Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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mardi 4 février 2025

LE GREAT RESET, LA CYBERNÉTIQUE et l'INCARNATION

"Et ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent pas tuer l'âme; mais craignez plutôt celui qui peut détruire et l'âme et le corps, dans la géhenne"
Matthieu 10 28 

 


 Dans cette entrevue avec Roland Thévenet, nous plongeons au cœur de l'ouvrage majeur "God and Golem Inc" de Norbert Wiener, une pierre angulaire de la cybernétique. Cette exploration nous offre des clés de compréhension essentielles pour appréhender notre présent et anticiper notre futur. L'analyse de l'œuvre ne se limite pas à ses aspects techniques, car la discussion s'étend également à la sphère religieuse, avec une exploration de la place du christianisme. Il devient clair, pour ceux qui sont prêts à écouter, que la spiritualité peut servir de rempart pour préserver notre essence. Enfin, cette discussion approfondie aborde la question brûlante du transhumanisme, s'entrelaçant habilement avec les idées de Richard Coudenhove-Kalergi et les défis posés par le nouvel ordre mondial. Elle offre ainsi une perspective éclairante sur les enjeux complexes qui façonnent notre époque en constante mutation. Cette conversation captivante explore des thèmes allant de la technologie à la spiritualité, tout en jetant une lumière éclairante sur les questionnements sociétaux contemporains.

jeudi 23 janvier 2025

LA RELIGION CHRÉTIENNE FACE AU TRANSHUMANISME par Basarab NICOLESCU

         De mon point de vue, nous vivons une époque de nouvelle barbarie, qui peut être caractérisée par trois mots : PanterrorismeAnthropocène et Transhumanisme. Dans la présente conférence je n’aborderai que le défi du transhumanisme par rapport à la religion chrétienne.




         Le transhumanisme est lié à ce qu'on appelle « la singularité technologique ». 

        La singularité technologique est définie comme un événement hypothétique : le moment où l'intelligence artificielle serait capable d'auto-amélioration récursive ou de construire de façon autonome des machines plus intelligentes et plus puissantes qu'elle-même, jusqu'à une explosion d'intelligence qui va surpasser tous les humains actuels de contrôle et de compréhension. Parce que les capacités d'une telle superintelligence peuvent être impossibles à comprendre pour les humains, la singularité technologique est le point au-delà duquel les événements pourraient devenir imprévisibles. On parle d'une singularité essentielle dans l'histoire de la race humaine au-delà de laquelle les affaires humaines, telles que nous les connaissons, ne pourront pas continuer 1 . 

         Le terme « singularité technologique » a été inventé par le mathématicien, informaticien et auteur de science-fiction Vernor Vinge, qui soutient que l'intelligence artificielle, l'amélioration biologique humaine ou les interfaces cerveau-ordinateur pourraient être des causes possibles de la singularité. Le futuriste Ray Kurzweil prédit que la singularité se produira vers 2045. 

        L'idée fondamentale est que, bien que le progrès technologique ait été en accélération, il a été limité par l'intelligence du cerveau humain, qui n'a pas changé de façon significative depuis des millénaires. Beaucoup d'auteurs lient la singularité aux observations de la croissance exponentielle dans diverses technologies, en utilisant de telles observations comme une base pour prédire que la singularité est susceptible de se produire au cours de notre siècle.

         Kurzweil réserve le terme « singularité » pour une augmentation rapide de l'intelligence (par opposition aux autres technologies), en écrivant, par exemple, que « La Singularité nous permettra de transcender ces limitations de nos corps et cerveaux biologiques [...] Il n'y aura pas de distinction post-singularité, entre l’humain et la machine "2. Il estime que la "conformation du cerveau humain, bien que pas simple, est néanmoins un milliard de fois plus simple qu'il n'y paraît, en raison de la redondance massive". Il définit la date de la singularité en termes de quand on s'attend à ce que les intelligences fondés sue l’informatique dépassent de manière significative la somme totale de la puissance des cerveaux humains. L'analyse de Kurzweil conclut que le progrès technologique suit un modèle de croissance exponentielle, à la suite de ce qu'il appelle la «loi de l'accélération des rendements». Chaque fois que la technologie approche d'un obstacle, écrit Kurzweil, les nouvelles technologies vont le surmonter.

         L'immense littérature autour du concept de la singularité technologique met l'accent sur le côté brillant, attrayant et utopique de la technologie. Dans ma conférence, je choisis de parler de son côté sombre.

         À partir des nombreux livres, articles et documents Internet, je conclus que l’expression « singularité technologique » n'est pas rigoureuse. La science-fiction n'est pas la science et le vœu pieux n'est pas une pensée sérieuse. En fait, la singularité technologique n'est pas une singularité selon la signification mathématique de ce mot. Le comportement exponentiel ne signifie pas une singularité. Tout cela, à mon avis, semble être une excuse pour dissimuler l'idéologie derrière tout cela: l'avènement des transhumains. La « singularité » est utilisée comme une métaphore pour suggérer le saut des humains vers les transhumains. En d'autres termes, la singularité technologique est le fondement de ce qu'on appelle le Transhumanisme. 

         Le « transhumanisme », s’il voit le jour, va transformer l’être humain de plus en plus en machine et la machine va devenir de plus en plus humaine. Ce fort mouvement culturel et intellectuel international3 prône l’usage de la biotechnologie pour améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains. Le vieillissement et la mort sont considérés comme indésirables. La sélection naturelle est considérée comme dépassée et la sélection technologique prend sa place. Le grand projet est d’éliminer toute force transcendante en le remplaçant par l’homme-machine, d’une intelligence surhumaine, maître de sa vie. 

         Les transhumains, que certains philosophes et idéologues appellent par précaution oratoire, « humains améliorés », constitueront une nouvelle espèce biotechnologique et la société future sera divisée entre «transhumains» et «les anciens humains». Les anciens humains seront inévitablement les serviteurs des transhumains. 

         En France, Laurent Alexandre, neurobiologiste réputé, affirme que la guerre entre l'intelligence humaine et l'intelligence artificielle peut être évitée si l'on implante des puces électroniques dans le cerveau des jeunes enfants, au cours d’un nouveau type d'éducation 4 , en vue de favoriser l'égalité des êtres humains et d’améliorer la démocratie. 

