Si quelqu'un, en effet, veut aimer la vie et voir des jours heureux, qu'il préserve sa langue du mal et ses lèvres des paroles trompeuses, qu'il se détourne du mal et fasse le bien, qu'il recherche la paix et la poursuive. 1 Pierre 3:10-11 Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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vendredi 17 décembre 2010

Le DISTRIBUTISME [3] et les Chrétiens orthodoxes

Serge Boulgakov
Belloc a parfois suggéré de l'appeler "l'état de propriété", ce qui serait beaucoup moins trompeur. Quand les gens entendent le terme «distributist », ils ont souvent tendance à penser à un système dans lequel l'argent est retiré aux riches et redistribué aux pauvres (qui sont généralement considérés comme ne le méritant pas). En d'autres termes, les gens confondent Distributisme et Socialisme. Ce n'est pas l'intention du choix de cette appellation.

L'idée est que dans le Distributisme la propriété juridique des moyens de production dans l'économie est distribué aussi largement que possible dans la population. Cela implique une double comparaison et le contradiction. D'une part, comme dans le capitalisme, le Distributisme respecte la propriété privée et récompense l'intelligence, le travail acharné et l'esprit d'entreprise. Mais simultanément, et à la différence de la structure habituelle des gouvernements capitalistes, un état distributiste prend des mesures pour décourager l'accumulation sans fin de richesse dans les mains d'une minorité. En même temps que le capitalisme croit en la propriété privée, il estime également que seules quelques personnes devraient posséder ce qui compte vraiment, c'est lezs moyens de production de l'argent et des biens.

Le Distributisme ne se contente pas, par conséquent, qu’un grand nombre de personnes possèdent leur propre maison ou aient des parts dans le marché boursier;il estime que les gens ont besoin d’ exercer un contrôle réel sur la terre, les fermes, les usines et les établissements qui produisent de l'argent et des marchandises. D'autre part, comme dans le socialisme, l'Etat demeure l'entité la plus puissante dans le pays ; l'état ne permet pas la ploutocratie ni que des sociétés usurpent son autorité, comme elles tentent sans cesse de le faire dans les pays capitalistes. Mais simultanément, et à la différence de l'idéal ordinaire d'une économie socialiste, le Distributisme est suffisamment réaliste pour reconnaître qu’il y aura toujours des riches et des pauvres. Les riches ne sont pas automatiquement dépossédés, ni les pauvres automatiquement assistés.

Bien que cela paraisse utopique, une économie distributiste fut une réalité courante dans le passé. C’est la forme naturelle que prend une économie quand ses structures sociales sont relativement simples et locales. Imaginez une société primitive. Dans une telle société de personnes accumulent des richesses par le travail de leurs mains, soit dans les fermes ou dans de petites industries. Certaines personnes deviennent riches, grâce à la fois à leur labeur, leur intelligence, l'héritage et la Divine Providence (habituellement appelée à tort «(bonne) chance». Mais lorsque les échanges sont limités à une zone de la taille d'un comté (quelques centaines de miles carrés), même les personnes les plus riches ne deviendront généralement pas beaucoup plus riches que leurs voisins. D'énormes accumulations nécessitent le vol, l'esclavage, la guerre, ou quelque autre forme d'exploitation. De nombreux exemples illustrent l'histoire de ce genre d’économie simple et locale. La République romaine avait une économie distributiste avant l'avènement de l'Empire romain. Un système distributiste s’est progressivement développé sur les ruines de l'Empire romain au Moyen Age en Europe occidentale. Quand l'Angleterre a commencé à coloniser l'Amérique du Nord, les gens pensaient que l'économie de l'Angleterre était encore distributiste, mais ils n'ont jamais utilisé un tel mot pour la nommer et l’expropriation des monastères avait déjà orienté leur économie sur la voie du capitalisme. Au début de l'Amérique, le système économique des colonies anglaises dans le Nord était largement distributiste ; dans les colonies anglaises du Sud, il s’est mélangé à un état servile. Aujourd'hui, avec la coïncidence des technologies modernes et de la tradition du droit et de la politique depuis un siècle et plus, le capitalisme a éclipsé le Distributisme aux États-Unis. Mais le Distributisme n’a pas été oublié. Des rémanences du vieil ordre distributiste existent dans la pratique, dans le droit, et dans la mémoire collective de la nation. L'importance accordée à la propriété individuelle de son logement, la «ferme familiale», et les petites entreprises, la tendance actuelle en faveur de la consommation d’aliments cultivés localement; l'attrait persistant des arts et métiers comme professions à temps plein – tout cela constitue des survivances du Distributisme.

