Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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mardi 5 décembre 2023

Toute Sainte Mère de Dieu, garde-nous sous ta protection !


Toute Sainte Souveraine, 

sous ta protection nous courons tous, 

nous tes serviteurs indignes,

nous te supplions !


Viens nous racheter dans tous les périls

 et sauve-nous à l’heure de notre mort, 

la mort soudaine et omniprésente.


Libère-nous des liens 

de la servitude de nos passions

Espoir et Protection des fidèles, 

Gracieuse écoute de  ceux qui te supplient


Ô notre douce Mère,
Lumière et Vie de notre âme,
Pur Amour !
Avec ton nom dans nos bouches 

rafraîchis nos lèvres et nos langues asséchées 

par les flammes de l’enfer que nous créons


Avec un baiser le plus doux,
reçois-nous et accueille-nous dans ton sein 

ô notre bonne et tendre Mère.


Ô douce manne, miel et nectar,

pour nos cœurs affaiblis


Enveloppe-nous 

de ton ineffable et divin parfum 

 et purifie nos sens souillés et aveuglés.

Élève et fortifie nos lourdes âmes attristées

 qui ne perçoivent plus que peu souvent,

dans le silence de leur souffle,

que le Seigneur a daigné faire sa demeure

 en nous, ses faibles adorateurs…

de toute éternité


dimanche 28 août 2022

La vénération par les fidèles de Notre Toute Sainte Souveraine, la Mère de Dieu


Le degré de respect, d'honneur et d'amour manifesté envers la Mère de Dieu par les fidèles n'est supérieur qu'à celui manifesté à Dieu. Le respect pour la Mère de Dieu remonte aux Ier et IIe siècles et a été décrété par l'Écriture elle-même qui la mentionne par son nom et la désigne comme "pleine de grâce, particulièrement bénie entre les femmes et celle qui a trouvé grâce devant Dieu". '.


Et, dans un esprit prophétique, la Mère de Dieu elle-même a prédit cette renommée en disant : « Voici, désormais toutes les générations me diront bienheureuse » ( Lc 1, 48). Et en effet, elle est appelée bienheureuse depuis. C'est Elisabeth qui l'appela la première bienheureuse lorsque, remplie du Saint-Esprit, elle s'exclama : « Tu es bénie entre les femmes, et béni est l'enfant que tu enfanteras ! Mais pourquoi suis-je si favorisée, que la mère de mon Seigneur vienne à moi ?… Bienheureuse celle qui a cru que le Seigneur lui accomplirait ses promesses » (ibid, 42-45). Et si les femmes d'aujourd'hui voyaient la Vierge tenant l'Enfant, elles la qualifieraient aussi de bienheureuse. Saint Luc l'Évangéliste mentionne aussi la voix qui s'est élevée d'une foule, appelant la Mère de Dieu bienheureuse d'avoir allaité le Seigneur (idem 11, 27).

Nous apprenons de l'archéologie chrétienne que les icônes de la Mère de Dieu étaient peintes et vénérées dès les 1er et 2ème siècles. Et, bien sûr, il ne pouvait guère en être autrement, puisque l'Évangile lui-même nous exhorte à honorer la Mère de Dieu et qu'elle-même a dit que toutes les générations la qualifieraient de bienheureuse.

Ainsi, la Mère de Dieu a été honorée et bénie par toutes les générations - depuis l'Annonciation jusqu'à aujourd'hui - et elle continuera d'être appelée bienheureuse jusqu'à ce que les temps soient accomplis. Ceux qui n'offrent pas l'honneur et les bénédictions à la Mère de Dieu contreviennent aux commandements explicites de l'Évangile, parce que tout l'Évangile est loi, et mettre de côté le moindre "petit mot" - le moindre détail - est un abandon de la loi.

Au 3ème siècle , la vénération pour la Mère de Dieu avait considérablement augmenté. L'hymnographie chrétienne loue la Vierge et Mère de Dieu en tant que Reine du Ciel et Maîtresse des Anges. Il semble que, à cette époque, il y avait des pays où de nombreux chrétiens vivaient aux côtés de nombreux païens et que certains hérétiques ont transféré la vénération appropriée de la Vierge dans le culte. Ils lui accordèrent le même honneur qu'à Dieu, à l'imitation des déesses féminines vénérées par les idolâtres. Ces personnes étaient appelées «biscuitiers» parce qu'elles offraient une sorte de confiserie cuite au four en sacrifice un jour particulier et la mangeaient ensuite. (Épiphane, Contre les hérésies 78 et 79).

En même temps apparaît un groupe totalement opposé aux « biscuitiers », qu'on appelle les « ennemis de Marie », et ceux-ci sont incapables de supporter les louanges à la Mère du Seigneur. Ils étaient si impies qu'ils ont osé dire qu'après la naissance du Sauveur, la Vierge eut des relations avec un autre homme et enfanta d'autres enfants*. Cette position hérétique est suivie à ce jour par ceux qui soutiennent qu'elle n'a jamais été vierge et ne devrait pas être appelée la Mère de Dieu.

Ces hérésies ont été condamnées par l'Église et une déclaration claire et définitive de sa position a été formulée, selon laquelle nous devrions honorer la jeune fille toujours vierge comme la Mère de Dieu, mais ne pas l'adorer comme nous le faisons pour Dieu (Cyril).

Les hérésies des 'biscuitiers' et des 'ennemis de Marie' apparues au 3ème siècle montrent une déviation de la vraie foi de l'Eglise Universelle, qui se situe entre ces deux positions diamétralement opposées.

Au chapitre 23, par. 4, de Contre les hérésies 78, Épiphane dit : « Et, concernant la même question de la sainte toujours vierge, d'autres l'ont appelée Dieu et continuent de le faire, évidemment parce qu'ils sont fous ou ont subi des lésions cérébrales. Car ils disent que certaines femmes thraces là-bas en Arabie ont introduit cette absurdité, et qu'elles cuisent un pain au nom de la Vierge éternelle, se rassemblent, tentent un excès et entreprennent un acte interdit et blasphématoire au nom de la sainte Vierge, et offrir des sacrifices en son nom avec des officiantes ». Dans le chapitre 1 de Contre les hérésies 79, dit-il : "Celui-ci, encore une fois, a également été amené en Arabie de Thrace et de la haute Scythie… Car certaines femmes décorent une chaise de barbier ou un siège carré, étendent une nappe dessus, étalent du pain et l'offrent au nom de Marie sur un certain jour de l'année, et tous prennent part au pain ».

