Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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dimanche 27 octobre 2024

INTERPRÉTATION ORTHODOXE DE L'APOCALYPSE [15.1] (suite)

 La préparation d'Israël

Et il en sera ainsi jusqu’à la fin du monde, même lorsque les dieux disparaîtront de la terre ; ils tomberont quand même devant les idoles.

Fiodor Dostoïevski



L’une des grandes ironies de l’Ancien Testament est qu’une nation entière a été réduite en esclavage à la suite de la vente d’un de ses enfants comme esclave. L’histoire de Joseph (Genèse 30-50) est une révélation étonnante de la manière dont Dieu agit dans les cœurs humains et dans l’histoire sacrée. De plus, il offre des informations importantes sur la fin des temps.


Joseph, le fils bien-aimé de son père Jacob, fut vendu comme esclave par ses frères jaloux. Joseph fut emmené en Égypte, où sa diligence et sa loyauté furent récompensées avec le temps. Il fut nommé gouverneur du pays et, grâce à sa conservation minutieuse du grain pendant sept années d'abondance, il put distribuer ces réserves au peuple pendant les sept années de sécheresse qui suivirent.

Les frères de Joseph sont venus en Égypte pendant la sécheresse pour acheter du grain. Il les a testés pour voir s'ils s'étaient repentis de leur mal contre lui. Lorsqu’il vit que c’était le cas, Joseph se réconcilia avec ses frères et toute la maison de Jacob s’installa en Égypte.

Avec le temps, les Israélites devinrent une grande multitude et furent réduits en esclavage par les Égyptiens. Dieu a ensuite envoyé Moïse pour défier Pharaon avec des signes miraculeux, des fléaux et finalement la destruction. Dieu libéra ainsi son peuple de l'esclavage et le conduisit vers la Terre Promise à travers la Mer Rouge. Lorsque Pharaon essaya de le suivre, les murs de la mer, qui avaient été retenus pour permettre à Israël de marcher sur la terre ferme, s'effondrèrent soudainement, détruisant son armée.

Lactance considérait l'histoire de Joseph comme une métaphore des derniers jours. (Bien qu'il ne le mentionne pas, les sept années de sécheresse peuvent symboliser les sept années du règne de l'Antichrist) « Bien qu'un acte si célèbre et si merveilleux montre la puissance de Dieu sur les hommes du présent, il était aussi la présignification et la figure de quelque chose de plus grand. ce que Dieu doit faire à la consommation finale des âges : il libérera son peuple de l'esclavage du monde. Puis, parce qu'il y avait un seul peuple de Dieu qui habitait au milieu d'une seule nation, seule l'Égypte fut frappée alors ; parce que le peuple de Dieu est rassemblé de toutes langues et habite parmi toutes les nations et est opprimé par sa domination, toutes les nations, c'est-à-dire le monde entier, doivent être frappées par les coups divins, afin que le peuple juste et pieux de Dieu soit libéré. De même qu'alors des signes furent donnés annonçant le massacre prochain des Egyptiens, de même à la fin il y aura d'effrayants prodiges dans tous les éléments du monde par lequel toutes les nations saisiront la destruction imminente."

En un sens, Israël représente le mur sur lequel apparaît « l’écriture » de Dieu (Daniel 5). Le monde a connu son Créateur en grande partie grâce aux Juifs.

Que ce peuple ancien, « élu », ait obéi au Seigneur ou l'ait défié, il a néanmoins servi d'exemple et d'avertissement à toute l'humanité. Leur histoire est un guide sur ce qui devrait, ne devrait pas et sera fait.


Le Triode de Carême contient la prière suivante :

« Ô Seigneur, les Juifs t'ont condamné à mort, toi qui es la vie de tous ; avec la verge de Moïse tu les as conduits à sec à travers la mer Rouge, et pourtant ils t'ont cloué sur la croix. ... Voyez comment la synagogue anarchique a condamné à mort le Roi de la Création ! Ils n'ont pas eu honte lorsqu'il a rappelé ses bénédictions en disant : « Ô mon peuple, que vous ai-je fait ? N'ai-je pas rempli la Judée de miracles ? N'ai-je pas ressuscité les morts par ma seule parole ? N'ai-je pas guéri toutes les maladies et affections ? Comment donc m’avez-vous remboursé ? Pourquoi m'avez-vous oublié ? En échange de la guérison, vous m'avez donné des coups ; en échange de la vie, vous me mettez à mort. Vous accrochez à la Croix votre Bienfaiteur comme un malfaiteur, votre Législateur comme un transgresseur de la Loi, le Roi de tous comme un condamné. "


En ne reconnaissant pas leur Messie, les Juifs ont confirmé leur aveuglement. En le crucifiant, ils ont assuré leur destruction. Israël a condamné le Temple de Dieu (le Corps du Christ), et en conséquence Dieu a condamné le temple d'Israël. C’est exactement ce que Jésus a dit à ses disciples avant que l’un ou l’autre événement n’ait lieu :

" Et ses disciples montèrent pour lui montrer les bâtiments du temple. Et Jésus leur dit : " Ne voyez-vous pas toutes ces choses ? En vérité, je vous le dis, il ne restera pas ici pierre sur pierre, qui ne soit visible être renversé' » (Matthieu 24 : 1, 2).

