Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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samedi 7 juillet 2018

DIGITAL DETOX par Jean-Claude LARCHET

« Digital detox » orthodoxe: la proposition de Jean-Claude Larchet au récent colloque international sur les médias numériques et la pastorale orthodoxe

Les nouveaux médias, encore appelés médias numériques, dont les instruments sont les ordinateurs, les tablettes et surtout maintenant les smartphones et dont le contenu est principalement celui de l’Internet et des réseaux sociaux et des messages, ont envahi la vie des hommes de notre époque, en particulier celle des jeunes, dès l’âge de 10 ans, parfois moins.
Leurs capacités de communication rapide et presque gratuite, la possibilité qu’ils donnent d’accéder à tous et à tout, et la force des images que les médias numériques véhiculent, leur ont donné un pouvoir de séduction considérable. La pression sociale (notamment celle du conformisme) mais aussi l’organisation économique de la société en a fait des instruments qu’il est pratiquement obligatoire de posséder, sous peine de se voir exclu de divers groupes ou circuits sociaux, administratifs ou économiques.
Mais c’est surtout une dépendance interne, psychologique, qui s’est établie chez les utilisateurs de tous âges. Cette dépendance inquiète beaucoup de parents, car elle affecte maintenant beaucoup d’enfants. Elle est remarquée par les utilisateurs eux-mêmes, et est fortement perçue dans les cas les plus graves, qui nécessitent un traitement drastique, sous la forme notamment d’un sevrage total de longue durée et parfois d’un accompagnement psychiatrique en clinique. Mais cette addiction est souvent inconsciente dans les cas moins graves, car l’habitude a le pouvoir de faire apparaître comme normal ce qui ne l’est pas. On doit le constater : chez la plupart des utilisateurs, l’usage est devenus abus.
Dans ce colloque qui réunit des acteurs de médias orthodoxes, les médias sont présentés dans la plupart des cas d’une manière positive, comme appartenant ou devant appartenir à la vie ecclésiale, avec l’idée qu’ils sont devenus de nos jours des moteurs indispensable à l’activité pastorale et missionnaire de l’Église. Cette vision quasi paradisiaque doit cependant être tempérée. Dans la vraie vie, la consultation de sites orthodoxes occupe malheureusement beaucoup moins de place que celle des autres sites, et beaucoup de jeunes orthodoxes y restent totalement étrangers. Dans une très grande majorité de cas, les passions qui habitent l’homme déchu l’attirent vers des contenus conformes à ces passions, que ce soit dans le choix des sites visités ou dans les motivations de la communication sur les réseaux sociaux comme Facebook, où le narcissisme (que les Pères de l’Église appellent philautia) joue un rôle considérable, que ce soit dans la mise en scène de soi-même ou dans la recherche effrénée de « like » qui flattent l’ego.
J’ai publié récemment un livre de 320 pages, intitulé en français « Malades des nouveaux médias », qui a été traduit en roumain sous le titre « Captivi în Internet », et est en cours de traduction en anglais sous le titre « Addicts of modern medias ». Je montre dans ce livre, de manière très détaillée et argumentée, les effets négatifs, corrosifs et destructeurs des nouveaux médias dans les divers sphère de la vie de l’homme : psychique, intellectuelle, culturelle, sociale, relationnelle, et enfin et surtout spirituelle. Je propose aussi un certain nombre de prophylaxies et de thérapies, en particulier de nature spirituelle. Pour le présent exposé, qui doit être très court, j’ai choisi de parler seulement du jeûne et de l’abstinence, comme moyens de limiter et de contrôler l’usage des nouveaux médias, devenu dans la plupart des cas abusif et nocif.

L’Église orthodoxe a établi pour les périodes de carêmes et certains jours de la semaine ou de l’année des règles de limitation et d’abstinence concernant l’usage de la nourriture et de la sexualité.
L’une des finalités principales de ces règles est d’habituer l’esprit à contrôler les impulsions corporelles et psychiques, à réorienter et à recentrer les forces psycho-physiologiques vers la vie spirituelle, à instaurer un état de faim et de désir qui fait ressentir à l’homme sa dépendance à l’égard de Dieu et son besoin de Lui, à établir dans l’âme un état paisible qui dispose à la pénitence et favorise l’attention et la concentration dans la prière.

L’abus, devenu commun, des nouveaux medias, produit des effets contraires à ceux recherchés par le jeûne et l’abstinence : épuisement vain de l’énergie, sollicitation et dispersion extérieures permanentes, mouvement et bruit intérieurs incessants, occupation envahissante du temps, impossibilité d’établir ou de maintenir la paix intérieure, destruction de l’attention et de la concentration nécessaires à la vigilance et à la prière.
Ces effets, il faut le souligner, sont relatifs à l’usage même des nouveaux médias dès lors qu’il atteint un certain seuil, indépendamment de leur contenu. Comme la montré le grand spécialiste des medias Marshall Mc Luhan, le medium a plus d’impact que le message qu’il véhicule, au point que l’on peut dire que « le medium est le message » (« the medium is the message »). Cela ne doit évidemment pas faire oublier la question du contenu qui, lorsqu’il est mauvais, vient solliciter et alimenter les passions, et augmente encore le degré d’incompatibilité avec la vie ascétique au sens large, et nuit encore plus à la vie spirituelle.

L’Église doit prendre en compte ces circonstances nouvelles créés par notre époque, et établir des règles appropriées, accompagnant celles du jeûne alimentaire et de l’abstinence sexuelle, de manière à aider l’homme moderne, par une limitation volontaire régulière, à se libérer des nouvelles addictions qui l’enchaînent, et de manière à lui donner les moyens de mener pleinement la vie spirituelle qui convient à sa nature et qui est la condition de son épanouissement personnel véritable.
On pourrait dire que nulle règle n’est nécessaire pour cela et que des recommandations pastorales suffisent, mais on pourrait dire la même chose par rapport au jeûne alimentaire ou à l’abstinence sexuelles pour lesquelles cependant l’Église a établi des canons, et même de manière solennelle, c’est-à-dire lors de Conciles œcuméniques, pour la raison que les règles officiellement et précisément formulées ont un impact plus grand, une portée plus universelles et un caractère plus obligatoire que de simples recommandations – d’ailleurs pas toujours données – au sein d’une paroisse.

