Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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mardi 9 mai 2017

"CONSERVATISMES", "PROGRESSISMES", moeurs, imaginaire, histoire, appartenances,dissidences …

sur le site catholique L'HOMME NOUVEAU


Le conservatisme représente encore une dissidence : entretien avec Mathieu Bock-Côté

Rédigé par Philippe Maxence le dans Politique/Société



Sociologue et écrivain québécois, Mathieu Bock-Côté est connu pour son engagement souverainiste dans son pays. En France, il collabore auFigaro et au Figaro Vox. Il s'est imposé comme l'une des figures montantes du renouveau conservateur. Il est notamment l'auteur d'un essai percutant, Le Multiculturalisme comme religion politique (Le Cerf) et Le Nouveau Régime : essais sur les enjeux démocratiques actuels (Boréal). Rencontrer Mathieu Bock-Côté, c'est toujours un événement, un rendez-vous de l'esprit et de la convivialité.

On a beaucoup parlé avant le premier tour des élections présidentielles en France d’un renouveau conservateur dans notre pays. Mais n’était-ce pas un faux-semblant puisque le candidat progressiste est arrivé en tête ?

Je ne le pense pas, pour peu qu’on ne confonde pas la renaissance intellectuelle du conservatisme avec sa supposée conquête de l’hégémonie idéologique, à laquelle ne veulent vraiment croire que des progressistes qui paniquent et hurlent au scandale dès lors qu’ils ne définissent plus intégralement les termes du débat public. Les progressistes veulent bien parler des conservateurs, mais ne veulent pas parler avec eux – cela les embête, car ils ne reconnaissent pas la légitimité de leurs adversaires. Ils les voient comme une trace du monde ancien appelée à se dissoudre, ou encore, comme du bois mort qui empêche la régénération de l’humanité sous le signe exclusif de l’émancipation. Si le conservatisme est parvenu à renaître ces dernières années, il n’est jamais sorti de l’opposition. Sur un plateau télé, si on trouve un conservateur pour cinq progressistes, on aura l’impression d’avoir un débat équilibré. Il représente encore une dissidence que l’époque tolère difficilement – du moins, que tolèrent difficilement ceux qui décident ce que l’époque doit être. J’ajoute que le conservatisme, chez les intellectuels, ne vient pas exclusivement de la droite.

Sur le plan politique, le conservatisme est néanmoins parvenu à se faire entendre clairement, comme s’il se désinhibait. Cette renaissance vient de loin : il y a depuis longtemps un désaccord entre le peuple de droite et ses élites. Le premier, qui a des préoccupations culturelles et identitaires, s’est très souvent senti trahi par les secondes, qui croient globalement au primat de l’économie et ne se sentent pas trop le courage de résister aux offensives idéologiques de la gauche, de peur d’être accusés de complaisance pour le populisme – ou tout simplement parce que leurs convictions sont flageolantes. Ne pourrait-on pas résumer ainsi le quinquennat de Nicolas Sarkozy ? Il faut aussi se rappeler que le conservatisme n’est pas homogène : celui de la bourgeoisie n’est pas celui des classes populaires. Il trouve son unité dans l’éloge de l’enracinement. La droite, ces dernières années, a voulu s’affranchir des critères de respectabilité édictés par la gauche. On retiendra une chose de l’aventure présidentielle avortée de François Fillon : c’est parce qu’il incarnait un certain conservatisme qu’il est parvenu à s’imposer. Il a révélé un espace politique : reste à voir qui voudra l’occuper maintenant. Son échec est personnel, terriblement personnel, il n’engage pas le courant qui l’avait porté.

Allons enfin à l’essentiel : le retour du conservatisme, c’est d’abord celui de certains thèmes longtemps marginalisés. La question identitaire, d’abord : on ne saurait définir la nation dans les seuls termes du contractualisme, qu’il soit libéral ou républicain. Il faut réhabiliter la part des mœurs, de la culture, de l’imaginaire, de l’histoire. La question anthropologique ensuite : on ne saurait traiter l’homme comme un simple cobaye au service de toutes les utopies sociétales ou technoscientifiques. L’homme n’est pas un matériau au service de ceux qui veulent construire une société idéale absolument artificielle. En un mot, le conservatisme qui renaît est porté par une anthropologie de la finitude. L’homme a besoins de limites. C’est-à-dire de racines, auxquelles il ne saurait s’arracher sans s’assécher. C’est-à-dire de frontières, qui définissent l’espace de ses libertés et de son appartenance, et qu’il ne saurait abolir sans se dissoudre dans l’immensité du monde. Il ne s’agit pas de mettre l’homme dans un bocal ou de nier son aspiration à l’universel, mais de rappeler qu’il n’y a pas d’accès immédiat à l’universel, qu’on ne peut y tendre qu’à travers des médiations.