Après avoir conduit leur propre roi à la mort sur la croix, les Juifs évitèrent leur protecteur et furent par conséquent faits prisonniers, dispersés et tués.

" Car ce sont les jours de vengeance, afin que tout ce qui est écrit s'accomplisse... Et ils tomberont sous le tranchant de l'épée et seront emmenés captifs dans toutes les nations. Et Jérusalem sera piétinée par les païens jusqu'à ce que le les temps des païens sont accomplis » (Luc 21 :22, 24).

Obéissant (bien qu'inconsciemment) à la volonté de Dieu, l'empereur romain Titus détruisit Jérusalem en 70 après J.-C., massacrant des milliers de Juifs et envoyant les autres en exil. Le magnifique temple d'Hérode, achevé quelques années plus tôt, fut décimé. Comme Jésus l’avait prédit, il ne restait littéralement plus pierre sur pierre. La destruction a été si complète que même les archéologues les plus sophistiqués et les plus avancés en technologie admettent que l'emplacement exact du temple sur le mont du temple demeure encore incertain. (À suivre)



lundi 8 juin 2020

« Quelle beauté sauvera le monde? »



Dans l'œuvre de Dostoïevski, L'idiot, Hippolyte Terentiev demande au prince Mychkine : « Quelle beauté sauvera le monde? » 

La philosophe française Simone Weil, a écrit : «Dans tout ce qui suscite en nous le sentiment pur et authentique de la beauté, il y a réellement la présence de Dieu. Il y a presque une incarnation de Dieu dans le monde, dont la beauté est le signe»
 La beauté, comme la bonté sont les attributs du «Dieu qui s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu». 
Encore faut-il être réceptif à cette beauté dans les petites choses de la vie quotidienne ordinaire, jusque dans les détails discrets de la nature, dans les splendeurs vertigineuses de l'univers infini, comme dans les multiples et surprenantes facettes des êtres qui attendent encore d'être mises à jour. Découvrir cette beauté qui est partout présente et qui remplit tout, la célébrer et aussi la créer, la cultiver et en faire bénéficier notre entourage et notre environnement avec les moyens dont dispose chacun de le faire, à sa mesure, chaque fois que nous en avons l'occasion, sans mégalomanie mais avec conviction. C'est aussi une question de survie, culturelle, physique et spirituelle.





 Lettre du Saint Apôtre Paul aux Galates 5
13 Frères, vous avez été appelés à la liberté, seulement ne faites pas de cette liberté un prétexte de vivre selon la chair; mais rendez-vous, par la charité, serviteurs les uns des autres. 14 Car toute la loi est accomplie dans une seule parole, dans celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. 15 Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde que vous ne soyez détruits les uns par les autres. 16 Je dis donc: Marchez selon l'Esprit, et vous n'accomplirez pas les désirs de la chair. 17 Car la chair a des désirs contraires à ceux de l'Esprit, et l'Esprit en a de contraires à ceux de la chair; ils sont opposés entre eux, afin que vous ne fassiez point ce que vous voudriez. 18 Si vous êtes conduits par l'Esprit, vous n'êtes point sous la loi. 19 Or, les oeuvres de la chair sont manifestes, ce sont l'impudicité, l'impureté, la dissolution, 20 l'idolâtrie, la magie, les inimitiés, les querelles, les jalousies, les animosités, les disputes, les divisions, les sectes, 21 l'envie, l'ivrognerie, les excès de table, et les choses semblables. Je vous dis d'avance, comme je l'ai déjà dit, que ceux qui commettent de telles choses n'hériteront point le royaume de Dieu. 22 Mais le fruit de l'Esprit, c'est l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance; 23 la loi n'est pas contre ces choses. 24 Ceux qui sont à Jésus Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs. 25 Si nous vivons par l'Esprit, marchons aussi selon l'Esprit. 26 Ne cherchons pas une vaine gloire, en nous provoquant les uns les autres, en nous portant envie les uns aux autres.
F. Sychkov. Récolte des herbes le jour de la Trinité.
avant 1917
Jour de la Trinité de P.A Sukhodolsky . 1884


