Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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vendredi 17 mai 2013

La Bible et la Science par P. André Borrély [3-2] et le Verbe s'est fait juif...

Par exemple, si vous faites du corps une guenille, un appendice encombrant, si la matière en général vous paraît mauvaise, éternelle, si la sexualité n'est bonne, à vos yeux, qu'à transmettre de père en fils le péché originel conçu comme une maladie sexuellement transmissible et inéluctablement mortelle, si vous croyez en la réincarnation (1), vous manifestez à l'endroit de l’humanité un pessimisme incompatible avec l'optimisme divin qui a jugé notre humanité, si pècheresse qu'elle soit, divinisable et donc digne d'accueillir son Fils. C'est tout le sens du baptême. Le proverbe latin disait: Nascuntur poetae, οratοres fiunt (2). On ne nait pas chrétien, on le devient par le baptême et par la conversion qu'il présuppose. 

Me reprochera-t-on de forcer le sens du texte du Credo si j'entends σαρκωθέντα εκ Πνεύματος άγιου και Μαρίας της Παρθένου - incarnatus est de Spiritu sancto ex Maria Virgine - dans le sens suivant: le Christ n'a pas pris chair seulement d'une manière biologique, dans le sein une femme fécondé miraculeusement par le saint Esprit, mais il a pris chair tout aussi bien en se faisant juif, c’est-à-dire en assumant l'humanité sous la forme de la langue araméenne, de la religion israélite, à tel moment de l'histoire de ce peuple. Et cette chair humaine-là, que la Bible n'oppose pas à l'esprit, a été pénétrée, pétrie, épousée par le saint Esprit.

Chercher dans la Bible une vérité d'ordre scientifique alors que la vérité de la sainte Écriture est tout entière dans la révélation que le Dieu tri-unique fait aux hommes de son merveilleux dessein de les faire entrer dans la génération éternelle de son Fils par le don divinisant de son très saint Esprit, c'est tourner le dos à l'attitude sapientielle hors de laquelle la Bible nous apparaît au mieux au niveau d'Ηοmère et des grands Tragiques grecs (Eschyle, Euripide, Sophocle) et au pire affligée d'une incapacité à la pensée abstraite qui la rend infiniment inférieure à l'oeuvre de Kant ou de Hegel, pour ne rien dire de cet artisan du bois venu de Galilée et qui, à Gethsémani puis sur le Golgotha ne fit pas le poids si on le compare à l'impassible et goguenard buveur de ciguë. [à suivre]
 Père André Borrély

(1) La réincarnation, le retour dans la chair, est la croyance selon laquelle un certain principe immatériel et individuel « âme », «substance vitale », « conscience individuelle » plutôt que personnelle, énergie, esprit accomplit des passages de vies successives dans différents corps (humains, animaux ou végétaux, selon les théories), ce qui suppose une conception négative et pessimiste de la matière et du corps, le retour dans la chair étant compris comme une punition purificatrice et rédemptrice. Selon cette croyance, à la mort du corps physique, l'âme quitte ce dernier pour habiter, après une nouvelle naissance, un autre corps.

(2) C'est une maxime attribuée à Cicéron et qui signifie: on nait poète, mais on devient orateur. Je dirai donc volontiers, on naît homme mais on devient chrétien.

mercredi 23 décembre 2009

DIEU PROPOSA et LA FEMME DISPOSA....L'icône de la Nativité

Il n'est pas inutile de rappeler les bons textes voici donc une un peu longue mais bien instructive interprétation de l' l'icône de la Nativité issue de "La Voie Orthodoxe"

