Tous les quatre ans, le mois de février compte 29 jours. C'est alors une année bissextile. Les
Romains, dans leur premier calendrier, dit de
Romulus, avaient une année de 304 jours répartis
sur dix mois. Sous Tarquin, l'année fut prolongée
de deux mois et compta donc 355 jours. Tous les deux ans, on intercalait un mois de 22 jours,
Marcedonius, entre 1e 23 et le 24 février. Les
Pontifes à qui avait été conféré le droit d'intervenir librement dans la durée de certaines périodes n'hésitaient pas à attribuer au mois intercalaire la
longueur appropriée aux circonstances, prolongeant la magistrature de leurs amis abrégeant celle de leurs ennemis, avançant ou retardant les échéances… On en était ainsi arrivé à fêter l'automne au printemps et la moisson en plein hiver. Sur les conseils de l'astronome grec Sosigène, établi à Alexandrie, Jules César décida que désormais que le calendrier ne tiendrait plus compte de la lune mais du Soleil. En 45 avant Jésus-Christ, il créa une
année de 365 jours que compléterait tous les
quatre ans une journée supplémentaire. Ce 366ème jour fut attribué au mois de février, dernier mois
de l'année chez les Romains, mois court de 28
jours dont la réputation était mauvaise. Pour ne
pas choquer la superstition de ses concitoyens, Jules César au lieu de créer tous les quatre ans un
29ème jour, préféra conserver en apparence un
nombre pair de jours (28), les nombres impairs
étant considérés connne favorables et réservés aux
dieux supérieurs. Tous les quatre ans, le jour
de février. le sixième avant les calendes de mars.
traditionnellement consacré à des festivités. était
doublé. Ce jour supplémentaire fut donc nommé
"bis sextus ante calendas martias" d'où l'appellation de bissextile qui en principe devrait être
réservée à l'année. Le 29ème jour de février, lui, étant
qualifié de bissexte. Ce correctif d'une journée
tous les quatre ans était indispensable puisque
l'année dure 365 jours et 6 heures. Très exactement 365 jours 5 heures 49 minutes, ce dont Jules
César n'avait pas tenu compte avec assez de précision. Une erreur annuelle de 1l minutes l4secondes conduit au bout de quatre siècles à une
avance de trois jours sur les saisons !
Au VIII° siècle on s'aperçut que si on suivait
scrupuleusement les prescriptions du concile de
Nicée qui lia en 325 la date de Pâques à l'équinoxe de printemps, cette fête de la résurrection et
du renouveau serait bientôt célébrée au cœur de
l'été. Au concile de l'Eglise romaine de Constance, en 1414 le cardinal d'Ailly proposa au pape Jean XII de modifier
les intercalaires bissextiles. Le Concile de Trente se
préoccupa du problème et décida prudemment de
s'en remettre à la sagesse du Saint-Siège.
Le pape Grégoire XIII, avant de résoudre ce délicat problème, tint à prendre conseil de grands savants de l'époque. parmi lesquels on cite les
frères Lelio et le jésuite allemand Clavius. En
1582, 1257 ans après le concile de Nicée. l'équinoxe de printemps tombait le 11 mars. soit avec
dix jours d'avance par rapport à la date du 21
mars qui était originellement prévue. Alors, le souverain pontife prit une décision simple et catégorique : il suffisait de retrancher dix jours à l'année
1582. Une bulle papale prescrivit que le lendemain du jeudi 4 octobre serait le vendredi 15.
Cette mesure souleva une tempête de protestations. De nombreux États refusèrent de se plier au
décret ou le firent avec beaucoup de retard : les
protestants allemands, néerlandais et helvétiques
ne s'inclinèrent que vers 1700, l'Angleterre et la
Suède en 1732. Aussi leur fallut-il sacrifier onze
jours. En France, Henri III décida que le retranchement aurait lieu en décembre 1552 : le lendemain du 9 fut le 20.
L'an 1582 ne compta donc que 355 jours et, dès
l'année suivante, le 21 mars coïncida de nouveau
avec l'équinoxe de printemps. Afin d'apporter une
correction simple, il était prévu que les années
continueraient d'être bissextiles de quatre en
quatre avec une exception. Les années séculaires
(dont le millénaire se termine par deux zéros) ne
seraient plus bissextiles, à l'exception de celles dont
le nombre de siècles est divisible par quatre. Ainsi,
1900 ne fut pas bissextile tandis que l'an 2000 l'a été. Ce subterfuge simple permet de supprimer
facilement trois jours en quatre siècles. Ces dispo-
sitions ne permettent cependant pas d'atteindre la
perfection. L'année grégorienne est encore trop
longue de 0000,3 jour. Dans trois mille ans. il
apparaîtra nécessaire d'ajuster notre calendrier en
supprimant un jour. Est-il opportun de l'envisager
dès maintenant ?
(extrait du livre Fêtes et traditions de France
)