         Il est remarquable que Freud ait prophétisé, dès 1930, dans Malaise dans la civilisation, l’avènement du transhumanisme. Il parlait du désir de l’être humain de s’égaler à Dieu, en devenant un Dieu-prothèse, par une seconde nature, technologique, qui lui permettra de dominer le monde.5 

         Ce qui devait arriver est déjà arrivé. Un nouveau mouvement religieux a été formé en 2015 – « Way of the Future » (« Chemin vers l’Avenir » - dont le chef autoproclamé est Anthony Levandovski, un ingénieur de 37 ans connu pour son activité en technologie robotique et dans la construction de voitures sans chauffeur. Les documents de cette nouvelle église exigent l'acceptation et l'adoration d'une divinité créée par l'intelligence artificielle. L'idée de base est que cette divinité, infiniment plus intelligente que l'être humain, est en train de naître, et tout ce que l'homme peut faire, s'il ne veut pas devenir esclave de cette divinité ou être détruit par elle, c'est de capturer la bienveillance de cette divinité 6. Les transhumains, nouveaux anges noirs, serviront la divinité. 

         Tout cela a l’air d’une mauvaise blague, mais c'est un événement important. Comme le Père Jean Boboc l'a démontré dans un livre substantiel, bien argumenté et passionnant, le transhumanisme met en danger les religions constituées en éliminant toute transcendance 7

         La logorrhée de certains philosophes contemporains sur les genres qui doivent remplacer les sexes ou sur l’égalité des droits des animaux et des humains vise aussi une redéfinition de l’être humain au-delà de toute transcendance. 

         L'évangile transhumaniste se répand dans tous les pays et attire même certains chrétiens. Par exemple, l'Association Chrétienne Transhumaniste, qui a une activité intense, appelle à «utiliser la science et la technologie pour participer à l'œuvre de Dieu, cultiver la vie et renouveler la création». Nous trouvons dans son conseil consultatif académique le révérend Ronald Cole-Turner, qui est ministre ordonné de l'Église Unie du Christ et membre fondateur de la Société Internationale pour la Science et la Religion. Ronald Cole-Turner a siégé au conseil consultatif de la Fondation John Templeton et de l'Institut Metanexus et il travaille sur la réponse théologique au transhumanisme et aux technologies d’amélioration de l’être humain. Il a édité le livre Transhumanisme et Transcendance: l'espérance chrétienne dans un âge de progrès technologique 8.

         Le manifeste de l'Association Chrétienne Transhumaniste affirme: « Nous croyons que l'utilisation intentionnelle de la technologie, couplée à la fidélité au Christ, nous permettra de devenir plus humains à travers de ce que signifie être des créatures à l'image de Dieu. Nous reconnaissons la science et la technologie comme des expressions tangibles de l'impulsion que Dieu nous a donnée d'explorer et de découvrir, et comme une conséquence naturelle d'être créé à l'image de Dieu. De cette façon, nous sommes des Transhumanistes Chrétiens. » 9 Le premier congrès national de cette association, avec le thème « Faith, Technology & The Future », a eu lieu en août 2018 à l’Université Lipscomb de Nashville et il a été sponsorisé par National Geographic. Citons parmi les communications présentées à ce congrès : « What did Jesus teach us about benevolent Transhumanism?, « Transhumanism is pro-human: highlighting the anti-suffering alignment of pioneering technology with religion” et « The Promise and Peril of Technological Hope », 

         Il n'est pas étonnant qu'on parle même d'une «techno-theosis» 10 et qu’une thèse de doctorat en théologie a été soutenue sur «Transhumanisme et l’image de Dieu». 11 

        La divinité transhumaniste est un dieu-prothèse mais redoutable, car il peut arrêter l’évolution spirituelle de l’homme. 

         Certes, ce n’est pas dans le ventre d’une femme que le dieu-prothèse est en gestation, mais dans le ventre électronique de la Terre. Ce n’est pas par la semence transmise par le Saint Esprit qu’il s’incarne, mais par la semence du génie technologique de l’homme. 

         Il sera invisible, car répandu dans tous les réseaux informatiques de la Terre. Il sera imprévisible, car son intelligence dépassera de loin l’intelligence de l’homme. Cette imprévisibilité peut aller jusqu’à la destruction totale de l’espèce humaine. Il sera totalement inconnu, car personne ne pourra voir son visage. Il sera indestructible, car les êtres humains seront incapables de pénétrer ses algorithmes. Seule la destruction complète de la Terre pourrait le détruire. Ce dieu-prothèse va baigner l’homme dans les délices d’un monde libéré des maladies et de la vieillesse, un paradis-prothèse qui n’est que le tombeau de l’homme. Une mutation de la conscience humaine est le seul remède de cette grave menace qui est au seuil de notre monde. La religion chrétienne va avoir un rôle crucial dans cette mutation de la conscience humaine, par son dialogue avec la science et la technologie d’aujourd’hui. L’anthropologie chrétienne, est le moyen privilégié de faire face aux défis du transhumanisme et elle peut éduquer les jeunes sans l’esprit de cette résistance à la nouvelle barbarie. Nos moyens de faire face au défi du transhumanisme sont la foi, l’amour et la conscience. 


______________________________________


1 Max More and Natacha Vita-More (Ed.), The Transhumanist Reader - Classical and Contemporary Essays on the Science, Technology, and Philosophy of the Human Future, Wiley-Blackwell, John Wiley & Sons, Inc, West Sussex, 2013.

2 Ray Kurzweil, The Singularity is Near : When Humans Transcend Biology, New York, Penguin, 2006.

3 Voir, par exemple, Max More and Natacha Vita-More (Ed.), The Transhumanist Reader - classical and contemporary essays on the science, technology, and philosophy of the human future, op. cit.

4 Laurent Alexandre, La guerre des intelligences – Intelligence artificielle versus intelligence humaine, JC Lattès, Paris, 2017.

