Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
Affichage des articles dont le libellé est tentations. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est tentations. Afficher tous les articles

vendredi 23 mars 2018

Les 8 voies de la tentation par l'Ancien Cleopa

Starets Cleopa (Ilie) (1912-1998) du monastère de Sihastria en Roumanie

"Les Saints Pères disent (c'est ainsi que P. Cleopa a commencé à nous exposer avec concision son expérience spirituelle, héritée des saints Pères et vécue personnellement par lui, comme chacun de ses mots le confirme) que sur le chemin du salut on est tenté par le diable de huit côtés : de face, de derrière, de gauche, de droite, d'en haut, d'en bas, de l'intérieur et de l'extérieur.

1. On est tenté par derrière quand on se souvient continuellement des péchés et des mauvaises actions que l'on a commis dans le passé, en les rappelant de nouveau dans son esprit, en les ressassant, en s’y absorbant, en désespérant à cause d'eux et en les contemplant sensuellement. Un tel souvenir de la façon dont nous avons péché dans le passé est une tentation démoniaque

2. On est normalement tenté en face par la peur qui nous envahit à la pensée de ce que l'avenir réserve : de ce qui va nous arriver ou de ce qui va arriver au monde; de combien du temps qu’il nous reste à vivre ; de savoir si nous aurons toujours quelque chose à manger; de savoir s'il y aura une guerre ou tout autre événement grave et effrayant à venir; et, en général, en faisant toutes sortes de suppositions, de prédictions, de prophéties et de tout ce qui provoque la peur de l'avenir en nous.

3. On est tenté par le diable de la gauche à travers l'appel à commettre des péchés évidents et à se comporter et à agir d'une manière que l'on sait pourtant être le péché et le mal, mais que les gens font néanmoins. Cette tentation est un appel direct au péché ouvertement et consciemment.

4. Il y a deux manières par lesquelles le diable tente de la droite. La première est celle où l’on s’investit dans des activités qui sont bonnes et l'on accomplit de bonnes actions mais avec une intention et un objectif mauvais ou malveillant. Par exemple si l'on agit bien, ou qu’on fait du bien, motivé par une vaine gloire, pour recevoir des éloges, acquérir une position, se faire une réputation, ou obtenir quelque bénéfice pour soi-même - il s'ensuit qu'on fait tout ce bien par vanité, avarice et cupidité. L'accomplissement de bonnes actions à des fins mauvaises fait qu'elles deviennent  pécheresses et vaines. Les Saints Pères assimilent une telle manière de faire de bonnes actions (telles que le jeûne et l'aumône) à celle d’un corps sans âme, dans la mesure où l’acte accompli qui devrait viser l’âme, n’a pour objectif que le corps. Par conséquent, l'accomplissement de bonnes actions dans un but impie est essentiellement une tentation venant de la droite, c'est-à-dire venant sous le travestissement du bien. La deuxième tentation démoniaque de la droite vient à travers diverses apparitions et visions, quand on reçoit des visions du diable sous la forme de Dieu ou d'un ange de Dieu. Les Saints Pères désignent cette confiance en ces spectres venant du diable, ou cette réception de tels phénomènes démoniaques, sous le terme de "séduction diabolique" ou "illusion spirituelle" [прелесть].

5. En outre, le diable exerce sa tentation sur quelqu'un d'en bas quand la personne est capable d'accomplir de bonnes actions ou de s’exercer à de saintes vertus, mais qu’elle est trop paresseuse pour le faire ; ou quand elle sait qu’elle devrait faire plus d'efforts et d’exercices dans les combats ascétiques (dans les vertus et les bonnes actions), et est capable de le faire, mais ne le fait pas par paresse ou parce qu'elle cherche des excuses à sa paresse. Elle rejette donc spirituellement ces vertus en faisant beaucoup moins qu'elle ne pourrait le faire.