Est-ce que comme Zeev Sternhell vous estimez que cette élection oppose les pro et les anti-Lumières ?

Permettez-moi de vous répondre par un détour. L’œuvre de Zeev Sternhell a tendance à renvoyer dans le camp des anti-Lumières tous ceux qui ne s’enthousiasment pas pour la modernité comme il la voit. Si on ne saurait contester l’érudition de Sternhell, rien ne nous oblige en voir en lui un profond philosophe. Il simplifie la complexité historique de manière outrancière : d’un côté les partisans de l’émancipation, de l’autre ceux de la régression. En gros, les gentils et les méchants. Puis, il plaque ce schéma sur l’histoire française et plus largement, sur l’histoire européenne. Nul n’est obligé de se plier à cette déformation grossière de l’histoire, qui exige quand même un peu plus de finesse pour être comprise. Nul n’est obligé non plus d’en faire une grille d’analyse électorale.

Pour Sternhell, dès qu’il est question de la nation, il n’existe que deux camps : celui du contractualisme le plus désincarné, et celui de la nation organique qui étouffe l’individu en allant jusqu’à le nier. Pour lui, dès qu’on entend redonner un peu de substance à la nation, on bascule dans la révolte contre les Lumières. Dès lors, on assiste à une criminalisation de toute critique de ce que pourraient être les excès de la modernité, car ces derniers ne seraient rien d’autre qu’une poussée de la modernité cherchant toujours à se dépasser elle-même en déconstruisant les formes historiques établies pour trouver les nouveaux visages de l’émancipation. Tout cela pour dire que je ne vois pas trop comment cette représentation de l’histoire permet de rendre compte de manière intéressante et subtile de cette présidentielle non plus que des grandes querelles qui traversent notre temps.


Au final, le conservatisme n’est-il pas un progressisme qui veut s’ignorer et perçoit mieux que d’autres les dangers des fondements philosophiques auxquels il adhère malgré tout ?
Tout dépend de ce que vous entendez par-là. Le conservatisme se situe d’emblée dans la modernité – il l’accepte, de bonne foi ou par esprit de résignation, mais il l’accepte quand même et ne croit pas possible d’en sortir. Il l’accepte sans enthousiasme, toutefois, ce qu’on ne lui pardonne naturellement pas, puisque la modernité ne tolère pas qu’on confesse la moindre réserve à son sujet. Le grand projet du conservatisme, c’est de civiliser la modernité en lui rappelant l’existence de permanences humaines. L’homme ne saurait accepter la grande rupture moderne qui veut congédier, en quelque sorte, tout ce qui la précède. C’est la tentation de l’ingratitude, remarquablement critiquée par Alain Finkielkraut. Il faut bien comprendre : le rejet pur et simple de la modernité n’est possible dans notre monde qu’à la manière d’une dissidence esthétique, celle du dandy ou de l’esthète, qui fait le choix d’un individualisme aristocrate contre l’égalitarisme niveleur, ou peut-être aussi à la manière d’une dissidence philosophique et littéraire cantonnée aux marges de la cité, et condamnée à n’y intervenir que sous le signe de la déploration. Je ne crois pas possible de bâtir une philosophie politique pertinence à partir de cette posture. Une fois cela dit, je ne ferais certainement pas du conservatisme un progressisme modéré et sceptique. L’imaginaire des deux philosophies n’est pas le même, les affects mobilisés et les passions sollicitées non plus. Le progressisme fonctionne à l’enthousiasme déconstructeur : le conservatisme bien compris est habité par le sentiment d’un manque au cœur de la modernité, que certains vivent même comme une perte. Chose certaine, on aurait tort de confondre les deux imaginaires.