La question qui se pose est ici celle de la nature du jeûne et de l’abstinence pratiquées.
Il s’agit déjà, comme l’indique ce qui précède, de limiter le temps de connexion et de réguler strictement l’usage et le contenu des médias. Il est nécessaire d’abandonner la connexion permanente, et de limiter la connexion à une période définie dans la journée. Il convient d’abandonner les médias non nécessaires, comme les médias sociaux (Facebook, Instagram, Twitter, etc.) et tous les sites de divertissement. Tous les sites Internet présentant un risque de tentations ou de mauvaises rencontres doivent évidemment être évités. Il convient de limiter aussi la connexion Internet à ce qui est strictement nécessaire pour le travail professionnel ou les études.
Les parents doivent apprendre à leurs enfants utilisateurs des nouveaux medias à pratiquer une telle limitation en leur en expliquant le sens.
Les périodes de carême sont des opportunités offertes à tous d’abandonner les relations virtuelles et artificielles des réseaux sociaux pour retrouver des relations réelles, concrètes, approfondies avec la famille et les amis, et, d’une manière générale, être plus attentifs aux personnes qui nous entourent. Ces périodes de carême sont aussi des opportunités pour redécouvrir le silence et la solitude, qui sont nécessaires à l’exercice et au développement de la vie spirituelle.
La question qui risque de fâcher, dans le contexte de ce colloque, est de savoir si l’on doit étendre la règle du jeûne et de l’abstinence des nouveaux médias aux sites orthodoxes eux-mêmes. Je ne veux pas mettre au chômage partiel la plupart des participants à ce colloque, et mon but est encore moins de limiter la présence de la parole chrétienne et ecclésiale dans un monde où elle est déjà trop peu présente.
Mais je voudrais tout d’abord faire remarquer que lors des carêmes, et surtout du Grand Carême, un certain nombre de médias orthodoxes, en particulier ceux qui ont un contenu spirituel, s’autolimitent : ils ferment leurs sites pour une période plus ou moins longue, ou du moins ralentissent et restreignent leur production.
Un telle restriction a une valeur exemplaire et témoigne à sa manière de l’existence du carême et des limitations auxquelles il invite.
Ma seconde remarque concerne la lecture. Il est vrai que, très positivement, la plupart des médias orthodoxes proposent, au moins pour une part, des lectures spirituelles, et certains sites sont même consacrés uniquement à cela. Il n’y a donc pas de raison, en principe, de limiter la production ou la consultation de tels sites, et il semble qu’on devrait même l’encourager, dans la mesure où les fidèles sont invités, pendant les périodes de carême, à faire davantage de lectures spirituelles.
Je voudrais cependant signaler ici que les études scientifiques qui ont été faites sur les modalités de la lecture sur écran montrent que ce type de lecture est à la fois très rapide et très superficiel.
Sur les écrans, les textes nous apparaissent comme des images. Pour cette raison, le texte sur écran fait l’objet, comme une image, d’un balayage en surface, le regard s’arrêtant habituellement sur quelques lignes seulement.
Une étude scientifique a montré que la plupart des gens ne lisent pas le texte ligne par ligne, comme ils le feraient pour un livre, mais sautent rapidement du haut jusqu’au bas de la page, dans un mouvement qui suit généralement la forme d’un F : ils lisent les premières lignes, descendent un peu, lisent la partie gauche de quelques lignes, puis descendent le long de la partie gauche de la page.
Une deuxième étude a conclu qu’un lecteur moyen sur le Web ne lit qu’environ 20% du texte.
Une troisième étude a établi que la plupart des pages Web sont regardées au maximum pendant 10 secondes, ce qui montre de toute évidence qu’elles ne sont pas vraiment lues.
La lecture sur écran ne s’arrête guère sur les mots ou les expressions. C’est une lecture où l’on fait peu de retours en arrière. C’est une lecture peu réflexive. C’est une lecture superfi­cielle qui ne donne guère lieu a un effort de compréhen­sion et à un effort de mémorisation.
De beaucoup de façon, le multimédia rend la relation au texte plus instable, plus légère, plus fragile, plus éphé­mère.
Les périodes de carêmes peuvent et doivent être des périodes où le temps et la qualité de la lecture peuvent être retrouvés par l’abandon des supports numériques au profit des supports imprimés et en particulier des livres qui, toutes les études le montrent, permettent une lecture beaucoup plus fructueuse que la lecture sur écran et n’a pas les inconvénients de celle-ci.

Se couper complètement des médias, quels qu’il soient, pendant les périodes de carême est une solution idéale pour retrouver l’hésychia indispensable à l’approfondissement de la vie spirituelle, qui est précisément le but principal des temps de jeûne.
Je voudrais noter en conclusion que de nombreuses cliniques privées et hôtels proposent des séjours plus ou moins longs de déconnexion totale aux prix le plus bas de 1000 euros ou 1200 dollars la semaine. L’Église orthodoxe devrait officiellement offrir cette possibilité pendant les périodes de carême, la gratuité du service étant assurée et le rendant donc accessible à tous, avec un outre un profit spirituel qu’on ne trouve pas ailleurs. L’une de ces cliniques a pour slogan publicitaire : « Déconnectez vous pour vous reconnecter. » L’Église peut reprendre à son compte ce slogan en précisant : Déconnectez vous des nouveaux medias pour vous reconnecter à Dieu et à votre prochain.

lundi 18 avril 2011

L'Office de l'Époux -" Ἰδοὺ ὁ Νυμφίος..."


