Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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jeudi 18 septembre 2014

LA FOI d'un homme fort et libre choisi par Dieu

Il peut paraître ambigu et risqué de citer Vladimir Solovyov pour un Orthodoxe aussi peu oecuméniste que je le suis, cependant j'aurai l'audace de le faire car cette page sur la foi, écrite en 1884, est d'une telle énergie et d'une telle beauté que je ne saurais résister à la partager.

Vladimir Solovyov
Le vrai Dieu, qui a choisi Israël et qui a été choisi par celui-ci, est un Dieu fort, un Dieu qui est en Soi, un Dieu Saint. Un Dieu fort se choisit un homme fort avec lequel Il peut lutter ; un Dieu substantiel et personnel ne se dévoile qu’à un individu conscient ; un Dieu saint ne s’unit qu’à celui qui aspire à la sainteté et qui est capable d’un exploit moral actif. La faiblesse humaine cherche la force de Dieu, mais c'est là la faiblesse d’un homme fort : un homme de faible nature est incapable d'une vie de grande religiosité. De la même façon, un homme impersonnel, sans caractère, et avec une conscience peu développée, ne peut correctement comprendre l'authenticité de l'existence de Dieu. Enfin, l'homme privé de l'autodétermination morale, incapable d'être à l'origine d’un acte, n'est pas en mesure de réaliser un exploit et d'atteindre la sainteté - la sainteté de Dieu paraîtra toujours étrangère à un tel homme, et il ne sera jamais "l’ami de Dieu". ll en découle clairement que la vraie religion que nous trouvons chez le peuple d'Israël, loin de l’exclure, exige le développement de la libre personnalité humaine, de sa conscience et de son activité.
 Il est un préjugé bien courant selon lequel la foi étouffe la liberté de l'esprit humain alors que les connaissances positives augmentent cette liberté. Mais en fait c'est tout le contraire qui se passe. par la foi, l'esprit humain dépasse les frontières de la réalité du jour présent, et affirme l'existence de telles choses qui n'exigent pas de lui une reconnaissance - il reconnaît librement leur existence. La foi est un exploit de l'esprit qui révèle les choses invisibles. Un esprit pieux n'attend pas passivement la manifestation de choses extérieures, il va courageusement à leur rencontre ; il ne subit pas ces manifestations, il les anticipe, car il est libre et créateur. En tant qu'exploit de l'esprit, la foi a un mérite moral : "Bienheureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru." Selon la notion empirique, au contraire, notre esprit est passif et aliéné, car soumis aux faits extérieurs : il n'y a là ni exploit, ni mérite moral. Il va de soi que cette opposition entre la foi et la science n'est pas absolue. Car le croyant connaît d'une façon ou d'une autre l'objet de sa foi, et que d'un autre côté, la connaissance positive concède à la foi tout ce qui ne peut pas être prouvé de façon empirique, et notamment, la réalité objective du monde physique, la continuité et l'universalité des lois de la nature, la certitude de nos facultés de perception, etc. Il ne fait aucun doute cependant que le trait prédominant de la foi est son activité et la liberté de notre esprit, alors que celui de la connaissance empirique est la passivité et la dépendance. Reconnaître et comprendre un certain fait extérieur n'exige aucune indépendance ou énergie de l'esprit humain : l'énergie sert à croire que cela n'est pas encore devenu un fait visible. L'évident et le présent imposent d'eux-mêmes leur reconnaissance; la force spirituelle réside dans ce qu'elle anticipe l'avenir, reconnaît et dévoile le secret et le caché. Voilà pourquoi la plus grande énergie de l'esprit humain se manifeste chez les prophètes juifs non pas malgré leur foi religieuse, mais justement en vertu de cette foi. 
(extrait d'un texte très intéressant qui répond à une question que je me suis souvent posée " Pourquoi le peuple juif était-il prédestiné à donner naissance à l'Homme-Dieu, au Messie, ou Christ")

mardi 26 août 2014

TEMPS LIBRE ET SURINFORMATION par Père Vasile Catalin Tudora



Très probablement les inventeurs de l'Internet, qui ont modestement commencé comme un petit réseau de partage de l'information, n’espéraient pas, même dans leurs rêves les plus fous, qu’en moins de 50 ans leur invention allait évoluer vers ce qui est aujourd'hui le plus grand échange d'informations qui ait jamais existé. La bibliothèque d'Alexandrie ? Un jeu d’enfant ! Pensez à tout ce qui passe par Internet aujourd'hui : sites web, e-mail, news, TV, réseaux sociaux, divertissements, services financiers, do-it-yourself, appels téléphoniques, appels vidéo, encyclopédies, livres électroniques, cartes géographiques et nous ne parlons que ce qui est le plus visible. Tout ce que vous voulez est là, attendant d'être trouvé du bout des doigts, littéralement. Personne ne demande rien à personne avant de chercher l'information sur Google. 

