Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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samedi 14 septembre 2024

INTERPRÉTATION ORTHODOXE DE L'APOCALYPSE [5] (suite)

Conseils pour la fin des temps

 Par « amour et sympathie pour les autres combattants

 sur le chemin de la vie spirituelle orthodoxe »

L'objectif de ces textes est de présenter une perspective orthodoxe et une chronologie de la fin des temps, fondée sur les écrits des Pères de l'Église, pour le bien de ceux qui ne connaissent pas ces enseignements importants. Bien que des interprètes modernes aient également été consultés, les spéculations et les opinions subjectives ont été évitées afin de laisser entendre la véritable orientation patristique. Car ce sont les voix des Pères de l’Église, toujours en harmonie avec les préceptes bibliques de Jésus-Christ et de ses Apôtres, qui peuvent éclairer nos pas même en ces temps confus et contradictoires.


Néanmoins, il est clair que la fin des temps est le plus difficile de tous les temps. Et c’est pour cette raison que les derniers chrétiens ont reçu beaucoup de conseils et d’aide. L’Ancien et le Nouveau Testament regorgent d’instructions et d’avertissements concernant les derniers jours.

Les croyants apprennent quoi surveiller, quoi écouter; on leur dit quoi dire et faire à propos de ce qu’ils voient et entendent. Le Seigneur attend de ses disciples qu’ils soient attentifs aux signes qu’il a donnés, afin de ne pas être pris au dépourvu. Tout comme les traders initiés qui capitalisent sur leurs connaissances clandestines en matière d'investissement, ils doivent anticiper les plus importantes de toutes les fluctuations du « marché » et mettre leurs trésors en sécurité. Cela leur permettra de vivre, même dans les derniers instants de l'histoire, en sages gestionnaires de la richesse de leur Maître. « Bienheureux ce serviteur, dit Jésus, que son maître trouvera ainsi à son arrivée » (Luc 12 :43).

En un mot, il est conseillé aux chrétiens de se préparer !

« Garde-toi donc, ô homme ; tu as les signes de l'Antéchrist », écrivait saint Cyrille de Jérusalem au IVe siècle ; "et souviens-t’en non seulement toi-même, mais communique-les aussi librement à tous. » 

À quoi les croyants doivent-ils se préparer ? D'abord au  jugement redoutable du Christ.

Mais aussi survivre à l’assaut de l’Antéchrist alors que cet être totalement dépravé séduit et détruit le monde.

Car seuls les derniers chrétiens lui survivront.

 Pourtant, « survie » ne signifie pas ici préserver la vie, car beaucoup seront appelés à mourir pour la Vérité. Ce qui doit survivre, c'est la foi en Dieu ! Les croyants doivent apprendre à leurs enfants à discerner le bien du mal et à aimer Christ plus que l’existence terrestre. « Si tu as un enfant selon la chair, avertis-le maintenant », ordonnait saint Cyrille de Jérusalem. « Si tu as engendré quelqu'un par la catéchèse, mets-le aussi sur ses gardes, de peur qu'il ne reçoive le faux comme le vrai. » 

Ces préparatifs peuvent se dérouler discrètement. Les derniers chrétiens n’ont pas besoin de montrer leurs efforts. Au contraire, ils devraient faire tout leur possible pour renforcer leur force en secret, à l'insu de l'ennemi. « Notre époque avant tout, conseillait le Père Séraphim Rose, nous appelle à un travail humble et tranquille, avec amour et sympathie pour les autres combattants sur le chemin de la vie spirituelle orthodoxe et une détermination profonde qui ne se décourage pas parce que l'atmosphère est défavorable. ...

Si nous faisons cela, même dans nos moments terribles, nous pouvons avoir l'espoir – dans la miséricorde de Dieu – du salut de nos âmes.(à suivre)

mercredi 15 avril 2020

NOUS SOMMES AU SEUIL… par P. VICTOR POTAPOV



Nous sommes au seuil, 

Je regarde ce qui se passe et je comprends de plus en plus que l'humanité a un besoin urgent d'un tel bouleversement ! 

Pensez-vous simplement à la manière dont nous avons vécu ces dernières décennies ? Le coronavirus va vous faire repenser toute votre vie ! L'humanité vivra différemment après la victoire sur le virus ! 

La nature et notre Seigneur sont fatigués de notre mépris pour notre santé et notre environnement ! Nous ne sommes plus humains ! L'orgueil a dépassé nos esprits et nous avons commencé à avoir la sensation que nous étions les maîtres du monde! Mais le petit virus nous a rapidement remis à notre place !

Le virus n'épargne ni les riches ni les politiciens, ce qui montre clairement qu'ils ne peuvent pas y échapper avec leurs jets privés et ne peuvent pas acheter la santé avec leur l'argent! 

Et comme je le pensais récemment: «Nous avons perdu la capacité de vivre en famille, et ainsi la maladie nous a enfermés dans nos maisons pour que nous puissions à nouveau apprendre à vivre en famille. 

Nous avons cessé de respecter nos personnes âgées et nous sommes donc tombés malades de cette maladie afin de nous souvenir de leur vulnérabilité. 

Nous avons cessé de valoriser tout le personnel médical et nous sommes tombés malades d'une maladie qui nous fait comprendre à quel point toutes ces personnes sont irremplaçables. 

Nous avons cessé de respecter les enseignants et la maladie a fermé les écoles pour que les parents comprennent à quel point il est difficile d'enseigner. 

Nous avons passé notre temps libre dans des centres commerciaux, et la maladie les a fermés pour que nous puissions comprendre que le bonheur n'est pas dans les choses matérielles.

Nous avons consacré beaucoup de temps à notre apparence et à nous comparer aux autres, et voilà que la maladie a caché nos visages derrière des masques afin que nous puissions comprendre que la beauté n'est pas superficielle.

Cette maladie nous inflige  de grandes privations, mais en même temps elle nous donne l'opportunité de grandir dans la compréhension de ce qui est le plus important dans nos vies! » 

On nous a donné une maladie adaptée à nos besoins! 

Que Dieu nous aide à nous humilier pour que l'humilité nous donne la sagesse.

Version française par Maxime le minime de la source 

mardi 21 janvier 2020

LE JEU DES DEUX RÔLES d'éphémère déréliction



 Sur l’huile noire de vidange du moteur de ce monde
Il se pourrait, qu’il existe "là bas"
quelque blanc îlot flottant de beau désir doré
Sans cesse menacé d’être agrippé pour être submergé
par les griffes de grippe-sous obscurs, surgissant brusquement
de secrets fonds, en bandes sans nom, sans bande-son, 
Ilôt qui luise, dans les ténèbres, pour nous en extirper 
Qui nous invite à inspirer l’air pur des Cieux précieux
Qui vivifie nos cadavres d’impies attirés par les gouffres
Ilôt qui plane au-dessus des eaux des égouts de nos désirs
Surfant entre les écueils des têtes d’anges déchus.
Les nôtres devraient alors s’enivrer d’alcools puissants 
Qui paralysant nos méchantes pensées 
nous séparent vapeur après vapeur   
De ces miasmes d’enfer qui rongent nos bouches
nos poumons et nos esprits contaminés
Alors pourrons nous chanter silencieusement
À bout de force, pantelants,
La gloire et l’espérance du Dieu éperdu d’amour
La miséricordieuse, patiente, fidèle et maternelle main de Dieu 
Elle, la Toute Sainte aux mille doigts, si fermes et si doux,
Qui prodigue à chacun le réconfort ou le remède 
Elle qui ferme les yeux sur nos affreux scandales, 
Notre pitoyable claudication et nos mauvais regards, 
Nous qui n’avons pas arraché notre œil cupide et concupiscent 
dont l'objectif froid nous blesse et nous tue 
Nous effondrant, nous enfonçant, blessure après blessure, 
Traîtres toujours, fascinés, aimantés que nous sommes
par ce qui nous blesse et nous tue.
Comme nous aimons cette mort par-dessus tout, oubliant tout…
Pour si peu de temps amers, enfermant, encastrant notre goût 
Puissions-nous voir les globes de nos yeux rouler à nos pieds
Et finir à Tes pieds les baignant de l'amour
de l’eau pure de nos larmes
et retrouvant la joie calme et mesurée de ton unique Paix
Seigneur, et contempler enfin un rai de la lumière de Ta Face
Avec le regard purifié du cœur et de l’esprit
Ô Dieu ta voie si simple, si difficile…
Aie pitié de nous !