"Hier soir nous avons participé aux Matines du Lundi Saint, et nous avons donc maintenant vraiment commencé notre voyage à travers la Semaine Sainte. Les trois jours qui ont ouvert cette "Grande Semaine" sont appelés "Saints" ou "Grands" lundi, mardi, et mercredi, et ils sont "Grands" précisément parce que chacun d'eux nous enseigne symboliquement quelque chose de nous-mêmes, et de Dieu dans notre vie. La plupart des gens savent ce qui se passe le Jeudi , Vendredi et Samedi Saints, mais les trois premiers sont les jours les moins connus - il est certes déjà assez difficile aller à l'église trois jours d'affilée. Pourtant, ces jours sont théologiquement importants.

Structurellement, ou liturgiquement, nous avons encore l'"appel du Carême" - les mélodies sont toujours celles du Carême: au début, nous chantons "Alleluia", et en ces jours, nous entendons la prière de saint Ephrem, «Seigneur et Maître de ma vie ... » qui est la prière du Carême.

Ainsi, en surface, c'est comme une extension du Carême, nous sommes encore dans une disposition d’esprit de Carême. Mais ce n'est pas seulement cela, il s’agit d’un cycle à part entière, avec un thème commun qui est la révélation de la Fin. Le christianisme est la religion de la Fin- pas la Fincomme "Apocalypse Now" ou comme une catastrophe ; du retour du Christ, d’un point de vue chronologique, nous ne savons rien! Il s'agit d'une Fin dont le contenu n'est pas chronologique, mais qualitatif. Nous comprenons que la venue du Christ, sa mort et sa Résurrection sont des événements décisifs pour notre salut et que notre vie est désormais une attente de la Fin déjà commencée, de son Royaume déjà réalisé. Pourtant en peuple libre, nous pouvons refuser cela, ce que l'Église déclare : le Christ nous a sauvés. Et bien que nous puissions nous lamenter sur notre mort, l'Église proclame la mort de la mort. C'est pourquoi le Vendredi Saint, pour nous, n'est pas un jour de lamentation, pas plus que le Dimanche de Pâques une expression esthétique du bonheur: chaque jour nous vivons le drame du Vendredi saint et le Dimanche de Pâques, de la vie et la mort, de la victoire du Christ sur la mort et de notre attente de son "Royaume qui n'a pas de fin".

L’Église vit continuellement dans ce délai mystérieux entre Création et Fin. Et l'hymne commune de ces trois nuitsc: «Voici, l'Époux vient au milieu de la nuit», résume le thème principal de la célébration. Pour nous, "au milieu de la nuit" est symbolique - c'est pourquoi nous célébrons les matines dans la soirée; dans l'Église primitive, on célébrait un office de Vigile – c'est-à-dire qu’on restait éveillé toute la nuit. «Voici, l'Époux vient au milieu de la nuit» - nous ne savons pas quand le Christ viendra, mais Il viendra à minuit; au moment où la vie prend fin, au temps zéro. La vie liturgique de l'Église est précisément cette "attente" du Christ. La nouvelle dimension du Christianisme est cette «attente» ! Toute notre vie est une attente, un guet, et une vigilance constante. Pensez aux paroles de saint André de Crète récitées tout le carême: «Mon âme, ô mon âme, Tu sommeilles réveille-toi car le terme est proche et le trouble qui va te saisir est imminent, laisse là ta torpeur afin que le Christ Dieu te fasse miséricorde Lui qui est partout présent et qui remplit tout »( Kondakion ton 6) C'est l'aspect joyeux du christianisme. «Je dors, mais mon âme veille». Et cette dimension est essentielle pour la compréhension du monachisme et des longs offices de notre Église. Notre prière continuelle ce sont ... les derniers mots de l'Apocalypse : «Viens, Seigneur Jésus». Notre invocation incessante est la suivante : «Vienne ton Royaume».

C'est pourquoi notre Église fait si souvent usage de la métaphore de l’épouse ou du banquet de noces. Le Christ comme Époux vient et nous emmène dans sa chambre nuptiale ; Dieu incarné nous emmène dans sa tombe... Si bien que, lorsque, à la mi-nuit de Pâques, nous ouvrons les Portes Royales, l'essence même du Royaume se révèle, et nous chantons «aujourd'hui, tout est rempli de lumière et de joie. »"

(Version française par Maxime le minime de l'article du Rev. Deacon John Chryssavgis du GOAC

lundi 28 mars 2011

Carême orthodoxe, Jeûne et Recettes...

J'avais donné l'adresse d'un site franco-grec d'Athènes dans lequel la rédactrice française mariée à un grec et vivant la vie grecque donnait des recettes de Carême

Pour jeûner - Les recettes de Mary à Athènes


Certain commentateur zélote a trouvé qu'il y avait encore trop souvent de l'huile dans ces recettes à quoi je réponds qu'il n'y a qu'à la supprimer les jours prescrits, tout bonnement. Personnellement je m'adonne pas mal au riz complet, quant à d'autres ils deviennent tout simplement végétaliens... bref si vous ne savez pas quoi choisir, allez visiter le nouveau blog de Claude : TRAPEZA et vous saurez enfin quoi mettre sur votre table.


