L'Office de l'Époux -" Ἰδοὺ ὁ Νυμφίος..."
"Hier soir nous avons participé aux Matines du Lundi Saint, et nous avons donc maintenant vraiment commencé notre voyage à travers la Semaine Sainte. Les trois jours qui ont ouvert cette "Grande Semaine" sont appelés "Saints" ou "Grands" lundi, mardi, et mercredi, et ils sont "Grands" précisément parce que chacun d'eux nous enseigne symboliquement quelque chose de nous-mêmes, et de Dieu dans notre vie. La plupart des gens savent ce qui se passe le Jeudi , Vendredi et Samedi Saints, mais les trois premiers sont les jours les moins connus - il est certes déjà assez difficile aller à l'église trois jours d'affilée. Pourtant, ces jours sont théologiquement importants.
Structurellement, ou liturgiquement, nous avons encore l'"appel du Carême" - les mélodies sont toujours celles du Carême: au début, nous chantons "Alleluia", et en ces jours, nous entendons la prière de saint Ephrem, «Seigneur et Maître de ma vie ... » qui est la prière du Carême.
Ainsi, en surface, c'est comme une extension du Carême, nous sommes encore dans une disposition d’esprit de Carême. Mais ce n'est pas seulement cela, il s’agit d’un cycle à part entière, avec un thème commun qui est la révélation de la Fin. Le christianisme est la religion de la Fin- pas la Fincomme "Apocalypse Now" ou comme une catastrophe ; du retour du Christ, d’un point de vue chronologique, nous ne savons rien! Il s'agit d'une Fin dont le contenu n'est pas chronologique, mais qualitatif. Nous comprenons que la venue du Christ, sa mort et sa Résurrection sont des événements décisifs pour notre salut et que notre vie est désormais une attente de la Fin déjà commencée, de son Royaume déjà réalisé. Pourtant en peuple libre, nous pouvons refuser cela, ce que l'Église déclare : le Christ nous a sauvés. Et bien que nous puissions nous lamenter sur notre mort, l'Église proclame la mort de la mort. C'est pourquoi le Vendredi Saint, pour nous, n'est pas un jour de lamentation, pas plus que le Dimanche de Pâques une expression esthétique du bonheur: chaque jour nous vivons le drame du Vendredi saint et le Dimanche de Pâques, de la vie et la mort, de la victoire du Christ sur la mort et de notre attente de son "Royaume qui n'a pas de fin".
L’Église vit continuellement dans ce délai mystérieux entre Création et Fin. Et l'hymne commune de ces trois nuitsc: «Voici, l'Époux vient au milieu de la nuit», résume le thème principal de la célébration. Pour nous, "au milieu de la nuit" est symbolique - c'est pourquoi nous célébrons les matines dans la soirée; dans l'Église primitive, on célébrait un office de Vigile – c'est-à-dire qu’on restait éveillé toute la nuit. «Voici, l'Époux vient au milieu de la nuit» - nous ne savons pas quand le Christ viendra, mais Il viendra à minuit; au moment où la vie prend fin, au temps zéro. La vie liturgique de l'Église est précisément cette "attente" du Christ. La nouvelle dimension du Christianisme est cette «attente» ! Toute notre vie est une attente, un guet, et une vigilance constante. Pensez aux paroles de saint André de Crète récitées tout le carême: «Mon âme, ô mon âme, Tu sommeilles réveille-toi car le terme est proche et le trouble qui va te saisir est imminent, laisse là ta torpeur afin que le Christ Dieu te fasse miséricorde Lui qui est partout présent et qui remplit tout »( Kondakion ton 6) C'est l'aspect joyeux du christianisme. «Je dors, mais mon âme veille». Et cette dimension est essentielle pour la compréhension du monachisme et des longs offices de notre Église. Notre prière continuelle ce sont ... les derniers mots de l'Apocalypse : «Viens, Seigneur Jésus». Notre invocation incessante est la suivante : «Vienne ton Royaume».
C'est pourquoi notre Église fait si souvent usage de la métaphore de l’épouse ou du banquet de noces. Le Christ comme Époux vient et nous emmène dans sa chambre nuptiale ; Dieu incarné nous emmène dans sa tombe... Si bien que, lorsque, à la mi-nuit de Pâques, nous ouvrons les Portes Royales, l'essence même du Royaume se révèle, et nous chantons «aujourd'hui, tout est rempli de lumière et de joie. »"
(Version française par Maxime le minime de l'article du Rev. Deacon John Chryssavgis du GOAC
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