vendredi 12 juillet 2019

Pour un Russe, l’Europe est (était?) aussi précieuse que la Russie


Il y a 150 ans, Dostoïevski a déclaré que l’Europe était en train de devenir un musée, quand il a  écrit cela  (en parlant à travers le personnage de Versilov d' Un adolescent Souvenirs d’un jeune homme  chap. VII) :
«Car l’Europe est aussi précieuse à un Russe que sa Russie maternelle, – plus même ! Il est peu probable qu’on puisse aimer la Russie plus que je ne l’aime ; mais je ne me fais nul reproche de lui préférer Venise, Rome, Paris, les trésors de leurs sciences, de leurs arts, leur histoire. Oui, les Russes les chérissent, ces vieilles pierres étrangères, ces éclats de saints miracles. Eux seuls les chérissent, – quand les détenteurs séculaires de ces vivants vestiges ne sont plus attentifs qu’au charlatanisme de leurs réactionnaires et de leurs pétroleurs. 

Conviens en mon ami, c’est un fait significatif, que, depuis un siècle, la Russie vive pour l’Europe seule ! Et eux ? Oh ! ils ont le temps de se gorger d’amertume, avant d’atteindre le royaume de Dieu…  »
Et puis encore, cette fois parlant comme Ivan Karamazov, avec encore plus de passion :
« …Je veux voyager en Europe, et je le ferai. Bien sûr, je sais que je ne vais visiter qu’un cimetière. Mais alors quoi ? Les cadavres qui y reposent sont précieux ; chaque pierre tombale raconte l’histoire d’une grande vie, d’une croyance passionnée en l’héroïsme, de sa propre vérité, de sa propre lutte. Je sais déjà que je vais tomber par terre et baiser ces pierres, et les pleurer, même si je suis convaincu de tout mon cœur que tout cela s’est transformé en cimetière il y a longtemps, rien de plus. »


lundi 8 décembre 2014

QU'EST-CE QUE L'ACÉDIE par le MOINE MOÏSE DE LA SAINTE MONTAGNE

LA SOLITUDE SUPRÊME DU CROYANT AUJOURD'HUI (suite)

Saint Père Moïse, prie Dieu pour nous !
Voici comment Saint Maxime le Confesseur, le grand théologien byzantin, parle de l’acédie :
"Toutes les puissances de l'âme sont réduites en esclavage par l'acédie, tandis que presque toutes les autres passions sont également et immédiatement entraînées par elle, parce que, de toutes les passions, l'acédie est la plus écrasante."

Saint Jean Climaque, qui connaît profondément jusqu’aux plus subtils mouvements de l'âme, décrit l’acédie aux moines, s’étant enquis de ce qu’elle était, avec sa manière abrupte caractéristique :
"L’acédie est la dépression de l'âme, la désorientation de l'esprit, la négligence de la pratique ascétique, la haine du monachisme, l'amour de la mondanité, l'irrévérence envers Dieu, l'oubli de la prière."

Évagre mentionne que cet état insupportable de l'âme dévaste sa victime, «qui ne sait pas quoi faire, car le temps ne passe pas et se demandant quand va venir le moment du repas  qui semble retardé."

Antiochus, qui a vécu au VIIe siècle, est encore plus expressif et précis dans sa définition de l’acédie: 
"Cette condition vous apporte l'anxiété,de l’aversion pour l'endroit où vous vivez, mais aussi pour vos frères et pour chaque activité. Il y a même une aversion pour l'Ecriture Sainte, accompagnée de bâillements et d’une somnolence constante. De plus, cette  affection vous mett dans un état de faim et de nervosité constants, en attente du prochain repas. et quand vous décidez de prendre un livre pour lire un peu, il vous tombe rapidement des mains et vous commencez à vous gratter et à regarder par les fenêtres. Puis vous essayez de reprendre un peu votre lecteure, et alors  vous comptez le nombre de pages et vous regardez les titres des chapitres. Enfin, vous abandonnez le livre et allez dormir, et dès que vous avez dormi un peu, vous trouvez qu'il est nécessaire de vous relever. Et toutes ces choses que vous faites c’est juste pour passer le temps. "

Saint Jean Damascène dit que cette lutte est très lourde et très difficile pour les moines.

Saint Théodore le Studite dit que la passion de l’acédie peut vous envoyer directement au fond de l'Hadès.

Dostoïevski, qui avait un esprit patristique, a offert une solution à ce problème quand il fait dire starets Zosime  que nous devons nous rendre responsables des péchés du monde entier :

"Cette compréhension de notre salut au travers des autres nous aide à réaliser que l'amour ne se limite pas à faire le bien, mais qu’il nous fait aussi assumer les angoisses et les souffrances des autres. Les moines prient tous les jours pour le salut du monde entier. Créés à l'image de Dieu, nous sommes tous siens nous sommes tous frères. La solitude est abolie en Dieu. nous sommes tous des "membres les uns des autres» selon saint Paul. Ainsi, nos péchés et nos vertus ont une incidence sur les autres, puisque, comme nous l'avons dit, nous sommes tous membres d'un seul corps. L’acédie fournit une raison pour une prière plus fervente, et les difficultés sont l'occasion de mûrir et de progresser spirituellement."

