Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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samedi 27 février 2016

POURQUOI ALLER À L'ÉGLISE, QUAND JE PEUX SIMPLEMENT PRIER À LA MAISON ?



Saint Jean Chrysostome dit :
lIs disent: "Nous pouvons prier à la maison/" Tu te trompes toi-même ô homme! Bien sûr, on peut prier à la maison. Mais il est impossible d'y prier comme à l'église, où une telle multitude de cœurs est élevée vers Dieu, fusionnant en un seul cri unanime. Tu ne seras pas aussi vite entendu en priant le maître par toi-même, comme en le faisant ensemble avec tes frères, car ici dans l'église il y a quelque chose de supérieur à ta chambre : un accord, une unanimité, un lien d'amour, et, enfin, ici sont les  prières des prêtres. Les prêtres se tiennent alors devant nous, de sorte que les prières du peuple, qui sont faibles, soient unies à leurs prières plus puissantes et avec elles montent au ciel. L'apôtre Pierre a été libéré de prison, grâce aux prières communes  offertes pour lui .... Si la prière de l'Église a été si bénéfique pour l'Apôtre Pierre et a délivré  de la prison un tel pilier de la foi, pourquoi, dis-moi, dédaignes-tu son pouvoir et quel genre de justification peux-tu avoir pour cela.  Dieu Lui-même exauce, Lui qui a dit qu'une multitude des gens qui le prient avec ferveur le poussent à la miséricorde. Il  a dit au Prophète Jonas: "N'aurai-je pas pitié de Ninive, la grande ville, où habitent plus de 120 000 personnes.? "Il n'a pas dit cela simplement pour mentionner la multitude de personnes, mais pour que tu reconnaisses que la prière ensemble a une grande puissance.

et
Saint Jean de Kronstadt ajoute :

C'est ici, dans l'église qu'est la seule chose nécessaire; ici est un refuge contre la vanité et les tempêtes de la vie; ici est le havre de paix pour les âmes qui cherchent le salut; ici est la nourriture et la boisson   incorrompues pour les âmes; ici est la lumière qui éclaire tout homme qui vient au monde; ici est l' air spirituel et pur; ici est la source d'eau jaillissante en vie éternelle (Jean 4:14) vivant; ici sont distribués les dons de l'Esprit Saint ; ici est la purification des âmes. La lecture et le chant à l'église sont effectués dans une langue sacrée; tous les chrétiens orthodoxes doivent l'apprendre, pour comprendre les douces paroles de leur mère, qui prépare ses enfants pour le ciel, pour la vie éternelle .... Ici, dans l'église, un homme vient pour connaître la vraie noblesse de son âme, la valeur de la vie et son but ou son chemin assigné;  ici, il dissipe la fascination de la vanité mondaine et des passions mondaines en acquérant la sobriété dans son âme; ici, il vient connaître son destin, à la fois temporel et éternel; ici, il vient connaître son amère et profonde chute par la séduction du péché; ici se trouve le Sauveur ; en particulier dans sa vie sainte, en créant les Mystères pour  son salut; ici un homme vient connaître sa véritable relation avec Dieu et son prochain ou avec sa famille et la société dans laquelle il vit. L'église est un paradis terrestre, l'endroit où l'union la plus étroite avec la Divinité se produit; c'est une école céleste qui prépare les chrétiens à la citoyenneté céleste, leur enseigne les voies du ciel, les demeures du ciel ; c'est le seuil du ciel ; c'est le lieu de la prière commune, l'action de grâce, pour la gloire du Dieu Un et Trine, qui a créé et conserve tout; c'est l'unité avec les anges. Qu'est-ce qui est plus précieux et plus honorable que l'église? Rien. Pendant le service divin, comme sur un tableau, toute la destinée de la race humaine est représentée, du début à la fin. Le service divin est l'alpha et l'oméga de la destinée du monde et des hommes.

(version française par Maxime le minime de la source)
et encore:

« Les prières à la maison sont comme une introduction, une préparation à la prière commune dans l’Église. Voilà pourquoi celui qui n'a pas l'habitude de prier chez lui peut rarement prier avec ferveur à l’Église; l'expérience en témoigne et chacun peut le vérifier par lui-même ».

dimanche 21 septembre 2014

L'HOMME, UN ÊTRE LITURGIQUE AVANT TOUT [1/2] Par l'Ancien Georges Kapsanis


Nous définissons généralement les hommes comme des êtres rationnels et indépendants. Ces attributs conviennent assez, mais ne rendent pas compte de la nature humaine dans son intégralité. 

