que Lui seul connaît ; Il s’est mis en mouvement et est venu comme Il lui plaisait ; Il est entré en elle sans qu’elle le sente, et elle L’a accueilli sans éprouver aucune souffrance. Elle portait en elle, comme un enfant, Celui dont le monde était rempli. Il est descendu pour être le modèle qui renouvellerait l’antique image d’Adam. C’est pourquoi, lorsqu’on t’annonce la naissance de Dieu, observe le silence.
Que la parole de Gabriel te soit présente à l’esprit, car il n’y a rien d’impossible à cette glorieuse Majesté qui s’est abaissée pour nous et qui est née de notre humanité. En ce jour, Marie est devenue pour nous le ciel qui porte Dieu, car la Divinité sublime est descendue et a établi en elle sa demeure. En elle, Dieu s’est fait petit — mais sans amoindrir sa nature — pour nous faire grandir. En elle, Il nous a tissé un habit avec lequel Il nous sauverait. En elle se sont accomplies toutes les paroles des prophètes et des justes. D’elle s’est levée la lumière qui a chassé les ténèbres du paganisme.
Nombreux sont les titres de Marie…: elle est le palais dans lequel a habité le puissant Roi des rois, mais Il ne l’a pas quittée comme Il tait venu, car c’est d’elle qu’ Il a pris chair et qu’ Il est né. Elle est le ciel nouveau dans lequel a habité le Roi des rois ; en elle s’est levé le Christ et d’elle Il est monté pour éclairer la création, formé et façonné à son image. Elle est le cep de vigne qui a porté la grappe ; elle a donné un fruit supérieur à la nature ; et Lui, bien que différent d’elle par sa nature, a revêtu sa couleur quand Il est né d’elle. Elle est la source de laquelle ont jailli les eaux vives pour les assoiffés, et ceux qui s’y désaltèrent portent des fruits au centuple.
(in Homélies sur la Mère de Dieu, 2, 93-145 ; CSCO 363 et 364, 52-53 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 481 rev.)

lundi 21 décembre 2015

Celui qui est sans limite a connu des limites…

Μιχαή Ψελλός
"Puisqu'il fallait que l'homme fût divinisé, et puisqu'une telle oeuvre dépasse les capacités de la nature, le début devait être du même ordre. Aussi le Christ est-il devenu homme pour diviniser l'homme en le faisant entrer dans une extraordinaire union avec lui.

Or, si ce second événement est merveilleux, combien plus merveilleux encore le premier! Si la montée aux cieux dépasse tout ce qu'on peut dire, comment la descente ne dépasserait-elle pas tout ce qu'on peut concevoir ? Là, en effet, la créature mortelle est montée aux cieux; ici, Dieu en est descendu. Celui qui est sans limite a connu des limites. Celui qui a modelé la nature s'est uni à une nature dotée d'une âme. Celui qui ne comporte rien de tangible ni de matériel est né d'une vierge. Quel discours pourrait bien nous faire comprendre cette merveille?  

Aujourd'hui donc, nous passons d'un pays étranger dans notre patrie, nous sommes rétablis dans l'Éden et ramenés dans Sion, d'où nous nous étions éloignés pour notre malheur.

Oh! la chose admirable! Alors que nous avions péché, puis subi la punition, nous avons à nouveau été jugés dignes des plus grands biens. Nous étions tombés du paradis, et nous avons trouvé la maison céleste. Nous avions glissé par terre, et nous possédons la demeure sublime qui nous était promise.

Et ceci est encore plus admirable: la bonne nouvelle ne devance pas la joie comme cela se passe d'habitude chez les hommes, mais, au moment où l'ange en fait l'annonce à la Vierge, le Dieu annoncé s'incarne et l'humanité assumée est divinisée.

Oh! la parole inouïe! Oh! la multitude des grâces et l'infinité des merveilles! Tout s'y trouve réuni: la voix de l'archange, l'incarnation du Seigneur, la divinisation du corps assumé, l'union de ceux qui étaient séparés, la libération de ceux qui étaient asservis, le retour des exilés dans leur patrie, la réconciliation des ennemis. Une seule et brève parole apporte la joyeuse salutation à la Mère de Dieu, en même temps que les biens innombrables qui en découleront et que l'esprit ne peut saisir.

Et voici l'essentiel: Dieu devient homme et l'homme devient Dieu, le mystère tenu caché est manifesté en ces temps qui sont les derniers. La prophétie prend fin et la rédemption attendue arrive. La terre se mêle au ciel, les choses sensibles se rapprochent des réalités spirituelles et les êtres séparés s'unissent admirablement. Dès sa conception, le Seigneur devient le Médiateur entre les deux natures, car il unit toute l'humanité à la divinité." 
(in Homélies mariales byzantines, PO 16, [94]-[96])

samedi 3 janvier 2015

LA DIVINE MATERNITÉ [6] : La création déifiée dans l'Incarnation

La création déifiée dans l'Incarnation : la montagne sainte

La session du Christ dans son Corps à la droite du Père a donc déifié virtuellement toute la création. Or ce mystère doit être considéré comme le but et l'aboutissement de l’lncarnation. Il est donc normal de retrouver cet aspect de déification du monde dans l'icône de la Nativité. Or cette déification n’est pas révélée dans le corps de l’enfant nouveau-né, comme dans l’icône de la Transfiguration où la lumière jaillit du corps du Christ, mais dans la montagne qui entoure les ténèbres de la grotte. [Le bœuf et l’âne, représentés dans la grotte selon une tradition apocryphe, peuvent aussi révéler l'inclusion du règne animal dans ce processus de déification du monde. Les animaux se sont révélés capables de sentir la sainteté d’un homme et d’abandonner face à un saint leur aspect sauvage et dangereux pour entretenir des rapports d’amitié, comme en témoignent le lion de saint Gérasime du Jourdain ou l’ours de saint Séraphin de Sarov. Eux aussi sont concernés par le devenir spirituel de la création.]