Oserais-je vous souhaiter Bon appétit ! voire Bon Carême !...




dimanche 21 mars 2010

Les métanies pendant le Grand Carême par Père Macaire de Simonos Petra

"L'élan de conversion entrepris pendant le Carême requiert la participation du corps, non seulement par le jeûne, mais aussi par les prosternations qui ponctuent les offices. D'après le Typikon de Saint-Sabas, on devrait faire 300 grandes métanies dans l'église pendant le Carême (1).Dans d'autres monastères, comme celui du Saint-Sauveur à Messine, le nombre importait peu, et l'on indiquait seulement les moments pendant lesquels les moines devaient faire sans interruption des prosternations (2). Aujourd'hui, dans la tradition grecque, ces prosternations ont été réduites presque exclusivement à celles qui accompagnent la Prière de Saint Éphrem, mais elles n'en restent pas moins une caractéristique majeure des offices de Carême. Exercice ascétique, la métanie est aussi un condensé de toute l'Économie de la Rédemption, comme l'affirme saint Basile: « Chaque fois que nous fléchissons les genoux et que nous nous relevons, nous montrons en acte que par le péché nous fûmes jetés à terre et que l'amour de notre Créateur pour les hommes nous a rappelé au ciel (3)
Quand il se prosterne à terre, en faisant le signe de la Croix, le fidèle reproduit la descente du Christ aux enfers, et en se relevant rapidement, il communie à Sa Résurrection. Chaque métanie devient donc pour lui une actualisation du rite baptismal et un approfondissement du mystère de son union au Christ."
Notes :
1.Typikon de Saint-Sabas (p. 78) ; cette rubrique est préservée dans le Triodion imprimé, le Lundi de la 1" semaine. À la Grande-Laure de saint Athanase l'Athonite, on faisait 238 métanies : 40 à l’orthros, 100 aux heures, 30 aux vêpres, 50 aux grandes complies: Diatyposis (00. Dimitrievsky, Opisanie J, 230
2.Ed.ARRANZ, R 20, p. 5.
3. S. BASILE, Sur le Saint-Esprit 27,66 (SC 17"', 486).

in (Ed. du Monastère Saint Antoine Le Grand 26190 Saint-Laurent-en-Royans)
pour commander 04 75 47 72 02

dimanche 21 février 2010

BON CARÊME ! Recettes pour le jeûne (de Grèce)


Pour jeûner - Les recettes de Mary à Athènes

MEZES :
LEGUMES :
MOLLUSQUES :

lundi 25 janvier 2010

BON ET SAINT TRIODE, FRÈRES et SŒURS !

Il est sans doute bon maintenant de mettre les polémiques (qui sont des combats par moments nécessaires) de côté puisque l'Orthodoxie a moins besoin de défenseurs que de témoins.
Voici un extrait du Triode traduit par Feu Père Denis sans qui nous n'aurions presque pas de texte en français ni ne comprendrions pas grand chose de ce que chantent nos chœurs que ce soit en slavon ou en grec, grâces lui soient rendues une fois de plus ! Mémoire éternelle ! 
C'est un commentaire sur le Dimanche du Publicain et du Pharisien :

"Ô Dieu, sois propice au pécheur que je suis !"

"Aujourd'hui, nous recommençons avec Dieu et avec ce Triode, que de nombreux mélodes, parmi nos Pères saints et théophores, ont orné de leurs hymnes, sous l'inspiration du saint Esprit Premier de tous, le grand poète Cosmas en a conçu l'idée en créant le dit « tri-ode» à l'image de la sainte et vivifiante Trinité: en la grande et sainte Semaine des Souffrances de notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus Christ, il a mis en acrostiches à ses odes le nom même de chaque jour. Et à son imitation, d'autres Pères, en particulier les Studites Théodore et Joseph, composant à leur tour les offices des autres semaines du saint et grand Carême, les ont légués à leur monastère, le Stoudion, disposant et arrangeant d'abord les odes, puis les autres parties du livre, que les Pères ont ensuite rassemblés en un recueil.
Et puisqu'au premier des jours correspond le dimanche, comme étant celui de la Résurrection, comme le premier, le huitième et le dernier, ils ont bien fait d'assigner au lundi la première ode, au mardi la seconde, au mercredi la troisième, au jeudi la quatrième, au vendredi la cinquième, au samedi, qui est le septième jour, la sixième et la septième, ainsi que les deux autres odes, que tous les jours ont en commun à cause de leur importance. C'est ainsi qu'a fait le divin Cosmas (de Maïouma) au Samedi Saint, composant pour ce jour un tétra-ode, même si par la suite le très-sage empereur Léon demanda au moine Marc, évêque d'Hydronte (Otrante), d'en faire un canon complet. C'est donc improprement qu'on l'appelle Triode, puisqu'il n'a pas toujours des « tri­odes» et qu'il propose des canons entiers; s'il garde son nom, c'est abusivement, à mon sens, ou bien à cause de la Semaine Sainte, où il en était d'abord ainsi, comme nous avons dit.
A travers tout le livre du Triode, le but de nos Pères saints a été de nous rappeler, comme en un résumé, tous les bienfaits de Dieu à notre égard depuis le début, de nous remémorer à tous comment, créés par lui, puis nous étant détournés du commandement qu'il nous avait donné, au point de nous retrouver nus, nous avons été chassés des délices du Paradis, rejetés par jalousie du prince du mal, le serpent, notre ennemi, culbutés à cause de notre propre exaltation, et comment nous sommes restés privés de biens, abandonnés à la direction du diable; comment le Fils et Verbe de Dieu, dans la compassion de son cœur,
inclina les cieux et descendit, habita le sein de la Vierge et pour nous se fit homme, et par son existence en notre humanité nous révéla le chemin qui monte vers les cieux, principalement à travers l'humilité, le jeûne, l'éloignement du mal et le reste de ses œuvres; comment il a souffert, est ressuscité, s'est élevé au ciel, puis a envoyé l'Esprit saint à ses Disciples et Apôtres; comment ils l'ont prêché par le monde entier comme Fils de Dieu et Dieu parfait; et ce que les divins Apôtres ont fait par la grâce de l'Esprit très-saint, rassemblant tous les Saints depuis les confins de la terre par leur prédication, afin de remplir le monde d'en haut, ce qui depuis le commencement était me but du Créateur. Et c'est en cela aussi le but du Triode.