"L'icône de la Nativité
Une icône étant par définition une "théologie visuelle", l'icône de la Nativité, plus que toute autre peut-être, permet de voir de façon manifeste, non seulement les approches théologiques différentes entre l'Orthodoxie et les confessions occidentales, mais encore que, sous l'apparence d'un dogme réputé commun à tous les chrétiens, nous sommes en réalité en présence d'enseignements distincts, pouvant même être opposés.
Si l'on observe une représentation occidentale traditionnelle, c'est-à-dire telle que nous les connaissons depuis le milieu du XVI° siècle, Noël c'est la fête intime de la Sainte Famille. Côté humain du mystère. Conséquence de la révolution humaniste opérée par la Renaissance, c'est l'homme-Dieu, plus que le Dieu-homme, qui est représenté, à supposer même que Dieu perce sous l'image de l'homme. Aspect sentimental et non dogmatique de l'événement. Représentation exempte de tout enseignement doctrinal, il ne s'agit que d'une touchante et attendrissante scène de famille dans laquelle chacun est appelé à se reconnaître.
L'Orthodoxie, en revanche, par son attachement farouche à la tradition dogmatique, filtre très sévèrement toute émotivité. Et pourtant cette icône semble fourmiller de détails à première vue inutiles. En fait, tous ont une signification ou une fonction historique ou dogmatique : directement tirés soit des Ecritures, soit de la Tradition orale, ils sont là pour donner une explication aussi large que possible de la fête, et dévoiler au maximum tous les aspects du mystère. L'icône suit en réalité très fidèlement le texte liturgique.
Au centre, sur fond de montagne, nous voyons la grotte avec le Sauveur dans la crèche. Penchés sur la crèche le bœuf et l'âne. Près du Christ, mais à l'extérieur de la grotte, est couchée la Mère de Dieu. En haut, au-dessus de la grotte et de l'Enfant, jaillit une source de lumière porteuse de l'étoile qui donne naissance à trois rayons. En haut à gauche, trois cavaliers, les rois mages. Au centre à gauche, trois anges admirent et glorifient le Dieu-homme. En haut à droite, d'autres anges, généralement au nombre de trois également, deux regardant vers le haut, un vers le bas. Au centre à droite, deux personnes regardent l'étoile, les bergers, auxquels s'adresse l'ange. Enfin, en bas de l'icône, à gauche, est assis Joseph, pensif, et devant lui se tient un homme bizarre, voûté, habillé en berger. En bas à droite, deux femmes baignent un enfant.
Cette foule de détails et de scènes n'est en fait rien d'autre que la représentation en images du kondakion de la fête, auquel ont été ajoutées les deux scènes du bas, à gauche et à droite :

La Vierge en ce jour met au monde l'Eternel et la Terre offre une grotte à l'Inaccessible,
les anges et les pasteurs Le louent et les mages guidés par l'étoile avancent,
 car Tu es né pour nous, petit Enfant, Dieu Eternel.


Deux aspects s'interpénètrent dans l'icône :
  1. le fait même, indubitable, de l'Incarnation.
  2. la finalité de cet acte, la restitution de l'humanité déchue.




Ainsi que le dit Saint Grégoire le Théologien, Noël n'est pas la fête de la création, mais de la re-création qui offre à chaque créature un nouveau sens à sa vie. C'est pourquoi, ainsi qu'en témoigne l'icône, chaque créature loue le Seigneur et participe à l'événement. Cette multitude de détails veut, en fait, représenter toutes les créatures terrestres et célestes (on dirait de nos jours "toutes les catégories sociales"!), ainsi que le dit un texte des vigiles (4° stichère du lucernaire) : Que T'offrirons-nous, Christ, à Toi qui es né pour nous sur la terre comme un homme ? Chacune de Tes créatures Te rend grâce : les anges T'apportent l'hymne; les cieux l'étoile; les mages leurs présents; les bergers leur admiration; la terre la grotte; le désert la crèche et nous une Mère - Vierge.