L'harmonie de la montagne autour de la Mère de Dieu
La manière de représenter les montagnes dans l'iconographie est très particulière. Tout en n’étant pas réaliste par les proportions ou par la forme, elle suggère pourtant pleinement l’aspect à la fois brut et dynamique de la roche telle qu’on la trouve dans le désert ou en haute montagne. C’est là que la création se révèle dans son aspect le plus sauvage: terrifiante, écrasante et bouleversante de beauté. [Cette manière de représenter les montagnes et le désert en iconographie est, de toute évidence, liée à l'expérience du désert beaucoup plus qu’à celle de la haute montagne.]  Ce qui frappe avant tout, tant dans l'icône de la Nativité que dans celle de la Transfiguration, c’est l'impression de poussée vers le haut suggérée par cette figuration de la montagne. [L’idée de poussée vers le haut est tout-à-fait réaliste sur le plan géologique.] La montagne est liée à l'élévation spirituelle, non dans le sens où le ciel spirituel se trouverait à une certaine altitude par rapport au sol, mais dans un rapport mystérieux avec la révélation de Dieu, dans cette sorte de géographie sacrée établie par le Seigneur. 

La roche du Sinaï et du Mont Thabor ont participé à la révélation de la gloire de Dieu, et la figuration qu’en fait l'iconographie suggère pleinement leur embrasement au contact de la lumière divine. Cette manière d’éclaircir les parties saillantes du rocher, sans ombre portée, suggère l’idée d’une exposition à un rayonnement très puissant mais diffus, rayonnement qui imprègne tellement la matière qu’il semblerait se continuer de manière rémanente. Moïse dut ainsi se couvrir la face en redescendant du Sinaï, tant elle était encore imprégnée de la lumière de Dieu, de même la montagne resplendit de cette même lumière dans l’icône. Une autre roche, celle du Tombeau du Christ, a été le lieu d’un état limite de la création qui ne se reproduira plus avant le Dernier Jour: la Résurrection du corps du Christ. Celle-ci a embrasé la matière pour en marquer le saint Suaire selon un mode qui ne peut être ni connu ni, a fortiori, représenté, et c’est cette même lumière de la Résurrection qui rayonne de la montagne entourant la grotte. La tension vers le haut de la montagne en iconographie exprime le mystère de toute la création. Lorsque saint Paul parle dans son épître aux Romains de l'aspiration de la création tout entière à la révélation des fils de Dieu, de ses gémissements dans son travail d’enfantement, il ne fait pas de la poésie. Il décrit une réalité profonde vécue par de nombreux saints, dont saint Nectaire d’Égine : le chant de la création, sa manière de louer Dieu, mais aussi la soif de plénitude qu’elle éprouve dans l’attente de Dieu. L’amour divin est au coeur de la création comme une fournaise qui la pousse vers Dieu. C’est cette attente mais aussi la réponse à cette attente dans la déification du monde, qu’exprime notre icône.
extrait d'une étude de l'Archimandrite Gabriel
parue dans la revue Paix n°80
et publiée avec permission de son auteur

(à suivre )

mercredi 31 décembre 2014

LA DIVINE MATERNITÉ [6] : le mystère de l'Église, la mère de l'Église

Le mystère de l’Église




Pour comprendre le mystère de l'Incarnation dans sa portée la plus grande, il faut s’arrêter ici un court instant sur ce qui en a marqué l’aboutissement: l’Ascension et le mystère que représente la session du Christ à la droite du Père. Cette idée de «droite du Père» est mystérieuse. Elle indique que le Christ, le Dieu fait homme, partage dans toute la plénitude de ses deux natures, donc aussi bien en tant que Fils de Dieu qu’en tant qu’homme «né de la femme», la gloire, la majesté et la puissance du Père et de l’Esprit. Il faut insister sur l’aspect total et profondément concret de cette exaltation de la nature humaine du Christ, de sa déification. C’est un corps humain véritable, avec toutes ses composantes, qui siège à la droite du Père, avec tout ce que cela implique, même si, ressuscité, ce corps n’appartient plus à notre condition d’hommes déchus. Ce point implique que la création tout entière a été virtuellement divinisée en Christ, récapitulée en lui, et qu’elle partage par ce corps la plénitude de la gloire de Dieu. La conséquence directe de ce fait inouï se retrouve dans le mystère de l'Eucharistie. Celui-ci n’a été rendu possible que par l'événement à la fois historique et éternel de l’Ascension du Christ. La multiplication dans la puissance de 1’Esprit Saint du saint Corps et du précieux Sang dans le pain et le vin consacrés, sur chaque autel, à chaque liturgie, à travers le temps et l'espace, n’a été rendue possible que par cet état totalement mystérieux de la session du Christ à la droite du Père.

