Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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mercredi 5 juin 2019

CONSTANTIN 1er Le grand, égal aux Apôtres

Constantin le Grand , mosaïques de Sainte - Sophie , Constantinople  





Empereur Constantin 1er Le Grand

Empereur Constantin 1er© Kevin Arneth – Fotolia.com


Constantin : l’un des plus grands personnages de l’histoire


L’homme qui a fait d’Arles la capitale de l’Empire Romain avant de créer Constantinople
  • Flavius Valerius Aurelius Constantinus. Constantin 1er dit « Constantin le Grand ».
  • Né à Naissus (actuel Niš en Serbie) 27 février 272 -mort le  22 mai 337 à midi, le jour de la Pentecôte.

Portrait de Constantin 1er


  • Grand, fort, large d’épaules, le cou épais.
  • Le visage rasé, pratique nouvelle depuis l’empereur Hadrien (2e s.), le teint coloré, les cheveux courts.
  • Le nez aquilin, les joues pleines.

Vie et Parcours de Constantin 1er


  • 272. 27 février. Naissance à Naissus, en Mésie (actuel Niš en Serbie).
    1. Son père Constance Chlore est Co-Empereur (César) sous Dioclétien(tétrarchie : 4 empereurs – 2 Auguste et 2 César), puis Auguste avecGalère.
    2. Sa mère est Hélène (Flavia Julia Helena). 1ère épouse de Constance Chlore.
  • Constantin est élevé à Nicomédie, à la cour de Dioclétien.
  • 303Constantin a son premier fils Flavius Julius Crispus avec Minervina.
  • 305Constantin rejoint son père en Bretagne (actuelle Grande-Bretagne) lorsque ce dernier est proclamé Auguste.
    1. Lorsque Dioclétien abdique, Constance Chlore et Galère sont nommés Augustes. Sévère et Maximin Daïa sont nommés Césars.
    2. Constantin et son père sont déçus que Constantin n’ait pas été nommé César aux côtés de son père.
    3. Constance Chlore doit accepter comme second Sévère, homme, dévoué à Galère (l’autre Auguste).
  • 306. 25 juillet. Constance Chlore meurt à Eburacum (York).
    1. Ses soldats élèvent immédiatement son fils Constantin au rang d’Auguste.
    2. Galère ne le reconnaissant évidemment pas, ce qui fait de Constantin un « Usurpateur ».
    3. Constantin contrôle la Gaule et la Bretagne (Grande-Bretagne).
  • 307. Constantin répudie son épouse Minervina pour raison d’Etat.
  • 309-310Constantin en Provence (ArlesMarseille).
  • 310. Constantin agrandit son domaine en s’emparant de l’Espagne.
  • 310Galère est obligé de reconnaître à Constantin sa dignité d’Auguste.
    1. Désormais Constantin est empereur légitime.
    2. Il lui faut cependant éliminer d’autres usurpateurs empereurs.
    3. Il commence par éliminer Maxence qui usurpe le pouvoir sur l’Occident depuis Rome et l’an 308.
  • 312. Episode présumé de la Croix Valmer, dans le Var (83), avec l’apparition à Constantin d’une croix dans le ciel.
    1. Voir article Chrisme.
  • 312. 28 octobre. La victoire sur Maxence au pont Milvius qui enjambe leTibre permet à Constantin de s’emparer de l’Italie et d’être le seul maître de l’Occident romain.
    1. Au lendemain de cette victoire, Constantin, adorateur d’Hercule puis d’Apollon, se convertit au Christianisme sans toutefois recevoir le baptême.
    2. Son seul concurrent est Licinius qui règne sur l’Orient.
  • 313Constantin et Licinius prennent des mesures destinées à rétablir la Paix dans l’Empire.
    1. L’édit de Milan est notamment un édit de tolérance religieuse.
    2. Le culte chrétien est mis à égalité avec les autres cultes.
    3. Les Chrétiens ne sont plus victimes de discriminations.
    4. Le culte chrétien est autorisé.
    5. Les biens qui avaient été confisqués aux Chrétiens leurs sont rendus.
  • 314. Constantin convoque en Arles (13) le premier grand concile de l’histoire du Christianisme.
    1. Voir article 314 Premier Concile d’Arles.
  • 321Constantin accorde à l’église le droit de recevoir des héritages.
  • 324Constantin décide d’en finir avec Licinius, son rival en Orient.
    1. C’est la fin de l’armistice commencé en 313.
    2. Constantin mobilise 130.000 homes en Thrace et remporte la victoire d’Andrinople.
    3. Licinius se réfugie dans Byzance.
    4. Crispus, le fis aîné de Constantin, détruit en deux jours les 350 galères de Licinius qui devaient ravitailler la ville.
    5. Licinius perd une nouvelle bataille et capitule.
  • 324. Constantin élève son troisième fils Constance à la dignité de César.
  • 324. L’unité de l’Empire est retrouvée : un seul empereur, une seule famille, une seule dynastie et une seule bannière, la Croix.
  • L’unité politique rétablie, Constantin cherche l’unité religieuse.
  • 324. 8 novembre. Consécration de la ville nouvelle future Constantinoplequi sera dédicacée en 330.
  • 326. Suite à une sombre histoire, Constantin fait disparaître son fils Crispus et son épouse Fausta.
  • 330. 11 mai. L’empereur Constantin fixe la nouvelle capitale de l’empire romain sous le nom de Nouvelle Rome.
    1. La cité prendra le nom de Constantinopolis ou Constantinople après la mort de l’empereur.
  • 337. 22 mai. Mort de Constantin qui est baptisé peu avant par Eusèbe de Nicomédie.
    1. Constantin meurt à midi, le jour de la Pentecôte.
    2. Il est le premier empereur chrétien de l’histoire.
    3. Sa mort survient à proximité de Nicomédie.
    4. Il est enterré dans l’église des Saints-Apôtres qu’il a fait bâtir à Constantinople.