Par l'expérience liturgique, nous pensons que, plus que tout, les hommes sont des êtres liturgiques. Ils ont été faits pour servir, pour s’offrir eux-mêmes et offrir le monde entier à Dieu avec gratitude, louange et adoration, pour s'unir à Dieu, pour être sanctifiés pour vivre en offrande continue / sacrifice/ service. 

La rationalité, l'indépendance et les autres attributs nous ont été donnés pour cette raison, afin que nous puissions nous placer dans cette relation liturgique avec le Dieu trinitaire. Dans cette ascension liturgique, les hommes agissent comme étant «à l'image» et sont élevés pour être «à la ressemblance». 
La vie dans le Paradis était une Divine Liturgie. De concert avec les anges, Adam et Eve célébraient la Sainte Trinité. Avec la chute dans l'égocentrisme ils ont perdu la possibilité d’offrir le monde et de s’offrir eux-mêmes à Dieu d'une manière eucharistique et ainsi de prendre part au ministère commun au Paradis. 

S’étant exilés eux-mêmes de la Liturgie paradisiaque, ils se sont retrouvés sur la terre sans leur fonction de liturge. Là, la qualité de l’homme « à l'image » n’était plus activée. Cependant certaines rémanences et parcelles lumineuses de la fonction de célébrant d'avant la chute ont persisté en leur tréfonds. Ce sont ces vestiges qui les ont poussés à construire des autels et à procéder à des sacrifices pour Dieu. 

Au mieux, ce culte était un fragment, une ombre, une trace. Il n'a pas introduit les hommes dans une communion et une union parfaite avec Dieu. Il ne nous a pas donné l'Esprit Saint. Il ne nous a pas sauvés de la mort. Il a, cependant, suscité en nous le désir de la vraie liturgie messianique. Ce désir et cette perspective ont donné de l'espoir aux hommes qui étaient assis dans les ténèbres sous l'ombre de la mort. 

L'amour du Père céleste ne pouvait pas nous laisser sans office liturgique. De par sa providence, le Verbe s'est fait chair. Jésus-Christ, le Grand Prêtre, a commencé le ministère conjoint du Nouveau Testament. 

La liturgie du Nouveau Testament ne pouvait être instituée que par le Christ, car le Christ seul pouvait s’offrir Lui-même et offrir le monde entier de façon complète au Dieu Un et Trine. Certes il y eut aussi des hommes qui ont sacrifié dans l'Ancien Testament. Sans victimes sacrificielles. Mais Jésus le Christ était le sacrifice parfait en même temps que la personne parfaite pour réaliser le sacrifice. Le sacrifice sans tache. L'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ... 




…un monde sans fonction liturgique, errait déchu, dans cette absence de Liturgie, sous la puissance du diable et de la mort Avec sa mort sur la croix et sa Résurrection, le Christ nous a rachetés de cet esclavage, nous a libérés et nous a donné la possibilité de prendre part au ministère conjoint du Nouveau Testament. C'est à dire de nous offrir à Dieu, de remercier Dieu et de Lui offrir notre louange. En étant offerts et en offrant toutes choses à Dieu avec le Christ, nous participons au culte en tant qu’hommes. C'est à dire que nous officions alors en tant que nous sommes «à l'image de Dieu». Nous devenons des personnes réelles. 

La liturgie du Nouveau Testament est largement supérieure à la liturgie paradisiaque. Maintenant en effet, le Grand Prêtre n’est autre que le Fils de Dieu Lui-même. La Mère de Dieu et les Saints concélèbrent et participent à l’adoration de la Toute Sainte Trinité « avec des bouches chantant sans cesse d’inlassables louanges». 