Avec une connexion Internet à portée de main on se sent comme un gamin dans un magasin de jouets, toujours prêt à aimer et à découvrir. Vous vous réveillez le matin et la première chose que vous faites est de vérifier votre téléphone. Ai-je raté quelque chose pendant que je dormais? Que devient le marché boursier ? Quelque chose d'urgent au travail? Comment vont mes amis sur Facebook, quelques selfies stupides? Est-ce que quelqu'un aime mon Instagram? Combien aiment ce que j’y ai mis ? Nous marchons comme des zombies avec nos yeux collés à nos smartphones avant même de prendre la moindre tasse de café. Et qui a inventé la loi que vous ne pouvez pas textoter et conduire en même temps ? N'était-ce pas assez que vous ne pouvez pas boire et conduire? Heureusement qu’il y a les feux rouges, où tout le monde vérifie ce qui s'est passé dans les trois dernières minutes qui nous séparent du feu rouge précédent. Vous ne me croyez pas ? Regardez autour de vous la prochaine fois que vous êtes à un feu rouge, si vous n'êtes pas sur votre téléphone… 

Cette avalanche d'informations à propos de tout et n'importe quoi a transformé chacun de nous en accros de l'information. Nous vérifions constamment nos téléphones attendant l’annonce du prochain extrait de nouvelles ou d'un appel. Nous vivons et respirons l’information. Il n'y a qu'un seul inconvénient à cette dépendance, nous commençons à avoir de moins en moins de temps Paradoxalement, alors que nous pouvons trouver quelque chose plus rapidement que jamais, nous finissons par avoir moins de temps que jamais. Le travail n’est pas terminé, les conversations, sauf les virtuelles, sont au bord de l'extinction, les interactions humaines sont minimales car vous avez l'envie de tout savoir tout de suite! 

Monks and technology sneaking in Athos
Où nous mène cette connaissance ? On peut dire que chercher la bonne information est une bonne chose. Vous êtes intéressé par Dieu ? En utilisant seulement un smartphone, on peut trouver toutes les traductions de la Bible jamais imaginées, tous les écrits des Pères, on peut demander des conseils spirituels en ligne ou même assister virtuellement à une liturgie du dimanche en streaming. Très souvent cependant, nous en restons au niveau de la recherche. Fascinés par l'information au sujet de la foi, nous n'avons plus le temps en fait de vivre la foi. Avec tous ces livres de prières virtuels disponibles, nous ne trouvons pourtant pas le temps de prier. 

Obtenir de la connaissance sur Dieu ne signifie pas pour autant qu'on connaît Dieu. Dieu ne se trouve pas dans l'information à son sujet. Connaître Dieu, c'est être avec Lui, faire l'expérience de la communion avec Lui sans intermédiaire. La connaissance n’est bonne que si elle mène à l'action, la connaissance sans action est inutile, voire clairement dangereuse. Adam et Ève savaient qu'ils mourraient s'ils mangeaient de l'arbre, cependant ils se sont laissé tenter par la promesse d'encore plus de savoir. Ils en savaient assez pour demeurer dans la communion avec Dieu, pour vivre éternellement dans la félicité sans manquer de quoi que ce soit, mais ils voulaient plus et dans cette tentation ils ont perdu le paradis. Parfois, en savoir plus, en particulier avant le moment, peut nous faire perdre la pratique de ce que nous savons déjà. Nos ancêtres chrétiens ont survécu aux Turcs et aux communistes et tout ce qui se dressait contre eux non pas parce qu'ils savaient tout de Dieu et leur foi, mais parce qu'ils ont pris le temps de mettre en pratique ce qu'ils savaient déjà, à chaque instant de leur vie. 

