Si quelqu'un, en effet, veut aimer la vie et voir des jours heureux, qu'il préserve sa langue du mal et ses lèvres des paroles trompeuses, qu'il se détourne du mal et fasse le bien, qu'il recherche la paix et la poursuive. 1 Pierre 3:10-11 Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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vendredi 13 octobre 2023

COMMENT CONNAÎTRE LA VOLONTÉ DE DIEU ? par l'ARCHIPRÊTRE ALEXIS UMINSKY



Comment pouvons-nous découvrir le plan de Dieu pour nous ? Comment pouvons-nous comprendre si nous agissons dans la vie selon la volonté de Dieu ou par nous-mêmes ?


« Est-ce la volonté de Dieu que j’épouse cet homme ? « Et si on allait travailler dans une organisation précise pour entrer dans tel ou tel institut ? « La volonté de Dieu concerne-t-elle un événement dans ma vie et une de mes actions ? » Nous nous posons tout le temps des questions comme celles-ci. Comment pouvons-nous comprendre si nous agissons dans la vie selon la volonté de Dieu ou par nous-mêmes ? Et en général, comprenons-nous correctement la volonté de Dieu ? L'archiprêtre Alexy Uminsky, recteur de l'église de la Sainte Trinité de Khokhly, a répondu.

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– Comment la volonté de Dieu peut-elle se manifester dans nos vies ?


– Je pense que cela peut se manifester à travers les circonstances de la vie, le mouvement de notre conscience, les reflets de l'esprit humain, à travers des comparaisons avec les commandements de Dieu, à travers, avant tout, le désir même d'une personne de vivre selon la volonté de Dieu.


Archiprêtre Alexy Uminsky


  Le plus souvent, le désir de connaître la volonté de Dieu surgit spontanément : il y a cinq minutes, nous n’en avions pas besoin, et soudain, boum, nous avons un besoin urgent de comprendre la volonté de Dieu. Et le plus souvent dans des situations quotidiennes qui ne concernent pas l'essentiel.

    Ici, certaines circonstances de la vie deviennent l'essentiel : se marier ou ne pas se marier, aller à gauche, à droite ou tout droit, qu'allez-vous perdre - un cheval, une tête ou autre chose, ou vice versa, gagnerez-vous ? La personne commence, comme si elle avait les yeux bandés, à pousser dans différentes directions.


    Je pense que connaître la volonté de Dieu est l’une des tâches principales de la vie humaine, une tâche urgente chaque jour. C’est l’une des principales demandes du Notre Père, à laquelle les gens ne prêtent pas suffisamment attention.


– Oui, nous disons : « Que ta volonté soit faite » au moins cinq fois par jour. Mais nous souhaitons nous-mêmes intérieurement que « tout aille bien » selon nos propres idées...


    – Vladyka Antoine de Sourozh disait très souvent que lorsque nous disons « Que ta volonté soit faite », nous voulons en fait à la vérité que ce soit notre volonté qui soit, mais pour qu'à ce moment-là elle coïncide avec la volonté de Dieu, soit validée, approuvée par Lui. À la base, il s’agit d’une idée astucieuse.


    La volonté de Dieu n'est pas un secret, ni une sorte de code qu'il faut déchiffrer ; pour le savoir, vous n’avez pas besoin d’aller voir les Anciens, vous n’avez pas besoin d’interroger spécifiquement quelqu’un d’autre à ce sujet.


Le moine Abba Dorotheos en parle ainsi :


« Un autre pourrait penser : si quelqu’un n’a pas de personne à interroger, alors que doit-il faire dans ce cas ? Si quelqu'un veut vraiment, de tout son cœur, accomplir la volonté de Dieu, alors Dieu ne le quittera jamais, mais l'instruira de toutes les manières possibles selon sa volonté. En vérité, si quelqu’un dirige son cœur selon la volonté de Dieu, alors Dieu éclairera le petit enfant pour lui faire part de Sa volonté. Si quelqu'un ne veut pas faire sincèrement la volonté de Dieu, alors même s'il ira vers le prophète, et Dieu mettra dans le cœur du prophète de lui répondre, conformément à son cœur corrompu, comme le dit l'Écriture : et si un prophète est séduit et dit une parole, le Seigneur a séduit ce prophète (Ézéchiel 14 : 9).

    

    Bien que chaque personne, à un degré ou à un autre, souffre d'une sorte de surdité spirituelle interne. Brodsky a cette phrase : « Je suis un peu sourd. Mon Dieu, je suis aveugle." Développer cette audition intérieure est l’une des principales tâches spirituelles d’un croyant.


        Il y a des gens qui sont nés avec une oreille musicale absolue, mais il y a ceux qui ne frappent pas les notes. Mais avec une pratique constante, ils peuvent développer leur oreille musicale manquante. Même si ce n’est pas dans l’absolu. La même chose arrive à celui qui veut connaître la volonté de Dieu.


– Quels exercices spirituels sont nécessaires ici ?


– Oui, pas d’exercices particuliers, il faut juste un grand désir d’entendre Dieu et de lui faire confiance. Il s’agit d’une lutte sérieuse avec soi-même, appelée ascèse. Voici le centre principal de l'ascèse, quand au lieu de vous-même, au lieu de toutes vos ambitions, vous mettez Dieu au centre.






– Comment pouvons-nous comprendre qu’une personne accomplit réellement la volonté de Dieu et n’agit pas de manière arbitraire en se cachant derrière cela ? Ainsi, le saint juste Jean de Cronstadt a prié avec audace pour le rétablissement de ceux qui le demandaient et savait qu'il accomplissait la volonté de Dieu. D'un autre côté, c'est si facile, en se cachant derrière le fait qu'on agit selon la volonté de Dieu, de faire quelque chose d'inconnu...


    – Bien sûr, le concept de « volonté de Dieu » en lui-même peut être utilisé, comme tout dans la vie humaine, simplement pour une sorte de manipulation. Il est trop facile d’attirer arbitrairement Dieu à vos côtés, d’utiliser la volonté de Dieu pour justifier la souffrance de quelqu’un d’autre, vos propres erreurs et votre propre inaction, votre stupidité, votre péché et votre méchanceté.

    Nous attribuons beaucoup de choses à Dieu. Dieu est souvent à notre procès, en tant qu'accusé. La volonté de Dieu nous est inconnue uniquement parce que nous ne voulons pas la connaître. Nous le remplaçons par nos fictions et l'utilisons pour réaliser certaines fausses aspirations.

    La véritable volonté de Dieu est discrète, avec beaucoup de tact. Malheureusement, n’importe qui peut facilement utiliser cette expression à son avantage. Les gens manipulent Dieu. Il est facile pour nous de justifier tout le temps nos crimes ou nos péchés en disant que Dieu est avec nous.

    Nous voyons cela se produire sous nos yeux aujourd’hui. Comment les gens portant les mots « Volonté de Dieu » sur leur T-shirt frappent leurs adversaires au visage, les insultent et les envoient en enfer. Est-ce la volonté de Dieu de battre et d’insulter ? Mais certaines personnes croient qu’elles sont elles-mêmes la volonté de Dieu. Comment les en dissuader ? Je ne sais pas.


La volonté de Dieu, la guerre et les commandements


– Mais quand même, comment ne pas se tromper, reconnaître la vraie volonté de Dieu, et non quelque chose d’arbitraire ?