Les trois présentes fêtes, celles du Pharisien et du Publicain, du Fils prodigue et du second Avènement, ont été conçues par les saints Pères comme une préparation et un entraînement ; afin que nous soyons préparés et prédisposés aux combats spirituels du carême, en renonçant à nos habitudes mauvaises. Et avant tout on nous expose la parabole du Pharisien et du Publicain, qui donne son nom à la semaine. Ceux qui doivent affronter les combats corporels reçoivent d'abord de leurs stratèges une instruction pour le tempo de la guerre, afin qu'ils sachent fourbir leurs armes, préparer tout comme il faut et que, tout obstacle levé, ils marchent de tout cœur vers les combats et fournissent l'effort qui leur est demandé. Souvent même. avant la rencontre, on leur adresse des discours avec des exemples tirés de l'histoire, excitant leur âme à l'émulation, les détournant de la crainte, de la lâcheté, de la nonchalance et de tout ce qui peut les mettre en danger. De la même façon les divins Pères sonnent d'avance le combat du jeûne, qui va s'engager contre les démons, afin de nous purifier et des passions qui se sont emparées de nos âmes et des poisons qui y agissent depuis longtemps; afin que nous nous empressions d’acquérir les vertus que nous ne possédons pas et que revêtus d'une armure convenable, nous soyons prêts à marcher vers les combats du jeûne. Et c'est pourquoi ils nous exposent en premier lieu cette parabole évangélique si digne de foi, ils nous la proposent comme la première arme pour acquérir la vertu, celle du repentir et de l'humilité, et nous mettent en garde contre le plus grand obstacle vers elle, celui de la jactance et de la vanité. A travers le Pharisien, ils nous enseignent à rejeter le vice de l'orgueil et de la présomption, et par le Publicain à lui opposer son contraire, l'humilité et le repentir. Car le premier et le pire des vices c'est l'orgueil, la présomption: c'est par là, en effet, que le diable a été déchu du ciel, lui qui auparavant était le Porte-lumière (Lucifer), par là aussi qu'il devint ténèbres et qu'il en porte le nom. Et pour ce qui est d'Adam, notre premier père, c'est par là qu'il lui advint d'être chassé du Paradis, et pour cela les Saints nous exhortent, d'une certaine manière à ne pas nous enorgueillir de nos vertus et à ne pas nous exalter au-dessus de nos proches, mais d'être toujours humbles. Car le Seigneur résiste aux orgueilleux, mais il accorde aux humbles sa grâce. Il vaut mieux se repentir après avoir péché que de s'enorgueillir pour avoir fait ce qui est juste. Car je vous le dis, nous déclare-t-il: le Publicain s'en revint justifié, et non pas le Pharisien. La parabole révèle donc qu'il ne faut pas s'élever, même si l'on fait le bien, mais toujours s'humilier et prier Dieu de toute son âme, même si l'on est tombé dans les pires fautes, car le salut n'est pas loin. Le Publicain, c'est celui qui, ayant reçu des souverains le droit de percevoir les impôts et les affermant contre toute justice, en tire un gain illicite. Le Pharisien est un «séparé », pour ainsi dire, qui dépasse les autres par sa connaissance de la Loi. Saducéen vient de Sadok, ce grand-prêtre qui aida le roi David contre Absalon (2 Rois 15,24 sqq). Sedek, c'est la justice. Chez les Hébreux, il y avait trois hérésies: les Esséens (sic), les Pharisiens et les Saducéens, pour qui n'existent ni Résurrection ni Anges, ni Esprit." (Triode de Carême-Diaconie apostolique)




vendredi 27 février 2009

DIMANCHE DU PARDON - "Peut-on tout pardonner ?" par Père Alexandre WINOGRADSKY


Père Aleksandr en connaît un "rayon" (de lumière à n'en pas douter...) sur le pardon, et son témoignage vaut d'être lu. Ce texte est extrait d'un article de son blog du Monde de février 2007 consacré au Dimanche du Pardon dans le contexte "particulier" de son sacerdoce en Terre Sainte, c'est à dire tout bonnement (?) en Israël.

"Le Pardon coûte souvent très cher ; notre sang, notre âme, nos années, notre vie. Le Pardon est aussi la mesure d’une vraie conscience au-delà de ce qu’elle peut cerner ou percevoir en totalité." dit Père Aleksandr dans un autre article consacré au Dimanche du Pardon de mars  2006

Le dimanche du pardon

 

"Après l’office des vêpres du dimanche soir qui précèdent l’entrée dans le temps du Grand Jeune (Carême) qui débute le lundi […], le clergé et les fidèles accomplissent un rite profond et signifiant, riche. C’est le dimanche du pardon (прощеное воскресенье). Le rite est très long et solennel dans la tradition slave. Après une série de prières de repentance et de pardon, le clergé de tout rang et les fidèles se prosternent deux par deux - face à face, se demandent mutuellement pardon pour toutes les fautes volontaires et involontaires, conscientes et non-conscientes et se relèvent en s’embrassant dans l’espérance de la Résurrection. Le rite que nous avons accompli hier au Patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem, était succinct. Souvent le clergé et les fidèles échangent en grec un “Καλή Σαρακοστή!” (bonne quarantaine = de jeune), voire souvent “Καλό Πάσχα!”. Le Patriarche Theophilos avait lu, au début une prière pénitentielle qui implorait le pardon de Dieu. Cinq personnes m’ont dit “tzom kal - צום קל” (jeune paisible, simple) en hébreu. La phrase est curieusement un décalque de celle que l’on dit pour le Yom Kippur, comme si l’on devait mettre l’accent sur le jeûne - en fait, l’accent est sur le pardon et, en hébreu il serait logique alors de dire “shalom uslikhah - שלום וסליחה”.

Il est certain que le rite provient du Kippur ou “Jour de Grand Pardon”. Le pardon s’exprime de manière constante dans la prière chrétienne, mais uniquement en grec dans le Notre Père qui indique: “Pardonne-nous nos offenses (péchés, remets-nous nos dettes) comme nous avons déjà remis, pardonne à ceux qui nous ont offensés”. Mais le sens du Kippour est bien différent car il prend une valeur sacrificielle de notre vie comme elle l’était dans la tradition sumérienne et dans le sacrifice au dixième jour du mois de tishri (nouvelle année d’automne). Pour ceux qui n’en seraient pas persuadés à la lecture du Nouveau Testament, il faut rappeler que l’affirmation du caractère propitiatoire du sacrifice du Christ dans l’épitre aux Romains 3, 25 et l'unité du sacerdoce du Christ dans l’épitre aux Hébreux 9 Ch. 7 et 8) présupposent une méditation approfondie de la théologie de Yom Kippour.