5 Sigmund Freud, Malaise dans la civilisation, 1930, in Le Malaise dans la Culture, Paris, PUF, 2004.

6 Mark Harris, « Inside the First Church of Artificial Intelligence »

https://www.wired.com/story/anthony-levandowski-artificial-intelligence-religion/

7 P. Jean Boboc, Le transhumanisme décrypté - Métamorphose du bateau de Thésée, Apopxis, Paris, 2017, préface de Pierre Magnard.

8 Ronald Cole-Turner (Ed.), Transhumanism and Transcendence: Christian Hope in an Age of Technological Advancement, Georgetown University Press, 2011.

9 Voir le site de Christian Transhumanist Association

https://www.christiantranshumanism.org/

10 Kevin Kelly, “Nerd Theology,” Technology in Society 21, no. 4 (1999): 388

11 Stephen Robert Garner, « Transhumanism and the imago Dei - Narratives of apprehension and hope », PhD Thesis in Theology, The University of Auckland, 2006.



 

dimanche 24 novembre 2024

RECYCLAGE DES NAZIS APRÈS-GUERRE

Extrait d'une interview de Donde Vamos pour l'Antipresse, par Ariane Bilheran

[…] Vous avez également beaucoup travaillé sur le recyclage des nazis après-guerre: quelle est votre vision  actuelle du projet transhumaniste, et quels sont ses liens avec les réseaux pédocriminels de pouvoir, si néanmoins vous identifiez des liens?

 

Les nazis couraient après le mythe du surhomme, dans la continuité du courant eugéniste qui était très puissant aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne au début du XXe siècle.
Les idées du contrôle des naissances, du contrôle social, d’élimination des inutiles, de la réification de l’humain sont de plus en plus prégnantes dans certains discours. Pendant la guerre, les nazis avaient préparé la fin du Reich, en sauvant l’économie allemande et en la délocalisant à l’étranger, grâce à l’opacité du système financier. À la fin de la guerre, ils ont été exfiltrés en masse vers l’Amérique latine, le Moyen-Orient, les États-Unis, où ils ont recréé des réseaux occultes qui se sont mis au service des dictatures et des Américains, et se sont insérés dans le capitalisme mondialisé.

Les nazis n’ont été punis que symboliquement. La période d’épuration a été très brève, si bien qu’ils ont été récupérés en masse — surtout les militaires et les scientifiques — par les pays vainqueurs. Ils ont travaillé à la NASA, dans les programmes MK-Ultra, à la Silicon Valley, pour la CIA par exemple. Les études d’hygiène raciale sont devenues de la recherche en génétique, etc. Avec des financements et des brevets américains, les nazis ont poussé très loin la logique eugéniste, et le projet eugéniste s’est en partie muté en projet transhumaniste, d’humain "amélioré".
Selon les témoignages de réseaux pédocriminels, notamment satanistes, que j’ai étudiés, environ la moitié dit venir de familles franchement nazies ou sympathisantes, quel que soit le niveau de l’échelle sociale ou le pays. 

Q—Pourquoi les nazis et leurs descendants seraient ils particulièrement impliqués dans les réseaux "satanistes"? 

Je poursuis mes recherches sur le sujet, mais leurs liens avec les services américains sont probablement une partie de l’explication. D’après mes recherches, les nazis avaient une grande tolérance envers la pédocriminalité tant qu’ils avaient le rôle considéré comme 'actif'. Et leurs pratiques rituéliques comportaient de nombreux marqueurs du satanisme et de ses dérivés, avec un mélange d’occultisme inspiré des structures anglaises comme la Golden Dawn et de la culture germanique et nordique, comme le "Soleil noir".
Les nazis n’ont jamais été les ennemis du système capitaliste. Ils en sont restés les protégés, comme le montre crûment le régime ukrainien. À la première occasion, je pense qu’ils ressortiront au grand jour, pour les mêmes raisons qu’en 1933. […]

LIRE : 

L'ombre d'Hitler: Les services secrets américains et les criminels nazis pendant la Guerre froide 


À partir des archives récemment déclassifiées du Congrès américain, les auteurs éclairent le rôle des services de renseignement américain dans la traque des dignitaires nazis dans l’immédiat après-guerre, du Moyen-Orient à l’Amérique du Sud. Puis, dans le climat de la Guerre froide, l’utilisation de ces anciens nazis dans la lutte contre l’influence de l’URSS.

Enfin et surtout, ces archives révèlent les liens qu’entretinrent pendant la guerre les nationalistes ukrainiens de Stepan Bandera avec les nazis, chassant et assassinant juifs et Polonais.

Après la guerre, pour infiltrer l’Ukraine sous le régime soviétique, les services secrets occidentaux utilisèrent tour à tour Bandera, qui restait le héros du nationalisme ukrainien.





jeudi 21 novembre 2024

MÉTAPHYSIQUE ET MÉTAPOLITIQUE : EFFONDREMENT DE CIVILISATION OU RENOUVEAU ?



Le physicien Philippe Bobola (unitedusavoir.com)) et le politologue Pierre-Antoine Plaquevent (strategika.fr) travaillent tous deux dans un esprit similaire d'interdisciplinarité et d'unité organique des connaissances. Discerner, comprendre, relier. Leur présent échange vise à percevoir et expliciter les changements métapolitiques et métaphysiques à l'œuvre dans notre époque de transition systémique. Notre civilisation à bout de souffle est-elle parvenue au seuil de son effondrement ? Une renaissance métapolitique et spirituelle est-elle encore possible ?