Canonisation de Constantin 1er et d’Hélène

  • Constantin et sa mère, Hélène, sont inscrits sur la plupart des calendriers byzantins., le 21 ou le 22 mai.

Séjours en Provence de Constantin 1er

  • A plusieurs reprises, et pendant des périodes assez longues, Constantin a siégé en Provence, en particulier en Arles.
  • Ce choix qui se justifie par des considérations souvent militaires et stratégiques est porteur de sens importants :
    1. Par ce choix, l’Empereur indique le rôle et la puissance des Gaules, de la Provence et d’Arles.
  • Compte-tenu du rôle exceptionnel de Constantin dans la naissance officielle du Christianisme, la présence de Constantin en Provence éclaire deux sujets fondamentaux.
    1. La compréhension de la puissance à venir de la Provence Chrétienne.
      1. Nombres d’évêchés, d’abbayes, nombre de saints, de théologiens, de mouvements, d’ordres, installation des papes…
    2. Les questions sur la période précédente, celle du Christianisme naissant (avant 313).
      1. Comment ne pas voir de relations de cause à effet entre la vitalité du Christianisme naissant en Provence et la présence affirmée du premier empereur chrétien ?
Les dates des séjours de Constantin 1er en Provence
Thermes-d'e-Constantin.-Ver
Thermes de Constantin. Arles. © Verlinden
  • 309. Constantin est établi à Arles.
    1. Constantin installe à Arles le trésor de la Gaule.
    2. Il accueille Maximien, le père de sa femme Fausta réputé avoir l’esprit tortueux et la propension à la traîtrise.
  • Fin 309 – Début 310Maximien prépare un complot contre Constantin.
    1. Informé alors qu’il fait la guerre sur le Rhin, Constantin revient rapidement à Arles.
    2. Maximien se réfugie à Marseille non sans avoir fait main basse sur le trésor de la Gaule.
    3. Constantin fait le siège de Marseille qui ne tarde pas à livrer Maximienque Constantin épargne par égard pour Fausta son épouse.
    4. Février 310Maximien est retrouvé mort dans ses appartements d’Arles.
  • 311.Conquête de l’Espagne depuis Arles.
  • 312. Eté. Constantin prend la tête d’une armée de 40.000 hommes, Romains, Bretons et Gaulois pour marcher sur l’Italie.
    1. La campagne se solde par une victoire totale : prise de Rome (pont Milvius) élimination de Maxence et conquête du titre d’Auguste pour la partie occidentale de l’Empire.
  • 4e s. Les thermes d’Arles sont édifiés par Constantin.
  • 314Constantin convoque le concile d’Arles.
  • 314. 7 août. Naissance à Arles de Constantin II (fils de Constantin et de Fausta) qui succède à Constantin.
    1. 337. II est déclaré Auguste par le Sénat, avec ses frères Constance IIet Constant Ier.