Nous souvenant que c'est sur les icônes que dans la Russie ancienne on transmettait ce qu'aujourd'hui on appelle le catéchisme, voyons l'enseignement doctrinal délivré par cette icône : le centre, tant sur le plan de la composition que de la signification, est l'Enfant emmailloté de langes (préfiguration des bandelettes qui recouvraient le corps mort du Christ et que les femmes-myrrophores trouvèrent dans le tombeau vide après la résurrection), couché dans une crèche (autel et eucharistie) sur le fond du trou béant, noir de la grotte. Cette grotte, les évangiles n'en parlent pas, mais nous la connaissons d'après la Tradition. L'écrit le plus ancien la mentionnant date du milieu du II° siècle. Saint Justin le Philosophe, dialoguant avec Triphone et citant l'évangile selon Matthieu, ajoute : Et comme Joseph n’avait pas de place pour s'arrêter dans ce village, il s'installa dans une grotte située non loin de Bethléem.
Le triangle noir symbolise notre monde anéanti par le péché des hommes et dans lequel a resplendi le Soleil de Justice. Ce trou noir symbolisant le monde, le péché, l'enfer est une constante de l'iconographie. Dieu est Lumière et Source de Lumière (voir l'icône de la Transfiguration). Je suis la Lumière du monde... Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la Lumière de la Vie /Jn VIIL12/. C'est cette même lumière qui se reflète sur les sujets aptes à le recevoir, cette lumière les pénètre et émane d'eux, ce que symbolise le nimbe entourant la tête des saints. Pareils à des batteries, ils emmagasinent la lumière, puis la restituent : ne dit-on pas des saints qu'ils "rayonnent"?
Mais ce monde qui refuse Dieu, la Vérité, ce monde qui gît dans le mal, la lumière lui est tout simplement refusée par l'iconographie. Les ténèbres ne sont pas un fait "positif", mais "négatif. Elles sont l'a- lumière ("a" privatif, c'est-à-dire "absence de lumière"). L'enfer n'est pas la haine de Dieu, mais l'absence de Son Amour. Et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont pas reçue /Jn 1,5/. Un "trou noir" analogue est représenté sur l'icône de la Résurrection. Nous avons cité plus haut les langes qui préfigurent les bandelettes. L'icône n'est pas un cliché de l'événement, elle voit plus loin, dans la perspective de la foi. La Rédemption est un tout inauguré par l'Incarnation : Tu es descendu, Seigneur, sur Terre pour sauver Adam et ne l'y trouvant pas, ô Maître, Tu es allé le chercher jusqu’ 'en enfer /matines du Samedi de la Passion/.
La Nativité est le premier stade, la première étape de la kénose, de l'abaissement, de l'amoindrissement volontaire du Christ. Le Maître prend la forme de l'esclave. L'Illimité, volontairement Se circonscrit, Se limite. Le Créateur prend forme de créature. Cette première étape se poursuivra, culminera par le point d'orgue de cette chute dans l'abîme : la mort en croix, puis la descente aux enfers qui symbolisera la Résurrection et se terminera par l'Ascension. C'est cette chute, immédiatement suivie du relèvement, que symbolisent les prosternations qui accompagnent la prière du fidèle orthodoxe : en se baissant on meurt avec le Christ et l'on renaît avec Lui en se relevant. L'homme tombé du Paradis n'était plus sur terre comme il l'imaginait. La terre en soi n'existe pas, c'est un stade intermédiaire, temporaire. L'homme était déjà de fait, et en puissance, en enfer. Enfer ou Paradis : pas de situation intermédiaire. Ainsi, le "trou noir" symbolise tantôt le monde, tantôt l'enfer ce qui, dans la perspective de la foi, est la même chose. L'Incarnation - c'est Dieu qui se fait homme afin que l'homme puisse devenir Dieu. C'est-à-dire qu'il puisse participer à la gloire de Dieu. Mais l'Incarnation n'est pas seulement "ce qui permet" à celui qui est limité de faire éclater ses limites et d'appréhender ainsi l'Illimité, mais c'est autant, et surtout, la manifestation du Dieu aimant, du Dieu d'Amour, la manifestation de la philanthropie divine.