Permettez-moi de le répéter. La séparation du monde, décriée par certains comme une désertion, est en fait courageuse et nécessaire, c’est une résistance au nivellement généralisé de tout. L'homme trouve son authenticité, la beauté de son caractère unique, dans le silence sacré de l’hésychia, en tenant à l'écart de la foule. Sa souffrance dans la solitude prépare son retour à la société et aux proches, revitalisé et prêt pour les servir  de tout cœur.

Abba Alonios a dit un jour :
«Si un homme ne peut se résoudre à dire à son cœur que sont présents dans ce lieu, lui seul et Dieu il ne trouvera jamais la paix et le repos de l'âme."

Saint Jean Chrysostome a dit : "La quiétude dans la solitude n'est pas un professeur de vertu négligeable." Ailleurs, il a également dit :

«Peu importe où vous êtes, vous pouvez installer votre sanctuaire. Simplement ayez des intentions pures et ni le lieu, ni le temps ne seront un obstacle, même sans vous agenouiller, vous frapper la poitrine ou lever les bras au ciel. Tant que votre l'esprit est concentré avec ferveur vous êtes dans une totale  disposition pour la prière. Dieu n'est pas gêné par un quelconque endroit. Il demande seulement un esprit clair et fervent  et une âme désirant la sagesse. "

Saint Macaire d'Egypte, dans ses homélies spirituelles, est un peu plus chaleureux :

"Même si vous vous sentez affligés par la pauvreté des dons spirituels, ressentez simplement dans votre cœur la tristesse et la douleur d’être étranger à son Royaume, et comme un être blessé, suppliez le Seigneur de vous rendre aussi digne de la vraie vie."
Plus loin, il dit :
"Dieu et les anges pleurent sur ​​ceux qui ne sont pas comblés de la nourriture céleste."

Enfin, Saint Macaire fait cette observation importante et remarquable:

"Tout est très simple et facile pour ceux qui désirent être transfigurés spirituellement. Ils ont besoin seulement de lutter pour devenir amis de Dieu et lui plaire, et ils recevront l'expérience et la compréhension des dons célestes, une béatitude inexprimable, et une richesse divine véritablement merveilleuse. "

Étant inexpérimenté dans ces états spirituels plus profonds, je dois simplement travailler dans le désert bien-aimé à déraciner mes passions. Mais il me faut vous  parler des hommes que j'ai vus et entendus, qui vivent sur ​​les flancs de la montagne pacifique de la péninsule athonite sacrée, qui expérimentent les mystères de Dieu. Ce sont des moines charismatiques consumés par le Ciel, portant le Christ dans leur cœur et aimant Dieu, des dévôts de la quiétude, de la solitude, de tempétueux artisans du  silence, solitaires, mais sans solitude, qui, dans leur isolement, se souviennent de la solitude du monde entier. Tandis que certains dans le monde souffrent involontairement d'insomnie et d'autres passent leurs nuits sans amour dans des endroits étranges, les moines du mont Athos demeurent dans une veille volontaire, priant pour la santé, la miséricorde et le salut du monde entier.

Un livre étonnant par un ermite contemporain, qui a circulé récemment, décrit le célèbre ascète du Mont Athos, Hatzi-Georgis, comme un ami fidèle de l’hésychia dans les grottes du désert, un lutteur honorable et noble, un grand jeûneur qui a trouvé son repos dans les veilles, la prière et la solitude. Il n’est pas devenu sauvage et rude comme le désert qu’il habite. Au contraire, ce lieu l’a purifié et l’a embelli. Son révérend biographe écrit ce qui suit:

"Hatzi-Georgis avait beaucoup d'amour pour tous avec le souci de ne point faire le moindre mal à quiconque. Il a toujours été pacifique, tolérant et indulgent. Il avait un grand cœur et c'est pourquoi il avait de la place pour tout et tout le monde, quels qu’ils soient.   En un sens, il était devenu incorporel. Vivant la vie angélique sur la terre, il était devenu un ange et il s’élevait vers le ciel, car il ne s’attachait à rien ni passions spirituelles ni choses matérielles. Il s’était délesté de tout et, par conséquentil volait très haut ".

