Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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mercredi 1 juin 2016

ÉVOLUTIONNISME, CRÉATIONNISME, ET INTERPRÉTATION PATRISTIQUE DES ÉCRITURES par J-C LARCHET

Extrait de la recension du livre du P. Séraphin Rose récemment paru en français par jean Claude LARCHET in orthodoxie.com (les  sous-titres sont de Maxime le minime)

Le fondamentalisme pur et dur

[…] Disons-le d’emblée, le Père Séraphim Rose est un fondamentaliste pur et dur, et ses positions paraîtront sans aucun doute surprenantes à des lecteurs européens, peu habitués à la querelle qui aux États-Unis oppose – depuis longtemps dans un débat devenu banal – les créationnistes (en majorité évangélistes) aux évolutionnistes. Selon lui, par exemple, « l’univers n’est pas âgé de plus de 7500 ans » (p. 193), et le monde a été créé par Dieu en 7 jours correspondant à nos journées actuelles, chacune ayant 24 heures, pas une de plus ni de moins. Une position manifestement intenable, car les notions de semaine et d’heure n’étaient pas universelles dans l’Antiquité et se sont imposées tardivement dans l’Histoire (sur l’histoire du découpage du temps voir l’excellent livre de P. Couderc, Le calendrier dans la collection « Que sais-je? »). 

La Bible

La Bible elle-même n’entend pas que les sept jours de la création du point de vue de Dieu correspondent à nos journées (voir pas exemple le psaume 90, 4 : « Car mille ans sont à Tes yeux comme le jour d’hier qui passe, comme une veille dans la nuit »). Il n’y a pas a priori d’obstacle, du point de vue de la foi chrétienne, à considérer que les jours de la création aient correspondu à de très longues périodes, ni que l’univers ait plusieurs millions d’années. 

L'interprétation de la Bible par les Pères de l'Église

Le père Séraphim Rose fait de l’Écriture et des Pères une lecture exclusivement littérale et historique, proche de celle du fondamentalisme protestant. Dans plusieurs passages il affirme que les Pères privilégient ce type de lecture, ce qui n’est pas exact. Même saint Jean Chrysostome, qui est apparenté au courant exégétique dit antiochien qui accorde une grande importance au sens littéral et historique, ne se limite pas à ce sens premier, et les représentants de l’exégèse dite alexandrine considèrent qu’il y a quatre types de sens dans l’Écriture : le sens littéral ou obvie ; le sens allégorique ; le sens tropologique (ou moral) ; et le sens anagogique (qui indique ce vers quoi on doit tendre). Origène ou saint Maxime le Confesseur par exemple accordent très peu de place au sens littéral et historique, et privilégient le sens spirituel, considérant que l’Écriture a le plus souvent un sens symbolique.

Les failles de la théorie évolutionniste

Cela dit le livre du père Séraphim Rose a le mérite de montrer les failles de la théorie évolutionniste, devenue un article de foi de la pensée moderne et enseignée comme un dogme intangible et obligatoire dans notre système éducatif, de l’école primaire à la terminale.
Il démontre que cette théorie n’est pas purement scientifique, mais a une base et des visées philosophiques, et que dans sa dimension scientifique même, elle présente de nombreuses insuffisances et contradictions. Outre qu’elle comporte des variantes qui ne sont pas compatibles entre elles (lamarckisme, néo-lamarckisme, darwinisme et néo-darwinisme, avec plusieurs écoles), elle ne permet pas de rendre pleinement compte de l’évolution qu’elle postule. C’est un fait bien connu et reconnu qu’il y a entre les espèces supposées avoir évolué de l’une à l’autre de nombreux « chaînons manquants », ce manque étant particulièrement criant en ce qui concerne le passage des prétendus « hominidés » à l’homme.

Il faut dire qu’il n’y a pas que les fondamentalistes religieux qui critiquent l’évolutionnisme: dès son apparition et jusqu’à nos jours, la théorie évolutionniste sous ses diverses formes a suscité des réserves de la part de philosophes (parmi lesquels Marx qui voyait dans le darwinisme une couverture pseudo-scientifique apportée au système concurrentiel du capitalisme, qui élimine les plus faibles et renforce les plus forts), d’épistémologues (qui ont souvent souligné sa dimension idéologique), d’historiens des sciences, et de scientifiques (un certain nombre de ces critiques sont recensées dans cet article).

Cette théorie, et toutes celles qui sont relatives à la paléontologie et à la cosmologie ont, sur le plan scientifique même, la faiblesse de ne pas pouvoir trouver de confirmation dans une expérimentation, et d’être limitées à une observation indirecte et partielle de vestiges ou de traces comportant beaucoup de lacunes. L’évolutionnisme n’est qu’une hypothèse (c’est-à-dire une explication supposée) présentant de nombreuses zones d’ombre et de nombreux points de fragilité.
Le père Séraphim Rose en présente quelques-uns. Il note que le rejet de l’évolutionnisme n’amène à rejeter ni la variation, ni le développement, ni amélioration des espèces, car c’est à tort que l’on assimile ces trois notions à l’évolution pour justifier celle-ci. Il montre que la théorie évolutionniste est avant tout une philosophie. Et surtout – c’est l’un des buts fondamentaux de son livre – il rappelle quelle est la conception qu’ont les Pères de la création, souligne que celle-ci reste normative pour les chrétiens et montre pourquoi, selon lui, elle n’est nullement conciliable avec l’évolutionnisme. Il faudrait rappeler ici de manière plus développée que la science et la religion n’ont pas les mêmes bases ni les mêmes visées: le but de la première est de tenter de donner une compréhension rationnelle, aussi cohérente que possible, des phénomènes (c’est-à-dire, étymologiquement, des apparences), tandis que la seconde est de donner, en se fondant sur une révélation, une connaissance spirituelle de ce qui transcende les apparences et qui donne sens à la vie de l’homme non seulement en cette vie mais dans l’au-delà.