 « Vous, en Europe, vous êtes dans une éclipse de l'intelligence. Vous allez souffrir. Le gouffre est profond. Vous êtes malades. Vous avez la maladie du vide. Le système occidental va vers son état ultime d'épuisement spirituel : le juridisme sans âme, l'humanisme rationaliste, l'abolition de la vie intérieure... Toutes vos élites ont perdu le sens des valeurs supérieures. Elles ont oublié que le premier droit de l'homme, c'est le droit de ne pas encombrer son âme avec des futilités… Cependant, le gouffre s'ouvrira à la lumière. De petites lucioles dans la nuit vacilleront au loin. Il y aura des hommes qui se lèveront, au nom de la vérité, de la nature, de la vie. Ils exerceront leurs enfants à penser différemment, à remettre l'esprit au-dessus de la matière. Ils briseront la spirale du déclin du courage. Ainsi viendra l'éclosion des consciences dressées. Aujourd'hui les dissidents sont à l'Est, ils vont passer à l'Ouest. » Alexandre Soljenitsyne

vendredi 15 novembre 2024

Père JEAN BOBOC La Science et le Christianisme Orthodoxe



Interview du Père Jean Boboc, qui s'est endormi en Dieu en 2019
 pour le projet "Science & Orthodoxie dans le monde".
 L'interview a été réalisée par Dr. Eudoxie Delli, chercheuse du projet.

Le terme "zygote" désigne la première cellule formée suite à la fécondation, lorsqu'un spermatozoïde fusionne avec un ovule. C'est l'union des noyaux des deux gamètes (masculin et féminin) qui donne naissance à cette cellule unique, possédant un bagage génétique complet (diploïde). Le zygote est ainsi la première étape du développement d'un organisme multicellulaire.
Après sa formation, il subit des divisions cellulaires successives, donnant lieu à une série de stades embryonnaires, aboutissant progressivement à la formation d'un embryon. Dans le développement humain, le zygote constitue donc le tout début de la vie d'un nouvel individu.

Matthieu, chapitre 5
Ἠκούσατε ὅτι ἐρρέθη τοῖς ἀρχαίοις, Οὐ φονεύσεις: ὃς δ’ ἂν φονεύσῃ, ἔνοχος ἔσται τῇ κρίσει:
Vous avez entendu qu'il a été dit aux anciens : Tu ne tueras point ; et celui qui aura tué sera punissable par le jugement







lundi 11 novembre 2024

LE TRANSHUMANISME, CONSÉQUENCE DU NIHILISME par Anca VASILIU

Q. Quelle pertinence les études humanistes ancrées dans la pensée de Platon et d’Aristote ont-elles encore aujourd’hui, à l’ère postmoderne, du posthumanisme ou du transhumanisme posthumain?

AV— L’étude de la philosophie classique est une discipline enseignée depuis le lycée en France et qui fait partie des épreuves obligatoires du baccalauréat. À quoi bon, si nous sommes dans une ère posthumaniste ? Parce que la philosophie antique fournit à l’éducation les outils philologiques et conceptuels nécessaires à l’éducation de la pensée. Comment peut-on comprendre la postmodernité si on ne sait pas ce qu’est la modernité, d’où elle vient, et comment on peut l’assimiler afin d’être différents d’elle et, si possible, au-delà d’elle et de tout autre clivage (ancien et moderne, puis postmoderne, c’est-à-dire ni ancien ni moderne) ?

La philosophie classique signifie tout simplement l’éducation de l’esprit, du langage et des actions. Sur cette base, nous nous rapportons au monde dans lequel nous vivons et pouvons nous définir comme postmodernes, c’est-à-dire plus que modernes, récupérant non seulement le passé immédiat, l’héritage paternel, mais aussi le modèle culturel que la modernité elle-même a voulu dépasser en son temps.


La philosophie classique fournit le cadre et les outils pour savoir qui nous sommes au-delà de la détermination contextuelle générationnelle : moderne, postmoderne, traditionaliste, etc. Elle nous permet d’appréhender l’humanisme non pas d’un point de vue anthropologique mais culturellement, afin de se connaître soi-même soit dans la perspective de connaître les propriétés de l’humain, soit dans la recherche des moyens pour sortir de l’humain, en se revendiquant comme « non-humains » ou « trans-humains », fraternisant avec des robots, travaillant avec une intelligence artificielle ou vivant dans un univers peuplé d’êtres qui ne sont pas humains, mais « trans-humains », et peut-être même pas des êtres vivants, mais des illusions d’une superpuissance sans mort, mais aussi sans vie (sensibilité, ressenti, jugement, dévouement, créativité). Cette confrontation entre l’ancien et le nouveau en termes d’humain/non-humain n’est pas l’invention du postmodernisme. Dans la mythologie grecque, les jeunes dieux (les « modernes » dotés d’intelligence) se sont rebellés contre les dieux antérieurs, les « géants » (les pouvoirs élémentaires aveugles) et les ont vaincus en prenant leur place. L’histoire connue sous le nom de « Gigantomachie » a été utilisée comme topos dans la philosophie classique pour définir la confrontation des modèles culturels et des systèmes philosophiques, mais pas nécessairement comme une confrontation entre ancien et nouveau monde, avec une inhérente détermination du nouveau comme supérieur, mais comme une tentative de sortir du mode binaire de confrontation des oppositions en le remplaçant par un autre mode de fonctionnement qui s’est appelé dialectique. Or la dialectique, en introduisant un dialogue des systèmes, introduit aussi une situation culturelle hors opposition, une sorte de postmodernisme avant la lettre.


Q. Maintenant, la situation du transhumain est un peu différente, car le transhumain ne veut pas être une puissance aveugle, mais une puissance plus intelligente que l’intelligence de l’homme éduqué.


AV— En effet, sauf que cette intelligence supérieure à l’intelligence n’est que le produit de l’intelligence humaine, et que le transhumain n’est qu’une surestimation de la réalité, une réalité « augmentée » en surestimant la capacité de percevoir la réalité et de créer une nouvelle réalité. Pour remplacer la réalité par des fictions surréalistes, nous devons d’abord savoir ce qu’est la réalité. Est-elle donnée par les choses, c’est-à-dire par l’objectivité immanente du monde ? Ou est-ce le résultat de notre propre capacité de projection imaginative et discursive sur ce qui existe et sur ce qui n’existe pas, sans distinction entre être, non-être, sur-être ? Or ces questions étaient déjà formulées par les Sophistes aux Ve et IVe siècles avant Jésus-Christ. Qu’y a-t-il au-delà du sens et du pouvoir des mots ? Peut-être le transhumain, car ce n’est pas le langage et la connaissance de ses raisons qui le définissent, mais le calcul mathématique dont il est issu et qui le détermine. Nous parlons alors de ce qui est au-delà du pouvoir de la parole et de la pensée, mais parlons-nous de manière significative ou traduisons-nous des rêves et enchaînons-nous des métaphores de ce que pourrait être ? Je ne veux pas dire que tout ce qui nous préoccupe aujourd’hui a déjà été abordé et qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Mais je plaide pour la nécessité absolue d’une éducation qui nous donne les outils nécessaires pour continuer à réfléchir efficacement et positivement sur le monde et à répondre aux défis auxquels nous sommes confrontés.


