Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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samedi 6 avril 2019

INTERNET SOUS TUTELLE

Sur le site GeekMeRight 

Grâce à internet, vous croyiez avoir regagné en liberté d’expression ? Il était donc grand temps d’y mettre fin !

Par Dern et h16



Hic Sunt les censeurs

Voilà, c’est fait : la directive sur le droit d’auteur a été adoptée au Parlement Européen. 
La bataille a fait rage, et les lobbys n’y sont pas allés de main morte : tribunes d’artistes dans Le Monde, millions d’euros dépensés par Edima, le lobby des plateformes numériques à Bruxelles…
Mais ce n’est pas la première fois que nos
tuteurs dirigeants, motivés par notre plus grand bonheur et une méconnaissance redoutable des technologies modernes, essayent de nous censurer. On se souviendra de la créativité administrative impressionnante de la HADOPI, mais aussi des plus récents (et plus inquiétants) PIPA, SIPA, ACTA, TPP, NDAA… Ces accords internationaux sont passés à la trappe, plus par méconnaissance des enjeux et méfiance que par désir de maintenir la liberté individuelle.


Avec l’adoption de la directive droits d’auteur, on entre dans le flou le plus absolu aux conséquences difficiles à prévoir. 
Cette directive instaure en effet un système dans lequel les intermédiaires techniques (réseaux sociaux et plateformes en ligne) contrôleront l’application du droit d’auteur. Les optimistes (benêts ?) diront qu’il s’agit de leur responsabilité et de leur rôle. Les pessimistes (réalistes ?), eux, noteront que nos tuteurs vont avoir un mal de chien à s’empêcher d’élargir leur champ d’action, pour, par exemple, appliquer des méthodes similaires aux élections européennes… D’autant que Les GAFAM n’ont pas attendu la décision pour se préparer à l’appliquer. De base ils auraient préféré que cette réglementation n’existe pas, mais à défaut, ils feront en sorte d’en tirer le meilleur parti d’autant plus qu’ils ont anticipé cette loi et ont déjà commencé à l’intégrer.

Le Content ID

C’est ici que le Content ID de Youtube entre en jeu. C’est une intelligence artificielle (IA) qui va vérifier dans chaque nouvelle vidéo que vous téléversez que le contenu posté n’existe pas déjà sur la plateforme, assurant ainsi que les images et les sons que vous utilisez vous appartiennent vraiment.
Si ce n’est pas le cas, les revenus générés par la vidéo seront reversés à leur propriétaire.
Prenons un exemple : je me sens l’envie irrépressible de réaliser un best-of des discours de Jean-Vincent Placé, et prends donc des morceaux choisis de LCP, La Chaîne Parlementaire, pour son traitement de l’image vivant et pétillant. Je mets ma compilation en ligne, jouant Placé pour gagner. Las. Grâce au Content ID de Youtube, ma vidéo sera bien monétisée mais l’ensemble des revenus iront à LCP.

Le Monstre des Data

Eh oui, cette IA monstrueuse est plus artificielle qu’intelligente : elle ne sait pas détecter la parodie ou la citation. 
Pourtant, si le texte de la directive européenne prévoit le respect de la parodie ou la citation, la réalité est tout autre. Quand on a dix mille fichiers à traiter en une heure, aucun humain ne tient le rythme et la machine qui le remplace est incapable de différencier un best of de Jean-Vincent Placé d’une vidéo satirique avec citations rigolotes.





Les critiques de jeux-vidéo ? Ça tombe. Les commentaires de bouquins ? Ça tombe. Les cover de mozinor ? Ça tombe. 
Les risques de faux-positifs sont plus qu’énormes : ils sont inévitables (pour ceux qui aiment la technique, c’est ici).
Avec un tel pouvoir, des chaînes comme le Joueur du Grenier n’auraient jamais pu entrer dans le Youtube Game. Au revoir la concurrence, bonjour le statu quo : les grosses chaînes pourront négocier directement avec Youtube, les autres n’auront pas cette chance.





L’Inquisition de l’Empereur-Europe

Et c’est là que tout se joue : le Content ID transforme la plateforme en juridiction suprême du droit de la vidéo en ligne, en inversant la charge de la preuve : les ayant droits n’ont plus à prouver que tel extrait leur appartient, c’est à vous de réclamer et prouver qu’il s’agit bien de parodie ou de citation. Le content ID détecte a priori, l’ayant droit supposé obtient les droits par défaut et le youtubeur peut ensuite tenter de réclamer.
Le Content ID a instauré Youtube en nouveau juge, créant un droit à l’image parallèle, plus restreint et plus opaque que le droit officiel : certaines vidéos gardent sons et images originaux mais restent en ligne, d’autres affichent des faux positifs et sont supprimées, d’autres sont démonétisées pour le Youtubeur et les droits vont aux « ayant droits » d’un extrait… Impossible de savoir comment le tri est fait, ni de savoir pourquoi certaines passent systématiquement sous le radar du Content ID.





Or, ce Content ID constitue le meilleur et probablement le seul prototype de ce que seront les réseaux sociaux après l’application de la directive droits d’auteur.

Je suis Monsieur Lambda, que se passe-t-il ?

Si vous postez une vidéo sur Youtube, tournée avec votre mobile et un budget rikiki, vous êtes soumis aux mêmes contraintes que les grosses chaînes de production comme Palmashow ou Vevo. 
Pour obtenir une autorisation d’un ayant droit, la procédure Youtube prend entre 3 à 6 mois et même si cela reste plus rapide qu’une administration française, cela veut dire que votre vidéo critique de Captain Marvel ne sera pas mise en ligne en temps utile.
Vous prenez une photo de la Tour Eiffel trop similaire à celle d’Anne Hidalgo et vous souhaitez la partager en ligne ? Que nenni :  elle ne passera même pas l’étape de publication et ne sera pas mise sur votre fil Facebook / Instagram/ Twitter.