Nous ne devrions pas comprendre tout cela comme une révolte contre le savoir et une invitation à l'obscurantisme, mais comme une mise en garde contre le mirage du «tout savoir» qui peut être dévorante. Prendre du temps pour la prière personnelle, pour être à l'église physiquement, pour visiter un ami à l'hôpital, pour donner à manger aux gens qui ont faim là où ils vivent, nous aidera plus à découvrir Dieu qu’en ayant accès à de l'information brute sur lui. Connaître les Écritures et la théologie c’est bien, mais Dieu n'est pas un être théorique, Il est une véritable Trinité de Personnes divines qui interagissent les unes avec les autres et avec nous. De cette interaction, nous apprenons Qui Il est et qui nous sommes ; par la pratique, en aimant, en étant ensemble, maintenant et dans l'éternité. 

Une histoire des moines d'Egypte parle de trois frères qui allaient de temps en temps visiter un Ancien. Deux d'entre eux profitaient toujours de leurs visites pour poser beaucoup de questions. Le troisième demeurait toujours seulement assis avec eux, sans rien demander. Après quelques visites, l’Ancien lui a demandé directement «N’as-tu pas de questions? Tu ne veux pas en savoir plus? » Le frère a répondu «Pour moi, cela me suffit d’être en ta présence. » À l'ère de l'information gratuite mais omniprésente, nous devrions envisager d’adopter l’attitude du frère sage et, peut-être, de temps en temps, juste nous libérer de l'Internet et reconnaître la présence de Dieu autour de nous. Partagez une tasse de thé avec un ami, regardez un enfant jouer, écoutez le chant d'un oiseau, et, en prenant ce temps de penser à Dieu, vous pourriez être à même d'entendre Dieu frapper à la porte de votre cœur. 
Père Vasile Catalin Tudora
(version française par Maxime le minime de la source)

lundi 17 juin 2013

La Bible et la Science par P. André Borrély : Conclusion

Le lecteur chrétien de la sainte Écriture a bien mieux à faire qu'opposer la raison à la foi, la science à la Bible. Il sera mieux inspiré de contempler le jeu de cache-cache des deux aspects corpusculaire et ondulatoire de la matière, les quanta de Planck, les mécanismes moléculaires de la cancérogenèse, en y voyant l'Intelligence de Dieu dans le monde, une énergie créée du Dieu incréé. Pour un chrétien, la connaissance de type scientifique et la technique qu'elle engendre ne doivent pas être séparées de la sagesse, ni la raison de la foi. Et ce refus délibéré de tout dualisme nous permettra de sonder la profondeur véritable de la nature et son appartenance à un autre monde, de la pénétrer jusqu'en son enracinement en Dieu. Bien loin d'être incompatible avec elle, la foi en Christ donne à la connaissance scientifique du monde la plénitude de sa finalité. 


Conclusion

Nous avons dit que l'ordre de vérité de la science n'est en aucune manière l'ordre de vérité de la Bible. Ainsi volent les avions dans des couloirs aériens différents. Cependant, nous n'avons pas voulu dire qu'il y a deux vérités. Dans le quatrième évangile, le Seigneur affirme : Je suis la Vérité (Jn 14,6). La vérité n'est donc pas quelque chose mais quelqu'un : le Révélateur de Dieu comme Père. Et ceci est vrai de la science elle-même. Ce que nos savants découvrent et démontrent, la vérité qu'ils établissent de manière contraignante — que c'est la terre qui tourne et non pas le soleil, que le foie a une fonction glycοgénique (1) , etc. — tout cela est un ordre, le produit d'une intelligence, un logos, que le Créateur a amené à l'existence en contemplant son Fils, sa Parole c'est-à-dire son Révélateur, son Vis-à-vis cοéternel et consubstantiel. Je renvoie nos lecteurs à l'admirable cantique au Christ qu'ils trouveront dans les versets 12 à 20 du premier chapitre de l'épître aux Colossiens. La Vérité que nos savants découvrent, c'est le Christ. Que nombre d'entre eux l'ignorent ne change rien. De même, en effet, que l'αγαπη qui unit un homme à un autre homme procède de Dieu, a sa source en Dieu, part de Dieu qui est Αyαπη et tout comme, chaque fois qu'elle est authentique, L'αναπη est, pour l'homme, communion à la génération divine du Fils, communication de la Vie même du Fils, que le Fils reçoit de son Père, c'est-à-dire du saint Esprit, et de même que. s'agissant d'un incroyant, si celui-ci aime quelqu'un qui est dans le besoin, à l'insu de cet incroyant qui aime, l' αγαπη descend de Dieu et germe dans le coeur de cet incroyant par le don que ce dernier fait de lui-même à autrui, de la même manière il n'y a qu une Vérité, le Christ.