Au IVe siècle aussi, la vénération et le respect de la Mère de Dieu s'expriment par des œuvres magnifiques, comme la construction d'églises majestueuses dédiées au nom de Notre-Dame.

Pour tous les fidèles, la Mère de Dieu a été, est et continuera d'être notre protectrice désarmée, notre rapide défense et notre aide. C'est elle dont le nom a toujours été invoqué dans les temps de dangers et de douleurs ; elle qui a été notre capitaine invincible dans les guerres. Son pouvoir indomptable a mis en déroute nos ennemis, et l'audace de sa mère envers son Fils et Dieu a apporté la miséricorde divine aux fidèles.

La vénération des fidèles envers la Mère de Dieu depuis l'époque de la condamnation de l'hérésie nestorienne s'est exprimée dans tout l'État romain [c'est-à-dire «byzantin»] par de merveilleuses fêtes et fêtes spirituelles. Des églises toujours plus magnifiques et étonnantes ont été construites au nom de la Mère de Dieu et elles sont devenues célèbres pour leur beauté.

Cette vénération des fidèles envers la Mère de Dieu et la Toujours Vierge Marie, qui s'est rapidement imposée dans leur cœur, a commencé une fois que la Vierge Marie a été reconnue comme la Mère de Dieu. Elle est restée inchangée au cours des siècles et continuera de rester inchangée dans le cœur des fidèles dans les temps à venir.


*Le métropolite Kallistos Ware ( αιώνια μνήμη!) souligne que cela aurait été absurde même du point de vue de la psychologie purement humaine. Son Éminence a quitté cette vie il y a quelques heures (24/8/2022). Triste journée pour nous, mais joyeuse pour lui. Qu'il repose en paix avec les saints et jouisse d'un « bon paradis ».

La vénération par les fidèles de Notre Toute Sainte Souveraine, la Mère de Dieu


Le degré de respect, d'honneur et d'amour manifesté envers la Mère de Dieu par les fidèles n'est supérieur qu'à celui manifesté à Dieu. Le respect pour la Mère de Dieu remonte aux Ier et IIe siècles et a été décrété par l'Écriture elle-même qui la mentionne par son nom et la désigne comme "pleine de grâce, particulièrement bénie entre les femmes et celle qui a trouvé grâce devant Dieu". '.


Et, dans un esprit prophétique, la Mère de Dieu elle-même a prédit cette renommée en disant : « Voici, désormais toutes les générations me diront bienheureuse » ( Lc 1, 48). Et en effet, elle est appelée bienheureuse depuis. C'est Elisabeth qui l'appela la première bienheureuse lorsque, remplie du Saint-Esprit, elle s'exclama : « Tu es bénie entre les femmes, et béni est l'enfant que tu enfanteras ! Mais pourquoi suis-je si favorisée, que la mère de mon Seigneur vienne à moi ?… Bienheureuse celle qui a cru que le Seigneur lui accomplirait ses promesses » (ibid, 42-45). Et si les femmes d'aujourd'hui voyaient la Vierge tenant l'Enfant, elles la qualifieraient aussi de bienheureuse. Saint Luc l'Évangéliste mentionne aussi la voix qui s'est élevée d'une foule, appelant la Mère de Dieu bienheureuse d'avoir allaité le Seigneur (idem 11, 27).

Nous apprenons de l'archéologie chrétienne que les icônes de la Mère de Dieu étaient peintes et vénérées dès les 1er et 2ème siècles. Et, bien sûr, il ne pouvait guère en être autrement, puisque l'Évangile lui-même nous exhorte à honorer la Mère de Dieu et qu'elle-même a dit que toutes les générations la qualifieraient de bienheureuse.

Ainsi, la Mère de Dieu a été honorée et bénie par toutes les générations - depuis l'Annonciation jusqu'à aujourd'hui - et elle continuera d'être appelée bienheureuse jusqu'à ce que les temps soient accomplis. Ceux qui n'offrent pas l'honneur et les bénédictions à la Mère de Dieu contreviennent aux commandements explicites de l'Évangile, parce que tout l'Évangile est loi, et mettre de côté le moindre "petit mot" - le moindre détail - est un abandon de la loi.

Au 3ème siècle , la vénération pour la Mère de Dieu avait considérablement augmenté. L'hymnographie chrétienne loue la Vierge et Mère de Dieu en tant que Reine du Ciel et Maîtresse des Anges. Il semble que, à cette époque, il y avait des pays où de nombreux chrétiens vivaient aux côtés de nombreux païens et que certains hérétiques ont transféré la vénération appropriée de la Vierge dans le culte. Ils lui accordèrent le même honneur qu'à Dieu, à l'imitation des déesses féminines vénérées par les idolâtres. Ces personnes étaient appelées «biscuitiers» parce qu'elles offraient une sorte de confiserie cuite au four en sacrifice un jour particulier et la mangeaient ensuite. (Épiphane, Contre les hérésies 78 et 79).

En même temps apparaît un groupe totalement opposé aux « biscuitiers », qu'on appelle les « ennemis de Marie », et ceux-ci sont incapables de supporter les louanges à la Mère du Seigneur. Ils étaient si impies qu'ils ont osé dire qu'après la naissance du Sauveur, la Vierge eut des relations avec un autre homme et enfanta d'autres enfants*. Cette position hérétique est suivie à ce jour par ceux qui soutiennent qu'elle n'a jamais été vierge et ne devrait pas être appelée la Mère de Dieu.

Ces hérésies ont été condamnées par l'Église et une déclaration claire et définitive de sa position a été formulée, selon laquelle nous devrions honorer la jeune fille toujours vierge comme la Mère de Dieu, mais ne pas l'adorer comme nous le faisons pour Dieu (Cyril).

Les hérésies des 'biscuitiers' et des 'ennemis de Marie' apparues au 3ème siècle montrent une déviation de la vraie foi de l'Eglise Universelle, qui se situe entre ces deux positions diamétralement opposées.