        – Un grand nombre de choses se font le plus souvent selon notre propre volonté, selon notre désir, car lorsqu'une personne veut que sa volonté soit faite, elle est faite. Lorsqu'une personne veut que la volonté de Dieu soit faite et dit : « Que ta volonté soit faite » et ouvre la porte de son cœur à Dieu, alors peu à peu, la vie de la personne est prise entre les mains de Dieu. Et quand une personne ne veut pas cela, alors Dieu lui dit : « que ta volonté soit faite, s'il te plaît ».

    La question se pose de notre liberté, dans laquelle le Seigneur n'intervient pas, pour laquelle il limite sa liberté absolue.

    L'Évangile nous dit que la volonté de Dieu est le salut de tous les hommes. Dieu est venu dans le monde pour que personne ne périsse. Notre connaissance personnelle de la volonté de Dieu réside dans la connaissance de Dieu, qui pour nous révèle aussi l'Évangile : « Afin qu'ils te connaissent, le seul vrai Dieu » (Jean 17, 3), dit Jésus-Christ.

    Ces paroles sont entendues lors de la Dernière Cène, au cours de laquelle le Seigneur lave les pieds de ses disciples et apparaît devant eux comme un amour sacrificiel, miséricordieux et salvateur. Où le Seigneur révèle la volonté de Dieu, montrant aux disciples et à nous tous l'image du service et de l'amour, pour que nous fassions de même.

    Après avoir lavé les pieds de ses disciples, le Christ dit : « Savez-vous ce que je vous ai fait ? Vous M'appelez Maître et Seigneur, et vous parlez correctement, car Je suis exactement cela. Donc, si moi, le Seigneur et Maître, je vous ai lavé les pieds, alors vous devriez vous laver les pieds les uns les autres. Car je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez aussi ce que je vous ai fait. En vérité, en vérité, je vous le dis, un serviteur n'est pas plus grand que son maître, et un messager n'est pas plus grand que celui qui l'a envoyé. Si vous savez cela, heureux serez-vous quand vous le ferez » 

(Jean 13 : 12-17).



    Ainsi, la volonté de Dieu pour chacun de nous se révèle comme une tâche pour chacun de nous d'être comme le Christ, d'être impliqué en Lui et co-naturel dans Son amour. Sa volonté est également dans ce premier commandement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée : ceci est le premier et le plus grand commandement ; la seconde lui est semblable : aime ton prochain comme toi-même » (Matthieu 22, 37-39).


    Sa volonté est aussi la suivante : « …aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent et priez pour ceux qui vous maltraitent » (Luc 6 :27-28).


    Et par exemple en ceci : « Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamné ; pardonne, et il te sera pardonné » (Luc 6 : 37).

La parole évangélique et la parole apostolique, la parole du Nouveau Testament, tout cela est une manifestation de la volonté de Dieu pour chacun de nous. Il n’y a aucune volonté de Dieu pour pécher, pour insulter autrui, pour humilier autrui, pour que les gens s’entretuent, même si leurs banderoles disent : « Dieu est avec nous ».


    – Il s’avère que pendant une guerre, il y a une violation du commandement « Tu ne tueras pas ». Mais, par exemple, les soldats de la Grande Guerre patriotique, qui ont défendu leur patrie et leur famille, sont-ils vraiment allés à l'encontre de la volonté du Seigneur ?


    – Il est évident qu’il y a la volonté de Dieu de protéger de la violence, de protéger, entre autres choses, sa Patrie de "l'invasion des étrangers", de la ruine et de l’asservissement de son peuple. Mais en même temps, il n’y a pas de volonté de Dieu pour la haine, pour le meurtre, pour la vengeance.



    Il faut juste comprendre que ceux qui ont défendu leur Patrie n'avaient alors pas d'autre choix pour le moment. Mais toute guerre est une tragédie et un péché. Il n’y a pas de guerres justes.

    À l’époque chrétienne, tous les soldats revenant de la guerre faisaient pénitence. Tous, malgré une guerre apparemment juste, pour défendre leur patrie. Parce qu'il est impossible de rester pur, amoureux et en union avec Dieu quand on a une arme entre les mains et que, qu'on le veuille ou non, on est obligé de tuer.

    Je voudrais aussi noter ceci : lorsque nous parlons d'amour pour les ennemis, d'Évangile, lorsque nous comprenons que l'Évangile est la volonté de Dieu pour nous, alors parfois nous voulons vraiment justifier notre aversion et notre réticence à vivre selon l'Évangile par quelques paroles presque patristiques.

    Eh bien, par exemple : citez une citation tirée de Jean Chrysostome « ​​sanctifie ta main d'un coup » ou l'opinion du métropolite Philarète de Moscou selon laquelle : aime tes ennemis, bats les ennemis de la patrie et abhorre les ennemis du Christ. Il semblerait qu'avec une phrase aussi succincte, tout se mette en place, j'ai toujours le droit de choisir qui est l'ennemi du Christ parmi ceux que je déteste et que je peux facilement nommer : « Vous êtes simplement un ennemi du Christ, et c'est pourquoi Je vous abhorre ; tu es un ennemi de ma patrie, c’est pourquoi je t’ai battu. »


    Mais ici, il suffit simplement de regarder l'Évangile et de voir : qui a crucifié le Christ et pour qui le Christ a prié, a demandé à son Père : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font » (Luc 23 : 34) ? Étaient-ils les ennemis du Christ ? Oui, c’étaient les ennemis du Christ, et Il a prié pour eux. Étaient-ce les ennemis de la Patrie, les Romains ? Oui, c'étaient des ennemis de la patrie. Étaient-ce ses ennemis personnels ? Très probablement non. Parce que Christ personnellement ne peut pas avoir d’ennemis. Une personne ne peut pas être un ennemi du Christ. Il n’y a qu’une seule créature qui puisse véritablement être qualifiée d’ennemi : c’est Satan.

Et donc, oui, bien sûr, lorsque votre patrie était encerclée par des ennemis et que votre maison était incendiée, alors vous devez vous battre pour elle et vous devez combattre ces ennemis, vous devez les vaincre. Mais l’ennemi cesse immédiatement d’être un ennemi dès qu’il dépose les armes.

    Rappelons-nous comment les femmes russes, dont les proches ont été tués par ces mêmes Allemands, ont traité les Allemands capturés, comment elles ont partagé avec eux un maigre morceau de pain. Pourquoi à ce moment-là ont-ils cessé d'être pour eux des ennemis personnels, restant des ennemis de la Patrie ? L'amour et le pardon que les Allemands capturés virent alors, ils se souviennent encore et le décrivent dans leurs mémoires...

    Si l'un de vos voisins a soudainement insulté votre foi, vous avez probablement le droit de cette personne de traverser de l'autre côté de la rue. Mais cela ne signifie pas que vous êtes libéré du droit de prier pour lui, de souhaiter le salut de son âme et d'utiliser de toutes les manières possibles votre propre amour pour la conversion de cette personne.



Est-ce la volonté de Dieu concernant la souffrance ?


– L’Apôtre Paul dit : « Rendez grâce en toutes choses : car telle est la volonté de Dieu en Jésus-Christ à votre égard » (1 Thess. 5 :18). Cela signifie que tout ce qui nous arrive est selon sa volonté. Ou agissons-nous par nous-mêmes ?


    – Je pense qu’il est correct de citer la citation entière : « Réjouissez-vous toujours. Priez sans cesse. En toutes choses, rendez grâces : car telle est la volonté de Dieu à votre égard en Jésus-Christ » (1 Thess. 5 : 16-18).