Pour ce qui est de la Bible, toute sa finalité est de nous conduire au Christ/Vérité qui, Réceptacle éternel de l'Esprit dans le sein du Père, est ici-bas devenu l'un de nous pour nous révéler simultanément toute la vérité et sur Dieu et sur l'homme. La vérité sur Dieu à savoir que Dieu est son Père. La vérité sur l'homme en étant le seul homme qui eût pu ne pas mourir, qui n'a pas fragmenté l'humanité, qui n'a pas été plus ou moins vertueux, plus ou moins intelligent, etc. Loin de se laisser impressionner par l'accusation islamique de trithéisme, ou par la grossière caricature rationaliste qui voudrait faire du mystère chrétien un problème erroné totalement incompatible avec le succès au Certificat d'Études et qui se réduirait à l'ânerie suivante: 1 + 1 + 1 = 1, les chrétiens entendent proclamer haut et fort que ce qui caractérise fondamentalement Dieu, ce qui le distingue radicalement de l'homme c'est qu'il ne fragmente rien de ce qu'il assume.

Pour nous, les hommes, le temps est tiraillé, écartelé entre un passé qui n'est plus, un futur qui n'est pas encore et un présent rendu inconsistant par cette position entre deux néants. Dieu ignore cette fragmentation : c'est en contemplant son Fils qui deviendra l'un des hommes qu'au premier matin du monde — il y a des milliards ou des centaines de millions d'années, c'est sans aucune importance — il amène à l'existence les premières molécules.

Et le soir du Jeudi saint, au cours de son ultime repas ici-bas avec ses disciples, il confère á la première Eucharistie une dimension incontestablement sacrificielle alors que Gethsémani et le Golgotha sont encore à venir. Loin de heurter ma raison et de m'inciter à opposer la foi et la raison, la Trinité, la Tri-unité, l'unité plurielle me paraît diffuser la lumière d'une évidence que je ne retrouve ni dans le Judaïsme, ni dans l'Islam, ni dans le déisme de Voltaire et de Robespierre. Le Dieu tri-unique est unique sans être solitaire et les trois hypostases ne sont pas trois dieux parce que Dieu ne fragmente pas la divinité, chacune des trois divines hypostases possède la plénitude de l'essence divine. Les trois divines hypostases ne sont pas trois dieux parce que chacune des trois est pleinement, intégralement Dieu. Notre foi trinitaire ne s'adresse pas à trois individus divins mais à trois divines hypostases.  
Père André Borrély
(1) En 1848, Claude Bernard découvrit le rôle du foie dans la sécrétion interne du glucose dans le sang

jeudi 13 juin 2013

La Bible et la Science par P. André Borrély [5-4] : Science et Prière, connaissance et contemplation

Ce que la science nous apprend ne saurait contredire ce que nous enseigne la Bible, dès lors que nous pouvons et devons rendre à Dieu grâce et gloire de ce que nous apprennent nos savants : qu'il y a des molécules aux caractéristiques déterminées qui, telles de véritables hormones, sont sécrétées dans le sang par un groupe de cellules spécialisées, messagères par l'intermédiaire desquelles transitent les communications ; que ces messagères sont associées à des cellules réceptrices, à des cellules-cibles qui seules peuvent recevoir le message, même si elles sont dispersées au milieu de milliards d'autres cellules ! 

Saint Grégoire de Nysse écrit :  

Celui dont l'esprit est peu développé, quand il voit une chose sur laquelle est répandue quelque apparence de beauté, croit que cette chose est belle par elle-même .... Mais celui qui a purifié l'eil de son âme et qui est capable de voir les choses belles ... se sert comme d'un marchepied du visible pour s'élever á la contemplation du spirituel. 

 Les chrétiens ont un devoir d'indignation devant un usage de la science — c'est-à-dire, en fin de compte, de la technique — réduite à n'être qu'un instrument de la domination de l'homme sur l'univers à des fins essentiellement d'enrichissement égoïste. Pour cela, nous devons être les témoins d'une approche sapientielle de la science consistant à contempler dans la nature si bien étudiée par elle l'affleurement des réalités célestes. L'observation rationnelle et déterministe à l'hοrizontale doit se compléter d'une contemplation orante à la verticale. L'ordre qui règne dans la nature et que la science parvient à connaître de mieux en mieux, nous devons y contempler une énergie divine, une présence du Tout-Autre dans le monde. Le Tout-Autre ne demeure pas emprisonné dans son inaccessible transcendance. La priére n'est pas une activité, primitive (1) prélogique, venue des ancestrales sociétés inférieures, qui n'a rien à voir avec la connaissance scientifique. Si hétérogène qu'il soit à Dieu de par son essence, le monde étudié par la science est senti par le christianisme comme un logos, c'est-à-dire une intelligibilité révélatrice de l'altérité personnelle de Dieu. 