Pour aller plus loin :

Le Multiculturalisme comme religion politique, Mathieu Bock-Côté (Le Cerf);

Le Nouveau Régime : essais sur les enjeux démocratiques actuels, Mathieu Bock-Côté (Boréal);

Il est possible de contester les fondements de Mai 68, entretien avec Mathieu Bock-Côté.
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mercredi 14 décembre 2016

Église orthodoxe et Patrie




« […] Universelle par nature, l’Église est en même temps un organisme, un corps (1, Cor 12, 12). Elle est la communauté des enfants de Dieu, «race élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple acquis…autrefois pas un peuple, maintenant Peuple de Dieu» (1 P 2, 9-10). L’unité de ce peuple est assurée non par une communauté nationale, culturelle ou linguistique, mais par la foi en Christ et par le baptême. Le nouveau peuple de Dieu «n’a pas ici-bas de cité permanente mais cherche la cité future» (Heb 13, 14). La patrie spirituelle de tous les chrétiens n’est pas la Jérusalem terrestre mais celle «d’en haut» (Gal 4, 26). L’Évangile du Christ n’est pas enseigné dans une seule langue, accessible à un seul peuple, mais dans toutes les langues (Actes 2, 3-11). L’Évangile n’est pas annoncé pour que le seul peuple élu garde la pureté de la foi, mais pour «que tout au nom de Jésus s’agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et aux enfers, et que toute langue proclame de Jésus-Christ qu’il est Seigneur à la gloire de Dieu le père» (Phil 2, 10-11). 
2.2) Le caractère universel de l’Église ne signifie pas néanmoins que le chrétien n’ait pas droit à une originalité nationale, à une expression nationale. L’Église unit au contraire en elle les postulats d’universalité et de nationalité. Ainsi, l’Église orthodoxe, tout en étant universelle, est composée d’une multitude d’Églises autocéphales locales. Les chrétiens orthodoxes, en se reconnaissant citoyens de la patrie céleste, ne doivent pas oublier leur patrie terrestre. 
Le divin fondateur de l’Église, le Seigneur Jésus-Christ Lui-même n’avait pas de refuge sur la terre (Mt 8, 20) et son enseignement n’avait pas de caractère local ou national: «il viendra un temps où ce n’est ni sur cette montagne, ni à Jérusalem que vous adorerez le Père» (Jean 4, 20). Mais Il s’est identifié par ailleurs au peuple auquel il appartenait par sa naissance terrestre. S’entretenant avec la Samaritaine, il a souligné son appartenance à la nation d’Israël: «vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas, nous nous adorons ce que nous connaissons car le salut vient des Juifs» (Jean 4, 22). Jésus était un ressortissant loyal de l’Empire romain et payait l’impôt à César (Mt 22, 16-21). L’apôtre Paul, tout en démontrant dans ses épîtres le caractère supranational de l’Eglise du Christ n’oubliait pas qu’il était «Juif, fils de Juifs» (Phil 3, 5) et citoyen romain (Actes 22, 25-29).
Les différences culturelles entre chaque peuple trouvent leur expression dans la liturgie et dans les autres formes d’art religieux, en particulier dans les particularités de l’organisation de la vie chrétienne. C’est ainsi que se forment les cultures chrétiennes nationales.


Bien des saints que vénère l’Église orthodoxe se sont illustrés par leur amour et leur fidélité à leur patrie terrestre. Les sources hagiographiques russes louent le saint et pieux prince Michel de Tver qui «a donné sa vie pour sa patrie», comparant son exploit au martyr du mégalomartyr Dimitri de Thessalonique, «bon défenseur de la patrie… disant de sa patrie Thessalonique: Seigneur, si tu fais périr cette ville, je périrai avec elle, si Tu la sauves, je serai sauvé avec elle».