Contre la pensée unique, matérialisme et athée, que notre société impose de manière de plus en plus coercitive et intolérante, le livre du père Séraphim Rose a le mérite de rappeler que l’évolutionnisme n’est pas un dogme intangible, et que sur la question de l’origine du monde et de l’homme d’autres façons de voir se justifient à partir de cadres de référence différents.
Jean-Claude Larchet

mardi 8 mars 2016

ARCHIMANDRITE GABRIEL BUNGE : différentes interviews [1] La vie monastique





















Qu'est-ce que cela signifie d'être un chrétien?

Qu'est-ce qu'un moine ?  
Est-il possible de réformer la vie monastique? 
Quels sont les livres des saints Pères qu'il faut lire ? 
L'Archimandrite Gabriel Bunge, théologien bien connu et moine-ermite répond en français à ces questions



sur le site 


dimanche 1 juin 2014

CONTRE LES HÉRÉSIES par St Irénée de Lyon - Introduction



""Rejetant la vérité, certains introduisent des discours mensongers et « des généalogies sans fin, plus propres à susciter des questions», comme le dit l'Apôtre, «qu'à bâtir l'édifice de Dieu fondé sur la foi ». Par une vraisemblance frauduleusement agencée, ils séduisent l'esprit des ignorants et les réduisent à leur merci, falsifiant les paroles du Seigneur et se faisant les mauvais interprètes de ce qui a été bien exprimé. Ils causent ainsi la ruine d'un grand nombre, en les détournant, sous prétexte de «gnose», de Celui qui a constitué et ordonné cet univers : comme s'ils pouvaient montrer quelque chose de plus élevé et de plus grand que le Dieu qui a fait le ciel, la terre et tout ce qu'ils renferment ! De façon spécieuse, par l'art des discours, ils attirent d'abord les simples à la manie des recherches ; après quoi, sans plus se soucier de vraisemblance, ils perdent ces malheureux, en inculquant des pensées blasphématoires et impies à l'endroit de leur Créateur à des gens incapables de discerner le faux du vrai. 
L'erreur, en effet, n'a garde de se montrer telle qu'elle est, de peur que, ainsi mise à nu, elle ne soit reconnue; mais, s'ornant frauduleusement d'un vêtement de vraisemblance, elle fait en sorte de paraître — chose ridicule à dire — plus vraie que la vérité elle-même, grâce à cette apparence extérieure, aux yeux des ignorants. Comme le disait, à propos de ces gens-là, un homme supérieur à nous : « La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la fraude. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? » 
Or nous ne voulons pas que, par notre faute, certains soient emportés par ces ravisseurs comme des brebis par des loups, trompés qu'ils sont par les peaux de brebis dont ils se couvrent, eux dont le Seigneur nous a commandé de nous garder, eux qui parlent comme nous, mais pensent autrement que nous." St Irénée de Lyon Contre les hérésies

J'ai beau périodiquement - lors de persécutions surtout et souvent de rencontres avec d'autres "chrétiens"tout à fait admirables - me dire qu'il serait préférable que tous soient un, il advient toujours un événement ou une rémanence d'un comportement historique impérialiste pour que je remette les pieds sur terre... La situation en Ukraine comme il y a peu en ex Yougoslavie par exemple...

Tout ce que dit donc St Irénée peut-être appliqué aux déviances de l'Église catholique romaine notamment avec cette récurrente, insistante et incurable entreprise 'généalogique' pour mettre "le siège de Pierre" à la tête de l'Église universelle... et tous ceux qui rêvent de nous agréger un jour à ce troupeau égaré sont eux-mêmes des loups déguisés en brebis... Uniates avoués, ou crypto uniates rusés...
Il est tout de même frappant de constater que beaucoup des mouvements uniates se sont alliés au Nazisme de façon étrangement systématique au XX°siècle suivant par là les directives du Vatican...Est-ce que la fin  (récupérer des ouailles pour asseoir et étendre encore davantage sa suprématie) justifiait à ce point les moyens ???

Hans Frank (long manteau), administrateur en chef nazi du Gouvernement général de la Pologne occupée en visite d'une congrégation uniate gréco-catholique.
Frank a joué un rôle clé dans l'extermination des Juifs polonais et a été pendu à Nuremberg en 1946.

dimanche 14 juillet 2013

DIMANCHE des Saints Pères du 4 ème CONCILE ŒCUMÉNIQUE


 CANONS DU 4ème CONCILE DE CHALCEDOINE
(source)
Les 28 canons et deux autres sous forme d'interrogation, des 630 saints pères, réunis à Chalcédoine sous le consulat de Marcien, empereur éternel, et de celui qui sera désigné consul, le 8ème jour des calendes de novembre.

1. Qu'il faut garder inaltérables les canons des conciles.
Les canons décrétés jusqu'ici dans chaque concile par les saints pères nous voulons qu'ils gardent force de loi.