Car le Dieu tri-unique ne saurait être tenu pour une Essence statique, totalement transcendante et imparticipable. C'est plutôt un Soleil qui rayonne et, en ses énergies, est positivement au contact de l'homme et du monde, embraye sur eux, les atteint et se communique à eux effectivement : au monde étudié par les savants en le créant et en le maintenant dans l'être, á l'homme en le créant et en le maintenant également dans l'être, mais aussi en le recréant, c'est-á-dire en le divinisant. 

(1)Au sens qu'avait ce terme dans l'eeuvre d'un Lucien Lévy-Βrüh1 : Les fonctions mentales dans les sociétés inférieures (1910) ; La mentalité primitive (1922) ; L'âme primitive (1927) ; Le surnaturel et la nature dans la mentahté primitive (1931) ; La mythologie primitive (1935) ; L'expérience mystique et les symboles chez les primitifs (1938
[à suivre]
 Père André Borrély

samedi 8 juin 2013

La Bible et la Science par P. André Borrély [5-3] : Science et Prière : καλον καγαθών

ll y a de l'ordre, de la pensée, du logos, de l'intelligibilité dans le fait que, lorsqu'un organisme perd des cellules sanguines de façon exagérée — par exemple lors d'une lésion accidentelle — on constate une augmentation de la vitesse de formation de ces cellules. Il y a de l'intelligence à l'oeuνre dans le fait que sont suscités et structurés des facteurs de régulation qui agissent à distance au niveau des tissus qui fabriquent les cellules sanguines.


Il y a de l'intelligence dans le fait qu'en cas de troubles sanguins provoqués par l'irritation d'une partie de l'organisme au cours d'une radiothérapie, la diminution de la formation des globules rouges dans les zones irradiées est aussitôt et exactement équilibrée par une augmentation de l'activité dans les régions non irradiées. La matière est une chair féconde en laquelle s'incarne l'Esprit. La présence dans le sang, quelques minutes seulement après l'irradiation, d'un facteur stimulant à distance l'activité des cellules qui fabriquent les cellules sanguines, la présence également, à côté des facteurs stimulants, d'un inhibiteur, sont ces formes des choses visibles dont saint Maxime le Confesseur affirme qu'elles sont comme des vêtements et les idées selon lesquelles elles sont créées, comme la chair. Par ces facteurs stimulants et inhibiteurs, la matière vivante participe à l'ordre, à la beauté, à ce καλον καγαθών, à ce bel et bon en lequel se dit et se nomme le Dieu créateur. La lecture chrétienne de la Bible doit nous inciter à assimiler le savoir scientifique en adoptant la mentalité des psalmistes dont notre office des Laudes a retenu les textes. Les étoiles, le soleil, la lune, les océans chantent la gloire de Dieu, mais aussi, pour ne prendre que cet exemple, les facteurs stimulants — utilisés désormais dans le traitement des cancers —, les inhibiteurs protégeant la moelle saine tandis que les facteurs de croissance accélèrent sa régénération. Il s'agit de découvrir avec émerveillement que la matière étudiée par nos savants, s'imprégne du Bien, comme dit le Pseudo-Denys. Puisons dans la connaissance scientifique l'inspiration de notre prière, de notre glorification de la divine Trinité, de notre action de grâce. Tout ce qu'étudient nos savants est une épiphanie de l'invisible, un mystère palpable. Étudions les sciences en nous disant que notre foi chrétienne bien comprise ne sépare pas l'humain et le divin, le créé et l'incréé, le visible et l'invisible, la terre et le ciel. [à suivre]
 Père André Borrély

mardi 28 mai 2013

La Bible et la Science par P. André Borrély [5-2] : Science et Prière

L'unique vérité qui pourra ébranler l'homme, c'est la vérité qui sort de l'expérience intime et tend vers elle. La vérité qui conquiert ne peut être que celle qui est amour et vie. La vérité qui nourrit l'homme n'est pas science, mais gnose. Par ce dernier mot, il convient d'entendre une connaissance qui ne se sépare pas de l'action parce qu'elle ne fait qu'un avec l'amour

La seule vérité qu'il faut chercher dans la sainte Écriture, c'est l'évidence que le monde, le plaisir, la santé, la jeunesse, l'éblouissement amoureux devant une fille un garçon, que tout cela n'est réel, consistant, que tout cela n'est rudement bon, fameux, comme dit le livre de la Genèse (Gn 1, 31), que tout cela n'a de solidité que par son fondement divin, que tout cela n'existe que par l'acte créateur incessant de Dieu.