L’objectif du Distributisme n'est pas de renverser et de détruire le système capitaliste. Il est trop évidemment fructueux et productif. Par ailleurs, les socialistes ont réalisé leurs expériences et ont échoué. Mais les limites et les injustices du capitalisme sont réels. Le but du Distributisme contemporain est de promouvoir, adopter, et enraciner les idéaux distributistes. L'espoir distributiste est qu’à un moment donné la balance incline de son côté et que ce qui est aujourd'hui un système capitaliste devienne un système à prédominance distributiste conservant encore des éléments capitalistes. Le but n'est pas d'établir le socialisme, de donner un pouvoir excessif à l'Etat, ou de jouer à Robin des Bois, mais de changer les lois, en particulier en matière de fiscalité, de sorte qu'il devienne très difficile que l'argent et le pouvoir se concentrent dans les mains de quelques uns et qu’il devienne plus facile pour les gens ordinaires de posséder leur propre ferme, leurs ateliers, leurs commerces et leurs industries. Le Distributisme est la démocratie économique.

Serge Boulgakov a été l'un des plus grands, et l'un des plus controversés théologiens orthodoxes modernes. Il a été élevé dans la foi, mais l’a perdue dans sa jeunesse. Il a ensuite étudié l'économie politique à l'école de droit, et fut marxiste pendant un certain temps. Il a publié ses premiers livres sur le sujet de l'économie avant de retrouver la foi et a écrit de nombreux et profonds livres qui lui valent sa postérité. Peut-être son livre le plus connu est L'Orthodoxie, d'abord publié en anglais en 1935. Dans cette brève introduction à l'orthodoxie, Boulgakov comprenait un chapitre intitulé «L'orthodoxie et la vie économique." Il semble être prisonnier de la dichotomie du capitalisme et du socialisme qui a paralysé le débat sur l'économie les deux siècles passés. En outre, l'essai montre sa méconnaissance du moindre des écrivains distributistes ou même des encycliques catholiques qui ont critiqué à la fois le capitalisme et le socialisme. Il est donc tout à fait significatif que Boulgakov dise alors : «En ce qui concerne la distribution, l'Eglise est appelée à être une conscience sociale qui doit élever la voix, parlant aux cœurs des hommes et se mêler de leur vie publique» Et plus loin: «Le meilleur système économique - quel que soit son nom, et de quelque manière qu’il combine capitalisme et socialisme - est celui qui, dans des circonstances données, assure le mieux la liberté personnelle, la protégeant de la pauvreté naturelle et de l'esclavage social ".

C'est précisément ce que Belloc, Chesterton, Schumacher, et Médaille préconisent. Sans aucun doute y a-t-il une façon typiquement orthodoxe d’articuler éthique et économie, différente de la façon dont les catholiques et les protestants ont répondu aux questions économiques. Boulgakov a suggéré quelques-uns de telles différences orthodoxes, notant que la vie économique s'inscrit dans le cadre des saints mystères, que l'agriculture, l'industrie et le commerce sont des aspects de la transfiguration de la nature, et que la démocratie est en parallèle avec le principe de conciliarité de l'ecclésiologie orthodoxe. Il serait un grand don à l'Eglise et au monde si des penseurs de l’éthique et des économistes orthodoxes développaient ces suggestions. Néanmoins, les différences entre le Distributisme tel qu'il s'est développé en Occident et le Distributisme comme il pourrait être articulé à l'Est ne seraient que des questions de détail. Les deux camps cherchent à forger des épées pour les transformer en socs de charrue - à trouver un moyen pour nous tous de vivre dans la paix et la sécurité sous nos propres arbres fruitiers."