Fini les émissions de review avec incrustation d’images ou de sons pas libre de droits. Pour ces dernières, on devra en passer par les critiques officiels approuvés par le producteur d’une œuvre et donc bien entendu rigoureusement impartiaux et fiables.
Bref, c’est la déroute. Mais si ni GAFAM ni internautes ne voulaient de cette directive, comment a-t-elle été adoptée ? Qui avantage-t-elle ?

Gouvernemaman Is Back

Surprise ! En premier lieu, elle avantage nos tuteurs légaux, à savoir la gauche régressive de la Team Progrès.
Jusqu’à présent en échec sur l’idée de la fin de l’anonymat sur Internet pourtant si pratique pour censurer les idées déviantes individuellement pour notre Bien, le gourvernemaman tient désormais sa revanche avec cette directive.  
En outre, ils y gagnent sur un créneau plus politique : la culture mémétique, irrévérencieuse, virale et plutôt de droite, a participé aux élections de partis qui leurs déplaisent en Italie, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis… Avec cette directive, les GAFAM, eux aussi membres de la Team Progrès, pourront censurer ce qui leur déplaît sous prétexte de droits d’auteurs. Pratique, et les politiques conservent les mains propres.





Le Zuck gagne un niveau

Et puis, malgré leur opposition initiale, cela arrange aussi les GAFAM. 
L’article 11, définissant la « taxe hyperlien », était la pierre d’achoppement et le motif de leur opposition de base, ainsi que les coûts de mise en place des outils de surveillance.
Certes, reproduire l’équivalent du Content ID sur les autres plateformes que Youtube va coûter cher. Certes, il faudra lâcher un pourboire aux médias traditionnels lorsqu’ils agrègent leurs actualités. Certes. Mais comme lot de consolation ils gagnent :
–          Le pouvoir juridique de censurer ce qui leur déplait
–          La possibilité de se constituer en arbitre incontournable de ce qui est dicible ou non sur leurs réseaux (les recours seront déposés devant eux et pas devant un juge)
–         Un moyen d’écraser la concurrence avant qu’elle n’arrive : vu les moyens juridiques et techniques imposés pour garantir la conformité des contenus, impossible qu’une alternative émerge. Dans l’Union Européenne, le marché va se figer.
–          Le rôle de gendarme d’internet de facto, alors qu’ils ne sont qu’un intermédiaire technique (si vous doutez de son pouvoir d’action, regardez sur combien de sites vous vous créez un compte avec vos identifiants Google ou Facebook)





Ce n’est pas juste la fin des mèmes rigolos et la mort des petits chats. C’est une attaque massive et un coup très dur porté au dernier bastion de la liberté d’expression.
Pire : ne croyez pas qu’ils s’arrêteront au droit d’auteur, ne croyez pas qu’ils s’arrêteront à l’Europe.

dimanche 8 juillet 2018

Deep Web, Dark Web, Darknet… Où est le danger réel?

Darknet : faut-il démanteler la revente illégale de la liberté de s’exprimer et de s’informer ?

SOURCE
Par Yannick Chatelain 
(Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)


Hivint/FlickrCC BY

« Quand un seul chien se met à aboyer à une ombre, dix mille chiens en font une réalité. » (proverbe chinois)

En matière de terrorisme islamique, sitôt un attentat commis, le responsable de la radicalisation, le coupable du passage à l’acte émerge rapidement. En France tout du moins, la chanson est toujours la même : le complice le plus impliqué c’est Internet.

Étrangement, pas un seul instant les médias de masse ne se remettent en question dans leur mode de traitement outrancier d’actes odieux. Nous-mêmes en tant qu’usagers nous interrogeons-nous sur le relais que nous faisons sur les réseaux sociaux des actes les plus abjectes ?


« Pardonnez-moi une question dérangeante : Quel groupuscule terroriste pourrait rêver d’attachés de presse plus forcenés répondant aussi promptement à leurs attentes : essaimer l’horreur absolue ».

Dans les situations auxquelles je me réfère, le coupable étant tout désigné, les solutions du « politique “experts” » pleuvent comme un jour de mousson : c’est à qui inventera dans l’urgence de nouvelles solutions miracles. Contraindre un peu plus Internet étant l’une des premières options. Depuis le sinistre onze septembre, à la courte paille du simplisme, vous aurez constaté que c’est toujours Internet qui gagne.

S’en suivent usuellement des interventions anxiogènes sur le « Deep web », le « dark web », le « darknet »… dans un mélange des genres invariablement orientés mauvais genre. Reconnaissons que le terme darknet sonne très « force obscure » aux oreilles de l’opinion publique.

L’évoquer est une chose, cependant, lorsqu’il est mis en avant dans ces contextes dramatiques, c’est de façon réductrice, pour ne pas dire totalement dévoyée. Que cela soit intentionnel ou pas, je vous en laisse juge. Il s’agit toutefois de mettre en avant la face sombre de la bête. Cela se traduit par un défilé d’orateurs alarmistes décrivant un espace qui est pourtant bien éloigné de la réalité qu’ils décrivent.