L’Ancien Gérasime, hésychaste de Katounakia, est resté dix-sept ans, comme l’a écrit  son compagnon d’ascèse, à l’instar du prophète Élie aux prises avec les démons et les éléments. Il est resté un pilier inébranlable de patience. Ses larmes coulaient en permanence. Il a terminé sa vie insouciante et tranquille dans la douceur de la vision constante du Christ.

Un autre hésychaste de Katounakia, P. Callinique, supportait la douleur, la fatigue et aimait la quiétude delà de toute mesure. Il baignait dans ses larmes et sa sueur. Les quarante-cinq dernières années de sa vie il les passa dans la solitude, priant sans cesse. Son visage avit atteint la grâce de briller comme celle de Moïse quand il descendit du mont Sinaï.

Le Père spirituel Ignace avait la particulière habitude de fermer les volets de sa cellule pour ne pas être interrompu par la lumière du lever du jour quand il faisait ses prières. Il avait l'habitude d’imporer ses visiteurs de cette manière: «Aimez Dieu qui vous a aimés » Il lui arrivait d'oublier de se laver, de se coiffer, de manger, mais son komboskini était toujours dans sa main et la prière toujours sur ses lèvres et dans l’intimité de son cœur. Quand il a perdu la vue, il est devenu encore plus brillant. Émanait de lui un indicible parfum de son vivant et il en fut de même aquand il se fut endormi dans le Seigneur.

Père Savvas,  prêtre et confesseur remarquable, du Skite de Sainte-Anne, puisait sa force dans la Divine Liturgie quotidienne qu’il  célébrait en larmes. Au cours de la liturgie, et lors de toutes ses veilles nocturnes, il consacrait des heures à la commémoration de milliers de noms.


Telle est la nature de la communauté du désert silencieux, priant, dans la sérénité, bénie. C'est la vie du désert. Si un moine ne possède pas une vie spirituelle intense et une vigilance constante, il tombera certainement dans une multitude de tentations. L’acédie l’emmènera dans un isolement stérile et, raillé par les anges et les démons, il deviendra le pire des pires, et la solitude du désert lui deviendra insupportable.
(version française par Maxime le minime de la source)

dimanche 6 juillet 2014

SAINT AMBROISE D’OPTINA SUR L'ÉGLISE CATHOLIQUE & commentaire par P.Constantine J. Simones [2]

Il fut transfiguré devant eux; son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. Matthieu 17:2

Dostoïevski a déclaré à propos de Saint Ambroise d'Optina que chez le starets Ambroise il avait trouvé « un exemple vivant de l'idéal chrétien. » Le staretz Nectaire des Frères Karamazov parlait d’Ambroise comme d’ « un ange terrestre et d’un homme céleste. » On dit que St Ambroise a été vu entouré par la Lumière incréée plus d'une fois. Dans la tradition chrétienne orthodoxe, être enveloppé de la lumière incréée est le signe définitif de la transfiguration de notre humanité du terrestre au céleste. C’est également le signe d'une personne qui acquiert la citoyenneté dans le Royaume des Cieux à venir, tout en restant dans la chair. Beaucoup de saints orthodoxes ont acquis la bénédiction de la Lumière incréée pendant leur vie terrestre.   + P. Constantin J. Simones


"Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire. "  Jean 15:5

Saint Ambroise dit :

 «L'Église orthodoxe orientale, depuis les temps apostoliques jusqu'à maintenant, continue d'être inchangée et non contaminée par des innovations concernant non seulement les Évangiles mais les enseignements apostoliques, ainsi que les Traditions des saints Pères et les résolutions des Conciles Œcuméniques. Ces Conciles ont réuni des hommes de Dieu venant de partout dans le monde, dans une assemblée de foi où ils ont composé le Credo de Nicée de l'Église Orthodoxe. Ils l’ont proclamé à haute voix à l'univers entier comme parfait et complet à tous égards. Ces saints Pères interdisent également tout ajout qu’on pourrait y effectuer, toute modification, voire même le moindre ajout d'un iota. L'Église catholique romaine s’est départie de cette injonction il y a longtemps pour finir par tomber dans l'hérésie et l'innovation. Déjà du temps de saint Basile le Grand (4ème siècle) certains évêques de Rome avaient été condamnés par lui dans sa lettre à Eusèbe de Samosate par ces mots : «Ils ne savent pas et ne veulent pas connaître la vérité; ils débattent avec ceux qui leur proclament la vérité, et font valoir leur hérésie. »