Maxime.le.min'.
(in Le jeu est un nôtre)









samedi 17 août 2019

"Tuer les passions" par Geronda Moïse l'Athonite de bienheureuse mémoire

"Les chrétiens qui luttent ne sont ni écervelés, ni naïfs, simplistes, superficiels, frivoles, pessimistes ou rêveurs. S'ils le sont, ce ne sont pas de vrais chrétiens. Les chrétiens qui luttent sont optimistes, joyeux, sincères, dignes de confiance, entiers et humbles. 

Le point de départ de l’amélioration de soi n’est pas du tout égocentrique. Le sens de mes péchés me rend contrit, pas effrayé ni tourmenté.
La conviction que je peux changer, que je suis un grand pécheur, ne devrait pas être un vœu pieux ou une fausse modestie, mais des paroles et des actions sûres, précises et inébranlables.  Puisse la découverte de l’amour infini du Dieu bon, et de ma propre rébellion, de mon apostasie et de mon propre éloignement de Lui me donner de chaudes larmes de véritable repentir. 
Puisse l’amour de Dieu pour nous m’émouvoir, me conduire à la contrition, me remuer et me restaurer. Le point de départ est donc l'acceptation de mon péché.
Cette acceptation honnête rapportera de Dieu le repentir qui fera que mon âme abhorre ce qu’elle a aimé et aime tout bien qu’elle avait oublié. 

On a demandé un jour à un Ancien athonite: «Qu'est-ce que la Sainte Montagne?» Il a répondu: «Nous avons beaucoup de gens ici qui se repentent. Ou plutôt, nous nous repentons tous ». 
Un autre Ancien a dit : «Un moine est vêtu de repentance. Il est entièrement consumé par l’amour de Dieu et vit dans la repentance ». Ces derniers mots sont très importants. 

Le repentir n’est pas une attitude passive où nous déplorons notre destin et maudissons notre sort.
Selon Abba Isaac le Syrien, c’est le cœur brûlant d’amour pour Dieu, les autres et l’ensemble de la création. Ceux qui se repentent ont la flamme de l'amour qui brûle dans leur cœur et essaient de rattraper le temps perdu à pécher. Ils s’affligent de leurs offenses.
Ils ne s’inquiètent ni ne deviennent soucieux d’eux-mêmes, et de la façon dont une personne aussi merveilleuse a réussi à faire un tel gâchis, cela impliquerait une grande idée d’eux-mêmes. Vous ne pouvez pas avoir d'amour pour Dieu si vous n'aimez pas les autres.
Cet amour me rend tolérant, fait naître en moi le pardon, la compassion, la gentillesse, l’humour et me rend agréable pour les autres ; mais pas dur, critique, prompt au jugement, sévère, renfrogné et dogmatique."
(version française de la source
par Maxime le minime)

mercredi 7 août 2019

LE BONHEUR D'AIMER DIEU par Père FRANÇOIS de bienheureuse mémoire



Le Père François Brune, né le 18 août 1931, est décédé mercredi 16 janvier 2019. Ordonné prêtre dans l’Église catholique et membre des Sulpiciens, il est devenu à la fin de sa vie, le dimanche d’avant la grande fête de Pâques 2018, prêtre orthodoxe. 

Théologien, professeur, chercheur, le Père François Brune était un grand serviteur de Dieu, mondialement connu. 

Il a écrit une vingtaine d’ouvrages, certains traduits en 7 langues : « Pour que l’homme devienne Dieu » « Les morts nous parlent », « La fracture théologique, un Christ deux christianismes ». 



Sa vie a été un long cri d’amour pour Dieu, vécu dans une grande simplicité et humilité. Dans ses écrits, ses conférences, sa filmographie, il s’est toujours élevé contre une théologie fondée sur saint Augustin et saint Thomas d’Aquin. Il partageait la beauté et la vérité d’une vie qui incluait l’expérience de notre lien intime au divin. Il indiquait la voie de l’Église des premiers siècles, des pères grecs, et des mystiques chrétiens de tous les temps. 



Sans fermer les yeux sur ses faiblesses, il se référait toujours à l’Église orthodoxe comme ayant su garder le message vrai de la foi, inaltéré. Plusieurs de ses livres sont aujourd’hui traduits en russe. Le Père François Brune est devenu orthodoxe à la fin de sa vie. (source)


Voici le texte qui était proposé à l'entrée de la cathédrale de la Sainte Trinité :

"Qui suis-je ? Qui m'a mis là ? Mes parents, bien sûr ! Mais au-delà, avant eux, qui ? Et pour quoi ? Pourquoi dans ce monde, sur cette planète et dans ce pays, dans cette culture, cette religion ? Tout cela a-t-il un sens ? Lequel ? Et que dois-je faire ?
Tout cela, je l'ai personnellement vécu et éprouvé comme ça. Il ne s'agit pas de littérature. Je l'ai éprouvé avec d'autant plus de violence que le monde sortait à peine de la pire guerre de son Histoire. On découvrait peu à peu jusqu'où avaient pu aller les forces de haine dans le cœur des hommes ! L’homme, le seul parmi tous les vivants de cette planète à pratiquer des massacres périodiques de sa propre espèce, accompagnés d'actes de tortures, de recherches raffinées pour humilier, faire souffrir au maximum le groupe adverse avant de l’anéantir !
Mais, entre deux guerres, il y avait toujours des périodes de réconciliation, de bonne entente sur de nouvelles bases. Je devais découvrir que l'ensemble du monde, de la Création, ne connaissait même pas ces périodes de paix. Le monde dans lequel nous vivons comporte deux aspects profondément opposés. D'un côté il est merveilleux : je ne vais pas vous faire tout un passage lyrique sur la splendeur de la nature, des montagnes aux plaines, des fleuves aux océans, des couchers de soleil aux aurores boréales. Je ne vais pas vous décrire l'incroyable fantaisie des différentes formes de vie, sur terre, dans les airs ou au fond des eaux... tout cela vous le savez. Mais il y a aussi un autre aspect : derrière les frondaisons des arbres, à travers les chants variés des oiseaux, dans les profondeurs des océans, toute cette vie grouillante n'est qu'une immense partie de chasse épouvantable, chacun essayant d'échapper à son prédateur, mais poursuivant en même temps sa proie pour arriver à survivre. Au-delà de l'immense paix d'un beau coucher de soleil, il y a la transition entre la chasse de jour et la chasse de nuit qui n'est pas moins impitoyable. Notre corps lui-même est un terrible champ de bataille, non seulement à sa surface, mais en profondeur, entre cellules ! Je veux bien que chacun, selon son tempérament, soit plus sensible à l'harmonie de la nature ou à sa cruauté. Mais, qu'on le veuille ou non, les deux aspects sont là. Je sais qu'il y a aussi l'épisode des amours et des naissances qui nous attendrit toujours dans les films sur les animaux. Mais il ne s'agit que d'une variante au schéma général, car, ces petits, il faut bien les nourrir ! Il n'y a pas de lions végétariens. Il n'y a guère que les herbivores qui seraient des victimes innocentes, encore que l'on commence à deviner que les plantes ne sont peut-être pas totalement insensibles. Alors ?...
Mon tempérament, ma sensibilité, ont fait que je suis toujours resté profondément marqué par cette empreinte du mal dans le monde. J'aurais probablement sombré dans un nihilisme total,  un désespoir profond, si je n'avais pas eu, très tôt, une certaine force en moi qui m'a permis toujours de triompher, tant bien que mal, de ce pessimisme profond.
Cette petite force, c'est la prière ! Dans l'Église catholique et romaine, on ne donne pas la communion, le corps du Christ, aux nouveau-nés, mais seulement vers 7 ou 8 ans. En I938, j'avais 7 ans et je me préparais à cette première communion.
À cette époque-là, on sentait aussi l'approche de la guerre. Je me souviens que, le soir, dans mon lit, je priais le plus longtemps possible, jusqu'à ce que le sommeil l'emporte, pour que cette guerre soit évitée. Je pense que c'est ainsi qu'une certaine rencontre s'est faite entre moi et Dieu. Rien d'extraordinaire, pas d'extase, de paroles intérieures, de vision de lumière et autres phénomènes... Mais une certitude de Sa présence et de Son attention à ce que je Lui disais, la certitude que j'étais important pour Lui parce qu'Il m'aimait ; je n'étais pas non plus plus important que les autres, mais Il nous aimait tous, réellement.