    La volonté de Dieu pour nous est que nous vivions dans un état de prière, de joie et d'action de grâce. De sorte que notre condition, notre plénitude, réside dans ces trois actions importantes de la vie chrétienne.


    – Une personne ne veut clairement pas de maladie ou de problèmes pour elle-même. Mais tout cela arrive. Par la volonté de qui ?


    – Même si une personne ne veut pas que des problèmes et des maladies surviennent dans sa vie, elle ne peut pas toujours les éviter. Mais il n’y a pas de volonté de Dieu pour la souffrance. Il n'y a pas de volonté de Dieu sur la montagne. Il n’y a aucune volonté de Dieu pour la mort et la torture des enfants. Ce n’est pas la volonté de Dieu qu’il y ait des guerres ou des bombardements à Donetsk et Lougansk, pour les chrétiens dans ce terrible conflit, situés de part et d’autre de la ligne de front, communiant dans les églises orthodoxes, puis allant s’entre-tuer.


    Dieu n'aime pas nos souffrances. Par conséquent, quand les gens disent : « Dieu a envoyé la maladie », c'est un mensonge, un blasphème. Dieu n'envoie pas de maladies.


        Ils existent dans le monde parce que le monde réside dans le mal.


– Il est difficile pour une personne de comprendre tout cela, surtout quand elle se trouve en difficulté...


    – On ne comprend pas beaucoup de choses dans la vie, en s’appuyant sur Dieu. Mais si nous savons que « Dieu est amour » (1 Jean 4 :8), nous ne devrions pas avoir peur. Et nous ne le savons pas seulement grâce aux livres, mais nous comprenons à travers notre expérience de vie selon l’Évangile, alors nous pouvons ne pas comprendre Dieu, à un moment donné, nous pouvons même ne pas l’entendre, mais nous pouvons lui faire confiance et ne pas avoir peur.

    Parce que si Dieu est amour, même quelque chose qui nous arrive en ce moment semble complètement étrange et inexplicable, nous pouvons comprendre et faire confiance à Dieu, savoir qu'avec Lui il ne peut y avoir de catastrophe.

    Rappelons-nous comment les apôtres, voyant qu'ils se noyaient dans un bateau pendant une tempête et pensant que le Christ dormait, furent horrifiés que tout était déjà fini et qu'ils allaient maintenant se noyer et que personne ne les sauverait. Le Christ leur dit : « Pourquoi avez-vous si peur, vous de peu de foi ! » (Matthieu 8 :26) Et Il a arrêté la tempête.

    La même chose qui arrive aux apôtres nous arrive. Il nous semble que Dieu ne se soucie pas de nous. Mais en réalité, nous devons suivre jusqu’au bout le chemin de la confiance en Dieu, si nous savons qu’Il ​​est amour.





– Mais quand même, si l’on prend notre quotidien. J'aimerais comprendre où est son plan pour nous, quel est-il. Une personne s'obstine à postuler dans une université et est acceptée pour la cinquième fois. Ou peut-être aurais-je dû arrêter et choisir un autre métier ? Ou est-ce que les conjoints sans enfants suivent un traitement, font beaucoup d’efforts pour devenir parents, et peut-être que, selon le plan de Dieu, ils n’ont pas besoin de le faire ? Et parfois, après des années de traitement pour ne pas avoir d'enfant, les conjoints donnent naissance subitement à des triplés...


     Il me semble que Dieu peut avoir plusieurs projets pour une personne. Une personne peut choisir différents chemins dans la vie, et cela ne signifie pas qu'elle viole la volonté de Dieu ou qu'elle vit selon elle. Parce que la volonté de Dieu peut porter sur différentes choses pour une personne en particulier et à différentes périodes de sa vie. Et parfois, c’est la volonté de Dieu qu’une personne s’égare et, par son échec, apprenne certaines choses importantes par elle-même.


    La volonté de Dieu est éducative. Il ne s'agit pas d'un test pour l'examen d'État unifié, où vous devez cocher la case requise : si vous le remplissez, vous découvrez, si vous ne le remplissez pas, vous avez fait une erreur, et puis toute ta vie va mal. Pas vrai. La volonté de Dieu nous arrive constamment, comme une sorte de mouvement de notre part dans cette vie sur le chemin vers Dieu, le long duquel nous errons, tombons, nous trompons, allons dans la mauvaise direction et entrons dans le chemin clair.

    Et tout le chemin de notre vie est l’étonnante éducation que Dieu nous a donnée. Cela ne veut pas dire que si je suis entré quelque part ou si je n’y suis pas entré, c’est la volonté de Dieu pour moi pour toujours ou son absence. Il ne faut pas avoir peur de ça, c'est tout. Parce que la volonté de Dieu est une manifestation de l’amour de Dieu pour nous, pour nos vies, c’est le chemin du salut. Et pas le chemin pour entrer ou ne pas entrer dans l'institut...


    Vous devez faire confiance à Dieu et cesser d'avoir peur de la volonté de Dieu, car il semble à une personne que la volonté de Dieu est une chose tellement désagréable et insupportable, quand il faut tout oublier, tout abandonner, se briser complètement, se remodeler et, surtout, perdez votre liberté.


    Et une personne veut vraiment être libre. Et il lui semble donc que si Dieu le veut, alors ce n’est qu’une privation de liberté, un tel tourment, un exploit incroyable.

Mais en fait, la volonté de Dieu est la liberté, car le mot « volonté » est synonyme du mot « liberté ». Et quand une personne comprend vraiment cela, elle n’aura peur de rien.


Lire sur Pravmir https://www.pravmir.ru/da-budet-volya-tvoya-kak-uznat-chego-hochet-bog/


 

mercredi 28 avril 2021

"Pourquoi mon Dieu tant de souffrances ?"



 C'est un fait réel que dans notre vie il y a beaucoup de douleur et de tristesse. La terre entière est un lieu de lamentations ; les moments de joie et de bonheur ne sont pas très nombreux et passent très vite. La douleur est notre compagne de tous les jours si l'on peut dire. Petits et grands nous souffrons. Il n'existe aucun homme sur terre qui n'ait pas souffert ou qui ne souffrira pas. Certains sont cloués dans un lit d'hôpital, d'autres vivent méprisés dans un pauvre taudis, des vieux sont oubliés dans des hospices, des familles pauvres ne disposent pas du nécessaire pour vivre, des prisonniers sont oubliés pas leurs parents et leurs amis. Des femmes veuves se retrouvent sans aucun secours avec leurs enfants orphelins. Des mères ont leurs enfants malades, des épouses sont au chevet de leur conjoint, et beaucoup d'autres encore sont plongés dans l'affliction et la douleur. Ils adressent à Dieu cette anxieuse question "Pourquoi mon Dieu tant de souffrances ?"


L'affliction dans notre vie provient de la chute. Cette chute, cette dégénérescence, cette dégradation, sont liées à notre nature humaine, dès lors que nous avons été créés avec des éléments matériels qui s'usent, se détériorent et se détruisent avec le temps.
Nous sommes nombreux à nous demander pourquoi Dieu permet tant de misère dans le monde, l'affliction, les souffrances, la mort des petits enfants, les malheurs, les séismes, les inondations, les incendies, les épidémies et tant d'autres choses redoutables...