La vérité qui doit nous tenir en haleine dans notre lecture de la Bible, ce n'est pas le problème du choix scientifique entre 4000, des centaines de millions ou des milliards d'années, mais dans l'affirmation métaphysique non point que Dieu a fait surgir du néant quelques molécules de matière il y a des milliards d'années, et que depuis tout s'enchaîne selon les processus et les lois que nous enseignent les sciences, mais que toute la beauté du monde et des êtres, la joie d'escalader les parois des Alpes, le corps humain dans l'éclat de sa jeunesse et de sa beauté, la mer, la mer toujours recommencée, que tout cela retomberait instantanément dans le néant si Dieu, le Créateur, cessait un seul instant de porter sur tout cela son regard d'amour infini.


La seule vérité que veulent nous communiquer — laissant à la science tout son champ d'investigation légitime — les auteurs des textes bibliques, c'est la sagesse consistant à déceler la présence personnelle du Logos dans les lois de la nature, à contempler les secrets de la gloire de Dieu cachée dans les êtres. Dans les formes visibles, dans la structure du monde de mieux en mieux étudiée par nos savants, le Verbe divin se cache et se dit, se dévoile. En latin, sapere et sapientia, savoir et sagesse, c'est la capacité de goûter, le goût de déceler dans le visible une inscription de l'invisible. La matière est un fait d'ordre énergétique, non point seulement pour nos savants actuels, mais déjà pour les Pères grecs, pour saint Grégoire de Nysse, pour saint Maxime le Confesseur. C'est un logos mis en œuvre par le Créateur, une énergie créée personnellement par Dieu. La prière est une forme de la connaissance

Évagre le Pontique
Évagre le Pontique affirme que la prière ininterrompue est l'acte le plus élevé de l'esprit. Et le même auteur dit encore : La prière fait exercer à l'intelligence son activité propre. Il ne s'agit pas de rabâcher des formules qui nous demeureraient extérieures. On peut réciter la table de multiplication en retenant l'air plus encore que les paroles!

Il s'agit de découvrir que, par le moyen de la prière, Dieu est connu d'une manière expérientielle. Il ne faut pas séparer la science de la prière dans la mesure où tout ce que les savants nous disent du monde qu'ils étudient ne peut pas ne pas nous apparaître comme de la pensée. Et la prière consiste alors à faire remonter cette pensée qui ne se pense pas à la Pensée qui a mis cet ordre, cette intelligibilité, ce logos dans le monde en le créant. [à suivre]
 Père André Borrély
(choix des illustrations Maxime le minime)

dimanche 2 mai 2010

Comment connaître Dieu ? 12 préceptes par Père Thomas Hopko

"Protopresbytre Thomas Hopko, doyen émérite du Séminaire Saint-Vladimir de théologie orthodoxe de New York, vit maintenant à la retraite, avec sa femme, en Pennsylvanie. De là, il voyage pour parler en bien des endroits, il écrit, et surtout, il prie.
L'article, et les maximes, que j’ai reçus de lui récemment, reflètent le travail de sa vie. Il est vrai qu'il est un enseignant, un conférencier et un écrivain doué. Dieu lui a également donné de toucher la vie de très nombreuses personnes très directement. Il a lu les pères et mères spirituels, et il a mis en application leur enseignement, pour la vie de ces personnes, pour leur bienfait.
Pour cette raison, il semble utile de mettre ces brèves réflexions, et conseils, à la disposition de ceux qui y sont amenés sur Internet. Que la grâce de l'Esprit Saint touche pour le bien, pour la vie, ceux qui lisent ces mots, et aussi celui qui les a écrits.
Seraphim †, archevêque d'Ottawa et du Canada, Mars 2008
 (http://www.archdiocese.ca/)




Comment puis-je connaître Dieu tel que Dieu est vraiment?

Comment puis-je connaître le Christ comme le chemin, la vérité et la vie de Dieu, et l'humanité, la lumière du monde? Comment puis-je connaître l'Église orthodoxe comme «la maison de Dieu», et «le pilier, et le rempart de la vérité» - le royaume de Dieu sur la terre? Si vous voulez trouver des réponses pour vous-même à ces questions, les Saints et les maîtres spirituels chrétiens orthodoxes vous demanderont de faire ce qui suit le plus fidèlement et le plus honnêtement possible, et de voir par vous-même ce qui se passe.


