Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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dimanche 22 décembre 2019

Le monastère serbe de Mileseva


monastère Mileseva 
Le monastère de Mileseva a été fondé par Vladislav, roi de Serbie, fils de Stefan le Premier Couronné et petit-fils de Stefan Nemanja, fondateur de la dynastie la plus influente médiévale serbe. Les anciens biographes serbes ont enregistré que l'érection de Mileseva a commencé immédiatement après l'adhésion de Vladislav au trône en 1234. Cependant, quelques détails spécifiques des fresques de l' église mènent à la conclusion qu'il aurait été construit une dizaine d' années plus tôt. A cette époque , Vladislav était un prince royal régnant sur la zone de Crna Stena (Rocher Noir). Après avoir passé près de dix ans sur le trône, Vladislav passa le sceptre royal à son frère cadet Uros en 1243. Demeurant plus tard dans la région côtière de Zeta, il est mort dans les années 1280 et fut enterré dans sa fondation royale au Monastère de Mileseva . 



Vue du monastère
Comme beaucoup de fondations monastiques royales auparavant, l'église de Mileševa fait partie de   « l'école Raska [Rascian] ». Ce style est caractérisé par un style roman, commun sur la côte Adriatique serbe et du littoral de cette époque, qui, dans sa disposition de base a été adaptée aux besoins du culte orthodoxe de l'Est. L'église est composée d'une nef avec deux chapelles inférieures, une grande abside centrale, et deux absidioles. Il avait d'abord un dôme, et plus tard, probablement au 19ème siècle, il en a un autre sur l'exonarthex. Le narthex a été construit par le roi Vladislav autour de 1235 pour enterrer son oncle, archevêque Sava, qui à cette époque était mort en Bulgarie sen revenant du pèlerinage en Terre Sainte. En raison de la tombe de Saint-Sava, Mileseva a acquis un énorme prestige aux yeux de la nation serbe et est devenu un centre de pèlerinage. 

L'Ange blanc- Les myrrhophores au saint Sépulcre, détail 

L'Annonciation, détail
C'est à Mileseva en 1377 que Stefan Tvrtko a été couronné roi de Bosnie et Serbie ; depuis le monastère Mileseva était sur le territoire de son état. En l'an 1446 Stefan Vukcic Kosača, chef de Zahumlje, a ajouté à ses titres celui de « Herzeg (duc) de Saint-Sava », et par conséquent, sa juridiction, qui s'est étendue jusqu'au monastère de Mileseva, a obtenu le nom « Herzégovine. " En conséquence, dans la poésie épique serbe, le monastère est souvent appelé « Mileseva de l'Herzégovine. » Au 16ème siècle, l'un des premiers serbes typographies magasins exploités en Mileseva. 

Jésus prie à Gethsémané, détai

Vers la fin du 17ème siècle, lors de soulèvements nationaux contre la domination ottomane et des migrations plus tard au nord, Mileseva a été brûlé par les Turcs plusieurs fois. En conséquence de cela et après diverses tribulations les moines durent souvent partir. Le célèbre récit de voyage de l'auteur russe A. Hilferding  en 1857 a trouvé Mileseva en ruines. L'église du monastère, ainsi que le réfectoire, ont été reconstruits en 1863 par les efforts des citoyens de Prijepolje. Cette action a sauvé l'église et les fresques de plus de décadence. 

sarcophage reconstitué de St Sava 
Le Monastère Mileseva est surtout connu pour ses fresques, considéré par de nombreux experts comme faisant partie des plus belles réalisations de la peinture à fresque européenne au Moyen Age. Les valeurs artistiques les plus élevées sont attribuées aux portraits des premiers rois de la dynastie Nemanjic. Parmi eux, on peut trouver l'image de Stefan Nemanja (canonisé comme saint Syméon), puis les portraits de Saint-Sava, le roi Stefan le Premier Couronné, roi Radoslav, et le roi Vladislav. L'image de Saint Sava a une importance  extraordinaire car elle a été peinte au cours de sa vie.


Sts Sava et Simeon Nemanja 

La bénédiction du Christ du fondateur de l'Eglise

Le roi Stefan le Premier Couronné et ses fils, Radoslav, et Vladislav 
(droite à gauche) 

Cependant, la renommée du monastère Mileseva a été rythmé surtout par l'Ange célèbre qui se trouve sur la tombe du Christ: une figure suggestive, qui - par la maîtrise du dessin, l'harmonie des couleurs et la spiritualité de l'expression - irradie d'une beauté quasi transcendante. Ainsi que ses autres fresques - les deux compositions et des chiffres individuels - la sortie de Mileseva constitue une entité uniforme et organique et remarquable dans la galerie in situ. En effet, il est souvent affirmé que - ainsi que les travaux du monastère Sopocani - les peintures murales de Mileseva représentent l'apogée de l'antique art serbe.

mercredi 13 novembre 2019

À PROPOS DE L'OTAN… N'oubliez pas !



Les bombardements de l’OTAN sur la Serbie, sans aval du Conseil de sécurité de l’ONU, ont commencé le 24 mars 1999 et ont duré 78 jours. Selon les estimations du gouvernement serbe, 2500 personnes ont péri durant ces bombardements et plus de 12.000 personnes ont été blessées, dont 79 enfants. Lors des bombardements ont été détruits 25.000 lieux d’habitations, 470 kilomètres de routes et 595 km de voies ferrées. En outre, 14 aérodromes, 19 hôpitaux, 20 dispensaires médicaux, 18 jardins d’enfants, 69 écoles, 176 monuments et 44 ponts ont été endommagés. 2300 frappes aériennes ont eu lieu dans toute la Serbie. 1150 avions de combat ont jeté environ 420.000 projectiles, représentant une masse totale de 22.000 tonnes. L’OTAN a lancé 1300 missiles de croisière, 37.000 bombes à sous-munitions, ainsi que des bombes à uranium enrichi. Au Monténégro, au monastère de Cetinje, le métropolite Amphiloque a célébré également un office de requiem et a déclaré que si l’OTAN, du temps du Pacte de Varsovie avait une justification en raison du communisme athée qui exerçait sa tyrannie, « il n’y a plus aujourd’hui pacte de Varsovie, ni Union soviétique. Quelle est alors la raison d’être de l’OTAN, contre qui est-il dirigé et à quoi sert-il aujourd’hui ? » s’est interrogé le métropolite. « Si le but de l’OTAN est le même que ce qui nous est arrivé en 1999 (…) alors la création du nouvel ordre [mondial], ressemble beaucoup aux ordres précédents sans Dieu, dont les traces dégagent une odeur fétide d’inhumanité », a conclu le métropolite Amphiloque. (source)

lundi 17 juin 2019

PROGRÈS ≠ TRANSFIGURATION

sur le Blog LA LORGNETTE ORTHODOXE 

discours prononcé le 3 septembre 1914
 devant l’auditoire de l’Académie de Théologie de Moscou 
par le Saint Archevêque-Martyr Hilarion (Troïtski)

L’actualité stupéfiante de la réflexion du saint martyr, datant d’un siècle, place dans une perspective orthodoxe les événements que nous vivons depuis le début du XXIe siècle.