De la différence entre deep web, dark web et le darknet

Ben Ward/Flickr

Le deep web, ou web profond, par opposition au Web de surface, est constitué de ressources non référencées par des moteurs de recherches. Notons à ce sujet, qu’il s’agisse de Google ou d’autres moteurs, que n’importe quel Webmaster peut choisir d’empêcher l’indexation de contenu.


Le dark web, lui, est une partie réduite du deep web. C’est le contenu du web qui existe sur les           « darknets » pris dans un sens plus large que le sens originel du terme. À l’origine le terme darknet (inventé dans les années 1970) désignait des réseaux qui étaient isolés d’Arpanet – l’ancêtre d’Internet – pour des raisons de sécurité.

La disqualification systématisée du « darknet »

Dans le contexte d’attentats que j’évoque, les discours les plus abracadabrants sur le sujet ne manquent pas, et ce, jusques au plus haut sommet de l’état. Feindre d’avoir identifié le problème c’est déjà rassurer la population. Cependant si le problème est mal posé… je vous laisse le soin d’imaginer l’efficacité de la solution.

Certains n’hésiteront pas à mettre le darknet sur le banc des accusés, des assertions aussi surprenantes qu’invérifiables comme le fera Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’intérieur, le 22 mars 2016 – immédiatement après l’attentat ayant frappé le l’aéroport et une rame de métro de Bruxelles – d’abord à l’Assemblée nationale, pour surenchérir le lendemain au Sénat :


« Ceux qui nous frappent utilisent le darknet et des messages chiffrés. »

Que dire, face à ce type de déclaration à l’emporte-pièce ? Nous pouvons ajouter qu’ils utilisent vraisemblablement des voitures, des téléphones portables et ont même parfois – croyez-le ou non – une télévision… et rajouter, pour être taquin, qu’il fut un temps où Ben Laden et ses comparses étaient les rois de la cryptographie.

Ce type de discours de diabolisation sert à légitimer et enchaîner des lois qui restreignent nos libertés, en favorisant l’acceptation sociale d’absurdités. Le sulfureux darknet de Monsieur Cazeneuve, est en cela un levier puissant, régulièrement de sortie. Le traitement médiatique de ce dernier est naturellement concentré sur les usages criminels possibles comme nous avons pu l’observer encore récemment avec le démantèlement de BlackHand, un forum qui proposait à la vente depuis plus de deux ans de nombreux produits et services illicites : stupéfiants, armes, faux papiers, données bancaires volées…

Au-delà du terrorisme, le darknet est ainsi brandi à toutes occasions par ses détracteurs. Rien de très étonnant, vous conviendrez que de par son nom même, c’est celui qui peut générer le plus de fantasmes et rendre légitime un contrôle – pour votre bien et le mien – de plus en plus exagéré. Tout est donc mis en œuvre pour ancrer dans les esprits le darknet comme un repère infesté de crapules sans foi ni loi. Les gouvernances, quels que soient les régimes, utilisent le sempiternel même argument réducteur – la cybercriminalité – pour rendre acceptable leur volonté de destruction de toute possibilité d’anonymat des citoyens.

Le darknet une zone de non-droit ? Ah bon !

Paradoxe et non des moindres – n’en déplaise à ceux et celles qui souhaiteraient voir disparaître « le monstre » – évoquer une zone de non-droit peuplée de criminels est une absurdité. La preuve en est : puis-je me permettre de souligner que le « darknet », contrairement à ce qui est raconté – dans la partie mineure au service de la délinquance qu’il représente – n’est pas une zone de non-droit comme le démontre l’affaire « Black Hunt ». C’est un endroit permettant aux services de renseignement mondiaux l’infiltration, la mise en place de honey pots, le suivi au plus près de l’évolution de la criminalité, etc. !

« Darknet » : le dernier refuge de la liberté d’informer et de s’informer

Il faut garder à l’esprit que cet « Internet de l’ombre » n’est pas un grand dédale où s’organisent les pires trafics : il est avant tout l’outil qui a permis et qui permet, lorsque la situation l’exige, de relayer des idées à l’abri de l’oppression, de faire savoir au monde la teneur d’une situation sans exposer sa vie pour avoir parlé.

Allons faire un tour en « enfer » ! Suivez le guide !

Pour vous faire une idée par vous même : téléchargez Tor, puis lancez-le. Un navigateur va s’ouvrir. Dans un second temps, accédez alors à « hidden wiki » en copiant l’adresse suivante dans votre navigateur : http://zqktlwi4fecvo6ri.onion/wiki/ vous découvrirez une sorte de Wikipedia proposant de nombreuses ressources classées par thème.

Expérimenter c’est connaître !

Vous constaterez par vous-même qu’une majorité de ressources présentes ne sont aucunement destinées à recruter des assassins, vendre des armes, de la drogue… mais peuvent servir à des personnes qui risquent leur vie en s’exprimant. Toutes les ressources traditionnelles du Web de surface sont disponibles pour : mettre en place des sites, des blogs, discuter en ligne, etc. en minimisant le risque d’être tracé.

(Attention : n’allez pas traîner là où il ne faut pas ! Il y a les bons là où rodent les méchants et la loi est la loi. L’expérimentation à ses limites en forme de barreaux de prison.)

Avec Internet, le citoyen-monde où qu’il se trouve, s’il y a accès, peut disposer d’outils lui permettant d’accéder à une information non contrainte et d’en diffuser sans risque. Quel individu assez fou et mégalomane pourrait encore avoir la prétention de faire taire une conscience humaine en train de se mondialiser et empêcher certains hommes d’informer et d’être informés ?