Ce mystère n’est autre que le mystère de l’Église. L’unité organique de 1’Église en tant que Corps du Christ dans la plénitude de 1’Esprit Saint est liée à cette universalisation dans la gloire de la chair assumée par le Fils de Dieu dans l’lncarnation. Car, en siégeant à la droite du Père, ce corps mortel ressuscité a dépassé complètement les limitations du temps et de 1’espace. Sa présence ne s’est plus réduite à un point précis du monde, elle s’est étendue à travers tout le cosmos, dans l’universalité et la catholicité de l’Eglise. De la même manière la maternité de la Mère de Dieu s’est trouvée universalisée dans le mystère de l’Église, du fait de cette relation étroite avec son Fils, investissant toute sa personne jusqu’à sa glorification. [Cette gloire n’a été effective dans la personne de la Mère de Dieu qu’à partir de la Pentecôte. De même que l’Église n’a existé en tant que Corps du Christ qu’à partir de la descente personnelle de l’Esprit Saint sur le groupe des disciples, la déification de la Vierge dans la gloire de son Fils ne s’est accomplie en plénitude qu’avec la descente de l’Esprit Saint sur sa personne.]

La Mère de l’Église




Saint Jean raconte comment le Christ, sur la Croix, a donné pour fils à sa mère le «disciple qu’il aimait», afin de le remplacer (Jn 19 ; 26-27).«Dès cette heure-là, le disciple la prit chez lui». La Tradition a donné à cet épisode un sens général, le disciple bien-aimé personnalisant l'ensemble de ceux qui croiraient au Christ comme sauveur du monde, c'est-à-dire l’Église. Cette maternité nouvelle de la Vierge Marie a été la réponse à son renoncement à son rôle de mère. Elle est liée au mystère de l'eucharistie, dans la compréhension de l’Église comme Corps du Christ, issu de son sein. En communiant au Corps et au Sang du Christ, ce Christ que nous avons «revêtu» après avoir été baptisés en Lui, ce Christ dont nous devenons cohéritiers par adoption, nous pénétrons dans le mystère de l’amour entre le Fils de Dieu et sa Mère. L’assemblée des croyants, c’est-à-dire l’Église, trouve en elle une Mère en qui toute maternité est portée à sa plénitude, purifiée de toute passion utérine. Dans la plénitude de sa sainteté, la Mère de Dieu est devenue le signe mystérieux de la tendresse divine, la rahamim des Hébreux. Cette idée hébraïque de tendresse utérine pouvait ne pas être exempte de passion malsaine dans la condition humaine du fait de l’équivoque issue de la chute. La tendresse maternelle, si importante pour les Juifs, peut être étouffante jusqu’au morbide, nous l’avons vu. Or, après la Croix et la Résurrection puis l’Ascension, la maternité nouvelle à laquelle la Mère de Dieu a été appelée dans l’Église est totalement lumineuse, totalement libératrice pour l’homme. Elle n’appartient pas à ce monde-ci, elle est un mystère du Royaume à venir. 


L’icône de la Nativité récapitule le mystère de l'Incamation dans sa totalité, jusqu’à l’Ascension, non au niveau des événements, mais dans leur conséquence ultime: la gloire de l'humanité et la déification du monde. L’attitude majestueuse de la Vierge, dans cette icône, ne concerne donc pas seulement le fait historique et miraculeux de la naissance virginale de l’homme Jésus. Elle récapitule tout le mystère de cette maternité nouvelle et mystérieuse à laquelle il lui sera donné d’accéder en suivant son Christ dans la Pâque de la Nouvelle Alliance.
extrait d'une étude de l'Archimandrite Gabriel
parue dans la revue Paix n°80
et publiée avec permission de son auteur

(à suivre )

samedi 27 décembre 2014

LA DIVINE MATERNITÉ [5] : Croix et glorification de la Mère de Dieu

La croix de la Mère de Dieu

Lorsque, à celle qui s’écrie «Heureuses les entrailles qui t’ont porté et le sein qui t’a allaité» le Christ répond «Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et l'observent» il s’oppose sciemment à une conception de la maternité trop réductrice. 

La prépondérance de la mère dans l’âme juive n’est pas exempte de certains abus, ainsi que le soulignent beaucoup d’humoristes juifs. L’amour maternel peut être abusif, tellement envahissant qu’il peut engendrer de graves inhibitions s’il en arrive à étouffer l’âme en refusant de considérer l’enfant autrement qu’en nourrisson dépendant de sa mère. En annonçant cela, le Christ ne dénigre pas sa Mère, il l’appelle à quelque chose d'infiniment supérieur : suivre son fils, recevoir son enseignement, l'accompagner par compassion jusqu’au pied de la Croix

Cela impliquait de la part de la Mère de Dieu un renoncement total à elle-même, à son rôle de mère, à sa position par rapport à son Fils. Mais comme toujours dans la vie spirituelle, ce renoncement débouche sur une réalité supérieure

Il arrive souvent qu’une mère ressente au plus profond de son sein les souffrances de ses enfants. Il a été donné à la Mère de Dieu de vivre la passion comme un glaive lui transperçant le cœur, ainsi que l’avait annoncé le vieillard Syméon dans le Temple, le jour de la Sainte Rencontre, car la vie humaine qui a été offerte, l’esprit humain qui a été remis entre les mains du Père, le sang qui a été versé, toute cette réalité immense est issue directement de son sein. C’est un peu de son sang qui a coulé après le coup de lance, c’est une part de sa vie qui a été offerte au Père et reçue par lui dans l’effusion de l’Esprit. 