EXTRAIT :

[…] Le progrès culturel est atteint par ceux pour lesquels il est devenu une sorte d’idole. Et, bien sûr, il ne fait aucun doute que pour la conscience européenne, le progrès n’est plus depuis longtemps un idéal seulement, mais bien une idole. N’est-ce pas avec une certaine piété que les mots «culture», «progrès» et autres sont prononcés par les Européens contemporains, ainsi que par nos européistes; pour eux, ces mots sont sacrés. Ils sont prêts a déclarer que tout propos contre la valeur de la culture est un blasphème. L’hérétique, qui doute de la valeur du progrès ou qui n’en accepte pas complètement la valeur, est menacé d’être battu à coups de trique.
Mais il n’est pas difficile de montrer que le progrès est, des points de vue idéel et pratique, lié à la guerre.  […] L’idée du progrès n’est-elle pas l’application à la vie humaine du principe général de l’évolution ? Mais la théorie de l’évolution est la légitimation du combat pour l’existence. Dans ce combat, les plus faibles meurent, et survivent ceux qui sont les plus aptes à combattre. […]
Ainsi se dévoile le lien indissoluble et essentiel du progrès avec la guerre et la cruauté. Le fer et l’épée frayent une voie vers l’avant à l’humanité. Le rouleau du progrès passe sur les cadavres et laisse derrière lui une traînée de sang. La guerre est le meilleur indicateur de l’état intérieur du progrès culturel, et dans cet état intérieur du progrès se dévoile une effroyable tragédie. Car qu’est-ce qui progresse plus vite que tout? Les armes de guerre, c’est-à-dire les armes de destruction des cultures humaines et des vies humaines elles-mêmes progressent incomparablement plus rapidement que les facilités culturelles de la vie.[…]

LIRE L'ARTICLE INTÉGRAL ICI  


mardi 26 mars 2019

LE PATRIMOINE SERBE

LE MONASTÈRE de DECANI 1327








Le monastère de Visoki Decani est un important monastère orthodoxe serbe, situé au Kosovo et Metohija, à 12 km au sud de la ville de Pec. Sa cathédrale est la plus grande église médiévale des Balkans, elle contient le plus grand monument préservé de  fresque byzantine.

Le monastère a été créé dans une châtaigneraie par le roi Stefan Decanski en 1327. Sa charte fondatrice d'origine est cependant datée de 1330. L'année suivante, le roi mourut et fut enterré au monastère, qui est devenu désormais son sanctuaire populaire. Les activités de construction ont été poursuivies par son fils Stefan Dusan jusqu'à 1335, mais la peinture murale ne fut achevée qu'en 1350.

La cathédrale, dédiée au Christ Pantocrator et construite à partir de blocs de marbre rouge-violet, jaune clair et onyx, a été construite par des maîtres bâtisseurs sous la direction du moine franciscain Vitus de Kotor. Il se distingue des autres églises serbes contemporaines par ses dimensions imposantes et ses caractéristiques romanes évidentes. Ses fresques célèbres comprennent environ mille portraits de saints et couvrent tous les grands thèmes du Nouveau Testament. L'iconostase en bois,  le trône de l'higoumène et le sarcophage sculpté du roi Stefan qui se trouvent dans la cathédrale datent du 14ème siècle,

En 2004, l'UNESCO a inscrit le monastère sur la  Liste du patrimoine mondial, en citant ses fresques comme « l'un des exemples les plus appréciés de ce qu'on appelle la Renaissance Paléologue  dans la peinture byzantine » et « un précieux témoignage de la vie au 14ème siècle ».


mardi 14 août 2018

L’article de Claude "illustré" sur les crimes des Oustachis croates et leurs massacres de Serbes orthodoxes, de Juifs et de Tziganes

…avec la bénédiction (et la participation) de l'Église catholique

 lire sur le Blog  Orthodoxologie










Dans la forêt Uskočka - Exhumation de cadavres de victimes civiles massacrées
 au couteau, au marteau et à la hache— aucune victime par balles.

La Croatie n'a pas toujours eu le visage souriant
 et le comportement ouvert de son actuelle présidente…

Une belle jeunesse, "bien formée"




La continuité

Jean-Paul II priant le "Bienheureux"Stepinac


Benoît XVI priant le  "Bienheureux" Stepinac

La rupture ?



Le pape François a personnellement arrêté la canonisation du cardinal croate Alojzije Stepinac après une lettre adressée à lui par le patriarche orthodoxe serbe Irinej et a décidé de proposer la mise en place d'une commission mixte qui examinera en détail la vie et l' œuvre du cardinal Stepinac.L




Le camp de la mort croate de Jasenovac
 était « pire qu'Auschwitz »

Un article de l'expert israélien de l' Holocauste, le professeur Gideon Greif. (version française Maxime le minime de la source)

professeur Gideon Greif

"Selon lui, les gens qui ont l'intention de canoniser Stepinac sont des « criminels qui se moquent des victimes de Jasenovac » - un camp où, d'après les survivants, la torture était encore plus horrible que d'Auschwitz.

Jasenovac était un camp de la mort pour les Serbes, les Juifs et les Roms , dirigé par le régime oustachi de l'Etat indépendant-allié nazi de Croatie (NDH) pendant la Seconde Guerre mondiale dans les Balkans.

Greif, l'historien en chef de l'Institut israélien pour l' éducation, la documentation et la recherche de l'Holocauste Shem Olam, a déclaré au Vecernje quotidien belgradois Novosti dans une interview que lui et le rabbin Avraham Krieger, qui dirige l'institut, est venu à Belgrade pour exprimer leur opposition à les tentatives croates de réviser l' histoire. 