Voilà la raison même d’être du darknet. Lorsque la parole est brimée, il faut aux hommes un espace protégé pour qu’elle puisse s’exprimer. Je m’étonne d’ailleurs que les agences de presse n’y soient pas (sauf erreur de ma part) présentes, pour permettre un accès à l’information par-delà la censure exercée dans certains pays.

Que le « darknet » dérange de nombreux États est indéniable, mais est-ce bien pour la raison qu’ils invoquent ? Alors plutôt que de dire n’importe quoi à son sujet, Messieurs les censeurs de ce monde, laissez donc faire le renseignement pour ce qui concerne les délinquants avérés qui s’y promènent et laissez donc le darknet en paix au service de la liberté inaliénable d’informer et d’être informé.

Maurice Clavel : « Messieurs les censeurs, bonsoir ! »



« Pourvu que je ne parle ni de l’autorité, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni de l’opéra, ni des autres spectacles, je puis tout imprimer librement, sous la direction, néanmoins, de deux ou trois censeurs. » 
(Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais)


mardi 6 décembre 2016

« Malades des nouveaux médias » par Jean-Claude Larchet

Vient de paraître: Jean-Claude Larchet,          

« Malades des nouveaux médias »

Vient de paraître: Jean-Claude Larchet, « Malades des nouveaux médias »

malades_des_nouveaux_mediasJean-Claude Larchet, Malades des nouveaux médias, Éditions du Cerf, 2016, 329 p.
Jean-Claude Larchet vient de publier aux éditions du Cerf un nouveau livre, s’adressant au grand public, sur les pathologies diverses engendrées par les nouveaux médias qui envahissent notre société. Il propose, après les avoir décrites, quelques moyens pour en guérir ou s’en protéger.

Présentation de l’éditeur :« Qu’en est-il de la richesse et du sens de nos existences dans une société avide de vitesse, de proximité, d’immédiateté, d’information tous azimuts et de performance en tous genres ? Quel diagnostic posé sur le corps et l’esprit de l’homo connecticus ? Quelles inquiétantes pathologies gangrènent sa nature même ? Et comment lutter contre cette lente et insidieuse dislocation ?
Smartphone, réseaux sociaux, objets connectés, TV numérique, Internet, jeux vidéo, les médias sont aujourd’hui tout aussi omniprésents qu’envahissants. Et leurs effets négatifs, dans la vie professionnelle, sociale, familiale, flagrants : entre appauvrissement et illusion, nuisance et vide, destruction et épuisement, l’humanité se désincarne, l’espace et le temps disparaissent dans cette virtualité toute-puissante.
Jean-Claude Larchet poursuit dans ce nouvel essai très documenté sa série d’études sur les différents types de maladies et les thérapeutiques adaptées.
Une réflexion critique et salutaire à propos de nos systèmes de communication. Une incitation à nous protéger et à retrouver notre identité psychique et spirituelle. »

Extrait de l’avant-propos de l’auteur :

« Nul aujourd’hui ne conteste l’apport positif des nou­veaux médias en matière de communication, d’infor­ma­tion, d’accès à la culture sous ses multiples formes, et bientôt nul ne sera en me­sure de s’en passer, tant la société les intègre dans le mode de fonctionnement de ses diverses structures sociales, ad­mi­nistratives, commerciales, éduca­tives et même reli­gieuses.
On dit couramment que leur invention a provoqué dans notre société une révolution compa­rable à celle de l’élec­tricité et des nouveaux moyens de locomotion.
Il y a cependant une grande différence entre les nou­veaux médias et les autres inventions qui ont profondé­ment changé la vie de l’homme moderne.
Aucune autre technique n’a engagé notre activité jour­nalière sur d’aussi longues durées, n’a autant sollicité notre attention et notre in­tervention de manière aussi constante, n’a autant transformé nos conditions et notre mode de travail, n’a autant envahi notre vie privée, familiale et personnelle, n’a autant pénétré à l’intérieur de notre vie psychique.
Aucune autre technique n’a autant transformé nos rap­ports à l’espace et au temps, notre façon de voir le monde, nos relations avec les autres, la représentation que nous avons de nous-même, la nature et le rythme de nos activi­tés de travail et de loisir, la forme de notre communi­cation, et la nature, la structure et la forme de notre de notre vie psychique et intellectuelle.
Et aucune autre technique, par l’influence exercée sur toutes ces façons d’être qui sont la trame de notre existence, n’a eu autant d’impact sur notre vie spiri­tuelle.
De nombreux livres et articles ont vanté les avantages et les bienfaits de ces nouveaux médias, et le but de cet essai n’est pas d’apporter un éloge supplémentaire, qui serait redondant et superflu, mais, ce qui est plus rare et actuel­lement plus utile, d’inviter à une réflexion critique sur l’usage de ces nouveaux moyens de communication qui sont devenus envahissants et se révèlent avoir de nom­breux effets négatifs dont leurs utili­sateurs, tout en consta­tant une part sur eux-mêmes, leurs enfants ou leurs proches, ne sont pas toujours pleinement conscients.
Bien que face aux dérives actuelles et aux perspectives sombres de l’avenir un changement de société nous paraisse souhaitable, notre but, dans l’urgence, est d’abord pragmatique: il s’agit, à partir d’une meilleure conscience des dérives auxquelles les nouveaux médias peuvent donner lieu et de leurs effets pathologiques réels et possibles, d’apprendre à en maîtriser et à en limiter l’utilisation là où elle produit des effets indésirables.
C’est dans ce but que cet essai, avant de proposer à la fin quelques pistes thérapeutiques et prophylactiques, s’at­ta­chera surtout à établir le diagnostic et le pronostic des pathologies que les nouveaux médias ont engendrées dans les différentes sphères de l’existence sociale – politique, économique, culturelle – et surtout personnelle – cor­po­relle, psychique, intellectu­elle, et spiri­tuelle –, qui portent de graves atteintes à la vie des personnes, et vont jusqu’à modifier de manière inquiétante la nature même de l’homme.
C’est dans cette prise de conscience de la gravité de la maladie qui affecte notre civilisation que pourra s’org­a­ni­ser une résistance, dans cette résistance de la part des utilisateurs que pourra s’amorcer une décroissance de la part des producteurs, et dans cette décroissance que pourra s’envisager un changement de société qui saura redonner à la communication la dimension authentiquement hu­maine et spirituelle qu’elle a perdue. »