Dans le cas du christianisme [orthodoxe], il est très significatif que cette demande de pardon se fasse à l’entrée du Carême qui est aussi un temps de réconciliation. Mais c’est un temps où l’on marche vers la Résurrection. En fait, c’est le temps du début de la nouvelle année pour la tradition biblique, de la première moisson. La participation au mystère de la résurrection du Christ requiert aussi un approfondissement des paroles de saint Matthieu (5, 21.24.25). Au verset (19) “Car c’était Dieu qui, dans le Christ, se réconciliait le monde, ne tenant plus compte de la faute des hommes, et mettant en nous la parole de réconciliation.” Et: “Celui qui n’avait pas connu le péché, Il (Dieu) L’a fait pour nous sacrifice pour le péché (grec: ἁμαρτίαν ἐποίησενμ  = asham en hébreu) afin qu’en Lui nous devenions justice de Dieu (2 Corinthiens 5-21).

Comme le mois nouveau de Adar (rosh chodesh Adar = ראש חודש אדר) a commence pratiquement pendant le shabbat car la lune est alors née (a 11 h.10 à Jérusalem), et qu’il faut alors se réjouir, le jeune du Yom Kippour katan יום כיפור קטן - ou “Petit Jour de Pardon” avait été avance au jeudi. Ces petits Yom Kippour ont été instaures au 16eme siècle par l’Ecole de Safed puisque la lune est éclairée par le soleil par des reflets qui laisseraient croire qu’elle paraît, naît, grandit, devient pleine puis diminue et disparaît. Ceci montre une permanence physique dans la fidélité de Dieu qui s’exprime par une dimension de double reflet : de la blancheur lumineuse de la lumière du soleil sur la lune et de ce reflet de la lune sur la terre.

Peut-on tout pardonner? La question se pose de façon très réelle à tous les niveaux de la société, mais aussi de la nature humaine. Il y a la question de Simon-Kaipha à Jésus: “Combien de fois dois-je pardonner? sept fois?” - Jésus répond; “soixante-dix (-sept) fois sept fois (Matthieu 18, 21). Que la mesure soit de 49 ou dépasse 50, il ne faut pas penser que c’est une mesure déterminée. Elle excède précisément, dans sa symbolique, les 500 qui était la mesure ou middah (mesure parfaite dans le Temple). Ici, la question n’est pas dans un bâtiment ou dans une mesure rituelle. Il y a une plénitude d’une autre nature et c’est la que se situe le pardon. Soyons francs ou ayons l’honnêteté de dire que le pardon le plus élémentaire pour des vétilles pose déjà des questions relationnelles énormes. Alors lorsqu’il s’agit de pardonner des manquements bien plus profonds et graves, souvent en lien avec la vie et la mort, la question est bien plus difficile à résoudre.

[…]

Si j’ai quelque appel religieux, je dirais que j’essaye d’être vraiment le témoin du pardon qui me fut inculqué par les miens, en particulier par ma mère. Je reste convaincu que le “pardon” est l’âme du judaïsme ET du christianisme et dépasse toute chose démontrable ou explicable. Immatériel, sans qu’on puisse déceler une action de Dieu ou un mouvement humain qui fait que la personne change. Et pourtant le pardon est sans doute la forme la plus élevée, la plus difficile à atteindre pour l’être humain. […]. J’ai entendu des sermons, des homélies savantes ou apparemment persuasives et théologiquement fondés sur le pardon et la nécessité de pardonner. Face aux travaux pratiques, ces paroles se montraient fumeuses et ineptes.

Depuis l’âge de raison, je crois pouvoir affirmer avoir toujours pardonné, le plus souvent sans tenir en mal ou retenir quoi que ce soit contre quelqu’un. J’ai essayé de donner un exemple dans mon chemin sur le christianisme (Qiyum - existence 2). Mais c’est aussi vrai dans la vie quotidienne. Je me suis rappelé ce matin comment un jeune juif m’a un jour traité de “putz - פוץ - crétin simplet” en yiddish  (c’était il y a 30 ans) et fut obligé de s’excuser, ce que je ne demandais pas. Il y a des cas auxquels j’ai réfléchi ces temps derniers ou j’aurais du taper et ou la réaction fut précisément celle de penser qu’au fond “c’est un benêt, crétin”. Beaucoup d’exemples de cette nature me viennent à l’esprit. Je suis même convaincu que telle fut la réaction du hiérarque a bien des égards. Et encore, par uniquement cet “individu”; les exemples pourraient être démultipliés. Ils importent peu.

L’âme du pardon est de tout supporter, non que tout soit supportable, loin de là. Mais, très souvent au cours de la journée, me viennent les paroles du psaume “Ils ne savent pas ils ne comprennent pas - לא יודו לא יבינו”. Je n’ai aucune prétention ou même idée de croire que je comprends quelque chose. Si, que la valeur de nos jours, de nos vies est si précieuse, si unique que le pire criminel (et il y en a beaucoup sous bien des formes), comme chacun de nous peut réfléchir la lumière du pardon, même au prix du mépris le plus apparent. Le pardon aussi implique le silence. A Jérusalem, il y a des âmes qui crient, hurlent - non seulement les vieilles souffrances de la persécution anti-juive. Il y a le cri de l’âme de tout habitant, de tout peuple, langue, nation, de souffrances si peu comprises et explicables qu’il ne semble rester que la solution de la déraison. C’est là que le pardon prend son sens sur un chemin pascal."