Œuvres de l’empereur Constantin 1er


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Labarum de Constantin surmonté du Chrisme (Première Croix) © Verlinden.

Un seul mot : colossal

  •  Constantin réorganise entièrement le découpage territorial.
  • Constantin crée d’autres villes « capitales » que Rome : TrèvesArles et Constantinople.
Constantin-à-Trèves-Fotolia
Monumentale Porta Nigra à Trèves © Yvann K – Fotolia.com
  • Constantin bouleverse l’organisation, les stratégies et les tactiques militaires de l’Empire Romain.
  • Chef d’armées, il est invaincu, y compris contre des armées romaines disposant des moyens humains et matériels comparables.
  • Constantin bouleverse la Religion romaine et rend officiel le Christianisme.
  • Constantin modifie profondément le fonctionnement social et la moralité de Monde Romain en agissant au niveau des femmes, des enfants, des liens sociaux…
  • Constantin rétablit La Pax Romana mise à mal à l’intérieur de l’Empire par des corruptions, des erreurs économiques… et à l’extérieur en éliminant les pressions qui pesaient sur l’Empire.
  • Les plus grands, Clovis, Charlemagne Charles Quint… prendront Constantin comme Modèle.

Naissance du Christianisme officiel

  • 313-314. C’est tout simplement la naissance officielle du Christianismeou la naissance du Christianisme officiel.
    1. Depuis le baptême du Christ, la religion chrétienne n’existait qu’officieusement.
    2. Les Chrétiens avaient du subir des humiliations, des dénonciations et jusqu’à des persécutions.
    3. Les persécutions qui se sont succédé ont été, souvent à tord, qualifiées de romaines ou impériales  alors que, pour l’essentiel, elles étaient ponctuelles et locales.
    4. L’exception notable est  la dernière persécution dite de Dioclétien de 303305 qui a été aussi la plus destructrice et la plus sanglante.
    5. Constance Chlore, père de Constantin, a pris des risques considérables pour éviter les destructions et les massacres sur ses territoires (notamment la Gaule).
    6. L’Afrique et l’Orient qui n’ont pas eu cette chance ont terriblement souffert.
  • Constantin agit fermement pour l’unité de l’église
    1. Il préside personnellement les synodes et conciles qu’il fait convoquer.
      1. 313. Synode du Latran.
      2. 314Concile d’Arles.
      3. 325. Concile œcuménique de Nicée.
  • Constantin est à l’origine de la construction des premières grandes églises.
    1. A RomeBasilique Saint-Pierre, basilique Saint-Jean-du-Latran (Basilique du Sauveur), basilique Saint-Laurent, basilique Saint-Paul, basilique de Constantin, basilique de Jérusalem
    2. En Terre SainteHélène fait construire l’église du Saint-Sépulcre(Jérusalem) et celle de la Nativité (à Bethléem).
  • Constantin agit avec fermeté pour renforcer l’autorité et l’action des papes.
    1. Constantin attribue au pape la résidence au Palais du Latran.
  • Constantin fait renforcer la théologie et la liturgie.
    1. Il est notamment à l’origine du culte de la Croix.
    2. Le Credo est officiellement reconnu à Nicée.

Rome n’est plus dans Rome

  • Les Augustes et les Césars ne vivent plus dans Rome.
  • Les résidences impériales sont proches des secteurs à défendre.
  • Arles, Byzance, Milan, Nicomédie, Trèves… sont des lieux où vivent les empereurs et leurs familles.

Constantinople devient la nouvelle Rome

  • A partir de 324Constantin transforme Byzance en Constantinople.
  • 330. Constantinople est inaugurée.
  • Constantinople possède 7 Collines et 14 régions urbaines, comme Rome.
  • Constantinople a un Forum, un Capitole, un Sénat, un palais impérial, unhippodrome (nouveau nom ds cirques romains)…
  • Les édifices chrétiens constituent une parure ornementale.
  • Les puissants remparts tiendront pendant des siècles.