Or cela n’a pas été subi dans la révolte par la Mère de Dieu. Si cette révolte avait eu lieu, si elle avait écouté la voix de ses entrailles de mère en refusant la Croix, son rôle de mère se serait réduit à sa seule dimension biologique, car son esprit aurait été exclu du mystère s’accomplissant. On peut considérer que c’est là, au pied de la croix, que se situe le point véritablement crucial de toute l’attitude de la Mère de Dieu vis-à-vis de son Fils. C’est dans sa réaction à l’horreur de la Croix que s’est décidé le devenir ultime de la Vierge Marie, son passage d’une maternité biologique à une maternité divine. En choisissant de communier librement à la soumission de son Fils, à son adhésion au dessein du Père, Marie a pu participer directement à la Pâque du Christ, au plus profond de sa foi et de son amour pour Dieu, même si cette foi était crucifiante au-delà de toute expression. C’est dans un renoncement libre qu’elle a vécu la mort du fruit de son sein ; c’est pourquoi elle a pu l'accompagner aussi loin dans son œuvre. 

Au pied de la Croix la maternité de toutes les femmes a été baptisée, totalement purifiée de tout aspect morbide. 

Tout cela a été annoncé dans le Temple. À ce moment, le vieillard Syméon, en recevant l’enfant, lui annonce une purification autrement plus profonde que celle prévue par la Loi et dont elle n’avait nul besoin. Toute maternité sera purifiée en elle par ce glaive qui lui déchirera spirituellement le coeur, au Golgotha, le  «lieu du crâne», le tombeau d’Adam. [Une tradition locale raconte que la tombe d’Adam se serait trouvée à l’endroit exacte du Golgotha, le «lieu du crâne». Le crâne représenté sous la croix dans l’icône de la crucifixion serait donc celui d’Adam. Douteuse sur le plan historique ou scientifique, on ne peut dénier à cette tradition un sens théologique particulièrement profond.]  La malédiction d’Ève n’a pas été abolie seulement par la naissance virginale du Christ. C’est au pied de la Croix qu’elle a été totalement effacée, de la même manière que celle d’Adam a été anéantie dans l'obéissance du Nouvel Adam au dessein du Père. 

La glorification de la Mère de Dieu dans la gloire de son Fils

 La participation personnelle de la Vierge ne s’est pas limitée à la Passion et à la mort du Christ; elle l’a suivi jusqu’au terme de la Pâque. Marie n’a pas été seulement la «Vierge des douleurs» chère à la piété catholique. 


[L’insistance catholique romaine sur les souffrances et la mort du Christ,
 au détriment de l’aspect lumineux de déification et de glorification
 de l'humanité et du cosmos dans la victoire du Christ sur la mort, 
s’est ainsi reportée dans la piété mariale.] 

Elle a aussi été la Mère de Dieu glorifiée dans la gloire de son Fils. La purification de la maternité dans la Vierge a été un baptême au sens exact du terme : engloutie dans la souffrance et la mort, cette maternité est ressuscitée dans la gloire du Christ pour accéder à un niveau spirituel beaucoup plus profond. 

La tradition liturgique orthodoxe rapporte, dans le célèbre hirmos de la neuvième ode du canon de Pâques, comment l’Archange Gabriel a renouvelé la plénitude de joie de l’Annonciation en annonçant à la Vierge la Résurrection de son Fils. À travers maintes allusions littéraires au dialogue de l’Annonciation rapporté par saint Luc ainsi qu’aux  textes de 1’Ancien Testament qui lui sont liés, on y retrouve la même expression «Réjouis-toi», mais accompagnée d’expressions encore plus éloquentes: «Resplendis» «Exulte et danse d’allégresse».

 De la même manière, la tradition iconographique et liturgique montre comment la Vierge a été gloriñée dans l’Ascension de son Fils. Cette chair qui siège à la droite du Père est issue de son propre sang, de sa matrice, elle est la chair de sa chair.



extrait d'une étude de l'Archimandrite Gabriel
parue dans la revue Paix n°80
et publiée avec permission de son auteur

(à suivre )


mercredi 24 décembre 2014

De la grotte de la Nativité à la grotte du Tombeau

LA DIVINE MATERNITÉ [4] 

Les signes de la mort

Pourtant les références à la mort sont présentes dans l'icône de la Nativité. On les trouve clairement révélées dans la grotte elle-même, la crèche en forme de tombeau et dans les langes de l’enfant en forme de bandelettes mortuaires. Sur le plan iconographique, le signe de mort le plus parlant est le noir employé pour peindre le fond de la grotte. Son emploi pur sur une grande surface est directement lié au signe de la mort, et ne se retrouve nulle part ailleurs en iconographie. Cet usage du noir se fait à chaque fois en liaison avec la grotte du Tombeau et avec l’Hadès, que ce soit dans l’icône de la Transfiguration, en référence à la Passion, l’icône de la crucifixion (la grotte sous la croix avec le crâne d’Adam) et enfin l’icône de la descente aux enfers.



Le noir de la grotte, la crèche en jorme de tombeau
et les bandelettes entourant le corps du Christ.  

Quel peut être le sens de ces signes? Celui qui naît n’est pas lié à la mort par sa nature, il n’est entaché par aucun péché, il est étranger au règne de la chute, et sa mère elle-même est restée pure dans cette Nativité. Si, quarante jours plus tard, la Mère de Dieu se soumet aux exigences de purification rituelle en allant offrir un sacrifice au Temple, ce n’est pas par nécessité spirituelle, mais pour répondre au dessein de Dieu de ce conformer aux exigences de la Loi et d’aller à la rencontre de son peuple. [D’où le nom de «Sainte Rencontre» donné à la fête liturgique qui commémore cet événement dans l’Église orthodoxe.] 
Pourquoi donc, répétons-le, ces signes de mort dans une icône où tout semble respirer la joie et l'allégresse? 