Au chapitre 23, par. 4, de Contre les hérésies 78, Épiphane dit : « Et, concernant la même question de la sainte toujours vierge, d'autres l'ont appelée Dieu et continuent de le faire, évidemment parce qu'ils sont fous ou ont subi des lésions cérébrales. Car ils disent que certaines femmes thraces là-bas en Arabie ont introduit cette absurdité, et qu'elles cuisent un pain au nom de la Vierge éternelle, se rassemblent, tentent un excès et entreprennent un acte interdit et blasphématoire au nom de la sainte Vierge, et offrir des sacrifices en son nom avec des officiantes ». Dans le chapitre 1 de Contre les hérésies 79, dit-il : "Celui-ci, encore une fois, a également été amené en Arabie de Thrace et de la haute Scythie… Car certaines femmes décorent une chaise de barbier ou un siège carré, étendent une nappe dessus, étalent du pain et l'offrent au nom de Marie sur un certain jour de l'année, et tous prennent part au pain ».

Au IVe siècle aussi, la vénération et le respect de la Mère de Dieu s'expriment par des œuvres magnifiques, comme la construction d'églises majestueuses dédiées au nom de Notre-Dame.

Pour tous les fidèles, la Mère de Dieu a été, est et continuera d'être notre protectrice désarmée, notre rapide défense et notre aide. C'est elle dont le nom a toujours été invoqué dans les temps de dangers et de douleurs ; elle qui a été notre capitaine invincible dans les guerres. Son pouvoir indomptable a mis en déroute nos ennemis, et l'audace de sa mère envers son Fils et Dieu a apporté la miséricorde divine aux fidèles.

La vénération des fidèles envers la Mère de Dieu depuis l'époque de la condamnation de l'hérésie nestorienne s'est exprimée dans tout l'État romain [c'est-à-dire «byzantin»] par de merveilleuses fêtes et fêtes spirituelles. Des églises toujours plus magnifiques et étonnantes ont été construites au nom de la Mère de Dieu et elles sont devenues célèbres pour leur beauté.

Cette vénération des fidèles envers la Mère de Dieu et la Toujours Vierge Marie, qui s'est rapidement imposée dans leur cœur, a commencé une fois que la Vierge Marie a été reconnue comme la Mère de Dieu. Elle est restée inchangée au cours des siècles et continuera de rester inchangée dans le cœur des fidèles dans les temps à venir.


*Le métropolite Kallistos Ware ( αιώνια μνήμη!) souligne que cela aurait été absurde même du point de vue de la psychologie purement humaine. Son Éminence a quitté cette vie il y a quelques heures (24/8/2022). Triste journée pour nous, mais joyeuse pour lui. Qu'il repose en paix avec les saints et jouisse d'un « bon paradis ».

lundi 14 août 2017

de NOTRE TOUTE SAINTE SOUVERAINE


 sur le Blog LA LORGNETTE DE TSARGRAD




Que la Mère de Dieu ait été sans péché personnel, c’est une chose que les orthodoxes confessent. Par contre, ils ne la disent pas préservée du péché originel, mais victorieuse du péché. La place unique de Marie ne tient pas à une exemption miraculeuse, mais à sa victoire hors du commun. Le pélagien annule, au nom de la liberté individuelle, la solidarité des hommes dans la nature héritée d’Adam. L’augustinien annule, au nom de cette solidarité naturelle, la liberté de décision personnelle. L’Ortho- doxie maintient les deux principes : et solidarité et liberté. Dès lors, la Mère de Dieu n’est plus sauvée du péché commun par un deus ex machina, le dogme spécial de l’Immaculée Conception. Alors que le péché avait proliféré, et que la solidarité de tous les hommes dans la nature déchue d’Adam rendait la victoire presqu’impossible, la liberté de chacun subsistait, et les potentialités de la nature humaine étaient restées intactes. C’est en faisant, de ces potentialités, un usage agréable à Dieu, que la Mère de Dieu a triomphé du péché. Voici comment Nicolas Cabasilas, récapitulant ce que les Pères ont dit, explique l’inexplicable miracle : « Il faut bien admettre que le pouvoir de lutter contre le péché a été déposé dans la nature humaine... Mais personne n’a mis en œuvre le pouvoir de lutter contre le péché... et la maladie inaugurée par le premier des hommes et partagée par tous régna sur tous... Mais la Vierge très-pure, sans avoir le Ciel pour cité – car elle ne provenait pas des corps célestes mais de la terre, de la manière qui nous est commune à tous en cette race déchue oublieuse de sa propre nature – seule parmi les hommes a tenu, du début jusqu’à la fin, contre toute méchanceté. Seule elle a rendu à Dieu intacte la beauté qu’Il nous avait donnée, seule elle a usé de toute la puissance et de toutes les armes qu’Il nous avait remises... D’où la Vierge tint-elle donc sa victoire?... Dieu ne l’avait pas préparée particulièrement pour cette sagesse, pas plus qu’en lui offrant autant qu’aux autres il ne l’avait jugée digne d’une assistance plus grande ; c’est seulement en usant d’elle-même et des moyens communs donnés à tous pour la vertu qu’elle a remporté cette victoire inouïe et au-dessus de la nature »
 in Le nouveau catéchisme contre la foi des Pères

mardi 22 décembre 2015

le Seigneur est descendu d’une manière que Lui seul connaît... par St Ephrem Le Syrien





Contemplez Marie, mes bien-aimés, voyez comment Gabriel est entré chez elle et son objection :
« Comment cela va-t-il se faire ? » Le serviteur de l’Esprit Saint lui a fait cette réponse : « Cela est facile à Dieu ; pour Lui tout est simple. » Considérez comment elle a cru à la parole entendue et a dit : « Voici la servante du Seigneur. »
Dès lors le Seigneur est descendu d’une manière que Lui seul connaît ; Il s’est mis en mouvement et est venu comme Il lui plaisait ; Il est entré en elle sans qu’elle le sente, et elle L’a accueilli sans éprouver aucune souffrance. Elle portait en elle, comme un enfant, Celui dont le monde était rempli. Il est descendu pour être le modèle qui renouvellerait l’antique image d’Adam. C’est pourquoi, lorsqu’on t’annonce la naissance de Dieu, observe le silence.
Que la parole de Gabriel te soit présente à l’esprit, car il n’y a rien d’impossible à cette glorieuse Majesté qui s’est abaissée pour nous et qui est née de notre humanité. En ce jour, Marie est devenue pour nous le ciel qui porte Dieu, car la Divinité sublime est descendue et a établi en elle sa demeure. En elle, Dieu s’est fait petit — mais sans amoindrir sa nature — pour nous faire grandir. En elle, Il nous a tissé un habit avec lequel Il nous sauverait. En elle se sont accomplies toutes les paroles des prophètes et des justes. D’elle s’est levée la lumière qui a chassé les ténèbres du paganisme.
Nombreux sont les titres de Marie…: elle est le palais dans lequel a habité le puissant Roi des rois, mais Il ne l’a pas quittée comme Il tait venu, car c’est d’elle qu’ Il a pris chair et qu’ Il est né. Elle est le ciel nouveau dans lequel a habité le Roi des rois ; en elle s’est levé le Christ et d’elle Il est monté pour éclairer la création, formé et façonné à son image. Elle est le cep de vigne qui a porté la grappe ; elle a donné un fruit supérieur à la nature ; et Lui, bien que différent d’elle par sa nature, a revêtu sa couleur quand Il est né d’elle. Elle est la source de laquelle ont jailli les eaux vives pour les assoiffés, et ceux qui s’y désaltèrent portent des fruits au centuple.
(in Homélies sur la Mère de Dieu, 2, 93-145 ; CSCO 363 et 364, 52-53 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 481 rev.)