Q.  Pour vous, c’est quoi le transhumain?


AV— Une création désespérée de l’humain, essayant de dépasser la limite de l’humain, comme une création luciférienne.

Nous voulons avoir le pouvoir absolu et l’immortalité. Mais la limite de l’humain n’est pas la mort, mais la déraison, la perte des repères intérieurs, de son propre esprit et de son propre cœur.

Le manque d’éducation conduit à la perte de l’illimité qui est inhérent à la nature humaine, pas au-delà ou en dehors d’elle. Culturellement parlant, le transhumanisme est une conséquence du nihilisme, enraciné dans une certaine modernité, celle du XIXe siècle, dont les conséquences ont produit les désastres du XXe siècle et semblent alimenter aussi les désastres du XXIe siècle. Mais je pense qu’un lent processus de décantation et de sortie du nihilisme a déjà commencé. Les contestations et les renversements plus ou moins spectaculaires sont de courte durée, comme toute tempête. L’être demeure inébranlable dans sa profondeur et la nature retrouve spontanément ses capacités créatrices et renaît même de ses cendres. Je ne suis pas optimiste, mais réaliste, c’est-à-dire observatrice, autant que possible, de la réalité.



Anca VASILIU.CV.sept.2024.pdf
Anca VASILIU.Publications.sept.2024.p



mardi 25 avril 2023

CONTRE LE PEUPLE ET LES LIBERTÉS

 

La politique de Macron : une révolution oligarchique contre le peuple

Par Pierre Le Vigan

Né en 1956, l’auteur collabore depuis quelque 40 ans à des revues d’idées. Urbaniste, il a travaillé dans le logement social. Il est aussi diplômé en histoire et philosophie. Il a publié une quinzaine de livres dont Le malaise est dans l’homme, Le front du cachalot (Carnets), Écrire contre la modernité, Inventaire de la modernité, Métamorphoses de la ville (éditions La barque d’or), Face à l’addiction (La barque d’or), Le Grand Empêchement. Comment le libéralisme entrave les peuples (Perspectives Libres éditions). Son dernier livre est intitulé « Eparpillé Façon Puzzle : Macron contre le peuple et les libertés ». Il est disponible aux éditions du Cercle Aristote.

« Liquidation », écrivait Frédéric Rouvillois dans son livre sur Macron comme définition de son projet (Liquidation. Emmanuel Macron et le saint-simonisme, Cerf, 2020). Le projet de Macron, c’est cela : liquider tout ce qui restait solide dans la société française, certaines mœurs et habitus, certaines structures, certains projets (devenir propriétaire d’une maison, la léguer, avoir un métier dont on est fier et pas seulement un ‘’job’’), rendre tout liquide, tout réversible, tout jetable (notamment les traces de notre histoire), tout interchangeable (les peuples, les gens, les sexes, les métiers, les territoires, etc). Éparpillé façon puzzle : cela veut dire que notre pays et notre peuple ont été mis en morceaux. Dispersés et hachés menu. Éparpillé : c’est le résultat de la politique de Macron. Un peuple dispersé, affaibli, atomisé.

Loin de n’avoir « rien fait », comme on l’entend parfois, Macron a presque tout réalisé de son programme. Vendre l’industrie française : c’est le capitalisme de connivence. Conforter l’oligarchie : c’est le pacte de corruption lié au covid, c’est à dire à l’interdiction de traiter les malades du covid hors procédures de vaccin (ceux permettant des super profits aux membres de la caste – ceux qui ont propulsé Macron et qui attendaient leur retour sur investissement).

Téléologie et domination du Capital

Il faut ici faire appel à Marx. Et d’abord souligner son point faible : la téléologie, voire une certaine eschatologie. C’est ce qu’il y a de moins convaincant chez Marx. « Pour nous, écrit Marx, le communisme n’est pas un état de choses qu’il convient d’établir, un idéal auquel la réalité devra se conformer. Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l’état actuel des choses. Les conditions de ce mouvement résultent des données préalables telles qu’elles existent actuellement. » (L’idéologie allemande). On peut en douter. Pour le dire autrement, peut-on penser que le règne du Capital (entendons par là les rapports sociaux lié à un certain état et un certain agencement des forces productives) aboutisse nécessairement, même avec un coup de pouce politique, au communisme selon Marx, c’est-à-dire à la fin de l’aliénation ? Non. On ne peut valider la thèse de l’inéluctabilité historique de la marche vers le socialisme marxien comme travail conscient de la transformation de la nature et de soi-même. On peut craindre au contraire que le brouillard des âmes et le brouillage de la conscience de soi comme sujet historique ne s’étendent, par le développement du fétichisme de la marchandise.

Pas de marche assurée au dépassement du capitalisme donc. Par contre, le règne du Capital (de la Forme Capital) peut aboutir à une version apocalyptique du « communisme », cette fois au sens stalinien, ou au sens de la dictature chinoise, c’est-à-dire à l’étatisme absolu. Mais la différence entre le totalitarisme néo-libéral et les totalitarismes communistes, c’est qu’il s’agit d’un étatisme antinational avec les néo-libéraux, l’État ayant fusionné avec les multinationales et la finance, qu’il a déjà sauvé en 2008 (cf. notamment Alain de Benoist, Au bord du gouffre. La faillite annoncée du système de l’argent, Krisis, 2015). Nous vivons ainsi sous le « soleil noir du capital », comme écrit Anselme Jappe. Il est là, non pour nous chauffer l’âme, mais pour brûler nos vies et pour nous aveugler par le crétinisme télévisuel des médias de grand chemin.