L'apôtre Paul nous ordonne de nous séparer de ceux qui sont égarés par l'hérésie et de ne pas chercher l'union avec eux, quand il dit : « Éloigne de toi, après un premier et un second avertissement, d’un hérétique qui provoque des divisions, sachant qu'un homme de cette espèce est perverti, et qu'il pèche, en se condamnant lui-même. » (Tite 3:10-11). Ce n’est pas seulement deux fois mais plusieurs fois, que l'Église orthodoxe universelle, a essayé de ramener l'Église romaine à la raison ; mais, en dépit de toutes les tentatives de la convaincre de revenir à la Tradition, celle-là a persisté dans sa façon erronée de penser et d'agir. Déjà au septième siècle l’enseignement erroné qui dit que le Saint-Esprit procède du Fils a été conçu et répandu dans l'Église occidentale. Au début, certains papes se sont élevés contre cette nouvelle théologie, l'appelant hérétique. Le Pape Damase proclame dans une résolution du Conseil: «Celui qui pense correctement sur le Père et le Fils, mais mal sur le Saint-Esprit est un hérétique." (Encyclique 5) D’autres papes, comme Léon II et Jean VIII, ont également affirmé la même chose. Mais la plupart de leurs successeurs, ayant été égarés par la préoccupation de la domination et de la poursuite des avantages du monde pour eux-mêmes, ont osé modifier le dogme orthodoxe sur la procession du Saint Esprit, contre les décisions des sept premiers conciles œcuméniques, et également contraire aux termes clairs du Seigneur Lui-même qui a dit: " L'Esprit Saint procède du Père" (Jean 15:26). Mais tout comme quand une personne fait une erreur – qui n'est pas considérée comme une erreur – en engendre toujours une autre, et un mal en engendre un autre, c’est ainsi que cela s’est produit avec l'Église catholique romaine. Ce faux enseignement que le Saint Esprit procède aussi du Fils, étant à peine apparu à l'Ouest, a donné naissance déjà à l'époque à d'autres faux enseignements similaires, et a mis en place peu à peu d'autres nouveautés, pour la plupart  en contradiction avec les commandements de notre Sauveur pourtant clairement décrits dans l'Évangile, tels que : l’aspersion au lieu de l'immersion dans le mystère du Baptême, l'exclusion des laïcs du Calice lors de la Communion et l'utilisation de pains sans levain au lieu de pain au levain dans l'Eucharistie, et la suppression de l'invocation du Saint et vivifiant Esprit de la Divine Liturgie. Elle a également introduit des nouveautés qui ont violé les anciens rites apostoliques de l'Église orthodoxe, tels que : l'exclusion des enfants baptisés de la chrismation et de la réception de la sainte communion le jour de leur baptême, l'interdiction de la prêtrise pour les hommes mariés, la déclaration du Pape comme "infaillible" et "vicaire du Christ" sur la terre, et ainsi de suite. De cette façon, il a annulé la totalité de l’antique charge apostolique concernant les sacrements et toutes les institutions ecclésiastiques - charge qui avait pourtant été conservée par l'ancienne Sainte Église orthodoxe de Rome avant le grand schisme de 1054.» (à suivre)

jeudi 29 septembre 2011

Le temps est venu de renouer avec l'histoire, la Tradition et sa continuité...

Antidote à la douleur psychologique
par le Moine Moïse l'Athonite

"En même temps que notre époque se caractérise par l'abondance et la surconsommation (bien que la crise économique ait mis un sérieux frein à cela), la haute technologie, les progrès scientifiques, les conforts et les plaisirs matériels en grand quantité, elle rencontre également une grave exacerbation de problèmes psychologiques qui se reflètent sur nombre de visages, préoccupés, sombres, inquiets, nerveux, effrayés, tristes et bouleversés.

Même les jeunes souffrent de problèmes aigus et de conflits internes, et se trouvent dans une impasse avec de sombres pensées devant un vide insupportable.

De jeunes gens beaux, instruits et riches, ont pourtant perdu le rire, sont abattus et pessimistes. Nous sommes à une époque de convictions, de révélations, de bénéfices et de succès, mais notre peuple se sent désespéré, dépourvu de santé mentale, sans paix ni joie. Souvent d'ailleurs, les chansons à succès de nos jeunes appartiennent à des genres de musique caractérisés par la dépression, la dureté, la frénésie et la souffrance. On pourrait même penser quelquefois qu'ils se plaisent à augmenter la tristesse et le pessimisme. Au lieu de musiques qui réjouissent l'âme et lui redonnent la vie, ce sont des musiques qui la clouent à un pessimisme amer. Les visages tristes sont à la mode.

Les modes provocantes des jeunes, les fêtes violentes qui durent toute la nuit, la séduction envers le terrible fléau de la drogue, la consommation élevée d'alcool, la dépendance malsaine à Internet des heures durant, et beaucoup d'autres choses semblables n’aident en aucune façon et aggravent plutôt le problème. C'est comme si l’on s’acharnait de toutes les manières possibles à détruire leur santé, à raccourcir leur vie, et à leur faire perdre tout intérêt pour l'avenir. Les statistiques sont très tristes. Dans le monde 340 millions de personnes souffrent actuellement de graves problèmes de santé mentale. En Europe et en Amérique, l'Organisation mondiale de la Santé rapporte que près de la moitié de la population souffre de dépression, de mélancolie et à tout le moins de mauvaise humeur.