samedi 3 janvier 2015

LA DIVINE MATERNITÉ [6] : La création déifiée dans l'Incarnation

La création déifiée dans l'Incarnation : la montagne sainte

La session du Christ dans son Corps à la droite du Père a donc déifié virtuellement toute la création. Or ce mystère doit être considéré comme le but et l'aboutissement de l’lncarnation. Il est donc normal de retrouver cet aspect de déification du monde dans l'icône de la Nativité. Or cette déification n’est pas révélée dans le corps de l’enfant nouveau-né, comme dans l’icône de la Transfiguration où la lumière jaillit du corps du Christ, mais dans la montagne qui entoure les ténèbres de la grotte. [Le bœuf et l’âne, représentés dans la grotte selon une tradition apocryphe, peuvent aussi révéler l'inclusion du règne animal dans ce processus de déification du monde. Les animaux se sont révélés capables de sentir la sainteté d’un homme et d’abandonner face à un saint leur aspect sauvage et dangereux pour entretenir des rapports d’amitié, comme en témoignent le lion de saint Gérasime du Jourdain ou l’ours de saint Séraphin de Sarov. Eux aussi sont concernés par le devenir spirituel de la création.]

L'harmonie de la montagne autour de la Mère de Dieu
La manière de représenter les montagnes dans l'iconographie est très particulière. Tout en n’étant pas réaliste par les proportions ou par la forme, elle suggère pourtant pleinement l’aspect à la fois brut et dynamique de la roche telle qu’on la trouve dans le désert ou en haute montagne. C’est là que la création se révèle dans son aspect le plus sauvage: terrifiante, écrasante et bouleversante de beauté. [Cette manière de représenter les montagnes et le désert en iconographie est, de toute évidence, liée à l'expérience du désert beaucoup plus qu’à celle de la haute montagne.]  Ce qui frappe avant tout, tant dans l'icône de la Nativité que dans celle de la Transfiguration, c’est l'impression de poussée vers le haut suggérée par cette figuration de la montagne. [L’idée de poussée vers le haut est tout-à-fait réaliste sur le plan géologique.] La montagne est liée à l'élévation spirituelle, non dans le sens où le ciel spirituel se trouverait à une certaine altitude par rapport au sol, mais dans un rapport mystérieux avec la révélation de Dieu, dans cette sorte de géographie sacrée établie par le Seigneur. 

La roche du Sinaï et du Mont Thabor ont participé à la révélation de la gloire de Dieu, et la figuration qu’en fait l'iconographie suggère pleinement leur embrasement au contact de la lumière divine. Cette manière d’éclaircir les parties saillantes du rocher, sans ombre portée, suggère l’idée d’une exposition à un rayonnement très puissant mais diffus, rayonnement qui imprègne tellement la matière qu’il semblerait se continuer de manière rémanente. Moïse dut ainsi se couvrir la face en redescendant du Sinaï, tant elle était encore imprégnée de la lumière de Dieu, de même la montagne resplendit de cette même lumière dans l’icône. Une autre roche, celle du Tombeau du Christ, a été le lieu d’un état limite de la création qui ne se reproduira plus avant le Dernier Jour: la Résurrection du corps du Christ. Celle-ci a embrasé la matière pour en marquer le saint Suaire selon un mode qui ne peut être ni connu ni, a fortiori, représenté, et c’est cette même lumière de la Résurrection qui rayonne de la montagne entourant la grotte. La tension vers le haut de la montagne en iconographie exprime le mystère de toute la création. Lorsque saint Paul parle dans son épître aux Romains de l'aspiration de la création tout entière à la révélation des fils de Dieu, de ses gémissements dans son travail d’enfantement, il ne fait pas de la poésie. Il décrit une réalité profonde vécue par de nombreux saints, dont saint Nectaire d’Égine : le chant de la création, sa manière de louer Dieu, mais aussi la soif de plénitude qu’elle éprouve dans l’attente de Dieu. L’amour divin est au coeur de la création comme une fournaise qui la pousse vers Dieu. C’est cette attente mais aussi la réponse à cette attente dans la déification du monde, qu’exprime notre icône.
extrait d'une étude de l'Archimandrite Gabriel
parue dans la revue Paix n°80
et publiée avec permission de son auteur

(à suivre )

mercredi 31 décembre 2014

LA DIVINE MATERNITÉ [6] : le mystère de l'Église, la mère de l'Église

Le mystère de l’Église




Pour comprendre le mystère de l'Incarnation dans sa portée la plus grande, il faut s’arrêter ici un court instant sur ce qui en a marqué l’aboutissement: l’Ascension et le mystère que représente la session du Christ à la droite du Père. Cette idée de «droite du Père» est mystérieuse. Elle indique que le Christ, le Dieu fait homme, partage dans toute la plénitude de ses deux natures, donc aussi bien en tant que Fils de Dieu qu’en tant qu’homme «né de la femme», la gloire, la majesté et la puissance du Père et de l’Esprit. Il faut insister sur l’aspect total et profondément concret de cette exaltation de la nature humaine du Christ, de sa déification. C’est un corps humain véritable, avec toutes ses composantes, qui siège à la droite du Père, avec tout ce que cela implique, même si, ressuscité, ce corps n’appartient plus à notre condition d’hommes déchus. Ce point implique que la création tout entière a été virtuellement divinisée en Christ, récapitulée en lui, et qu’elle partage par ce corps la plénitude de la gloire de Dieu. La conséquence directe de ce fait inouï se retrouve dans le mystère de l'Eucharistie. Celui-ci n’a été rendu possible que par l'événement à la fois historique et éternel de l’Ascension du Christ. La multiplication dans la puissance de 1’Esprit Saint du saint Corps et du précieux Sang dans le pain et le vin consacrés, sur chaque autel, à chaque liturgie, à travers le temps et l'espace, n’a été rendue possible que par cet état totalement mystérieux de la session du Christ à la droite du Père.