Quand Macron fait du saint-simonisme

Frédéric Rouvillois dit encore : « Comme Monsieur Jourdain faisait de la prose, Macron fait du saint-simonisme sans le savoir » (Figaro-vox, 27 septembre 2020). Cela va plus loin que cela, et c’est encore plus grave que cela. L’utopie rationaliste et techniciste de Saint-Simon (le socialiste) se voulait un « nouveau christianisme » (1825). Avec Macron, c’est d’un anti-christianisme, ou d’un post-christianisme (car s’opposer suppose de connaître, ou d’être déçu, non d’être indifférent) qu’il s’agit. Ses mots d’ordre sont non seulement ceux du télétravail mais ceux de la télévie. Une vie désincarnée. « Eloignez-vous les uns des autres », « Suspectez tout le monde (de ne pas être vacciné, d’être ‘’un danger’’) », « Méfiez-vous de votre prochain », « Isolez-vous » et au final « Préparez-vous à la vraie vie dans le monde libéral : la guerre de tous contre tous ». C’est le refus de toute incarnation. C’est l’effacement de toutes les images fédératrices. C’est la destruction de toutes les formes instituantes : école, églises, histoire de France, élections prises au sérieux, fêtes solennelles. C’est la victoire de « ceux qui ont créé leur start up » sur « ceux qui ne sont rien » et qui pourtant sont tout le peuple. C’est la domination des arrogants improductifs voire nuisibles (les affairistes) sur les travailleurs, sur les producteurs.

Les libéraux des deux rives contre le peuple et le politique

La politique Macron est le stade ultime du libéralisme et du capitalisme. Mais en quel sens ? C’est ici que nous voyions un tournant et une accélération dans les politiques libérales menées depuis 1983. Que s’est-il passé pour que le libéralisme devienne l’ennemi des libertés ? Il a fallu que le libéralisme fasse un constat. Le libéralisme se heurte à la résistance de la nature humaine. Qu’en conclut-il ? Qu’il faut changer la nature humaine. Tel est l’objectif de Macron et plus largement du Great Reset (la grande réinitialisation) de Klaus Schwab et Thierry Malleret (un livre publié en 2020). Le libéralisme ne se remet pas en question. Il remet le réel en question. La société n’est pas conforme aux postulats libéraux ? Ne changeons pas le libéralisme, mais changeons la société. Les communistes ont parfois fonctionné de cette façon. En ce sens, les libéraux sont leurs élèves. Entendons : les élèves de ce que les communistes ont fait de pire.

Les libéraux ont donc constaté que la société n’était pas entièrement conforme aux schémas libéraux. Il faut donc changer la société. C’est pourquoi le libéral-libertaire Macron, unissant les libéraux des deux rives, les fossoyeurs de la France des deux rives, les oligarques des deux rives (une affaire qui a mieux marché que la sympathique tentative de Jean-Pierre Chevènement en 2002 d’unir les « Républicains des deux rives »), appuyé sur le crétinisme et l’inculture des bobos, veut donner au libéralisme un nouvel élan et ne peut le faire qu’en supprimant la démocratie, en la réduisant à des procédures hors sol, non représentatives.

C’est pourquoi la Ve République (qui n’était pas parfaite mais était un outil améliorable) a été vidée du meilleur de son contenu, avec l’extension des pouvoirs du Conseil Constitutionnel, du Conseil d’État, des juges, avec le quinquennat et l’inversion du calendrier électoral, avec la transformation du poste de premier ministre en simple poste de collaborateur (et pas le premier) du Chef de l’État, et avec bien entendu la tutelle de l’UE (si utile car déresponsabilisante).

Bilan : des élites robotisées et les robots conte la France. Les élites peuvent se permettre d’être anti-patriotes et hors sol, de partout et de nul part. Le peuple ne le peut pas. « A celui qui n’a rien, la patrie est son seul bien. »1.

« Crise » du Covid et «crise » du climat comme moyen de tétanisation du peuple

En rendant les élections de plus en plus déconnectées du peuple (la grande majorité des élus des chambres viennent des couches supérieures de la nation), en mettant dans les lois ordinaires toutes les lois d’exception qui devaient être temporaires, liées au terrorisme, à la « crise » du covid2, au « climat », la politique Macron vise aussi à sauver le capitalisme par une mutation totalitaire. Il s’agit de mêler fausse « urgence » écologique (alors que l’écologie sérieuse, c’est le long terme), réduite à ce qui intéresse le système, c’est-à-dire la « croissance verte » et non la relocalisation de nos économies et industries, et réformes sociétales consistant à mettre l’accent sur de faux problèmes (comme les inégalités de salaire homme-femme, qui sont depuis longtemps interdites par… le Code du travail).

S’ensuit tout un discours mensonger sur de soi-disant « réfugiés » climatiques, prétexte à de nouvelles vagues migratoires, et sur un « changement » climatique d’origine seulement anthropique, hypothèse bien incertaine (le climat a tout le temps changé, et l’influence du soleil peut être infiniment plus importante que l’action humaine. Lire ou relire Emmanuel Le Roy-Ladurie sur le perpétuel changement du climat. En outre, un réchauffement n’a pas que des aspects négatifs). Tétaniser les hommes pour les neutraliser. Mondialiser tous les problèmes pour faire oublier que des solutions locales et démocratiques peuvent exister. Mais aussi préparer un nouvel âge du capitalisme. Voilà l’agenda Macron.

Vaccinations et lutte du Capital contre la baisse tendancielle du taux de profit

Nous avons souligné les limites de Marx quand il croit pouvoir déceler un mouvement téléologique dans l’histoire. Mais cela ne peut faire oublier que Marx est totalement pertinent quand il inscrit l’économie dans une anthropologie et une philosophie, inscription richement prolongé par de nombreux marxiens, tel Karel Kosik3, Georg Lukacs, Tran Duc Thao, Roger Garaudy4, Lucien Sève5… Il n’y a, comme le soutenait Raymond Abellio même après s’être détaché de certains aspects du marxisme, de solide théorie de la valeur que celle, marxienne, de la valeur-travail. En conséquence, est aussi pertinente la théorie de la plus-value et la loi de baisse tendancielle du taux de profit. Le jeu des tendances et contre tendances de cette loi garde une grande valeur explicative. Or, dans la mesure où l’économie capitaliste du monde occidental, et surtout européen est de moins en moins productive, le capitalisme a besoin d’être de plus en plus parasitaire, prédateur, improductif. Il a besoin de contrecarrer la baisse tendancielle du taux de profit. Et c’est là qu’arrivent les « vaccins ».