Saint Prince Michaël de Tver

De tout temps, l’Église a appelé ses enfants à aimer leur patrie terrestre et à ne pas épargner leur vie pour la défendre lorsqu’un danger la menace. L’Église russe a souvent donné sa bénédiction à la participation du peuple à une guerre de libération. Ainsi en 1380, saint Serge de Radonej, higoumène et thaumaturge bénit-il les armées russes commandées par le saint et pieux prince Dimitri Donskoï, s’apprêtant à combattre les forces tataro-mongoles. En 1612, saint Hermogène, Patriarche de Moscou et de toute la Russie bénit de même la levée en masse contre l’intervention polonaise. En 1813, pendant la guerre contre l’envahisseur français, le saint Patriarche Philarète disait à ses fidèles: «en refusant de mourir pour l’honneur de la foi et pour la liberté de la Patrie, tu mourras criminel ou esclave; meurs pour la foi et la Patrie, tu recevras la vie et une couronne de gloire dans les cieux».
Saint Jean de Kronstadt, parlant de l’amour de la patrie terrestre, écrivait: «Aime ta patrie terrestre, c’est elle qui t’a élevé, soigné, honoré, nourri; mais aime plus encore la patrie céleste… elle est incomparablement plus chère que l’autre, parce qu’elle est sainte et juste, incorruptible. Cette patrie là t’a été méritée par le sang inestimable du Fils de Dieu. Mais pour en être membre, respecte et aime [ses] lois, de même que tu es tenu de respecter les lois de ta patrie terrestre».
2.3) Le patriotisme chrétien se manifeste à la fois envers la nation comme communauté ethnique et envers la nation comme communauté des citoyens d’un même Etat. Le chrétien orthodoxe est appelé à aimer et sa patrie, dans ses dimensions territoriales, et ses frères de sang vivant dans le monde entier. Cet amour est l’un des moyens d’accomplir le commandement de Dieu sur l’amour du prochain, qui inclut nécessairement l’amour de la famille, des compatriotes et des concitoyens. 
Le patriotisme du chrétien orthodoxe doit être actif. Il le manifeste en défendant la patrie contre les ennemis, en travaillant pour le bien commun, en ayant souci d’organiser la vie du peuple, y compris en participant aux affaires de direction politique. Le chrétien doit préserver et développer la culture nationale, l’identité populaire. 
Lorsque la nation, dans son acception citoyenne ou dans son acception ethnique, est soit entièrement, soit majoritairement de confession orthodoxe, elle peut alors, dans un certain sens, être perçue comme une communauté de foi, le peuple orthodoxe. 
2.4) Les sentiments nationaux peuvent cependant devenir prétexte à des manifestations coupables, comme le nationalisme agressif, la xénophobie, l’exclusivité nationale, l’animosité inter-ethnique. Dans leurs expressions extrêmes, ces manifestations mènent trop souvent à la limitation des droits des personnes et des peuples, aux guerres et autres actes de violence.
L’éthique orthodoxe rejette toute division des peuples en meilleurs et mauvais, l’humiliation de toute nation ethnique ou citoyenne. Les théories élevant la nation à la place de Dieu ou réduisant la foi à un aspect de la conscience nationale sont d’autant plus contraires à l’Orthodoxie. 
Tout en s’opposant à ces manifestations coupables, l’Église orthodoxe remplit une mission réconciliatrice entre les nations entraînées dans des hostilités et leurs représentants. Ainsi en cas de conflits inter-ethniques s’abstient-elle de prendre parti, sauf en cas d’agression évidente ou d’injustice manifeste. […] »



Jeanne d'Arc à Chinon


Jeanne à Orléans

lundi 26 octobre 2015

Qu’est-ce que la nation ? Qu’est-ce que la patrie ?

Une nation est d’abord une réalité ethnique avant d’être une réalité politique. L’étymologie de nation (natio, en latin, du verbe nascere, ”naître”) renvoie à la terre de naissance, la terre-mère, celle des ancêtres. Elle a donc une dimension d’enracinement biologique, historique, géographique et culturel – mais non pas idéologique. Sa traduction en grec – ancien et moderne – est d’ailleurs ethnos, ce qui se réfère à un apparentement dans une mémoire et une lignée, et ce qui suppose une homogénéité. C’est pourquoi une trop grande immigration détruit une nation en abrogeant son caractère ethnique et donc sa cohérence et son empathie naturelle.




Aristote, à ce propos, estimait qu’une Cité (polis) doit être ethniquement homogène, ce qui est le fondement de la paix civile, de la connivence des valeurs (philia). Autrement, explique-t-il, une Cité rendue hétérogène par l’immigration étrangère est vouée à la dictature – pour établir de force la cohésion – ou à la guerre civile endémique. Si la notion de patrie (enracinée et ethnique) connaît un tel désaveu, la responsabilité en incombe en partie à l’Allemagne nazie qui a extrémisé les principes nationaux et ethniques en les défigurant dans une ubris criminelle. Le nazisme a dévoyé, neutralisé, diabolisé l’idée de nationalisme en Europe.