jeudi 17 avril 2008

Ma conversion XIII : Μετάνοια


Rembrandt


Rapidement il m’arriva la chose suivante : ma vie passée défila comme un film devant moi et je me mis à pleurer et à sangloter pendant trois jours. Je revis et ressentis avec une douleur extrême et profonde tout le mal que j’avais fait et il m’apparut qu’il n’y avait pas un domaine qui ait été exempt de mes méfaits que ce soit directement, par complicité ou involontairement. Cela me laissa dans le désarroi le plus grand mais je reconnus tout, ne m’excusai de rien, assumai tout, ne cherchant aucune explication socioculturelle ou cause personnelle ou familiale quelconque qui pourrait me dédouaner de ou alléger au moins ma responsabilité. Non j’acceptai de reconnaître que j’étais pleinement responsable de tout. Autrement dit, vous l’avez compris, moi l’ancien athée devenu bouddhiste, je reconnaissais et regrettais dans les larmes tous les péchés (le mot était lâché) commis jusqu’à ce jour depuis le plus loin que je me souvienne. Et en même temps que j’étais dans cette douleur d’avoir commis tant de mal, je ressentais le pressant besoin d’en demander pardon de tout mon être et le plus étonnant c’est que j’ai ressenti alors au plus profond de moi un total pardon, une totale, immense et apaisante miséricorde. Le Notre Père m’est alors revenu du plus loin de mon enfance à la bouche et une conviction s’est imposée irrésistiblement à moi : j’étais donc chrétien. Et Notre Père, qui est aux cieux, m’avait pardonné. La paix alors envahit mon cœur et bien que des larmes reviennent par instants, je me sentais réellement et profondément pardonné sans aucun doute possible.



Bartolome Esteban Murillo


Je pris donc la décision d’aller trouver le Père Hôtelier qui était le seul moine avec qui j’avais un contact, je lui expliquai tout avec à nouveau des flots de larmes et je lui demandai de me confesser pour recevoir l’absolution avec le désir de m’unir le plus tôt possible au corps du Christ puisque j’étais chrétien.


Il m’écouta avec bienveillance mais il refusa de me donner l’absolution.
Ce fut une douleur terrible en même temps qu’une totale stupéfaction.


Je ne comprenais pas, et je comprenais d’autant moins, qu’intimement, j’avais reçu le pardon du Père, moi le fils prodigue, car il faut que je le dise : c’était en plein Carême (catholique et même orthodoxe ! J'ai vérifié il n'y avait que 4 jours d'écart cette année-là) et j’avais quarante ans !!! Quarante ans d'errance dans le désert en quête de la Terre promise. Et moi je ne savais plus, depuis belle lurette, ce que c’était que le Carême et j’ignorai même que nous étions dans cette période liturgique… Mais je venais de lire la parabole du Fils prodigue et je ne comprenais pas pourquoi je n’avais pas droit à la fête du repas du Seigneur, comme dans l’Evangile. Pour moi l’église visible ne pouvait que ratifier ce que m’avait offert si clairement et si généreusement le Ciel invisible.



Le bon Père fut intraitable mais il voulut bien finalement, devant les sanglots de mon chagrin persistant, me concéder quelque explication que je trouvai sans commune mesure avec ce que je venais de vivre ; il m’apparut que le moine ne discernait pas vraiment ce que je venais de vivre ni les possibilités de mon tempérament. Je vivais à l’époque sans être marié avec la mère de nos deux enfants et nous formions un couple stable depuis notre rencontre. Il était bien clair que je désirai fortement changer radicalement de vie et y mettre de l’ordre dans tous les domaines et que le mariage était bien entendu prévu au plus tôt. Le moine considérait que la chair étant faible nous pouvions pécher encore avant le jour du mariage et qu’il était préférable donc qu’il ne me donnât point l’absolution… ce fut une douche froide qui compta certainement un peu plus tard dans mon abandon du Catholicisme pour l’Orthodoxie…. Le révérend père s’aperçut sans doute un peu tard lors d'une visite postérieure en famille (à moins qu’il n’ait voulu m’éprouver mais ce ne n’était pas le projet positif dont j’avais besoin) de la force et de la durabilité de mon désir de m’engager et quand il me proposera de devenir oblat bénédictin, j’aurai déjà le projet de devenir Orthodoxe malgré mon amour du chant grégorien de l’époque…




Quoi qu’il en soit, mon engagement dans la foi chrétienne s’enracine dans ce repentir douloureux, sincère et profond aussitôt suivi de l’intime conviction du pardon divin. Et la « religion » n’a jamais été pour moi, depuis, qu’un aiguillon pour me rappeler ma condition de pécheur et ma totale et immense responsabilité devant Dieu et sa création. Cela n’a jamais été et ne pourra jamais être un refuge, une fuite devant la réalité, ou une consolation devant l’injustice de ce monde, ou l’espoir devant les difficultés et les épreuves de la vie d’une vie meilleure, un jour, quelque part en dehors de ce monde. Non ! Et je dois avouer que depuis ma conversion, je me serais bien passé quelquefois de cet aiguillon qui rend la vie moins confortable il faut le dire que la pseudo liberté tant préconisée dans les discours du monde, avec la bonne conscience des discours politiquement corrects qui dispense non seulement de mettre sa vie en accord avec ses paroles, mais qui justifie bien des refus de se sentir responsable de quoi que ce soit.… Mais l’engagement dans la foi et dans la voie (pour parler encore comme un ancien bouddhiste) permet aussi d’y trouver ce sans quoi nous retomberions durablement dans le péché ; la foi nous offre en même temps le pardon du Père et les moyens d’obtenir sa grâce sans laquelle nous n’aurions pas, nous-mêmes, par nos seuls moyens, la force de ne pas retomber.

