DU CATHOLICISME À L'ORTHODOXIE. I
Ma conversion (suite)
Je ne suis pas resté catholique très longtemps, je n’ai pas pu : deux ans, mais bien remplis.
Au début c’était un bonheur indicible, j’étais comblé par la grâce et je ne pouvais entrer dans une église sans que les larmes ne me coulent toutes seules des yeux sans autre motif que l’action de grâce.
J’ai alors fait un stage de grégorien, pour louer Dieu avec, pour moi à l’époque, le plus beau et le plus adéquat des chants. Mais pas à Solesmes, avec Iegor Reznikov, je suis incapable de me rappeler comment ni pourquoi lui. Ce qui m’apprit qu’il n’y avait pas qu’une seule école avec l’objectif de rétablir le Grégorien dans son authenticité mais au moins trois écoles avec des approches différentes : Reznikov et Marcel Peres. Depuis j’en ai rencontré d’autres… Les préoccupations d’Iegor quant à l’importance du son produit (il enseignait alors également le chant diphonique), en résonance avec à la fois le corps et l’architecture sacrée, de l’antiquité du chant sacré local, de la transmission orale, de la tradition, tout cela me convenait à merveille et complétait bien le travail effectué chez Tomatis. Je me rappelle que le stage se déroulait près d’une rivière et que c’était pour moi comme un merveilleux renouvellement du baptême, chaque matin, quand au milieu de l’eau fraîche je récitais le Notre père avant d’aller suivre les cours. Et tout cela était pour moi d’un grand réconfort et plein de promesses après ma blessure de ne pas avoir reçu l’absolution.
J’adorais l’architecture romane et j’entraînai ma famille dans toutes les régions de France où l’on pouvait admirer toutes ces merveilles et avec une audace folle j’entonnais, dans chaque temple de Dieu, à pleine voix et avec toute ma foi nouvelle tous les chants que j’avais appris à mon stage devant les statues du Seigneur, de la Mère de Dieu et des saints.
Je prenais à cette époque le train de banlieue pour aller travailler et j’avais du mal à me retenir de chanter dans les voitures pour clamer à ma manière la Bonne Nouvelle. Je me contentais alors de réciter le chapelet silencieusement pour tout le wagon afin que Le Seigneur leur accorde comme à moi la grâce de la metanoia.
Et puis j’ai lu tous les jours les Ecritures et je me suis procuré l’incontournable missel grégorien Le Paroissien Romain N 800, ça n’a pas été facile de le trouver mais cet ouvrage comme ensuite les livres des opuscules des Pères et des œuvres des grands mystiques qui ont enrichi ma bibliothèque ainsi que mon cœur et mon intelligence étaient souvent bradés comme « vieilleries » par des curés et des couvents dans des kermesses ou bien on les trouvait avec ces vêtements et ornements sacerdotaux et autres objets du culte dans des brocantes ou marchés aux puces … Cela m’attristait et m’indignait que des religieux pensent devoir se débarrasser de tout cela mais en même temps j’étais bien aise de trouver tous ces livres pour les acquérir…J’ai donc travaillé les chants de chaque grande fête, en écoutant les microsillons des enregistrements des moines Solesmes…
Mais voilà ce qui s’est passé : la grâce s’est peu à peu retirée et je n’ai plus vu avec les yeux de l’amour ce qui se passait dans les paroisses ordinaires où je devais me rendre le dimanche...
Je n’ai plus vu que de lamentables sortes de mauvais spectacles participationnistes produits par des amateurs en jeans et baskets, avec du matériel rudimentaire ou défectueux, des chansons minables : rien de sacré, rien de pieux, rien qui puisse prendre le relais de la grâce, rien qui puisse désaltérer et nourrir mon âme… avec des homélies qui tenaient plus du discours syndical ou politique que du cheminement spirituel. En somme toujours les mêmes discours moralisateurs que dans mon enfance sauf qu’ils avaient changé de sphère politique : des discours de droite condamnant sans appel les faibles, on était passé à gauche avec des discours de culpabilisation à propos de toutes les injustices sociales comme si un chrétien était obligatoirement un privilégié…Toujours le même écrasement. Je ne comprenais pas du tout le besoin de se réunir au nom de Dieu dans ce qui ressemblait architecturalement à des lieux de culte pour du militantisme qui était à la fois peu efficace (bien mieux fait ailleurs), et de surcroit toujours soupçonné de ne pas être du bon bord (par ceux qui s’y étaient engagés totalement sans référence à une quelconque religion), donc toujours placé dans la position de celui qui doit faire ses preuves d’être du côté de la juste lutte des classes… Des offices en grégorien point, en tout cas près de chez moi, ou alors une confusion systématique avec un certain engagement politique qui ne me convenait pas forcément… même si ma conversion m’a fait remarquablement revoir toute ma vie dans tous ses domaines et tous mes positionnements, donc toutes mes idées, sur tout.