Voici la réponse :

- D'abord, Dieu permet le mal mais Dieu n'est pas l'auteur des souffrances et des afflictions de l'humanité.
Dans le jardin d'Eden, l'homme ne connaissait pas le mal. Les afflictions et les douleurs n'existaient pas, tout comme elles n'existeront pas dans l'éternité pour ceux qui croiront et suivront Le Christ. Le Seigneur ne dit-Il pas dans Apocalypse 21.4 " Est-ce que je désire que le méchant meure ? N'est-ce pas plutôt qu'il change de conduite et qu'il vive ?"

- Dieu, cependant, utilise toujours nos douleurs et nos afflictions dans un certain but, en voici sept exemples tirés des saintes Écritures :

1. Dieu utilise notre souffrance comme moyen pour obtenir de nous le repentir comme pour le Fils prodigue et comme il est dit dans Esaïe 26-16 :"Seigneur, ils t'ont cherché quand ils étaient dans la détresse, ils se sont répandus en prières quand tu les as châtiés"

2. Dieu utilise notre souffrance comme moyen de purification et de sanctification et l'Apôtre dans Hébreux 12;11 nous rappelle : "Il est vrai que tout châtiment semble d’abord un sujet de tristesse, et non de joie; mais il produit plus tard pour ceux qui ont été ainsi exercés un fruit paisible de justice."

3. Le Seigneur utilise notre souffrance également pour nous préserver des chutes insupportables ( arrogance, égoïsme...) et comme c'est le cas pour Paul qui témoigne dans 2 Corinthiens 11:12
"Et pour que je ne sois pas enflé d’orgueil, à cause de l’excellence de ces révélations, il m’a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan pour me souffleter et m’empêcher de m’enorgueillir."

4. Le Seigneur utilise aussi notre souffrance pour mettre notre foi à l'épreuve comme ce fut le cas pour Job.

5. Le Seigneur utilise notre souffrance pour éprouver notre patience selon les préceptes de St Paul dans Hébreux 12;5-9 :" Et vous avez oublié l’exhortation qui vous est adressée comme à des fils: Mon fils, ne méprise pas le châtiment du Seigneur, Et ne perds pas courage lorsqu’il te reprend; Car le Seigneur châtie celui qu’il aime, Et il frappe de la verge tous ceux qu’il reconnaît pour ses fils. Supportez le châtiment: c’est comme des fils que Dieu vous traite; car quel est le fils qu’un père ne châtie pas? Mais si vous êtes exempts du châtiment auquel tous ont part, vous êtes donc des enfants illégitimes, et non des fils. D’ailleurs, puisque nos pères selon la chair nous ont châtiés, et que nous les avons respectés, ne devons-nous pas à bien plus forte raison nous soumettre au Père des esprits, pour avoir la vie?"

6. Il se peut également que le Seigneur manifeste sa gloire dans notre souffrance comme dans le récit de la résurrection de Lazare (Jean 11:3)"Les soeurs envoyèrent dire à Jésus: Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade. Après avoir entendu cela, Jésus dit: Cette maladie n’est point à la mort; mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle."

7. Le Seigneur utilise enfin notre souffrance pour que nous soyons consolés et afin que nous puissions consoler les autres. St Paul nous le dit dans 2 Corinthiens 1;4 :" Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toutes nos afflictions, afin que, par la consolation dont nous sommes l’objet de la part de Dieu, nous puissions consoler ceux qui se trouvent dans quelque affliction!"

Mes frères lorsque Dieu permet les afflictions dont nous pouvons être l'objet, il les utilise toujours dans un but, comme nous l'avons vu dans le verset cité plus haut : faire de nous des participants à ses bénédictions et à sa gloire. De même nous devons croire que ce que permet Dieu, oeuvre pour notre bien conformément à sa parole.

Les soupirs et les afflictions dont nous sommes l'objet dans la présente vie sont atténués par l'évènement car "Nous savons, du reste, que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein." comme il est dit dans Romains 8;28.
Donc, quoi que ce soit que Dieu permette qui se produise au cours de notre vie, aussi incompréhensible que cela puisse nous paraître, rappelons-nous que Dieu ne cesse jamais de nous manifester sa miséricorde infinie.
Amen.
P. Panagiotis V.

"Pourquoi mon Dieu tant de souffrances ?"



 C'est un fait réel que dans notre vie il y a beaucoup de douleur et de tristesse. La terre entière est un lieu de lamentations ; les moments de joie et de bonheur ne sont pas très nombreux et passent très vite. La douleur est notre compagne de tous les jours si l'on peut dire. Petits et grands nous souffrons. Il n'existe aucun homme sur terre qui n'ait pas souffert ou qui ne souffrira pas. Certains sont cloués dans un lit d'hôpital, d'autres vivent méprisés dans un pauvre taudis, des vieux sont oubliés dans des hospices, des familles pauvres ne disposent pas du nécessaire pour vivre, des prisonniers sont oubliés pas leurs parents et leurs amis. Des femmes veuves se retrouvent sans aucun secours avec leurs enfants orphelins. Des mères ont leurs enfants malades, des épouses sont au chevet de leur conjoint, et beaucoup d'autres encore sont plongés dans l'affliction et la douleur. Ils adressent à Dieu cette anxieuse question "Pourquoi mon Dieu tant de souffrances ?"


L'affliction dans notre vie provient de la chute. Cette chute, cette dégénérescence, cette dégradation, sont liées à notre nature humaine, dès lors que nous avons été créés avec des éléments matériels qui s'usent, se détériorent et se détruisent avec le temps.
Nous sommes nombreux à nous demander pourquoi Dieu permet tant de misère dans le monde, l'affliction, les souffrances, la mort des petits enfants, les malheurs, les séismes, les inondations, les incendies, les épidémies et tant d'autres choses redoutables...

Voici la réponse :

- D'abord, Dieu permet le mal mais Dieu n'est pas l'auteur des souffrances et des afflictions de l'humanité.
Dans le jardin d'Eden, l'homme ne connaissait pas le mal. Les afflictions et les douleurs n'existaient pas, tout comme elles n'existeront pas dans l'éternité pour ceux qui croiront et suivront Le Christ. Le Seigneur ne dit-Il pas dans Apocalypse 21.4 " Est-ce que je désire que le méchant meure ? N'est-ce pas plutôt qu'il change de conduite et qu'il vive ?"

- Dieu, cependant, utilise toujours nos douleurs et nos afflictions dans un certain but, en voici sept exemples tirés des saintes Écritures :

1. Dieu utilise notre souffrance comme moyen pour obtenir de nous le repentir comme pour le Fils prodigue et comme il est dit dans Esaïe 26-16 :"Seigneur, ils t'ont cherché quand ils étaient dans la détresse, ils se sont répandus en prières quand tu les as châtiés"

2. Dieu utilise notre souffrance comme moyen de purification et de sanctification et l'Apôtre dans Hébreux 12;11 nous rappelle : "Il est vrai que tout châtiment semble d’abord un sujet de tristesse, et non de joie; mais il produit plus tard pour ceux qui ont été ainsi exercés un fruit paisible de justice."

3. Le Seigneur utilise notre souffrance également pour nous préserver des chutes insupportables ( arrogance, égoïsme...) et comme c'est le cas pour Paul qui témoigne dans 2 Corinthiens 11:12
"Et pour que je ne sois pas enflé d’orgueil, à cause de l’excellence de ces révélations, il m’a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan pour me souffleter et m’empêcher de m’enorgueillir."