2. Qu'il ne faut pas faire des ordinations contre de l'argent.
Si un évêque fait une ordination à prix d'argent et met à l'encan la grâce sans prix, et ordonne pour de l'argent un évêque ou un chorévêque ou un prêtre ou un diacre ou quelqu'un de ceux inscrits au catalogue des clercs, ou nomme a prix d'argent un économe ou un avoué ou un tuteur d'Eglise ou en général quelqu'un de la curie, poussé par un bas sentiment de lucre, celui qui entreprend une telle chose, s'expose, si le fait est prouve, à perdre son propre grade; celui qui a été ordonné de cette manière ne tirera aucun profit de l'ordination ou de la promotion, mais perdra la dignité ou la place acquise ainsi a prix d'argent. Si de plus quelqu'un s'est entremis pour ce commerce honteux et prohibé, il devra, s'il est clerc, déchoir de son grade, et s'il est laïc, être frappé d'anathème.

3. Qu'un clerc ou un moine ne doivent pas s'occuper d'affaires étrangères à leur vocation.
Il est venu à la connaissance du saint concile que quelques membres du clergé, par un honteux esprit de lucre, louent des biens étrangers et deviennent entrepreneurs d'affaires temporelles, et que, négligeant le service de Dieu, ils fréquentent les maisons des gens du monde et se chargent par avarice de la gestion de leurs propriétés. Aussi le saint et grand concile a-t-il décidé que désormais aucun évêque ou clerc ou moine ne doit affirmer des propriétés ou se faire administrateur de biens séculiers, sauf si l'on était appelé par la loi sans pouvoir s'y soustraire à se charger de la tutelle de mineurs, ou bien si l'évêque de la ville chargeait pour l'amour du seigneur quelqu'un du soin des affaires des orphelins ou des veuves sans défense ou des personnes qui ont plus particulièrement besoin du secours de l'Eglise. Si à l'avenir quelqu'un enfreint cette ordonnance, il doit être frappé des peines ecclésiastiques.

4. Que les moines ne doivent rien entreprendre contre l'avis de leur évêque ni fonder un monastère, ni se charger d'affaires temporelles.
Ceux qui mènent la vraie et authentique vie monacale doivent être honorés comme il convient. Mais comme certains pour lesquels la vie monastique n'est qu'un prétexte, mettent le trouble dans les affaires de l'Eglise et de l'état, en circulant sans se préoccuper de rien dans les villes et cherchant même d'ériger des monastères pour leurs personnes ; il a été décidé, que nul ne pourrait en quelque endroit que ce fût, bâtir ou ériger un monastère ou un oratoire sans l'assentiment de l'évêque de la ville. En outre, que les moines de la ville et de la campagne soient soumis à l'évêque, qu'ils aiment la paix, ne s'appliquent qu'au jeûne et à la prière et gardent la stabilité dans les lieux où ils ont fait profession, qu'ils ne se mêlent pas importunément des affaires de l'Eglise et du monde, ni ne s'en occupent en quittant leurs monastères, à moins qu'ils n'aient obtenu l'autorisation de l'évêque de la ville pour une affaire urgente. Qu'en outre nul esclave ne soit reçu dans un couvent pour y devenir moine sans la permission de son maître. Quiconque transgressera notre présente ordonnance nous décidons qu'il soit excommunié, afin que le Nom du Seigneur ne soit pas blasphémé. L'évêque de la ville doit cependant veiller, comme il convient, à l'entretien des monastères.

5. Qu'un clerc ne doit pas passer d'un diocèse à un autre.
Au sujet des évêques ou des clercs qui passent d'une ville à l'autre, on doit leur appliquer les canons qui ont été décrétés à leur égard par les saints pères.

6. Qu'aucun clerc ne doit être ordonné sans titre.
Nul ne doit être ordonné sans un titre, ni prêtre ni diacre ni aucun clerc en général, s'il ne lui est assigné spécialement une Eglise de ville ou de bourg ou un martyrium ou un couvent. Au sujet de ceux qui ont été ordonnés sans un titre le saint concile a décidé que leur ordination sera sans effet et que pour la honte de celui qui l'a conférée, ils ne pourront exercer nulle part leurs fonctions.

7. Que des clercs ou des moines ne doivent pas prendre du service civil.
Ceux qui sont entrés dans la cléricature ou qui se sont faits moines, ne doivent plus prendre du service dans l'armée ou accepter une charge civile ; sinon ceux qui ont osé le faire et ne s'en repentent pas de manière à revenir à ce qu'ils avaient auparavant choisi pour l'amour de Dieu doivent être anathématisés.

8. Que les hospices, les sanctuaires de martyrs et les monastères doivent être sous l'autorité de l'évêque.
Les clercs desservant les hospices des pauvres, les couvents et les chapelles des martyrs, doivent rester sous la juridiction des évêques de chaque ville et ne pas perdre toute mesure en se rebellant contre leur évêque. Ceux qui oseront contrevenir à cette ordonnance d'une manière quelconque et ne se soumettront pas à leur évêque, s'ils sont clercs, ils seront soumis aux peines canoniques, et s'ils sont moines ou laïcs, ils seront privés de communion.

