KYRIELLES
Je sais que cela pourra faire bondir ceux qui sont avant tout attachés à la saine doctrine théologique et ecclésiologique mais j'ai le sentiment que quand on aura vraiment trouvé l'équivalent non seulement sémantique mais aussi sonore et rythmique de [Κύριε έλέησον] ou de [Господи помилуи] ( je serais d'ailleurs bien curieux d'entendre ce que ça donne en chinois ou en japonais [主、憐れめよ。]...) et le réciter à la même fréquence, avec la même intensité on ne pourra plus avoir de doute sur l'achèvement de l'édification l'Eglise locale...
Il est d'ailleurs remarquable que la formule Kyrie eleison ait été conservée intégralement jusqu'à nos jours dans l'Eglise romaine, même si la récitation en a été réduite à presque rien (Kyrie eleison, Christe eleison, Kyrie eleison) de même qu'on a condensé la liturgie d'ailleurs comme si la présence du fidèle dans le temple devait être toute de concentration mentale sur l'essentiel en un temps réduit, posture volontariste toute orientée vers la formule ultime de la transsubstantiation. Toute autre est la posture du Chrétien orthodoxe, plus réceptive, plus abandonnée, il est invité à s'immerger dans un bain sanctifiant dès son entrée dans l'église où sont sollicités tous ses sens, afin que son être tout entier soit orienté vers la prière et disposé à recevoir l'Esprit Saint. La longueur des offices et les répétitions lui permettront d'être comme naturellement emporté, peu à peu, malgré les inévitables distractions. Même s'il lui arrive de s'absenter intérieurement voire à l'extérieur de l'église, le fidèle orthodoxe ne vivra pas son absence momentanée (dans le meilleur des cas bien sûr!) comme un ratage de l'essentiel, rattrappé qu'il sera par le flux continu de la liturgie rythmé régulièrement par les rappels des ecténies dont on aurait grand tort de vouloir réduire la quantité pour toutes les raisons données ci-dessus... le fidèle orthodoxe pourra même se contenter d'être venu, d'avoir été présent un moment (bon ! on doit pouvoir faire mieux tout de même...)
Commentaires