Ce mystère n’est autre que le mystère de l’Église. L’unité organique de 1’Église en tant que Corps du Christ dans la plénitude de 1’Esprit Saint est liée à cette universalisation dans la gloire de la chair assumée par le Fils de Dieu dans l’lncarnation. Car, en siégeant à la droite du Père, ce corps mortel ressuscité a dépassé complètement les limitations du temps et de 1’espace. Sa présence ne s’est plus réduite à un point précis du monde, elle s’est étendue à travers tout le cosmos, dans l’universalité et la catholicité de l’Eglise. De la même manière la maternité de la Mère de Dieu s’est trouvée universalisée dans le mystère de l’Église, du fait de cette relation étroite avec son Fils, investissant toute sa personne jusqu’à sa glorification. [Cette gloire n’a été effective dans la personne de la Mère de Dieu qu’à partir de la Pentecôte. De même que l’Église n’a existé en tant que Corps du Christ qu’à partir de la descente personnelle de l’Esprit Saint sur le groupe des disciples, la déification de la Vierge dans la gloire de son Fils ne s’est accomplie en plénitude qu’avec la descente de l’Esprit Saint sur sa personne.]

La Mère de l’Église




Saint Jean raconte comment le Christ, sur la Croix, a donné pour fils à sa mère le «disciple qu’il aimait», afin de le remplacer (Jn 19 ; 26-27).«Dès cette heure-là, le disciple la prit chez lui». La Tradition a donné à cet épisode un sens général, le disciple bien-aimé personnalisant l'ensemble de ceux qui croiraient au Christ comme sauveur du monde, c'est-à-dire l’Église. Cette maternité nouvelle de la Vierge Marie a été la réponse à son renoncement à son rôle de mère. Elle est liée au mystère de l'eucharistie, dans la compréhension de l’Église comme Corps du Christ, issu de son sein. En communiant au Corps et au Sang du Christ, ce Christ que nous avons «revêtu» après avoir été baptisés en Lui, ce Christ dont nous devenons cohéritiers par adoption, nous pénétrons dans le mystère de l’amour entre le Fils de Dieu et sa Mère. L’assemblée des croyants, c’est-à-dire l’Église, trouve en elle une Mère en qui toute maternité est portée à sa plénitude, purifiée de toute passion utérine. Dans la plénitude de sa sainteté, la Mère de Dieu est devenue le signe mystérieux de la tendresse divine, la rahamim des Hébreux. Cette idée hébraïque de tendresse utérine pouvait ne pas être exempte de passion malsaine dans la condition humaine du fait de l’équivoque issue de la chute. La tendresse maternelle, si importante pour les Juifs, peut être étouffante jusqu’au morbide, nous l’avons vu. Or, après la Croix et la Résurrection puis l’Ascension, la maternité nouvelle à laquelle la Mère de Dieu a été appelée dans l’Église est totalement lumineuse, totalement libératrice pour l’homme. Elle n’appartient pas à ce monde-ci, elle est un mystère du Royaume à venir. 


L’icône de la Nativité récapitule le mystère de l'Incamation dans sa totalité, jusqu’à l’Ascension, non au niveau des événements, mais dans leur conséquence ultime: la gloire de l'humanité et la déification du monde. L’attitude majestueuse de la Vierge, dans cette icône, ne concerne donc pas seulement le fait historique et miraculeux de la naissance virginale de l’homme Jésus. Elle récapitule tout le mystère de cette maternité nouvelle et mystérieuse à laquelle il lui sera donné d’accéder en suivant son Christ dans la Pâque de la Nouvelle Alliance.
extrait d'une étude de l'Archimandrite Gabriel
parue dans la revue Paix n°80
et publiée avec permission de son auteur

(à suivre )

samedi 27 décembre 2014

LA DIVINE MATERNITÉ [5] : Croix et glorification de la Mère de Dieu

La croix de la Mère de Dieu

Lorsque, à celle qui s’écrie «Heureuses les entrailles qui t’ont porté et le sein qui t’a allaité» le Christ répond «Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et l'observent» il s’oppose sciemment à une conception de la maternité trop réductrice. 

La prépondérance de la mère dans l’âme juive n’est pas exempte de certains abus, ainsi que le soulignent beaucoup d’humoristes juifs. L’amour maternel peut être abusif, tellement envahissant qu’il peut engendrer de graves inhibitions s’il en arrive à étouffer l’âme en refusant de considérer l’enfant autrement qu’en nourrisson dépendant de sa mère. En annonçant cela, le Christ ne dénigre pas sa Mère, il l’appelle à quelque chose d'infiniment supérieur : suivre son fils, recevoir son enseignement, l'accompagner par compassion jusqu’au pied de la Croix

Cela impliquait de la part de la Mère de Dieu un renoncement total à elle-même, à son rôle de mère, à sa position par rapport à son Fils. Mais comme toujours dans la vie spirituelle, ce renoncement débouche sur une réalité supérieure

Il arrive souvent qu’une mère ressente au plus profond de son sein les souffrances de ses enfants. Il a été donné à la Mère de Dieu de vivre la passion comme un glaive lui transperçant le cœur, ainsi que l’avait annoncé le vieillard Syméon dans le Temple, le jour de la Sainte Rencontre, car la vie humaine qui a été offerte, l’esprit humain qui a été remis entre les mains du Père, le sang qui a été versé, toute cette réalité immense est issue directement de son sein. C’est un peu de son sang qui a coulé après le coup de lance, c’est une part de sa vie qui a été offerte au Père et reçue par lui dans l’effusion de l’Esprit. 