Aujourd’hui on ne peut - honnêtement et avec tristesse - que constater que ni la jeunesse, ni la beauté, ni la gloire de la réussite et de la croissance, ni beaucoup d’argent ni des vêtements coûteux, ne donnent à tout coup la joie attendue et tout le bonheur qu’on attend. Au milieu de tout cela, la propagation et la culture de cette morosité omniprésente ne cherche-t-elle pas à favoriser l’enrichissement des industries de psychotropes
 Le découragement excessif, disent les Saints Pères de notre Église, est l’esprit mauvais de l’affliction qui mène à la dépression et la mélancolie. Il est bien connu désormais que l’on peut parfois se complaire dans l’amertume et que cela finit par être une sorte de confort morbide, une forme bénigne de sadomasochisme. Cette façon de faire de la société moderne reflète et exprime notre grande frustration qui s’origine dans l'individualisme et notre manque de valeurs.

N'importe qui peut, s’il lutte et le veut vraiment, ôter immédiatement de sa vie ce qui ne lui donne ni véritable optimisme, ni joie ni plaisir. De cette façon, l'humanité peut obtenir paix, calme et sérénité. La conscience trouvera le repos, la vie le calme, et même le sommeil sera doux. Le poète T.S. Eliot a dit : «Faire quelque chose d'utile, dire quelque chose de vrai, regarder quelque chose de vraiment beau, tout cela suffit à enrichir votre vie." Dostoïevski a dit: «La beauté sauvera le monde." Le fait est que le mal, la ruse, et l'obscénité leurrent et séduisent, mais le bien, la bonté, la sainteté et le beau resteront toujours ce qui séduit vraiment et émeut une personne profondément.

La Tradition orthodoxe a la puissance, la force, le sens, la foi, la consolation et l'espoir. La tentative de certains de déraciner du cœur des gens cette riche et vivifiante Tradition ne fera qu’accroître le nombre de dépressifs, d'inconsolables, et de désespérés. Cette Tradition a donné naissance à d'excellents figures de saints et de héros. Le temps est venu pour une recherche qui ait du sens, de renouer avec l'histoire, la Tradition et sa continuité. Un temps qui est acceptable, approprié et nécessaire pour une nouvelle découverte de notre Tradition et la certitude qu'elle offre, pour lutter contre le désespoir, la tristesse, la dépression et la mélancolie. C'est l'antidote à la douleur psychologique de beaucoup de personnes de notre époque. Nous avons besoin de suivre rapidement un tel traitement. Assez d'insignifiance et d'obscurité dans notre vie ! N'est-ce pas ainsi que cela devrait être ? Suis-je exagéré et dépassé ?"
(version française par Maxime le Minime de l'article du site Mystagogy)

vendredi 23 septembre 2011

Alexandros Papadiamandis le Dostoïevski grec

"Alexandros Papadiamandis  (1851-1911) fut une des plus importantes figures littéraires de la Grèce du dix-neuvième siècle et sans doute de la littérature grecque moderne, de façon générale. A travers ses courtes histoires vivantes, tendres et profondes de la vie simple des fidèles orthodoxes de son île natale de Skiathos, Papadiamandis révèle un monde d’une Orthodoxie vécue organiquement, en grande partie perdue dans le système désintégrant de la vie moderne. Comme Dostoïevski, Papadiamandis a joui d’amitiés étroites avec de saints hommes de son époque, comme Saint Nicolas Planas. Comme Dostoïevski également, il ne présente pas un monde romantique et idéal, mais plutôt un monde en lutte, profondément humain, qui a toujours la possibilité d’être transfiguré par une vie en Christ et en Son Église.