De la grotte de la Nativité à la grotte du Tombeau 


La joie de la Nativité ne doit pas faire oublier le dessein profond de Dieu. L’Incarnation à elle seule n’était pas suffisante pour instaurer le règne de Dieu. La Nouvelle Alliance ne pouvait s’accomplir sans le passage obligé par la Croix et le Tombeau. Le Christ est cet «agneau sans reproche et sans tache», «discerné avant la fondation du monde et manifesté dans les derniers temps» (I Pier. 1, 20). Combien de fois le Christ répétera-t-il à ses disciples après la Résurrection «ne fallait-il pas que le Fils de l’homme souffrît...»
La venue du Christ est tout entière orientée vers «l’heure» du sacrifice ultime récapitulant tous les sacrifices, vers cette descente volontaire de Dieu au plus profond du règne de la mort. Ces signes de la mort présents dans l’icône ne sont pas liés à la mortalité du Christ, puisque le Christ est incorruptible par nature, mais à la mission qu’il doit accomplir dans l'obéissance au Père. Car tout a été assumé par le Christ selon sa volonté, et non selon une nécessité de nature, ce qui rend la Passion d’autant plus douloureuse qu’elle ne correspond à aucune réalité naturelle en lui. 




Vers la maternité nouvelle 


Or la Mère de Dieu s’est trouvée unie à cette œuvre sacrificielle. Son rôle ne s’est pas arrêté à la Nativité, il est permis de considérer l’icône de la Nativité comme une récapitulation du cheminement de la Mère de Dieu jusqu’à sa Dormition, de la même manière qu’elle annonce déjà la mort et le tombeau du Christ. Cette majesté, cette position de la Mère de Dieu par rapport à son Fils et à la Grotte, au pied de la montagne, tout cela indique une place précise et claire de la Vierge Marie dans l’économie du salut et dans la réalité ecclésiale. 

La Mère de Dieu est totalement proche de son Fils, et sa posture fait qu’elle entoure littéralement les signes de mort marquant l’enfant nouveau-né. Placée en avant de la grotte, elle semble la recouvrir de sa gloire. Loin d’être étrangère à ces signes de mort, elle leur semble indissolublement liée, comme elle est unie à son Fils. La relation d’amour qu’elle entretient avec le fruit de son sein se continuera jusqu’aux tréfonds de la souffrance et de la mort, à la mesure qui sera donnée à une femme extraordinairement pure, exceptionnellement aimée de Dieu, de participer à ce mystère terrifiant 

Durant les noces de Cana, la Mère de Dieu ne demande rien de moins qu’un miracle à son Fils, c’est-à-dire, dans la perspective de saint Jean qui relate cet épisode, un signe le manifestant aux hommes comme envoyé par le Père. Le Christ lui fait alors cette réponse dure en apparence, et pourtant terriblement compréhensible: «Femme, qu’y a- t-il entre nous? Mon heure n’est pas encore venue !» Le Christ sait bien à quel point sa Mère est liée à son heure, cette heure qui n’est autre que celle de la glorification du Fils dans la Passion, puis dans la Résurrection et l’Ascension, cette heure où s’accompliront les noces véritables de la Nouvelle Alliance entre Dieu et l'humanité. 

dimanche 21 décembre 2014

La Mère de Dieu a récapitulé en elle, dans son consentement, l'humanité tout entière

LA DIVINE MATERNITÉ [3] 

La gloire de Marie

L'insistance de la tradition sur le rôle de génitrice de Dieu dévolu à la Vierge Marie ne doit pas être compris comme une réduction «machiste» du rôle de la femme. Nous avons vu que la Mère de Dieu a récapitulé en elle, dans son consentement, l'humanité tout entière. Cette attitude était en elle-même suffisante pour la glorifier au-dessus de tous les hommes créés. Son rôle ne s’est pourtant pas arrêté au moment précis de la Nativité. Le fait de donner naissance au Fils de Dieu dans la chair a été assumé et accompli jusque dans ses ultimes conséquences.


En effet, ce rôle dans l'Incarnation a établi la Vierge Marie dans une relation absolument unique vis-à-vis de son Créateur. En naissant d’elle, Dieu a choisi de nouer avec une femme un lien unique d’amour et d’intimité, prenant sa chair pour en faire sa propre chair, prenant son sang pour développer sa vie humaine, se nourrissant de son lait, et se réjouissant de son sourire maternel, portant vers elle tout l’amour d’un enfant pour sa mère! Or, à travers elle, à travers cet amour totalement pur et instinctif, c°est à toute l'humanité et à toute la création qu’il s’est uni. Le mouvement de tendresse et d'amour qui les unit tous deux est l’image et la récapitulation de l'amour entre Dieu et l’homme, entre Dieu et le monde. 

C’est donc l'humanité tout entière, rayonnante de gloire et de majesté, que la Mère de Dieu personnifie dans l’icône de la Nativité, en une attitude extraordinaire de hiératisme et de plénitude dans la maternité.
Pour mieux comprendre ce rôle immense dévolu à une femme dans l’économie du salut, il convient d’explorer la signification de la figure de la Mère dans la tradition juive, et de voir ensuite comment cette signification a été baptisée dans la Nouvelle Alliance.