Or cela n’a pas été subi dans la révolte par la Mère de Dieu. Si cette révolte avait eu lieu, si elle avait écouté la voix de ses entrailles de mère en refusant la Croix, son rôle de mère se serait réduit à sa seule dimension biologique, car son esprit aurait été exclu du mystère s’accomplissant. On peut considérer que c’est là, au pied de la croix, que se situe le point véritablement crucial de toute l’attitude de la Mère de Dieu vis-à-vis de son Fils. C’est dans sa réaction à l’horreur de la Croix que s’est décidé le devenir ultime de la Vierge Marie, son passage d’une maternité biologique à une maternité divine. En choisissant de communier librement à la soumission de son Fils, à son adhésion au dessein du Père, Marie a pu participer directement à la Pâque du Christ, au plus profond de sa foi et de son amour pour Dieu, même si cette foi était crucifiante au-delà de toute expression. C’est dans un renoncement libre qu’elle a vécu la mort du fruit de son sein ; c’est pourquoi elle a pu l'accompagner aussi loin dans son œuvre. 

Au pied de la Croix la maternité de toutes les femmes a été baptisée, totalement purifiée de tout aspect morbide. 

Tout cela a été annoncé dans le Temple. À ce moment, le vieillard Syméon, en recevant l’enfant, lui annonce une purification autrement plus profonde que celle prévue par la Loi et dont elle n’avait nul besoin. Toute maternité sera purifiée en elle par ce glaive qui lui déchirera spirituellement le coeur, au Golgotha, le  «lieu du crâne», le tombeau d’Adam. [Une tradition locale raconte que la tombe d’Adam se serait trouvée à l’endroit exacte du Golgotha, le «lieu du crâne». Le crâne représenté sous la croix dans l’icône de la crucifixion serait donc celui d’Adam. Douteuse sur le plan historique ou scientifique, on ne peut dénier à cette tradition un sens théologique particulièrement profond.]  La malédiction d’Ève n’a pas été abolie seulement par la naissance virginale du Christ. C’est au pied de la Croix qu’elle a été totalement effacée, de la même manière que celle d’Adam a été anéantie dans l'obéissance du Nouvel Adam au dessein du Père. 

La glorification de la Mère de Dieu dans la gloire de son Fils

 La participation personnelle de la Vierge ne s’est pas limitée à la Passion et à la mort du Christ; elle l’a suivi jusqu’au terme de la Pâque. Marie n’a pas été seulement la «Vierge des douleurs» chère à la piété catholique. 


[L’insistance catholique romaine sur les souffrances et la mort du Christ,
 au détriment de l’aspect lumineux de déification et de glorification
 de l'humanité et du cosmos dans la victoire du Christ sur la mort, 
s’est ainsi reportée dans la piété mariale.] 

Elle a aussi été la Mère de Dieu glorifiée dans la gloire de son Fils. La purification de la maternité dans la Vierge a été un baptême au sens exact du terme : engloutie dans la souffrance et la mort, cette maternité est ressuscitée dans la gloire du Christ pour accéder à un niveau spirituel beaucoup plus profond. 

La tradition liturgique orthodoxe rapporte, dans le célèbre hirmos de la neuvième ode du canon de Pâques, comment l’Archange Gabriel a renouvelé la plénitude de joie de l’Annonciation en annonçant à la Vierge la Résurrection de son Fils. À travers maintes allusions littéraires au dialogue de l’Annonciation rapporté par saint Luc ainsi qu’aux  textes de 1’Ancien Testament qui lui sont liés, on y retrouve la même expression «Réjouis-toi», mais accompagnée d’expressions encore plus éloquentes: «Resplendis» «Exulte et danse d’allégresse».

 De la même manière, la tradition iconographique et liturgique montre comment la Vierge a été gloriñée dans l’Ascension de son Fils. Cette chair qui siège à la droite du Père est issue de son propre sang, de sa matrice, elle est la chair de sa chair.



extrait d'une étude de l'Archimandrite Gabriel
parue dans la revue Paix n°80
et publiée avec permission de son auteur

(à suivre )


mercredi 24 décembre 2014

De la grotte de la Nativité à la grotte du Tombeau

LA DIVINE MATERNITÉ [4] 

Les signes de la mort

Pourtant les références à la mort sont présentes dans l'icône de la Nativité. On les trouve clairement révélées dans la grotte elle-même, la crèche en forme de tombeau et dans les langes de l’enfant en forme de bandelettes mortuaires. Sur le plan iconographique, le signe de mort le plus parlant est le noir employé pour peindre le fond de la grotte. Son emploi pur sur une grande surface est directement lié au signe de la mort, et ne se retrouve nulle part ailleurs en iconographie. Cet usage du noir se fait à chaque fois en liaison avec la grotte du Tombeau et avec l’Hadès, que ce soit dans l’icône de la Transfiguration, en référence à la Passion, l’icône de la crucifixion (la grotte sous la croix avec le crâne d’Adam) et enfin l’icône de la descente aux enfers.



Le noir de la grotte, la crèche en jorme de tombeau
et les bandelettes entourant le corps du Christ.  

Quel peut être le sens de ces signes? Celui qui naît n’est pas lié à la mort par sa nature, il n’est entaché par aucun péché, il est étranger au règne de la chute, et sa mère elle-même est restée pure dans cette Nativité. Si, quarante jours plus tard, la Mère de Dieu se soumet aux exigences de purification rituelle en allant offrir un sacrifice au Temple, ce n’est pas par nécessité spirituelle, mais pour répondre au dessein de Dieu de ce conformer aux exigences de la Loi et d’aller à la rencontre de son peuple. [D’où le nom de «Sainte Rencontre» donné à la fête liturgique qui commémore cet événement dans l’Église orthodoxe.] 
Pourquoi donc, répétons-le, ces signes de mort dans une icône où tout semble respirer la joie et l'allégresse? 

De la grotte de la Nativité à la grotte du Tombeau 


La joie de la Nativité ne doit pas faire oublier le dessein profond de Dieu. L’Incarnation à elle seule n’était pas suffisante pour instaurer le règne de Dieu. La Nouvelle Alliance ne pouvait s’accomplir sans le passage obligé par la Croix et le Tombeau. Le Christ est cet «agneau sans reproche et sans tache», «discerné avant la fondation du monde et manifesté dans les derniers temps» (I Pier. 1, 20). Combien de fois le Christ répétera-t-il à ses disciples après la Résurrection «ne fallait-il pas que le Fils de l’homme souffrît...»
La venue du Christ est tout entière orientée vers «l’heure» du sacrifice ultime récapitulant tous les sacrifices, vers cette descente volontaire de Dieu au plus profond du règne de la mort. Ces signes de la mort présents dans l’icône ne sont pas liés à la mortalité du Christ, puisque le Christ est incorruptible par nature, mais à la mission qu’il doit accomplir dans l'obéissance au Père. Car tout a été assumé par le Christ selon sa volonté, et non selon une nécessité de nature, ce qui rend la Passion d’autant plus douloureuse qu’elle ne correspond à aucune réalité naturelle en lui. 