Je crois que c'est ce contact avec Dieu, avec Jésus, qui m'a permis de traverser toutes ces années d'épreuves sans sombrer dans le désespoir. Quand j'avais 15/16 ans, nous habitions une petite ville de la banlieue de Paris. Après les cours de l'après-midi, qui finissaient vers 17 heures, j'allais, presque tous les jours, à la cathédrale qui n'était pas très loin de cette école et je m'y trouvais, seul, dans le silence, pour prier. C'était dans la chapelle de la Vierge, la Mère de Dieu, derrière le Chœur de la cathédrale, une magnifique église gothique du XIIIe siècle qui avait échappé aux bombardements.

J'étais alors en « terminale » et nous étions répartis en deux sections. Les « scientifiques » n'avaient que trois heures de philosophie par semaine, mais dans la section «littéraire », nous avions 9 heures, avec un professeur, ancien croyant, catholique, devenu communiste et athée. Je lui dois beaucoup par ailleurs, mais ce n'est pas lui qui m'a aidé à trouver le sens de ce monde. C'est ma petite prière quotidienne qui m'a aidé à tenir, dans un noir absolu, une incompréhension totale de ce monde et même du silence de Dieu ! Je ne comprenais rien, rien à rien, mais je continuais à Lui faire confiance, peut-être seulement parce que je n'avais aucun autre recours.

Les philosophes ont essayé d'expliquer cet état épouvantable du monde par différentes théories qui ne sont en réalité qu'une autre manière de se résigner à un état de fait, à ce que l'on ne peut pas changer. Ce monde, pour exister, nous expliquent-ils, a besoin de lois complexes, souvent contradictoires. Sans ces lois et les tensions qu'elles génèrent, ce monde ne pourrait pas exister. Dieu lui-même, avec toute Son intelligence, ne pouvait pas inventer, créer, un monde plus simple, sans tous ces conflits. La vache, nous expliquent-ils encore, en se déplaçant, écrase forcément des milliers d'insectes.
C'est la diversité des formes de vie qui engendre forcément tous ces conflits. Mais c'est cette diversité même qui fait la beauté de cet univers. Allez expliquer ça à une mère qui vient de perdre son enfant ! Le philosophe français Teilhard de Chardin, prêtre jésuite, mais aussi paléontologue, complétait ces explications traditionnelles par la notion d'évolution :
Il était physiquement (ou métaphysiquement ?) impossible à Dieu de créer un monde en état de perfection. L'état d‘harmonie du monde, de perfection, ne pouvait être que le résultat d'une longue évolution. Mais jusqu'à ce stade ultime, le mal et la souffrance régneront. 
Le Père Teilhard ne semble pas avoir expliqué, dans aucun de ses ouvrages, pourquoi il était impossible à Dieu de faire autrement. C'était, semble-t-il, pour lui, formé par la paléontologie, une évidence.

Dans ce monde sans cesse bouleversé par des guerres, des révolutions, des révoltes, des complots, des attentats, comment trouver un sens à tout cela et comment donner un sens à sa propre vie ?

« Oh, puissions-nous être nos arrière, arrière-grands-parents ! Une aile de mouette, une tête de libellule, ce serait déjà trop et souffrirait déjà trop » s'exclamait  Gottfried Benn, grand poète allemand, mais aussi chirurgien pendant la dernière guerre.

On se souvient de l’apologue imaginé par le philosophe français Henri Bergson : Le monde serait heureux, harmonieux, mais tout ce bonheur ne serait possible que parce que, quelque part, loin des regards, quelqu'un serait sans cesse horriblement torturé. Alors, disait le philosophe, plutôt rien, le néant, pas de monde heureux, plutôt que cette monstruosité !

Que de fois j'aurais anéanti le monde ! Oui, plutôt rien que tant de souffrance !

Ce monde n'est évidemment pas celui que Dieu a voulu ! C'est un monde détraqué, faussé. Même cette lutte permanente pour survivre, aux dépens des autres, en ne sauvant sa vie que par la mort des autres, ce monde ne peut pas avoir été conçu, voulu par Dieu ainsi.

Je me rappelle que, dans son autobiographie, le cardinal Newman (théologien de l'Église anglicane devenu catholique), cherchant à rendre évidente la tradition du « Paradis Perdu » rapportée dans le premier livre de la Bible, en était arrivé à une démonstration très simple, mais très efficace. J'en reprends ici l'idée : Descendez dans la rue ou dans le métro et regardez la tête des gens. De toute évidence, ce sont les survivants d'une catastrophe cosmique épouvantable dont les visages gardent le reflet. Ce ne sont pas des créatures rayonnantes de bonheur, heureuses de vivre, souriantes, épanouies, se sentant protégées par la bienveillance de tous, ni surtout attirées par Dieu. Ce n'est pas ce monde-là que Dieu a créé. Ce n'est pas possible ! Lisez les journaux, regardez les émissions de télévision, partout on se tue, on se mitraille. Même dans les opéras les nouveaux compositeurs remplacent la musique par des bruits de vaisselle que l'on casse à coups de marteau ou des grincements de porte et autres bruits désagréables, C'est bien le reflet de notre monde !

On trouve dans les littératures anciennes des textes de Stoïciens où un de ces philosophes, pour consoler un père qui vient de perdre son fils, lui explique : « un beau vase s'est brisé ! Mais tu savais bien que les vases sont fragiles ! ». Les bouddhistes, qui semblent avoir eu un lien avec nos Stoïciens, incitent de même leurs adeptes à ne pas trop aimer ceux qui partagent leur vie. Ils souffriront moins lorsque le malheur arrivera. C'est un renoncement à vivre pleinement, un demi-suicide ! Cela n'explique rien ; cela n'explique pas pourquoi le monde est dans cet état. C'est une sorte d'essai pour « faire avec », pour continuer à vivre quand même.