dimanche 9 octobre 2016

QUI PRÉTEND CONTRÔLER INTERNET ? À QUELLE FIN RÉELLEMENT ?

Dame Anastasie et ses ciseaux
 C
ensure dans la presse et dans l'édition en général 

Et si on faisait taire Internet ?

un article d'Eric Verhaeghe   

Faire taire Internet ! On connaît ce rêve qui s’empare régulièrement des élus de la République, ces grands donneurs de leçons dont la bulle éclate régulièrement à cause de la liberté d’expression sur Internet. Il ne se passe pas une session parlementaire sans que le législateur ne tente une manoeuvre pour pénaliser et criminaliser l’usage d’Internet qui déplaît tant. C’est encore le cas dans l’ubuesque projet de loi « égalité et citoyenneté » , un texte fourre-tout dont personne ne comprend ni le sens, ni la cohérence, ni l’unité.

Les amendements liberticides du Sénat

Le Sénat vient de durcir le texte adopté par l’Assemblée Nationale. Voici où nous en sommes :
  • L’extension de l’interruption d’un service de communication en ligne par le juge des référés
La commission spéciale salue l’extension proposée des délits de presse permettant l’extension de l’interruption d’un service de communication en ligne diffusant des propos de nature délictuelle. Cette procédure présente en effet l’intérêt de permettre une action du ministère public sans qu’il soit nécessaire d’avoir à agir contre l’auteur des propos incriminés, difficilement identifiable sur Internet.
  • La possibilité de requalification
La commission spéciale a approuvé la possibilité de requalifier les diffamations et injures raciales, considérant que l’impossibilité pour le juge de requalifier les faits dont il est saisi contribue à affaiblir très substantiellement les mécanismes répressifs de la loi du 29 juillet 1881.
Par l’adoption des amendements COM-199 et COM-272 de MM. Thani Mohamed Soilihi, Alain Richard et François Pillet, elle a étendu cette possibilité à l’ensemble des infractions de presse car limiter ce retour au droit commun de la procédure pénale à un nombre restreint d’infractions de presse, comme le propose le présent article, entraînerait un risque d’incohérence de la loi de 1881. Il est donc préférable de permettre au juge de requalifier tous les délits de presse dont il est saisi et il convient de supprimer le formalisme attaché aux qualifications initiales.
  • L’aménagement des délais de prescription
La commission spéciale a approuvé la suppression de la restriction des actes interruptifs de prescription pour les délits de presse aggravés.
Elle a également adopté les amendements COM-202 et COM-267 de MM. Thani Mohamed Soilihi et François Pillet visant à reporter le point de départ des infractions de presse commises sur Internet à la date à laquelle cesse la mise à disposition au public du message.
Dans leur rapport d’information n° 767 (2015-2016) « L’équilibre de la loi du 29 juillet 1881 à l’épreuve d’Internet », nos collègues relevaient que le régime de la prescription des délits de presse semblait inadapté aux spécificités d’Internet. La difficulté d’identifier l’auteur des faits et de le poursuivre dans les délais de prescription ainsi que la sphère de diffusion des messages en ligne semblent justifier un traitement différencié pour le délai de prescription des infractions de presse sur Internet.
Lors de l’examen de la loi pour la confiance dans l’économie numérique, le Parlement avait fixé le point de départ du délai de prescription d’un message diffusé exclusivement en ligne à la date de fin de sa mise à disposition au public. Cette disposition avait été censurée par le Conseil constitutionnel qui relevait que la différence de régime instaurée dépassait « manifestement ce qui serait nécessaire pour prendre en compte la situation particulière de messages exclusivement disponibles sur un support informatique ». Le Conseil constitutionnel avait néanmoins relevé que la « prise en compte de différences dans les conditions d’accessibilité d’un message dans le temps » n’était pas contraire au principe d’égalité« .
Au regard de l’évolution des circonstances de fait, notamment par le développement massif de réseaux sociaux et de technologies de l’information accessibles à tous qui n’existaient pas en 2004, il semble que cette jurisprudence puisse être aménagée pour admettre le caractère continu des infractions commises sur Internet.
  • La réparation des dommages causés par les abus de la liberté d’expression
La commission spéciale a également adopté deux amendements identiques COM-203 et COM-269 de MM. Thani Mohamed Soihili, Alain Richard et de M. François Pillet visant à permettre une réparation des préjudices nés des abus de la liberté d’expression sur le fondement de la responsabilité civile de droit commun et d’exclure toute uniformisation des procédures d’assignations civiles sur les contraintes de la loi du 29 juillet 1881.
En effet, comme le soulignait le rapport de MM. Thani Mohamed Soihili et François Pillet relatif à l’équilibre de la loi du 29 juillet 1881 à l’épreuve d’Internet, « la Cour de cassation a progressivement appliqué aux assignations en matière de presse devant le juge civil, l’ensemble des contraintes procédurales de la loi du 29 juillet 1881 ».
En outre, la commission spéciale a adopté deux amendements identiques COM-200 et COM-265 de MM. Thani Mohamed Soihili, Alain Richard et de M. François Pillet visant à supprimer l’automaticité de la fin des poursuites en cas de désistement du plaignant.
Le rapport d’information précité soulignait que « l’extinction des poursuites entrainée par le désistement de la partie poursuivante fait courir un double risque d’instrumentalisation de la juridiction et de confusion de la politique pénale » et en proposait la suppression.
La victime dispose en effet, par le biais de la plainte préalable, de la garantie de savoir qu’aucune action ne peut être intentée sans son accord. De plus, au regard de l’augmentation du contentieux de la presse, il semblerait par ailleurs justifié de permettre aux juridictions de définir une politique pénale cohérente.
Enfin, votre commission spéciale a adopté deux amendements identiques COM-201 et COM-266 de MM. Thani Mohamed Soihili, Alain Richard et de M. François Pillet visant à déterminer un délai fixe entre la délivrance d’une citation et l’audience de comparution, en supprimant la règle de l’ajout d’un jour supplémentaire par 5 myriamètres, soit 50 kilomètres de distance.
Donc, partout, de la pénalisation, de l’aggravation des peines, de l’intimidation contre la liberté d’Internet.