La crèche dans laquelle est né le Christ a existé jusqu'au IV° siècle. Elle était en argile. Saint Jérôme, au début du V°s. regrette de ne plus pouvoir voir la crèche dans laquelle le Christ a été couché : "Par respect pour le Christ, nous l'avons remplacée par une crèche en argent. Mais ô combien plus précieuse était pour moi celle en argile, d'autant que Celui qui est né dedans condamnait l'or et l'argent".
L'âne et le bœuf. L'évangile ne les mentionne pas et pourtant ils ont toujours et de partout été indissolublement liés à la Nativité. Là encore, c'est la Tradition qui nous les situe dans cette place centrale, fondamentale. La raison pratique de leur présence s'explique ainsi : c'est à dos d'âne que voyageait la Mère de Dieu et le bœuf avait été amené par Joseph pour être vendu afin de couvrir les frais. Mais la raison dogmatique de leur présence s'explique par la réalisation de la prophétie d'Isaïe (1,3) : Le bœuf connaît son maître et l'âne l'étable de son seigneur, mais Israël ne me connaît pas et mon peuple ne comprend rien. Dieu est venu parmi les hommes et il ne s'est pas trouvé de place pour Lui.
La position de la Mère de Dieu se détache sur l'ensemble de la composition. Elle est le don de l'humanité à son Créateur. Cette dimension, très grande en proportion, correspond à la place occupée par la Vierge dans l'Église. L'absence de proportion est voulue : le personnage essentiel est magnifié au détriment des autres. L'Incarnation n'a pas été seulement le fait de la volonté divine, mais aussi celui de l'acceptation libre et volontaire de l'homme. En effet, sans le consentement libre et conscient de la Vierge, l'Incarnation n'était pas réalisable. Cette constatation nous amène à mieux comprendre le sens de la liberté chrétienne. Dieu, Christ, l'Église ne peuvent contraindre à Les aimer. Dieu prend de la Vierge, la chair qu'elle veut bien Lui donner. Cette maternité, dont elle est rendue digne par son exploit personnel, par l'ascèse de sa vie, elle l'assume de son plein gré, librement, et c'est en cela que son acte est grand. Le mystère de l'Incarnation n'est pas le fait quasiment mécanique de la seule volonté divine, que permettrait l'immaculée conception de la Vierge, notion totalement étrangère à l'Orthodoxie. Son acte est la réponse de la fidélité humaine à la promesse de fidélité divine. C'est le Fiat que l'humanité toute entière dit par sa bouche. Nous avons là toute la conception chrétienne du salut qui ne peut être obtenu sans ou contre la volonté de l'individu et, en filigrane, nous voyons la condamnation de la doctrine latine (XII°-XII° s.) des sacrements qui transmettraient la grâce ex opere ope- rato, par une sorte de mécanisation de la grâce, car l'efficacité d'un sacrement est tributaire de la "rencontre" entre ce qui est donné et ce que l'on donne, conformément à ce que nous enseignent les Écritures dans la parabole du Semeur : un même grain, selon le sol sur lequel il tombe, donnera tantôt une pousse vive, tantôt se desséchera /Marc IV,3-9, Luc VIII,5-9/. L'eucharistie agit pour le salut de l'âme, mais aussi pour le jugement et la condamnation de celui qui la reçoit sans foi et piété, ainsi que nous le confessons dans la prière de saint Jean Chrysostome lue juste avant la communion.