4. Le Seigneur utilise aussi notre souffrance pour mettre notre foi à l'épreuve comme ce fut le cas pour Job.

5. Le Seigneur utilise notre souffrance pour éprouver notre patience selon les préceptes de St Paul dans Hébreux 12;5-9 :" Et vous avez oublié l’exhortation qui vous est adressée comme à des fils: Mon fils, ne méprise pas le châtiment du Seigneur, Et ne perds pas courage lorsqu’il te reprend; Car le Seigneur châtie celui qu’il aime, Et il frappe de la verge tous ceux qu’il reconnaît pour ses fils. Supportez le châtiment: c’est comme des fils que Dieu vous traite; car quel est le fils qu’un père ne châtie pas? Mais si vous êtes exempts du châtiment auquel tous ont part, vous êtes donc des enfants illégitimes, et non des fils. D’ailleurs, puisque nos pères selon la chair nous ont châtiés, et que nous les avons respectés, ne devons-nous pas à bien plus forte raison nous soumettre au Père des esprits, pour avoir la vie?"

6. Il se peut également que le Seigneur manifeste sa gloire dans notre souffrance comme dans le récit de la résurrection de Lazare (Jean 11:3)"Les soeurs envoyèrent dire à Jésus: Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade. Après avoir entendu cela, Jésus dit: Cette maladie n’est point à la mort; mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle."

7. Le Seigneur utilise enfin notre souffrance pour que nous soyons consolés et afin que nous puissions consoler les autres. St Paul nous le dit dans 2 Corinthiens 1;4 :" Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toutes nos afflictions, afin que, par la consolation dont nous sommes l’objet de la part de Dieu, nous puissions consoler ceux qui se trouvent dans quelque affliction!"

Mes frères lorsque Dieu permet les afflictions dont nous pouvons être l'objet, il les utilise toujours dans un but, comme nous l'avons vu dans le verset cité plus haut : faire de nous des participants à ses bénédictions et à sa gloire. De même nous devons croire que ce que permet Dieu, oeuvre pour notre bien conformément à sa parole.

Les soupirs et les afflictions dont nous sommes l'objet dans la présente vie sont atténués par l'évènement car "Nous savons, du reste, que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein." comme il est dit dans Romains 8;28.
Donc, quoi que ce soit que Dieu permette qui se produise au cours de notre vie, aussi incompréhensible que cela puisse nous paraître, rappelons-nous que Dieu ne cesse jamais de nous manifester sa miséricorde infinie.
Amen.
P. Panagiotis V.

lundi 23 septembre 2019

FAIRE DE LA SOUFFRANCE LA CROIX DE NOTRE SALUT

par
Père Théophile de Sâmbăta 
(Amintire eternă!)
Starets du monastère de la Dormition de la Mère de Dieu, à Sâmbata, près de Sibiu, en Transylvanie, le père Théophile fut l’un des témoins de l’Évangile les plus écoutés en Roumanie notamment parmi les jeunes. Il était aveugle de naissance.


“Nous sommes toujours tentés de dire que, parce que nous souffrons beaucoup, nous avons le droit de nous révolter, nous avons le droit de ne pas croire en Dieu, nous avons le droit de nous battre, et de tout reprocher à l’autre, les enfants à leurs parents, le mari à sa femme, etc., et finalement de reprocher à Dieu l’existence de cette souffrance. Alors on s’entretue, physiquement et spirituellement, et ainsi la souffrance se multiplie comme une semence maléfique que pourtant nous maudissons”. 
Mgr Joseph, 
Archevêque du patriarcat de Roumanie en Europe occidentale


Extraits de l'enregistrement d’une rencontre organisée à Paris avec des jeunes de la région parisienne:

"Je suis ici parce que Dieu l’a bien voulu. Je crois ce que dit l’Évangile de notre Seigneur Jésus que chaque cheveu de notre tête est compté. Quand j’ai lu pour la première fois la Philocalie, j’ai lu dans les écrits de saint Marc l’Ascète que quand Dieu désire qu’une chose se réalise, toute la création aide à ce qu’elle se réalise, et quand Dieu ne le désire pas, tout se met en travers et s’y oppose. J’ai passé toute ma vie, depuis ma jeunesse et jusqu’à la vieillesse, avec la pensée qu’il n’y a pas de petites choses. J’ai toujours senti le travail de Dieu en tout, même dans les choses les plus insignifiantes, me souvenant de la parole du Seigneur: “Tous les cheveux de votre tête sont comptés”, et des écrits de saint Marc l’Ascète: "Quand Dieu désire qu’une chose se réalise, toute la création intervient pour qu’elle se réalise"

La souffrance, une réalité, un problème et un mystère

Comment recevoir la souffrance pour qu’elle nous soit profitable ? Ceux qui m’ont invité ont probablement pensé que j’étais compétent sur cette question, mais en y réfléchissant moi-même, je suis «arrivé à la conclusion inverse. Je vais néanmoins faire de mon mieux pour vous présenter mes idées personnelles sur la souffrance. En vous en parlant, je penserai non seulement aux souffrances physiques, à la douleur, mais aussi aux souffrances morales, aux souffrances sociales, aux catastrophes naturelles, bref, à tout ce que nous ne voudrions pas voir advenir.
Depuis ma jeunesse, je me demande à quoi sert la souffrance. Je n’ai pas encore trouvé de réponse satisfaisante. Je suis arrivé au constat que, pour tout le monde, pour ceux qui souffrent et pour ceux qui ne souffrent pas, la souffrance est à la fois une réalité, un problème, et un mystère. C’est une réalité que nous ne pouvons éviter. C’est un problème que personne encore n’a résolu. Il nous reste le mystère. En fait, l’important n’est pas ce que nous croyons sur la souffrance, où ce que nous en pensons, mais quel est le rapport que nous avons personnellement avec notre propre souffrance. Que pouvons nous faire pour ne pas souffrir?
L’Église ne désire pas que les hommes souffrent. Lors des liturgies, nous prions pour que nous soient accordées “une fin chrétienne, sans douleur, sans honte, paisible, et une bonne justification devant le trône redoutable du Christ”. Par ceci, l’Église demande que les croyants passent leur vie dans la sérénité et que, autant qu’il est possible, ils ne souffrent pas. Nous prions aussi dans la liturgie pour les responsables de notre Église, pour notre évêque, pour “que Dieu le protège, le garde en paix, dans l’intégrité, en bonne santé et en vie pendant de longs jours”. Après avoir demandé cela pour les responsables de notre Église, nous le demandons aussi pour nous tous, puisque nous ajoutons : “Et pour tous et pour toutes “.

L’Église désire donc que les hommes vivent en paix, qu’ils soient en bonne santé, qu’ils soient intègres et qu’ils aient une longue vie. Elle n’apporte aucune raison de glorifier la souffrance, mais elle nous donne des raisons d’accepter la souffrance quand nous la rencontrons, d’accepter notre part de souffrance, et de l’utiliser pour notre bien. Alors, ne désirons pas la souffrance, mais acceptons-la si elle nous vient.

“Si nous devons souffrir, alors ne souffrons pas en vain”

Il n’est pas nécessaire que tous les hommes aient leur lot de souffrance. Certains sont épargnés, d’autres peuvent facilement supporter une grande souffrance, et pour d’autres encore la souffrance est une torture. Je pense dans ce cas, plus particulièrement, à la souffrance physique. Je connais des personnes qui supportent une souffrance très dure, qui ne peuvent pas bouger de leur lit, et qui pourtant rayonnent d’une joie spirituelle que n’ont pas les bien-portants. Je connais des hommes révoltés face à la souffrance, et d’autres qui n’y prêtent aucune attention. Dans chacune de ces situations, nous devons considérer l’intensité de la souffrance car il existe des douleurs qui détruisent l’homme, qui le rendent incapable de penser à autre chose qu’à sa souffrance.

