Comment je suis devenu Orthodoxe : Hommage à Père Barsanuphe
Les deux premières adresses qui m'avaient été données par Lama Denis étaient en fait celles de deux moines catholiques et la troisième, la seule que j'aie réussi contacter donc était la seule orthodoxe ( !) mais j'ignorais totalement tout cela au départ... En en prenant connaissance, j'ai considéré assez rapidement que là était l'appel de La Providence. Quand je suis revenu du monastère St Antoine du Père Placide, j'ai évidemment recherché tout autour de moi tout ce qui pouvait porter le nom d'orthodoxe, lieux et personnes, et la documentaliste de l'établissement où je travaillais alors, avec qui j’avais sympathisé à la suite d’une conversation sur les anges (sic !), ancienne prof de Russe, catholique traditionnaliste mariée à un Russe orthodoxe, m'a fait découvrir tout près de mon lieu de travail (Merveilles de la Grâce encore une fois !) le Skit du St Esprit au Mesnil Saint-Denis où je pouvais même me rendre à pied. J'y fis donc la connaissance de Père Barsanuphe, moine d’origine française à l’allure plus russe que les Russes et fervent défenseur à l’époque du slavon. Père Barsanuphe m’a aidé à distinguer les différences théologiques entre Catholicisme et Orthodoxie, sa catéchèse m’a été d’autant plus précieuse que je pouvais aller le voir souvent. Il m’a initié à l’iconographie et j’ai bien sûr pu admirer la petite chapelle dont Père Grégoire Krug, - dont la tombe est derrière le sanctuaire - , a peint les fresques. Je me sentais au cœur du mystère dans cette merveilleuse sorte de grotte de Bethléem et peu à peu je me pénétrais de l’esprit et de l’âme de l’orthodoxie. Je voudrais rendre hommage à Père Barsanuphe, on en parle peu dans les medias orthodoxes officiels, mais je sais combien je lui dois. Je me mis à aller au skit chaque fois que je pouvais et je m’introduisais, avec une certaine audace, même en l’absence du moine et donc sans son autorisation, dans le parc du skit et devant la porte de la chapelle je récitais mon psautier ou mon tchotki acquis au monastère St Antoine. Tous les vendredis je prenais mes tranches de pain complet apportées de la maison pour mon repas de jeûne de midi et j’allai prier avant de reprendre le travail… jusqu’au jour où Père Barsanuphe, sorti à ma grande surprise de son ermitage, s’est mis presque en colère et m’a demandé ce que j’attendais pour devenir orthodoxe, me faisant remarquer que depuis le temps que je venais avec mon chapelet faire des métanies devant la porte d’un sanctuaire orthodoxe cela avait quelque chose d’un peu incohérent… c’est lui et la lecture d’un livre important dans mon cheminement spirituel, « Pour que l’homme devienne Dieu » du Père catholique François Brune, qui m’ont décidé à franchir le pas. Ce livre a pour moi été le pont entre les mystiques catholiques qui étaient ce qui m’intéressait le plus à l’époque dans le Catholicisme et la théologie orthodoxe au point que quand j’ai eu fini d’étudier le livre, il ne m’a pas semblé que l’on pouvait être chrétien sans être orthodoxe. Aussi la question du Père Barsanuphe n’est pas restée sans réponse. Je suis donc retourné un jour en famille au monastère St Antoine et nous sommes devenus Orthodoxes. Pendant tout un temps ensuite je suis allé à la liturgie que célébrait Père Barsanuphe tous les mercredi matin et ce fut une période merveilleuse. Père Barsanuphe obligeait de se confesser avant d’assister à la Liturgie et je trouvais cela bien pratique pour limiter les occasions de pécher, jamais je n’ai remis en question cette pratique, au contraire j’aimais cette exigence. De la même façon les célébrations en slavon ne me posaient aucun problème, car j’avais aimé de la même façon le tibétain, le sino-japonais et le latin dans les différents offices des étapes de mon cheminement spirituel. J’ai toujours su qu’en entrant dans un sanctuaire ce n’était plus le moment de faire travailler le mental et que bien au contraire l’étude, la réflexion, l’analyse, la traduction devaient se faire avant ou après mais pas pendant les offices. J’ai adoré ces liturgies et je considère comme une grâce d’avoir pu y participer. Après la liturgie, nous nous rendions sur la tombe de père Grégoire, l’iconographe, pour y célébrer une pannychide et cela a été pour moi la révélation de l’émotion profonde que j’éprouve à prier pour les défunts. Plus tard dans ma paroisse je ne me suis jamais fait prier pour aller chanter des pannychides sur les tombes. Je me rappellerai toujours deux simples phrases de Père Barsanuphe : « Un Orthodoxe se tient droit ! » (consigne très parlante pour un ex bouddhiste zen) phrase qui m’a accompagné depuis, toute ma vie, à travers toutes les épreuves, et m'a aidé à me relever dans la certitude de la Résurrection et l’autre « Tenez-vous toujours en présence de Dieu !» ce que j'essaye bien sûr de faire encore aujourd'hui, bien des années après, accrochant mon regard sur les icônes quand défaille mon âme désorientée. Gloire à Toi ô Notre Dieu ! Gloire à Toi !
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