dimanche 13 avril 2008
Sainte Marie d'Egypte
jeudi 20 mars 2008
Ma conversion III

Ensuite on peut voir chaque période et chaque expérience vécue comme un jalon dans un cheminement guidé par la grâce et un apprentissage étape après étape, acquis après acquis…
Quelqu’un m’a proposé, pour me sortir de là, un « séminaire » d’un week-end dit d’«activation mentale », j’ai fini par accepter d’essayer… et effectivement cela a été bénéfique. J’y ai expérimenté en groupe une sorte de « renaissance » guidée qui se voulait plus douce que ce que l’on pratiquait alors sous le nom de « rebirth » : on était invité à revivre émotionnellement les étapes douloureuses de sa vie en remontant le plus loin possible. Certains prétendaient être parvenus jusqu’à leur naissance. Je ne suis pas allé jusque là… mais j’ai appris à renverser radicalement ma façon de voir le monde et la vie, j’ai appris à cultiver les pensées positives, à me relaxer profondément, j’ai dit Oui à la vie.
Et surtout, j’ai pris conscience de la puissance, étonnante autant qu’effrayante (selon sa charge positive ou négative) du désir, à travers espace et temps ; ce qui sera une expérience qui ne me fera pas douter le moins du monde, plus tard, de la réalité de la puissance de la prière, en même temps qu’elle favorisera la prise de conscience fondamentale de la responsabilité de chaque individu dans sa propre vie, ses pensées, ses paroles, ses actions, quant à la bonne ou mauvaise marche de la vie du monde.
Dans les années de révolte de ma prime jeunesse j’avais eu deux livres de chevet : « l’Anarchisme » de Daniel Guérin et « La première et dernière liberté » de Krisnamurti. Je subodorais déjà que l’extérieur n’allait pas sans l’intime et que la préoccupation de liberté et de justice de tout groupe passait aussi par la révolution intérieure de chacun ; mais je n’avais pas alors vraiment commencé le travail. En tout cas je me suis arrêté de fumer et je suis rentré à la maison si métamorphosé que j’ai fait des émules autour de moi, aussi bien chez mes proches que mes amis et mes connaissances. Gros succès !
Quelques années plus tard j’ai lu dans un magazine que cette association dans laquelle j’avais eu la chance d’apprendre à revivre et à voir la vie autrement avait été classée dans la liste infamante des sectes. Ce qui est parfaitement ridicule voire révoltant, car à aucun moment de ma propre expérience, je n’ai été l’objet de la moindre manipulation visant à aliéner ma liberté, ou à me ruiner d’une quelconque manière ou encore à m’enrôler de force dans un gang de prosélytes… Je crains que tous ceux qui, selon leurs vertueuses déclarations, veillent soigneusement à notre liberté, ne deviennent parfois des inquisiteurs d’une espèce pire encore que ceux dont ils prétendent nous protéger.
J’y avais été initié au lâcher-prise qui est un autre nom de l'abandon, à la concentration voire à la foi même si, cette foi était un peu vague… et j’ai réenvisagé ma vie personnelle, conjugale, familiale et professionnelle dans une autre vision du monde, dans le sens de l'amour de la vie qui est sans doute inséparable d'une vie d'amour.
samedi 15 mars 2008
Ma conversion II
Galerie photo Plume
La longue réserve précédente ayant été faite, je vais tout de même construire une fois de plus un récit de ma conversion puisque c'est cohérent avec mon projet initial de raconter dans ce blog comment un Orthodoxe ordinaire vit sa foi.
On peut dire que tout est parti d’un renoncement. C'est une version possible.
Je vivais alors une vie personnelle extérieure « épanouissante » - comme on la préconise de nos jours jusqu’à la propagande - bien remplie, créative, diversifiée, donc avec une certaine réussite non pas financière mais professionnelle, des relations agréables, dans différents milieux, prestigieuses pour certaines, avec des perspectives assez prometteuses etc.