Je m’arrêterai sur les personnes dont on pense qu’elles souffrent alors qu’en fait elles ne souffrent pas parce qu’elles savent comment porter leur souffrance. Un médecin roumain, qui croyait en Dieu, disait qu’il y a deux choses qu’un homme ne peut faire sans la foi : élever de bons enfants et supporter une grande souffrance. Je crois aussi que les personnes qui ont une croix à porter et qui ont aussi la capacité de la porter facilement sont, en particulier, des personnes qui croient en Dieu. Elles reçoivent leur lot de souffrance comme s’il venait de la main de Dieu, parce que les croyants savent que rien ne se passe sans que Dieu ne le permette J’évoquais plus haut saint Marc l’Ascète en disant que l’important n’est pas de savoir pourquoi ni d’où vient la souffrance, mais comment nous nous comportons dans ou face à la souffrance. C’est en ce sens que le père Arsène, un moine de notre monastère, disait : “Si nous devons souffrir, alors ne souffrons pas en vain”. Pour pouvoir utiliser sa souffrance pour le bien, l’homme doit croire que sa souffrance a un sens pour lui, même s’il n’en comprend pas le but. En fait, quelqu’un qui a cet état d’esprit, et qui sait comment supporter sa souffrance ou sa douleur, ne souffre presque plus.
En d’autres termes, je dirais que la souffrance est une réalité que nous avons le droit d’éviter si nous le pouvons, elle est un problème que nous avons le droit de résoudre si nous le pouvons, mais nous devons nous incliner face au mystère et utiliser la souffrance qui nous est donnée, pour notre progrès spirituel.

Aider les autres en faisant ce qui est à notre portée

Si nous ne pouvons pas comprendre notre propre souffrance, nous ne pouvons pas non plus comprendre la souffrance des autres. Nous pouvons cependant intervenir pour leur bien, pour leur faciliter la vie, pour les aider à porter leur souffrance. C’est même notre devoir, car Dieu nous appelle à être ses collaborateurs pour aider notre prochain, c’est-à-dire l’autre, et II nous bénit si nous allégeons la souffrance des hommes. Or sans avoir de pouvoir de guérison, nous avons le pouvoir d’aider les autres en faisant ce qui est à notre portée. Pensons aux quatre hommes qui ont amené au Seigneur le paralytique de Capharnaüm. Ils auraient pu attendre de rencontrer le Christ, mais ils ont senti le besoin d’amener leur ami le plus vite possible devant le Seigneur afin qu’il le guérisse. Ils se sont rendus compte qu’ils ne pouvaient pas guérir leur ami, mais ils ont su que le Christ le pouvait. Ils ont fait leur part de travail, et le Seigneur les a exaucés.
Le Seigneur cependant ne guérit pas toujours. Il laisse certains souffrir et vivre leur douleur avec sérénité, pour eux-mêmes et pour le bien des autres. J’ai souvent constaté que les gens qui souffrent, ou qui ont vécu de grandes souffrances, sont des gens solides. Ils ont un autre regard sur la vie et ils ont gagné des qualités que des hommes plus épargnés n’ont pu acquérir. Ceci signifie que, si la souffrance nous est donnée, nous pouvons la recevoir en pensant que nous nous enrichissons. Certains hommes ressentent la souffrance comme une injustice, comme quelque chose qui ne devrait pas leur arriver, à eux personnellement. Mais cela revient à comparer sa vie à celle des autres et je crois que cela n’a aucun sens, car chaque homme vit la vie qui lui est donnée. Chacun a son propre rapport avec la souffrance, chacun peut en recevoir un bien. Je crois que ce qui nous aide le plus c’est la foi en Dieu, la conscience que Dieu permet cette souffrance et qu’elle a sa raison d’être. Une telle conscience, ou plutôt une telle confiance, est d’une très grande valeur pour tous les chrétiens. Elle leur donne de porter leur croix avec dignité.

“Sans la croix, il n’y a pas de salut”

Je disais au début de mon intervention ne pas savoir si j’étais compétent au sujet de la souffrance et de son acceptation. Peut-être certains ont-ils pensé que j’ai beaucoup souffert d’être né aveugle. Ce n’est pas exactement le cas. Il se peut que quelqu’un qui a connu l’indépendance, ou quelqu’un dont la vie a été basée sur sa capacité de voir, en souffre. Quelqu’un qui a été méprisé, rejeté, ou abandonné à cause de son infirmité en souffre aussi. Mais moi, je suis entré dans la vie consciente sans la vue, et j’ai appris des autres, qui m’entouraient et m’aidaient, que je n’étais pas comme eux. Parfois, je ne me rendais même pas compte que je n’étais pas comme eux. Des personnes autour de moi avaient souvent pitié de moi, mais je ne voyais pas pourquoi. J’ai vécu avec les autres comme je le pouvais, et je me suis orienté dans la vie selon les possibilités que j’avais. Cela s’est passé très naturellement. Bien sûr, il y a eu des problèmes dans des situations particulières, et il y en aura encore, mais dans la vie il y a toujours des problèmes ! Tant qu’il y aura des hommes de bonne volonté qui verront aussi pour moi, alors ma souffrance sera soit inexistante, soit minimisée. Je peux même dire que je ne souffre pas du tout, en tous cas pas pour cette cause-là. C’est pourquoi, je n’ai peut-être pas une connaissance suffisante pour répondre à vos questions.
Mais je peux vous assurer que la foi en Dieu est une grande aide pour supporter une grande souffrance. Rappelons encore que, si nous n’avons pas de souffrance, alors n’en désirons pas, parce que ni l’Église ni les hommes n’en désirent pour nous. Éviter la souffrance quand la situation le permet, oui, mais s’il s’agit d’éviter la croix de notre salut, non. Dieu ne bénit pas une telle attitude. Car Dieu demande à chaque chrétien de porter sa croix, la croix du dépassement de nous-mêmes, la croix des efforts que nous devons faire pour être meilleurs. Sans la croix, il n’y a pas de salut, et le salut ne nous vient pas seulement par la Croix du Seigneur, mais aussi par le fait que nous portons notre propre croix. Quand nous devons traverser une épreuve, une maladie, une douleur, un chagrin, nous rencontrons la croix que nous devons porter, et elle devient véritablement la croix de notre salut si nous nous dépassons nous-mêmes en la portant.