La Vierge est la nouvelle Eve et de même qu'Eve était la mère de tous les vivants, Marie est la mère de toute la re-création. C'est cet exploit personnel, au nom de l'humanité, que l'icône montre dans cette présentation majestueuse de la Mère de Dieu. Par son exploit, par sa vie personnelle, elle a réussi à rester pure dans ce monde pécheur qui est le nôtre, c'est en cela qu'elle est un guide pour l'humanité.
La Mère de Dieu est le don suprême de l'humanité à Dieu. Mais elle fait pleinement partie de l'humanité, c'est pourquoi Elle est - sur l'icône - en dehors de la grotte, avec le reste de la création.
La Vierge est drapée de rouge. Symboliquement, cette couleur représente ici le sacrifice et la résurrection. Son regard, son attitude sont une méditation. Ce n'est pas tant le joyeux événement qui l'habite, mais les ultimes conséquences qu'elle pressent.
Les anges remplissent leur double ministère. En haut, à droite, deux anges sont tournés vers le haut, vers Dieu : c'est la louange, la glorification, la doxologie incessante. Un ange se penche vers le bas, vers les bergers : c'est l'intercession auprès de l'humanité, c'est l'ange annonciateur, l'ange gardien. Il annonce la bonne nouvelle aux bergers qui semblent l'écouter à la fois effrayés, recueillis et admiratifs. Leurs regards sont dirigés vers la source de lumière, vers l'étoile.
Ces bergers sont des gens simples, au cœur pur, c'est pourquoi l'ange leur parle directement, sans intermédiaire. Ils ont cette simplicité de l'enfant qui leur permet de percevoir l'incompréhensible : Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Il en va tout autrement de ces hommes de science que sont les rois-mages. Cette connaissance du miracle ne peut leur être donnée directement comme aux bergers incultes, mais purs de cœur et d'esprit. En tant qu'hommes de science il leur faut un long cheminement intellectuel - symbolisé ici par le long voyage qu'ils effectuent à cheval guidés par l'étoile - pour aboutir à la connaissance absolue du sujet étudié. Deux modes de connaissance. Deux attitudes face à la révélation. Deux chemins menant au même but, mais par des voies différentes.
Dans ces deux types d'hommes - les bergers et les mages - l'Église voit les premiers éléments de la communauté ecclésiale. Les bergers sont les prémices de l'Église de la circoncision (les juifs) et les mages, de l'Église des gentils, des nations (les non-juifs). Référence aux tous premiers temps de la propagation de la foi et de l'implantation des Églises à partir de ce point central, originel, qu'est l'Église de Jérusalem d'où sont partis les apôtres dispenser la bonne nouvelle à travers le monde. L'adoration des mages souligne la place qui revient aux non-juifs, et dans une perspective plus lointaine, la place revenant aux convertis, et la légitimité de leur ministère au sein de l'Église. Contrairement à ceux qui "naissent dans l'Église", les convertis, suivant en cela les mages, y parviennent après un long cheminement personnel. Nous voyons ici la représentation iconographique de la doc- trine à laquelle l'Église est parvenue après un débat qui fut historiquement long et houleux : les chrétiens sont, en dehors de toute connotation ethnique ou raciale, le "Nouvel Israël" et sont les héritiers des promesses faites à la race élue. Les mages témoignent également du caractère universel de l'œuvre salvatrice du Christ, ce que l'Église professe à chaque office des vêpres dans le cantique de Syméon : (cet enfant) "est une lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël".
À l'origine, l'Adoration et la Nativité étaient deux fêtes séparées, ce qui est encore le cas en Occident. L'Orthodoxie a uni ces deux fêtes en une seule. Dans les catacombes romaines (images du II°-IV0 s.) on peut voir la Vierge assise, tenant l'Enfant sur ses genoux et recevant avec Lui l'adoration des mages.