9. Que les clercs ne doivent pas recourir à un tribunal civil, mais avoir leur évêque pour juge.
Si un clerc a quelque chose contre un autre clerc, il ne doit pas laisser son évêque pour recourir à des tribunaux civils ; qu'il soumette d'abord l'affaire au tribunal de son évêque, ou, de l'avis de l'évêque, à ceux que les deux parties agréeront; si quelqu'un agit contre cette prescription, qu'il soit frappé des peines canoniques. Si un clerc a quelque chose contre son évêque ou contre un évêque étranger, il doit porter le différend devant le synode de la province. Enfin, si un évêque ou un clerc a quelque chose contre le métropolitain de la province, il doit porter l'affaire devant le primat du diocèse ou bien devant le siège de la ville impériale de Constantinople, et s'y faire rendre justice.

10. Qu'un clerc ne doit pas appartenir au clergé de deux diocèses.
Il n'est pas permis à un clerc d'être inscrit parmi le clergé de deux villes à la fois, de celle pour laquelle il a été ordonné au début, et de celle où il a cherché refuge, par sentiment de vanité, parce qu'elle était plus considérable : ceux qui ont fait cela doivent être ramenés à l'Eglise, pour laquelle ils ont été dès le début ordonnés et n'exercer que là leurs fonctions. Mais si quelqu'un a déjà été transféré d'une Eglise dans une autre, il ne doit plus s'occuper en rien des affaires de la première Eglise : chapelles de martyrs, hospices de pauvres, hôtelleries de pèlerins, qui dépendent de celle-ci. Quiconque après la publication de l'ordonnance de ce grand et œcuménique concile osera faire quelque chose de ce qui y est défendu, devra selon la décision du saint concile perdre son grade.

11. Qu'il faut munir de lettres de paix ceux qui ont besoin d'aide et ne donner de lettres de recommandation qu'à des personnes de qualité.
Tous les pauvres et ceux qui ont besoin de secours doivent après enquête être munis pour voyager de lettres brèves ou lettres ecclésiastiques de paix seulement et non de lettres de recommandation ; parce que les lettres de recommandation ne s'accordent qu'à des personnes de bonne réputation.

12. Qu'un évêque ne doit pas faire élever son siège au rang de métropole par lettre impériale et qu'une province ne saurait être divisée en deux.
Nous avons appris que quelques-uns, agissant en opposition avec les principes de l'Eglise, s'adressent aux pouvoirs publics et font diviser en deux par des pragmatiques impériales une province ecclésiastique, si bien qu'à partir de ce moment-là il y a deux métropolitains dans une seule province. Le saint concile décrète qu'à l'avenir nul évêque n'ose agir ainsi ; s'il le fait, ce sera à ses risques. Quant aux villes qui ont déjà obtenu par lettres impériales le titre de métropole, elles doivent, de même que l'évêque qui les gouverne, se contenter d'un titre honorifique, et les droits proprement dits doivent rester à la véritable métropole.

13. Que les clercs partis de leur diocèse sans lettres de recommandation de l'évêque ne sauraient célébrer.
Les clercs étrangers et les lecteurs ne doivent aucunement exercer leurs fonctions dans une vie autre que la leur, sans être munis de lettres de recommandation de leur propre évêque.

14. Que les clercs inférieurs ne doivent pas s'allier par mariage à des hérétiques.
Comme dans quelques provinces on a permis aux lecteurs et aux chantres de se marier, le saint concile a décrété qu'aucun d'eux ne doit épouser une femme hérétique ; ceux qui ont eu des enfants après avoir contracté de pareilles mariages, s'ils ont déjà fait baptiser leurs enfants chez les hérétiques, doivent les présenter à la communion de l'Eglise catholique ; si ces enfants ne sont pas encore baptisés, ils ne doivent pas les faire baptiser chez les hérétiques, ni les donner en mariage à un hérétique, à un juif ou à un païen, à moins que la personne qui doit se marier à la partie orthodoxe ne promette d'embrasser la foi orthodoxe. Si quelqu'un va contre cette ordonnance du saint concile, il sera frappé des peines canoniques.

15. Des diaconesses.
On ne doit pas ordonner des diaconesses avant l'âge de quarante ans, et cela après une probation sévère. Si après avoir reçu l'ordination et exercé son ministère quelque temps, elle vient à se marier, faisant ainsi injure à la Grâce de Dieu, elle doit être anathématisée, ainsi que celui auquel elle s'est unie.

16. Que les vierges consacrées à Dieu ne peuvent contracter mariage.
Une vierge qui s'est consacrée à Dieu le Seigneur, de même qu'un moine, ne doivent plus se marier; s'ils le font, ils doivent être excommuniés. Toutefois nous statuons que l'évêque du lieu aura plein pouvoir pour adoucir cette peine.

17. Que l'administration de trente années assure la possession, et au sujet des villes récemment fondées.
Les paroisses de campagne ou de village appartenant à une Eglise doivent rester sans changement aux évêques qui les possèdent, surtout s'ils les ont administrées sans conteste depuis trente ans. Si pendant ces trente ans il a éclaté ou s'il éclate un différend, ceux qui se croient lésés peuvent porter l'affaire devant le synode de la province. Si en pareil cas l'évêque pense que son propre métropolitain l'a desservi, qu'il porte l'affaire devant l'exarque du diocèse ou bien devant le siège de Constantinople comme il a été dit plus haut. Si par ordre de l'empereur une ville a été ou sera fondée, le rang hiérarchique des Eglises devra se conformer à l'ordre civil et public des cités.