“Demandons à Dieu d’accepter la souffrance quand elle nous vient”

Je voudrais vous laisser quelque chose qui resterait après mon départ : soyons convaincus que la croix est nécessaire pour notre salut. Demandons à Dieu la santé et tout ce qui est bon. Mais demandons aussi à Dieu d’accepter la souffrance quand elle nous vient. Demandons lui que notre foi grandisse, afin de pouvoir faire face à toutes les situations qui apparaissent dans notre vie, afin que nous portions facilement ce que nous avons à porter, et afin que nous ne souffrions pas pour rien. Demandons à Dieu une foi qui nous aide à porter même une souffrance très lourde. Saint Isaac le Syrien disait : “Cherche un médecin avant d’être malade et prie avant la tentation”.
Préparons-nous à souffrir, qu’il s’agisse de souffrance physique ou de souffrance morale. Pour supporter facilement la souffrance morale, et pour que nous puissions en tirer du bien, préparons-nous à nous humilier. Ne nous troublons pas en réalisant que la souffrance est une réalité que bien souvent nous ne pouvons éviter, que la souffrance est un problème que nous ne pouvons résoudre, et qu’elle est un mystère qui peut être pour notre bien, pour notre progrès spirituel, pour nous unir à la Croix du Seigneur. Elle est un mystère pour nous unir à la souffrance du Seigneur qui a pitié de nous et qui nous sauve, parce qu’il aime les hommes. Un mystère pour nous unir à la souffrance du Seigneur qui nous aime même quand II nous donne la souffrance, et qui essuie toutes les larmes de tous les visages quand il sait que nous souffrons pour notre bien. […]"

mercredi 6 mars 2019

PRÉLIMINAIRES AU GRAND CARÊME


Sur le site orthodoxe roumain APOSTOLIA

Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale

Résumé et extraits d’une conférence du Métropolite Hiérotheos de Nafpaktos au 23ème congrès de médecine des forces armées à Thessalonique. (4 -7 novembre 2010).

La relation de dualité1 de la jouissance et de la souffrance (source)

Dans un livre qui s’intitule : « La douleur, un cadeau dont personne ne veut », un médecin anglais, Paul Brand (né aux Indes en 1914 où il combattit la lèpre et le diabète) a présenté la valeur de la douleur dans la vie de l’homme. Ses travaux le conduisirent à la conclusion qu’il ne faut pas systématiquement calmer la douleur car elle constitue un important moyen de communication du corps. Il décrit dans son livre le jumelage existant entre la jouissance et la douleur, évoquant un croquis du peintre Léonard de Vinci pour illustrer le résultat de ses recherches sur la relation duelle entre ces deux sensations. Il s’agit d’une silhouette d’homme qui se sépare en deux environ à la hauteur du ventre, avec deux troncs, deux têtes barbues et quatre bras, comme des jumeaux siamois unis par le milieu. Léonard de Vinci intitula ce dessin: « Allégorie de la Jouissance et de la Souffrance » avec ce commentaire: « La jouissance et la souffrance sont comme des sœurs jumelles, liées ensemble et jamais une des deux sensations n’existe sans l’autre. Elles ont leurs dos tordus l’un vers l’autre car elles sont opposées mais il semble qu’elles poussent sur le même tronc et qu’elles ont une seule et même racine ».
Ceci apparaît par exemple dans la prise d’alcool et de stupéfiants.
Paul Brand écrit: « l’abus des drogues aboutit à une fausse sensation de volupté car les essences génératrices d’effets de dépendance ont un accès chimique immédiat dans l’encéphale. Il n’est pas du tout étonnant que la jouissance de courte durée crée alors des années de malheur et de douleur. »
Il cite également un médecin qui a utilisé différentes substances, non pour se griser, mais pour essayer d’éteindre la douleur avec des produits de synthèse chimique. Ces substances finalement, augmentent le vide qu’ils s’efforcent de combler. Ainsi, il faut de plus en plus de drogue et ceci d’autant plus que nous essayons de la supprimer.
Cette relation de dualité de la jouissance et de la douleur est connue des Pères de notre Église. Elle est la base de la vie ascétique orthodoxe.