Chaque Chrétien orthodoxe baptisé, qui meurt pour vivre, prend part à ce ministère commun. Dans cette Liturgie partagée les hommes trouvent leur véritable nature et leur vrai repos, leur personne réelle « à l'image de Dieu ». En dehors de cette Liturgie partagée, les hommes peuvent bien être des ‘Homo Sapiens’ ou des ‘Homo œconomicus’ de la société socialiste ou capitaliste, mais ils ne sont plus les pontifes de la création, ils ne sont plus le point de basculement entre le monde créé et le monde incréé et ils ne sont plus «à l'image de Dieu». 

La Divine Liturgie du Nouveau Testament a commencé avec l'incarnation du Verbe et se poursuit jusque dans le futur le plus lointain par le Suprême Grand Prêtre. Chaque Divine Liturgie célébrée à l'autel sur terre participe conjointement à cette intemporelle et éternelle liturgie. «Nous aussi, les pécheurs, clamons à haute voix avec les bienheureuses puissances, Maître et Ami des hommes, et disons : Saint es-Tu et Très Saint ...». 

Chaque prêtre et évêque qui célèbre aux autels de la terre « accomplit la fonction sacerdotale du Christ dans l'Église» (canon de Carthage). Ce n’est pas un sacerdoce personnel. Chaque prêtre et chaque évêque prend part à l'unique sacerdoce du Christ. 

Notre plus grand péché aujourd'hui, c'est que nous n'avons pas de fonction liturgique. Nous ne faisons pas d’offrande ni ne nous offrons nous-mêmes à Dieu et à nos frères humains.




On pouvait autrefois faire offense  à quelqu'un en lui faisant la remarque qu’il ne venait pas à l'église pour participer à la Divine Liturgie. Aujourd'hui, cependant, à cause de notre incrédulité et de la dureté des cœurs, c’est considéré comme normal, et c'est au point que les gens ne trouvent d’ailleurs pas que ce soit naturel d'exercer une fonction liturgique ; ils trouvent même cela bizarre. 

Même quand les gens aujourd'hui « vont à l'église», il est difficile de savoir s’ils exercent vraiment une fonction liturgique, c’est à dire s’ils prennent réellement part au mystère universel de l'Eucharistie et de l'Église, s'ils conçoivent la Divine Liturgie pas simplement comme un devoir religieux et social, mais comme une offrande et un sacrifice à Dieu, en Christ. Il est même possible que quelqu'un célèbre la Divine Liturgie en tant que prêtre et qu’il soit cependant, en substance, à l'extérieur de la Liturgie, parce qu'il ne s’offre pas lui-même et toutes choses à Dieu. 

Ces chrétiens en dehors de la liturgie, clergé comme laïcs, fondamentalement ne vivent pas. Il est écrit dans l'Apocalypse, « Je sais que tu passes pour être vivant, mais tu es mort.» (3, 1). 

(Source: La fin, ancien abbé Yeoryios (George) du Saint Monastère de St Grigoriou, de la revue «Ο Όσιος Γρηγόριος», § Ο άνθρωπος ον λειτουργικό, περίοδος β, vol. 4, pp. 31-5, publié par le Saint Monastère de Saint  Grigoriou, sur la Sainte Montagne, 1979.)
(version en français par Maxime le minime de la source)
à suivre

vendredi 15 octobre 2010

Le typikon décrypté, manuel de liturgie byzantine de Père Job GETCHA

Sur Orthodoxie.com 

P. Job en compagnie de Geronda Elysée et P. Macaire à Simonos Petra

RCF Nice : "Le typikon décrypté"

Père Job Getcha, professeur à l'Institut supérieur de théologie de Chambésy (Suisse), présente son ouvrage édité au Cerf, coll. "Liturgie" n°18, intitulé Le typikon décrypté, manuel de liturgie byzantine. Cette émission (17 minutes) a été radiodiffusée sur RCF Côte d'Azur ce jeudi 14 octobre 2010 à 12h40 (96.6 FM à Nice et 96.8 FM à Cannes) et figure au programme du lundi 19 otobre à 19h10.  