18. Qu'un clerc ne peut prendre part à une conjuration ou à une société secrète.
Le crime de société secrète étant déjà défendu par la loi civile, doit être à plus forte raison prohibé dans l'Eglise de Dieu ; si donc il est prouvé que des clercs ou des moines se sont conjurés ou bien ont formé une société secrète ou bien ont ourdi des machinations contre des évêques ou contre leurs collègues dans la cléricature, ils doivent déchoir de leur grade.

19. Que dans chaque province des synodes se feront deux fois par an.
Il est venu à nos oreilles que dans les provinces les synodes des évêques prescrits par les canons n'étaient pas tenus et que pour ce motif bien des réformes ecclésiastiques nécessaires étaient négligées. Aussi le saint concile a-t-il décidé que, conformément aux canons des saints pères, les évêques de chaque province se réuniront deux fois par an, là où le métropolitain le trouverait bon, et y résoudront les cas qui se présenteraient. Les évêques qui ne s'y rendront pas, quoique se trouvant dans leurs villes en bonne santé et libres de toute affaire urgente et nécessaire, seront fraternellement réprimandés.

20. Qu'un clerc ne doit pas être transféré d'un diocèse à l'autre.
Les clercs qui sont attachés à une Eglise, ainsi que nous l'avons déjà ordonné, ne doivent pas se mettre au service de l'Eglise d'une autre ville, mais se s'attacher à celle, pour le service de laquelle ils ont été trouvés dignes dès le début ; à l'exception toutefois de ceux qui ayant été privés de leur pays d'origine, furent forcés de passer à une autre Eglise. Si après ce canon un évêque reçoit dans son clergé un clerc appartenant à un autre évêque, évêque recevant et clerc reçu seront privés de communion, jusqu'à ce que le transfuge revienne à sa propre Eglise.

21. Que des clercs sans réputation ne sauraient se porter accusateurs contre des évêques.
Clercs et laïcs qui portent des accusations contre des évêques ou des clercs, ne doivent point être admis comme accusateurs simplement et sans enquête, avant que leur bonne réputation n'ait été auparavant prouvée.

22. Que les clercs ne peuvent après la mort de leur évêque s'emparer de ses biens personnels.
Il n'est pas permis aux clercs de s'emparer après la mort de leur évêque des biens qui lui appartenaient, ainsi que cela fut déjà défendu par les anciens canons. Ceux qui feront cela courent risque de perdre leurs propres dignités.

23. Qu'il faut chasser de Constantinople les clercs et les moines étrangers, qui troublent l'ordre.
Il est venu à la connaissance du saint concile que quelques clercs et moines, sans mission de leur évêque, parfois même excommuniés par lui, se rendant à Constantinople y font un long séjour, occasionnant des troubles et semant le désordre dans l'Eglise et bouleversant même les maisons des particuliers. Pour ces motifs, le saint concile a résolu que le syndic de la très sainte Eglise de Constantinople avertirait d'abord ces gens-là d'avoir à quitter la capitale ; et s'ils persistaient dans leur effronterie, le même syndic devra les expulser de la ville et les renvoyer dans leur pays.

24. Que les monastères ne doivent pas devenir des maisons privées.
Les monastères une fois consacrés du consentement de l'évêque, doivent rester à jamais monastères, et les biens qui leur appartiennent doivent leur être conservés ; ces couvents ne peuvent plus devenir des habitations laïques. Quiconque permettrait qu'ils le deviennent, devra subir les peines canoniques.

25. Qu'une Eglise ne doit pas être privée d'évêque au-delà de trois mois.
Ayant appris que plusieurs métropolitains négligent leur troupeau et diffèrent l'élection des évêques, le saint concile a décidé que l'élection des évêques doit être faite dans les trois mois, à moins qu'il n'y eût une nécessité absolue de différer plus longtemps ; si le métropolitain n'agit pas ainsi, il sera soumis aux peines ecclésiastiques. Les revenus de l'Eglise privée de pasteur doivent être conservés intégralement par l'économe de cette Eglise.

26. Que tout évêque doit administrer les biens de son Eglise par l'intermédiaire d'un économe.
Ayant appris que dans quelques Eglises les évêques administraient sans aucun économe les biens d'Eglise, le concile a statué que toute Eglise qui a un évêque, doit aussi avoir un économe pris dans le clergé de cette Eglise, qui administrera les biens de l'Eglise de l'avis de son évêque. Ainsi l'administration de l'Eglise ne sera pas sans contrôle, les biens ecclésiastiques ne seront pas dissipés et la dignité du sacerdoce sera à l'abri des accusations. Si l'évêque ne le fait pas, il subira les peines canoniques.

27. Qu'il ne faut pas forcer une femme à se marier.
Les ravisseurs de femmes, même sous prétexte de mariage, et ceux qui coopèrent avec eux ou les aident, le saint concile a décidé que, s'ils sont clercs, ils perdront leur dignité, s'ils sont moines ou laïcs, ils seront anathématisés.