6. Les tentations d'en haut (L'Ancien Cleopa, pour mieux nous expliquer cela, a démontré de ses mains la direction d'où est venue une tentation ou une autre, il a ensuite brièvement répété la direction de la tentation qu'il venait de décrire) viennent de deux manières. La première est celle où l'on se charge de luttes ascétiques qui dépassent nos capacités, et où l’on agit en force ainsi sans prudence. Cela arrive, par exemple, quand on est malade mais qu’on s’impose malgré tout un jeûne qui est au-dessus de nos forces ; ou de façon générale quand on s’engage dans toute lutte ascétique qui est au-delà de nos capacités spirituelles et physiques. Une telle obstination manque d'humilité et est déraisonnablement présomptueuse.
Une autre tentation d'en haut est quand on s'efforce d'apprendre les mystères de l'Écriture Sainte (et des mystères de Dieu en général), sans rapport avec sa réelle maturité spirituelle. C'est-à-dire, quand on veut pénétrer les mystères de Dieu dans les Saintes Écritures (ou dans les saints, le monde et la vie en général) pour expliquer et enseigner par la suite ces mystères aux autres quand on n'est pas spirituellement assez mûr pour le faire. Les Saints Pères disent qu'une telle personne veut broyer un os avec des dents de lait. Saint Grégoire de Nysse parle de cela dans son œuvre, La Vie de Moïse. Il dit que c'est pour cette raison que Dieu a ordonné aux Israélites, qui étaient imparfaits, de ne manger de la viande (qui est comme du lait pour les dents) que de l'agneau pascal – et, de plus, avec des herbes amères – et de ne pas broyer les os en morceaux ni les manger, mais plutôt de les brûler dans le feu (Exode 12: 8, 10, 46). Cela signifie que nous aussi, nous ne devrions interpréter que les mystères de la Sainte Écriture (et de notre foi en Dieu en général) qui correspondent à notre maturité spirituelle et les manger avec des herbes amères, c'est-à-dire avec tout ce que la vie nous apporte (de souffrance, de chagrin); nous ne devrions pas mordre dans les mystères de la Sainte Écriture, de la connaissance divine et de la Providence de Dieu, qui sont comme autant d'os trop durs pour nos dents de lait ; ils ne sont destinés qu'au feu, c'est-à-dire qu'ils deviennent clairs seulement dans une maturité spirituelle suffisante et dans les âmes expérimentées qui ont été éprouvées par le feu divin rempli de grâce.

7. On est tenté de l'intérieur par ce qu'on a dans le cœur et par ce qui vient du cœur. Le Seigneur Jésus-Christ a clairement déclaré que c'est de l'intérieur, du cœur, que les pensées, les désirs et les passions pécheresses et impures procèdent (Matthieu 15:19) et induisent quelqu’un en tentation. Les tentations viennent non seulement du diable, mais aussi de l’homme, de ses mauvaises intentions et de ses potentialités, de ses convoitises, de ses mauvais désirs et de l'amour du péché intérieur qui procèdent d'un cœur impur.

8. Enfin, la huitième porte de la tentation démoniaque est ouverte de l'extérieur, à travers les choses extérieures et les occasions, c'est-à-dire à travers tout ce qui vient de l'extérieur par les sens, qui sont les fenêtres de l'âme. Ces choses extérieures ne sont pas mauvaises en elles-mêmes, mais par elles les sentiments peuvent être tentés et induits au mal et au péché.

Voilà donc les huit moyens par lesquels chacun est tenté, que l'on soit dans le monde ou dans la solitude.

(Après avoir énuméré tous les huit moyens par lesquels on est tenté, l’Ancien Cleopa les a brièvement répétés et a ensuite ajouté les moyens de combattre chacune de ces tentations.)

Contre chacune de ces tentations - de derrière, de face, de gauche, de droite, d'en haut, d'en bas, de l'intérieur et de l'extérieur - il faut se battre par la vigilance (l'Ancien a utilisé précisément ce mot slave [трезвение]), c'est-à-dire l'attention, le soin et la réserve de l'âme et du corps ; la réserve et la vigilance de l'esprit ; la sobriété et le discernement; l’attention à ses pensées et à ses actions; ou, en un mot : le jugement. D'autre part, au moyen d'une prière constante qui invoque le nom du Seigneur Jésus-Christ, c'est-à-dire par une prière incessante. (Ici, le Père Petronius a ajouté en grec: " Προσοχή και προσευχή " - c'est-à-dire, comme l'ont dit les saints Pères, "par l'attention et la prière.")