Cliquez ici pour tilicharger le MP3


Production, enregistrement et montage : P.Michel Philippenko (paroisse orthodoxe russe Saint-Nicolas – Patriarcat oecuménique de Constantinople

mardi 23 mars 2010

L'EXPÉRIENCE DE L'ÉTERNITÉ DANS LA PRIÈRE PERSONNELLE par Père Macaire de Simonos Petra

"Que ce soit dans notre vie liturgique, comme dans l’expérience mystique de la prière, nous sommes appelés à « passer» (au sens étymologique de Pâques) de la mort à la vie et de la terre au ciel (1), « encore et encore », chaque jour jusqu'à la fin du monde. Lorsque dans le silence de la nuit, le moine ou le fidèle se tient devant le Dieu invisible comme s'il était visible, les puissances de leur âme rassemblées dans le cœur et repoussant avec effort tous souvenirs ou distractions de ce monde, il leur est donné de vivre aussi de manière encore plus intense, cette transfiguration du temps. Que la prière suive le rythme alternant de la respiration ou qu'elle soit prononcée durant l'intervalle entre inspiration et expiration, qui est comme un arrêt du temps, le but de la méthode, ou plutôt des différentes méthodes hésychastes, reste le même. Il s'agit de concentrer toute notre attention sur « l'éternité arrêtée au cœur de l'instant» (2) L'invocation du Nom béni du Dieu-homme, répétée inlassablement jour après jour, réveille en nous une sensibilité spirituelle à sa présence et à son ineffable douceur. Dans ces moments privilégiés, dont il est impossible d'évaluer la durée, où la prière s'arrête pour devenir écoute du Verbe au dedans de nous, l'intellect, dépouillé de toute pensée et de toute représentation, se trouve transféré dans un mode d'existence nouveau. Saisissant par la foi que le Royaume de Dieu approche et qu'il est déjà inauguré au dedans de nous, par la prière intérieure nous nous portons en avant, dans un élan de réponse plein d'amour extatique.

Chaque invocation du Nom de Jésus répétée humblement même pendant les activités de la journée, constitue un pas de plus à la rencontre du Seigneur. La pratique quotidienne de la prière de Jésus, qui prend sa source dans la communion eucharistique et dépend étroitement de notre participation à la vie liturgique de l'Église, est donc expérience vécue de l'éternité au cœur du temps. Nous restons êtres de chair et de sang, prisonniers du temps et de ses contingences, faibles et impuissants à comprendre les mystères divins, et pourtant nous sommes à la fois hommes nouveaux, recréées à l'image du Second Adam, et par la grâce et la miséricorde du Seigneur, nous pouvons goûter à la vie éternelle cachée dans le Nom divin.

La temporalité qui était la marque de notre chute est devenue, en Jésus-Christ "une aile" qui nous porte vers les hauteurs, dans un élan sans fin vers l'éternité (3)."

Notes :
1- Canon de Pâques, Hirmos de la 1 ère ode.
2 - Acathiste du Buisson Ardent, ikos 2.
3 - St Grégoire de Nysse, Sur la Perfection 8,1

in"Entrée dans le troisième millénaire ou passage à l'éternité"
Lettre aux amis des monastères St Antoine Le Grand et Protection de la Mère de Dieu (1999)

dimanche 28 décembre 2008

Père Alexandre WINOGRADSKY à PARIS


"L’Eglise russe est plus grande que la slavité."

"La liturgie pour l’esprit du Chrétien c’est le Έργον του λαού του Θεού , c’est l’œuvre du peuple de Dieu, et qui reconnaît que Dieu est à l’œuvre dans la vie."

1ère partie de l'interview par Père Nicolas Ozoline à propos du Père Alexandre Schmemann


"Là où l’on est, la vocation des origines,
la vocation qu’est une langue maternelle,
la vocation qu’est une culture,
la vocation de la polyculture même parfois
et du fait qu’on soit né quelque part, qu’on se déplace ailleurs
et qu’on retrouve parfois ses origines…
Comment est-ce que j’avance vers le sacrement de la Vie…"

2ème partie de l'interview sur le père Alexandre Winogradsky lui-même :

"Il faut tout le temps pardonner !"


mercredi 17 septembre 2008

Esthétique orthodoxe selon Christos Yannaras [texte 4]