Constantin réorganise l’administration centrale de l’Empire

Constantin réorganise le cadre juridique de l’empire romain

  • Constantin impose le repos dominical.
  • 325Constantin interdit que l’on sépare les familles lors des ventes.
  • 326. Des lois prévoient l’humanisation des prisons.
  • 333. Constantin autorise l’affranchissement des esclaves par déclaration dans les églises.
  • Les églises sont autorisées à recevoir des legs.
  • Les plaideurs ont le droit de choisir entre le tribunal civil et la médiation de l’évêque.
  • Des lois contre la prostitution des servantes d’auberges sont promulguées.
  • Des lois contre les enlèvements sont promulguées.
  • De nombreuses mesures sont prises en faveur de la famille : contre les relations extra-maritales, valorisation du sacrement du mariage…
  • L’enfant, but sacré du mariage chrétien est protégé, y compris contre ses parents.
  • Constantin fait interdire la pratique de la magie noire, les combats de gladiateurs et les cérémonies orgiaques.

Constantin met l’économie sur un rail

  •  Une nouvelle monnaie d’or, le solidus, est instituée.
  • Le système monétaire connaîtra une très grande stabilité.

Constantin agit pour les femmes

Constantin est l’un des plus grands stratèges, généraux et organisateurs militaires de  l’histoire

  • La stratégie appliquée à la totalité du territoire impérial est revue.
    1. Systèmes défensifs.
  • L‘organisation militaire est totalement refondue.
    1. Nouvel encadrement militaire : maître des offices commandant la garde impériale après la dissolution des Prétoriens.
    2. 2 grands chefs d’état-major (maître de l’infanterie et maître de la cavalerie) dépendant de l’empereur.
    3. Des barbares accèdent à de hautes fonctions militaires.
  • Les tactiques de combat sont modifiées.
  • Les équipements sont revus.
  • Constantin est invaincu alors qu’il combat les plus grandes forces du moment.
    1. Bretons en Grande-Bretagne.
    2. Alamans, Francs, Germains, Goths… sur le Rhin.
    3. Sarmates sur le Danube.
    4. Les Perses. Il meurt au moment d’engager la grande campagne contre eux.
    5. Et surtout Romains : des hommes qui ont été formés au mêmes écoles et qui combattent avec des équipements équivalents.


L'Empire romain en 337 après JC, après les conquêtes de l'empereur Constantin le Grand. territoire romain est violet foncé, les conquêtes de Constantin à Dacia sont moyennement pourpre et dépendances romaines sont violet clair. Il y a quatre zones de dépendances romaines affichées: le Tervingi (centre, au-dessus moyen violet); le Royaume du Bosphore (le plus haut); Arménie, Colchide, Iberia, et l'Albanie (en haut à droite); et le Tamudaei (en bas à droite).

Livres liés à Constantin 1er


Les-fils-de-Constantin
2013. Les fils de ConstantinPierre Maraval. CNRS Éditions.
Constantin-le-Grand
2011Constantin le Grand : Empereur romain, empereur chrétien (306-337)Pierre Maraval. Editions Tallandier.
Constantin-le-premier-emper
2011Constantin :  Le premier empereur chrétienVincent Puech. Editions Ellipses.
La-Véritable-histoire-de-Co
2010La véritable histoire de ConstantinPierre Maraval. Editions Belles Lettres.
Constantin-le-triomphe-de-l
1999Constantin : le triomphe de la croixGuy Gauthier. Editions France Empire.