« Pour ce qui est du cardinal Alojzije Stepinac, je vous dirai brièvement ceci : sa canonisation est un crime en soi, et les gens qui ont l' intention de le canoniser sont des criminels se moquant des victimes. Toute personne qui a soutenu un régime criminel comme le régime oustachi ne mérite pas la moindre récompense » dit Greif.



Il trouve navrant que beaucoup de ses collègues historiens, ne sachent rien de Jasenovac. 

« Ils ne savent même pas dans quel état c’était, et encore moins le localiser. Et l'histoire des victimes à Jasenovac est non seulement une histoire de la mort, mais une histoire des atrocités, du mal, du sadisme, d'inhumanité. Dans les camps de concentration dirigés par les Croates, la mort avait la valeur la plus élevée», dit encore Greif.. 


Il ajoute que Jasenovac et d' autres camps dans leur « système » étaient différents des autres camps nazis parce que, selon les témoignages des survivants, la torture y était beaucoup plus monstrueuse qu'à Auschwitz et dans d' autres camps de concentration nazis. Il est également différent parce qu'il a été créé et exploité sans l'implication de soldats allemands. 



« Ce fut l'enfer sur terre. Voilà pourquoi à Jasenovac, les mains croates sont complètement couvertes de sang », déclare Greif. Le professeur a étudié Jasenovac pendant les deux dernières années, et a annoncé la publication de son livre, « Jasenovac - Auschwitz des Balkans. » Il a observé que Jasenovac était le seul à avoir des camps de la mort pour les enfants. 


« Les Allemands avaient des camps pour les femmes, les hommes ou des camps mixtes, où les enfants étaient avec les adultes, mais les Croates sont allés plus loin et ont même eu des camps pour enfants. Une horreur !», a déclaré Greif, ajoutant que « la vérité terrible et indiscutable » est que même officiers allemands en visite Jasenovac et d' autres camps en Croatie ont été stupéfaits par la brutalité de qu'ils ont vu. 
Le professeur a ensuite rappelé que le 10 Juillet 1941, l'attaché militaire allemand à Zagreb, Edmond von Horstenau, a écrit à Heinrich Himmler que les troupes allemandes ont été les « témoins silencieux de la brutalité des Oustachis sur les Serbes, les Juifs et les Roms. » 
Le professeur a dit que, à cause de toutes les horreurs qu'il a apprises sur les victimes de Jasenovac au cours des deux dernières années, il a décidé de consacrer une partie de son travail à leur vie, en soulignant qu'il était certain que « leurs assassins les Croates et leurs amis » ne réussiraient pas à « effacer les traces de ce crime, et de réécrire l' histoire, et déformant les faits. » 

Vecernje Novosti a également publié un article indiquant que les documents qui cachent la vraie vérité sur le rôle de Alojzije Stepinac sont enfermés dans l'archidiocèse catholique de Zagreb, et inaccessibles. Tous les documents compromettants ont été retirés du dossier de l'État croate de sécurité sur Stepinac et a fini enfermé, aux Archives de l'Etat croate, dit le quotidien. 
Ce « tri » des documents a été fait par les hauts responsables catholiques croates, « alors que certains documents ont été retirés par le premier président de la Croatie, Franjo Tudjman. » 
Les documents restent inaccessibles aux chercheurs et aux historiens, y compris les membres d'une commission mixte composée de représentants de l'Eglise orthodoxe serbe (SPC) et l'Eglise catholique en Croatie, qui ont dialogué pendant un an dans l'espoir de clarifier le rôle de Stepinac pendant la Seconde Guerre mondiale. 

Le CPS est opposé à la canonisation de Stepinac, qui est la raison pour laquelle le pape François l'an dernier a suspendu la procédure… 

jeudi 11 août 2016

MILOŠEVIĆ DISCULPÉ par le TPIY, tandis que l'OTAN passe à autre chose … par Neil Clark

Manifestation d’hommage à Slobodan Milosevic - Cimetière de Pozarevac – 10 mars 2007

