La Bible et la Science par P. André Borrély [5-4] : Science et Prière, connaissance et contemplation

Ce que la science nous apprend ne saurait contredire ce que nous enseigne la Bible, dès lors que nous pouvons et devons rendre à Dieu grâce et gloire de ce que nous apprennent nos savants : qu'il y a des molécules aux caractéristiques déterminées qui, telles de véritables hormones, sont sécrétées dans le sang par un groupe de cellules spécialisées, messagères par l'intermédiaire desquelles transitent les communications ; que ces messagères sont associées à des cellules réceptrices, à des cellules-cibles qui seules peuvent recevoir le message, même si elles sont dispersées au milieu de milliards d'autres cellules ! 

Saint Grégoire de Nysse écrit :  

Celui dont l'esprit est peu développé, quand il voit une chose sur laquelle est répandue quelque apparence de beauté, croit que cette chose est belle par elle-même .... Mais celui qui a purifié l'eil de son âme et qui est capable de voir les choses belles ... se sert comme d'un marchepied du visible pour s'élever á la contemplation du spirituel. 

 Les chrétiens ont un devoir d'indignation devant un usage de la science — c'est-à-dire, en fin de compte, de la technique — réduite à n'être qu'un instrument de la domination de l'homme sur l'univers à des fins essentiellement d'enrichissement égoïste. Pour cela, nous devons être les témoins d'une approche sapientielle de la science consistant à contempler dans la nature si bien étudiée par elle l'affleurement des réalités célestes. L'observation rationnelle et déterministe à l'hοrizontale doit se compléter d'une contemplation orante à la verticale. L'ordre qui règne dans la nature et que la science parvient à connaître de mieux en mieux, nous devons y contempler une énergie divine, une présence du Tout-Autre dans le monde. Le Tout-Autre ne demeure pas emprisonné dans son inaccessible transcendance. La priére n'est pas une activité, primitive (1) prélogique, venue des ancestrales sociétés inférieures, qui n'a rien à voir avec la connaissance scientifique. Si hétérogène qu'il soit à Dieu de par son essence, le monde étudié par la science est senti par le christianisme comme un logos, c'est-à-dire une intelligibilité révélatrice de l'altérité personnelle de Dieu. 

Car le Dieu tri-unique ne saurait être tenu pour une Essence statique, totalement transcendante et imparticipable. C'est plutôt un Soleil qui rayonne et, en ses énergies, est positivement au contact de l'homme et du monde, embraye sur eux, les atteint et se communique à eux effectivement : au monde étudié par les savants en le créant et en le maintenant dans l'être, á l'homme en le créant et en le maintenant également dans l'être, mais aussi en le recréant, c'est-á-dire en le divinisant. 

(1)Au sens qu'avait ce terme dans l'eeuvre d'un Lucien Lévy-Βrüh1 : Les fonctions mentales dans les sociétés inférieures (1910) ; La mentalité primitive (1922) ; L'âme primitive (1927) ; Le surnaturel et la nature dans la mentahté primitive (1931) ; La mythologie primitive (1935) ; L'expérience mystique et les symboles chez les primitifs (1938
[à suivre]
 Père André Borrély

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