Vers la maternité nouvelle 


Or la Mère de Dieu s’est trouvée unie à cette œuvre sacrificielle. Son rôle ne s’est pas arrêté à la Nativité, il est permis de considérer l’icône de la Nativité comme une récapitulation du cheminement de la Mère de Dieu jusqu’à sa Dormition, de la même manière qu’elle annonce déjà la mort et le tombeau du Christ. Cette majesté, cette position de la Mère de Dieu par rapport à son Fils et à la Grotte, au pied de la montagne, tout cela indique une place précise et claire de la Vierge Marie dans l’économie du salut et dans la réalité ecclésiale. 

La Mère de Dieu est totalement proche de son Fils, et sa posture fait qu’elle entoure littéralement les signes de mort marquant l’enfant nouveau-né. Placée en avant de la grotte, elle semble la recouvrir de sa gloire. Loin d’être étrangère à ces signes de mort, elle leur semble indissolublement liée, comme elle est unie à son Fils. La relation d’amour qu’elle entretient avec le fruit de son sein se continuera jusqu’aux tréfonds de la souffrance et de la mort, à la mesure qui sera donnée à une femme extraordinairement pure, exceptionnellement aimée de Dieu, de participer à ce mystère terrifiant 

Durant les noces de Cana, la Mère de Dieu ne demande rien de moins qu’un miracle à son Fils, c’est-à-dire, dans la perspective de saint Jean qui relate cet épisode, un signe le manifestant aux hommes comme envoyé par le Père. Le Christ lui fait alors cette réponse dure en apparence, et pourtant terriblement compréhensible: «Femme, qu’y a- t-il entre nous? Mon heure n’est pas encore venue !» Le Christ sait bien à quel point sa Mère est liée à son heure, cette heure qui n’est autre que celle de la glorification du Fils dans la Passion, puis dans la Résurrection et l’Ascension, cette heure où s’accompliront les noces véritables de la Nouvelle Alliance entre Dieu et l'humanité. 

mercredi 17 décembre 2014

LA TOUTE SAINTE DÉIPARE, GÉNITRICE DE DIEU

LA DIVINE MATERNITÉ [2] 



La génitrice de Dieu

La tradition orthodoxe n’a pas cru nécessaire d’édicter aucun dogme à propos de la Mère de Dieu. La seule affirmation dogmatique la concernant fut celle du concile d’Éphèse répondant aux Nestoriens, et ce dogme ne la touche qu'indirectement. Du fait de la réalité de l'Incarnation du Christ, de l’unité de Dieu devenant pleinement homme en prenant chair de la Vierge, celle-ci doit être considérée comme «génitrice de Dieu», en grec Theotokos [en latin Deipara, en français Déipare]. C’est par cette expression qu’elle est le plus souvent nommée dans l’Église orthodoxe. Le sens premier de sa figuration au sein de l’icône de la Nativité est directement lié au dogme du concile d’Ephèse. La présence de la Mère de Dieu prouve la réalité de l'Incarnation de Dieu. Celui qui naît de son sein à cette heure précise n’est pas un homme normal qui serait «adopté» par Dieu par la suite, au baptême du Jourdain, ainsi que l'enseignaient les Nestoriens. Celui qui naît d’elle est réellement Dieu. Dès les premiers instants de son existence terrestre, c'est-à-dire dès le développement du fœtus, l’homme qui se crée dans le sein de la Vierge, qui sera assumé par Joseph en lui imposant le nom de Jésus, est parfaitement homme et parfaitement Dieu. 

La glorification de la Mère de Dieu est donc directement liée dans la Tradition orthodoxe au rôle prépondérant qu’elle a joué dans ce mystère de l’Incarnation. 

Il est donc naturel que la figure de la Mère de Dieu tienne une telle place dans l’icône de la Nativité, puisque c’est dans cet événement qu’elle a joué le plus grand rôle. La Nativité constitue le sommet de sa coopération à l’œuvre divine et représente pour elle une certaine glorification, comme l’est toute naissance pour une femme. Or cette glorification est pleinement personnelle. 

En effet, la Mère de Dieu a été beaucoup plus qu’un simple facteur biologique dans l'Incarnation du Sauveur. En acceptant de recevoir en elle le Fils de Dieu, de lui offrir une forme humaine issue de sa chair et de son sang, elle n’a pas été un simple instrument dans la main de Dieu mais une personne libre et agissant en pleine conscience. 

Celle qui représente l'humanité 


Rappelons-nous que, lors de l’Annonciation, la Vierge Marie s’est trouvée confrontée à un choix terrible, engageant le devenir de toute l’humanité et de toute la création. Car elle a été totalement libre d’accepter ou de refuser le désir de Dieu d’accomplir le salut du monde et sa déification dans l’Incarnation. C’est bel et bien volontairement qu’elle est devenue la Mère de Dieu. Rien ne lui a été imposé par Dieu. En s’abaissant jusqu’à devenir un homme, Dieu a condescendu à demander le consentement de l’humanité, exprimé par la plus humble de ses messagères, la plus insignifiante aux yeux des hommes, mais aussi la plus pure et la plus sainte. 

L’Évangéliste saint Luc qui a relaté cet événement de l’Annonciation, a mis en parallèle par le jeu de la construction littéraire le doute de Zacharie, le père de saint Jean-Baptiste, et l'acceptation dans la foi de Marie. La tradition est allée beaucoup plus loin encore en comparant le dialogue entre Marie et l’Archange avec le dialogue entre Ève et le serpent au Paradis. Ève acceptant la suggestion du Tentateur désobéit à Dieu et entraîna Adam et toute l’humanité dans la Chute. Marie reçoit l’annonce de l’Ange, obéit à Dieu et apporte ainsi au monde l’accomplissement du Salut voulu et offert par Dieu, accepté par l’humanité en la personne de la Vierge.

extrait d'une étude de l'Archimandrite Gabriel
parue dans la revue Paix n°80
et publiée avec permission de son auteur

(à suivre )

mardi 16 décembre 2014

LA DIVINE MATERNITÉ [1]

La figuration de la Mère de Dieu dans l'icône de la Nativité



La fête de la Nativité est tout entière liée à l'événement de l'Incarnation du Christ. Son sens est d’abord historique: elle relate dans un langage qui lui est propre l'événement unique et sans précédent de la naissance du Sauveur. Mais derrière l'aspect historique, l’icône révèle le sens théologique et spirituel de cet événement. En ce sens, l’icône n’est pas une photo de reportage. Sa signification va bien au-delà de l’illustration. Comme l’Écriture ou l’hymnographie, son but est d’introduire dans le mystère de la foi célébré par 1’Église. 