La disculpation, par le TPIY, de feu Slobodan Milosevic, ancien président de la Yougoslavie, pour les crimes de guerre commis en Bosnie qui lui étaient reprochés, prouve une fois de plus qu’il faut prendre les accusations de l’OTAN à l’encontre de ses « ennemis officiels » non pas avec « un grain de sel », mais avec un  plein camion. 
Depuis une bonne vingtaine d’années, les commentateurs néo-cons et les grosses légumes de l’« interventionnisme libéral » n’ont cessé de nous ressasser à toutes les occasions possibles, que Milosevic (dirigeant démocratiquement élu à la présidence d’un  pays qui comptait 20 formations politiques fonctionnant librement) était un vil dictateur génocidaire, responsable de TOUS les morts des Balkans dans les années 1990. Répétez après moi, d’une voix de robot et en faisant des gestes de robot avec les bras : « agression génocidaire de Milosevic », « agression génocidaire de Milosevic »…
Mais la fable officielle, tout comme celle qu’on nous a vendue en 2003 sur les Armes de Destruction Massive de l’Irak capables de nous atteindre en 45 minutes, était une pure invention chargée de justifier une opération de changement de régime forcé que souhaitaient depuis longtemps les factions dominantes occidentales.
La conclusion du TPIY qu’une des personnalités les plus démonisées des temps modernes était innocente des crimes atroces dont elle avait été accusée aurait dû faire la une et les gros titres de tous les médias dans le monde. Il n’en a rien été. Le TPIY lui-même a bien pris soin d’enfouir la nouvelle aussi profondément que possible dans son verdict de 2.590 pages du procès du leader serbe bosniaque Radovan Karadzic, condamné en mars dernier pour génocide (à Srébrénica), crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Pas la moindre annonce officielle ni la plus infime conférence de presse concernant la disculpation de Milosevic. Sans le journaliste et chercheur Andy Wilcoxon qui l’a déterrée pour nous, on n’en aurait rien su.
Ah, combien les choses étaient différentes quand le procès du prétendu « Boucher des Balkans » a débuté en février 2002 ! Là, il aurait fallu être enfermé au fond d’une garde-robe pour ne pas être au courant de ce qui se passait.
CNN assurait alors une couverture en béton de ce qui fut décrit comme « le procès le plus important depuis Nuremberg ». Bien entendu, la culpabilité de Milosevic allait de soi. « Quand la sentence tombera et qu’il disparaîtra au fond de sa cellule, personne au monde n’en entendra plus jamais parler. » déclara l’avocate US Judith Armatta, de Coalition pour une Justice Internationale, organisation qui comptait l’ex-ambassadeur US en Yougoslavie Warren Zimmerman, dans son conseil consultatif.
Quiconque osait alors mettre en doute la ligne de l’OTAN se faisait traiter d’« apologiste de Milosevic », ou pire : de « négateur de génocide », par les « Responsables du maintien de la Vérité impériale ».
Mais, malgré le blabla et le battage qui entouraient le « procès du siècle », il fut vite évident que l’accusation pataugeait dans une très profonde choucroute. Le Sunday Times a même cité un expert qui disait que « 80% des attendus de l’acte d’accusation auraient été disqualifiés par n'importe quelle cour britannique, comme ne consistant que de rumeurs ». C’était à mon avis une estimation généreuse.
Le problème, c’est qu’il s’agissait d’un procès bidon, d’un procès-spectacle où la géopolitique a pris le pas sur les preuves tangibles. Il est important de se rappeler que les charges d’origine contre Milosevic, quant à de prétendus crimes de guerre au Kosovo ont été formulées en mai 1999, au plus fort de la campagne de bombardements massifs de l’OTAN sur la Yougoslavie, et à un moment où la guerre ne se déroulait pas comme prévu par les États-Unis et leurs alliés.
Les charges avaient clairement pour but de faire pression sur Milosevic, pour l’amener à céder aux exigences de l’OTAN [c. à d. à acceper de bonne grâce le démantèlement de son pays.NdT]
L’ennui pour l’OTAN, c’est qu’au moment où le procès de Milosevic allait débuter, la fable sur le Kosovo avait déjà commencé à se détricoter. Les dénonciations stridentes des USA et de leurs alliés à propos de génocide et de centaines de milliers de tués, remises à leur place ici par le grand John Pilger, s’étaient déjà avérées des calembredaines. En septembre 2001, une cour de justice de l’ONU allait établir qu’il n’y avait pas eu de génocide au Kosovo. 
C’est pourquoi, pour tenter d’étoffer leur cause de plus en plus faible contre Milosevic, il fallait absolument que les procureurs de La Haye trouvent de nouveaux motifs d’inculpation dans la guerre de Bosnie. Ce qui fut fait en accusant « Slobo » d’avoir mis sur pied une conspiration criminelle visant au nettoyage ethnique des Croates et des musulmans de Bosnie, dans le but de réaliser son projet d'une « Grande Serbie ».
Dans un procès normal au criminel, on recherche les preuves, et quand elles sont jugées suffisantes, on énonce les charges. C’est le contraire qui s’est produit dans le cas de Milosevic : il a d’abord été accusé pour des raisons politiques, et on a ensuite essayé de prouver ce dont on l’accusait.
L’ironie veut que l’ancien président avait déjà été loué par le président Clinton pour le rôle qu’il avait joué en faveur des efforts de paix en Bosnie en 1995, efforts dont le résultat avait été le traité de paix signé à Dayton, Ohio.
La vérité, c’est que Milosevic n’a jamais été un nationaliste serbe mais – pendant toute sa vie - un socialiste qui s’est toujours efforcé de maintenir une Yougoslavie multi-raciale, multi-ethnique, stable.
Son but, tout au long de ses années de pouvoir, n’a jamais été de bâtir une « Grande Serbie » mais d’essayer de maintenir entière et cohérente une Yougoslavie fédérale, ainsi que le reconnaît aujourd’hui, mais un peu tard, le TPIY.
Non seulement Milosevic n’a rien eu à voir avec le nettoyage ethnique de Bosnie, mais il l’a au contraire condamné. Le jugement du TPIY note « les critiques et la désapprobation répétées [de Milosevic, NdT] de la politique suivie par l’accusé (Karadzic) et les dirigeants serbes de Bosnie. » Milosevic, en homme pour qui toutes les formes de racisme étaient anathèmes, insistait pour que toutes les ethnies soient protégées.
Mais, afin de pouvoir punir Milosevic et mettre en garde ceux qui auraient l’audace de s’opposer aux volontés du pouvoir US, il fallait que l’histoire fût ré-écrite. Le socialiste yougoslave qui avait combattu la politique nationaliste des dirigeants bosniaques devait être déguisé à postériori en traître de mélodrame de la guerre de Bosnie et chargé pendant qu’on y était de tout le sang versé dans les Balkans. Pendant ce temps, le sus-mentionné ambassadeur US Warren Zimmerman, dont les interventions calomnieuses pour faire avorter toute solution diplomatique avaient contribué à déclencher le conflit bosniaque, s’en sortait blanc comme neige.
La campagne de dénigrement « tout est de la faute à Slobo » fit ce qu’il fallait pour que les faits réels soient escamotés. Un article écrit – je ne me moque pas de vous – par un « Professeur d’Études Européennes de l’Université d’Oxford » fit même de Milosevic le président de la Yougoslavie en 1991 (l’année où la Slovénie fit sécession), alors que, bien sûr, le président de la Yougoslavie était alors le Croate de Bosnie Ante Markovic.
Il était inévitable que Milosevic soit assimilé à Hitler. Il le fut. « On aurait dit Hitler revenu se pavaner » écrivit le rédacteur politique du News of the World, quand Milosevic eut la témérité de vouloir se défendre à la barre des accusés. « On a revu en éclairs à vous glacer le sang, un monstre nazi de la IIe Guerre Mondiale, quand le tyran serbe déposé s’est mis à haranguer la Cour. »
Pour bien s’assurer que les lecteurs ne rateraient pas l’équivalence Milosevic=Hitler, le même News of the World illustrait sa diatribe d’une photo d’Hitler, le « Boucher de Berlin », sur fond de camp de concentration et d’une photo de Milosevic, le « Boucher de Belgrade », plaquée sur celle d’un camp bosniaque.
Très commodément pour l’accusation, Milosevic est mort dans sa cellule en mars 2006.
LIRE L'ARTICLE INTÉGRAL > ICI


Neil Clark est journaliste, écrivain et blogueur. Il a collaboré et collabore à un grand nombre de journaux, tient une chronique régulière sur RT et participe à de nombreuses émlissions de radio et de télévision. Il est co-fondateur de Campaign for Public Ownership (qui milite pour les nationalisations). Son blog, qui a remporté plusieurs prix se trouve ici : www.neilclark66.blogspot.com. Vous pouvez le suivre sur Twitter @NeilClark66

Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades

mercredi 27 janvier 2016

ST SAVA, L'ILLUMINATEUR DE LA SERBIE, ÉGAL AUX APÔTRES

interprété par le chœur de la Radio et de la Télévision de Belgrade
 dirigé par Vijislav Ilic.