Un vaccin obligatoire ou des vaccins obligatoires, et renouvelables plusieurs fois par an, constituent un formidable moyen de rétablir de hauts taux de profit dissociés de toute production socialement utile. Des profits sûrs avec la socialisation des risques et des éventuelles pertes (ou coûts de recherche), et avec la privatisation des profits. Processus classique d’un capitalisme de plus en plus ennemi de l’économie réelle, un capitalisme parasitaire et improductif qui a besoin de l’Etat pour restaurer ses profits, pour sauver les banques et les marchés financiers.

Passe sanitaire, confinements et couvre-feu contre la révolte populaire

Le puçage généralisé de tous, et, au-delà de cela, le transhumanisme comme fabrication synthétique de soi et marchandisation de soi sont des moyens de relancer l’exploitation de l’homme en poussant l’aliénation jusqu’à la création d’un homme nouveau, simplifié, interchangeable, déshérité, sans culture. Un homme en kit, dans lequel tout est amovible, y compris ses organes sexuels. C’est ce qui se passe avec la stratégie dite « anti-covid », avec passe sanitaire puis passe vaccinal, couvre-feu et confinements (et pourquoi pas bientôt des confinements contre le réchauffement climatique, sachant qu’il y a déjà des interdictions de circulation ?).

Ce qu’ont entrepris Macron et l’Union européenne comme projet de long terme, c’est une guerre de liquidation anthropologique de l’homme comme lié à ses semblables c’est-à-dire d’abord à son peuple, et être d’héritage culturel, issu d’une histoire, bénéficiaire d’une transmission. Libéral, on pourrait penser que le pouvoir macronien est issu pourtant en ligne directe du libéralisme de Benjamin Constant. Mais il y a dans cela une cohérence : la logique du libéralisme est l’individualisme. Elle est le tout à l’ego. Sa logique est la dissociation et l’éclatement du lien social. Sa logique est l’atomisation des gens et des peuples. Sa logique mène donc à la mort des peuples et à l’individualisation de tout (d’où la destruction du Code du travail, la destruction de la Sécurité sociale, des retraites par répartition, etc). La logique du libéralisme comme individualisme et culte des idées abstraites est la suppression du passé. Voilà comment on tue une civilisation pour y substituer une sous-civilisation de gens pucés et sous surveillance continue. Voilà comment on crée un « parc humain », comme dit Peter Sloterdijk. C’est pourquoi le libéralisme est contre les libertés et les peuples. Sa logique est orwellienne. 1984, nous y sommes.

Une nécessaire libération : se libérer du libéralisme pour se libérer du règne du Capital

Macron est l’actuel fondé de pouvoir de l’oligarchie. Un personnage anecdotique en un sens, mais si emblématique. Et c’est pourquoi il inspire les sentiments massivement hostiles que l’on peut constater chaque jour. Car la seule chose qu’il incarne, c’est justement l’abstraction, l’inhumanité et la brutalité de ce pouvoir oligarchique.

Le monde de Macron, c’est un libéralisme totalitaire au service de l’argent-roi. C’est pourquoi le réveil des solidarités locales et nationales est nécessaire. Il ne s’agit pas d’autre chose que d’une lutte de libération nationale et sociale. « Il faut refaire des hommes libres. », disait Bernanos (La liberté, pour quoi faire ?, 1946). Cela ne se fera pas sans reconquérir nos libertés de peuple, nos libertés nos libertés en commun.

PLV

Derniers livres de l’auteur : Eparpillé façon puzzle (Libres, 2022), La planète des philosophes (Dualpha, 2022), Métamorphoses de la ville (La barque d’or, 2021).

1 Au moment où on débat des droits de succession sur les héritages, il faut savoir qu’un Français sur trois n’hérite de rien, et qu’un ouvrier et employé sur deux hérite de moins de 8000 (huit mille) euros (de quoi acheter une place de parking à Montélimar).

2 le covid car c’est un virus et non la covid car qui dit virus ne dit pas forcément maladie] (2 % seulement des entrées en hospitalisations en 2020 y sont liés, France-info 17-11-2021).

3 La dialectique du concret, François Maspero, 1970, Les éditions de la Passion, 1988.

4 Marxisme du XXe siècle, 10-18, 1966.

5 Une introduction à la philosophie marxiste, éditions sociales, 1980.



jeudi 23 décembre 2021

Le mépris de la femme et son infériorité vus chez Les Philosophes des "Lumières"


«Ce sont “les savants du XVIIIème siècle et en premier lieu les médecins-philosophes des Lumières” qui “inventent une nature féminine incommensurable à celle de l’homme et la définissent à partir des nécessités de l’espèce et des lois de la reproduction”. » Plus animalisée et instrumentalisée encore que l’homme, la femme est réduite à son rôle de génitrice tant qu’elle en est en mesure, puis le mépris voltairien en dira la déchéance : « La femelle, étant plus faible, devient encore plus dégoûtante et plus affreuse. L’objet de la terre le plus hideux est une décrépite.»  celle dont Diderot dira « que la dévotion est son unique et dernière ressource». « L’animalisation rhétorique de la femme n’est pas sans relation avec 1’estompage de frontière entre l’humanité et l’animalité, qu’induit à divers titres le scientisme des Lumières…», écrit X. Martin. La haine vis-à- vis du premier couple biblique n’a pas son pareil en aucune autre époque. Si Adam avait besoin d’une aide, Diderot déclare : « L’homme ne peut être que le monstre de la femme, ou la femme le monstre de l’homme. »  L’humaniste socialiste Proudhon ne pense pas que la femme mérite le titre de compagne de l’homme. «Je crois que c’est élever très haut la  femme que de l’appeler compagne de l’homme »  et il ajoute : « Entre la femme et l’homme [...] il n’y a pas véritablement société. L’homme et la femme ne vont pas de compagnie. La différence entre les sexes élève entre eux une séparation de même nature que celle de la différence des races met entre les animaux. »  Ces formulations visent en fait à déclarer l’inconsistance ontologique de la femme en tant que compagne de l’homme et quand bien même le mépris de l’homme (mâle) est sous-jacent, la charge est en fait dirigée contre l’enseignement de la Genèse.