La gloire maternelle

L'importance de la Mère dans l’Ancien Testament est très grande. Josy Eisenberg fait remarquer que la religion juive «a conservé simultanément la matrilinéarité et la patrilinéarité» (Josy Eisenberg , La Femme au temps de la Bible. Ed. de la Seine, Page 55) Ainsi, tout homme se définit par rapport à son père, en faisant suivre son nom de l'expression «fils de... » et du nom de son père. Les Juifs se nomment ainsi «Samuel ben Aaron», ou «Sarah bat Aaron».
En revanche, d’une part, n’est considéré comme juif que celui qui a une mèrejuive; d’autre part, on recourt au matronyme dans certaines prières particulièrement pathétiques et vitales: à Yom Kippour, dans une invocation solennelle où l’on prie pour le pardon et la vie, dans la prière prononcée devant la Torah pour une personne gravement malade. Ainsi, la mère juive demeure 1’ultime recours, l'intercesseur suprême, source de tout amour; parce qu’elle a donné la vie, elle est celle qui peut obtenir la préservation ou la prolongation (Josy Eisenberg, op. cit., ibid.)

La maternité revêt donc une importance spirituelle très grande dans la Bible. Elle représente la plénitude de la femme, mais aussi la plénitude de l’amour entre l’homme et la femme. Un passage de la Bible manifeste avec une force singulière la joie profonde dans la maternité : le rire de Sarah, la femme d’Abraham à qui Dieu accorde la joie d’enfanter Isaac après une longue vie de stérilité. Ce rire, peut-être unique dans toute la Bible, semble transparaître à travers la grande exultation de l’icône de la Nativité.

«Pêcheur ma mère m’a conçu !»




Cependant, cette vision royale de la maternité doit être tempérée. Depuis la chute et l'expulsion d’Adam et d’Ève hors du jardin d’Éden, la maternité est liée a la souffrance et à la mort. L’une des malédictions adressées par Dieu à Ève concerne l'enfantement dans la douleur. Elle est liée de la même manière à la malédiction de Dieu sur le sol. En fait, toute gestation, toute création, tout enfantement se trouvent entachés de mort, de finitude, et ne peuvent se dérouler sans une part de souffrance et de difficulté depuis la Chute.
Pour Josy Eisenberg, le lien entre la sexualité et la mort, entre Éros et Thanaros est étranger à l’âme juive. Cette idée proviendrait des grecs, et le moralisme, ou du moins le pessimisme de saint Paul sur ce sujet serait une influence de l’hellénisme.

Pourtant ce même auteur reconnaît que le rituel de purification de la mère et de présentation de l’enfant au temple quarante jours après la naissance est justement lié au règne de la mort engravant l’élan vital de la maternité et de la naissance de l’enfant. Ce rituel mosaïque, qui s’est transmis dans l’Église orthodoxe, vise à purifier la mère et l’enfant de la souillure liée à l’acte de l'enfantement. Tout être qui naît dans les conditions de ce monde déchu est voué à la mort. [Toute idée de souillure dans l’Ancien Testament doit se comprendre comme une présence de la mort et de la souffrance depuis la Chute. C’est pourquoi les rituels de purification ont aussi bien un sens médical et corporel, que spirituel, les deux aspects matériel et spirituel étant indissociables dans la Bible.] L’harmonie extraordinaire du corps qui naît et qui est appelée à s’embellir encore dans la croissance et l'épanouissement, est aussi appelée à se dégrader pour finir dans la corruption du tombeau. De même toute vie sur terre est exposée à la souffrance, mais aussi aux imperfections, aux actes contraires à Dieu et à l’amour, à cette réalité résumée sous le terme générique de «péché» dans la Bible. C’est pourquoi le Roi David s’écrit dans le Miserere, lc Psaume 50, où il clame son repentir et son espoir d’être pardonné et racheté par Dieu, «Vois : dans l'iniquité, j'ai été conçu et j'étais dans le péché quand ma mère m'a enfanté »

NB Ce qui précède permet de comprendre que cette iniquité ne soit pas liée à l'acte sexuel en lui-même, mais à la condition déchue de toute naissance humaine, l'injustice régnant sur le monde comme signe de la présence de la mort.


L’enfantement virginal du Christ 




Ce sens déchu de la maternité ne devrait pourtant pas s’appliquer à l’icône de la Nativité. En effet, la naissance du Sauveur s’est accomplie de manière miraculeuse, hors des lois de la nature, dans la virginité de Marie. La tradition la plus ancienne considère que la virginité de la Mère de Dieu n’a pas été atteinte par cette naissance, « la laissant vierge et pure avant comme après l'enfantement », comme le chante une hymne de l’office byzantin. Le mode de cette naissance, nous l’avons vu, a été totalement mystérieux. 
La maternité de la Vierge est d’autant plus royale, d’autant plus majestueuse que, justement, celui qui est né d’elle d’une manière aussi miraculeuse n’a pas été atteint par le péché. Ce n’est pas dans l’iniquité qu’il a été conçu, car il s’est fait semblable aux hommes en tout à l’exception du péché. Né incorruptible, le Christ échappe au règne de la mort, et sa naissance de la Vierge est le signe avant coureur de la réalité ultime du Royaume tel que nous la connaîtrons tous après la résurrection finale. Dans cette éternité de la terre nouvelle et des cieux nouveaux dont parle l’Apocalypse, il n’y aura plus d’enfantement dans la douleur, la création et la gestation de toute nouveauté ne seront plus entachées par la mort, car son règne sera anéanti. 

jeudi 4 décembre 2014

DE QUELLE ”PAIX SUR TERRE” EST-IL QUESTION DANS L’ HYMNE ANGÉLIQUE DE BETHLÉEM?