« La liturgie de l'Eucharistie a sa propre esthétique, laquelle vient de l'ontologie méme de la vérité et de la morale de l'Eglise. Elle n'a aucun rapport avec l'esthétique conventionnelle des analogies harmoniques, des catégories du beau et du laid, du symétrique et du dissymétrique, ni non plus avec les recherches individuelles arbitraires de l'effet du suggestif. Le but de l'art ecclésial orthodoxe n 'est pas de plaire aux sens ou à l'intelligence, mais de révéler aux sens et à l'intelligence la vérité et la raison intérieure des choses, la dimension personnelle de la matière, sa possibilité de manifester l'énergie personnelle du Dieu Verbe, d'incarner Celui qui n'a pas de chair et de contenir Celui que rien ne peut contenir. Toutes les formes de l'art liturgique - l'architecture, la peinture, la décoration, la poésie, la dramaturgie, la musique - mènent à l'abandon de la jouissance esthétique et de l'exaltation sentimentale individuelles. Un tel art porte le fidèle à la purification des sens - purification signifie ici transfiguration des possibilités individuelles en possibilités personnelles - il le conduit au dépassement amoureux et à la communion personnelle. C'est là le signe distinctif et spécifique du culte orthodoxe: il demeure un baptême dans la vérité, une immersion réelle dans les éléments du monde et une émergence réelle de la vraie vie : non pas une simple aspersion de hautes pensées et d'exhortations morales ».

Christos Yannaras, La liberté de la morale, Genève, Labor et Fides, 1982, pp. 84-8

dimanche 25 mai 2008

KYRIELLES

Je sais que cela pourra faire bondir ceux qui sont avant tout attachés à la saine doctrine théologique et ecclésiologique mais j'ai le sentiment que quand on aura vraiment trouvé l'équivalent non seulement sémantique mais aussi sonore et rythmique de [Κύριε έλέησον] ou de [Господи помилуи] ( je serais d'ailleurs bien curieux d'entendre ce que ça donne en chinois ou en japonais [主、憐れめよ。]...) et le réciter à la même fréquence, avec la même intensité on ne pourra plus avoir de doute sur l'achèvement de l'édification l'Eglise locale...



Il est d'ailleurs remarquable que la formule Kyrie eleison ait été conservée intégralement jusqu'à nos jours dans l'Eglise romaine, même si la récitation en a été réduite à presque rien (Kyrie eleison, Christe eleison, Kyrie eleison) de même qu'on a condensé la liturgie d'ailleurs comme si la présence du fidèle dans le temple devait être toute de concentration mentale sur l'essentiel en un temps réduit, posture volontariste toute orientée vers la formule ultime de la transsubstantiation. Toute autre est la posture du Chrétien orthodoxe, plus réceptive, plus abandonnée, il est invité à s'immerger dans un bain sanctifiant dès son entrée dans l'église où sont sollicités tous ses sens, afin que son être tout entier soit orienté vers la prière et disposé à recevoir l'Esprit Saint. La longueur des offices et les répétitions lui permettront d'être comme naturellement emporté, peu à peu, malgré les inévitables distractions. Même s'il lui arrive de s'absenter intérieurement voire à l'extérieur de l'église, le fidèle orthodoxe ne vivra pas son absence momentanée (dans le meilleur des cas bien sûr!) comme un ratage de l'essentiel, rattrappé qu'il sera par le flux continu de la liturgie rythmé régulièrement par les rappels des ecténies dont on aurait grand tort de vouloir réduire la quantité pour toutes les raisons données ci-dessus... le fidèle orthodoxe pourra même se contenter d'être venu, d'avoir été présent un moment (bon ! on doit pouvoir faire mieux tout de même...)