28. Vœu pour la primauté du siège de Constantinople.
Suivant en tout les décrets des saints pères et reconnaissant le canon lu récemment des cent cinquante évêques aimés de Dieu, réunis dans la ville impériale de Constantinople, la nouvelle Rome, sous Théodose le grand, de pieuse mémoire, nous approuvons et prenons la même décision au sujet de la préséance de la très sainte Eglise de Constantinople, la nouvelle Rome. Les pères en effet ont accordé avec raison au siège de l'ancienne Rome la préséance, parce que cette ville était la ville impériale, mus par ce même motif les cent cinquante évêques aimés de Dieu ont accordé la même préséance au très saint siège de la nouvelle Rome, pensant que la ville honorée de la présence de l'empereur et du sénat et jouissant des mêmes privilèges civils que Rome, l'ancienne ville impériale, devait aussi avoir le même rang supérieur qu'elle dans les affaires d'Eglise, tout en étant la seconde après elle ; en sorte que les métropolitains des diocèses du Pont, de l'Asie (proconsulaire) et de la Thrace, et eux seuls, ainsi que les évêques des parties de ces diocèses occupés par les barbares, seront sacrés par le saint siège de l'Eglise de Constantinople ; bien entendu, les métropolitains des diocèses mentionnés sacreront régulièrement avec les évêques de leur provinces les nouveaux évêques de chaque province, selon les prescriptions des canons, tandis que, comme il vient d'être dit, les métropolitains de ces diocèses doivent être sacrés par l'évêque de Constantinople, après élection concordante faite en la manière accoutumée et notifiée au siège de celui-ci.

29. Qu'un évêque forcé à se démettre de son siège ne doit pas être mis au rang des prêtres.
Les magnifiques et très glorieux seigneurs dirent : Au sujet des évêques qui ont été sacrés par le très pieux évêque Photius, puis écartés par le très pieux évêque Eustache et réduits au rang de simple prêtre, nonobstant la consécration épiscopale, quel est l'avis du saint concile ? Paschasinus et Lucentius, les très pieux évêques, et le prêtre Boniface, légats du siège apostolique de Rome, dirent :
Réduire un évêque au rang d'un simple prêtre est un sacrilège. Si une raison légitime l'éloigne de l'exercice des fonctions épiscopales, il ne doit pas non plus occuper le rang d'un prêtre; si au contraire il a été éloigné de sa charge sans s'être rendu coupable, il doit être réintégré dans sa dignité épiscopale.
Anatole, le très pieux archevêque de Constantinople, dit :
Ceux qui de la dignité épiscopale ont été réduits au rang de simple prêtre, s'ils ont été condamnés pour des motifs suffisants, doivent aussi être indignes de l'honneur du sacerdoce; s'ils ont été réduits sans motif suffisant à un degré inférieur, la justice demande que, leur innocence une fois démontrée, ils recouvrent la dignité et l'exercice des fonctions de l'épiscopat.

30. Que les évêques de l'Egypte ne sont pas coupables du fait qu'ils n'ont pas souscrit à la lettre de Léon, le saint évêque de Rome.
Les magnifiques et très glorieux seigneurs et le très ample sénat dirent : Comme les évêques d'Egypte ont différé jusqu'à présent de signer la lettre du très saint archevêque Léon, non par opposition à la foi catholique, mais parce qu'ils disent que dans le diocèse d'Egypte il est d'usage de ne pas faire pareille chose sans l'assentiment et les instructions de l'archevêque, et qu'ils demandent un délai jusqu'à l'élection du futur archevêque de la grande ville d'Alexandrie ; il nous a paru raisonnable et humain qu'on leur accorde de rester à Constantinople dans leur dignité d'évêque, jusqu'à l'élection de l'archevêque de la grande ville d'Alexandrie.
Paschasinus, le très pieux évêque et légat du siège apostolique, dit : Si votre autorité le veut, et vous demandez qu'on leur accorde une faveur pleine d'humanité, qu'ils donnent des gages qu'ils ne sortiront point de cette ville, jusqu'au jour où la ville d'Alexandrie aura un évêque. Les magnifiques et très glorieux seigneurs et le très ample sénat dirent : La motion du très saint évêque Paschasinus sera confirmée ; donc, les très pieux évêques des égyptiens, gardant leur dignité d'évêque, ou bien donneront des gages, si cela est possible, ou bien promettront par serment, d'attendre ici l'élection du futur archevêque de la grande ville d'Alexandrie.  (source)

dimanche 10 mars 2013

Sur le Blog de Claude : Annonce d'un nouveau Patericon

Claude nous annonce un livre qui nous rappelle qu'une autre réalité a existé, et existe toujours dans ce territoire que les regards occidentaux bien intentionnés ne veulent voir que comme l' "Ex URSS", comme si la Russie pouvait se réduire successivement à la tyrannie obscurantiste des Tsars, à l'abominable totalitarisme communiste, et à la voyouterie de nouveaux riches sans scrupule et mal éduqués soutenus par la mafia et  présidés par un nouveau tsar encore rouge... bref ! La citation de Pascal mise en exergue par Claude à  sa présentation de ce livre à paraître vient bien à propos faire un rappel salutaire. "Que celui qui a des oreilles pour entendre entende." (Matthieu 13)
« Voulant paraitre à découvert à ceux qui le cherchent de tout leur cœur, et caché à ceux qui le fuient de tout leur cœur, il a tempéré la connaissance, en sorte qu’il a donné des marques de soi visibles à ceux qui le cherchent et non à ceux qui ne le cherchent pas. Il y a assez de lumière pour ceux qui ne désirent que de voir et assez d’obscurité pour ceux qui ont une disposition contraire. » Blaise Pascal

Nous avons publié sur ce blog il y a quelques semaines quelques extraits de l'édition américaine de ce livre. Les Éditions des Syrtes vont publier cet ouvrage au mois de mars en français.
Ce livre est remarquable, c'est un véritable Patéricon qui nous fait connaître les héros spirituels d'une époque qui n'est pas si lointaine, mais que l'on a oubliée rapidement. Notre occident déchristianisé qui se pâme aux élucubrations médiatiques et autres manifestations délétères des Pussy Riots et autres Femen ne s'intéresse pas à cet aspect de la vie en Russie, c'est regrettable car en lisant ces témoignages il retrouverait certainement un sens plus noble à la vie.