Lectures suggérées  : en anglais seulement (malheureusement) mais auxquelles il faut ajouter bien sûr Les bases de la conception sociale de l’Eglise orthodoxe russe (traduit du russe en français par Claire Jounievy) publié sur le site du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou  en introduction on peut lire :
"Adopté par le Concile épiscopal, le présent document expose la doctrine de l’Eglise orthodoxe russe sur les relations entre l’Eglise et l’Etat et les problèmes de la société contemporaine. Le document reflète également la position officielle du Patriarcat de Moscou sur ses relations avec l’état et la société civile. Il établit enfin une série de principes directeurs s’appliquant à l’épiscopat, aux clercs et aux laïcs."



  • Can distributism be grounded in Orthodox tradition? Lire la traduction de C. Paul Schroeder’s de St  Basile Le Grand : On Social Justice
  • Hilaire Belloc est peut-être le principal auteur à consulter, même si tout son travail date d'avant la Seconde Guerre mondiale. Pour commencer, voir : The Servile State et An Essay on the Restoration of Property. Belloc a aussi écrit Economics for Helen, une introduction à l'économie pour sa nièce, encore étonnamment utile même si daté. 
  • Son ami G. K. Chesterton a été prolifique et hilarant. Sur ce sujet voir The Outline of Sanity.

L'économiste britannique E. F. Schumacher  a enseigné le message distributist sans utiliser le terme. Voir son classique, Small Is Beautiful.





John Médaille a écrit des livres pour les étudiants sérieux  en économie, excellent pour une utilisation dans l'enseignement supérieur. Si vous percevez bien la moralité du Distributisme, mais que vous vous posez des questions sur son application dans le monde réel, voir The Vocation of Business et Toward a Truly Free Market, "qui tente de donner un cadre précis au Distributisme macroéconomique."


Larry Burkett, un respecté protestant évangélique, n'est pas distributiste et son travail peut être critiqué pour être centré sur les individus et non sur les systèmes et structures, mais  son Business by the Book est un excellent résumé des lignes directrices éthiques pour le commerce et la finance.
Susan Pace Hamill  a fait un travail de réflexion sérieux sur les implications morales des codes existants dans la fiscaleité américaine. Voir The Least of These: Fair Taxes et  the Moral Duty of Christians



  • Tobias J. Lanz a édité un recueil d'essais, Beyond Capitalism and Socialism, ce serait un excellent texte de départ pour un groupe de discussion. Bien que typiquement catholique, les Orthodoxes et les autres chrétiens trouveront dans cet ouvrage matière à réflexion
  • David Holden a étudié les langues bibliques à l'Université Duke et a obtenu une maîtrise de théologie à la Southern Methodist University de Dallas, au Texas. Son cheminement spirituel l'a amené à l'Orthodoxie en août 1999. C'est un consultant professionnel et spécialiste clinique  en toxicomanie. Lui et sa famille vivent à la campagne près de Boone, en Caroline du Nord.