mercredi 21 mai 2008

Comment je suis devenu Orthodoxe : Hommage à Père Barsanuphe


Les deux premières adresses qui m'avaient été données par Lama Denis étaient en fait celles de deux moines catholiques et la troisième, la seule que j'aie réussi contacter donc était la seule orthodoxe ( !) mais j'ignorais totalement tout cela au départ... En en prenant connaissance, j'ai considéré assez rapidement que là était l'appel de La Providence. Quand je suis revenu du monastère St Antoine du Père Placide, j'ai évidemment recherché tout autour de moi tout ce qui pouvait porter le nom d'orthodoxe, lieux et personnes, et la documentaliste de l'établissement où je travaillais alors, avec qui j’avais sympathisé à la suite d’une conversation sur les anges (sic !), ancienne prof de Russe, catholique traditionnaliste mariée à un Russe orthodoxe, m'a fait découvrir tout près de mon lieu de travail (Merveilles de la Grâce encore une fois !) le Skit du St Esprit au Mesnil Saint-Denis où je pouvais même me rendre à pied. J'y fis donc la connaissance de Père Barsanuphe, moine d’origine française à l’allure plus russe que les Russes et fervent défenseur à l’époque du slavon. Père Barsanuphe m’a aidé à distinguer les différences théologiques entre Catholicisme et Orthodoxie, sa catéchèse m’a été d’autant plus précieuse que je pouvais aller le voir souvent. Il m’a initié à l’iconographie et j’ai bien sûr pu admirer la petite chapelle dont Père Grégoire Krug, - dont la tombe est derrière le sanctuaire - , a peint les fresques. Je me sentais au cœur du mystère dans cette merveilleuse sorte de grotte de Bethléem et peu à peu je me pénétrais de l’esprit et de l’âme de l’orthodoxie. Je voudrais rendre hommage à Père Barsanuphe, on en parle peu dans les medias orthodoxes officiels, mais je sais combien je lui dois. Je me mis à aller au skit chaque fois que je pouvais et je m’introduisais, avec une certaine audace, même en l’absence du moine et donc sans son autorisation, dans le parc du skit et devant la porte de la chapelle je récitais mon psautier ou mon tchotki acquis au monastère St Antoine. Tous les vendredis je prenais mes tranches de pain complet apportées de la maison pour mon repas de jeûne de midi et j’allai prier avant de reprendre le travail… jusqu’au jour où Père Barsanuphe, sorti à ma grande surprise de son ermitage, s’est mis presque en colère et m’a demandé ce que j’attendais pour devenir orthodoxe, me faisant remarquer que depuis le temps que je venais avec mon chapelet faire des métanies devant la porte d’un sanctuaire orthodoxe cela avait quelque chose d’un peu incohérent… c’est lui et la lecture d’un livre important dans mon cheminement spirituel, « Pour que l’homme devienne Dieu » du Père catholique François Brune, qui m’ont décidé à franchir le pas. Ce livre a pour moi été le pont entre les mystiques catholiques qui étaient ce qui m’intéressait le plus à l’époque dans le Catholicisme et la théologie orthodoxe au point que quand j’ai eu fini d’étudier le livre, il ne m’a pas semblé que l’on pouvait être chrétien sans être orthodoxe. Aussi la question du Père Barsanuphe n’est pas restée sans réponse. Je suis donc retourné un jour en famille au monastère St Antoine et nous sommes devenus Orthodoxes. Pendant tout un temps ensuite je suis allé à la liturgie que célébrait Père Barsanuphe tous les mercredi matin et ce fut une période merveilleuse. Père Barsanuphe obligeait de se confesser avant d’assister à la Liturgie et je trouvais cela bien pratique pour limiter les occasions de pécher, jamais je n’ai remis en question cette pratique, au contraire j’aimais cette exigence. De la même façon les célébrations en slavon ne me posaient aucun problème, car j’avais aimé de la même façon le tibétain, le sino-japonais et le latin dans les différents offices des étapes de mon cheminement spirituel. J’ai toujours su qu’en entrant dans un sanctuaire ce n’était plus le moment de faire travailler le mental et que bien au contraire l’étude, la réflexion, l’analyse, la traduction devaient se faire avant ou après mais pas pendant les offices. J’ai adoré ces liturgies et je considère comme une grâce d’avoir pu y participer. Après la liturgie, nous nous rendions sur la tombe de père Grégoire, l’iconographe, pour y célébrer une pannychide et cela a été pour moi la révélation de l’émotion profonde que j’éprouve à prier pour les défunts. Plus tard dans ma paroisse je ne me suis jamais fait prier pour aller chanter des pannychides sur les tombes. Je me rappellerai toujours deux simples phrases de Père Barsanuphe : « Un Orthodoxe se tient droit ! » (consigne très parlante pour un ex bouddhiste zen) phrase qui m’a accompagné depuis, toute ma vie, à travers toutes les épreuves, et m'a aidé à me relever dans la certitude de la Résurrection et l’autre « Tenez-vous toujours en présence de Dieu !» ce que j'essaye bien sûr de faire encore aujourd'hui, bien des années après, accrochant mon regard sur les icônes quand défaille mon âme désorientée. Gloire à Toi ô Notre Dieu ! Gloire à Toi !


jeudi 1 mai 2008

DU CATHOLICISME À L'ORTHODOXIE. I

Ma conversion (suite)


Je ne suis pas resté catholique très longtemps, je n’ai pas pu : deux ans, mais bien remplis.