En d'autres termes, a ajouté l'Ancien, les Saints Pères ont dit que la lutte contre toutes les tentations et les passions consiste à protéger l'esprit, l'âme et le corps de la tentation - c'est notre combat ascétique, de notre côté qui est humain ; du côté Divin, il faut continuellement et dans la prière demander l'aide du Seigneur Jésus-Christ Tout-Miséricordieux – et c'est cette prière incessante et fondamentale des hésychastes qu’on appelle la prière de Jésus: "Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi, pécheur!"

(version française de la source par Maxime le minime)

dimanche 12 novembre 2017

LA PRIÈRE DANS NOTRE VIE SPIRITUELLE par Geronda MOÏSE [8/8]

[8ème et dernière partie]

REMARQUES DE CONCLUSION SUR LA PRIÈRE

par Geronda MOÏSE l'Agiorite de bienheureuse mémoire

Ο γέροντας Μωυσής Αγιορείτη
Chers amis, que notre prière soit régulière, mais ni par coutume ni par devoir ; qu’elle soit accompagnée d’un programme, mais pas pour magnifier le programme. De cette façon, on peut s'attendre à ce que notre prière produise une douce chaleur et des variations et des grâces inspirantes. D'une manière mystique mais déterminée, Dieu nous informera si notre prière est vraie et si elle lui est agréable par la joie et la paix qui rempliront notre âme. Pour beaucoup, les tentations, les difficultés, les malheurs, les dangers, les décès, les pertes ont été des stimuli qui les ont conduits à l'art de la prière. Ces difficultés les ont aidés à faire des prières plus ardentes et plus fortes, telles qu’elles n'avaient pas été réalisées auparavant, même avec un effort persévérant, parce qu'elles n'étaient pas totalement engagées ou manquaient de sincérité.

Le véritable art de la prière est enseigné à la personne qui prie par Dieu Lui-même. La prière coutumière, sans un esprit de contrition, de componction n'est pas agréable à Dieu. Une âme qui aime Dieu ne peut vivre sans prière. Dieu attire l'âme à Lui-même par la prière. Dieu donnera seulement à l'humble le goût de la douceur de la prière. Seule la prière de l'humble peut être pure.

En dernière analyse, mes chers frères et sœurs, que vous soyez forts ou faibles, chauds ou froids, jeunes ou vieux, instruits ou sans instruction, riches ou pauvres, ecclésiastiques ou laïcs sachez que pas même une seule parole de nos prières est inutile. Elles sont toutes entendues, toutes. Pour cette raison n'oubliez pas, pendant ces heures sacrées, de mentionner mon indigne personne, puisque Dieu aime aussi les prières pour les autres, en particulier pour ceux qui en ont tellement besoin