Молитва Светом Сави

Светитељу оче наш Саво, моли Бога за нас: да се српски народ обожи, сложи и умножи. Ти који си ангелски живео, апостолски проповедао и мученички се борио и страдао, чуј данас усклике мале српске деце у Отаџбини и по целом свету која ти с љубављу певају:

Свети Caвo Србе воли, За Србе се Богу моли, Српском роду даје крила, Српску децу благосиља.

Па кад чујеш данас овакве усклике љубави деце српске на обе хемисфере, испроси у Христа Бога милост да се сви Србе обоже, сложе и умноже. Теби, духовниче, који си био први уредитељ српске цркве и ујединитељ српскога народа, моле Ти се данас свештеници српски, измучени и напаћени, по разореним храмовима и по спаљеним задужбинама Твојим, по опустошеним селима и опустелим градовима: не остави нас, оче наш духовни, но умоли благог Христа, да нам опрости немар наш и немоћ нашу те нас све обожи, сложи и умножи.

Теби који си благословио и крунисао прве краљеве српске у Жичи и који си на хришћанск о м темељу утврдио краљевину српску. Саво премудри, испроси опроштај и милост роду Твоме, те да се обожи, сложи и умножи.

Теби који си се после многотрудног живота упокојио пре 710 година, моле се безбројне матере српске над свежим гробовима својих синова и кћери: Саво Свети, родитељу наш духовни, моли Христа милостивога, да деца наша, покошена пре времена као неузрело жито, буду тамо где си Ти, у Небесној великој Србији, у рају сладости, где се не зна за болест, муку и смрт, и да се преостатак Срба на земљи обожи, сложи и умножи.

Теби који си био неустрашиви поборник правде Божије и добре воље мећу људима и народима и борац против сваке лажи и насиља, моле се данас српски војници и војеначалници: помози нам, Свети оче Саво, са свом Небесном Србијом, помози да истрајемо до краја на путу који води у живот вечни; коме си нас Ти као Христов ученик научио и помози да се сви Срби обоже, сложе и умноже.

Теби, народољупче, на данашњи Твој дан пева Ти похвале сав српски народ, потиштен, понижен, остављен од људи, неопран од крви своје, јецајући у ранама по болницама и тамницама, на згариштима својих домова, по горама и збеговима, по кулачама и пештерама уздиже Ти молитве: не заборави нас Саво, путеводитељу наш но испроси милост у Свевишњег Бога, да упокоји и прослави милионе новомученика вере Твоје и поштења Твога, браће и деце наше, а нас преостале на земљи да обожи, сложи и умножи.

Теби, Учитељу учитеља наших, Царе царева наших и Наставниче духовника наших, Племићу Христов, племенити Оче Саво, Украсе наш и лепото историје наше, ево и ми сабрани данас у овоме храму посвећеном Теби у овом великом светском граду нејаки и грешни, сиромашни у свему осим у гресима нашим, Теби ево уздижемо срца и молимо Ти се: као достојни и увенчани Светац наш моли са пречистом Богородицом и свим Светим Христа Бога за нас, да се обожимо, сложимо и умножимо. Амин !


Deux livres dont Jean-Claude Larchet a rendu compte dans orthodoxie.com

mardi 4 août 2015

Croatie: la parade désertée Zagreb célèbre l’éradication de la Krajina serbe

sur le site CAUSEUR

croatie krajina serbie


Ce 4 août, la Croatie fête le vingtième anniversaire de la plus grande victoire militaire de son histoire: l’écrasement de la République de Krajina serbe, cette “sécession dans la sécession” qui avait décidé de rejeter l’indépendance de la Croatie en 1991 et de s’adosser à ce qu’il restait de la fédération yougoslave, c’est-à-dire à la Serbie.

En seulement quatre jours, du 4 au 8 août 1995, pratiquement tout le peuplement de ces vieux confins militaires de l’Empire autrichien, qui avaient héroïquement résisté aux Ottomans pendant des siècles, fut éradiqué. Quelque 250 000 personnes furent expulsées de leurs foyerssous un feu d’artillerie indiscriminé. L’opération fit environ 10 000 morts et disparus. La Serbie de Milošević resta passive. L’armée de Krajina elle-même, qui avait tenu en échec les troupes croates depuis quatre ans, se débanda en quelques heures sans opposer de résistance. La rumeur a couru par la suite que les services spéciaux de Belgrade s’étaient chargés de dissuader les commandants locaux de tout acte de bravoure. La Krajina, trop coûteuse à défendre, avait été sacrifiée et l’amputation devait être nette. La Croatie, de son côté, jouissait du soutien sans failles de ses alliés occidentaux: Allemagne, Etats-Unis et OTAN.

L’ampleur du désastre, toutefois, surprit tout le monde, à commencer par ses commanditaires. Contrairement aux spéculations naïves ou cyniques des Occidentaux, la minorité serbe tout entière suivit ses chefs dans l’exil plutôt que de tendre les bras à la “jeune démocratie” croate. Le 10 août, alors que toutes les routes entre Croatie et Serbie étaient engorgées de réfugiés à bout de forces, la secrétaire d’Etat américaine Madeleine Albright convoquait la presse pour dénoncer un crime de guerre… ailleurs! La prise de l’enclave musulmane de Srebrenica en Bosnie orientale par l’armée serbe de Bosnie était alors déjà vieille d’un mois et n’avait pas encore suscité de réactions notables. Mais les disparus musulmans de Srebrenica tombaient à pic pour occulter les disparus serbes de Krajina. Parmi les raisons de la focalisation stricte des Occidentaux sur le massacre de Srebrenica, la nécessité de détourner l’attention de leur propre crime en Krajina n’est pas la plus anodine.

L’éradication de la Krajina serbe fut objectivement le plus grand drame humain de la guerre civile yougoslave et le plus vaste nettoyage ethnique en Europe depuis 1945. Elle surpasse de trois fois l’ampleur supposée de l’opération “Fer à cheval” des forces serbes au Kosovo, en 1999, dénoncée à grand fracas par les médias occidentaux durant l’agression de l’OTAN — et qui s’avéra être une pure invention des services secrets allemands!