Au début c’était un bonheur indicible, j’étais comblé par la grâce et je ne pouvais entrer dans une église sans que les larmes ne me coulent toutes seules des yeux sans autre motif que l’action de grâce.
J’ai alors fait un stage de grégorien, pour louer Dieu avec, pour moi à l’époque, le plus beau et le plus adéquat des chants. Mais pas à Solesmes, avec Iegor Reznikov, je suis incapable de me rappeler comment ni pourquoi lui. Ce qui m’apprit qu’il n’y avait pas qu’une seule école avec l’objectif de rétablir le Grégorien dans son authenticité mais au moins trois écoles avec des approches différentes : Reznikov et Marcel Peres. Depuis j’en ai rencontré d’autres… Les préoccupations d’Iegor quant à l’importance du son produit (il enseignait alors également le chant diphonique), en résonance avec à la fois le corps et l’architecture sacrée, de l’antiquité du chant sacré local, de la transmission orale, de la tradition, tout cela me convenait à merveille et complétait bien le travail effectué chez Tomatis. Je me rappelle que le stage se déroulait près d’une rivière et que c’était pour moi comme un merveilleux renouvellement du baptême, chaque matin, quand au milieu de l’eau fraîche je récitais le Notre père avant d’aller suivre les cours. Et tout cela était pour moi d’un grand réconfort et plein de promesses après ma blessure de ne pas avoir reçu l’absolution.
J’adorais l’architecture romane et j’entraînai ma famille dans toutes les régions de France où l’on pouvait admirer toutes ces merveilles et avec une audace folle j’entonnais, dans chaque temple de Dieu, à pleine voix et avec toute ma foi nouvelle tous les chants que j’avais appris à mon stage devant les statues du Seigneur, de la Mère de Dieu et des saints.
Je prenais à cette époque le train de banlieue pour aller travailler et j’avais du mal à me retenir de chanter dans les voitures pour clamer à ma manière la Bonne Nouvelle. Je me contentais alors de réciter le chapelet silencieusement pour tout le wagon afin que Le Seigneur leur accorde comme à moi la grâce de la metanoia.
Et puis j’ai lu tous les jours les Ecritures et je me suis procuré l’incontournable missel grégorien Le Paroissien Romain N 800, ça n’a pas été facile de le trouver mais cet ouvrage comme ensuite les livres des opuscules des Pères et des œuvres des grands mystiques qui ont enrichi ma bibliothèque ainsi que mon cœur et mon intelligence étaient souvent bradés comme « vieilleries » par des curés et des couvents dans des kermesses ou bien on les trouvait avec ces vêtements et ornements sacerdotaux et autres objets du culte dans des brocantes ou marchés aux puces … Cela m’attristait et m’indignait que des religieux pensent devoir se débarrasser de tout cela mais en même temps j’étais bien aise de trouver tous ces livres pour les acquérir…J’ai donc travaillé les chants de chaque grande fête, en écoutant les microsillons des enregistrements des moines Solesmes…

Mais voilà ce qui s’est passé : la grâce s’est peu à peu retirée et je n’ai plus vu avec les yeux de l’amour ce qui se passait dans les paroisses ordinaires où je devais me rendre le dimanche...
Je n’ai plus vu que de lamentables sortes de mauvais spectacles participationnistes produits par des amateurs en jeans et baskets, avec du matériel rudimentaire ou défectueux, des chansons minables : rien de sacré, rien de pieux, rien qui puisse prendre le relais de la grâce, rien qui puisse désaltérer et nourrir mon âme… avec des homélies qui tenaient plus du discours syndical ou politique que du cheminement spirituel. En somme toujours les mêmes discours moralisateurs que dans mon enfance sauf qu’ils avaient changé de sphère politique : des discours de droite condamnant sans appel les faibles, on était passé à gauche avec des discours de culpabilisation à propos de toutes les injustices sociales comme si un chrétien était obligatoirement un privilégié…Toujours le même écrasement. Je ne comprenais pas du tout le besoin de se réunir au nom de Dieu dans ce qui ressemblait architecturalement à des lieux de culte pour du militantisme qui était à la fois peu efficace (bien mieux fait ailleurs), et de surcroit toujours soupçonné de ne pas être du bon bord (par ceux qui s’y étaient engagés totalement sans référence à une quelconque religion), donc toujours placé dans la position de celui qui doit faire ses preuves d’être du côté de la juste lutte des classes… Des offices en grégorien point, en tout cas près de chez moi, ou alors une confusion systématique avec un certain engagement politique qui ne me convenait pas forcément… même si ma conversion m’a fait remarquablement revoir toute ma vie dans tous ses domaines et tous mes positionnements, donc toutes mes idées, sur tout.