(Version française de Maxime le minime de la source )
Fin

lundi 7 mars 2016

AVERTISSEMENT PROPHÉTIQUE DE St IGNACE BRIANTCHANINOV


À cause du manque de guides spirituels , de vivants vases de l’Esprit, à cause des innombrables périls dont nous somme entourés, notre situation mérite d’amères larmes, d'inconsolables lamentations. Nous sommes en détresse, nous nous sommes fourvoyés et il n'y a pas de voix qui puisse nous ramener de notre égarement  : le livre reste muet, l’Esprit déchu, désirant nous maintenir dans l’erreur, nous fait même oublier qu'un tel livre existe. Sauve-moi Seigneur, criait David qui, dans l'Esprit de prophétie, prévoyait  nos maux et parlait au nom de celui qui désire être sauvé, il n’est plus de saint! Il n’y a plus de maître ou de guide pneumatophore capable de nous montrer sans erreur la voie du salut, auquel celui qui veut être sauvé, puisse se confier en toute sécurité. Plus de fidèles, chez les fils des hommes, chacun ment à son voisin (Ps. 11, 1-3) sous l'impulsion d'une sagesse profane uniquement capable de développer et de sceller  les erreurs et la présomption. Nous sommes devenus extrêmement vulnérables, tandis que les occasions de chute se sont multipliées : autour de nous et ont acquis une puissance énorme ; elles se présentent dans une grande diversité et avec un attrait trompeur au regard malade de notre esprit et de notre cœur qu’elles attirent à elles et détournent de Dieu. Nous nous sommes à tel point soumis à l'influence  des tentations que nous avons même abandonné la direction spirituelle fondée sur la parole de Dieu et qui est pourtant notre seul moyen de salut. Cette direction spirituelle exige que l’on mène une vie très attentive, libre de distractions, mais notre volonté dépravée exige juste le contraire. Nous nous sommes tournés vers la réussite matérielle, vers  la réussite dans ce monde. Il nous faut des honneurs, il nous faut l’abondance et le luxe. Il nous faut des distractions et notre part de plaisirs mondains. Pour réaliser tout cela, nous sommes exclusivement préoccupés par le développement de la nature déchue. Nous avons perdu jusqu’à la notion de nature renouvelée ; les commandements de l’Évangile sont négligés et oubliés; l'ascèse intérieure nous est totalement inconnue, mais nous sommes complètement absorbés par l’ascèse extérieure dans le but de paraître pieux et saints aux yeux du monde et d’en recevoir la récompense. Nous avons abandonné la voie étroite et pénible du salut, et nous cheminons sur la voie large et aisée. Sauve-moi, Seigneur,  car il n’y a plus de saints. Nous voici  plus petits que toutes les nations, nous voici humiliés par toute la terre à cause  de nos péchés. Il n’est plus en ce temps, chef, prophète ni prince (Dan. 3, 37-38) pour nous guider dans la guerre invisible aux yeux de la chair, car ce n’est pas à la chair et au sang que nous sommes affrontés, mais aux Autorités, aux Pouvoirs, aux Dominateurs  de ce monde de ténèbres, aux esprits du  mal qui sont dans les lieux célestes (Éph. 6-12)

 Malheur au monde qui cause tant de chutes ! Certes il est nécessaire qu'il y en ait (Matth.18,7) a dit le Seigneur. Dieu permet à la fois la venue des tentations et la détresse morale qu'elles entraînent. Aux approches de la fin du monde, elles doivent devenir si fortes et si nombreuses que par suite de l'iniquité croissante, l'amour se refroidira dans la multitude (Matth. 34,12) Mais le fils de l'homme quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre? (Lc18,8). La maison d'Israël (l'Église) sera dévastée par l'épée, par la violence mortelle des tentations et deviendra déserte (Ez. 38,8) 

 La vie selon Dieu devient très difficile. Elle le devient parce que celui qui vit au milieu des occasions de chute et qui en a constamment sous les yeux ne peut pas ne pas en subir l'influence. De même que la glace perd sa dureté au contact de la chaleur et se transforme en la plus douce des eaux, de même un cœur débordant de bonne volonté, s’il est exposé à l'influence des tentations, surtout quand elle est constante, s'affaiblit et par changer. Mener une vie selon Dieu deviendra très difficile à cause de l'ampleur de l'apostasie généralisée. Les apostats dont le nombre aura augmenté, par le fait qu’ils continueront de s’appeler chrétiens et d'apparaître extérieurement comme tels, pourront d’autant plus facilement persécuter les vrais chrétiens ; ces apostats entoureront les vrais chrétiens de multiples pièges en dressant d’innombrables embûches sur la voie de leur salut et feront obstacle à leur désir de servir Dieu, comme le remarque saint Tikhon de Voronège et de Zadonsk. Ils agiront contre les serviteurs de Dieu par la violence de leur pouvoir, par la calomnie, par des machinations pleines de malice, par toutes sortes d'artifices et par de cruelles persécutions. Le Sauveur du monde trouva à grand-peine refuge dans l’obscur et lointain village de Nazareth pour se cacher d'Hérode et des scribes, des Pharisiens, des prêtres et des grands-prêtres juifs qui le haïssaient ; de même …

jeudi 27 mars 2014

SUR LE SCANDALE (2) : De la nécessité des tentations et des chutes dans la voie par St Jean Chrysostome