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vendredi 17 septembre 2010

La guerre juste du point de vue byzantin [5 et fin]


La guerre en ultime recours


Qu’en est-il donc des  guerres visibles, tangibles engagées par les Byzantins en armure avec des armes de fer et d’acier solide, et contre d'autres ennemis humains ? 
Nul traité byzantin sur l'idéologie de la guerre, que ce soit sur la guerre sainte ou la guerre juste, n’est parvenu jusqu'à nous, et il est peu probable qu’il en ait jamais été écrit. Il faut glaner ce que l'on peut à partir des manuels et des histoires militaires. Bien qu'il y ait eu à l'occasion des florilèges rhétoriques dans l'admiration de la vaillance et de la bravoure sur le champ de bataille, et bien qu’ils dépendissent de moyens militaires pour leur survie, les Byzantins, selon les termes d'un ingénieur de combat à la retraite du sixième siècle, considérait la guerre « comme un grand mal et le pire de tous les maux. » 30«Nous devons toujours préférer la paix par-dessus tout, a écrit Léon VI, et  nous abstenir de la guerre » 31 Pour eux  la guerre n'est pas « la politique par d'autres moyens » de Clausewitz, mais cela  a été le dernier recours.
La menace de la force écrasante était préférable à l'utilisation effective d'une telle force, et en cela, on peut noter qu’ils ont fait preuve d'une continuité frappante avec les anciens Romains. Ils ont cherché à atteindre leurs objectifs par la diplomatie, la corruption, des actions clandestines, en payant tribut, ou en embauchant d'autres tribus pour se battre. Ce n'est que lorsque tout avait échoué qu’ils étaient prêts à prendre les armes. Et même alors, ils ont essayé d'éviter un assaut frontal préférant venir à bout de l’ennemi par de légères escarmouches, une habile stratégie et une manœuvre habile. Ils étaient réticents à faire la guerre pour des raisons à la fois morales et pratiques. Tuer, même lorsque cela est jugé justifiable, était mal - il suffit de se rappeler le fameux, même si rarement observé, canon de Saint Basile, qui déclare que les soldats qui ont tué dans la bataille doivent  être interdits de communion pour trois ans32. Sur le plan pratique, la guerre était à la fois dangereuse et coûteuse.




Tout cela correspond au remarquable caractère défensif au coeur  la théorie et la pratique stratégiques byzantines. Un chercheur de l'armée américaine a écrit d'un tacticien du VIe siècle :
« Il a un esprit nettement défensif, et voit si clairement ce que l'ennemi peut lui faire qu'il n'a pas le temps de penser à ce qu'il peut faire à l'ennemi. » 33 Les Byzantins n’ont pas été un peuple belliqueux et, c’est en fait ce qui a conduit les croisés à les accuser de lâcheté. Leur entière attitude envers la guerre était colorée par l'accent mis sur la défense et, à cet égard, certainement différente de la croisade et du Jihād, qui tous deux étaient agressifs par nature. Même les campagnes offensives en territoire ennemi des Herakleios, Nicéphore Phocas, Jean Tzimiskes, et Basile II visaient à récupérer et protéger les régions qui revenaient de droit à l'Empire romain.



Dans le monde byzantin, la guerre n'était pas, comme parfois en Occident, un terrain de jeu mortel sur lequel ceux que l'on appelle les nobles affichaient leurs prouesses et cherchaient la gloire. En soi, la guerre n’était pas un acte bon ou méritoire, et elle n'était certainement pas « sainte ». 
Comment, alors, justifiaient-ils la guerre?  « Le but de toutes les guerres, c'est la paix. » écrivait Aristote il y a bien longtemps, et au XIe siècle Anna Comnène le citait pour expliquer pourquoi son père Alexis avait consacré autant de temps et d'énergie à faire la guerre34 Elle précise également que, comme pour un individu, une nation a aussi le droit d'utiliser la force pour se défendre. Dans son esprit Alexis était  également  en droit d’entreprendre une action militaire pour récupérer les territoires perdus, pour imposer le respect avec un traité sous serment, ou pour éviter un plus grand mal.35 D’autres auteurs, quand ils font allusion aux causes de la guerre, cherchent davantage de justifications qu’Anna.