Tous ces essais d'explication de l'état de ce monde n'impliquent l'existence et l'action d'aucun Dieu créateur, tout au plus évoquent-ils un Dieu honoraire, sans lien réel avec ce monde. Les scientifiques  aujourd'hui sont de plus en plus ouverts à l'idée d'un Dieu créateur de toute l'immensité de l'univers. Mais l'essentiel n'est pas leur accord. Comme le disait Paul Evdokimov, théologien français de la communauté russe émigrée : « On ne prouve pas l'existence de Dieu, on l'éprouve. » Et ce n'est pas là un simple jeu de mots. Il rejoignait ainsi l’affirmation d'Évagre le Pontique, moine du IVe siècle «  Nul n'est théologien, s'il n'a vu Dieu. » Voir Dieu, l'éprouver ! C'est la seule vraie connaissance de Dieu, loin de tous les concepts philosophiques. Or, ce qu'éprouvent tous les mystiques, c'est non seulement son immensité, sa puissance, mais surtout son amour. Dieu est l'Amour absolu. Il n'a donc certainement pas créé un monde à moitié rongé par la haine et la souffrance. N'est sorti de Lui que de l'amour. L'expérience des mystiques est aujourd'hui confirmée par le témoignage de millions et même de dizaines de millions de personnes que l'on a crues mortes pendant quelques secondes, parfois quelques minutes, mais qui sont revenues à la vie de ce monde en rapportant l'expérience extraordinaire qu'elles avaient vécue pendant cette mort provisoire. J‘ai recueilli une anthologie de ces récits dans « Les morts nous parlent ». Il y a bien quelques variantes d'un récit à l'autre, mais le schéma central reste toujours le même : la rencontre d'un Amour inimaginable, total, infini, quoi  que l'on ait fait. Pas le moindre reproche, la moindre volonté de vous humilier. Certes, on y découvre aussi tout le chemin qu'il nous faudra faire pour rejoindre cet Amour, mais il n'y a que de l'Amour. Ces témoins ne savent pas trouver de termes assez forts. Ils se sont sentis « submergés » d'amour,  « écrasés » d'amour. le récit du Livre de la Genèse fausse tout. Dieu ne nous a jamais chassés de son Amour ! Ce serait se renier Lui-même, renier ce qui le constitue. Ce Dieu-là n'a pas créé pour nous un monde brisé, gangrené par le mal, comme une sorte de piège tendu, pour voir comment nous réagirions. Il ne fait pas des expériences avec nous comme nous le faisons avec des rats. Les épreuves, les horreurs de ce monde-là ne viennent pas de Dieu. Non. de Lui ne peut venir que de l’Amour, sans calcul, sans ruse. Dieu ne joue pas avec nous, nos vies, nos sentiments. Le mal qui est dans ce monde ne peut pas venir de Lui !

Contrairement à ce que racontent bien des philosophes et même des théologiens, Dieu, créateur de milliards de galaxies, sait très bien faire un monde sans souffrance et sans mal. Il l'a fait et des millions de morts provisoires ou de mystiques en sont témoins. Ils ont vu ou plutôt aperçu, lors d'une brève expérience, ces mondes de l'au-delà, en pleine harmonie, dans le bonheur, la joie, sans souffrance, mais aussi sans haine, sans rivalités, sans désir de domination, sans orgueil.

Alors, d'où vient ce mal ? Pourquoi ne sommes-nous pas déjà dans ces mondes-là ? Le problème, c'est que pour vivre dans ces mondes-là, dans ces mondes d'amour, il faut être capable d'aimer comme ceux qui y vivent déjà. L'amour ne s'impose pas. Il ne peut naître que dans une totale liberté. Or l'amour, c'est la seule chose que Dieu ne sait pas faire, qu'il ne peut pas créer. Il peut le solliciter, essayer de l’évoquer, de l’inspirer, mais Il ne peut pas le créer. Il aurait pu nous faire mille fois plus intelligents, capables de battre en calcul les ordinateurs les plus puissants. Il aurait pu nous faire capables de voler comme les oiseaux ou même de plonger dans l'espace comme les fusées. Il aurait pu nous créer hors d'atteinte de tous les virus, du feu et de l'eau. Dieu a su créer les fleurs, des milliards de fleurs, toutes différentes.
Il a même su créer le sourire d'un bébé heureux, ce qui est probablement le sommet de la Création. Mais il ne pouvait pas faire des machines capables d'aimer. Cette force mystérieuse qui fait justement le bonheur des saints, des mystiques et de ces morts provisoires est d'une nature différente de tout le reste. Dieu ne peut pas la créer directement. Cette force mystérieuse ne peut venir que de chacun de nous, du plus profond de chacun de nous. Les robots peuvent faire des choses extraordinaires, mais ils ne peuvent pas aimer. Dieu n'attend pas de nous l'obéissance mécanique des robots : ni même des esclaves ou des domestiques, guettant pour leur obéissance une petite gratification, peut-être une augmentation de salaire ou une promotion. L'amour est quelque chose de si merveilleux que Dieu même ne peut pas le créer en nous, le faire surgir en nous, sans nous. Il peut nous offrir de participer à son Amour, d'aimer avec Lui, en Lui, mais pour cela Il lui faut notre consentement. L'amour implique toujours une totale liberté. Dieu ne veut pas être toléré ; Il veut être invité, attendu, espéré, désiré. Si nous ne Le désirons pas, son amour ne pourra pas nous rendre heureux. Cela veut dire que nous pouvons accepter son Amour ou Le refuser. Il semble bien que nous tous, sur cette planète, nous n'ayons pas vraiment accepté, désiré l'Amour de Dieu.

François Varillon, reprenant Maurice Zundel, un grand spirituel et mystique suisse du siècle dernier, a fort bien analysé ce qu'implique l'amour :

« L'aimant dit à l'aimé: « Tu es ma joie », ce qui signifie « Sans toi je suis pauvre de joie ». Ou bien: « Tu es tout pour moi », ce qui veut dire: « Sans toi je ne suis rien ». Aimer, c'est vouloir être par l'autre et pour l'autre... Le plus aimant est donc le plus pauvre. L’infiniment aimant – Dieu – est infiniment pauvre...

Amour et volonté d'indépendance sont incompatibles, sinon en surface. Le plus aimant est donc le plus dépendant. L'infiniment aimant – Dieu – est   infiniment dépendant (ce qui est inintelligible si Dieu n'est pas pur Amour, je veux dire si on cède au prurit imaginatif de concevoir l'amour comme un aspect de Dieu, et non comme son être même, aussi infiniment intense qu’ infiniment pur) « L'aimant dit à l'aimé : « je ne puis te regarder de haut sans manquer à l'amour ». Si l'aimant est en quelque manière plus grand que l'aimé, son amour n'est amour que dans l'acte où il nie sa supériorité et se fait l'égal de l'aimé. Le plus aimant est donc le plus humble. L’infiniment aimant – Dieu – est  infiniment humble.
C'est pourquoi on ne peut voir Dieu dans la vérité de son Être qu'en considérant le Christ, qui signifie l'humilité divine par le geste du lavement des pieds. »

Je suis sûr que bien des croyants poursuivent intérieurement un dialogue avec quelque défunt qu'ils ont fortement aimé, ou avec leur ange-gardien, la Mère de Dieu ou avec Dieu lui-même. Pour moi, c'est, le plus souvent, directement avec le Christ. Oh, je ne suis pas dupe, je sais bien que n'importe qui me dira que c'est moi qui fais les demandes et les réponses. C'est sûrement un peu vrai. Mais les saints et surtout les mystiques ont tous connu et pratiqué ce genre de dialogues intérieurs et souvent la suite de leur vie et certaines circonstances ont prouvé que ce dialogue était vrai. Alors, avec le Christ, avec Dieu, je poursuis ce dialogue intérieur et je sens, il me semble qu'Il l'accepte et qu'Il me répond vraiment. Je crois même très bien sentir quand c'est moi qui fais la réponse et pas Lui. Cela sonne faux quand c'est moi qui réponds. Alors avec Lui, je peux tout me permettre, plaisanter, dire des bêtises, Il m'aime tellement que je peux faire et dire n'importe quoi avec Lui... comme un enfant avec son père ou sa mère, comme avec quelqu'un qui me suit dans tout ce que je fais, non pas pour me contrôler, mais pour me protéger, au besoin contre moi-même comme avec quelqu'un qui sait tout de moi, mais qui m'aime quand même. Aimer Dieu ainsi, c'est participer à I’Amour que les trois personnes divines se donnent entre elles. Tous les mystiques, même non chrétiens, l'ont compris, mais évidemment hors du contexte trinitaire, cela se comprend moins bien.