"Luc exprime cette pensée en des termes dilïérents: "Il est impossible qu'il n'y ait point de scandales" (Luc 18;1). Qu’est-ce à dire, "des scandales"?  des obstacles pour la voie droite. On donne au théâtre ce nom aux gens qui font prendre au corps l'attitude qu’ils veulent. La prophétie du divin Maître n’est donc pas la cause des scandales; loin de nous une créance pareille: ils n’arrivent pas précisément parce qu’Il les a prédits ; mais Il les a prédits parce qu’ils devaient arriver. Si les auteurs des scandales l’avaient bien voulu, jamais ces scandales ne seraient arrivés; or, s’ils n’avaient pas dû arriver, le Sauveur ne les aurait pas annoncés. Mais il y a des hommes livrés au mal, et sur ce point incorrigibles ; voilà pourquoi Jésus annonce ce qui devait arriver. — Et s’ils s'étaient amendés, observerez-vous; si aucun d’eux n’eût causé de scandales, la parole du Sauveur eût été entachée de fausseté ? — Gardez-vous de le croire: certainement, si tous ces hommes eussent dû se corriger, Il n’aurait point dit : "Il est nécessaire qu'il y ait des scandales" mais, comme Il prévoyait leur impénitence, alors Il a déclaré que ces scandales arriveraient infailliblement.

 Vous demanderez pourquoi Il ne les a pas prévenus. En faveur de qui, vous demanderai-je à mon tour, aurait-Il dû les prévenir? En faveur des personnes que blessent les scandales? Mais ce n’est pas à cause des scandales que périssent les personnes, c’est à cause de leur lâcheté. La preuve, nous la trouvons dans l'exemple de ceux qui pratiquent la vertu, et qui, loin de souffrir du scandale à quelque degré, n’en acquièrent que plus de mérite : ainsi furent Job, Joseph, tous les justes et tous les apôtres. Encore une fois, plusieurs se sont perdus, mais par suite de leur appesantissement et de leur négligence ; s‘il en était autrement, si les scandales étaient la cause de ces malheurs, nous devrions périr tous. Puisqu'il en est qui ne périssent pas, que les autres ne s’en prennent qu’à eux-mêmes de ce qui leur arrive. Comme nous l'avons déjà dit, les scandales réveillent l’âme de son assoupissement, ils augmentent sa pénétration et sa perspicacité; ce qui s'applique soit à celle qui veille sur elle-même, soit à celle qui a fait une chute et qui, ne tardant pas à se relever, n'en sera désormais que plus vigilante et de capture plus difficile. Soyons donc attentifs, et nous en retirerons l'inestimable avantage de ne pas nous laisser gagner par le sommeil. Si nous allions nous y livrer, au milieu des ennemis qui nous pressent, des tentations qui nous assaillent, que deviendrions-nous dans le cas où notre vie serait exempte d'épreuves. Songez au premier homme: il ne reste que quelques instants dans le paradis, un jour tout au plus dans les délices, et il en vient à ce point de perversité qu'il rêve de s'égaler à Dieu, qu’il estime son bienfaiteur un trompeur, et qu’il viole le précepte unique qu‘il en a reçu. Or, s’il eût passé le reste de sa vie sans adversité, à quels excès n’aurait-il pas été entraîné ?" (à suivre)

mardi 27 août 2013

Fluctuat nec mergitur : L'Église tangue mais ne sombre pas !