vendredi 21 mars 2008

Ma conversion IV


L’expérience fut riche. Après ce séminaire avaient lieu des séances hebdomadaires de suivi, d’entretien, d’approfondissement auxquelles on pouvait venir à loisir. Venaient là toutes sortes de gens : des gens qui voulaient améliorer leur vie, personnelle, sentimentale, professionnelle, financière, d’autres qui voulaient obtenir la sagesse, l’illumination ; il y avait les incrédules critiques peu enclins à se laisser berner, posant systématiquement des questions sur tout, les pieds bien posés sur terre et ceux qui avalent tout sans examen ni mastication, tout prêts à enfourcher la moindre nuée, proies faciles pour les gurus de tout poil (bien sûr, certainement aussi…) et aussi les chercheurs ouverts mais exigeants. Cette expérience avait l’avantage de faire se rencontrer des gens de toutes conditions qui ne se seraient jamais parlés s’ils n’avaient pas partagé, dans la plus totale nudité, cette expérience profonde commune où l’on pouvait voir de ses yeux que la souffrance n’épargnait personne sur cette terre, riches et pauvres et que sous des dehors tout ce qu’il y a plus insignifiants ou à l’opposé brillants pouvaient se cacher des détresses tout aussi tragiques. Il m’est apparu d’ailleurs à cette occasion qu’il est bien souvent plus facile d’avoir de la compassion pour ceux que l’on sent en dessous de soi socialement que pour ceux que l’on considère au-dessus. Ce qui laisse planer un doute sur la qualité d’une telle compassion, convenue certes, et politiquement correcte, mais peut-être un peu trop restrictive et ciblée…

Mais Dieu n’était pas encore au programme pour moi et bien qu’à un moment, une des salles du centre de l’association se soit appelée du jour au lendemain « salle Thérèse d’Avila», cela m’était apparu comme d’un kitch de mauvais aloi. D’ailleurs, bien loin du château spirituel dont je n’avais pas pris connaissance, l’expérience me suffisait alors, j’étais suffisamment armé pour continuer mon chemin.

En revanche, curieux comme je l’ai toujours été, et préoccupé de l’origine des choses, soucieux de remonter aux sources (ce qui ne me quittera pas jusqu’à l’Orthodoxie) j’ai pris conscience qu’en face de la Californie d’où semblaient provenir en première analyse toutes ces efficaces démarches dites de « développement personnel » - pour faire vite – se trouvait le Japon et toute l’Asie…

mardi 8 janvier 2008

liturgie


Pour moi c'est le moment de réceptivité absolue.
Celui où se déploie le sublime et merveilleux capteur des rayons du Soleil divin, avec toutes ses facettes sophistiquées. Tout y est composé, car il s'agit d'art (inspiré par l'Esprit Saint) pour permettre à l'être intégral (corps-âme-esprit)de capter et de recevoir la grâce divine. On s'y plonge, on s'y immerge plus qu'on y participe. Surtout pas avec sa machine à conceptualiser... Avant (ou après... mais pas tout de suite !) on peut se pencher sur les textes, les scruter, les commenter... là c'est le moment d'abandonner tout souci du monde, avec particulièrement celui de l'orgueil de l'intelligence humaine qui veut tout analyser, tout comprendre, tout appréhender, tout saisir, tout contrôler par elle-même avec l'appareil, le filtre et l'édifice (provisoire) de ses concepts.