Saint Maxime le Confesseur, dans différents chapitres au sujet de l’économie, de la vertu et du mal2 parle de cette relation de jumelage entre la jouissance et la douleur. Les écrits des Pères de l’Église sont également très contemporains sur ce sujet, parce qu’ils abordent les problèmes existentiels de l’homme à travers son histoire.
« Dieu, lorsqu’il créa la nature humaine n’a établi en elle ni la jouissance ni la souffrance perçues par les sens. Mais Il a mis en l’homme une énergie noétiquedirigée vers le plaisir et la Jouissance, avec laquelle il pouvait jouir de Dieu de façon ineffable ». Il s’agit « d’un désir naturel du noûs4 pour Dieu ».
Or, l’homme, par sa désobéissance, suivit l’élan inverse : ce mouvement naturel du noûs vers Dieu, il le retourna vers une quête de sensations corporelles, et de jouissance du seul monde sensible. Il acquit ainsi la première perception « de la jouissance qui agit contre nature à travers les sens ». Alors Dieu, « qui a souci de notre salut, dans sa prévoyance, a établi à côté de la jouissance des sens, la souffrance comme une puissance correctrice ». C’est-à-dire qu’Il « enracina dans la nature du corps, la loi de mort pour mettre une limite à l’élan déraisonnable et contre nature du désir-élan du noûs vers la seule jouissance des créatures sensibles ». Ainsi, la jouissance et la souffrance n’ont pas été créées ensemble, avec la nature de la chair. Mais la transgression du commandement divin (« tu ne mangeras pas ») engendra la jouissance du noûs à travers les sens pour corrompre et pervertir sa disposition naturelle. Tandis que l’homme rejetait la souffrance comme une condamnation. Ainsi, cette jouissance-là provoque la mort volontaire de l’âme, le péché et la souffrance, et la dissolution de l’âme provoque la décomposition de la chair »5.
Cela signifie qu’ « après la jouissance déraisonnable, la souffrance raisonnable arriva à travers beaucoup d’épreuves dans lesquelles et à partir desquelles la mort survint pour retrancher la jouissance contre nature ». Ainsi « l’invention des maux volontaires – qui est en fait la vie ascétique – ou l’épreuve des maux involontaires – que sont la maladie et la mort –, retranchent la jouissance déchue ». Mais sans faire disparaître « cette énergie gravée comme loi dans la nature humaine et qui crée la jouissance ».
Et à chaque jouissance qui est « contre-nature » succède la « douleur naturelle » qui est le signal d’alarme donné par le corps au noûs pour lui montrer son égarement et sa dispersion.
Ceci, nous le voyons déjà dans la façon selon laquelle l’homme vient au monde puisque la jouissance précède et que la souffrance suit.
« Après la transgression de la volonté divine, tous les hommes eurent d’abord la jouissance des sens. Ceci naturellement de par leur mode d’engendrement. Personne n’existait naturellement exempt de la passion de l’engendrement voluptueux. Tous aussi, comme s’ils payaient une dette naturelle, endurèrent les maux et la mort à cause d’elle ».
« Après la transgression d’Adam, la nature humaine a eu le principe de son engendrement dans la conception voluptueuse de la naissance, à travers la semence du père, et a terminé sa vie dans la mort avec douleur et décomposition ».
L’homme ne pouvait pas être libéré de la tyrannie de dépendance entre la jouissance et la souffrance et sa peine était intense.
Le Christ réalisa cette guérison par le mode de sa naissance comme homme et par celui de sa mort.
Le Christ « a condescendu à la conception qui n’avait pas son principe dans la volupté (elle eut lieu sans la semence et l’intervention d’un père charnel) pour libérer la nature humaine de la conception qui provenait de la condamnation ».
« La souffrance provoquée par la jouissance et qui constitue la finalité de la nature déchue, le Christ l’assuma volontairement par philanthropie, souffrant injustement sur la Croix, intentionnellent, par économie.
Avec l’incarnation du Christ, toutes les données ont changé. « Car de même que la vie voluptueuse d’Adam devint mère de la mort et de la corruption, ainsi la mort du Christ pour Adam, avec tout ce qui est libéré et exempt du péché-jouissance d’Adam, engendre la vie éternelle ».
Nous tous, par notre naissance, avons en nous le côté passible et la mortalité de la nature. C’est pourquoi dans notre nature humaine nous sommes liés à la souffrance et à la jouissance. « Parce qu’il est clair que dans le côté passible de la nature (lié aux passions) existe l’énergie de la jouissance et de la souffrance. C’est-à-dire que lorsque la douleur naturelle (puissance correctrice) est aggravée par la souffrance, alors nous prenons soin de réconforter d’une certaine façon la nature avec la jouissance. Parce que, voulant éviter la souffrance, nous avons recours à la jouissance, essayant de réconforter la nature incommodée par cette souffrance ».
Ceci apparaît avec l’exemple d’une blessure. La douleur de la blessure nous pousse à la gratter, chose qui nous fait du bien mais augmente en fait la douleur.
Et encore plus avec la prise de boissons et de stupéfiants. Nous buvons pour nous libérer de la souffrance, mais cette nouvelle jouissance provoque une nouvelle souffrance.
« Pour atténuer par la jouissance les mouvements de la souffrance, nous augmentons en fait notre dépendance puisque nous ne pouvons pas avoir la jouissance détachée et libérée de la souffrance et de la douleur.
Parce que le Christ est né sans la jouissance de la conception et a assumé volontairement la souffrance pour la vaincre par la Croix, il a donné aussi la force aux hommes de vaincre à la fois la jouissance et la souffrance ».
Nous voyons ceci dans la vie des saints qui sont liés au Christ. « Ceux-ci n’ont plus la jouissance de la naissance qui provient d’Adam, mais seulement la souffrance d’Adam, la mort, non comme une dette à cause du péché, mais contre le péché. Parce que lorsque la mort n’a pas comme mère la jouissance, elle engendre à la vie éternelle.
Et comme la vie hédoniste d’Adam est devenue mère de la mort et de la corruption, de même la mort volontaire du Seigneur pour sauver Adam, engendre la vie éternelle ».
De toute manière, après sa chute, l’homme avance à l’intérieur de ces deux réalités : la jouissance et la souffrance. La jouissance provoque l’éloignement de Dieu (le péché), suivi des remords, de la culpabilité, quelquefois aussi des maladies somatiques. Et l’homme, afin d’échapper au cycle jouissance-souffrance goûte à nouveau la jouissance, mais cette nouvelle jouissance crée une douleur insupportable qui pour être affrontée exige une nouvelle jouissance dans un véritable cercle vicieux. Le Christ par son incarnation nous a donné la capacité de nous libérer de ce cercle vicieux. Car Il est né hors du lien de la jouissance de la conception héritée d’Adam et Il a accepté volontairement la souffrance dans sa Passion.
Il a assumé le corps passible et mortel, sans le péché-jouissance pour guérir à la fois et la jouissance et la souffrance. La tradition de l’Église établit le dépassement de cette relation de dépendance et de jumelage entre la jouissance et la souffrance dans la nature humaine, par la vie ascétique.
Il ne s’agit pas d’une privation de l’homme par des règles d’interdiction mais de sa libération de l’empire de « ces sœurs jumelles siamoises ». Et selon la tradition patristique qu’exprime Saint Maxime le Confesseur, c’est la purification du cœur qui est le dépassement de la dualité jouissance-souffrance. Dans un de ses passages, il écrit que celui qui a libéré sa chair de la jouissance et de la souffrance a réalisé la vertu véritable. Que celui qui a fait disparaître de son âme l’ignorance et l’oubli de Dieu est passé dans la vision naturelle des êtres et des choses.
Et que celui qui a libéré son noûs des nombreuses représentations, c’est-à-dire des images conceptuelles et des imaginations, a acquis la véritable initiation théologique (mystagogie). Le cœur purifié peut alors jouir de sa communion avec Dieu.
Dans l’Église nous avons la possibilité, avec la théologie, les sacrements (la confession des péchés, le sacrement du Pardon couronné par la sainte Communion) et la vie ascétique, de rompre la dépendance entre la jouissance et la souffrance. Nous avons la capacité de guérir par la grâce du Saint-Esprit, le désir de jouissance déraisonnable, de supporter la douleur, les maladies et la peur de la mort, et de parvenir à des états spirituels qui délivrent l’homme de toutes les chaînes et le rendent libre pour jouir de son union avec Dieu.
Saint Maxime le Confesseur faisant l’exégèse de la prière du « Notre Père » et spécialement de la demande « et ne nous laisse pas succomber à la tentation » dit qu’il existe deux sortes de tentations, la voluptueuse et la douloureuse.
La première tentation, c’est-à-dire la tentation de jouissance est volontaire. Elle arrive selon notre propre disposition avec notre liberté c’est-à-dire qu’elle est volontaire puisque nous-mêmes voulons en tirer du plaisir.
Tandis que l’autre tentation, celle qui relève de la douleur, liée aux maladies et à la mort est involontaire parce que nous-mêmes, nous ne la désirons pas mais qu’elle survient dans notre vie. Elle apparaît comme une épreuve.
La tentation de la jouissance engendre le péché si nous y succombons, tandis que la tentation de la souffrance, lorsque nous la supportons avec patience, nous guérit de la maladie et du péché.
L’aide de Dieu nous est accordée si nous résistons à la tentation de la jouissance illégitime et si nous acceptons avec patience la tentation, l’épreuve de la souffrance.
« Toutes ces tentations-épreuves vous sont en fait profitables: supprimez la tentation, personne ne sera sauvé » dit Saint Antoine le Grand.
La douleur corporelle, psychique et existentielle peut devenir « un cadeau » de Dieu à l’homme. C’est un don de Dieu dans la situation d’après la chute dans laquelle nous nous trouvons.
Elle est reliée avec les tuniques de peau et agit avec le caractère d’une substance double, ce qui signifie que c’est d’abord un état d’après la chute ; mais cet état déchu est aussi béni par Dieu : grâce à Son aide, nous pouvons le surmonter et fortifier notre âme.
Chaque effort ascétique (ascèse signifie : exercice, effort) éloigne la souffrance injuste et rapproche l’âme de la jouissance originelle dans les Dons du Saint-Esprit.
De même que la femme souffre lors de la naissance d’un enfant, mais que cette souffrance prend fin avec l’apparition d’une nouvelle vie, de même chaque souffrance conduit à une nouvelle naissance, si nous parvenons à la mettre en valeur correctement.
C’est de cette façon que nous devons comprendre le passage classique de Dostoïevski « je souffre donc j’existe » qui peut être rapproché du passage de Saint Silouane « J’aime donc j’existe » et qui tous deux affrontent la pensée de Descartes: « Je pense donc je suis ».
L’existence de l’homme ne s’identifie pas de façon absolue avec la raison !
Mais elle est exprimée par le dépassement de la souffrance et par l’expérience vécue de l’amour.

Traduction: P. Pierre Deschamps,

résumé et adaptation : Marie Deschamps, Grand Carême 2011


Notes :

1. Dualité : coexistence de deux éléments différents. Caractère de ce qui est double en soi.

2. Saint Maxime le Confesseur, Questions à Thalassios.
3. Adjectif se rapportant au Noûs, voir ci-dessous :
4. Mot grec théologique très employé par les Pères. Le noûs : correspond à l’image du Père dans l’âme humaine. Le Noûs est l’œil de l’âme qui voit la lumière divine lorsqu’il est en bonne santé, c’est-à-dire vit en conformité avec les lois de sa nature crées par Dieu.
5. Questions à Thalassios, 61.