Après le miracle de la multiplication des pains dans le désert où furent rassasiés cinq mille hommes, Jésus ordonna à ses disciples de monter dans une barque pour passer de l’autre côté du lac et se rendre dans la ville de Capernaüm, Jésus en effet, devant l’enthousiasme des gens assemblés voulait éviter d’éventuels débordements du peuple qui, ne percevant pas sa double nature humaine et divine, voulait le proclamer Roi d’Israël, réduisant par là son enseignement, sa mission et sa personne à sa seule nature humaine.



Il s’éloigna donc de la foule.
Cependant, alors que les disciples naviguaient pendant que Jésus priait, un vent soudain se mit à souffler très fort, la mer devint furieuse et la barque était battue par les flots. Les heures passaient, la nuit recouvrait tout, et les disciples désespérés tentaient de se sauver avec leur barque.
C’est en peu de mots que l’Évangile nous décrit la position difficile des disciples au moment où la mer était démontée.
La petite barque des disciples est semblable  à celle de chacun des hommes qui navigue  « sur la mer agitée de sa vie ».
Notre vie est semblable à une navigation sur une mer tantôt calme, tantôt déchaînée et sauvage.  Dans la vie en effet il n’y a pas seulement des jours de joie et de bonheur, il y a aussi des jours d’affliction et de malheur.  Ces jours de bonheur – il faut bien le dire – sont peu nombreux à l’opposé, les jours de tristesse et de malheur ont tendance à être plus nombreux si bien que la terre est souvent vue comme une « vallée de larmes » tant elle apporte d’ennuis, de tracas, d’épreuves, de soupirs, de pleurs et de larmes.

Les Saints Pères comparent le bateau des disciples à l’Église du Christ qui vogue entre les vagues de l’incrédulité, dans les tempêtes de la haine des hommes, et dans les orages des hérésies. St Nicodème l’hagiorite dans son livre « Le Gouvernail (du navire métaphorique de l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique des chrétiens orthodoxes, ou Tous les saints et divins  canons» (Πηδαλιον*) écrit :

«Le bateau des disciples représente l’Église universelle du Christ,
La quille en est la foi en la Sainte Trinité,
Les poutrelles et  les planches en sont les dogmes, de notre foi et de nos Traditions,
Le mât représente la croix,
Les voiles et le gréement, l’Espérance et l’Amour,
Le commandant à la barre est le Seigneur,
Les compagnons et les marins sont les Apôtres, et leurs successeurs
Les passagers sont tous les Chrétiens orthodoxes,
La mer est la présente vie
Et le vent peut être tel une brise légère qui gonfle les voiles du navire, il représente alors le souffle porteur des grâces du Saint Esprit qui pousse le bateau dans la direction du port du Royaume Céleste mais il peut être aussi un vent contraire, celui des épreuves, ou celui des tentations qui déroute le bateau de sa destination. »


L’Église, au cours des siècles jusqu’à nos jours, s’est trouvée maintes fois dans d’épouvantables tempêtes. Elle a subi de terribles persécutions, des hérésies inspirées de Satan, des schismes fondés sur la satisfaction de l’ego, des conflits internes, des scandales et des tentations qui l’ont menacée de dévastation. Elle a souvent été peinte avec le sang de ses martyrs, elle est descendue dans les catacombes, a transmis sa foi dans des écoles clandestines, s’est réfugiée dans les grottes du désert, dans l’obscurité des forêts, muselée par les puissances du moment, enchaînée, exilée.
Elle a affronté les « vagues », elle a été combattue mais n’a pas été vaincue, malmenée par le déchaînement des flots mais elle n’a pas sombré, bouleversée dans la tourmente mais elle s’est rétablie.