1. Soyez prêt à faire ce qu'il faut savoir. Humblement, et courageusement faire ce qu’on vous dit sans le remettre nullement en cause. Soyez déterminé à suivre ce dont vous allez prendre connaissance, quel qu'en soit le coût.

2. Priez pour l'illumination, même si votre prière est "à qui de droit." Priez de cette manière en disant quelque chose comme: "Dieu, si tu existes, révèle-toi à moi."
Si vous croyez déjà en Dieu de quelque manière, alors priez ainsi : «Mon Dieu, révèle-moi qui Tu es vraiment."
Pendant votre prière ne vous préoccupez de rien d’autre. Laissez arriver quoi qu'il arrive.

3. En priant de cette manière, lisez le Nouveau Testament très lentement, au moins trois fois. Prenez plusieurs mois pour faire cela. Ne soyez pas inquiet de ce que vous ne comprenez pas, mais essayez de mettre en pratique ce que vous comprenez.

4. Pendant cette période, allez aux offices de l'Eglise orthodoxe si vous le pouvez. Simplement tenez-vous là, debout ou assis, et écoutez. Ne jugez pas les gens qui sont là, d’aucune manière. Ne soyez pas contrarié de ce que vous ne comprenez pas. Si vous êtes un membre de l'Eglise orthodoxe désorienté et troublé, ne servez pas à l'autel, ne faites pas les lectures, ne chantez dans le chœur, tout le temps de cette période.

5. Pendant cette période, ne mentez à propos de rien, ne faites consciemment de mal à personne, essayez d'être gentil et bon avec tous ceux que vous rencontrez, sans exception. Si possible, faites quelques bonnes œuvres pour les autres, même une heure ou deux seulement par semaine, aussi secrètement que possible. Egalement, si possible, donnez un peu d'argent toujours en secret à ceux qui en ont besoin.

6. Pendant cette période, si vous n'êtes pas marié, ne vous livrez à aucun acte sexuel, de quelque nature que ce soit, même avec soi seul. Si vous ne parvenez pas à cela, oubliez tout de suite, et recommencez.

7. Pendant cette période ne vous enivrez pas. Ne mangez pas trop. Ne mangez pas d’aliments malsains. Et essayez de manger et de boire moins que la normale, deux jours par semaine, par exemple, les mercredis, et vendredis.

8. Pendant cette période, asseyez-vous dans un silence total, au moins 10 à 15 minutes par jour, ou même jusqu'à 30 minutes par jour, si vous pouvez, regardant les pensées qui vous viennent à l'esprit, et les laissant partir avec une prière: «Dieu [si tu es là] illumine mon esprit. Dieu [si tu es là] viens à mon aide. Dieu [si tu es là] sauve les personnes dont les pensées me viennent à l’esprit. "

9. Pendant cette période, essayez de parler aussi peu que possible, sans irriter les autres. N’essayez pas de faire connaître ou accepter votre opinion dans des conversations, à moins qu’on ne vous le demande. Ecoutez les autres. Soyez attentif à leur présence et à leurs besoins. Ne débattez pas avec quiconque de quoi que ce soit.

10. Pendant cette période, trouvez quelqu'un en qui vous avez pleinement confiance, et partagez avec cette personne vos pensées, sentiments, rêves, découragements, compulsions, etc. en détail. N’entrez toutefois pas dans le détail des choses sexuelles, ou sur d'autres personnes. Discutez en détail de votre famille d'origine, et vos expériences de l'enfance – les bonnes et les mauvaises. Concentrez-vous sur les souvenirs qui produisent en vous détresse ou tristesse, et sur les souvenirs qui vous apportent de la joie.

11. Pendant cette période, faites un bilan de vos éventuelles addictions à la nourriture, à l'alcool, la drogue, le sexe ou la toxicomanie et autres dépendances que vous pensez voir comme, par exemple, la rage, le jeu, ou le shopping. Si vous voyez que vous êtes dépendant de quelque manière, commencez un programme de traitement (ou inscrivez-vous à un groupe de soutien).