Aussi impressionnant que sa magnitude est l’escamotage dont cet événement majeur a fait l’objet dans les médias et la conscience du monde contemporain. La Serbie elle-même, par la suite, l’a traité sur un mode honteux, n’assurant pratiquement aucune assistance organisée aux malheureux qui s’étaient réfugiés sur son territoire. Ailleurs en Europe, ce crime fut atténué à l’aide de la même casuistique qu’on a déployée pour justifier, depuis l’an dernier, les exactions du régime de Kiev face à sa propre population dans le Donbass. Le gouvernement de Zagreb était notre allié, nous l’avions reconnu (du reste hâtivement) dans ses frontières (du reste arbitraires) de 1991, il avait donc carte blanche pour récupérer par tous les moyens disponibles l’intégralité de son territoire. La souveraineté de l’Etat primait toute considération humanitaire.

Quatre ans plus tard, en 1999, la volonté de la Serbie de rétablir l’ordre dans sa propre province méridionale du Kosovo agitée par le terrorisme de l’UÇK fut contrecarrée par l’argument diamétralement opposé: ici, l’urgence humanitaire (largement manipulée) primait toute souveraineté. La Serbie fut donc bombardée pendant 78 jours pour avoir voulu faire respecter sa loi sur son territoire, puis amputée de sa province.

L’hypocrisie et l’injustice de l’opération “Tempête” en Krajina — terre d’origine de ma famille paternelle — étaient telles que j’en ai été obsédé des années durant. Citoyen et soldat suisse, je ne savais comment réagir, comment exprimer face à un monde indifférent, car désinformé, la révolte que j’éprouvais face à cette perversion qui n’annihilait pas seulement la tribu de mes origines mais l’humanité en général. Quelques années plus tard, j’ai consigné et développé le conte qui allait devenir mon roman Le Miel. L’exode des Krajichniks n’y apparaît qu’à l’arrière-plan: toute évocation descriptive eût été choquante — et même de mauvais goût — pour un public occidental conditionné à n’associer à l’identité “serbe” que la notion de bourreau et jamais celle de victime. Je résumai donc cette véritable extermination par une synecdoque: ce fut “le plus grand embouteillage de tous les temps”, puisque la file des automobiles, des tracteurs et des marcheurs en fuite s’étendait sur des centaines de kilomètres.

Mais voici que, vingt ans plus tard, l’interprétation officielle de ces temps troublés se lézarde et s’effrite comme un pâté de sable. Ironiquement, c’est le gouvernement croate lui-même qui, dans sa suffisance, a suscité le mouvement en organisant une parade commémorative et en y invitant ses voisins et alliés. Il s’attendait à recevoir une caresse sur la tête, le voici évincé comme un chien galeux. Les uns après les autres, les gouvernements se sont débinés, des Etats-Unis et de l’Allemagne jusqu’à la Slovénie voisine. Plutôt que de susciter les congratulations attendues, le jubilé n’aura fait que révéler les cicatrices hideuses de cette agression: une province fantôme au cœur de l’Europe, dont les habitants, d’abord expulsés puis dépossédés de leurs biens, n’ont ni la possibilité ni l’intention de revenir. Quand aux colons croates que le gouvernement Tudjman appelait à venir repeupler le désert, ils demeurent un vœu pieux.

On peut expliquer la réserve des Occidentaux par des raisons diplomatiques. C’est l’argument diplomatique qui ne mange pas de pain: il s’agirait, écrivent les médias, de ne pas “froisser” la Serbie qui oscille entre l’UE et l’alliance russe. Voyons! Qui s’est soucié, ce dernier quart de siècle, de ne pas froisser la Serbie?

Cet alibi dissimule une gêne et une contradiction abyssales. Pourquoi les chancelleries n’iraient-elles pas célébrer le vingtième anniversaire d’un événement qu’elles ont unanimement approuvé? En fin de compte, personne n’a été formellement condamné pour la conduite de l’opération Tempête en 1995. Ni son initiateur, feu le président Tudjman. Ni les responsables exécutifs, les généraux Gotovina et Markač, acquittés par le TPI en 2012. Si l’opération Tempête est manifestement un crime de guerre, aucun de ses participants n’a été jugé criminel. Miracles de la casuistique!

Dans la Croatie moderne, jeune membre de l’Union Européenne, les protagonistes de cet événement sont considérés comme des héros. Le premier d’entre eux, Franjo Tudjman, par ailleurs ancien général communiste et historien révisionniste, chef du parti ultranationaliste HDZ, a son monument dans des dizaines de villes et localités. Son mérite est indéniable dans la création d’une Croatie partiellement souveraine et (presque) ethniquement pure. Lors de la réunion préparatoire à l’opération “Tempête”, le 31 juillet 1995 à Brioni, en présence de son état-major au complet, il avait clairement défini le but de l’attaque, qui était le nettoyage ethnique : “Nous devons frapper si fort que les Serbes vont pratiquement disparaître”. Intentions cachées? Nullement. On a appris depuis, mais l’on savait même alors, que la reconquête croate était étroitement encadrée par les services américains. “Le réarmement et l’entraînement des forces croates en vue de la présente offensive font partie d’une opération classique de la CIA: probablement l’opération la plus ambitieuse en son genre depuis la fin de la guerre du Vietnam”, écrivait The Independent de Londres le 6 août 1995 sans indignation excessive. Un peu plus tard, leWashington Times dévoilait l’implication directe du Pentagone au travers, notamment, d’une armée privée1

Il est évident que l’opération Tempête n’aurait jamais été déclenchée sans ces appuis diplomatiques et militaires. Cette désaffection a suscité un profond désarroi en Croatie, où certains ont fini par se demander s’il était bien opportun de parader. On entendait ces derniers jours à la radio nationale des vétérans de 1995 dénoncer pathétiquement ce qu’ils perçoivent comme une trahison.

Pourquoi donc les Occidentaux se détournent-ils aujourd’hui de ce qui est en grande partie leur oeuvre?

L’alliance américaine n’a rien d’une assurance vie. Au contraire. Nombre de régimes douteux de par le monde l’ont appris à leurs dépens, mais le malheur des autres nous sert rarement de leçon. Au cours de l’après-guerre froide, les Etats-Unis ont mis en place une stratégie de déstabilisation et de recolonisation globale dont les extrémistes jetables et les nazis de circonstance sont des pièces centrales. La guerre civile yougoslave aura été le laboratoire et le modèle des interventions ultérieures.