J'ai donc cette liberté incroyable avec Dieu au fond de moi-même. Mais il ne s'agit pas là d'un privilège unique. Dieu vous aime tout autant, chacun d'entre vous. Simplement, vous n'osez pas le croire. Ne vous imaginez pas non plus que dans la condition sociale où vous vous trouvez Dieu ne peut pas s'intéresser à vous autant qu'aux personnages influents dans la société. Balayeur de rue ou empereur, Dieu s'intéresse à vous et vous aime tous autant, infiniment. Acceptez pleinement la place dans le monde que Dieu vous a donnée et, à partir de là, cherchez à découvrir ce que Dieu attend de vous.
Si incroyable que cela nous paraisse, ce Dieu, créateur de milliards d'univers, est fou d'Amour pour chacun de nous. Il est prêt à mourir en croix des milliers de fois, indéfiniment, pour chacun de nous, si cela pouvait aider à notre salut.
C'est ce qu'Il a affirmé à Julienne de Norwich, une mystique anglaise du XIVe siècle. Aussi, ne voit-elle en Dieu jamais de colère envers nous, pas même « un soupçon de blâme » pour nos péchés, mais seulement une immense compassion.

Dieu nous aime tous infiniment, quoi que nous fassions et quand Il pardonne, c'est toujours uniquement pour nous ramener vers Lui, jamais pour nous humilier. C'est ce qu'a parfaitement ressenti Gabrielle Bossis, une mystique française du siècle dernier. Gabrielle ne vivait pas dans un couvent, perdue en prière. Elle n'a pas fondé d'association religieuse ou caritative. Elle n'avait rien d’extraordinaire. C'était une jeune femme toute simple, assez douée sur le plan artistique : elle composait des saynètes pour des pensions de jeunes filles et fabriquait elle-même décors et costumes. Elle poursuivait simplement, à travers toutes ses occupations, ce dialogue intérieur et continuel avec Jésus.

Au cours d'un de ces dialogues intérieurs, voici comment Il lui pardonnait : « Raconte la douleur de tes fautes, non pas tant parce qu’elles t'ont salie, que parce qu'elles m'ont peiné. Car tu as eu ce courage triste de peiner un Homme-Dieu qui avait donné Sa Vie pour toi. Tu le savais pourtant. Tu as passé outre et devant Son regard qui te suivait avec douleur, tu as fait tout ce que tu as voulu, et que, Lui, ne voulait pas.

« Connais-en le chagrin – chagrin sans larmes — dans ton vouloir renouvelé, qui te portera aux humbles amours, au sentiment de ton néant. Alors, je foncerai comme l'aigle avide de ravir, et Je t’emporterai dans les allées solitaires du jardin fermé. Tu chercheras à me parler du passé. Je poserai Ma main sur ta bouche. Tu entendras les mots de tendresse de la Miséricorde qui feront fondre ton cœur. »

Nos « fautes » ne sont pas niées, cependant elles ne sont pas comprises comme des « offenses », mais comme des blessures faites à l’Amour de Dieu et Dieu ne veut pas que nous ressassions le passé, même pour demander pardon. « Je poserai ma main sur ta bouche ».

Mais, évidemment, un tel Amour implique aussi, sans même le dire, une attente terrible d'un même amour en retour.
Avons-nous, nous tous, toute l'Humanité, ressenti cet Amour comme trop écrasant, trop absolu, trop exigeant ? Pourtant, cet Amour sait aussi être délicat, patient, discret. Quand Dieu nous incite à faire quelque chose, Il n'insiste jamais. Si nous le refusons. Il se retire aussitôt. Observez vous-même, en vous-même. Vous le sentirez bien, si vous êtes sincère avec vous-même.

Quand le refus de cet Amour a-t-il eu lieu ? Au début de la création de l'homme, comme dans le récit symbolique du livre de la Genèse, dans la Bible et comme le cardinal Newman se le représentait, sous forme de catastrophe cosmique spirituelle initiale ? Mais nous savons maintenant qu'à un niveau profond de la réalité le temps n'existe pas. Alors, si le mal est si puissant dans le monde, c'est peut-être qu'une grande partie de ce monde refuse l’Amour de Dieu, aujourd'hui, maintenant, à tout moment. Il faut probablement distinguer entre la cause et les effets. Les effets se déploient dans le temps. On ne le voit que trop.

Mais la cause, elle, comme la physique contemporaine nous permet de le comprendre, peut échapper au temps. Le récit symbolique du péché d'Adam et Ève, dans la Bible, correspond probablement à une vérité profonde. En hébreu « Adam » veut dire «  Homme ». Nous sommes tous Adam. Et si, à un niveau qui échappe à nos sens, il n'y a pas de temps, il n'y a pas non plus de réincarnation possible. Il ne peut y avoir d’incarnation antérieure à une autre, ni de progrès d'une incarnation à une autre.

Les hommes auraient refusé d'entrer dans ce jeu de  l’Amour infini de Dieu. Ils auraient réclamé le droit de chercher par eux-mêmes leur bonheur. Nous l'avons vu, l’Amour ne s'impose pas.

La science contemporaine tend de plus en plus à admettre que la matière et l'esprit ne sont que les deux faces de la même médaille. Certains spécialistes de physique quantique commencent à en faire l'hypothèse. L'un des plus avancés dans ces recherches est certainement Emmanuel Ransford, scientifique australien, mais qui écrit le plus souvent en français.
Il parle de «  psychomatière » ou d‘ « holomatière » pour tenter d'exprimer cette présence de l'esprit au cœur de la matière et, inversement, cette présence de la matière dans l'esprit.

Ceux qui ont déjà lu mes livres savent que j'attache une très grande valeur à certains messages qui nous sont parvenus de l'au-delà de personnes parfaitement mortes, mais qui sont arrivées, par différents moyens, à communiquer avec nous.
Il s'agit surtout de textes reçus en « écriture automatique », terme généralement employé en ésotérisme pour désigner ce processus. Le récepteur tient son crayon, mais à peine, seulement pour qu'il ne tombe pas et une force invisible fait bouger ce crayon entre ses doigts en formant des mots, puis des textes. Cela commence souvent par des gribouillis mais, peu à peu, les lettres prennent forme, puis des mots entiers apparaissent.

C'est un domaine que j'ai assez bien étudié et que l'on trouve dans toutes les langues. J'ai pu ainsi constater que la plupart des messages reçus, aussi bien en allemand qu'en espagnol, en anglais ou en italien ne contiennent rien d'important, pas plus qu'en français. C'est un véritable déluge de « révélations », toutes plus fantaisistes les unes que les autres, souvent sans intérêt, parfois dangereuses et même très dangereuses, la plupart des lecteurs de ces messages n'ayant aucune possibilité de faire par eux-mêmes le discernement nécessaire. C'est une véritable résurgence des « gnoses » anciennes.