12. Pendant cette période, faites votre travail ou vos études, au mieux de votre capacité: avec soin, de façon responsable, consciencieusement, et fidèlement. Vivez une journée, même une partie de la journée, et uniquement cette journée ou cette partie de la journée. Concentrez-vous pleinement sur ce que vous faites au moment donné.
(Version française par Maxime le minime)

mardi 9 décembre 2008

MEISTER ECKHART [2] - VLADIMIR LOSSKY


Les passerelles entre Meister Eckhart et l'Orthodoxie ne datent pas d'hier et Vladimir Lossky, le grand et profond théologien orthodoxe, dont on a célébré le cinquantième anniversaire de la naissance au Ciel en février dernier, a consacré une thèse imporante au Maître rhénan : Théologie négative et connaissance de Dieu chez Maître Eckhart, (qui a été publiée par les editions Librairie Philosophique J.Vrin) oeuvre passionnante (bien que consistante, difficile et... coûteuse). En voici un extrait cité par le site Ellopos :





[...] Pour avoir ici-bas, in via, l'expérience de l'Être unique qui est Dieu, expérience qui ferait reconnaître, en même temps, le néant des créatures, la lumière de la grâce est nécessaire. C'est une connaissance per speculum et in lumine, que Maître Eckhart décrit dans les termes suivants : quando scilicet lux divina per effectum suum aliquem specialem irradiat super potentias cognoscentes et super medium in cognitione, elevans intellectum ipsum ad id quod naturaliter non potest. Dans le contexte d'un sermon pour la fête de saint Augustin, cette élévation de l'intellect par la lumière de la grâce répond au passage des Confessions, cité ici par le prédicateur : cum Te primo cognovi, Tu assumsisti me, ut viderem esse, quod viderem, et nondum me esse, qui viderem. Sans aucun doute, ces paroles d'Augustin devaient exprimer, pour Maître Eckhart, le caractère extatique de la connaissance qu'il a pu avoir "par le miroir et dans la lumière". En effet, il a fallu que saint Augustin fût "assumé" par Dieu pour voir l'Être-Un comme Identité subsistante et reconnaître ensuite sa propre misère de créature, non identique à Dieu et à soi-même, en se retrouvant "loin, dans la région de la dissemblance". Il s'agit donc ici, pour Eckhart, d'un ravissement in exstasi mentis, d'une "connaissance savoureuse" ou sagesse (sapientia, quasi sapida scientia) qui introduit l'homme dans une "grande affection", en lui donnant l' "avant-goût de la douceur divine" (ad divinam dulcedinem praegustandum). C'est que le fruit de la grâce, échappant in via à la saisie intellectuelle, est déjà présent dans l'intellect pratique, pour permettre à la volonté d'atteindre ici-bas par l'amour l'objet encore inconnu de la béatitude éternelle. L'expérience extatique d'Augustin lui a montré que l' "être-un-avec-Dieu", accordé par la grâce, est la vocation suprême de l'homme et que toute abondance qui n'est pas Dieu n'est qu'indigence. Sans la grâce, l'on ne saurait aimer Dieu et aspirer uniquement à l'Unité d'être, ni se sentir à l'étroit dans la dissemblance radicale des créatures. Supérieure à la totalité de la nature qui est contenue en elle virtuellement, indivise et unie, la grâce se rapproche dans ce sens de l'intellect. Néanmoins, l'oeuvre que la grâce de Dieu accomplit dans l'essence de l'âme reste inconnaissable pour une intelligence créée réduite à sa lumière naturelle. Dans la mesure où il ignore en quoi consiste sa vraie béatitude, l'homme qui n'a pas relu la grâce peut s'accommoder de la regio dissimilitudinis. C'est la raison pourquoi les enfants morts sans baptême ne se ressentent point de la privation de la gloire béatifiante. Il semble même qu'en dehors de la grâce le "connaître" et l' "être" restent, pour Eckhart, disjoints et confinés chacun dans sa sphère. On peut être "surnaturel", en quelque sorte, par l'intellect qui excède la nature dissemblable qu'il connaît dans sa lumière naturelle ; on peut même y connaître Dieu - ablatione, eminentia et causa, comme absolument autre, comme dépassant toutes les perfections connaissables, comme principe de tout ce qui est. Toutefois cette connaissance per speculum et in aenigmate n'arrache pas encore les créatures intellectuelles à la région de la dissemblance, pour les attirer vers leur "patrie". Sans la grâce, l'intellect n'est pas encore la voie du retour vers l' "être-un avec Dieu".

Son fils, le Père Nicolas LOSSKY, a donné le 28 juin 2005, quand il était encore diacre de la paroisse Notre Dame Joie des Affligés une conférence en hommage au grand théologien que l'on trouvera ici