Peu de passages de la Sainte Écriture ont fait l’objet d’une interprétation aussi erronée que le verset 14 de l'Évangile selon saint Luc. Il s’agit de l’hymne entonné par les anges lors de cette nuit divine de la Nativité du Verbe Divin, notre Seigneur Jésus-Christ. Cette méprise de la part de nombreux orthodoxes n’est naturellement pas voulue ou faite à dessein (seuls les hérétiques déforment les textes volontairement), mais elle est due à 1’ignorance du sens intégral de la Sainte Écriture. En raison de cette ignorance, chaque année, le jour de Noël, nous entendons des prédications, ou nous lisons des écrits de nombreux dispensateurs de la parole évangélique de notre Église, tant prêtres que laïcs, qui se lamentent parce que  les guerres n’ont pas encore pris fin, les armes n’ont pas été supprimées, et la paix de l’hymne évangélique ne règne pas encore sur terre. Même les encycliques ecclésiastiques officielles formulent de telles positions, ainsi que des supplications à Dieu afin qu’Il permette le règne de cette paix de l'hymne angélique, «qui, depuis deux mille ans, reste loin de la réalité, simple espoir, simple rêve, et une attente anxieuse ». Ces infortunés ignorent que la paix de l'hymne angélique est déjà devenue réalité et prédomine sur terre depuis l’Incarnation du Seigneur. Nous concevons de manière mauvaise et erronée cette paix, en croyant qu’il s’agit d’une paix extérieure, d’un état d’amitié entre les hommes, entre un individu et un autre, entre un peuple et un autre peuple, tout ceci étant accompagné de la cessation des guerres et des combats. 

Une telle paix n’a jamais été annoncée dans l’Évangile : celle-ci est intérieure, elle est l’état de calme qui règne dans l’âme de l’homme croyant, de l’homme qui est en communion avec Dieu. Il s’agit de la paix entre 1’homme et Dieu, et non de l’homme avec un autre homme. C’est le renversement du  «mur de séparation », qui séparait la terre et le ciel, l’homme et Dieu. C’est la fin de la révolte, celle de la création contre le Créateur. C’est cette paix qu’apporte au monde le Fils de Dieu. Depuis lors, chaque croyant en Jésus-Christ Incarné, Crucifié et Ressuscité, a Dieu pour ami et se trouve en communion filiale avec Lui. Il n’est plus rebelle, révolté, ennemi de Dieu, il a été «réconcilié» avec Lui par le Médiateur éternel, le Seigneur Jésus-Christ. L’état de révolte et d’inimitié envers Dieu appartient entièrement au passé et ne constitue pour le fidèle qu’une simple mais amère réminiscence. Depuis la venue du Seigneur et par la force de Son sacrifice sur la Croix, l’homme est entré dans une nouvelle période, un nouvel état, celui de la Grâce, de la Réconciliation, de la Filiation. Les promesses de paix du saint Évangile se rapportent à cette paix et non à la paix du monde extérieur : «Je vous laisse la paix, dit le Seigneur aux Apôtres, C’est ma paix que Je vous donne  ». Et pour souligner que cette paix est une paix d’une autre sorte, Il ajoute : « Je ne vous la donne pas comme le monde la donne» (Jn 14,27). En outre, dans un autre passage, parlant de la paix extérieure, Il dit qu’Il ne l’apporte pas. Au contraire, Il prévoit que la foi en Lui sera cause de discordes entre les hommes. Les incroyants persécuteront les fidèles de Jésus et, ainsi, les guerres non seulement ne diminueront pas, mais augmenteront, en ce sens qu’à celles qui existent, s’ajoutera celle qui se dirigera contre la nouvelle foi. «Ne pensez pas, dit-Il, que je sois venu apporter 1a paix sur 1a terre ; Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Car Je suis venu opposer l’homme à son père, la fille à sa mère et la bru à sa belle-mère » (Mt 10,34-35). 

Avant d’avoir été conduit volontairement sur le Golgotha, afin de boire le calice d’une mort terrible, Il accorda la paix intérieure aux Apôtres, une paix qui ne sera pas troublée par des myriades d’épreuves et d’afflictions extérieures. Malgré celles-ci, cette paix existe, car, précisément, elle est intérieure : «Je vous ai dit ces choses, pour que vous ayez la paix en Moi. Dans le monde vous aurez à souffrir. Mais gardez courage ! J’ai vaincu le monde »  (Jn 16,33). Il accorda la paix aux Apôtres, tout en sachant quelles morts douloureuses les attendaient, tout en leur disant ouvertement qu’Il les envoyait «comme des brebis au milieu des loups»  (Mt 10,16). Était-il donc possible qu’Il leur accordât la paix extérieure ? Sûrement pas! 

Quant à saint Paul, il est le prédicateur et l’apôtre de cette paix intérieure, de cette paix envers Dieu: «Ayant donc reçu notre justification de la foi, nous sommes en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ », écrit-il aux Romains (5,1). S’adressant cette fois aux Éphésiens, il dit que le Seigneur Jésus-Christ est «notre paix », Celui qui est venu proclamer 1a paix... «par Lui nous avons en effet... libre accès au Père » (Éph. 2,14-18). 


En conclusion: la paix de l’hymne angélique est la paix de l’homme avec Dieu, il ne s’agit pas d’une paix extérieure. Cette paix a régné véritablement «sur terre», celle-ci a été réconciliée avec le ciel par l’humilité jusqu’à la Croix de notre Seigneur Jésus-Christ.