mercredi 15 décembre 2010

Le DISTRIBUTISME [2] et les Chrétiens orthodoxes


G.K. Chesterton
Le terme et sa définition d'origine vient d’Hilaire Belloc et G.K. Chesterton au début du 20e siècle. Tous deux étaient de fervents catholiques, fortement influencés par la doctrine sociale de Léon XIII, mais aussi déçus par les socialistes. Le terme est tombé dans l'oubli après la mort de Chesterton en 1936 et Belloc en 1953, mais pas les idées. Elles ont profondément influencé E.F. Schumacher, dont le livre Small Is Beautiful a eu un impact profond sur les écologistes du monde entier. Ces dernières années le Distributisme a été directement et consciemment relancé dans les milieux catholiques. Distributist Review  est un site couvrant de nombreux aspects de la pensée distributiste ancienne et nouvelle. IHS presse a republié plusieurs des textes anciens. Certains nouveaux documents impressionnants sont désormais disponibles, en particulier de John Médaille de l'Université de Dallas. Il y fait preuve d’une maîtrise des développements récents de l'économie et de ses fondements mathématiques que l’on ne trouve pas dans les écrivains distributistes des générations précédentes.

Qu’est-ce donc que le Distributisme

Pour répondre à cette question nous allons voir, en quoi le Distributisme est à la fois semblable et contraire aux trois autres grands systèmes économiques qui ont surgi au cours de l'histoire humaine. En fait, aucune société n’est dans un système économique unique, toute société, passée et présente, présente un certain mélange des quatre. Toute société dans laquelle un système prédomine aura également quelques caractéristiques des trois autres. Cependant, même si on trouve toujours de ces mélanges avec des tendances et des philosophies diverses, ces distinctions restent pertinentes.

Quatre systèmes économiques :

Le système économique dominant dans le monde aujourd'hui est le capitalisme. Il a évolué dans sa forme actuelle au cours des cinq cents dernières années. La découverte de l'Amérique, l'avance de la navigation et du commerce à l'époque coloniale, les progrès de la technologie et la révolution industrielle, et la sophistication croissante de la commercialisation, de la comptabilité, de l'informatique, et des modèles mathématiques de l'économie ont contribué à son essor. 

Sur le plan positif, le capitalisme défend la propriété privée des terres et des entreprises, récompense l’association de l'intelligence et du travail acharné, et soutient la démocratie et un gouvernement auquel on a fixé des limites. Le capitalisme exploite la tendance (naturelle) des gens à entrer en concurrence l’un avec l'autre et l’inclination (provenant de la chute et donc par là contre nature) des personnes à la cupidité et l’avidité. Dans son Economics for Helen, Belloc dit que dans un système capitaliste, «Tout homme, bien que pauvre, se sent libre et dans cette mesure, sauve son honneur." Par conséquent, le capitalisme interpelle immédiatement les Américains, qui apprécient la liberté par dessus à peu près tout.
Sur le plan négatif, le capitalisme concentre la richesse entre les mains d'une minorité. L'affirmation selon laquelle un tel système devait se développer en raison des expéditions coloniales ou de la nécessité d'énormes sommes d'argent pour construire des usines au cours de la révolution industrielle est historiquement fausse. Le capitalisme s’est développé à cause de la façon dont les gens - en général des gens déjà riches et puissants - ont conçu des lois et des coutumes pour leur propre avantage. Dans The Servile State, Belloc montre comment l'Angleterre était déjà en marche vers le capitalisme avant la grande époque de la colonisation et bien avant la révolution industrielle. Il a commencé avec la fermeture des monastères en 1535. Le même processus - la modification des lois et des structures au bénéfice des riches - se produit toujours. La tendance actuelle des managers de gagner jusqu'à 600 fois plus que les travailleurs dans leurs entreprises n'est pas une aberration. C’est le résultat naturel et inévitable d'un système capitaliste. Si on laisse se développer ce processus sans contrôle, le capitalisme finit par détruire la liberté. En même temps que les travailleurs sont des agents juridiquement libres, ils sont économiquement impuissants. Franklin Delano Roosevelt a pointé cela du doigt dans son State of the Union address du 11 Janvier 1944. Il y déclare : "Les hommes dans le besoin ne sont pas des hommes libres." Par ailleurs, s’il reste sans contrôle, le capitalisme détruit le pouvoir légitime du gouvernement. Lorsque les entreprises et les sociétés deviennent si importantes que le gouvernement ne peut pas les retenir, elles deviennent le gouvernement. C'est-à-dire que la démocratie est alors finie et c’est la ploutocratie qui prévaut.