Pendant de nombreuses décennies négligée et largement rejetée par l'Académie, l’œuvre de Papadiamandis est enfin reconnue. C'est un moment stimulant pour les Occidentaux qui s'intéressent à Papadiamandis et au monde de la littérature grecque, car ce volume sera suivi par de merveilleuses nouvelles traductions en anglais de la majorité des œuvres de Papadiamandis, qui sont actuellement en cours d'édition pour la publication. Dans Greece’s Dostoevsky, avec beaucoup de chaleur et de sympathie le professeur Keselopoulos offre la première tentative sérieuse de sonder les profondeurs de la richesse spirituelle de Papadiamandis. Une des principales préoccupations du professeur Keselopoulos est la description que fait  Papadiamandis de la vie spirituelle et liturgique de Skiathos, où il montre ce qu’est l’expression authentique de la foi orthodoxe. Il vise également à montrer comment, parce que Papadiamandis porte en lui de façon authentique la tradition de l'Église, ses œuvres de création sont devenues Tradition. Comme pour Fedor Dostoïevski, la foi de Papadiamandis transfigure son travail, lui donnant une dimension authentique de spiritualité orthodoxe, absente de la majorité de l’art moderne. Le livre du Professeur Keselopoulos est lu en grec aussi bien par des laïcs, séduits par le mariage réussi que Papadiamandis fait de la théologie profonde et de la description de la beauté du monde, que par les étudiants en théologie à l'Université de Thessalonique, où son œuvre est étudiée dans la classe de théologie pastorale."
Version française par Maxime le minime du texte de présentation du livre Greece’s Dostoevsky édité par 

jeudi 8 juillet 2010

ANCIEN DIONYSIOS : "L'ennemi intérieur, l'ego" (6) "Le Repentir. Reconnaître nos erreurs et nos péchés, c'est la chose la plus importante que nous puissions faire"

WIE: L'ego est souvent caractérisé dans la littérature spirituelle comme un adversaire rusé et opportuniste, capable de retourner toute situation à son avantage dans sa tentative de faire obstacle à notre progrès spirituel. Que est selon vous la qualité la plus importante de la personne qui peut nous aider à gagner la lutte contre l'habile ego en perpétuel changement ?

P.Dionysios: Le Repentir. Reconnaître nos erreurs et nos péchés, c'est la chose la plus importante que nous puissions faire. Et non pas reconnaître nos péchés afin de réussir quelque chose d'autre, mais simplement pour voir la vérité sur nous-mêmes. 


Saint Isaac, le grand mystique de l'Église, dit que celui qui accepte, qui comprend, qui reconnaît son péché devant le Seigneur, en réalité, il est le plus élevé. Il est plus grand que celui qui a gagné le monde entier, qui nourrit tout le peuple, qui fait des miracles, qui ressuscite les morts. Cet homme est le premier, il est plus grand parce qu'il ne peut jamais tomber. Il a une stabilité, un niveau, un lieu où il peut parler au Seigneur. Il a un endroit où il peut inviter le Seigneur avec ses larmes, avec son repentir, avec la compréhension de ce qu'il a fait de mal. Et tout de suite, il devient clair. La lumière émane de lui. Il devient un médecin spirituel, un enseignant ou un père, parce qu'il n'a pas peur de reconnaître ses péchés. Ce n'est pas un problème pour lui de dire: "Excusez-moi, c'était de ma faute." C'est la clé pour échapper à tous les précipices du diable.

WIE: Serait-il exact de qualifier cette qualité que vous décrivez - cette volonté de se regarder avec honnêteté - d'humilité?

P. Dionysios : Pas l'humilité. L'humilité est le résultat. Il serait préférable de parler de "sagesse". Nous nous acharnons à être humble. Mais, reconnaître mes fautes – qu'est-ce que cela a à voir avec l'humilité ? Je dois être humble pour reconnaître mes fautes ? Non. Je dois les voir. C'est une urgence. C'est mon mode d'existence pour le second qui vient. Comment puis-je exister avec mes défauts pendant une seconde existence ? Devant qui ? En face de moi – comment puis-je demeurer avec mes fautes, mes péchés? Je dois dire, "je l'ai fait !"

Dostoïevski exprime bien cela dans Crime et Châtiment. Le personnage principal, Raskolnikov, tue quelqu'un, et presque aussitôt il comprend ce qu'il a fait. Il ne le reconnaît pas par lui-même, mais avec l'aide des mots très sévères d'une prostituée, Sonia, qui lui dit: "Regarde ce que tu as fait." C'est elle qui l'amène au milieu de la place, devant tout le peuple, pour qu'il dise ce qu'il a fait. Et il le fait. Il avoue. Il dit que sinon il ne pourrait pas exister, qu'il aurait commis davantage et de plus en plus de crimes. Et il accepte la sentence du tribunal c'est à dire aller pour au moins vingt ans dans la plus dure des prisons. Et il y va, et c'est là qu'il sent le médicament de son cœur. Et il prend ce médicament. Nous avons des problèmes dans la vie parce que nous ne voulons pas accepter ni reconnaître nos péchés. Et c'est la clé. Quoi d'autre avons-nous offrir aux autres ? De l'or, de l'argent, du désir, de la nourriture ? Une longue vie ? Non, seulement reconnaître nos péchés et nous avons tout de suite un nouveau monde."
(à suivre)
(Version française de Maxime le minime
de L'Entretien réalisé par Craig Hamilton in "What is Enlightenment Magazine")