Il y a 150 ans, Dostoïevski a déclaré que l’Europe était en train de devenir un musée, quand il a écrit cela (en parlant à travers le personnage de Versilov d' Un adolescent Souvenirs d’un jeune homme chap. VII) :
Et puis encore, cette fois parlant comme Ivan Karamazov, avec encore plus de passion :«Car l’Europe est aussi précieuse à un Russe que sa Russie maternelle, – plus même ! Il est peu probable qu’on puisse aimer la Russie plus que je ne l’aime ; mais je ne me fais nul reproche de lui préférer Venise, Rome, Paris, les trésors de leurs sciences, de leurs arts, leur histoire. Oui, les Russes les chérissent, ces vieilles pierres étrangères, ces éclats de saints miracles. Eux seuls les chérissent, – quand les détenteurs séculaires de ces vivants vestiges ne sont plus attentifs qu’au charlatanisme de leurs réactionnaires et de leurs pétroleurs.
Conviens en mon ami, c’est un fait significatif, que, depuis un siècle, la Russie vive pour l’Europe seule ! Et eux ? Oh ! ils ont le temps de se gorger d’amertume, avant d’atteindre le royaume de Dieu… »
« …Je veux voyager en Europe, et je le ferai. Bien sûr, je sais que je ne vais visiter qu’un cimetière. Mais alors quoi ? Les cadavres qui y reposent sont précieux ; chaque pierre tombale raconte l’histoire d’une grande vie, d’une croyance passionnée en l’héroïsme, de sa propre vérité, de sa propre lutte. Je sais déjà que je vais tomber par terre et baiser ces pierres, et les pleurer, même si je suis convaincu de tout mon cœur que tout cela s’est transformé en cimetière il y a longtemps, rien de plus. »