Au-dessus de la grotte où repose l'enfant, issu d'un demi-cercle sortant des limites de l'icône, un rayon lumineux traverse l'étoile et se scinde dans sa partie inférieure en trois rayons. Le demi-cercle symbolise le "Lieu Très-Haut", et l'étoile, portée par le rayon qui en est issu, nous montre qu'el- le n'est pas un simple fait cosmique, astrologique, mais qu'elle est porteuse d'une nouvelle d'En-Haut. Le triple rayon qui sort de la source unique de Lumière est, dogmatique- ment, la marque de l'uni- trinité de Dieu, mais elle est aussi l'image de l'accomplissement de la prophétie sur le déchirement des cieux : Ah! Si tu déchirais les cieux et si tu descendais sur terre... /Isaïe 64,1/. Cette lumière qui se déverse à flots sur la terre, permettant une jonction entre les cieux et la terre, est aussi une forme d'échelle permettant d'accéder, d'ici-bas, au ciel. L'unique rayon sortant de la sphère supérieure marque l'essence une de Dieu, mais en sortant de l'étoile il se partage en trois éclairs : symbole de la Trinité et marque de la participation des trois Personnes - trois Hypostases - à l'économie du salut.

Une composition similaire d'un rayon se terminant en trois éclairs avec ici une étoile, là-bas une colombe, se retrouve dans l'icône de la Théophanie, qui est la suite logique et immédiate de la Nativité.
Cette descente de l'Esprit qui semble fendre les deux est une réponse à la prière antique d'Isaïe citée ci-dessus, qui se poursuit par cet espoir : Tu ferais ainsi connaître à tes adversaires qui tu es. Véritable épiclèse de l'humanité annoncée par l'ange du Seigneur : L'Esprit- Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre /Luc 1,35/.
Une autre interprétation à ces cieux qui se déchirent et à ce désert qui voit descendre le Christ est la réalisation de la préfiguration de la manne descendant du Ciel pour nourrir le peuple juif. Le Christ est le pain eucharistique, cette nourriture spirituelle venue du Ciel pour l'humanité.
En bas, à droite, deux femmes baignent un enfant. Nous connaissons cette scène par la Tradition, on la rencontre également dans les évangiles apocryphes, pseudo-Matthieu, pseudo Jacques. Cette scène est là pour prouver que l'Enfant qui est né est véritablement homme, Fils de l'homme, et en tant que tel Il est soumis à toutes les lois de la nature, à toutes les contingences matérielles, terrestres. L'une des deux femmes serait, d'après la Tradition, la juste Salomé.
Cette double représentation, sur une même icône, d'un même personnage - procédé fréquemment utilisé - prouve une fois de plus que l'icône n'est pas un cliché, une photo, mais elle est un tout, un enseignement dogmatique complet. Dans la grotte nous voyons le Fils de Dieu qui en tant que Créateur n'a pas besoin de la créature, en bas à droite, c'est le Fils de l'homme que la Vierge regarde, car Il a besoin d'elle. Nous pouvons également voir là une affirmation du dogme de Chalcédoine sur la divino-humanité du Christ.
Le dernier élément de cette icône est Joseph, en bas, à gauche, assis, pensif, saisi par le doute que lui inculque ce personnage habillé en berger et qui n'est autre que ... le Tentateur, le Diable. Disons tout de suite que cette interprétation, aujourd'hui communément admise, est cependant violemment réfutée par certains, notamment le père Georges Drobot, lui-même iconographe, qui ne veulent voir dans ce personnage qu'un simple berger conversant avec Joseph. Toutefois, en dépit d'une argumentation intéressante, cette thèse, ne nous convainc nullement : il suffit de voir comment Joseph détourne obstinément son visage (ce qui prouve qu'il n'y a pas d'échange, pas de conversation entre eux) refusant d'écouter les propos et les doutes que ce personnage tente de lui insuffler.
Joseph est là, mais il est à côté, il ne participe pas à l'événement, on voit combien il n'est pas le père de l'enfant : quel contraste avec l'iconographie occidentale ! La Tradition apocryphe a inspiré les textes liturgiques sur les doutes qui assaillent Joseph sous l'influence du Diable (d'ailleurs représenté parfois avec une queue et des cornes). Il n'est pas possible d'aller contre les lois de la nature, dit le Diable à Joseph : "Pas plus que ce bâton ne peut produire un feuillage, un vieillard ne peut engendrer, une vierge ne peut enfanter", nous rapportent les apocryphes et, en réponse, le bâton aussitôt se couvre de feuillage. Cet événement est parfois représenté sur les icônes.
Mais au-delà des doutes ou du drame personnel de Joseph, c'est toute l'humanité qui est représentée en lui. C'est le drame de la foi, l'incrédulité du genre humain face à des réalités qui dépassent son entendement. C'est la difficulté, voire l'impossibilité, de recevoir tout principe transcendant, tout surnaturel.
Sur certaines icônes la Vierge tourne son visage au regard paisible, apaisant, réconfortant, aimant, tantôt en mère sur l'enfant que l'on baigne, tantôt en épouse, en compagne, sur Joseph pour le rassurer, c'est alors l'Église qui incite l'humanité à garder sa foi.
Tel est l'enseignement dogmatique de l'icône orthodoxe traditionnelle soumise aux canons de l'Église. Toute liberté prise avec ces canons enlève tout ou partie de la plénitude de son message dogmatique. Certaines icônes fortement influencées par l'Occident masquent notamment la réalité historico-dogmatique par une scène familiale de tous les jours. Saint Grégoire le Théologien disait déjà : "Tu mets en avant tout ce qui est rabaissant et tu passes sous silence tout ce qui est élevant". Mettre tout l'accent sur ce qui est humain, terrestre, "rabaissant" ne donne pas la possibilité à l'esprit de s'élever jusqu'à la connaissance du mystère divino-humain, mais au contraire rabaisse ce mystère, et notre esprit, à notre niveau terrestre. Mais n'est-ce pas là tout le débat sur le rôle, la place et la vocation de l'Église : s'adapter au monde ou l'élever ?"
P. Germain Ivanoff-Trinadtzaty