Le moment historique de la naissance de Jésus inaugure une ère nouvelle sans équivalent dans l’histoire de toute la création : Dieu se rend présent au sein du monde, de manière personnelle, en s’incarnant. Il s’avance au-delà de la transcendance de sa nature divine pour s’abaisser en assumant notre nature, en se faisant homme comme nous, se rendant semblable à nous en tout sauf le péché. «Le verbe s'est fait chair et Il a habité parmi nous.» ainsi que l’écrit saint Jean dans le Prologue de son évangile. [Jn 1,14 Le terme grec utilisé par saint Jean signifie littéralement: «Il a dressé sa tente parmi nous», allusion manifeste, de l’avis de la plupart des commentateurs, à la Tente du Témoignage servant de Temple à Israël pendant les quarante ans passés dans le désert avant d’entrer dans la Terre promise.]

Or, curieusement, si l’on regarde l’icône de la Nativité, on se rend compte que la figure du Christ est minuscule. Cela tient tout d’abord à une évidence pratique : un nouveau-né occupe un espace très restreint. Mais, dans le même temps, le sens théologique en découle directement. Cette petitesse, correspond à l'abaissement de Dieu dans l'Incarnation. Au moment de sa naissance, ce qui frappe, c’est justement la faiblesse dont Dieu se revêt, sa vulnérabilité, son insignifiance. L’icône de la Nativité n’est pas une représentation de la gloire du Christ, comme la Transfiguration ou la Résurrection, mais de son abaissement, de son humiliation. 

La périphérie de l'icône

Dans le même temps où elle révèle la réalité de l'Incarnation et l'humilité du Dieu fait chair, l’icône va exposer tout ce qui tourne autour de cette naissance: la venue des mages, le doute de Joseph, 
l’annonce des anges aux bergers, le lavement de l’enfant, événements historiques pour la plupart relatés dans les évangiles de l'enfance. C'est l’aspect narratif de l’icône. Ces événements ont leur importance propre, et sont représentés à leur juste valeur. On notera cependant que leur 
position dans l'ensemble de la composition est périphérique. Le sens de cette composition est très clair. Elle signifie que, par rapport au mystère de l'Incarnation, ils sont sinon au second plan (l’absence de perspective dans l’icône empêche justement de parler de second ou de premier plan) du moins autour du mystère. Ils sont périphériques dans la mesure où ils montrent les incidences de cet événement à la fois historique et miraculeux sur le monde ambiant. 

La disposition de ces scènes au sein de l’icône, loin d'être gratuite, a une signification théologique très claire.


La partie supérieure de l'icône :
les anges contemplant le mystère
les mages chevauchant vers Bethléem ( à gauche)
l'annonce aux bergers (à droite)


Au niveau supérieur correspond le contact avec le ciel, dest-à-dire avec le monde des anges : l’annonce des anges aux bergers, l'étoile guidant les mages et venant se placer «au-dessus de l’endroit ou se trouvait l'enfant», et les mages eux-mêmes. Ces signes miraculeux manifestent, à ceux qui sont aptes à recevoir cette annonce, l'événement miraculeux de la naissance du Sauveur. Cette partie supérieure de l’icône caractérise la foi en la divinité de l’enfant qui vient de naître.

Le doute de saint Joseph (cf Mt 1,18-25)
 
Marie se trouvant enceinte avant qu’ils eussent mené une vie commune,
 Joseph est 
tenté de la répudier, ne connaissant pas l'origine divine de cette conception.

Au niveau inférieur, les deux scènes sont terrestres: le doute de Joseph, avec le Diable venant le tenter (représenté sous les traits d’un vieux berger) et le lavement du nouveau-né par les femmes. Cette 
dernière scène n’appartient pas à l’Èvangile. Elle est décrite dans le Protévangile de Jacques, un apocryphe utilisé dans la tradition liturgique. Elle souligne la réalité humaine de l'Incarnation. C’est un enfant comme les autres qui est lavé par les sages-femmes. Le Protévangile de Jacques raconte que celles-ci, appelées par Joseph, arrivèrent après la naissance du Christ. La naissance proprement dite est restée totalement mystérieuse; personne n’y a assisté. Elles se contentèrent donc de laver l'enfant nouveau-né. 

Les sagesfemmes lavant l'enfant nouveau-né


Le centre de l’icône

La signification profonde de l’icône de la Nativité est révélée par son centre. C’est là que le commentaire théologique de l'Incarnation par la tradition iconographique se révèle avec le plus de profondeur.
Ce centre est constitué par le Christ nouveau-né, la Mère de Dieu et les éléments qui leur sont associés, la montagne, la grotte, la crèche, le bœuf et l’âne. Tous ces éléments s’harmonisent pour fomier une sorte d’écrin où vient se placer la figure de l’enfant nouveau-né.

Schéma de construction de l'icône de la Nativité de l'école de Roublev.
 Le centre de l'auréole du Christ est positionné de manière 
très précise,
 tandis que la figure de la mère de Dieu vient s'insérer 
dans les arcs de cercle de construction. D'après Egon Sendler.

Cependant, 1a Mère de Dieu tient dans cette composition une place immense. On serait presque tenté de dire «une place centrale» ce qui n’est pas exact si 1’on regarde la construction de 1’icône. En effet, le centre de construction de l’icône est occupé par l'auréole du Christ nouveau-né. C’est bel et bien le Christ qui forme le centre théologique de l'icône. mais a Mère de Dieu en est la figure la plus voyante, la plus éclatante de majesté? L'icône manifeste ainsi la place unique qu'elle a tenue en tant que femme dans l'économie du salut.


Nativité de St André Roubliov - cathédrale de l'Annonciation de Moscou

extrait d'une étude de l'Archimandrite Gabriel
parue dans la revue Paix n°80
et publiée avec permission de son auteur

(à suivre )