Au cours des deux derniers siècles, le système censé remplacer le capitalisme était le socialisme. Son promoteur le plus célèbre fut Karl Marx. L'essence du socialisme est que le gouvernement d'un État possède et contrôle tous ou presque tous des moyens de production et de distribution. Plutôt que de laisser l'économie à la cupidité et la manipulation des propriétaires privés, ou de laisser guidée par une "main invisible" (selon les mots d'Adam Smith), l'Etat interviendrait. La grande force du socialisme, quand il était simplement une théorie, c'est que ses partisans étaient très conscients des injustices du capitalisme. Lorsque les pays ont mis le socialisme en pratique, cependant, ses inconvénients se sont révélés dans le sang. Beaucoup ont perdu leurs biens, la santé et même leur vie pour le socialisme. Car toutes les promesses ayant été faites, le socialisme est devenu l'un des systèmes les plus tyrannique et oppressifs de toute l'histoire, déplaçant simplement la concentration des richesses et du pouvoir des mains de propriétaires à celles de gestionnaires bureaucratiques et des dirigeants de l'Etat. Il s'est avéré être bien pire que le capitalisme.


A certains moments de l'histoire un troisième type de système économique a été employé. Belloc l’a appelé "l'état servile." Il est assez répandu dans l'Antiquité. L'Egypte ancienne fut un exemple de ce type d'économie. Dans l'Égypte antique le Pharaon possédait tout et tout le peuple constituait en fait ses esclaves. La Sparte antique et l'Empire romain dépendait aussi du travail des esclaves, tout comme les États confédérés d'Amérique plusieurs siècles plus tard. Malgré des inconvénients moraux évidents, l'état servile a quelques avantages très forts : il est remarquablement stable et les gens se sentent et sont vraiment en sécurité, sachant qu'ils seront nourris et pris en charge. Ces avantages peuvent être si forts que les gens ont parfois été appelés à soutenir un état servile, même au prix d’une perte de liberté et de dignité.

Hilaire Belloc
Les auteurs distributistes parlent de l'état servile de deux façons. D'une part, certains semblent croire que l'élément essentiel est que les gens réellement et en toute légalité possèdent d’autres personnes. Dans cette perspective, une économie servile diffère d'une économie capitaliste et socialiste précisément pour des raisons de droit. Rares sont les économies capitalistes qui ont dégénéré en états serviles, bien que, selon Belloc c’était une chose assez probable. Chesterton se demandait même si la force brutale serait de retour comme un moyen de contraindre les gens à travailler. On peut facilement montrer, en revanche, que les économies socialistes se sont vraiment transformées en Etats serviles. D'autre part, d'autres auteurs parlent de l'état servile de manière plus lâche, en soulignant que les gens vivant dans les systèmes capitalistes sont traités comme des esclaves. Le terme "salaire de l'esclave" est une figure de rhétorique, mais l'intensité des sentiments qu'elle véhicule en font presque un terme avec un sens littéral. Le quasi-esclavage des travailleurs a été évident de manière flagrante dans le capitaliste de l’Angleterre du 19ème siècle et a été abondamment illustré dans les romans de Charles Dickens. Dans l'Amérique d'aujourd'hui, nous avons un très haut niveau de vie et même nos plus pauvres vivent mieux que les pauvres des pays en développement. Mais nous avons aussi maintenant une économie mondialisée. Les esclaves du capitalisme américain contemporain ne vivent pas en Amérique, mais dans les pays où les gens travaillent pour moins d'un dollar l'heure et où 60 dollars par semaine ne suffisent pas pour vivre.

Le quatrième système est le Distributisme, mais c'est un terme particulièrement trompeur. (à suivre)
(Version française de Maxime le minime d'après le site In communion de l'Orthodox Peace Fellowship)