La société d’aujourd’hui ressemble également à l’embarcation des disciples ; dans un environnement de civilisation et de culture spirituelle artificielles, elle « tangue » soumise à des courants sournois qui menacent son existence.
Les vagues furieuses du matérialisme, du « sexualisme », de l’athéisme et du modernisme déferlent impitoyablement sur ses flancs. La violence, les guerres, le terrorisme, l’abandon, le mépris et le piétinement des idéaux, l’abolition de toute morale, le manque d’amour envers son prochain, toutes ces choses ne sont-elles pas les furieuses vagues qui menacent l’existence de toute société humaine?
Les leaders politiques nous assurent toujours du progrès social acquis sans retour possible, de la prospérité à venir à coup sûr et des magnifiques bienfaits systématiques de la science dans tous les domaines, faisant tour à tour, selon les besoins du marketing électoral assurant leur carrière, l’apologie des idéologies libérales, socialistes et scientistes, de leur combinaison et de leurs variantes. Mais derrière cette croyance tranquille en une lumineuse avancée humaine inéluctable vers un âge d’or à venir d’ici peu, grâce une « gouvernance éclairée » qu’il est de bon ton de soutenir, les yeux fermés d’une seule voix contre les forces réactionnaires et rétrogrades de toute tradition... règne le chaos intellectuel et moral, une monstrueuse confusion des esprits rarement atteinte  et une crise culturelle et spirituelle  d’une capacité de destruction des hommes et des sociétés qui est l’écho de toutes les crises monétaire, bancaire, financière de  pays dont on annonçait il n’y a pas si longtemps les exploits d’une croissance assurée exemplaire…

Cependant l’Evangéliste Mathieu nous dit que « Dès l’arrivée du Seigneur le vent cessa, la mer redevint calme et l’embarcation poursuivit son voyage sans encombre. »

De cette phrase nous pouvons tirer l’enseignement suivant :

 Lorsque dans les heures sombres de notre vie, le Christ est absent, nous risquons de nous noyer dans l'abattement et la tristesse mais dans ces moments de douleur et d’affliction, le Christ est avec nous, et la maladie, le deuil, le malheur, ne nous plongent pas dans le désespoir, mais avec patience et espérance nous nous battons, et comme les disciples, nous crions : « Seigneur, sauve-nous ! »
Lorsque dans ces moments-là nous sentons à nos côtés la main puissante de Dieu, cela nous réconforte. La voix du Seigneur disant « N’ayez pas peur ! » nous remplit de courage et d’optimisme.
Les sociétés ayant le Christ comme guide ne sont pas dévastées par les vagues du mal. À l’opposé les sociétés qui vivent sans Dieu vont fatalement plonger dans la boue de leurs idéaux mondains et impurs et s’effondrer.
 C’est pourquoi l’Église, bien qu’elle voyage continuellement dans les tempêtes, tangue mais ne s’enfonce pas dans l’abîme, car le commandant qui est sa barre est le Christ, par la présence duquel sont vaincus non seulement les éléments de la nature mais également ceux du mal.


*Πηδάλιον τῆς νοητῆς νηὸς τῆς μίας ἁγίας καθολικῆς καὶ ἀποστολικῆς τῶν ὀρθοδόξων Ἐκκλησίας ἤτοι ἅπαντες οἱ ἱεροὶ καὶ θεῖοι Κανόνες τῶν ἁγίων καὶ πανευφήμων Ἀποστόλων, τῶν ἁγίων Οἰκουμενικῶν τε καὶ τοπικῶν συνόδων καὶ τῶν κατὰ μέρος θείων Πατέρων

(Version et adaptation en français  par Maxime le minime
 d'une homélie de Μητ. Φθιώτιδας κ.Νικόλαος)

jeudi 16 septembre 2010

La guerre sainte du point de vue byzantin [4]

La véritable guerre sainte, invisible = le combat spirituel
ο πνευματικός πόλεμος 



"L'attitude byzantine envers la guerre peut être mieux comprise dans le contexte de la manière dans laquelle ils voyaient le monde et la vie en général. Ce monde et la vie qu'elle portait étaient fragiles et éphémères. La seule réalité permanente se trouvait dans un autre monde, le Royaume des cieux. L'empire sur la terre était un simple reflet de celui des cieux, et l'empereur était appelé à imiter le Seigneur du Ciel. En dessous de Dieu, il se devait d'assurer le bien-être de ses sujets et de les protéger contre tous les dangers, à l'intérieur et l'extérieur. L'Église avait un rôle différent. Jésus avait dit à ses disciples qu'il pourrait faire appel à des légions d’anges pour se sauver de la mort17 mais Il ne le fit pas, et son Église ne doit pas plus le faire.