A l’intérieur, cela allait beaucoup moins bien : les relations de couple étaient en crise et évidemment plus elles allaient mal et plus je m’investissais à l’extérieur. Quant aux enfants ils faisaient bien sûr souvent les frais de cette mésentente conjugale. Tout a néanmoins continué jusqu’au soir où, après une dispute de plus dans le couple, j’ai eu une sorte de prise de conscience que tout allait à vau l’eau dans notre famille et que je devais prendre une décision. Je l’ai prise : elle a été celle du renoncement. Cela a été un renoncement brutal et total. À tout ce qui faisait que cette vie était gratifiante pour mon égo, « épanouissante », à toutes mes activités, à toutes mes relations. Terminé.
Je n’avais aucune foi à l’époque, il y avait longtemps que j’étais devenu un véritable athée, c'est-à-dire un sans-Dieu à la lettre, puisqu’après une période de ma vie athéiste, rationaliste, matérialiste donc militante, j’avais enfin « compris » que Dieu n’était plus mon problème car qu’Il existât ou non, je ne m’en préoccupais plus, je vivais de la même façon. J’étais alors libre de
J’avais donc renoncé mais je n’avais plus aucune perspective. Si l’on avait pu mesurer alors les signaux électriques produits par mon âme on aurait obtenu un « électropsychogramme » sans haut ni bas, parfaitement plat. J’étais mort à tout désir...
vendredi 29 février 2008
Ma conversion I.
Il m’est arrivé de raconter à diverses reprises cet épisode de ma vie à des personnes différentes et je sais très bien qu’un tel récit ne va pas sans poser quelques problèmes qui sont ceux de tout récit d’expérience quelle qu’elle soit.
En effet, d’abord, toute expérience humaine est vécue dans le contexte propre à la personne qui l’a vécue : contexte personnel, familial, social, historique, culturel, religieux etc. En ce sens on ne peut penser que cette expérience, si on lui accorde qu’elle puisse être également vécue par d’autres, ne sera pas vécue de façon toute particulière, à travers un regard particulier, forcément dépendant de tout le contexte dont j’ai parlé plus haut. C'est-à-dire que dans la richesse virtuelle présumée d’une expérience, ne seront actualisés que les éléments perceptibles par la sensibilité particulière (dont les composantes contextuelles sont citées plus haut) de cette personne.
Ensuite, vient le récit de cette expérience vécue. Là, à nouveau et encore, le contexte cité plus haut interfèrera et le récit établira une sélection dans toutes les informations transmissibles. Il y aura donc une mise en relief de certains éléments en même temps qu’une exclusion d’autres, et ceci, seulement par l’effet « naturel » de ce contexte, mais il faudra y ajouter l’intention du discours particulier de celui qui raconte, à l’œuvre dans son récit. Autrement dit, ce que l’auteur d’un tel récit veut que son destinataire en retienne surtout. Ce qui donnera l’occasion à nouveau d’une mise en forme de l’expérience qui pourrait bien éloigner de plus en plus de celle-ci celui qui l’a vécue.
Enfin il faut s’occuper de celui qui reçoit un tel récit. Et là encore, on peut prédire, sans se prendre pour un prophète, qu’il y aura une nouvelle sélection (mise en relief / mise à l’écart) parmi les informations transmises qui correspondront tout simplement à la personnalité du lecteur ou auditeur du récit. Qu’en retiendra-t-il ? Qu’est-ce qu’il en rapportera à son tour, à qui ? Etc. la chaîne continue…
Alors on pourrait se demander : mais à quoi bon ouvrir la bouche devant le risque de tant de déformations ? A quoi bon raconter, oralement ou par écrit, ce qui semble intégralement intransmissible ? Cependant, en même temps, y a-t-il une autre condition humaine que celle-ci, y a-t-il beaucoup d’autres possibilités en dehors du passage par le langage et les codes qui peuvent réduire, limiter, encadrer et formater et les rencontres entre les personnes avec tous leurs problèmes de communication qui peuvent interpréter et déformer ?
Évidemment cela s’applique également à mes yeux à la transmission des Évangiles, aux hagiographies, aux « expériences mystiques » et autres récits pieux qu’on n’aura pas le préjugé scientiste d’écarter obligatoirement parce que du domaine de l’irrationnel et non vérifiable.