La responsabilité intellectuelle en incombe à Herder et à Fichte, deux philosophes allemands du début du XIXe siècle, qui ont largement inspiré le pangermanisme belliciste, catastrophique pour l’Europe, de l’empereur Wilhelm II et de Hitler. Fichte dans son célèbre Discours à la nation allemande (1807), non dépourvu de paranoïa, développe l’idée que le peuple allemand est intrinsèquement supérieur à tous les autres peuples européens parce qu’il a échappé à la romanisation et qu’il possède seul une ”âme culturelle” originelle. Cette thèse absurde, issue d’une frustration face à la France napoléonienne et d’un complexe allemand d’infériorité – transformé en complexe de supériorité schizophrénique– a donné lieu au nationalisme allemand des deux guerres mondiales, qui, par son extrémisme, a diabolisé et détruit tout sentiment ethno-national non seulement en Allemagne mais dans les autres pays européens, dont la France (Le IIIe Reich et son souvenir, son ubris, ses crimes et sa défaite ont provoqué chez le peuple allemand une implosion, une délégitimation de toute idée nationale et patriotique).

Cependant la fameuse ”crise des migrants réfugiés” (pseudo réfugiés à 90%), qui n’est que l’aggravation spectaculaire du processus d’immigration invasive et colonisatrice, ressuscite ce sentiment ethno-national chez les classes populaires européennes, sentiment totalement absent chez les dirigeants, uniquement préoccupés d’affairisme politicien. Cette situation peut déboucher sur un incendie incontrôlé.

Qu’elle soit française ou étendue à une ”nation européenne”, ou appliquée à Israël et à bien d’autres, l’idée de nation suppose quatre ingrédients : 
1) une homogénéité ethnique et culturelle globale où les différences sont bien moindres que les ressemblances (ce qui en exclut totalement les musulmans, appartenant à leur umma) ; 
2) le sentiment d’appartenance à une patrie commune enracinée dans l’histoire, formant en gros un même peuple qui se définit et se perçoit comme différent des autres et se sentant potentiellement opposé à eux (Carl Schmitt et ©ont bien montré que toute identité ethnique ou politique ne peut se construire que contre un ennemi. Le positif interagit avec le négatif. On peut le déplorer, mais la psychologie humaine est ainsi faite) ; 
3) l’existence de frontières parfaitement définies et protégées ; 
4) la réalité d’un État, fédéral ou centralisé, peu importe, souverain et indépendant, qui protège et assure la préférence nationale, notion centrale qui discrimine légalement l’étranger par rapport au citoyen.

L’idée ”européenne” des dirigeants actuels, même fédéraliste, ne vise absolument pas ce modèle (supra)national qu’on pourrait appeler les Etats-Unis d’Europe. Elle recherche l’abolition des fondements ethno-nationaux des peuples européens et, plus grave, l’abolition de l’européanité elle-même.  LIRE l'intégralité de l'article ICI
(extraits du blog de G. Faye via ES)

"Migrants"

vendredi 15 avril 2011

DIEU ET PATRIE - Entretien avec P.Andrew Phillips [fin]

St Birinus
BM - Père, je voudrais enfin vous parler de la signification de la nation, et non pas au sens politique, mais, selon les Écritures, en particulier dans le contexte de la Genèse. Pourquoi y a-t-il tant de nations? Ont-elles un rôle historique? Est-ce que le passé d'une nation est important ? Est-ce que le tribut dû à nos ancêtres est important ? Est-ce que les nations seront jugées?

P.A - Dieu a dispersé les peuples après la construction et la chute de la tour de Babel. Ainsi, de nombreuses langues différentes ont été formées, de nombreuses nations différentes se sont développées. L'unité des nations n'est pas dans la construction d'une nouvelle tour de Babel, à Bruxelles ou à Washington, il est dans l'Esprit Saint, au jour de la Pentecôte. Il s'agit d'une unité spirituelle, qui permet la diversité, alors que l'unité présente politiquement imposée, la mondialisation, est sur le point de détruire la diversité, nous rendant tous identiques.

