Celui qui s'adonne aux péchés et aux provocations et ose sans pudeur prétendre à la connaissance des choses les plus divines ou encore s'aventurer dans la prière immatérielle, qu’il sache que selon la leçon apostolique il n'est pas sans danger pour lui de prier la tête nue et découverte. Car est-il dit une âme de cette sorte doit porter sur la tête un symbole de domination à cause des anges présents revêtant la pudeur et l'humilité qui conviennent.
Il se vêt d'humilité et se couvre le chef d'une pudique retenue, reconnaissant qu'il n'est pas digne de recevoir des dons et des grâces spirituels si grands ; et il attend patiemment que la grâce de Dieu le visite. Si Dieu le veut et quand Il veut, Il peut lui accorder la grâce de goûter à ces "choses divines" et de connaître par expérience personnelle les délices indescriptibles et la divine joie de "la prière immatérielle". Si le Seigneur le veut. Cela ne concerne pas le fidèle lui-même. Ses yeux sont tournés vers le Seigneur "comme les yeux des esclaves sur les mains de leurs maîtres, comme les yeux d'une servante sur les mains de sa maîtresse…jusqu'à ce qu'Il use de grâce" envers lui. Le fidèle sait attendre humblement. Et si cette attente doit se prolonger toute sa vie, il ne désespère pas. Tout n'est pas perdu pour autant. L'avenir existe, qui attend. Et si le fidèle n'est pas jugé digne, pour son bien, de connaître ce dont les grands saints ont eu un avant-goût dans cette vie-ci, il connaîtra ces grâces un jour ou l'autre à un degré infiniment plus élevé. Et cela est suffisant, plus que suffisant, pour qu'il fixe son regard sur le Seigneur.
(in Aux cimes de l'intelligible- Le traité de la prière de St Nil l'ascète par l'Arch. Eusebios N. Vittis)