 Sur un tel terreau «humaniste  est né un eugénisme générateur de racisme bien avant le XXe siècle. L’auteur du Mythe aryen déclare dans un autre de ses ouvrages : 
L’affaire paraissait entendue : le racisme était un enfant, un fils naturel non reconnu de la science des Lumières » ; « Que l’idéologie raciale fût une des filles des Lumières n’était pas une révélation pour les spécialistes [...]. Mais, en dépit des innombrables travaux qui y ont été consacrés depuis (i.e. depuis 1945), l’intellectuel moyen continue de n’en rien savoir » ; «  
« On continuera donc à combattre le racisme ; et même à le combattre au nom de ces apôtres des Lumières qui en furent les inventeurs de fait”.

Certes, on déplaira à beaucoup, mais le racisme scientifique est ainsi l’héritier de 1’anthropologie des Lumières. X. Martin fait remarquer combien prendre le parti de L. Poliakov, c’est-à-dire dénoncer « le rôle de cette  anthropologie matérialisante et réductionniste de Cabanis comme relais entre la philosophie des Lumières et le biologisme matérialiste du XIXe siècle où trouvera nourriture la doctrine national-socialiste », discrédite l’auteur et 1e disqualifie car la pensée correcte a élevé des « blocages dogmatiques». Blocages dont la pensée correcte génère aussi l’autocensure. Il faudra attendre la fin de la Révolution française pour que des hommes, repentis et soumis au nouveau pouvoir, reconnaissent comme Maine de Biran que : «  Les philosophes du XVIIIe siècle se sont lourdement trompés à cet égard ; ils n’ont pas connu l’homme. » Cette reconnaissance tardive de l’échec des Lumières à connaître l’homme, n’empêchera pas la floraison d’épigones de cette pensée, de fait totalement antihumaniste, de faire florès jusqu’à ce jour.
 Éléments pour une théo-anthropologie orthodoxe

P. Jean Boboc 





Le mépris de la femme et son infériorité vus chez Les Philosophes des "Lumières"


«Ce sont “les savants du XVIIIème siècle et en premier lieu les médecins-philosophes des Lumières” qui “inventent une nature féminine incommensurable à celle de l’homme et la définissent à partir des nécessités de l’espèce et des lois de la reproduction”. » Plus animalisée et instrumentalisée encore que l’homme, la femme est réduite à son rôle de génitrice tant qu’elle en est en mesure, puis le mépris voltairien en dira la déchéance : « La femelle, étant plus faible, devient encore plus dégoûtante et plus affreuse. L’objet de la terre le plus hideux est une décrépite.»  celle dont Diderot dira « que la dévotion est son unique et dernière ressource». « L’animalisation rhétorique de la femme n’est pas sans relation avec 1’estompage de frontière entre l’humanité et l’animalité, qu’induit à divers titres le scientisme des Lumières…», écrit X. Martin. La haine vis-à- vis du premier couple biblique n’a pas son pareil en aucune autre époque. Si Adam avait besoin d’une aide, Diderot déclare : « L’homme ne peut être que le monstre de la femme, ou la femme le monstre de l’homme. »  L’humaniste socialiste Proudhon ne pense pas que la femme mérite le titre de compagne de l’homme. «Je crois que c’est élever très haut la  femme que de l’appeler compagne de l’homme »  et il ajoute : « Entre la femme et l’homme [...] il n’y a pas véritablement société. L’homme et la femme ne vont pas de compagnie. La différence entre les sexes élève entre eux une séparation de même nature que celle de la différence des races met entre les animaux. »  Ces formulations visent en fait à déclarer l’inconsistance ontologique de la femme en tant que compagne de l’homme et quand bien même le mépris de l’homme (mâle) est sous-jacent, la charge est en fait dirigée contre l’enseignement de la Genèse.

 Sur un tel terreau «humaniste  est né un eugénisme générateur de racisme bien avant le XXe siècle. L’auteur du Mythe aryen déclare dans un autre de ses ouvrages : 
L’affaire paraissait entendue : le racisme était un enfant, un fils naturel non reconnu de la science des Lumières » ; « Que l’idéologie raciale fût une des filles des Lumières n’était pas une révélation pour les spécialistes [...]. Mais, en dépit des innombrables travaux qui y ont été consacrés depuis (i.e. depuis 1945), l’intellectuel moyen continue de n’en rien savoir » ; «  
« On continuera donc à combattre le racisme ; et même à le combattre au nom de ces apôtres des Lumières qui en furent les inventeurs de fait”.

Certes, on déplaira à beaucoup, mais le racisme scientifique est ainsi l’héritier de 1’anthropologie des Lumières. X. Martin fait remarquer combien prendre le parti de L. Poliakov, c’est-à-dire dénoncer « le rôle de cette  anthropologie matérialisante et réductionniste de Cabanis comme relais entre la philosophie des Lumières et le biologisme matérialiste du XIXe siècle où trouvera nourriture la doctrine national-socialiste », discrédite l’auteur et 1e disqualifie car la pensée correcte a élevé des « blocages dogmatiques». Blocages dont la pensée correcte génère aussi l’autocensure. Il faudra attendre la fin de la Révolution française pour que des hommes, repentis et soumis au nouveau pouvoir, reconnaissent comme Maine de Biran que : «  Les philosophes du XVIIIe siècle se sont lourdement trompés à cet égard ; ils n’ont pas connu l’homme. » Cette reconnaissance tardive de l’échec des Lumières à connaître l’homme, n’empêchera pas la floraison d’épigones de cette pensée, de fait totalement antihumaniste, de faire florès jusqu’à ce jour.
 Éléments pour une théo-anthropologie orthodoxe

P. Jean Boboc