Peut-être l'explication la plus claire et la plus délibérée du point de vue byzantin sur la guerre a été mise en avant par Léon VI au début de ses Constitutions tactiques, très tôt au Xe siècle. Bien que la plus haute priorité de l'empereur fût de veiller à la paix et la prospérité de ses sujets, il se rend compte que, pour assurer cela, il doit conserver les forces armées en bon ordre et à promouvoir l'étude de la tactique et la stratégie. Pourquoi la guerre doit-elle prendre tant d’énergie à l'empereur ?  « Par respect pour l'image et la parole de Dieu, tous les hommes devraient adopter la paix et favoriser l'amour les uns pour les autres au lieu de prendre les armes meurtrières dans leurs mains pour être utilisées contre leur propre peuple. Mais depuis le diable, le tueur d'origine des hommes, l'ennemi de notre race, a fait usage du péché pour amener les hommes autour de la guerre, contrairement à leur nature fondamentale, il est absolument nécessaire pour les hommes de faire la guerre en retour contre ceux que le diable manipule et de se tenir avec détermination et sans faille contre les nations qui veulent la guerre. » Finalement, il espère que « la paix sera respectée par tous et deviendra un mode de vie. »36

Léon VI prosterné devant le Christ

Les Byzantins ne sont pas enclins à la guerre contre d'autres peuples, a écrit Léon, à moins que ces autres peuples n’ouvrent les hostilités et n’envahissent notre territoire. «Alors, ainsi s'adresse-t-il  au commandant, vous avez en effet une cause juste, dans la mesure où l'ennemi a lancé une guerre injuste. Avec confiance et enthousiasme prenez les armes contre eux. Car ils en sont la cause, ceux qui ont injustement levé la main contre nos sujets. Prenez donc courage. Vous aurez le Dieu de la justice à votre côté. Prenant la lutte au nom de vos frères, vous et vos forces entières serez victorieux. . . . Assurez-vous toujours que les causes de la guerre sont justes. » 37

Les guerres byzantines ne furent pas de guerres « saintes », mais des guerres justes, des guerres impériales. Elles ont été menées pour défendre l'Empire ou récupérer des terres qui lui revenaient de droit. Les soldats ont mis leur vie en jeu pour l'empereur et le peuple de ses sujets, le peuple chrétien. Ils allaient au combat  « au nom de leurs parents, amis, patrie, et de l'ensemble du peuple chrétien. »38 Vers la fin du Xe siècle, un autre auteur militaire en parlant des hommes qui, sur la frontière orientale, ont choisi de braver les dangers pour le compte de nos saints empereurs et de tout le peuple chrétien. Ils sont les défenseurs et, après Dieu, les sauveurs des chrétiens.39
En conclusion, donc, les musulmans croyaient que la force pouvait être utilisée pour soumettre tous les peuples à la domination de l'Islam et les chevaliers occidentaux ont cru qu'ils étaient appelés non seulement à défendre mais à « exalter » le christianisme et que les attaques contre ses ennemis pouvaient être saintes et méritoires.
Quant aux Byzantins ils pensaient que la guerre était une chose ni bonne, ni sainte, mais mauvaise et ne pouvait être justifiée que dans certaines conditions, qui étaient centrées sur la défense de l'empire et de sa foi. Ils étaient convaincus qu'ils défendaient le christianisme lui-même et le peuple chrétien, ce qu’ils étaient vraiment."
(Version française de Maxime le minime)
d'après "Defenders of the Christian People: Holy War in Byzantium" by George T. Dennis 
un extrait de "Les croisades du point de vue de Byzance et du monde musulman"
édité par Angeliki E. Laiou et Mottahedeh Parviz Roy
publié par Dumbarton Oaks Research Library and Collection
NB : pour voir la page de notes : Voir le Fichier : bibliographie_-_Byzance_et_la_guerre.pdff

samedi 12 juin 2010

Ce que l'Islam doit à Byzance...



Pour beaucoup de nos jours l’occident est redevable à l'islam d’avoir transmis entre autres la pensée grecque et le calcul. En effet, les mathématiques, la science, la médecine, la musique, la philosophie occidentales semblent devoir beaucoup à l’islam à qui l’on doit également le poivre, le papier et la guitare.

Mais peu nombreux sont ceux qui connaissent l'influence énorme que d'autres civilisations eurent sur l'islam. La Perse sassanide, par exemple, et surtout l'Empire Byzantin.