Pourquoi Internet dérange les élus ?

Louis XVI avait connu l’inconfort des clubs, des sociétés, des loges maçonniques, qui l’avaient déstabilisé. La France d’Ancien Régime découvrait alors la liberté d’expression et le pouvoir en mesurait peu à peu les dégâts. Cela ne signifie pas que la Révolution trouve son origine dans ces formes nouvelles d’expression. Mais il est acquis que, face à un régime moribond, la réaction politique n’aurait pas pris la même forme « républicaine » sans l’intervention de ces milliers de sociétés qui véhiculaient l’idéologie des Lumières.
François Hollande et les élus qui l’entourent découvrent peu à peu Internet et la libération de la parole qu’il permet. Souvent, les élus, qui sont majoritairement coupés de la réalité économique, sous-estiment le poids du Net et restent accrochés à la civilisation du papier comme des berniques à leur rocher. Et soudain, ils découvrent qu’Internet les a visés et mis en cause, a rompu le ronron que les subventions à la presse permettent encore si souvent de maintenir.
Et cela, c’est insupportable !

L’exemple de l’affaire Cahuzac

Prenons, au hasard, l’affaire Cahuzac. Aurait-elle existé sans Mediapart et ses révélations ? Non, évidemment, et c’est bien cette obsession-là que le législateur a en tête lorsqu’il cherche à multiplier les contraintes qui pèsent sur Internet. Il ne peut s’agir d’une attaque de front, qui serait à coup sûr censurée par le Conseil Constitutionnel.
En revanche, sous couvert de lutte contre le racisme, le sexisme, et autres mauvais prétextes, il s’agit bien entendu de donner la possibilité d’intimider la presse numérique, souvent très désargentée par rapport aux groupes subventionnés. L’enjeu, là encore, n’est pas d’établir la justice, mais de dissuader ceux qui s’expriment sur Internet de remettre en cause le régime et les sornettes qu’il propage pour légitimer son existence.
Avec le projet de loi Égalité et Citoyenneté, l’objectif est bien de permettre à tous les puissants d’intimider leurs détracteurs numériques, en permettant de multiplier les procédures contentieuses coûteuses, et en réduisant les chances, pour les internautes, de gagner ces dossiers.
Dans le cas d’une affaire Cahuzac, le ministre doit pouvoir (dans l’esprit des élus) disposer d’un arsenal juridique capable d’assécher la trésorerie du site qui le dénonce, même si ce site dit la vérité.

Faire taire les critiques plutôt que réformer

Intuitivement, nous comprenons tous la mécanique intellectuelle des parlementaires qui tentent de peser de tout leur poids pour faire taire le net. À la différence de la presse écrite, qui dépend des subventions publiques pour sa survie, Internet est libre, et donc dangereux.
Face à des institutions qui se battent farouchement pour préserver leurs privilèges obsolètes (on se souvient ici des trésors d’ingéniosité développés par Claude Bartolone pour empêcher la publication du patrimoine des députés), au lieu d’y renoncer et de répondre aux attentes de la société civile, celle-ci n’a pourtant pas le choix. Elle doit faire valoir son droit d’inventaire et elle utilise Internet pour le faire.
Les élus peuvent avoir l’illusion qu’ils pourront préserver leurs avantages par l’intimidation. Ils ont mal compris ce qu’était Internet. De ce point de vue, il y a, chez nos élus, la même incompréhension du monde qui les entoure que celle des députés de 1945 face à la décolonisation.

Un combat d’arrière-garde

On peut, bien sûr, croire que la loi arrêtera le progrès des libertés. On peut, quand on est député, préserver son petit pouvoir et son illusion d’être important sur le dos de la société tout entière, en lui faisant perdre du temps. Incontestablement, la loi Égalite et Citoyenneté peut retarder la disparition des privilèges. Mais c’est un combat d’arrière-garde car, tôt ou tard, la liberté triomphera et les scélérats seront renversés.
Leur disparition sera d’autant plus brutale qu’ils auront voulu la freiner arbitrairement.

lundi 19 octobre 2015

Télépathie avec Internet comme média de transmission

 Relation de cerveau à cerveau sur le mode télépathique

par Jean-Paul Baquiast - 26/09/2015




Des chercheurs de l'Université de Washington viennent de publier (voir référence ci-dessous) les résultats d'une expérimentation permettant à deux interlocuteurs distants de communiquer de cerveau à cerveau en utilisant Internet comme media de transmission. Cette réalisation a permis d'améliorer une expérience précédente datée de 2013.