Cependant, parfois, certains de ces messages font exception et peuvent même présenter un très grand intérêt. C'est notamment le cas des messages que Pierre Monnier, jeune officier français, mort en 1915, pendant la première guerre mondiale, envoya à sa mère, après sa mort, jusqu'en 1937. Ces textes sont connus sous le nom de « Lettres de Pierre ». Je l'ai déjà longuement exposé dans « Les morts nous parlent» et dans «  Christ et Karma ». Or, depuis l'au-delà, le 14 avril 1920, Pierre Monnier expliquait à sa mère : « Vous ne savez pas encore associer deux manifestations qui vous semblent diamétralement opposées... Ce que la science vous révélera, c'est la matérialité de l’effluence spirituelle, et la spiritualité de la matière, ce qui supprime de fait toute frontière entre les deux mondes dissemblables dans leurs résultats apparents, mais identiques en somme, la matière et l'esprit étant une même chose à un degré différent de condensation ».

Si esprit et matière sont vraiment si proches, l'un impliquant l'autre, on comprend mieux que le passage du corps du Christ de l'état charnel à l'état spirituel soit possible et, inversement de même, la matière ou l'esprit étant alternativement dominants, ce qui explique les différentes apparitions, à Marie-Madeleine, aux pèlerins d’Emmaüs, au Cénacle, les portes étant fermées, ou encore, à la fin de l'Évangile de St Jean : Le Christ, au bord du lac, attendant ses apôtres partis pécher et, finalement aussi lors de I’ Ascension. Tous ces allers et retours entre manifestation charnelle, dans la matière, et disparition dans l'autre monde, celui de l'esprit, n'ont alors plus rien de tellement extraordinaire et la Résurrection du Christ n'est rien d'autre que ce passage de notre monde matériel, charnel, au monde spirituel, le phénomène inverse se produisant parfois, lors de certaines apparitions du Christ.

Il n'est pas difficile alors de comprendre aussi que nos pensées, nos sentiments, puissent façonner le monde dans lequel nous vivons.  La constitution de ce monde dépend de la force créatrice de Dieu qui n’est qu’une force d’Amour, mais aussi de la force de nos pensées et de nos sentiments et là, c'est trop évident, il n'y a pas que de l'amour. Bien souvent la jalousie, la haine, l'emportent, entraînés par l'orgueil. Cependant, nous ne sommes pas non plus totalement pervers.
Nous sommes capables aussi d'un peu d'amour. Mais, parmi nous, la grande force d'Amour, c'est celle du Christ, avec nous, et surtout en nous. Mais, de la même façon, parmi nous et en nous, il y a une force de haine, d'orgueil, particulièrement puissante. La tradition lui donne plusieurs noms : Satan, Lucifer, le diable, le Malin.

Permettez-moi de citer encore Pierre Monnier : « Alors, frères, rentrez en vous-mêmes et regardez par quelle fuite votre âme se vide de toute force. La grande blessure a pour cause votre égoïsme qui naît de l'orgueil, générateur du péché sur la terre. Le Roi du Monde, le Malin, est tout orgueil et c'est lui qui attire les hommes dans le chemin de la perdition, par des flatteries pernicieuses qui détruisent l'âme. »

Jetez un regard sur l'Histoire du Monde. Vous comprendrez vite que les peuples ont été souvent entraînés à des massacres, des catastrophes, par des fous d'orgueil, tels Napoléon, Hitler, ou tant d'autres. Je vous laisse compléter la liste ! Mais, seuls, ceux-ci n'auraient pu rien faire, s'il n'y avait pas eu des foules entières à partager leur délire dans le même orgueil.

Le bonheur d'aimer Dieu ! Il y a déjà le bonheur bien connu d'être aimé de Dieu. Il est facile de comprendre que se sentir aimé de Dieu est une expérience merveilleuse, pleine de douceur. Cet amour peut même se manifester parfois avec une force extrême, presque avec violence comme en témoignent tous les mystiques qui ont éprouvé cet Amour lors d'une extase et ceux qui ont fait une expérience de mort provisoire. Ils se sont sentis « submergés », « écrasés » d'amour. Mais ce sont des expériences très brèves, presque instantanées. Après, reste le souvenir de les avoir vécues, mais on ne les éprouve plus. Le souvenir de ces expériences peut cependant suffire à soutenir toute une vie de recherche de Dieu. Elles agissent comme une nostalgie, merveilleuse et terrible.

Mais, le plus souvent, Dieu fait sentir son Amour de façon toute simple, dans une douceur merveilleuse. Oh ! Bien sûr, il y a dans ce monde des plaisirs et des bonheurs d'une intensité beaucoup plus grande, comme le bonheur d'un amour mutuel partagé ou l'amour d'un enfant auquel on peut tout donner. Mais dans l'amour que Dieu nous fait parfois sentir avec cette douceur, il y a une pureté extraordinaire qu'on ne retrouve pas dans nos amours humaines et ce bonheur grandit, peu à peu, à la mesure de notre réponse. II peut alors dépasser tous les bonheurs de ce monde.

Mais ce bonheur de se sentir vraiment aimé par Dieu n'est déjà pas accordé à tout le monde. Bien des croyants, profondément croyants, gens de prière et de générosité ne l'ont pas connu. Ils ne sont pas pour autant moins aimés de Dieu. Mais Dieu donne à chacun ce qu'il convient, en fonction de sa progression spirituelle personnelle, mais aussi en fonction de sa mission dans le milieu où il se trouve.

Encore faut-il aussi ouvrir son cœur à Dieu pour éprouver son Amour. Beaucoup d'hommes et de femmes vivent un peu comme des somnambules. Ils travaillent, s'amusent, s’étourdissent sans jamais se demander pourquoi ils sont dans ce monde, ni chercher à savoir ce qui les attend ensuite. Il semblerait, comme dans les contes de fées, qu'un méchant sorcier les ait frappés de sa baguette magique, non pour les figer dans le sommeil, comme dans « La Belle au bois dormant », mais pour les transformer en marcheurs éveillés, mais inconscients, en « morts-vivants » ou en « zombies », comme dans certains films d'horreur. Mais oui, c'est bien cela et ce sorcier qui nous détourne par tous les moyens de l'essentiel, vous le connaissez, c'est Satan, qui cherche sans cesse à pervertir l'œuvre de Dieu, et surtout dans ce qu'elle a de plus grand et de plus sublime : le cœur de l'homme.