Nous devons aimer le pays où la volonté de Dieu nous a fait naître, parce que Dieu a créé sa beauté naturelle et a permis à sa beauté d'origine humaine de venir à l'existence. Cet amour est appelé patriotisme. Mais c’est totalement différent du nationalisme. Le patriotisme est l'amour de notre propre pays, et non de l'État ou du gouvernement. Ça c'est de la politique. En outre, le patriotisme c’est aussi l'amour des autres pays, parce que c’est Dieu les a faits aussi. Celui qui aime la beauté que Dieu a mis dans son propre pays peut aussi apprécier la beauté que Dieu a mise dans d'autres pays. Le nationalisme, cependant, n'a rien à voir avec Dieu, c’est une question de fierté d’État et de haine des autres pays. Il s'agit d'un péché, comme nous l'avons vu avec le nazisme.

Chaque nation a un rôle à jouer dans le monde, dans l'histoire. Ce n’est qu’à la fin des temps que nous ne comprendrons clairement cela, et la manière dont chaque pays aura mis en œuvre la Volonté de Dieu dans l'histoire ou s’y sera dérobé, et s’il sera resté fidèle au meilleur de son passé et aux meilleures réalisations de ses ancêtres. Chaque nation a un ange gardien et chaque nation à travers ses individus sera jugée à la fin des temps.

BM – Parlez-nous du passé de l'Angleterre, des saints de l'Angleterre ...

P.A - Tout d'abord, nous ne pouvons pas séparer l'Angleterre des autres pays de l'Europe occidentale (par Europe occidentale, je veux dire tous les pays qui se sont construits depuis le Moyen Age catholique, jusqu’aux temps modernes catholique ou protestant. Ainsi, dans ce sens spirituel, l'Europe occidentale inclut, par exemple, la Hongrie et la Pologne).

Tous les pays occidentaux peuvent être considérés comme vivant dans un état d’amnésie, dans la terre de l'oubli comme dit le psaume. Cette terre est celle du déracinement et par conséquent de l'agitation. Ceux qui oublient leur passé, leur enfance, leurs parents, leurs ancêtres, sont ceux qui vivent dans une sorte d'hystérie. Et en ce qui concerne l'Europe occidentale, on peut se demander ce qu'elle sait de ses saints, de ses lointains ancêtres qui ont vécu pour le Christ. Presque rien. L’Europe de l'Ouest a enterré son passé et vit ainsi sans racines. Mais le jour viendra - et il vient maintenant - où son passé reviendra à la mémoire de l'Europe occidentale et elle aura alors le choix, faire demi-tour comme le fils prodigue qu’elle est, ou bien renoncer complètement au Christ.

En ce qui concerne l'Angleterre, plus précisément, elle a également laissé ses saints il y a près de 1000 ans, quand elle est tombée en dehors de la communion avec l'Église universelle orthodoxe. Les saints de l'Angleterre sont encore là, mais ils sont ignorés, méprisés, raillés par la quasi-totalité de l'Angleterre moderne, et n'oubliez pas, «l'Angleterre moderne» a près de 1.000 ans.

Plutôt que de parler de tous les saints de l'Angleterre, je n'en mentionnerai qu'un seul, comme exemple. Il y a trois mois j'ai été dans une ancienne église en Angleterre, dans un endroit appelé Dorchester. Les reliques du saint local, St Birinus qui a vécu au VIIe siècle, sont enterrées sous le plancher de l'église (c'est ainsi que les protestants déshonorent des saints). Nul ne sait où ses reliques se trouvent exactement, mais la nuit, on entend le saint sortir de sa tombe et monter et descendre dans l'église. Et c'est ainsi, les saints ne nous quittent pas, c’est nous qui les abandonnons. Dieu ne nous abandonne pas, c’est nous délaissons Dieu. Je pense que St Birinus* est en patrouille, qu’il est de garde, comme les autres saints de l'Angleterre, toujours à prier pour son héritage, pour le petit troupeau des Orthodoxes qui demeurent ici.

BM - Cher Père, je vous remercie pour ces belles lignes, je suis sûr que cette deuxième partie de l'interview sera appréciée au moins autant que la première. Meilleurs vœux  de la Roumanie!

P.A - Que Dieu bénisse la terre et le peuple roumains. S'il vous plaît souvenez-vous de moi, pécheur, dans vos prières, et avec vos bougies dans vos églises et monastères, que pour que Dieu aie pitié de moi et de nous tous ici.

* St Birinus, premier évêque de Worchester, saint Apôtre des Saxons de l'Ouest, est né en France en 600 et mort  le 3 décembre 649 à Dorchester, Oxfordshire. On le fête le 3 (ou le  5) décembre et le 4 septembre.

P.Andrew Phillips