Chaque participant est équipé d'un casque d'EEG (électro-encéphalographie) enregistrant directement les ondes cérébrales correspondant à des échanges simples entre cerveaux sur le mode question-réponse. Le casque, rappelons-le, n'est pas invasif. L'échange n'exige donc pas l'implantation d'électrodes intracrâniennes, comme cela était nécessaire il y a quelques années.
Si A perçoit une lumière émise en face de lui, il répond à la question de B (Vois tu une lumière ?) par oui ou non. La question générée par le cerveau de B, sans aucun appel à un mode d'expression verbale ou gestuelle, est recueillie par l'EEG de B sous forme d'ondes cérébrales. Ces ondes sont alors transmises par un câble internet à l'EEG de A, puis au cerveau de A. Le cerveau de A perçoit immédiatement la question, au reçu des ondes cérébrales provenant du cerveau de B. Le cerveau de A formule immédiatement la réponse à la question, laquelle en retour est transmise via les EEG au cerveau de A.

Cet échange se fait sur le mode télépathique. Il n'est même pas nécessaire que A et B formulent mentalement la question et la réponse sous forme de langage (question: vois-tu ?, réponse : je ne vois pas -ou je vois). Il suffit que les deux interlocuteurs les «pensent» directement, autrement dit de façon non formulée sous forme langagière.

Interpréter les ondes cérébrales

La difficulté dans ce type d'échanges consiste à interpréter les ondes cérébrales émises par les cerveaux et recueillies par les EEG. Les cerveaux fonctionnent sans interruption, transmettent des centaines de messages aux significations diverses. Il a donc fallu identifier parmi ces messages ceux correspondant à la question et à la réponse, pour transmettre d'un cerveau à l'autre les messages correspondant à la façon dont ils «pensent» effectivement la question et la réponse.

L'usage de l'Internet comme média de transmission ajoute à l'expérience un aspect spectaculaire. Les « pensées » peuvent être échangées quelle que soit la distance physique entre les deux interlocuteurs. Le phénomène désigné par le terme de «télépathie», qui n'a jamais été véritablement observé en pratique, correspond à cette fonction. Il s'agit, d'après les chercheurs, de la réalisation la plus complexe à ce jour intéressant la communication directe de cerveau à cerveau. Rappelons que, sur le mode télépathique, A et B pourraient converser, en temps réel et quelle que soit les obstacles et les distances les séparant.

Inutile de préciser les nombreuses applications que recevra cette première expérimentation réussie: communication entre un enseignant et un apprenant, communication entre un sujet sain et un sujet souffrant de divers troubles moteurs ou psychiques.... Il faudra seulement, pour permettre des échanges plus riches que des questions-réponses simples, continuer à déchiffrer, dans les ondes cérébrales émises par les cerveaux, celles qui correspondent aux contenus de pensée que l'on veut échanger.

La difficulté sera accrue du fait que chaque cerveau peut émettre n présence d'un phénomène identique des ondes légèrement différentes d'un interlocuteur à l'autre, même si dans l'ensemble les aires cérébrales de personnes provenant de milieux sociaux voisins soient en principe, globalement normalisées.

Abstract
We present, to our knowledge, the first demonstration that a non-invasive brain-to-brain interface (BBI) can be used to allow one human to guess what is on the mind of another human through an interactive question-and-answering paradigm similar to the “20 Questions” game. As in previous non-invasive BBI studies in humans, our interface uses electroencephalography (EEG) to detect specific patterns of brain activity from one participant (the “respondent”), and transcranial magnetic stimulation (TMS) to deliver functionally-relevant information to the brain of a second participant (the “inquirer”). Our results extend previous BBI research by (1) using stimulation of the visual cortex to convey visual stimuli that are privately experienced and consciously perceived by the inquirer; (2) exploiting real-time rather than off-line communication of information from one brain to another; and (3) employing an interactive task, in which the inquirer and respondent must exchange information bi-directionally to collaboratively solve the task. The results demonstrate that using the BBI, ten participants (five inquirer-respondent pairs) can successfully identify a “mystery item” using a true/false question-answering protocol similar to the “20 Questions” game, with high levels of accuracy that are significantly greater than a control condition in which participants were connected through a sham BBI.

Référence
Playing 20 Questions with the Mind: Collaborative Problem Solving by Humans Using a Brain-to-Brain Interface


mardi 26 août 2014

TEMPS LIBRE ET SURINFORMATION par Père Vasile Catalin Tudora



Très probablement les inventeurs de l'Internet, qui ont modestement commencé comme un petit réseau de partage de l'information, n’espéraient pas, même dans leurs rêves les plus fous, qu’en moins de 50 ans leur invention allait évoluer vers ce qui est aujourd'hui le plus grand échange d'informations qui ait jamais existé. La bibliothèque d'Alexandrie ? Un jeu d’enfant ! Pensez à tout ce qui passe par Internet aujourd'hui : sites web, e-mail, news, TV, réseaux sociaux, divertissements, services financiers, do-it-yourself, appels téléphoniques, appels vidéo, encyclopédies, livres électroniques, cartes géographiques et nous ne parlons que ce qui est le plus visible. Tout ce que vous voulez est là, attendant d'être trouvé du bout des doigts, littéralement. Personne ne demande rien à personne avant de chercher l'information sur Google. 