samedi 11 avril 2009

Les Français et la croyance en la résurrection... Réveillez-vous !

On peut lire sur orthodoxie.com du

vendredi 10 avril 2009 :

Les Français et la croyance en la résurrection

Selon un sondage publié hier par l'hebdomadaire Pèlerin, 10% des Français croient en la résurrection et 7% en la réincarnation. Pour les catholiques pratiquants le pourcentage monte à 57% pour la foi en la résurrection (lesondage).
Sources: La Croix , Pèlerin

J'aurais juste quelques questions à poser à nos "frères" : 
A notre époque bénie (sic), dans notre douce France,
  1. Qui est obligé de "pratiquer" ?
  2. qui est obligé d'être "catholique" ?
  3. qui est obligé d'être "chrétien" tout simplement ?
Je ferai, sans la moindre permission de quiconque, la réponse moi-même :
- Personne ! Absolument personne !
Alors, dernière question : pourquoi s'affubler d'une telle étiquette quand on ne croit pas au postulat de base, La Résurrection !?
J'ai des voisins charmants catholiques pratiquants, qui sont même allés jusqu'à Rome pour voir le Pape, des vrais donc. Ce soir ils vont à la "Veillée pascale" mais ils n'iront pas communier ni ce soir ni demain... Heu ! Bon !.... Je croyais qu'il n'y a pas si longtemps dans l'Eglise catholique que si on ne communiait pas de l'année, il y avait Une Seule occasion que l'on ne devait pas rater : Pâques...

C'est quoi la Veillée prévue, c'est autour d'un feu...de camp avec guitares ?
Encore une fois, tout ce que j'écris dans ce registre n'est pas fondé sur le mépris ni la suffisance, ni le triomphalisme, ni ... etc. blabla, c'est pour charitablement (sic) faire prendre conscience d'une part aux soi-disant chrétiens qu'ils peuvent faire avantageusement l'économie d'un label qui n'est plus si prestigieux après tout (à moins qu'ils ne se décident à confesser la vraie foi chrétienne, ce qui n'est interdit à personne non plus...) et d'autre part à nos bien intentionnés et non moins bien aimés hiérarques que quand ils veulent que le bas peuple orthodoxe borné et sectaire communie au plus tôt avec ses "frères", ils veulent que tout le monde quitte la maison... Sans troupeau à garder (ou à tondre...) je ne sais pas bien ce qu'ils feront de leur carrière...Qui n'avance pas recule... Hum !