Il est inutile d’ajouter que l’homme qui est en paix avec Dieu, est en paix avec ceux de l’extérieur. Seul un tel homme peut dire: « Avec ceux qui haïssent la paix, j’étais pacifique » (Ps 119,16). Il aime et fait du bien même à ses ennemis. La paix intérieure est la condition préalable à la paix extérieure. Quant à la paix extérieure, elle n’est pas seulement inaccessible, mais inconcevable sans la paix intérieure. Telle est précisément la tragédie de notre époque : tandis qu’elle a déclaré la guerre à Dieu, elle recherche anxieusement la paix entre les hommes. Tandis qu’elle est totalement indifférente à la paix intérieure, elle recherche à cor et à cri la paix extérieure. Elle déraciné 1’arbre et attend les fruits; elle détruit la maison et recherche sa chaleur ; elle s’éloigne du soleil et veut la lumière. 

"Acquiers un esprit de paix, et des milliers autour de toi seront sauvés."

De tous temps, «l'objet du désir de tous les hommes» est « la paix »  (Est 3,l2a). Cependant, aucune époque n’a autant que la nôtre eu soif de la paix. Réussirait-elle donc là où toutes les autres époques ont lamentablement échoué ? En d’autres termes, réussirait-elle à construire la paix sans Dieu? Mettrait-elle fin aux terribles armes d’aujourd’hui? Ferait-elle des guerres des souvenirs historiques lointains? A l’aide de quoi? De la science? De la technologie? De l'humanisme? De la profondeur des 
siècles retentit l'avertissement clair, catégorique et saisissant, dont la vérité et la valeur sont, hélas, confirmées! Une amère expérience de presque trois millénaires qui se sont écoulés depuis: «Si vous voulez bien obéir, vous mangerez les produits de la terre. Mais si vous refusez et vous rebellez, vous serez dévorés par le glaive. Car la bouche du Seigneur a parlé.»    (Is 1,l9-20). Que ce glaive soit un glaive ordinaire ou un autre, d’une nouvelle conception, comme, par exemple, le produit de l’énergie
nucléaire, n’a que peu d’importance en soi...  

« Seigneur notre Dieu, donne-nous la paix, car Tu nous as rendu toutes choses. Seigneur notre Dieu, prends possession de nous...» (Is 26,l2-13).                                          
 P. Épiphane Théodoropoulos
                                                                                                                 Texte traduit par B. Le Caro 
in Le Messager Orthodoxe n°103. L'original est paru dans le périodique grec Koinonia en 1984.)

samedi 1 décembre 2012

Le 25 décembre est l'anniversaire de la naissance du Christ, tout simplement.


En 1995, le savant israélien Shemaryahu Talmon a publié une étude sur le calendrier liturgique découvert dans la grotte 4 de Qumrân (4Q321). Il y trouva incontestablement les dates du service au Temple que les prêtres assuraient, à tour de rôle, encore au temps  de la naissance de saint Jean le Précurseur et de Jésus. Selon ce document, copié sur parchemin entre les années 50 et 25 av. J.-C., donc contemporain d'Élisabeth et de Zacharie, la famille des Abiyya à laquelle ils appartenaient (Lc 1,5; cf. 1 C 24,10) voyait son tour revenir deux fois l'an, du 8 au 14 du troisième mois du calendrier essénien, et du 24 au 30 du huitième mois. Cette seconde période tombe vers la fin de notre mois de septembre, confirmant le bien-fondé de la tradition orthodoxe immémoriale qui fête la "Conception de Jean" le 23 septembre.
Or ce fut, comme l'écrit saint Luc, le «sixième mois» de la conception de Jean que l'ange Gabriel apparut à la Vierge Marie. À compter du 23 septembre, le «sixième mois» tombe très exactement le 25 mars, en la fête de l'Annonciation. Dès lors, Jésus est bien né le 25 décembre, neuf mois plus tard. Noël n'est donc pas «la consécration religieuse et cultuelle d'un évènement cosmique, le solstice d'hiver qui marque la régression de la nuit». Non ! le 25 décembre est l'anniversaire de la naissance du Christ, tout simplement.
(extrait du bulletin 139 du Hiéromoine Cassien)

Bethléem


jeudi 23 décembre 2010

Le Fils de Dieu devient fils de l’homme par St Grégoire Le Théologien


«Le Christ naît, rendez gloire ; 
le Christ vient des cieux, allez à sa rencontre ;
 le Christ est sur terre, élevez-vous. 
Chantez au Seigneur, toute la terre. 
Et pour dire les deux à la fois: 
Que se réjouissent les cieux et qu'exulte la terre
 à cause de celui qui est céleste et ensuite terrestre.
 Le Christ est dans la chair ; exultez avec tremblement et joie :
 tremblement à cause du péché; joie à cause de l’espérance.
 Le Christ naît d’une vierge ; femmes, pratiquez la virginité,
 si vous voulez être mères du Christ […].
 Que le peuple, assis dans les ténèbres de l’ignorance,
 voie une grande lumière, celle de la connaissance.
 Les choses anciennes ont passé,
 voici que toutes les choses sont devenues nouvelles.
 La lettre cède, l’esprit triomphe ;
 les ombres se dérobent hâtivement, 
la vérité fait son entrée dans leur suite ; 
c’est l’accomplissement de Melchisédech : 
celui qui est sans mère naît sans père,
sans mère en premier lieu, sans père en second lieu ; 
les lois de la nature sont suspendues […]. 
Que Jean crie : Préparez le chemin du Seigneur,
je crierai, moi, la puissance de ce jour: 
celui qui n’a pas de chair prend chair, le Verbe prend épaisseur,
celui qu'on ne peut voir est vu, 
celui qu'on ne peut toucher est palpable, 
celui qui est en dehors du temps a un commencement,

 le Fils de Dieu devient fils de l’homme»
St Grégoire Le Théologien 
La Théophanie ou la Nativité-Sermon 38