Archimandrite Tikhon
(Chevkounov)
Père Rafaïl et autres saints de tous les jours
Extraits
Traduit du russe par Maria-Luisa Bonaque
À paraître le 21 mars 2013

BON DE COMMANDE SUR LE BLOG de CLAUDE

vendredi 22 juin 2012

Philosophes et théologiens orthodoxes


La philosophie n’est pas la Théologie mais également la Théologie « scientifique » n’est pas la Théologie orthodoxe qui est la Parole de Dieu, littéralement. 

La Théologie orthodoxe qui vaut est celle de celui qui prie vraiment, c’est-à-dire de celui qui a expérimenté et qui continue de vivre de tout son être par son ascèse et sa prière incessantes, dans la Tradition ininterrompue de l’Eglise et des Pères – ayant transmis leur expérience de maître à disciple – une authentique relation personnelle avec Dieu, de sorte que ce n’est plus lui qui vit mais Dieu qui vit en lui. Le théologien orthodoxe véritable parle moins de Dieu que Dieu ne parle en lui. C’est la Parole, le Logos de Dieu qui le traverse et parle à travers lui. C’est le Verbe de Dieu qui le parle, de sorte que l’authentique théologien orthodoxe parle Dieu, plus qu’il ne parle de Dieu. 

Cependant bien des saints Pères ont eu une formation académique dans leur jeunesse avant de s’engager de tout leur être dans la vie en Christ. Cette formation, dans l’Antiquité particulièrement, mais aussi périodiquement dans l’Histoire jusqu’à nos jours comprenait également une formation philosophique classique si bien que le langage et les concepts de grand philosophes de l’Antiquité non seulement ne sont pas absents de la composition de leur texte mais ont servi à nos grands théologiens à transmettre leur connaissance de Dieu dans la matrice langagière, discursive voire conceptuelle des philosophes antiques. Il s’agissait pour eux comme ils le faisaient pour tout leur être, de réorienter, de transfigurer, de diviniser tout ce que constituait leur personne avec toutes ses constituantes et particularités, formation et culture y compris.


 D’ailleurs cet héritage de la Philosophie a été à ce point assumé par les Pères que les philosophes comme Platon, Aristote, et les Stoïciens sont bien souvent vus comme des précurseurs, quasiment au même titre que les prophètes, de la venue du Christ. Les fresques de certains monastères en attestent parfois depuis des siècles (voir ici et . L’amour de la sagesse s’est transfiguré en amour de la Sagesse de Dieu, et le moine bien souvent est celui qui est considéré comme celui qui vit « en vrai philosophe », c’est à dire qu’il n’échafaude point trop de constructions conceptuelles sophistiquées – mises en forme à la fois pour elles-mêmes et pour poser leurs jalons dans l’histoire des systèmes philosophiques – mais plutôt vit dans sa chair ce qu’il confesse et transmet. Ne pourrait-on également voir les « fols en Christ » comme des successeurs chrétiens des Cyniques ? 


De nos jours, dans notre pays même, nous avons des hommes qui ont eu cette formation de philosophe et qui œuvrent à leur tour pour l’amour de la Sagesse de Dieu et le renforcement du Corps du Christ. Chacun a sa personnalité, sa formation particulière, son tempérament propre et chacun dialogue avec un des divers lieux de discours de la pensée contemporaine et c’est une chose excellente que chacun exerce ses talents dans le domaine où il est efficacement pourvu pour faire la lumière sur la véritable tradition chrétienne. Ainsi en est-il par exemple de Jean-Claude Larchet, P.André Borrely, Bertrand Vergely, Christos Yannaras pour ceux dont je connais un peu le travail. Chacun connait le langage et le discours de l’autre, de celui à qui il s’adresse qu'il connaît bien et sait transmettre par son discours la vie du Christ ressuscité en se faisant juif avec les Juifs, grec avec les Grecs, philosophe avec les philosophes… tout comme l’Apôtre Paul, et avant lui, notre Maître et Seigneur, le Christ Lui-même, quand Il parlait en paraboles au peuple.




Qu’ils veuillent me pardonner et me corriger s’ils trouvent mon discours un peu court et pas assez précis, ni assez approfondi et s’il n’insiste pas assez sur les différences et les divergences qui existent entre eux. Je voulais leur rendre hommage malgré tout et les remercier pour le travail qu’ils font pour le salut de tous. Gloire à Dieu ! Que l’Esprit Saint les nourrisse, les guide et les habite afin qu’ils soient d’authentiques théologiens, porteurs du Logos et la Sagesse de Dieu !
Maxime le minime

vendredi 15 avril 2011

DIEU ET PATRIE - Entretien avec P.Andrew Phillips [fin]

St Birinus
BM - Père, je voudrais enfin vous parler de la signification de la nation, et non pas au sens politique, mais, selon les Écritures, en particulier dans le contexte de la Genèse. Pourquoi y a-t-il tant de nations? Ont-elles un rôle historique? Est-ce que le passé d'une nation est important ? Est-ce que le tribut dû à nos ancêtres est important ? Est-ce que les nations seront jugées?