L'influence byzantine sur l'Islam était inévitable. Quand Mahomet mourut en 632 les armées arabes furent confrontées, au nord du désert à une superbe civilisation chrétienne sophistiquée, la moitié orientale de l'Empire romain, qui n'avait pas été soumise au déclin et à la chute de l’occident. Bien au contraire. Les Arabes savaient cela et ils ne cherchèrent pas seulement à vaincre, mais à imiter et à dépasser leurs conquêtes. Ils durent cependant apprendre d'abord. Non pas la guerre terrestre - Byzance avait du mal à faire face à leurs tactiques rapides et furieuses. La seule chose probablement que les Arabes ont adoptée a été la pratique byzantine de l'utilisation de la ruse pour gagner des batailles, en encourageant l'ennemi à déserter ou à changer de camp.
En ce qui concerne la guerre navale toutefois les Arabes étaient des débutants. Ils n'avaient ni flotte ni expérience, et ce furent les marins syriens qui fournirent les équipages et les savoir-faire. Ils apprirent néanmoins très vite et remportèrent des batailles sur mer, mais l'attaque de Constantinople en 678, fut défaite par une invention byzantine, le lance-flammes crachant le feu grégeois, une arme que les Arabes ont copiée mais jamais égalée.



Administrer même une partie de l’empire de quelqu'un d'autre nécessite de la pratique, il n'est donc pas surprenant que pour leurs débuts les envahisseurs musulmans se sont contentés de laisser les chrétiens continuer à administrer des pays comme la Syrie et l'Égypte.
Les premières pièces de monnaie musulmanes étaient des copies des pièces de monnaie byzantines ; on enleva cependant sur une face les bras de la Croix du Calvaire représentée, laissant un simple poteau sur un piédestal.


L’influence byzantine fut également particulièrement importante dans l'architecture musulmane primitive. Le premier grand bâtiment islamique fut le Dôme du Rocher  à Jérusalem, érigé, selon la tradition musulmane, sur le rocher où Abraham aurait préparé le sacrifice de son fils (cf. Gn 22) et l'endroit d'où Mahomet fut, dit-on, emporté au ciel par sa monture Al-Buraq afin de rencontrer Allah (cf. Coran, sourate 17) ; la roche porterait l'empreinte laissée par son pied. Sous la roche se trouve une grotte appelée ''le puits des âmes'' : celles-ci, selon la foi musulmane, s'y réunissent en attendant le Jugement dernier. Il a donc été inspiré par la Rotonde, sur le tombeau du Christ, partie de l’église de la Résurrection construite vers 325/326 sous l'empereur Constantin. C'est pourquoi les dimensions en sont presque identiques, ainsi que l'arcade circulaire centrale, les nefs, le dôme et ses ouvertures.


Le décor aussi en était byzantin: marbre et mosaïque richement décorée d'or. Un autre grand bâtiment du début de l’islam fut la mosquée voisine al-Aqsa. Là, le modèle fut la partie de l'Eglise du Saint-Sépulcre, construite sur le Golgotha lui-même, et la mosquée là aussi a incorporé des caractéristiques de l'architecture byzantine. Le Calife responsable sollicita également l'aide des byzantins, pour la Grande Mosquée de Damas et la Maison du Prophète à Médine, et l'empereur fut heureux de fournir des mosaïstes et des matériaux.

Grande Mosquée de Damas


Cette photo de Mosquée Al-Aqsa est fournie gracieusement par TripAdvisor

 Basilique de la Résurrection

Basilique de la Résurrection

Pour ce qui concerne l'art et l'architecture, il a fallu quelques siècles, mais les musulmans ont enfin réussi à unifier les techniques et les thèmes de leurs terres conquises en les refondant dans des formes qui respiraient l'esprit de l'Islam […] Cependant jusqu’au X°siècle même, on fit appel aux artistes byzantins, ainsi le Calife de Cordoue à l'époque demanda  à l'Empereur d'envoyer un mosaïste pour travailler sur la Grande Mosquée. L'homme est arrivé dûment équipé, avec des tonnes de cubes et a enseigné la technique de la mosaïque à un groupe de gens du pays. Qui plus est, il semble bien que les palais musulmans du sud de l'Espagne, comme l'Alhambra, descendirent en droite ligne du Grand Palais de Constantinople, qui n’existe plus, hélas. Au XIIe siècle, un bâtiment dans le style à stalactite Turque seldjoukide a été ajouté à ce même Grand Palais.