Derrière les phénomènes en toile de fond, le vide sur lequel il n’y avait rien à dire était donc plein ; et cette plénitude était celle de l’amour des hommes, de la philanthropie de Dieu le Père, de sa sollicitude et de sa miséricorde envers ses enfants, car malgré la douleur ressentie à l’annonce du refus du moine et ma déception, je n’ai jamais plus douté de cela. Ce fut cette découverte qui me permit de me redéfinir comme chrétien. Plus tard j’oserai avec audace interpréter le zen à la lumière de la foi chrétienne.

samedi 15 mars 2008

Ma conversion II



Galerie photo Plume

La longue réserve précédente ayant été faite, je vais tout de même construire une fois de plus un récit de ma conversion puisque c'est cohérent avec mon projet initial de raconter dans ce blog comment un Orthodoxe ordinaire vit sa foi.

On peut dire que tout est parti d’un renoncement. C'est une version possible.

Je vivais alors une vie personnelle extérieure « épanouissante » - comme on la préconise de nos jours jusqu’à la propagande - bien remplie, créative, diversifiée, donc avec une certaine réussite non pas financière mais professionnelle, des relations agréables, dans différents milieux, prestigieuses pour certaines, avec des perspectives assez prometteuses etc.

A l’intérieur, cela allait beaucoup moins bien : les relations de couple étaient en crise et évidemment plus elles allaient mal et plus je m’investissais à l’extérieur. Quant aux enfants ils faisaient bien sûr souvent les frais de cette mésentente conjugale. Tout a néanmoins continué jusqu’au soir où, après une dispute de plus dans le couple, j’ai eu une sorte de prise de conscience que tout allait à vau l’eau dans notre famille et que je devais prendre une décision. Je l’ai prise : elle a été celle du renoncement. Cela a été un renoncement brutal et total. À tout ce qui faisait que cette vie était gratifiante pour mon égo, « épanouissante », à toutes mes activités, à toutes mes relations. Terminé.

Je n’avais aucune foi à l’époque, il y avait longtemps que j’étais devenu un véritable athée, c'est-à-dire un sans-Dieu à la lettre, puisqu’après une période de ma vie athéiste, rationaliste, matérialiste donc militante, j’avais enfin « compris » que Dieu n’était plus mon problème car qu’Il existât ou non, je ne m’en préoccupais plus, je vivais de la même façon. J’étais alors libre de la problématique Pile/Face qui finalement se mord la queue. J’étais « libéré » de l’existence de Dieu. Je ne fréquentais d'ailleurs plus ceux qui avaient fait de leur militance une pitoyable raison de vivre. Je n'avais plus de compte à régler de ce côté-là depuis un moment.

J’avais donc renoncé mais je n’avais plus aucune perspective. Si l’on avait pu mesurer alors les signaux électriques produits par mon âme on aurait obtenu un « électropsychogramme » sans haut ni bas, parfaitement plat. J’étais mort à tout désir...

dimanche 9 mars 2008

BON CARÊME !

"LE COMBAT DE CARNAVAL ET CARÊME"
de Bruegel l'Ancien

Peut-être pas très orthodoxe... mais Bruegel n'excelle-t-il pas à mettre au jour les images intérieures de notre esprit embrouillé par toutes les tentations et tous les combats...

vendredi 29 février 2008

Ma conversion I.

La Conversion de St. Paul
du
Caravage

La période liturgique qui vient est pour moi celle d’un anniversaire : celui de ma conversion.


Il m’est arrivé de raconter à diverses reprises cet épisode de ma vie à des personnes différentes et je sais très bien qu’un tel récit ne va pas sans poser quelques problèmes qui sont ceux de tout récit d’expérience quelle qu’elle soit.


En effet, d’abord, toute expérience humaine est vécue dans le contexte propre à la personne qui l’a vécue : contexte personnel, familial, social, historique, culturel, religieux etc. En ce sens on ne peut penser que cette expérience, si on lui accorde qu’elle puisse être également vécue par d’autres, ne sera pas vécue de façon toute particulière, à travers un regard particulier, forcément dépendant de tout le contexte dont j’ai parlé plus haut. C'est-à-dire que dans la richesse virtuelle présumée d’une expérience, ne seront actualisés que les éléments perceptibles par la sensibilité particulière (dont les composantes contextuelles sont citées plus haut) de cette personne.


Ensuite, vient le récit de cette expérience vécue. Là, à nouveau et encore, le contexte cité plus haut interfèrera et le récit établira une sélection dans toutes les informations transmissibles. Il y aura donc une mise en relief de certains éléments en même temps qu’une exclusion d’autres, et ceci, seulement par l’effet « naturel » de ce contexte, mais il faudra y ajouter l’intention du discours particulier de celui qui raconte, à l’œuvre dans son récit. Autrement dit, ce que l’auteur d’un tel récit veut que son destinataire en retienne surtout. Ce qui donnera l’occasion à nouveau d’une mise en forme de l’expérience qui pourrait bien éloigner de plus en plus de celle-ci celui qui l’a vécue.


Enfin il faut s’occuper de celui qui reçoit un tel récit. Et là encore, on peut prédire, sans se prendre pour un prophète, qu’il y aura une nouvelle sélection (mise en relief / mise à l’écart) parmi les informations transmises qui correspondront tout simplement à la personnalité du lecteur ou auditeur du récit. Qu’en retiendra-t-il ? Qu’est-ce qu’il en rapportera à son tour, à qui ? Etc. la chaîne continue…

Alors on pourrait se demander : mais à quoi bon ouvrir la bouche devant le risque de tant de déformations ? A quoi bon raconter, oralement ou par écrit, ce qui semble intégralement intransmissible ? Cependant, en même temps, y a-t-il une autre condition humaine que celle-ci, y a-t-il beaucoup d’autres possibilités en dehors du passage par le langage et les codes qui peuvent réduire, limiter, encadrer et formater et les rencontres entre les personnes avec tous leurs problèmes de communication qui peuvent interpréter et déformer ?


Évidemment cela s’applique également à mes yeux à la transmission des Évangiles, aux hagiographies, aux « expériences mystiques » et autres récits pieux qu’on n’aura pas le préjugé scientiste d’écarter obligatoirement parce que du domaine de l’irrationnel et non vérifiable.