Avec une connexion Internet à portée de main on se sent comme un gamin dans un magasin de jouets, toujours prêt à aimer et à découvrir. Vous vous réveillez le matin et la première chose que vous faites est de vérifier votre téléphone. Ai-je raté quelque chose pendant que je dormais? Que devient le marché boursier ? Quelque chose d'urgent au travail? Comment vont mes amis sur Facebook, quelques selfies stupides? Est-ce que quelqu'un aime mon Instagram? Combien aiment ce que j’y ai mis ? Nous marchons comme des zombies avec nos yeux collés à nos smartphones avant même de prendre la moindre tasse de café. Et qui a inventé la loi que vous ne pouvez pas textoter et conduire en même temps ? N'était-ce pas assez que vous ne pouvez pas boire et conduire? Heureusement qu’il y a les feux rouges, où tout le monde vérifie ce qui s'est passé dans les trois dernières minutes qui nous séparent du feu rouge précédent. Vous ne me croyez pas ? Regardez autour de vous la prochaine fois que vous êtes à un feu rouge, si vous n'êtes pas sur votre téléphone… 

Cette avalanche d'informations à propos de tout et n'importe quoi a transformé chacun de nous en accros de l'information. Nous vérifions constamment nos téléphones attendant l’annonce du prochain extrait de nouvelles ou d'un appel. Nous vivons et respirons l’information. Il n'y a qu'un seul inconvénient à cette dépendance, nous commençons à avoir de moins en moins de temps Paradoxalement, alors que nous pouvons trouver quelque chose plus rapidement que jamais, nous finissons par avoir moins de temps que jamais. Le travail n’est pas terminé, les conversations, sauf les virtuelles, sont au bord de l'extinction, les interactions humaines sont minimales car vous avez l'envie de tout savoir tout de suite! 

Monks and technology sneaking in Athos
Où nous mène cette connaissance ? On peut dire que chercher la bonne information est une bonne chose. Vous êtes intéressé par Dieu ? En utilisant seulement un smartphone, on peut trouver toutes les traductions de la Bible jamais imaginées, tous les écrits des Pères, on peut demander des conseils spirituels en ligne ou même assister virtuellement à une liturgie du dimanche en streaming. Très souvent cependant, nous en restons au niveau de la recherche. Fascinés par l'information au sujet de la foi, nous n'avons plus le temps en fait de vivre la foi. Avec tous ces livres de prières virtuels disponibles, nous ne trouvons pourtant pas le temps de prier. 

Obtenir de la connaissance sur Dieu ne signifie pas pour autant qu'on connaît Dieu. Dieu ne se trouve pas dans l'information à son sujet. Connaître Dieu, c'est être avec Lui, faire l'expérience de la communion avec Lui sans intermédiaire. La connaissance n’est bonne que si elle mène à l'action, la connaissance sans action est inutile, voire clairement dangereuse. Adam et Ève savaient qu'ils mourraient s'ils mangeaient de l'arbre, cependant ils se sont laissé tenter par la promesse d'encore plus de savoir. Ils en savaient assez pour demeurer dans la communion avec Dieu, pour vivre éternellement dans la félicité sans manquer de quoi que ce soit, mais ils voulaient plus et dans cette tentation ils ont perdu le paradis. Parfois, en savoir plus, en particulier avant le moment, peut nous faire perdre la pratique de ce que nous savons déjà. Nos ancêtres chrétiens ont survécu aux Turcs et aux communistes et tout ce qui se dressait contre eux non pas parce qu'ils savaient tout de Dieu et leur foi, mais parce qu'ils ont pris le temps de mettre en pratique ce qu'ils savaient déjà, à chaque instant de leur vie. 

Nous ne devrions pas comprendre tout cela comme une révolte contre le savoir et une invitation à l'obscurantisme, mais comme une mise en garde contre le mirage du «tout savoir» qui peut être dévorante. Prendre du temps pour la prière personnelle, pour être à l'église physiquement, pour visiter un ami à l'hôpital, pour donner à manger aux gens qui ont faim là où ils vivent, nous aidera plus à découvrir Dieu qu’en ayant accès à de l'information brute sur lui. Connaître les Écritures et la théologie c’est bien, mais Dieu n'est pas un être théorique, Il est une véritable Trinité de Personnes divines qui interagissent les unes avec les autres et avec nous. De cette interaction, nous apprenons Qui Il est et qui nous sommes ; par la pratique, en aimant, en étant ensemble, maintenant et dans l'éternité. 

Une histoire des moines d'Egypte parle de trois frères qui allaient de temps en temps visiter un Ancien. Deux d'entre eux profitaient toujours de leurs visites pour poser beaucoup de questions. Le troisième demeurait toujours seulement assis avec eux, sans rien demander. Après quelques visites, l’Ancien lui a demandé directement «N’as-tu pas de questions? Tu ne veux pas en savoir plus? » Le frère a répondu «Pour moi, cela me suffit d’être en ta présence. » À l'ère de l'information gratuite mais omniprésente, nous devrions envisager d’adopter l’attitude du frère sage et, peut-être, de temps en temps, juste nous libérer de l'Internet et reconnaître la présence de Dieu autour de nous. Partagez une tasse de thé avec un ami, regardez un enfant jouer, écoutez le chant d'un oiseau, et, en prenant ce temps de penser à Dieu, vous pourriez être à même d'entendre Dieu frapper à la porte de votre cœur. 
Père Vasile Catalin Tudora
(version française par Maxime le minime de la source)