Il est capital de bien comprendre que Dieu n'est absolument pour rien dans ce mal qui ronge et massacre son œuvre. Il n'y est pour rien ! Il est même venu, au contraire, par son Incarnation, partager notre misère pour nous aider à en sortir.
Il n'est pas du côté des bourreaux, mais du côté des victimes, avec nous, pour nous. Il est capital de bien comprendre cela. J'ai mis personnellement bien des années à innocenter Dieu complètement de tout ce mal qui ravage sans cesse le monde à un endroit ou à l'autre. Intellectuellement, je l'avais bien compris, j'en étais vraiment convaincu. Mais chaque fois qu'un nouveau drame, une nouvelle monstruosité, une nouvelle horreur, se présentait à moi, je sentais qu'en moi, sourdement, sans aller jusqu‘à me le formuler, mais irrésistiblement, montait en moi une accusation contre Dieu que j'essayais en vain de réprimer. Pourquoi, permets-Tu cela, pourquoi n’interviens-Tu pas davantage ? Or, tant qu'on ne s'est pas vraiment convaincu de cette totale innocence de Dieu, on ne peut pas vraiment l'aimer. Devant chacune des horreurs qui se multiplient sans cesse à travers le monde, je sais que Dieu en souffre plus que moi, parce qu'Il aime plus que moi et qu'Il en souffre directement dans ceux qui souffrent. Il faut que tout cela soit non seulement intellectuellement compris, mais surtout, psychologiquement assimilé en profondeur. Il faut que notre subconscient soit complètement imprégné de cette certitude, au point que cette sournoise accusation contre Dieu ne puisse pas remonter au fond de notre
cœur. Alors, on pourra connaître un très grand bonheur, on pourra, sans aucune réserve, se laisser aimer par Dieu, jouir du bonheur d'être aimé par Dieu, même au milieu de toute la souffrance de ce monde. Mais on pourra aussi, peu à peu, jouir d'un bonheur, nouveau sans doute pour la plupart d'entre nous et qui sera un soutien extraordinaire pour surmonter toutes les épreuves de notre vie : le bonheur d'aimer Dieu.

Car il y a un bonheur encore plus grand que de se sentir aimé de Dieu : aimer Dieu. Et cela aussi les mystiques l'ont éprouvé et ils ont aussi senti que Dieu en était heureux. Si incroyable que cela puisse paraître. Dieu, créateur de milliards de milliards de mondes attend, humblement, devant notre porte, que nous Lui ouvrions la porte de notre cœur, que nous L’aimions. On est là en pleine folie, c'est vrai ! Faire le bonheur de Dieu en L’aimant ! Mais le lavement des pieds que le Père Varillon évoquait, c'est cela. Une telle tâche incombait seulement à la femme du maître de maison. Il pouvait aussi l'exiger de ses esclaves étrangers, mais pas de ses autres esclaves, juifs (ou hébreux) comme lui. Petit détail le confirmant : Jésus s'est d'abord ceint d'un linge et c'est avec ce linge qu'il essuie les pieds de ses apôtres, tenue et fonction caractéristique de l'esclave, nous disent les experts. C'est vous dire toute la force d'un tel geste ! Dieu prend auprès de nous la place, le rôle de l'esclave étranger, de celui dont on peut tout exiger, même les services les plus humbles.
C'est St Jean qui nous rapporte cet épisode et il le fait à l'endroit du récit évangélique où les trois autres évangélistes rapportent le déroulement du repas pascal avec l'institution de l’eucharistie. Mais, pour St Jean, ce récit du lavement des pieds, qu'il est le seul à rapporter, est encore plus important. Dieu, créateur de milliards de milliards de mondes, nous montre par ce geste qu'il est prêt à se mettre à genoux devant chacun d'entre nous pour lui laver les pieds. Je n'invente rien. Je ne fais qu’expliciter ce que le récit de St Jean implique. Sinon, dans quel but nous aurait-il raconté cette scène ?
On est là en pleine folie ! Nous ne pouvons pas nous imaginer la puissance d'un tel Amour. Cela nous dépasse tellement !
Dieu est bien infini, tout-puissant, mais c'est un infini d‘Amour. Cet Amour, les saints dans leurs extases et ceux qui ont vécu une mort provisoire ont commencé non pas à le comprendre mais à l'éprouver.

Le bonheur d’aimer Dieu ! On peut le mesurer à la douleur de ceux qui l'ont connu et qui, brusquement, en ont été privés.
C'est ce bonheur-là que Mère Teresa de Calcutta, Ste Teresa, aujourd'hui proclamée sainte dans l'Église catholique, n’éprouvait plus. Elle n'avait pas du tout perdu la foi en l'existence de Dieu, comme on le raconte souvent, mais elle n'éprouvait plus aucun amour pour Dieu. Elle prononçait bien les mots d'amour de la liturgie ou des psaumes, mais ces mots n'avaient plus pour elle aucune charge affective : ils étaient aussi atones que ceux de l'annuaire du téléphone ou
des horaires de trains. Perte épouvantable ! Épreuve terrible ! Ce n'est pas qu'elle avait démérité aux yeux de Dieu. Mais il arrive que Dieu veuille associer ses saints à sa Passion, certains en partageant avec Lui sa crucifixion, comme St François d‘Assise ou Padre Pio, d'autres en partageant sa déréliction en Croix.

C'est par Amour pour nous qu'Il nous a créés. Il veut sentir que nous en sommes heureux et si nous sommes vraiment heureux de son Amour. Il le saura par la réponse de notre amour. Cette attente de Dieu, de nombreux mystiques l'ont ressentie. Ils en sont alors tout étonnés, bouleversés.

Mais, parfois, Dieu va encore plus loin. Il réclame notre amour, le quémande ; Il supplie presque. Ainsi auprès de Gabrielle Bossis : « Tu t'étonnes toujours de Mon Amour ? Ça, c'est la folie d'un Dieu. C'est la grande explication. Crois donc tout simplement à cet Amour d'un Être Tout-Puissant et d'un autre ordre que vous… Sois vaincue par l'Amour et demande grâce. Prends Mon  Amour pour M'aimer ». Il s'agit bien d'un Être Tout-Puissant, mais « d'un autre ordre » !

« Étrange chose n'est-ce pas, qu'une créature puisse consoler son Dieu ! Mon Amour renverse les rôles comme un moyen nouveau pour vous, comme une tendresse de protection à Me donner. » Zundel et Varillon avaient bien perçu ce « renversement » des rôles qu'implique le véritable Amour.

«  Ne Me quitte pas ! Je suis comme un enfant plein de terreur qui supplie qu'on ne le laisse pas seul... Je vois l'enfer déchaîné et Je suis Seul pour me défendre : prie avec Moi ! »

Ce dernier texte peut sembler excessif, mais n'oublions pas que, par son Incarnation,  le Christ est en tout homme et donc dans le cœur de tous les monstres de l'humanité, tous les tortionnaires des camps d'extermination de tous les pays. La lutte entre le Bien et le Mal, entre l’Amour et l'orgueil se déroule en chacun de nous, entre le Christ et le Malin. À nous
de choisir qui nous voulons suivre. avec qui nous voulons combattre.

Vous aussi vous pouvez entretenir avec Dieu un dialogue intérieur tout au long de votre vie, à travers toutes les circonstances de votre vie, en essayant d'accomplir la volonté de Dieu sur vous. C'est la première façon de L'aimer.

Acceptez pleinement le pays, la langue où vous êtes né. Acceptez votre condition sociale. Vous pourrez peut-être modifier tout cela selon les circonstances et selon la volonté de Dieu. Je suis né dans une famille catholique, pratiquante. J'ai été ordonné prêtre dans l'Église catholique et, au bout d'un long cheminement suis devenu prêtre orthodoxe. L'essentiel, c'est ce qui se passe dans votre cœur. Et cela agit sur le destin du monde, que vous soyez balayeur de rue ou empereur.
L'essentiel est d'aimer Dieu et de chercher sa volonté.

Mais L'aimer implique aussi qu'on cherche à Lui complaire et donc à faire ce qu'Il a envie de nous voir faire. C'est ce que certains, parmi nous, sous l'influence de Satan, ont refusé. Il y a d'ailleurs là comme un affinement progressif de conscience. On fait d’abord ce qu’Il veut pour les choses importantes, mais en faisant ce qu’il nous plaît pour les choses qui nous paraissent secondaires. Mais en Amour tout est important. L'Amour de Dieu est merveilleux, mais il est aussi
dévorant. Il donne Tout, mais il veut aussi tout. Il faut alors, progressivement, apprendre à faire coïncider ce qu'Il aime avec ce que l'on aime. C'est la conversion du cœur, le remplacement du vieil homme par l'homme nouveau, dont parle St Paul.