Je ne suis pas resté catholique très longtemps, je n’ai pas pu : deux ans, mais bien remplis.
Au début c’était un bonheur indicible, j’étais comblé par la grâce et je ne pouvais entrer dans une église sans que les larmes ne me coulent toutes seules des yeux sans autre motif que l’action de grâce.
J’ai alors fait un stage de grégorien, pour louer Dieu avec, pour moi à l’époque, le plus beau et le plus adéquat des chants. Mais pas à Solesmes, avec Iegor Reznikov, je suis incapable de me rappeler comment ni pourquoi lui. Ce qui m’apprit qu’il n’y avait pas qu’une seule école avec l’objectif de rétablir le Grégorien dans son authenticité mais au moins trois écoles avec des approches différentes : Reznikov et Marcel Peres. Depuis j’en ai rencontré d’autres… Les préoccupations d’Iegor quant à l’importance du son produit (il enseignait alors également le chant diphonique), en résonance avec à la fois le corps et l’architecture sacrée, de l’antiquité du chant sacré local, de la transmission orale, de la tradition, tout cela me convenait à merveille et complétait bien le travail effectué chez Tomatis. Je me rappelle que le stage se déroulait près d’une rivière et que c’était pour moi comme un merveilleux renouvellement du baptême, chaque matin, quand au milieu de l’eau fraîche je récitais le Notre père avant d’aller suivre les cours. Et tout cela était pour moi d’un grand réconfort et plein de promesses après ma blessure de ne pas avoir reçu l’absolution.
J’adorais l’architecture romane et j’entraînai ma famille dans toutes les régions de France où l’on pouvait admirer toutes ces merveilles et avec une audace folle j’entonnais, dans chaque temple de Dieu, à pleine voix et avec toute ma foi nouvelle tous les chants que j’avais appris à mon stage devant les statues du Seigneur, de la Mère de Dieu et des saints.
Je prenais à cette époque le train de banlieue pour aller travailler et j’avais du mal à me retenir de chanter dans les voitures pour clamer à ma manière la Bonne Nouvelle. Je me contentais alors de réciter le chapelet silencieusement pour tout le wagon afin que Le Seigneur leur accorde comme à moi la grâce de la metanoia.
Et puis j’ai lu tous les jours les Ecritures et je me suis procuré l’incontournable missel grégorien Le Paroissien Romain N 800, ça n’a pas été facile de le trouver mais cet ouvrage comme ensuite les livres des opuscules des Pères et des œuvres des grands mystiques qui ont enrichi ma bibliothèque ainsi que mon cœur et mon intelligence étaient souvent bradés comme « vieilleries » par des curés et des couvents dans des kermesses ou bien on les trouvait avec ces vêtements et ornements sacerdotaux et autres objets du culte dans des brocantes ou marchés aux puces … Cela m’attristait et m’indignait que des religieux pensent devoir se débarrasser de tout cela mais en même temps j’étais bien aise de trouver tous ces livres pour les acquérir…J’ai donc travaillé les chants de chaque grande fête, en écoutant les microsillons des enregistrements des moines Solesmes…
Mais voilà ce qui s’est passé : la grâce s’est peu à peu retirée et je n’ai plus vu avec les yeux de l’amour ce qui se passait dans les paroisses ordinaires où je devais me rendre le dimanche...
Je n’ai plus vu que de lamentables sortes de mauvais spectacles participationnistes produits par des amateurs en jeans et baskets, avec du matériel rudimentaire ou défectueux, des chansons minables : rien de sacré, rien de pieux, rien qui puisse prendre le relais de la grâce, rien qui puisse désaltérer et nourrir mon âme… avec des homélies qui tenaient plus du discours syndical ou politique que du cheminement spirituel. En somme toujours les mêmes discours moralisateurs que dans mon enfance sauf qu’ils avaient changé de sphère politique : des discours de droite condamnant sans appel les faibles, on était passé à gauche avec des discours de culpabilisation à propos de toutes les injustices sociales comme si un chrétien était obligatoirement un privilégié…Toujours le même écrasement. Je ne comprenais pas du tout le besoin de se réunir au nom de Dieu dans ce qui ressemblait architecturalement à des lieux de culte pour du militantisme qui était à la fois peu efficace (bien mieux fait ailleurs), et de surcroit toujours soupçonné de ne pas être du bon bord (par ceux qui s’y étaient engagés totalement sans référence à une quelconque religion), donc toujours placé dans la position de celui qui doit faire ses preuves d’être du côté de la juste lutte des classes… Des offices en grégorien point, en tout cas près de chez moi, ou alors une confusion systématique avec un certain engagement politique qui ne me convenait pas forcément… même si ma conversion m’a fait remarquablement revoir toute ma vie dans tous ses domaines et tous mes positionnements, donc toutes mes idées, sur tout.
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