 Contrairement à sa sœur latine, l'Église byzantine laissait l'appel aux armes et la l’engagement de la guerre, même contre les hérétiques les plus pernicieux et destructeurs et les infidèles au gouvernement impérial. Mais elle prenait la tête d’un autre genre de lutte, celui pour les âmes des fidèles, une lutte non contre les ennemis de l'homme, mais contre les puissances cosmiques et les forces supra humaines du mal18. Pour les chrétiens byzantins il s'agissait d'une forme de guerre qui pourrait être appelé sainte, même si je n'ai pas trouvé l'utilisation explicite de ce terme. Le concept du chrétien impliqué dans un combat contre les forces du mal remonte, bien sûr, à Saint Paul, si ce n'est avant19.


Bien que chaque chrétien  se dût de résister aux assauts du diable, les moines étaient les troupes de première ligne dans la guerre contre les légions de Satan. Nuit et jour, selon Grégoire de Nazianzos, le moine doit lutter dans le combat spirituel (pneumatikos polemos) 20.


St Jean Chrysostome dit à son auditoire que la guerre contre les démons est difficile et sans fin21.
Le combat spirituel est un thème récurrent dans les vies de saints22. Des démons sous des formes variées, des hyènes aux dragons, y attaquent sauvagement les saints parmi lesquels on compte Théodore d'Edesse, Gregoire de Dekapolis, Joseph le psalmiste, Jean Psychaites, Isidore, l’abbesse Sarah, et de nombreux autres23. Histoire après histoire on raconte  leurs luttes incessantes contre les forces du péché et des ténèbres.
Les démons, pour leur part, prennent la guerre au sérieux. Ils apparaissent en ordre de bataille, en phalanges de cavalerie et d'infanterie qui font volte-face en formation. Les récits les montrent portant des cuirasses de fer et munis d’arcs, de flèches et d'autres missiles24. Ils commencent leur progression contre Saint Ioannikios en bon ordre, faisant un vacarme épouvantable ; ils sont organisés en ordre de bataille, poussent  leur cri de guerre, et tirent un flux régulier de flèches sur lui. Tout cela le Saint le repousse par le signe de la croix. Sous le commandement de leur stratège, Satan, les démons se sont déployés eux-mêmes avec  leurs phalanges en une véritable ligne de bataille (parataxe), tout comme font  les forces armées de l'empereur25. Comme le prescrivent les manuels militaires, ils feignent la retraite, crient des insultes de loin, se regroupent, et reviennent à l’attaque. Le saint les repousse avec une croix en bois faite sur place, mais l'effort le laisse épuisé. Un moine du Skite entend une sonnerie de trompette de guerre signalant que les démons se préparent à l'attaquer et le forcer à quitter sa prière26.


Pour faire face à de tels adversaires, le moine doit se faire soldat. Syméon rappelle à ses moines qu'ils ont été appelés à combattre contre des ennemis invisibles. Ils ont répondu à l’appel et pris leur place dans les rangs des soldats du Christ27. Les moines n'ont pas attendu d'être attaqués ; ils ne sont pas contentés de garder le fort, mais ils ont porté la guerre dans le territoire du diable et l’ont combattu sur son propre terrain, dans le désert et dans d'autres endroits sauvages, abandonnés. Beaucoup se sont installés dans le désert où vivaient les démons28. Daniel le Stylite apprend que les démons se cachent dans une vieille église. Il s’y rend immédiatement pour se battre avec eux « comme un  brave soldat s’arme pour la bataille contre une armée de barbares » tenant l'invincible arme de la croix29." (à suivre)


(Version française de Maxime le minime)
d'après Defenders of the Christian People: Holy War in Byzantium
By George T. Dennis 
un extrait de Les croisades du point de vue de Byzance et du monde musulman
édité par Angeliki E. Laiou et Mottahedeh Parviz Roy
publié par Dumbarton Oaks Research Library and Collection
Washington, D.C.