En Yougoslavie, comme plus tard en Ukraine, les Etats-Unis et l’Allemagne ont sciemment appuyé les mouvements les plus aptes à instaurer une haine durable entre des peuples vivant jusqu’alors dans une paix relative2 La réhabilitation ouverte de la Croatie nazie de 1941, à laquelle on a assisté depuis la fin des années 1980, n’a inquiété personne, sinon les populations qui, un demi-siècle plutôt, avaient subi un génocide sous le même drapeau. Sur le moment, ces énergies ténébreuses étaient utiles pour repousser et disloquer le “serbocommunisme” et, avec lui, toute tentative de maintien de l’unité yougoslave. Elles en étaient même les seules capables, puisqu’en plus de combattre l’ennemi, elles imposaient la terreur sur le plan interne et évitaient ainsi toute contestation. Pour que la story servie aux opinions soit simple, les protagonistes doivent parler d’une seule voix.

Scénario identique en Ukraine : sitôt que le président élu s’est détourné de l’UE (en novembre 2013), on a vu se déchaîner contre lui des forces qu’on croyait exorcisées depuis Nuremberg et qui, à la faveur de l’Euromaïdan, ont repris pignon sur rue. Secteur droit aura été le fer de lance décisif dans le renversement violent de Ianoukovitch: tant qu’il servait, on s’est abstenu de trop décortiquer ses racines idéologiques. Le fait que l’unité de choc de l’Ukraine “européenne” arbore les insignes et l’idéologie d’une division SS ne suscite aucune réaction concrète en Occident, où les sympathisants de la même idéologie sont, pourtant,réprimés et surveillés. En déclarant qu’il n’avait rien vu de tel à Maïdan, malgré les preuves photographiques, Bernard-Henri Lévy a parfaitement résumé la stratégie de l’aveuglement ciblé du bloc occidental.

On ne le remarque guère, mais Ukraine et Krajina sont deux variantes d’un même nom, signifiant “les confins”. Les parallèles entre le cas ukrainien et le précédent croate sont saisissants et trop nombreux pour être détaillés ici3. Des parallèles tout aussi éclairants sont à établir entre la stratégie islamique des Etats-Unis en Bosnie et leurs louvoiements ultérieurs au Moyen-Orient. On se souvient (ou non) que l’Occident a soutenu en Bosnie musulmane le courant le plus fondamentaliste, emmené par l’auteur de la Déclaration islamique, Alija Izetbegović, tout en ignorant les forces concurrentes au sein même de la société musulmane bosniaque. Jürgen Elsässer, dans son enquête Comment le Djihad est arrivé en Europe, démontre que le terrorisme islamique n’aurait pu prendre pied sur notre continent si les services ne l’y avaient pas aidé. Par la suite, l’élimination officielle de Ben Laden en 2011 a ouvert la porte à une alliance ambiguë, mais effective, des Américains avec les courants les plus fanatiques de l’islam sunnite.

En contemplant, tout seuls, leur encombrant défilé militaire, les dirigeants de Zagreb auront peut-être l’occasion de méditer sur la signification réelle de l’événement qu’ils glorifient tant. Ils comprendront peut-être que, comme Noriega, comme Ben Laden en Afghanistan, comme Izetbegović et Thaçi, comme Porochenko, Iatseniouk et leurs cyborgs primaires, la Croatie dont ils héritent, celle de Tudjman et Gotovina ornée de chemises noires et de croix gammées, aura servi d’extrémiste jetable et de nazi de circonstance. Même si, aujourd’hui encore, on y voit des svastikas sur les pelouses des stades, ceux qui ont tisonné cet extrémisme voici un quart de siècle savaient parfaitement jusqu’où il pouvait s’étendre et qui il pouvait menacer. Comme l’avait répondu Churchill aux objections de MacLean lorsqu’il avait décidé de livrer la Yougoslavie aux communistes de Tito: “Allez-vous vivre là-bas? — Non. — Moi non plus.” Depuis quand les maîtres partagent-ils la gamelle de leurs chiens?

Le 4 août 1995, je me suis senti anéanti dans ma part d’âme et de sang serbe. Ce 4 août 2015, je me sens humilié dans l’autre moitié de mon origine, ma part d’âme et de sang croate.
*Photo: SIPA. Reportage n°AP20332520_000005. 
  1. “Pentagon played role in U.S. help for Croatia”, The Washington Times, 30.10.1995 
  2. Sur le modus operandi allemand, le livre d’Erich Schmidt-Eenboom est fondamental — mais n’existe hélas qu’en allemand. Der Schattenkrieger, Klaus Kinkel und der BND, ECON Verlag, Berlin 1995. 
  3. Voir Diana Johnstone, “Ukraine and Yugoslavia”, Counterpunch.org 
Slobodan Despot

Slobodan Despot


directeur des éditions Xenia et écrivain 

mardi 12 mai 2015

Soirée littéraire : Une année sans Dobrica Ćosić au Centre culturel de Serbie, le mardi 19 mai

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Notes préparatoires à la soirée littéraire sur Dobrica Ćosić le 19 mai 2015 par Slobodan Despot

Voici un an, en mai 2014, la Serbie et les Etats voisins de l’ex-Yougoslavie ont connu des inondations d’une ampleur biblique. C’est au milieu de ce désastre que le plus grand écrivain et témoin de la Serbie moderne s’en est allé, à 93 ans, sns un bruit. Dobrica Ćosić — que nous avions rebaptisé Dobritsa Tchossitch sur la couverture de ses romans afin de rendre son nom tant soit peu intelligible pour le public français — aura partagé jusqu’à son dernier souffle le sort de son peuple. Il est parti sur la pointe des pieds, refusant les honneurs d’Etat auxquels il aurait eu droit, mais exigeant par testament d’être enterré selon le rite orthodoxe traditionnel, comme tous les siens depuis la nuit des temps. Le communiste militant de sa jeunesse, brisé par les tragédies, les mensonges et les injustices du XXe siècle — siècle du progrès — était devenu un chrétien inavoué mais profond.