Sans doute le plus grand défi architectural pour l'Islam était d'égaler voire de surpasser le plus grand temple de la chrétienté – Sainte Sophie à Constantinople. Une fois que la ville fut conquise par les Turcs en 1453, c’est exactement ce que leurs architectes essayèrent de faire et ils atteignirent en effet la quasi-perfection avec la Mosquée Bleue, la Mosquée Sόleyman et d’autres. Comme Sainte Sophie ces glorieux bâtiments impériaux avaient une vaste coupole centrale appuyée par des demi-dômes, un imposant porche et une cour à arcades avec une fontaine pour les ablutions. Mais malgré toute la perfection des grandes mosquées d'Istanbul aucun de leurs dômes n’a jamais dépassé le dôme du prototype. Les tout premiers minarets à côté des mosquées ont été inspirés par les tours carrées des églises syriennes, et d'autres éléments chrétiens encore ont influencé l'Islam. Les niches de prière (en arabe : مِحْراب [miḥrāb], sanctuaire) face à La Mecque proviennent des niches de prière des premiers chrétiens orientées à l'est, qui ont également légué leurs salles de prière aux musulmans, les prosternations et le jeûne ainsi certainement que le chapelet de prière (komboskini). Les moines du désert avaient l’habitude de chanter des psaumes dans le milieu de la nuit, et c'est probablement ce qui a donné lieu à la psalmodie du Coran par les musulmans d'aujourd'hui. En fait, les musulmans ont été si impressionnés par l'ascétisme et les autres pratiques spirituelles des moines qu'en temps voulu, ils ont intégré bon nombre de ces caractéristiques dans le mysticisme soufi.



Par ailleurs dans le monde séculier, les tribunaux des califes de Damas et de Bagdad, ont hérité en grande partie de la splendeur byzantine leur goût pour les costumes de luxe, les vases d'or, les pierres précieuses magnifiques et autres signes luxueux ostentatoires.

On sait ce que l'Islam a transmis en partie de l’héritage grec classique à l'Ouest - Aristote, Platon, Euclide, Archimède, Hippocrate - mais il faut rappeler que l'Islam, l’a acquis en totalité de Byzance, qui pendant des siècles a soigneusement conservé le précieux héritage dans les bibliothèques d'Antioche en Syrie, de Césarée et de Gaza en Palestine, et d’Alexandrie en Egypte. En effet, les citoyens de Constantinople avaient l'habitude de citer Homère autant que nous citons aujourd'hui Shakespeare. Et, au IXe siècle le Calife de Bagdad a invité le byzantin Léon le Mathématicien (métropolite deThessalonique de 840 à 843) à lui rendre visite, parce que Léon était un expert renommé en science classique, en mathématiques et en astronomie.

Il faudrait également mentionner les racines byzantines de la musique arabe (proximité voire similitude des modes, de l'ornementation, du phrasé, des glissandi, de la flexion des notes...) car contrairement aux idées reçues, c'est tout de même la musique byzantine qui est la plus ancienne, c'est donc elle qui est première et qui a influencé la musique arabe et non l'inverse... (lire  les articles de Michaël Ibrahim, musicien orthodoxe arabe)


Ironie finale. Demandez à quiconque de citer le symbole de l'islam et l’on vous dira: «Le croissant ». Pourquoi le croissant ? Parce que quand les Turcs prirent Constantinople, ils décidèrent d'adopter le symbole de la ville, un croissant de lune, et de se l’approprier. Ainsi, lors de la conversion de Sainte-Sophie en mosquée, ils ont supprimé la croix chrétienne de la coupole et l'ont remplacée par leur nouvel emblème. L'ironie, c'est que bien avant l'époque du Christ, la ville avait choisi le croissant lunaire pour honorer la déesse lunaire Hécate, célébrée par les habitants pour avoir sauvé la ville contre les attaques de Philipe II de Macédoine en 340-339 av. JC. 



Constantin en 330 ap.JC a ajouté l’étoile de la Vierge Marie au drapeau. Byzance serait alors aussi la première nation ou empire attesté à utiliser la combinaison du croissant de lune et d’une étoile ensemble comme emblème.




(compilation de diverses sources traduites par Maxime le minime)