P.A - Dieu a dispersé les peuples après la construction et la chute de la tour de Babel. Ainsi, de nombreuses langues différentes ont été formées, de nombreuses nations différentes se sont développées. L'unité des nations n'est pas dans la construction d'une nouvelle tour de Babel, à Bruxelles ou à Washington, il est dans l'Esprit Saint, au jour de la Pentecôte. Il s'agit d'une unité spirituelle, qui permet la diversité, alors que l'unité présente politiquement imposée, la mondialisation, est sur le point de détruire la diversité, nous rendant tous identiques.

Nous devons aimer le pays où la volonté de Dieu nous a fait naître, parce que Dieu a créé sa beauté naturelle et a permis à sa beauté d'origine humaine de venir à l'existence. Cet amour est appelé patriotisme. Mais c’est totalement différent du nationalisme. Le patriotisme est l'amour de notre propre pays, et non de l'État ou du gouvernement. Ça c'est de la politique. En outre, le patriotisme c’est aussi l'amour des autres pays, parce que c’est Dieu les a faits aussi. Celui qui aime la beauté que Dieu a mis dans son propre pays peut aussi apprécier la beauté que Dieu a mise dans d'autres pays. Le nationalisme, cependant, n'a rien à voir avec Dieu, c’est une question de fierté d’État et de haine des autres pays. Il s'agit d'un péché, comme nous l'avons vu avec le nazisme.

Chaque nation a un rôle à jouer dans le monde, dans l'histoire. Ce n’est qu’à la fin des temps que nous ne comprendrons clairement cela, et la manière dont chaque pays aura mis en œuvre la Volonté de Dieu dans l'histoire ou s’y sera dérobé, et s’il sera resté fidèle au meilleur de son passé et aux meilleures réalisations de ses ancêtres. Chaque nation a un ange gardien et chaque nation à travers ses individus sera jugée à la fin des temps.

BM – Parlez-nous du passé de l'Angleterre, des saints de l'Angleterre ...

P.A - Tout d'abord, nous ne pouvons pas séparer l'Angleterre des autres pays de l'Europe occidentale (par Europe occidentale, je veux dire tous les pays qui se sont construits depuis le Moyen Age catholique, jusqu’aux temps modernes catholique ou protestant. Ainsi, dans ce sens spirituel, l'Europe occidentale inclut, par exemple, la Hongrie et la Pologne).

Tous les pays occidentaux peuvent être considérés comme vivant dans un état d’amnésie, dans la terre de l'oubli comme dit le psaume. Cette terre est celle du déracinement et par conséquent de l'agitation. Ceux qui oublient leur passé, leur enfance, leurs parents, leurs ancêtres, sont ceux qui vivent dans une sorte d'hystérie. Et en ce qui concerne l'Europe occidentale, on peut se demander ce qu'elle sait de ses saints, de ses lointains ancêtres qui ont vécu pour le Christ. Presque rien. L’Europe de l'Ouest a enterré son passé et vit ainsi sans racines. Mais le jour viendra - et il vient maintenant - où son passé reviendra à la mémoire de l'Europe occidentale et elle aura alors le choix, faire demi-tour comme le fils prodigue qu’elle est, ou bien renoncer complètement au Christ.

En ce qui concerne l'Angleterre, plus précisément, elle a également laissé ses saints il y a près de 1000 ans, quand elle est tombée en dehors de la communion avec l'Église universelle orthodoxe. Les saints de l'Angleterre sont encore là, mais ils sont ignorés, méprisés, raillés par la quasi-totalité de l'Angleterre moderne, et n'oubliez pas, «l'Angleterre moderne» a près de 1.000 ans.

Plutôt que de parler de tous les saints de l'Angleterre, je n'en mentionnerai qu'un seul, comme exemple. Il y a trois mois j'ai été dans une ancienne église en Angleterre, dans un endroit appelé Dorchester. Les reliques du saint local, St Birinus qui a vécu au VIIe siècle, sont enterrées sous le plancher de l'église (c'est ainsi que les protestants déshonorent des saints). Nul ne sait où ses reliques se trouvent exactement, mais la nuit, on entend le saint sortir de sa tombe et monter et descendre dans l'église. Et c'est ainsi, les saints ne nous quittent pas, c’est nous qui les abandonnons. Dieu ne nous abandonne pas, c’est nous délaissons Dieu. Je pense que St Birinus* est en patrouille, qu’il est de garde, comme les autres saints de l'Angleterre, toujours à prier pour son héritage, pour le petit troupeau des Orthodoxes qui demeurent ici.

BM - Cher Père, je vous remercie pour ces belles lignes, je suis sûr que cette deuxième partie de l'interview sera appréciée au moins autant que la première. Meilleurs vœux  de la Roumanie!

P.A - Que Dieu bénisse la terre et le peuple roumains. S'il vous plaît souvenez-vous de moi, pécheur, dans vos prières, et avec vos bougies dans vos églises et monastères, que pour que Dieu aie pitié de moi et de nous tous ici.

* St Birinus, premier évêque de Worchester, saint Apôtre des Saxons de l'Ouest, est né en France en 600 et mort  le 3 décembre 649 à Dorchester, Oxfordshire. On le fête le 3 (ou le  5) décembre et le 4 septembre.

P.Andrew Phillips