L’Antigone de Tito

Le rôle de Dobrica Ćosić est comparable, au sein de sa nation, à celui d’un Victor Hugo en France. Résistant communiste, commissaire politique, apparatchik, il avait fait entendre une voix singulière sitôt qu’il eut pris la plume et publié un étonnant premier roman sur la guerre des partisans: Loin est le soleil. Devenu un intellectuel et un écrivain en vue, il participa au fastueux tour du monde non-aligné de Tito sur son yacht de milliardaire escorté par la marine et l’aviation de guerre. Puis, dès 1968, il troqua son statut contre une stature en osant affronter le dictateur sur son autoritarisme, ses moeurs de nabab, ses manipulations, sa politique nationale. Placé dès lors en résidence surveillée, il resta à jamais l'opposant le plus conséquent du maître de la Yougoslavie, à rebours de son propre milieu, de la bien-pensance internationale et du sentiment populaire, tous subjugués par celui qui fut peut-être le plus grand illusionniste politique du XXe siècle. Il créera par la suite un Comité pour la liberté d’expression qui sera la pépinière des futurs dirigeants démocrates et pro-occidentaux de la Serbie et finira même par adhérer, en 2000, à l’organisation Otpor, le vecteur de la « révolution colorée » qui balaya Milošević, non sans avoir engagé son renom et sa popularité, en 1992, dans le sauvetage de ce qu’il restait de Yougoslavie en devenant l’un des derniers présidents de cette fédération condamnée. D'avoir cru aux promesses de l'Occident sera l'un des regrets les plus amers du soir de sa vie. Ses dernières années — tout son XXIe siècle, en fait — seront consacrées à une amère méditation sur la trahison et la vanité politiques.

Le médium

Dans sa semi-retraite en semi-liberté, il écrira Le Temps de la Mort, l’épopée du combat et de la retraite des Serbes en 1914-1915, l’un des plus grands romans de guerre jamais écrits. En un temps où l’idéologie titiste réprimait toute manifestation de l’identité serbe, son roman, tiré à des centaines de milliers d’exemplaires, servira d’éveilleur de la conscience et de la mémoire nationales avec Le Temps de la Mort. Comme Hugo, comme Dickens, comme Soljénitsyne, Dürrenmatt ou Günter Grass, Dobrica aura capté et incarné, de son vivant, l’esprit de son peuple et de son temps. Lorsque j'ai eu la chance de le rencontrer, à l'âge de vingt ans, il était l'homme le plus influent, le plus aimé et le plus haï de la Yougoslavie post-titiste.

Initiation

La traduction de sa trilogie du Temps du Mal consacrée au purges staliniennes fut mon premier travail littéraire. En 1986, jeune étudiant à peine inscrit à l’université de Lausanne, j’avais frappé à la porte de L’Age d’Homme chez Vladimir Dimitrijević, le prestigieux éditeur de Grossman et de Zinoviev, dans l’espoir de décrocher des traductions pour payer mes études. Je lui avais présenté un cahier où je retraduisais (à la main, bien entendu) un grand classique de la littérature yougoslave mal servi par sa première version française. Dimitri n’avait pas même jeté un regard sur ma traduction, mais s’était retourné pour prendre sur son étagère un pavé noir de 800 pages qui m’était bien connu: Le Pécheur, premier volume de la fameuse trilogie! « Essayez plutôt ça », me jeta-t-il froidement.
Ça, c’était le roman le plus scandaleux, le plus lu, le plus commenté des dernières années de la Yougoslavie communiste! Mon frère de lait, soldat dans l’Armée populaire, venait de se faire mettre aux arrêts parce qu’on en avait trouvé un exemplaire dans son barda. Et il m’incombait, à dix-neuf ans, de m’attaquer à ce monument…
Flair ou désinvolture? Je ne me suis jamais expliqué cette confiance instantanée qu’avait accordée le grand éditeur à un étudiant inconnu. Les deux, probablement. Les épreuves du Pécheur, raturées de rouge par ma relectrice Anne Coldefy, bientôt suivies par celles de L’Hérétique et du Croyant, signaient mon entrée en littérature. Y entrer par cette porte-là tenait véritablement de l’initiation.

Mission

Depuis lors, et pendant plus de 25 ans, j’ai entretenu une amitié filiale, constante et détendue avec cet homme qui, par son oeuvre colossale et ses engagements, avait fini par être la voix d’un peuple et d’une époque. Je l’ai accompagné dans les rues où les gens simples l’abordaient avec ferveur et dans les taxis où il ne pouvait payer sa course. Je l’ai vu insulté, l’écume aux lèvres, par des enragés à Paris. Je l’ai retrouvé dans son immense bureau vide de président de la Fédération en 1992. Nous avons parlé religion, science, littérature, gastronomie, femmes. Nous sortions marcher la nuit, d’un pas martial, sur les berges du Danube. Nous projetions un livre d’entretiens sur tous ces sujets que son oeuvre d’essayiste et de romancier n’abordait pas.
Mais je traînais. Je croyais avoir tout mon temps et me faisais des priorités avec des choses triviales. Dobrica était immortel. Il m’attendrait à jamais dans son cabinet où il écrivait sans cesse, des heures durant, au stylo bille sur des feuilles volantes. Puis, un jour du début 2014, en pleine conversation, je l’ai vu subitement s’affaisser et j’ai été pris de panique. Nous n’étions qu’au début de nos échanges, il n’avait pas le droit de s’en aller. Mais s’il s’en allait quand même, que pouvais-je encore, in extremis, retirer de son archaïque sagesse et de son irremplaçable expérience? Dobrica n’était pas une de ces maisons d’ingénieur qu’on peut ravaler sur plans. Il était un distillat d’humanité, un arbre noueux, quasi-centenaire, qu’aucun artiste, aucun savant ne saurait reproduire. La trace qu’il avait laissée sur terre était bien au-delà de notre jugement.
Pris d’affolement, j’ai fait ce que je fais souvent dans les moments d’émotion: j’ai ajouté un cliché à ma photobiographie. Je me suis emparé de mon iPhone et vite, furtivement, j’ai photographié sa main. Sa main gauche, reposant sur l’accoudoir en velours de son fauteuil. Si je ne devais rien conserver d’autre de lui, si ma mémoire s’éventait avant d’avoir été verrouillée par l’écrit, il me resterait toujours cette photographie. Et si j’avais la force, l’assurance et le temps d’écrire cette rencontre cruciale de mon existence, je l’intitulerais La main de Dobrica Ćosić et placerais cette même photographie en frontispice.
Nikos Kazantzákis a écrit l’une des autobiographies les plus bouleversantes de tous les temps sous la forme d’une Lettre au Gréco, son compatriote crétois. Il me semble, pour ma part, qu’il me suffirait d’évoquer cette main, cette fine main de poète et de paysan, pour dire l’essentiel sur ma propre vie et sur le destin du peuple d’où je proviens. C’est l’une des rares vraies tâches que je me sois assignées.
(Illustration : L’une de mes dernières photos de Dobritsa, le 17 février 2014 dans son appartement.)

Soirée littéraire : Une année sans Dobrica Ćosić


Au Centre culturel de Serbie, 123 rue St-Martin (Beaubourg), Paris, le mardi 19 mai à 19h30.