Pour arriver à cette coïncidence entre la volonté de Dieu et la nôtre, il faut s'habituer peu à peu à faire tout ce que l'on fait avec Lui, pour Lui, même s'il s'agit des choses les plus insignifiantes. Alors, ce bonheur de L’aimer se fera de plus en plus constant et de plus en plus intense, car c'est une participation à l'Amour dont Dieu s'aime Lui-même, à l’Amour de la vie intra trinitaire.

Aussi longtemps que Dieu vous l’accordera développez donc en vous ce bonheur d'aimer Dieu, développez-le pour votre bonheur, à vous, et, plus encore, pour le plus grand bonheur, l'immense bonheur de Dieu, ce bonheur, que vous ne pouvez pas imaginer qu'Il puisse éprouver à vous aimer et à sentir votre amour en retour, parce que Son Amour est d’« un autre ordre »."

Père François BRUNE, prêtre orthodoxe



MÉMOIRE ÉTERNELLE !




lundi 4 décembre 2017

Saint Geronda Iakovos Tsalikis, L'Ancien de l'amour, du pardon et du discernement [2/2]

Geronda Iakovos Tsalikis (5/11/1920—21/11/1991)

 par Alexandros Christodoulou  

[2ème partie]



En tant qu'higoumène, il se comportait envers les pères et les visiteurs du monastère avec un excès d'amour, de compréhension et de discernement. Son hospitalité était proverbiale. Le discernement avec lequel il approchait les gens était une ses caractéristiques propres. Il voyait chaque personne comme une image du Christ et avait toujours un bon mot à leur dire. Ses paroles réconfortantes, qui allaient droit au cœur de ses auditeurs, sont devenues le point de départ de leur repentance et de leur vie spirituelle dans l'Église. L'Ancien avait le don, qu'il dissimulait, de perspicacité et de clairvoyance. Il reconnaissait le problème ou le péché de chaque personne et les corrigeait avec discrétion. Illuminé par le Saint-Esprit, il disait à chacun, en quelques mots, exactement ce dont il avait besoin. Saint Porphyre disait du précédent ancien Iakovos : «Gravez mes paroles. Il est l'une des personnes les plus clairvoyantes de notre temps, mais il le cache pour ne pas être loué ».

Dans une lettre adressée au saint monastère de Saint-David, le patriarche œcuménique Bartholomée a écrit : «En ce qui concerne le défunt aîné, avec sa personnalité, on peut dire de lui ce que saint Jean Chrysostome a écrit à propos de saint Mélèce d'Antioche : il a certes enseigné ou éclairé les esprits par la parole, mais le voir seulement était suffisant pour que les âmes de ceux qui le regardaient soient pénétrées de tout son enseignement de la vertu ».

Il a vécu pour la Divine Liturgie, qu'il célébra tous les jours, avec crainte et tremblement, avec dévotion et, littéralement, élévation. En effet les jeunes enfants et ceux qui avaient le cœur pur l'ont vu se déplacer au-dessus du sol ou être assisté par de saints anges. Comme il l'a lui-même dit à très peu de personnes, il a célébré avec les chérubins, les séraphins et les saints. Pendant la proscomédie, il a vu des anges du Seigneur prendre les portions de ceux dont on faisait mémoire et les placer devant le trône du Christ, comme des prières. Quand, à cause de problèmes de santé, il se sentait faible, il priait avant le début de la Divine Liturgie avec ces paroles "Seigneur, avec mes faibles forces d'homme je n'y parviendrai pas, alors aide-moi à célébrer". Après cela, disait-il, il célébrait «comme s'il avait des ailes».

L'un des aspects caractéristiques de sa vie était sa relation avec les saints. Il a vécu avec eux, leur a parlé et les a vus. Il avait une confiance impressionnante envers eux, particulièrement Saint David et Saint Jean le Russe, qu'il considérait littéralement comme ses amis. "Je murmure quelque chose à l'oreille du Saint et il me donne une ligne directe vers le Seigneur" disait-il. Alors qu'il était sur le point de subir une opération à l'hôpital de Halkida, il pria avec foi: «Saint David, n'irez-vous pas à Prokopi chercher Saint Jean, ainsi vous pourrez venir ici et me soutenir pour l'opération? Je ressens le besoin de votre présence et de votre soutien ». Dix minutes plus tard, les saints apparurent et, quand il les vit, l'Ancien se dressa sur son lit et leur dit: «Merci d'avoir répondu à ma demande et de venir ici pour me trouver».

L'une de ses vertus les plus connues était la charité. À maintes reprises, il a donné à tout le monde, selon leurs besoins. Il pouvait dire lesquels des visiteurs du monastère étaient en difficultés financières. Il demandait à leur parler en privé, leur donnait de l'argent et leur demandait de ne le dire à personne. Il n'a jamais voulu que ses actes charitables soient connus.

Un autre don qu'il avait était que, par les prières de Saint David, il était capable d'expulser les démons. Il lisait les prières de l'Église, faisait le signe de la Croix avec le précieux crâne du saint sur les personnes qui souffraient et celles-ci étaient souvent purifiées.

C'était un guide spirituel merveilleux, et grâce à ses conseils, des milliers de personnes sont retournées sur le chemin du Christ. Il aimait ses enfants plus que lui-même. C'est pendant la confession que que l'on pouvait particulièrement apprécier sa sainteté. Il n'a jamais offensé ou attristé personne. Il était justement connu comme "Geronda Iakovos tel Doux".

Il a souffert d'un certain nombre de maladies douloureuses. Une de ses paroles était : «Lucifer a reçu la permission de tourmenter mon corps». Et Dieu a donné son consentement pour ma chair, que j'ai portée pendant soixante-dix ans, à être tourmenté pour une seule raison : que je devienne humble. La dernière des épreuves concernant sa santé a été une crise cardiaque qui était le résultat d'une tentation qu'il avait subie.

Il a toujours eu le souvenir de la mort et du jugement à venir. En effet, il avait prédit sa mort. Il demanda à un hiérodiacre athonite qu'il avait confessé le matin du 21 novembre, dernier jour de sa vie terrestre, de rester au monastère jusqu'à l'après-midi pour l'habiller. Pendant qu'il confessait, il se leva et eut cet échange avec le hiérodiacre : «Lève-toi, fils. La Mère de Dieu, Saint David, Saint Jean le Russe et Saint Iakovos viennent d'entrer dans la cellule. — Pourquoi sont-ils ici, Geronda ? — Prends-moi, mon fils». À ce moment même, ses genoux ont cédé et il s'est effondré. Comme il l'avait prédit, il partit «comme un petit oiseau». Avec un souffle semblable à celui d'un oiseau, il a quitté ce monde le jour de l'Entrée au Temple de la Mère de Dieu. Il a fait sa propre entrée dans le royaume de Dieu. Il était 4h17 dans l'après-midi.

Son corps est demeuré souple et chaud, et le cri qui s'échappa des lèvres de milliers de personnes fut : «Un Saint! Tu es un Saint », témoignant des sentiments des fidèles pour le défunt Iakovos. Maintenant, après sa mort bénie, il intercède pour tout le monde auprès du trône de Dieu, avec une confiance spéciale et exceptionnelle. Des centaines de fidèles peuvent confirmer qu'il a été un bienfaiteur pour eux. 
Alexandros Christodoulos

(version française par Maxime le minime de la source)