mardi 15 avril 2008

Ma conversion X - de Buddha vers Jesus


La Grande et Sainte Semaine arrive à grands pas et il va falloir que je termine mon récit. Ce qui me stresse un peu…
J’ai donc pratiqué zazen assidument. Pratiquer quelquefois cinq jours de suite en sesshin (approximativement retraite zen) dans un dojo en groupe aura produit alors des effets sur moi non seulement au point de vue physique («aïe aïe aïe ! » ou bien me donnant une furieuse envie en fin de session de courir, sauter ou danser !) mais aussi psychiquement et spirituellement. Cela m’a permis en effet de poursuivre un certain nettoyage des relations détériorées avec des proches par exemple ou bien cela m’a donné une fois une vision-conception de la réincarnation un peu plus cohérente avec la conception du moi bouddhiste que celle du système tibétain par exemple. On ne s’occupe qu’assez peu de cela dans le Zen, contrairement au Bouddhisme du tantra, plus proche de l’Inde. J’ai donc eu cette vision d’un caillou jeté dans un fleuve sombrant au fond de l’eau tout en produisant à la surface des ondes à la forme singulière à cause de sa chute particulière ; ces ondes à la surface de l’eau ont rassemblé des éléments de matière en suspension qui se sont condensées en se rapprochant du rivage pour finir par échouer sur la berge : un homme est mort et a disparu, un autre est né ; ce n’était pas le même mais le second était le produit du karma du premier ; les actions de toutes sortes faites par lui (son karma) ont donné par résonance une configuration toute nouvelle ayant tout de même un certain rapport de causalité avec l’ancienne. D’où l’importance des derniers instants.
Voilà la vision que j’ai eue de la réincarnation. Je ne la rapporte maintenant que parce qu’elle me semble offrir une certaine cohérence dans le contexte et le système bouddhiste et qu’elle est échangeable dans le même cadre mais j’ai mis ça de côté depuis un certain temps désormais et la confusion n’est pas ma tasse de thé même si l’homme est d’évidence pour moi un animal religieux quel que soit le temps et le lieu, et qu’à ce titre, on retrouve forcément des universaux dans toutes les religions et spiritualités. Dieu étant de toute éternité et ayant créé l’homme à son image et à sa ressemblance, l’homme a toujours parlé de Dieu et s’est toujours adressé à Lui dans tous les langages.
Dogen dans son Genjô kôan a écrit : « Dans l'enseignement de Bouddha, il n'a jamais été dit que la vie se transforme en mort. […] la vie et la mort ont leurs propres existences. […] La vie et la mort ont une existence propre et n'ont entre elles de rapport que celui qu'entretient l'hiver avec le printemps. N'allez surtout pas penser que c'est l'hiver qui se change en printemps ou le printemps en été. " Sensei Deshimaru, commentant Dogen reprenait une autre métaphore : « C’est le même rapport qu’entre le bois et la cendre. Le bois ne connaît pas et ne peut pas regarder sa cendre. Le bois peut regarder la cendre d’un autre bout de bois mais il ne peut pas regarder sa propre cendre. C’est la même chose qu’entre la vie et la mort, comme le bois brûlé qui devient cendre. La cendre ne peut pas penser qu’avant elle était du bois et inversement » « Ici et maintenant est important. » « Ici et maintenant inclut l’éternité ».

Je dois avouer qu’après toutes ces années, même si la Résurrection est le fondement de ma foi orthodoxe et la force irrationnelle de ma vie, j’ai persisté dans l’importance donnée à l’ici et maintenant sans me préoccuper outre mesure ni de la fin du monde ni du jour du Jugement. Je sais trop à quel point tout ce qu’un homme fait ou ne fait pas à tout instant a des répercussions sur le cosmos entier dans l’espace et le temps et que sa responsabilité est considérable pour la bonne santé du Cosmos c'est-à-dire du Corps du Christ même. il faudra bien en rendre compte à un moment donné... Inutile donc de passer trop de temps à discuter de la théorie des péages ou bien d’imaginer avec précision ce qui va se passer après notre mort et encore moins d’accorder trop d’importance aux récits des Near Death Experiences, même si tout cela est tout de même attirant quelquefois. Il y a tant à faire maintenant dans cette vie, dans ce corps pour réduire notre capacité à pécher… Mais surtout je sais également que le Royaume est déjà là à tout instant, depuis l’Incarnation, la vie, la mort et la résurrection de Notre Seigneur et que la grâce peut nous en faire vivre la vie pour peu que nous coopérions à notre mesure. Tout le monde n’est pas Seraphim de Sarov bien sûr ni même Motovilov… mais de multiples petits miracles nous sont offerts bien souvent.

Bref j’ai continué Zazen mais en espaçant de plus en plus les sesshins et en pratiquant seul de plus en plus à la maison parce que, je trouvais quelquefois les godos (= chargés de diriger les séances) pas toujours très inspirés et j’avais même l’impression d’entendre trop souvent des discours un peu fabriqués et peu en résonance authentique avec ceux qui dans le même lieu, au même moment, pratiquaient le recueillement sans objet avec moi. J’aurais voulu être en présence du maître et j’avais la fâcheuse impression quelquefois de cercles concentriques de sous-disciples de disciples, le maître ayant passé sur l’autre rive et manquant cruellement…
Cependant tout ce travail ne fut pas sans fruit comme on va le voir bientôt…